Le destin d’exception d’une femme à la conquête de sa liberté
de Jacquie Béal
Broché – 3 janvier 2018
Éditions : Terre d’Histoires

Périgord, XIVe siècle. Dans une Aquitaine divisée par la guerre qui oppose la France et l’Angleterre, la jeune Ysolda n’a connu que la brutalité de son père, un homme sans cœur qui n’hésite pas à prostituer ses filles. Et à les battre lorsqu’elles se montrent rebelles.
Alors que l’épidémie de Peste Noire ravage le pays, Ysolda refuse sa misérable condition et s’enfuit. Inculte, la jeune femme est terrorisée par les légendes, les monstres et les esprits de la forêt dont elle a entendu parler dans son enfance. Mais un jour, elle découvre l’atelier d’un libraire.
Elle n’aura alors de cesse de percer les mystères de l’enluminure et de l’écriture. Dans ce siècle d’hommes, Ysolda connaîtra un destin exceptionnel et, en quête d’amour et de liberté, tracera enfin son chemin vers le bonheur…
Une terre de légendes. Une femme de caractère dans un siècle d’hommes.

C’est le troisième roman de Jacquie Béal que je lis cette année et à chaque fois, je ressens ce même plaisir de lecture !
Une plume lisse, raffinée et extrêmement intelligente. Un récit intense et violent qui se déroule sur une période réservée aux hommes, une période durant laquelle les femmes ont eu du mal à trouver leur place.
Nous sommes en Aquitaine, au Moyen-Âge, Jacquie nous fait découvrir Ysolda et sa famille. Un père sévère, brutal et abject, dirigeant d’un débit de boisson, une sœur, véritable “Marie couche-toi là” qui attire la clientèle, au grand bonheur de son père et une mère contrainte de “se donner” aux clients de son mari… Un sou est un sou !
Bien que Ysolda se travestisse en garçon pour dissimuler sa beauté, elle craint les hommes et redoute que son père ne la contraigne à se prostituer…
Sa passion pour les créatures énigmatiques et les légendes, son aversion pour la magie et les sorcières, ainsi que sa curiosité naturelle vont l’inciter à se détacher de la vie que ses parents veulent lui imposer.
Elle va ainsi découvrir l’univers de l’enluminure et de l’écriture, celui de la noblesse où les individus possèdent une plus grande culture. Cependant, à chaque fois, elle est rattrapée les us et coutumes, les fléaux et surtout les croyances du Moyen-Âge.
Un livre captivant, parfaitement documenté, où j’ai découvert une fois de plus de nombreux mots inédits !
Chainse, Devantier, Géline, Guenipes, Sanie et ainsi de suite… Quelle joie.
Ysolda et ses compagnons m’ont totalement fasciné par ce « voyage » qu’elle devra entreprendre pour découvrir sérénité et joie, jusqu’au dernier paragraphe, ultime rebondissement du récit.
J’ai vraiment aimé, et je ne peux que vous inviter à découvrir ce roman, un véritable coup de « cœur historique » pour moi.
Jacquie Béal, une plume magnifique qui a définitivement trouvé une place méritée dans mes étagères !
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Extraits :
« La mère, quant à elle, n’avait jamais eu l’idée de se rebeller. Elle acceptait son lot quotidien de labeur et de violence comme une fatalité, sans avoir osé supposer qu’elle aurait pu mener une autre vie. Avec l’aide de sa cadette, elle cuisinait, préparait la cervoise et entretenait la taverne. À l’occasion même, elle se troussait pour satisfaire la clientèle quand la Gersande ne suffisait pas. »
« – Il te faudra fuir cette vie de misère, Ysolda.
La mère se lamentait plus qu’elle ne parlait. Toujours larmoyante et un peu courbée, elle ne paraissait s’animer que lorsque le vieux l’avait rossée, ou que les fripouilles qui fréquentaient sa maison, l’avaient rudoyée.
– Il te faudra fuir…
– Pas sans toi, mère. Nous partirons ensemble.
– Un jour, à force de nous battre, il nous tuera.
– Ne parle pas comme ça. Dieu ne le permettra pas.
– Dieu est bon, mais Il a tant à faire ! »
« Ysolda tint parole. De ce jour, elle ne prononça plus un seul mot. Elle, qui n’avait parlé jusqu’ici qu’à ses lièvres et à sa mère, ne parla plus qu’à ses deux oiseaux. Plus solitaire que jamais, elle garda en mémoire ses amis disparus et se perdit dans un monde de silence où seules les images avaient du sens. »
« — Si la contagion gagne du terrain, ils peuvent devenir fous ! Pendant la grande épidémie, ils ont brûlé des Juifs et massacré des lépreux. Aujourd’hui, ils n’ont plus personne à tuer, ils attendent un miracle et je ne peux rien pour eux.
Un voile de lassitude l’enveloppa.
– Si encore ils m’écoutaient, ils seraient moins nombreux à trépasser. Ils devraient rester chez eux, se nourrir de bouillons quand ils le peuvent et se laver. Mais non ! Ils s’agglutinent dans ces processions que mènent les flagellants, et ceux qui auraient pu rester sains attrapent le mal noir !
– Mais vous n’y pouvez rien s’ils font fi de vos conseils ! »
Agrégée de Lettres et enseignante, Jacquie Béal se consacre à l’écriture. Elle vit en Périgord où se situe l’action de ses romans, notamment La dame d’Aquitaine et Le Temps de l’insoumise. Amoureuse du langage et de l’Histoire, grande et petite, elle fait vivre ses personnages dans l’atmosphère des siècles passés.
Facebook: @jacquiebeal
De sang et d’encre (2019, Terres de l’Ouest)
https://leressentidejeanpaul.com/2024/08/05/de-sang-et-dencre/
La dame d’Aquitaine (2024, Terres de l’Ouest)
https://leressentidejeanpaul.com/2024/10/18/la-dame-daquitaine/



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