Émotion, Histoire, Roman

Le temps des vieux moulins

de Isabelle Artiges
Broché – 13 juin 2019
Éditeur : Éditions De Borée

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En 1943, Madeleine a 19 ans et vit au rythme de ses missions de messagère pour les maquisards de la campagne périgourdine. Arrêtée par les nazis, elle est relâchée grâce à l’intervention de sa meilleure amie Yvonne, en couple avec un soldat allemand. D’août 1944 à novembre 1945, Madeleine va poursuivre son combat contre l’envahisseur, du Périgord à Paris, et être happée par les remous de la grande Histoire. De la libération de Paris aux dernières poches allemandes sur l’Atlantique, elle va suivre un chemin cahoteux, à l’image de son pays. Le Temps des vieux moulins, c’est aussi une histoire d’amitié entre deux femmes que tout oppose. Madeleine la résistante, Yvonne l’amoureuse d’un Allemand. Et quand viendra le temps des comptes, Madeleine n’aura de cesse de sauver son amie.

 

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Bonjour à toutes et à tous,

C’est le second roman d’Isabelle Artiges que je lis, et comme pour le premier, une certaine magie a opéré, j’ai été emporté dans ce roman d’aventure et d’amitié plein de rebondissements…

Un très beau roman exigeant…
Tout le contraire d’un page-turner. Quel plaisir, quel bonheur de se plonger dans un livre où chaque mot à un sens et une utilité, dans lequel les personnages semblent réels tant ils sont bien décrits. Une fresque sur toute une période de notre histoire ; la guerre, l’après guerre, la vie en province…

C’est un livre merveilleux, avec une écriture originale qui va parfaitement avec la vision du monde racontée par Isabelle. Elle décrit parfaitement l’horreur de la guerre et la dynamique qu’elle a déclenchée.

Mais malgré les horreurs de la guerre, les carnages, la veulerie, la cupidité… d’autres pages sublimes parlent de la fraternité, la solidarité, l’amitié, reprendre pied, tenter enfin de vivre pour oublier…
Une « certaine justice » sera-t-elle faite ?
On y croit, et puis tout s’écroule, et puis il y a des rebondissements, encore, toujours.

Isabelle a un réel talent pour raconter de belles histoires.

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Extrait :

« Un brouillard silencieux bouchait mes oreilles, je peinais à ouvrir mes yeux. J’étais prisonnière de mon propre corps. J’arrivais enfin, après bien des efforts, à bouger mes doigts. Des rumeurs me parvenaient. D’abord des sons incompréhensibles, puis petit à petit des bruits de voix de plus en plus perceptibles. Mon cerveau s’éveillait. Je marchais dans la pénombre sur un long sentier, apercevant enfin une lueur. Mes paupières étaient encore lourdes.
– Ils vont forcer les dernières résistances extérieures et anéantir les points d’appui de Paris. Il est prévu un premier passage porte de Gentilly, pour accéder au Luxembourg, à l’Hôtel de Ville, au Louvre jusqu’au Meurice, poste de commandement général von Choltitz, expliqua un homme près de moi.
– La deuxième vague de franchira la porte d’Orléans et marchera sur l’école militaire et le parlais Bourbon. Pour cela, ils vont former deux colonnes. Une qui va suivre les boulevards extérieurs jusqu’au viaduc d’Auteuil, l’autre remontra la Seine, passera par Montparnasse et les Invalides. Tout le monde se retrouvera à la Concorde. Telles furent les paroles qui résonnaient dans ma tête. »

 

 

Périgourdine d’origine, Isabelle Artiges est une esthète et une femme d’entreprise. Cosmétiques de luxe et mode sont ses choix professionnels ; piano et peinture, ses passions.

Mais c’est aussi une insatiable conteuse. Après une vie professionnelle bien remplie, elle se consacre désormais à sa passion : l’écriture. L’académie des Arts et des Lettres du Périgord, dont elle est aujourd’hui membre, a salué son talent et lui a attribué son prix de littérature en 2015 pour La Belle Créole.

Émotion, Drame, Histoire, Roman

Le Bal des folles

de Victoria Mas
Broché – 21 août 2019
Éditeur : Albin Michel

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Chaque année, à la mi-carême, se tient un très étrange Bal des Folles. Le temps d’une soirée, le Tout-Paris s’encanaille sur des airs de valse et de polka en compagnie de femmes déguisées en colombines, gitanes, zouaves et autres mousquetaires. Réparti sur deux salles – d’un côté les idiotes et les épileptiques ; de l’autre les hystériques, les folles et les maniaques – ce bal est en réalité l’une des dernières expérimentations de Charcot, désireux de faire des malades de la Salpêtrière des femmes comme les autres. Parmi elles, Eugénie, Louise et Geneviève, dont Victoria Mas retrace le parcours heurté, dans ce premier roman qui met à nu la condition féminine au XIXe siècle.

Prix Renaudot des Lycéens 2019.

Sélection Les 30 meilleurs livres de l’année 2019 du magazine Le Point.

Sélection Les 100 livres de l’année 2019 du magazine Lire.

 

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Bonjour à toutes et à tous,

Nous sommes à hôpital de La Pitié-Salpétrière, à la fin du XIXe siècle, à une époque où les femmes ne sont qu’une décoration sur le bras d’un homme.
Plusieurs femmes sont enfermées dans cet hôpital qui rendrait folle n’importe quelle femme saine d’esprit. Il est dangereux d’être “différente”.
Victimes d’un traumatisme enfant, victimes de visions et de voix, pour peu qu’elles ne rentrent pas dans le contrat normalisé des leurs, elles sont envoyées à la Salpêtrière, sous le commandement du docteur Charcot, grand précepteur des maladies neurologiques.

Que de violence dans cette société du XIXe siècle, à l’égard des femmes. Eugénie Clery, jeune fille bourgeoise, éprise de liberté, a un don, elle voit et entend les morts. Elle se confie à sa grand-mère, quelle erreur… En quelques heures, Eugénie est rayée de la vie de sa famille et jetée aux oubliettes sans que plus personne ne se préoccupe de son sort.
Le père d’Eugénie en toute hypocrisie, va proposer une promenade à sa fille… vers cet hôpital psychiatrique, La Pitié-Salpétrière.

Les bourgeois viennent, comme s’il se rendaient au cirque, se faire peur devant les crises d’épilepsie de certaines patientes… Crises provoquées par Charcot lui-même… devant un public béat par ses miracles. Geneviève y soigne ces « malades mentaux”. Elle se rendra vite compte qu’Eugènie n’est nullement folle et décide de l’aider.

Un très bon roman, que je n’ai pas lâché jusqu’à la fin. Le style d’écriture de Victoria est presque poétique, malgré la peinture sordide de cette époque et particulièrement de cet établissement. Les conditions d’accueil et de « soin » des patientes, les salles communes, les chambres d’isolement… Des dizaines de femmes dormant dans une même pièce, attendant que la journée se passe… Seulement des femmes… Pas toutes folles, loin de là.
Il est si facile à l’époque pour un homme de faire interner son épouse ou sa fille !

Heureusement, le Bal des folles approche. Un bal que le Tout Paris bourgeois attends…
Une préparation qui va occuper ces femmes désœuvrées.
C’est si amusant d’y participer, d’approcher pour un soir ces folles qui ont choisi leur belle robe, si amusant de faire partie de cette élite parisienne, si amusant d’y être vu.

Le sujet du livre est basé sur des événements réels. Cet hôpital est à la fois un hôpital et une prison.

Tout le long de ma lecture, j’ai vraiment eu l’impression de vivre dans le passé, ou plutôt d’avoir pu voir à travers une petite fenêtre sur le passé, la vie de ces femmes confrontées à beaucoup de souffrance et de douleur.

Le bal des folles est un très bon roman, où Victoria Mas donne la voix a trois femmes fortes, alliant l’histoire de la psychiatrie à une réflexion profonde sur la condition des femmes déplorable à cette époque, et parfois encore aujourd’hui…

À découvrir…

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Extrait :

« En dehors des murs de la Salpêtrière, dans les salons et les cafés, on imagine ce à quoi peut bien ressembler le service de Charcot, dit le « service des hystériques ». On se représente des femmes nues qui courent dans les couloirs, se cognent le front contre le carrelage, écartent les jambes pour accueillir un amant imaginaire, hurlent à gorge déployée de l’aube au coucher. On décrit des corps de folles entrant en convulsion sous des draps blancs, des mines grimaçantes sous des cheveux hirsutes, des visages de vieilles femmes, de femmes obèses, de femmes laides, des femmes qu’on fait bien de maintenir à l’écart, même si on ne saurait dire pour quelle raison exactement, celles-ci n’ayant commis ni offense ni crime. Pour ces gens que la moindre excentricité affole, qu’ils soient bourgeois ou prolétaires, songer à ces aliénées excite leur désir et alimente leurs craintes. Les folles les fascinent et leur font horreur. Leur déception serait certaine s’ils venaient faire un tour dans le service en cette fin de matinée. »

 

 

Victoria Mas, née en 1987 au Chesnay dans les Yvelines, est une écrivaine française.
Elle est la fille de la chanteuse Jeanne Mas.

Elle a travaillé dans le cinéma comme assistante de production, scripte et photographe de plateau.

Elle étudie le cinéma et la littérature anglo-américaine aux Etats-Unis où elle a vécu 8 ans.
Elle y publie en 2014 un ouvrage dédié à la cuisine française, véritable guide pour les américains désireux de se familiariser avec les us et coutumes gastronomiques en vue d’un séjour en France : “The Farm to Table French Phrasebook: Master the Culture, Language and Savoir Faire of French Cuisine”.

De retour en France, elle obtient un master en littérature à la Sorbonne.

“Le bal des folles” (Albin Michel, 2019), son premier roman, a figuré dans la première sélection du prix Stanislas qui récompense chaque année un primo-romancier de la rentrée littéraire. Il a été récompensé, par l’obtention, du prix Renaudot des lycéens. Le roman a pour cadre l’hôpital de la Salpêtrière à la fin du XIXe siècle et les recherches du docteur Charcot sur l’hystérie et l’hypnose auprès de femmes internées. Pour Jérôme Garcin de L’Obs, « Dans une prose limpide, légère comme un pastel […] la jeune romancière stigmatise le machisme triomphant et fait entendre, bouleversante, la voix de celles qu’on a muselées, étouffées, hypnotisées ». Le roman va être adapté au cinéma par la réalisatrice Mélanie Laurent.

Émotion, Roman

La part des anges

de Laurent Bénégui
Broché – 7 septembre 2017
Éditeur : Julliard

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À la mort de Muriel, sa mère, Maxime se rend au Pays basque pour les funérailles. Il assiste à la crémation en état de choc et, quand on lui donne les cendres, ne sait pas quoi en faire. Il dépose donc l’urne dans le panier à commissions de sa mère pour emmener celle-ci une dernière fois faire ses courses au marché. Une initiative en forme d’hommage épicurien qui devient embarrassante lorsque, entre les étals de fruits et de poissons, apparaît Maylis, la jolie infirmière qui s’est occupée de Muriel jusqu’à son dernier souffle… Comment lui avouer que celle-ci est au fond du cabas ?
Écrire sur le deuil avec humour et légèreté, sans pour autant négliger la profondeur des émotions, c’est le pari réussi de cette comédie qui encense la vie. Avec son esprit facétieux et son art de plonger ses protagonistes dans les situations les plus inextricables, Laurent Bénégui compose un émouvant éloge de la figure maternelle tout en célébrant les plaisirs de l’existence.

 

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Bonjour à toutes et à tous,

J’ai découvert Laurent Bénégui avec “Le Mari de la harpiste”, un roman tout en finesse, en douceur et sincérité, en même temps drôle et vivifiant.

Avec “La part des anges”, Laurent récidive avec une comédie un peu surréaliste où j’y ai retrouvé encore la douceur et la sincérité.

Comment aborder le deuil de façon drôle et légère ?
C’est le défi que s’est lancé Laurent !

Maxime vient de perdre sa mère, Muriel.
Il décide de l’incinérer mais ne sait que faire des cendres.
On lui a dit : “interdiction de garder les cendres chez vous ou de les disperser bon gré bon vent”.
Maxime est complètement perdu.
Sa mère aimait tant aller au marché !
Alors, ce sera donc juste un tour au marché, bien au frais dans le sac à provisions, sous les carottes, le foie gras et le fromage.
Et nous voilà partis pour une balade dans le marché de Saint-Jean de Luz, où il croisera Maylis, l’infirmière qui s’occupait de sa mère…

Quand Maxime est allé dans le sud de la France pour rejoindre la rejoindre une dernière fois, il ne s’attendait pas à ce que sa vie prenne une nouvelle direction.
Et moi, je m’attendais à un “petit” roman agréable pour me détendre…

“La part des anges” est beaucoup plus que ça !
Malgré le fait que Muriel soit décédée, elle est toujours là… Elle surveille son fils, le conseille, lui fait remarquer que Maylis à l’air d’en “pincer” un peu pour lui ! Elle donne son avis sur tout…

Dans ce court récit pas de mélo. Au contraire il y a même des notes très optimistes.
Laurent nous offre une approche du deuil très originale. C’est une ode à la vie, une ode à l’amour mais aussi une émouvante célébration à toutes les mères…

Maxime va doucement se laisser porter par les événements.

Parler d’un sujet aussi douloureux que la mort d’un être cher avec autant d’humour et autant d’amour, ce n’était pas gagné.

Merci Laurent, pour cette belle histoire qui fait du bien !

À lire…

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Extrait :

« Rien ne put empêcher leurs mains de s’agripper, leurs bassins, leurs torses et leurs bouches de se rencontrer. Leurs premiers baisers s’échangèrent au milieu du souffle haletant des désirs exaltés. Qui avait pris l’initiative ? Plus tard ils se poseraient sans doute la question, mais la seule réponse valable serait qu’ils étaient arrivés, ensemble, à la fin du même trajet. »

 

Romancier, mais aussi scénariste et réalisateur, Laurent Bénégui poursuit de livre en livre sa conquête des lecteurs, de plus en plus nombreux à apprécier la fécondité de son imagination et la vivacité de son écriture. Chez Julliard, il est l’auteur de douze romans, dont : La Paresse de Dieu (1998), Grand prix de la littérature policière, Je ne veux pas être là (2006), Le jour où j’ai voté pour Chirac (2007), Le Tournevis infiniment petit (2008), SMS (2009), Mon Pire ennemi est sous mon chapeau (2010), prix Albert Bichot, La Part des anges (2017), prix de l’Académie Rabelais 2018 et Le Mari de la harpiste (2019). Son talent n’a pas échappé aux producteurs de cinéma puisque Au Petit Marguery et SMS ont été adaptés pour le grand écran.

Émotion, Drame, Roman

Les Secrets

Amelie Antoine
Poche – 6 mars 2019
Éditeur : Le Livre de Poche

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Vous l’aimez plus que tout au monde.
Vous lui faites aveuglément confiance.
Vous ne rêvez que d’une chose : fonder une famille ensemble.
Mais rien ne se passe comme prévu.

Et si le mensonge, parfois, était une ultime preuve d’amour ?
Une histoire racontée à rebours, car c’est en démêlant les fils du passé qu’on peut comprendre le présent.

Une nouvelle reine du thriller qui embarque le lecteur dans un univers trouble et amer. Plume haletante, dialogues vifs et efficaces… Du grand art.

Adeline Fleury, Le Parisien Week-end

 

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Bonjour à toutes et à tous…

Suite à ma dernière lecture, “Le jour où” d’Amélie Antoine, je suis tombé en panne de lecture et ce, durant quelques jours…
J’étais tellement imprégné de ce récit qui m’avait bouleversé que je ne savais plus quoi lire !

Tuons le mal par le mal, j’ai donc enchaîné sur un autre roman d’Amélie.

“Les secrets”.
Je ne savais pas du tout à quoi m’en tenir, mais dès le début j’ai reconnu le style incisif de son écriture, avec un challenge supplémentaire. L’histoire est écrite à l’envers !
Quand je dis “à l’envers”, vous ne serez pas obligé de vous contorsionner dans tous les sens pour le lire !
Pas besoin de miroirs non plus !
Amélie remonte tout “simplement” le temps, et dans les chapitres et dans le récit, mêlant flashback et présent. Elle nous entraîne dans une grande spirale intenable où chaque petit détail a une réelle importance. C’est une superbe idée, parfaitement maîtrisée… Cela m’a obligé à une lecture très différente de d’habitude, beaucoup plus lente. Le récit commence dans le présent et remonte ainsi jusqu’à six ans auparavant.

Mais attention, vos nerfs seront mis à rude épreuve !

Mathilde, est une trentenaire mariée depuis plus de dix ans à Adrien. Ils ont tout pour être heureux. Mais il manque l’élément essentiel dans leur vie de couple… un enfant.
Tomber enceinte va devenir l’obsession de Mathilde, une obsession telle qu’elle occupera toutes ses pensées jours et nuits.
Et puis, il y a Élodie, la maman de Jeanne… Jeanne qui voudrait simplement connaître son papa, Yascha, complètement démissionnaire.

WAOUH !
C’est un roman, qui encore une fois, prend aux tripes. Malgré le fait que je ne soit pas une femme (si, si je vous assure !) c’est avec émotion que j’ai partagé les problèmes de nos héros qui vont se croiser, s’entremêler dans la vie sans même s’en rendre compte.
C’est un roman qui parle de situations très réelles pour certain(e)s d’entre nous, et qui m’a touché dès les premiers lignes.

Jusqu’où sommes nous capable d’aller par amour ?

Une histoire très originale et attachante à côté de laquelle il serait dommage de passer sans s’arrêter.

Merci Amélie…

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Extraits :

« Comment croire, comment accepter que son ventre se soit tout à coup transformé en cercueil ? Le cœur au bord des lèvres, elle voudrait que tout soit déjà derrière eux, que ce bébé mort avant d’être né ne soit plus en elle, que quelqu’un vienne maintenant et l’extirpe de son corps. C’est une sensation tellement incontrôlable, tellement intense, tellement honteuse qu’elle sait, au moment même où elle est saisie de dégoût et d’effroi, qu’elle ne pourra jamais en parler à personne.
Cet instant précis où l’enfant qu’elle abritait dans son ventre et qu’elle n’a pas su protéger s’est transformé en déchet à évacuer et à oublier. »

…/…

« Peut-être parce que le chagrin est quelque chose d’extrêmement personnel, même quand on affronte ensemble la même épreuve. »

 

Amélie Antoine est née en 1984, ce qui en fait encore d’elle, d’après son éditeur, une « jeune trentenaire ». Elle vit à Lille avec sa famille.

Après un récit autobiographique, Combien de temps, publié en 2011, elle se lance dans la fiction et publie en mars 2015 son premier roman Fidèle au poste. Ce texte connaît très vite un vif succès, et parvient à séduire plus de 25 000 lecteurs en autoédition, avant d’être repéré par les éditions Michel Lafon et de sortir en librairie en mars 2016, puis dans les pays anglophones en août 2016. Depuis, ce sont plus de 250 000 lecteurs qui ont été conquis par ce thriller psychologique ! Une adaptation au cinéma est en cours de réalisation.

Son deuxième roman, Au nom de quoi, sort en 2016. Par obligation éditoriale, il est dans un premier temps publié sous le pseudonyme de Dorian Meune. Ce texte revient, par le biais de la fiction, sur la soirée du 13 novembre 2015 au Bataclan.

Sorti en 2017 en librairie, son troisième roman, Quand on n’a que l’humour…, retrace la carrière d’un humoriste au sommet de la gloire, un homme brisé qui cherche à tout prix à renouer avec son fils duquel il s’est éloigné au fil des années.

En novembre 2017, c’est un projet atypique de deux romans noirs qu’elle publie avec Solène Bakowski : Avec elle / Sans elle.

« Raisons obscures » (2019) est son sixième roman, il est publié chez XO éditions.

son site : http://www.amelie-antoine.com
page Facebook : https://www.facebook.com/AmelieAtn/

Historique, Roman

La forêt des violons

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Philippe Lemaire
Broché – 10 septembre 2020
Éditeur : Éditions De Borée

Février 1917, St Petersbourg. La famille Malinovski vit richement de ses plantations de thé et de sa fabrique de samovars, indifférente aux événements qui agitent la capitale. Mais bientôt, la Révolution s’intensifie, et ils n’ont d’autre choix que la fuite. Après un long et dangereux voyage, ils atteignent enfin Nice : la famille est réunie, mais ruinée. Ensemble, ils vont pourtant s’inventer un nouveau destin. Kostia, le fils cadet, trouve un poste de livreur dans une fabrique de chocolat, où il rencontrera Marie-José… Quant à Elena, sa soeur, c’est une nouvelle fois sa passion pour le violon qui la sauvera…

 

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Je découvre la plume de Philippe Lemaire avec “La forêt des violons”.
Le style et le ton tantôt direct, tantôt imagé conviennent parfaitement à ce type de récit.
Me voilà en 1917, en pleine révolution russe avec la famille Malinovski.

L’histoire que nous conte Philippe est passionnante. La famille Malinovski, Adélaïde et Nikolaï, est une famille bourgeoise. Grande et belle maison, une usine qui fabrique des samovars à plein temps, des plantations qui produisent des feuilles de thés renommées dans toute la Russie et leurs deux enfants, Elena, virtuose au violon, Kostia qui veux s’engager dans l’armée. Une famille aisée et heureuse en apparence. Mais très vite, on se rendra compte que leur vie n’est pas si heureuse que ça…

Le roman est construit comme un dyptique.

Une première partie, la plus longue, nous raconte les affres de la révolution de 1917, la montée des bolcheviks, dont Lénine est le principal dirigeant, prenant violement le pouvoir en Russie, le Tsar déchu, les grèves dans les usines, des meurtres pour un oui, pour un non, la neige constamment tachée de sang…
Ne tenant plus et pour éviter au mieux la ruine, la famille Malinovski décide de quitter le pays. Commence alors une longue pérégrination à travers des contrées peu accueillantes gelées et enneigées. Leur route sera régulièrement semée d’embuches et d’étonnantes rencontres…

La seconde partie se veut plus calme, quoi que psychologiquement très dure à vivre pour les Malinovski qui se retrouvent en tant qu’émigrés dans la ville de Nice. Ils feront tout leur possible pour récupérer argent et statut social… J’ai malheureusement trouvé cette partie beaucoup trop courte, créant une sorte de déséquilibre au récit. Elle aurait méritée plus de pages à mon goût pour aller plus loin dans le développement final, à moins qu’une suite ne soit prévue !

Les passages qui évoquent la belle Elena et sa passion pour le violon sont superbes. Ce sont des instants entre parenthèses qui sont vécus dans un monde en plein chaos. On sent le bouillonnement qu’elle ressent lorsqu’elle tient son instrument entre ses mains.

L’écriture de Philippe est admirable et complètement adaptée à la période historique.

N’oublions pas les “seconds” personnages, développés au fur et à mesure du récit qui sont délicieux ou repoussants, Gradov, Kroutkine, Ephraïm, Sacha, Marie-José, pour ne citer qu’eux…

“La forêt des violons” est un roman très agréable, il m’a permis de m’évader dans un autre lieu, un autre temps…

Je le conseille à tous les amateurs du genre.

Un grand, très grand merci à Virginie Bourgeon des Éditions de Borée…

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Extraits :

« – Les cosaques, ils arrivent !
L’air sentait l’émeute et le crottin de cheval. Des silhouettes de cavaliers apparurent dans toutes les rues qui débouchaient sur la place. Kostia connaissait trop bien ce genre de manœuvre. Les cosaques bouchaient les issues avant de charger. Il n’en restait qu’une, la gare. Une vibration intense parcourut la foule. Mais personne n’osait encore bouger. Tout sembla figé dans un laps de temps interminable. Puis, soudain, une femme se mit à courir vers l’entrée de la gare. Elle trébucha et s’étala de tout son long dans la neige gelée. Elle se mettait à genoux quand un homme qui courait aussi la bouscula. Puis un autre. Un vent de panique s’était emparé des gens. La femme hurla. On la piétinait. Elle était trop loin pour que Kostia puisse lui porter secours. Elle tentait de se protéger la tête des coups de botte. La place fut bientôt vide. Il n’y eut plus, près de Kostia, qu’un marchand ambulant qui refermait et son éventaire. Il n’avait plus rien à vendre, mais il était resté pour voir ce qui allait se passer. Il recracha les graines de tournesols qu’il était en train de mastiquer, puis, désignant du menton les dernières personnes qui entraient dans la gare, il dit en s’adressant à Kostia :
– Ah ! Ils me font marrer avec leur révolution. Ce n’est pas en montrant leur cul au cosaques qu’ils vont gagner… Enfin, ce n’est jamais très agréable de prendre un coup de sabre dans le bide. Mais si les cosaques avaient voulu charger, ils l’auraient fait depuis longtemps. »

…/…

« Le silence s’éternisait. Un silence dense comme du plomb qui enferme chacun dans ses pensées. La petite fille aux yeux noirs s’était endormie contre sa mère qui lui caressait les cheveux. Même Adélaïde Ivanovna, qui n’avait jamais aimé les juifs, était ému. Kostia se releva pour remettre une bûche dans le feu, soulevant une gerbe d’étincelles. »

 

 

Philippe Lemaire a longtemps été journaliste, présentateur du journal télévisé de France 3 Rhône-Alpes Auvergne.

Auteur de chansons et réalisateur de films documentaires, il se fait remarquer dès son premier livre « Les Vendanges de Lison » (2003).

Il se consacre aujourd’hui à l’écriture. Il a notamment publié « La Mélancolie du renard » (2015), son son neuvième roman, « L’Enfant des silences » (2013) et « Rue de la côte-chaude » (2011). Il prouve une fois de plus son talent dans « La Forêt des violons », son seizième roman.

Ardennais, Il vit en Rhône-Alpes depuis de longues années.

Les racines de Philippe Lemaire, justement, ce sont les Ardennes. « Quand je reviens à Saint-Laurent, je ressens les choses différemment, je me sens heureux, simplement. C’est difficile à expliquer, c’est un peu comme si j’avais les ombres de mes grands-parents à mes côtés. »
Le cheval de bataille de l’écrivain, c’est aussi d’essayer de convaincre que la lecture, c’est indispensable. « Lire, c’est fondamental, explique-t-il. Cela permet de s’évader, de réfléchir, de structurer sa vie. »
Philippe Lemaire s’est mis à la lecture lorsqu’il avait six ans. « Ma grand-mère lisait des romans photos, ça a été mon premier vrai contact avec les livres. Et puis j’ai rencontré un professeur de Français en quatrième, qui écrivait des pièces de théâtre, et les choses se sont enchaînées. »
L’auteur ardennais met aussi, et surtout, de sa vie dans ses romans. « L’écriture traduit une émotion. Si j’angoisse, le lecteur s’en rendra compte. Si je suis tendu, heureux, cela se verra. Toute ma vie j’ai écris, je serais incapable de m’arrêter. Je pourrais même écrire s’il le fallait des modes d’emploi. C’est mon métier, c’est comme si j’étais artisan ou même employé, c’est comme ça. »
Et Philippe Lemaire a choisi son style. « J’écris des romans aux personnages simples. Je n’aime pas ls romans ”coffre-fort” où les lecteurs doivent chercher des combinaisons compliquées  », précise-t-il.

Roman, Témoignage

Le monde des fous est infini

Poli Gyronnase
Broché – 20 novembre 2019
Éditeur : Librinova

Pourquoi Poli, un Policier Bouches-Villois, entré très jeune dans cette institution, avec de grandes convictions et de fortes motivations, a-t-il démissionné au bout de 18 ans de bons et loyaux services ?
Comment a-t-il pu être aussi déçu de la Police nationale et de la société civile ? Pourquoi décidera-t-il de commettre l’irréparable en entraînant sa femme Ornella dans le braquage de la Bourges-Bank à Gones-Ville ?
L’écriture de nouvelles l’a sûrement mené à découvrir l’impasse de vie dans laquelle il s’enfermait. Ses allers-retours entre l’humour et le tragique, le bien et le mal, l’ont manifestement conduit insidieusement dans la folie. Ses histoires vécues dénonçant l’ingratitude, l’irrationalité et l’absurdité de son métier de flic, ont finalisé son esprit de rébellion, et ont causé son passage à l’acte.
Accusera-t-il le coup face au comportement déjanté de son épouse Ornella ?
Eux qui rêvaient d’un cadre de vie rassurant, leurs pérégrinations les embarqueront dans le monde des fous… et celui-ci, se révélera bel et bien infini.

 

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Bonjour à toutes et à tous…

Tout a commencé pendant une triste nuit, le long d’une route solitaire de campagne, alors qu’il cherchait un raccourci que jamais il ne trouva…

Oups !
Je me suis trompé d’Histoire !!!

Donc tout à commencé le 15 août 2020, Poli Gyronnase m’a contacté pour me proposer son roman “Le monde des fous est infini” et connaitre mon ressenti sur son livre.
Alors tout d’abord, merci Poli, pour ta confiance, mais surtout merci de m’avoir permis d’entrer dans “ton monde”

Je dois dire que le début du livre m’a un peu perdu… Mais j’ai compris très vite que j’étais le seul fautif… Je n’avais pas suffisamment porté attention au titre du roman, et j’étais passé complètement à côté de quelque chose.

J’ai donc stoppé ma lecture et suis allé à la recherche… d’un chapeau à grelots.
J’étais pourtant persuadé d’en avoir un dans le grenier mais impossible de le retrouver.
J’ai donc fait avec les moyens du bord !
J’ai utilisé une civette de carnaval que j’avais ramené d’un voyage à Venise.
J’ai repris ma lecture depuis le début… Et là, tout est devenu clair et limpide. Je n’étais tout simplement, pas du tout dans le bon état d’esprit quelques minutes plus tôt lors, de ma première tentative de lecture…
J’allais pouvoir me rattraper.

Je plonge dans le monde fou, qu’est devenue notre société.

Très vite, j’ai un premier choc.
Le choc de l’envers du décor…
J’ai beaucoup d’amis dans la Police. Ils ont beaux me dire, me raconter, me décrire, me le répéter, tous “les collègues” travaillent avec d’énormes difficultés. Régulièrement ils perdent leurs illusions, et c’est la lente descente psychologique. Ils ne sont jamais au bon endroit. Pris entre deux feux, sans aucun jeu de mots ce coup-ci !
Ils se font “allumer” quand ils n’en font pas assez. Mais dès qu’ils interviennent ils en font trop !!!

Pas facile dans ces conditions de défendre veuves et orphelins ainsi que tous les autres…

Poli a su admirablement, par le biais de “nouvelles” souvent très courtes, retranscrire son quotidien sous forme de tranches de vies autobiographiques mêlant humour et autodérision, pour accepter l’inacceptable et faire passer ses messages sur l’état lamentable des services de la police en France.

Après avoir passé 18 ans dans la police, Poli démissionne et entraîne sa femme Ornella dans un cambriolage, où celle-ci disjoncte complètement !!!
C’est la première partie. Le braquage.

Rythmé. Dur, très violent, mais je n’ai pu m’empêcher de sourire en imaginant les situations. J’ai donc suivi le parcours et l’incroyable histoire déjantée de Poli, en ayant hâte chaque fois, d’être au chapitre suivant.

Seconde partie. Sur la route.

Le ton est différent. On se pose plus de questions. Poli décrit son travail de policier, son quotidien… Vécu et roman se combinent à merveille.

Troisième partie. Le dénouement.

Il ne pouvait en être autrement. Je sais au combien le choix de tout arrêter n’est pas du tout facile. Le regard des autres, la famille, les amis, l’impression d’avoir loupé quelque chose, la perte petit à petit de nos illusions. Mais une vie sans pression constante n’a pas de prix.
Et pour terminer, une fin très bien ficelée, qui s’accorde parfaitement avec ce qui se dégage de l’ensemble du récit.

À lire absolument…
Mais… Surtout n’oubliez pas le chapeau et les grelots !

Un livre drôle, émouvant aussi et profondément humain…

Bravo l’artiste !!!

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Extrait :

« On sort enfin de cette cité pour regagner notre unité. Le lendemain les trois malfrats seront déférés devant le parquet, je ne connais pas la décision de justice les concernant. J’ai juste avisé mon groupe de ma volonté de ne plus jamais me rendre dans cette cité, ou bien, obligatoirement accompagné du GIPN et de l’armée. Les policiers ne sont pas tous le temps maître de leur espace-temps. Notre inconscient collectif nous trompe, les flics ne s’octroient pas le plaisir de pouvoir comme bon leur semble. Souvent, ils se battent pour que la loi soit simplement appliquée, au péril de leur vie. Ils s’activent tous les jours, sans forcément dominer les situations, et passent la plupart de leurs temps a tempérer… non pas à maîtriser ou à profiter. Ce jour-là, j’ai compris que nous n’étions plus dans un état de droit, j’ai perdu le peu de foi policière qui me restait. »

 

 

Poli GYRONNASE a 50 ans, il est marié et père de deux filles. Il a toujours démontré de l’enthousiasme et de l’humour avec ses collègues. Il en fallait d’ailleurs pour accepter l’envers du décor de la société civile et du monde policier, pendant 18 ans de service actif. Ne soupçonnant plus aucun avenir dans cette ingrate profession, sa démission coulait de source.
En se reconvertissant dans un univers plus feutré, plus calme et moins extraordinaire, celui de la banque-assurance, il peut assurer l’avenir de ses enfants, en toute sérénité. En réalité, Poli apprécie son nouveau métier d’assureur-conseiller-financier, mais il lui manque son côté fantasque. Ses écrits salvateurs ont réveillé en lui son sens de l’originalité et de l’abracadabrantesque. Il a pris goût à l’écriture au point d’en devenir addict. C’est au cours de cette nouvelle carrière de financier que Poli a tout compris. Il sait désormais une chose. « Il a perdu le sens de l’humour, depuis qu’il a le sens des affaires. Au fond, il n’a qu’un seul regret. Il ne fait pas ce qu’il aurait voulu faire. Il aurait aimé être un auteur, pour pouvoir inventer sa vie ». Poli GYRONNASE, ex flic reconverti dans la finance, aurait voulu être un artiste.

En 2019, Poli tombe par hasard sur le concours littéraire « les manuscrits oubliés ». Ce challenge lui permet de ressortir du tiroir l’ébauche de son livre « le monde des fous est infini », et de le finaliser. Il se lance dans la merveilleuse aventure de l’autopublication avec la maison d’auto édition Librinova.

Émotion, Roman

Les Fureurs invisibles du cœur

John Boyne
Poche – 2 janvier 2020
Éditeur : Le Livre de Poche

Cyril n’est pas « un vrai Avery » et il ne le sera jamais – du moins, c’est ce que lui répètent ses parents, Maude et Charles. Mais s’il n’est pas un vrai Avery, qui est-il ? Né d’une fille-mère bannie de la communauté rurale irlandaise où elle a grandi, devenu fils adoptif des Avery, un couple dublinois aisé et excentrique, Cyril se forge une identité au gré d’improbables rencontres et apprend à lutter contre les préjugés d’une société irlandaise où la différence et la liberté de choix sont loin d’être acquises.

Une grande fresque sur l’histoire sociale de l’Irlande transformée en épopée existentielle. Florence Bouchy, Le Monde des livres.

John Boyne partage avec le chef-d’œuvre de John Irving, Le Monde selon Garp, un même souffle épique. Delphine Peras, L’Express.

Une éducation sentimentale et politique portée par l’art d’un romancier qui sait sonder les reins et les cœurs. Christophe Ono-dit-Biot, Le Point.

 

2020_061_Boyne John - Les fureurs invisibles du cœur.jpg

 

Bonjour à toutes et à tous…

Ce majestueux et superbe roman raconte l’histoire fascinante de la quête d’un homme pour découvrir qui est-il et connaître sa vraie personnalité…

Ces trois dernières années, j’ai lu beaucoup plus d’auteurs français que ne le l’avais jamais fait. Une envie sûrement…
Un besoin aussi, de savoir où se plaçait la littérature française par rapport aux autres. J’ai ainsi découvert quelques centaines d’auteurs qui n’ont absolument rien a envier à leurs collègues étrangers !
D’ailleurs ma PAL est constituée de plus de 90% d’auteurs français !

Il y a quelques semaines Isabelle (une cousine) est venu à la maison et m’a conseillé ce roman de John Boyne, “Les Fureurs invisibles du cœur”.

Dès que j’ai lu la 4e de couverture j’ai su que ce livre risquait de m’emporter, mais ce que je ne savais pas encore, c’est que cela irait beaucoup plus loin…

C’est l’histoire attachante et émouvante d’un garçon adopté et mal aimé. Devenu adulte il est jugé, insulté à cause de son orientation sexuelle dans une société où le joug de l’église catholique, est pleine de préjugés et de violence.
Je ne sais qu’admirer le plus. La construction du récit, avec tous ses fils conducteurs reliant les événements les uns aux autres, la caractérisation et l’originalité des personnages ; la magnifique sensibilité du récit tout entier ; le style clair et beau ; le panorama historique irlandais de l’après-guerre à aujourd’hui.
Du début à la fin du récit, c’est une lecture passionnante. Parfois choquante et tragique, parfois poignante et drôle. Le récit habilement équilibré de Boyne vous amènera des larmes aux yeux, puis éclater de rire avant que celles-ci ne sèchent sur vos joues. Il restera dans mon esprit longtemps après avoir tourné la dernière page.

Cyril Avery, enfant illégitime et gay est le héros du roman. Il raconte ses luttes intérieures et extérieures avec une fluidité qui ne fait qu’accroître, la colère et la honte qui définissent son existence. Cyril est un personnage qui sans effort, attire naturellement l’affection et l’empathie, d’abord en tant que garçon, adopté et sans amour, grandissant dans une grande maison bourgeoise où il ne trouvera jamais sa place, puis en tant qu’homme, tourmenté par sa sexualité et en proie aux pires tragédies même quand enfin il trouve le bonheur.

Le récit m’a plusieurs fois fait penser à Dickens, avec des personnages fabuleusement excentriques et une série de coïncidences étranges et d’occasions manquées qui, dans tout autre contexte, seraient jugées “Too much”. Ici, alors que Boyne travaille sa magie et nous entraîne dans son histoire, la crédibilité passe au second plan pour le plaisir de la narration.

864 pages que je n’ai pas vu passer.
Je n’ai jamais ressenti le moindre fléchissement dans mon intérêt tout au long de ma lecture et c’est avec beaucoup d’émotions et une certaine tristesse que j’ai tourné la dernière page.

Un magnifique tour de force, une superbe réussite !
Coup de cœur…

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Extrait :

« J’ai parfois l’impression que je suis pas faite du tout pour vivre au milieu des gens. Que je serais plus heureuse sur une petite île quelque part, seule avec mes livres et de quoi écrire. Je pourrais faire pousser ma nourriture et ne pas être obligée de parler à quiconque. »

…/…

« Il y avait beaucoup d’hommes ici, qui s’étaient lassés de leur femme et cherchaient des sensations différentes. Ma grand-mère a compris. Un après-midi, elle est rentrée et a surpris un homme qui me violentait. J’étais un gamin à l’époque, et quand elle a vu ce qui se passait, elle a refermé la porte, elle est retournée à la cuisine, et elle s’est mise à faire du raffut avec ses casseroles. Voilà l’étendue de sa colère. Voilà ce qu’elle a fait pour me sauver. Après, elle m’a fouetté et m’a répété que j’étais dégoûtant, vraiment une pourriture sans nom.
Mais elle a vu ce que je pouvais lui rapporter. J’étais plutôt mignon. Elle m’a dit que si je laissais des hommes me faire ça, elle se chargerait d’organiser les choses. Et l’argent serait pour elle. »

 

 

Né à Dublin en 1971, John Boyne étudie la littérature anglaise au Trinity College de Dublin et l’écriture créative à l’université d’East Anglia, située à Norwich, où il reçoit le prix Curtis-Brown.

Il amorce une carrière d’écrivain et publie neuf romans pour adultes et cinq pour adolescents, notamment en 2006, Le Garçon en pyjama rayé, roman qui devient no 1 du New York Times Bestseller List et se vend à plus de 6 millions d’exemplaires dans le monde, avant d’être adapté au cinéma, sous le titre Le Garçon au pyjama rayé en 2008 par le réalisateur Mark Herman pour le compte de la société de production Miramax.

Il est un critique littéraire régulier pour The Irish Times et a été un des juges pour les deux prix littéraires Hennessy et le Prix International IMPAC Dublin Literary, outre le fait d’avoir assumé la présidence du jury du Prix 2015 de la Banque Scotia Giller.

En 2012, il reçoit le Hennessy littéraire Hall of Fame Award pour son œuvre. Il remporte aussi 3 Book Awards irlandais du livre pour enfants de l’année, le Choix du livre populaire de l’année et Short Story of the Year. Il a gagné plusieurs prix, y compris des prix littéraires internationaux, le Prix Qué Leer de l’année en Espagne et le Prix Gustav-Heinemann Paix en Allemagne.

En 2015, il reçoit un doctorat honorifique en Lettres de l’université d’East Anglia.

Ses romans sont publiés dans 51 langues. il signe avec “Les Fureurs invisibles du cœur” son roman le plus personnel et le plus ambitieux.

Émotion, Histoire, Roman, Roman de terroir

Le Secret de la forge

Isabelle Artiges
Broché – 13 août 2020
Éditeur : Éditions De Borée

Lyse grandit au cœur de la forge familiale, entourée de l’amour des siens. Lorsqu’elle rencontre Gaspard, elle en tombe immédiatement amoureuse. La famille de Gaspard possède du minerai de fer et des forêts de châtaigniers : les deux amoureux imaginent donc déjà une belle collaboration économique et pensent avoir trouvé là un argument imparable à leur mariage. Pourtant, les deux familles s’obstinent et refusent catégoriquement une union. Lyse et Gaspard vont devoir chercher l’origine de cette inimitié pour espérer vivre leur amour… et réconcilier les deux camps ?

 

2020_060_Artigues Isabelle - Le secret de la forge.jpg

 

Je tenais avant tout à dire un grand merci aux les Editions De Borée pour cette agréable surprise !
Grace à eux, je découvre Isabelle Artigues avec ce très beau roman…

Lyse et Gaspard se sont rencontrés au cours d’un malheureux accident où le jeune homme a sauvé sa belle. Ce fut le coup de foudre immédiat entre eux…
Mais tout ne sera pas aussi simple entre la famille De Beauregard et la famille De Chaumeuil, à la tête de la plus grande forge de la région !
Quels sont les secrets que cachent ces deux familles pourtant voisines depuis plusieurs générations.

L’histoire se déroule au siècle dernier. Le monde de l’industrie commence à s’étendre dans beaucoup de régions de France. L’Angleterre, est déjà bien en avance. Les tarifs douaniers et le développement de la mécanisation encouragent les innovations, ouvrant ainsi les frontières du commerce.

Deux familles bourgeoises qui s’évitent, qui ne se parlent pas. Et lorsqu’elles le font s’est pour s’insulter… Voire se battre !

Mais quel est donc le terrible secret qui les lient ?

J’ai beaucoup aimé ce roman.
L’intrigue est agréable, mais c’est surtout le style de l’auteure qui m’a accroché.
Comme les personnages je me suis retrouvé en 1820, les belles phrases, les révérences, les déplacements à cheval, les duels, le rôle de la Femme à cette période. Tout y est très bien retranscrit !

La Femme n’a pas son mot à dire.
Lyse se mariera avec l’homme que sa famille aura choisi !

Mais qu’en est-il de l’amour, le vrai ?
Comment éviter cette union arrangée ?

Vous n’aurez d’autres choix que de plonger entre les lignes d’Isabelle, comme je l’ai fait moi-même, pour savoir qui de la raison ou de l’amour l’emportera !
Pour comprendre le pourquoi de toutes ces échauffourées !!!

À lire…

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Extrait :

« Il y avait, dans ce pays d’eau, une lande sèche, parsemée de morceaux de roche en granit, comme des fragments d’os sur une peau à nu. La terre était si pauvre qu’aucune herbe grasse n’y poussait. L’été, le soleil à la verticale y brûlait la moindre brindille. L’hiver, le gel y cassait les pierres, formant des creux dans lesquels une mousse verdâtre tentait de s’épanouir. Pas un souffle ne venait tempérer ni la chaleur ni le froid. De vieux saules baignant dans une rivière discrète barraient tout courant d’air à l’est, tandis que de grands chênes bordant de profondes forêts arrêtaient les vents d’ouest. Il existait, plus haut dans le pays, une terre semblable sur laquelle les hommes avaient livré bataille, longtemps nourrie du sang des morts. Ici, rien de tel. Cette lande sèche semblait posée là, pour mieux faire apprécier les prairies alentours, gorgées d’eaux, la vigueur des châtaigniers, l’abondance des champignons, la plénitude d’un chemin forestier ombragé, bordé de fougères odorantes, égayé par le chant des merles et des alouettes. »

 

 

Périgourdine d’origine, Isabelle Artiges est une esthète et une femme d’entreprise. Cosmétiques de luxe et mode sont ses choix professionnels ; piano et peinture, ses passions.

Mais c’est aussi une insatiable conteuse. Après une vie professionnelle bien remplie, elle se consacre désormais à sa passion : l’écriture. L’académie des Arts et des Lettres du Périgord, dont elle est aujourd’hui membre, a salué son talent et lui a attribué son prix de littérature en 2015 pour La Belle Créole.

Émotion, Roman

Avant la longue flamme rouge

Guillaume Sire
Broché – 2 janvier 2020
Éditeur : Calmann-Lévy

« Il essaye de courir en poussant sa famille devant lui, mais un hurlement ouvre le ciel et une mitraillette frappe des millions de coups de hache partout en même temps. Dans le Royaume, il y a des vrombissements lointains. »

1971 : le Cambodge est à feu et à sang. Saravouth a onze ans. Sa petite sœur Dara en a neuf. Leur mère enseigne la littérature au lycée français. Leur père travaille à la chambre d’agriculture. Dans Phnom Penh assiégée, le garçon s’est construit un pays imaginaire : le « Royaume Intérieur ».

Mais un jour, la guerre frappe à sa porte. Les fondations du Royaume vacillent. Séparé de ses parents et de sa sœur, réfugié dans la forêt sur les rives du Tonlé Sap, Saravouth devra survivre dans un pays en plein chaos, animé par une volonté farouche de retrouver sa famille.

Inspiré d’une histoire vraie, ce roman restitue une épopée intérieure d’une rare puissance.

 

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Bonjour à toutes et à tous…

Un magnifique roman sur la guerre civile au Cambodge mais surtout un roman sur l’enfance de Saravouth…
Guillaume Sire raconte à sa façon, avec tendresse et intelligence un monde qui se perd et transforme les rêves en pires cauchemars.

Inspiré d’une histoire vraie, ce récit est très dur. C’est le récit d’une enfance meurtrie, d’un pays à l’agonie. D’un enfant qui par la force des choses deviendra “orphelin”, dans un paysage apocalyptique…

Nourri par les lectures de sa mère, Phusati, professeur de littérature, Saravouth, 11 ans, trouve son bonheur dans les livres, dans les histoires qui façonnent son imaginaire, son quotidien, au sein d’une famille aimante. Dans l’esprit du garçon, les personnages d’Homère vont côtoyer ceux de Peter Pan. Il embarque alors sa sœur Dara 9 ans, dans son monde fantastique où les deux enfants voyageront ainsi entre le réel et l’imaginaire.

1971, La guerre éclate, le Cambodge est à feu et à sang…
Sa mère, lui donnant le goût de la lecture, très vite, il se créé un royaume imaginaire : “Le Royaume Intérieur”, qui va lui donner la force de supporter son quotidien au milieu des atrocités de la guerre, “L’Empire extérieur”.
Les mots de René Char, l’auteur préféré sa mère, “Il faut trembler pour grandir”, vont résonner régulièrement dans son esprit.

Le périple que va alors vivre Saravouth, et qu’il devra affronter seul, est porté par l’auteur grâce à une écriture acérée mais délibérément poétique. Ce livre est un véritable Odyssée. On sent l’odeur de la violence et de la mort, de l’insondable folie humaine.

Ce livre est Beau. Ce livre est dur et puissant…
Écrit avec beaucoup d’humanité et de simplicité, il commence comme un rêve d’enfant, se poursuit dans un monde d’adultes sur la vision d’un pays déchiré, et s’achèvera au-delà des pages sur des blessures irréparables.

Livre à mettre entre toutes les mains et à consommer sans modération…

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Extrait :

« Ce n’est pas seulement pour y être moins seul que Saravouth ouvre ainsi à Dara les portes du Royaume, mais parce qu’un jour, en se demandant ce qu’il se passerait si tout à coup il perdait la mémoire, il en est venu à la conclusion que si le Royaume pouvait exister ailleurs que dans sa tête, s’il pouvait être partagé et transmis, cela le protégerait mieux que n’importe quel rempart. Si je l’oublie, elle pourra me le rendre. »

…/…

« Il était une fois, dans un château fort, une princesse enfermée dans la chambre du donjon, son père le roi n’est pas rentré des croisades…
Saravouth trouva la description du château insuffisante. Il décida de la compléter dans sa tête. En plus de l’église, du foin, des chevaux blancs et blonds, des tours en pierres polies, luisantes, des meurtrières et des douves vaseuses, il imagina un toit de verre semblable à celui du pavillon Napoléon-III, une esplanade gardée par des lions sculptés et un clocheton d’émeraude. À l’heure du dîner, le château était complet. Pour franchir les douves, où nageaient des requins et des gobies phosphorescents, il fallait passer un pont-levis en bois vermoulu. Pour compléter les tours crénelées, Saravouth avait ajouté des toits pointus, rouges et laqués. Et pour la princesse, une cheminée d’où s’exhalait un parfum de noisette. Le soir, il ne trouva pas le sommeil avant d’avoir ajouté encore plusieurs détails. Des canards morillons et des buffles dans la cour, des cerisiers, des nuages mousseux et vernissés, des chevaliers en armure, un boulanger et l’odeur du pain : les petits éclats tièdes, la farine envoûtante. Ça se mariait au parfum de noisette. »

 

 

Guillaume Sire est un auteur français, romancier, poète, né à Toulouse en 1985.
Il commence avec la poésie, et des prix remportés à l’Académie des jeux floraux pour L’amour est une impression (2005) et Nymphéas (2006).

Repéré par l’écrivain Denis Tillinac, il publie ensuite son premier roman, Les confessions d’un funambule, aux Éditions de la Table Ronde (janvier 2007). Puis d’autres romans remarqués, notamment Où la lumière s’effondre chez Plon (septembre 2016), Réelle aux éditions de L’Observatoire (septembre 2018) et Avant la longue flamme rouge chez Calmann-Lévy (janvier 2020).

Guillaume Sire tient un blog où il écrit régulièrement : Ce qu’il reste des brumes.

Émotion, Histoire, Philosophique, Roman

La pomme ne tombe jamais loin de l’arbre

Marion Denesle (Auteur)
Broché – 24 mars 2020
Éditeur : Independently published

Et si je vous disais qu’une partie de votre histoire s’est créée bien avant votre naissance ? Vous êtes sceptique ?
Léo, jeune adulte de 23 ans mal dans sa peau, n’y croyait pas non plus, avant de retrouver un carnet appartenant à son grand-père dans la maison familiale, après une chute de ce dernier. Cette découverte et sa rencontre avec l’infirmière s’occupant de son aïeul seront pour Léo le début d’un questionnement personnel : Qui était George, élève sourd élevé dans un institut catholique ou encore Michael, peintre des années folles que son grand-père a dépeint dans cet étrange carnet ? Et pourquoi l’infirmière s’évertue à penser que son grand-père a caché toute sa vie sa véritable identité ? Entre récits inventés, rêves inachevés et étranges découvertes, Léo comprendra que c’est finalement sa propre vie qui est impliquée et qu’il n’y a qu’un pas entre fiction et réalité. Commencera alors pour lui une quête, celle de la vérité, sur lui, mais aussi sur ces inconnus du passé.

Thème peu connu du grand public, j’aborde dans ce livre la notion de psychogénéalogie qui rend hommage au proverbe qui en fait le titre du livre : « La pomme ne tombe jamais loin de l’arbre ».

 

2020_044_Denesle Marion - La pomme ne tombe jamais loin de l'arbre.jpg

 

Bonjour à toutes et à tous…

Certains romans sont voulus.
D’autres sont attendus…
Et puis il y a ceux qui vous tombent du ciel par hasard !
Mais sont-ils vraiment des hasards ?

Ce roman est donc véritablement venu à moi. Alors que je ne m’y attendais pas.

Quel magnifique premier roman !
Du style, de la maitrise et une écriture très fluide qui m’a tenu en haleine jusqu’à la fin.

Marion m’a emmené comme Léo à travers une enquête “généalogique” pleine de rebondissements au fil de l’histoire. Je l’ai dévoré comme si c’était d’un polar… Mais pas n’importe lequel. Ici, pas de meurtres, pas de sang, pas de coupables.

Ou plutôt, oui !
Il y a bien des coupables, mais ils sont partout.
Ce sont vos parents, vos grands-parents, vos oncles, vos tantes. Désormais plus personne n’est innocent…
À travers plusieurs générations, l’auteur et tous ses personnages, nous met au défi de savoir où elle va, elle joue avec nous et retombe à chaque fois sur ses pieds. Histoire gigogne qui va vous mener là où vous ne l’attendez pas et ce sera à chaque fois une véritable surprise.

Qui est qui ?

Quel lien existe-t-il entre Michael, jeune peintre homosexuel, Rose internée dans un asile psychiatrique car elle entend des voix, William le grand-père bègue, M. et Mme Sadioce, tous les deux sourds et Léo qui souffre de dysorthographie ?

Ne cherchez pas… Ne cherchez plus !
La solution se trouve uniquement dans ce roman très poétique porté par l’amour d’une jeune infirmière…

Si vous êtes comme moi, vous n’aurez de cesse de faire des recherches en parallèle de votre lecture. Et comme moi vous serez alors surpris au fur et à mesure. Est-ce bien un roman que je viens de terminer ? Je me pose encore tout un tas de questions. Finalement nous devrions tous être concernés.

Pour moi, il y aura, un avant et un après “La pomme ne tombe jamais loin de l’arbre” !

Merci Marion pour cette aventure hors du commun.

Coup de cœur, à lire absolument !

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Extrait :

« Je me réveillais quelque temps plus tard, tiré du lit par le froid et la faim. La nuit était tombée et l’odeur d’humidité se faisait plus présente encore. Paul lisait toujours dans son coin, sa lampe à huile se mouvant sur les murs du dortoir et créant des formes imaginaires. Je l’observais, il paraissait toujours la calme indifférent, comme si rien ne l’impactait. Je ne savais pas s’il avait des frères les sœurs, mais la solitude qui émanait de lui me faisait penser que non. Peut-être trouvait-il du réconfort dans les livres. Je le voyais froncer les sourcils de temps à autre, et je souris en découvrant qu’il avait un tic, celui de se toucher le sourcil dès qu’il réfléchissait. Père Léopold interrompit ma contemplation en pénétrant dans le dortoir :
– L’heure du dîner a sonné, dit-il. Il se mit alors à rire, et n’eut nul besoin d’expliquer pourquoi, nous nous esclaffions déjà. C’était un comble pour nous qui étions sourds, que d’entendre l’heure du dîner sonner. »

 

La pomme ne tombe jamais loin de l'arbre