Deux espions face à face
de François Waroux et Serguei Jirnov
Poche – juin 2022
Éditions : Mon Poche
Sergueï Jirnov est un ancien espion du KGB, François Waroux a été officier traitant à la DGSE. Le premier a opéré au sein du service des « illégaux » pour l’URSS, notamment pour infiltrer l’ENA, le second a agi sous couverture à travers le monde au nom de la France. Après avoir longtemps œuvré dans l’ombre pour deux camps opposés, ces deux officiers supérieurs ouvrent dans ce livre un dialogue sans tabou sur leur carrière au sein des services secrets. Pour la première fois, un espion russe et un officier français confrontent leurs expériences, leurs analyses et les méthodes utilisées par leurs pays respectifs. Ils révèlent les secrets du travail sous couverture, les techniques de surveillance, les manipulations, mais aussi les angoisses quotidiennes et les cas de conscience qu’impliquent de telles professions. Loin des clichés des films hollywoodiens, ce livre lève le voile sur la réalité des services de renseignement, brisant un à un les mythes en la matière pour leur substituer une face cachée bien plus complexe. De la guerre froide à la guerre technologique, en passant par les nouvelles menaces qui frappent le monde, ces deux grands témoins n’éludent aucun sujet dans leurs échanges. Un voyage d’Est en Ouest pour découvrir le vrai visage de la raison d’État.
J’avais pris ce livre comme une “petite” pose entre deux romans…
C’est une drôle de surprise, que je n’ai pas vu venir, que j’ai eu durant cette lecture. Non seulement, je ne me suis pas ennuyé un instant, mais j’ai même été pris plusieurs fois par le vécu “pas ordinaire” de ces deux ex-agents. Leurs formations, leurs modes de vie et surtout la réalité de leur métier.
Un livre très intéressant et prenant avec des passages qui sont même passionnants, c’est fou ! J’en arrivais à oublier que j’étais dans un récit véridique… Ça fait peur !
Cette interview entre ces deux anciens “ennemis”, se déroule en toute simplicité. Les questions/réponses se suivent à toute vitesse, pas le temps de s’ennuyer… Régulièrement j’ai eu de “drôles” de surprises… J’ai lu le livre d’une traite, et j’ai été étonné par les similitudes vécues entre les deux agents, pourtant de pensées diamétralement opposée…
Et puis, petit à petit le long de ma lecture, je les ai même parfois sentis “heureux” de leurs vies.
Mais là, c’est un autre sujet. J’avoue, qu’une vie entière de mensonges, de trahisons et la possibilité de commettre des meurtres “autorisés” par l’État, si besoin, ce n’est pas pour moi !
Quoi qu’il en soit, j’ai bien aimé ma lecture.
Même si elle m’a fait une nouvelle fois ressentir, le fait que nous ne sommes que bien peu de chose…
÷÷÷÷÷÷÷
Extraits :
« L’un est un ancien espion soviétique du KGB, l’autre travaillait pour le renseignement extérieur français. Le premier servait à l’Est, le second officiait à l’Ouest. L’un et l’autre ont exercé une profession qui consiste à manipuler des individus afin qu’ils trahissent leur pays en révélant des informations ou en transmettant des documents confidentiels. Dans cette optique, ils sont passés maîtres dans l’art d’orienter les esprits, de dissimuler et de tricher par quelques moyens que ce soit. Au nom de la raison d’État, ils ont obtenu le droit de faire chanter leurs cibles, de voler ou de commettre n’importe quel délit nécessaire à la réussite de leur mission. »
« Mais il ne faut pas se leurrer : en France, il existe un “service action” au sein de la DGSE qui peut aussi mener toutes sortes d’opération… Pourquoi une telle entité existe-t-elle ? Parce qu’il faut parfois éliminer discrètement certains ennemis qui font planer un danger sur la France. Cela existe, mais il s’agit d’une guerre secrète dont la population est censée ne rien savoir. Le service action peut tuer, parfois sur le territoire français, mais surtout à l’étranger. Cela peut se faire par le biais d’un attentat, d’un faux accident de voiture ou d’un problème médical impromptu. La DGSE n’ayant aucun pouvoir pénal, elle a donc besoin d’un bras armé. »
« Il faut tout de même être conscient de quelque chose : dans l’espionnage, malgré notre jargon professionnel qui pourrait induire en erreur, il n’y a pas d’opération “légale” ou “illégale”, puisque toutes les opérations que mènent les services spéciaux sont par nature illégales, délictuelles ou criminelles. Il n’y a pas que les assassinats qui sortent du cadre de la légalité… L’espionnage fait tout ce que la diplomatie ne peut pas faire : les diplomates fournissent du renseignement à leur gouvernement, mais ils agissent sans enfreindre les conventions internationales et les lois. Or, comme nous vivons dans un monde concurrentiel où l’on se dispute les territoires, les ressources et les influences, même les démocraties ont besoin de mauvais garçons pour obtenir ce qui échappe aux diplomates. »