Roman

La Gamine sans étoile

Philippe Lemaire
Broché – 7 novembre 2024
Éditions : de Borée

Magda Miller, jeune juive de 14 ans, fuit un Paris sous l’occupation nazie et se réfugie, seule, dans un petit village du Midi. D’un caractère enjoué et espiègle malgré la tragédie, rien ne la prédestinait à rencontrer Marcelin Fabre, un eygadier rugueux et solitaire, qui voit en elle une nouvelle chance d’être heureux après la perte des siens. Mais d’importantes menaces mettent en péril la sécurité de la jeune fille, qui, en dépit des événements, et armée d’un don extraordinaire pour le piano, est bien déterminée à accomplir sa destinée de pianiste prodige. Une rencontre improbable entre deux êtres qu’en apparence tout sépare.

C’est une histoire aussi belle que triste que celle de « La Gamine sans étoile » !

L’histoire de Magda Miller, cette talentueuse musicienne qui fut bouleversée comme tant d’autres au cours de la Seconde Guerre mondiale. Un souvenir malheureux qui revit avec la vague d’antisémitisme en cours !

Nous sommes en 1942, en zone libre, dans un petit hameau des Alpes de Haute Provence.
Magda Miller, Oh ! pardon, Marie Lefrançois (Chut… nous sommes peut-être sous surveillance…). Donc, Marie arrive de Paris, elle a récemment franchi la ligne de démarcation, afin de retrouver ses parents.
Elle attend ces derniers comme prévu depuis plusieurs heures et commence à s’inquiéter.

Marcelin Fabre, vieil homme solitaire, aperçoit la jeune fille et lui suggère d’attendre ses parents dans sa maison située juste en face. D’abord terrifiée, elle accepte finalement sa proposition.
Marcelin a rapidement saisi la situation dans laquelle se trouve la jeune fille. Peu importe les dangers qu’il prend, il est impératif de la sauvegarder. Les enfants ne devraient pas être victimes de la folies des hommes…

C’est ainsi que ces deux êtres, que tout oppose, vont cohabiter. Cependant, Marie demeure préoccupée, elle ne reçoit toujours aucune nouvelle de ses parents. Ont-ils réussi à fuir en Amérique ?
Avec le temps qui passe, elle rencontre des voisins et voisines, et grâce à Solange elle va renouer avec sa passion, le piano… Mais bientôt, les Allemands envahissent aussi la zone libre.

Philippe Lemaire nous dépeint un récit captivant, celui d’une rencontre entre deux individus que la chance de la vie a mis en relation. Marcelin le solitaire, seul depuis son veuvage, qui ne vit que pour son travail, eygadier à Volonne et Magda Miller, une adolescente juive de quatorze ans qui est une véritable virtuose du piano.

La Gamine sans étoile est un livre touchant, marqué par les imprévus joyeux ou tragiques de ce moment tumultueux de l’Histoire.
Je remercie sincèrement Virginie des éditions de Borée

÷÷÷÷÷÷÷

Extraits :

« Le parfum des fleurs qui s’amoncelaient dans sa loge avant chaque récital provoquait chez Magda Miller une forme insidieuse de nausée. Devant la quantité de bouquets de narcisses, d’iris, de roses qui l’attendait ici à La Fenice et qui lui parut plus impressionnante que partout ailleurs où elle s’était pro-duite, elle eut un mouvement de recul.
– Qu’est-ce qui t’arrive ? lui demanda Ana Filippovna.
– Ces fleurs… Toutes ces fleurs !
– Tu ne vas pas te plaindre d’avoir autant d’admirateurs.
– Non, bien sûr, mais… »

« D’un claquement de langue, il appela Cody qui se redressa sur ses pattes. Dehors, Marcelin eut l’intuition que cette soirée marquait la fin de quelque chose. D’une amitié en trompe-l’œil ?
— Saloperie de politique, dit-il à voix haute.
Le chien s’arrêta net, croyant que son maître s’adressait à lui.
— Va, tu peux courir. Les hommes, c’est embrouille et compagnie. Est-ce que ça valait la peine de s’asticoter pour si peu ? Enfin, fallait bien que l’abcès crève un jour ou l’autre. J’avais bien remarqué que le petit Simonet ne portait pas trop Langlois dans son cœur. »

« Elle résista à peine une poignée de secondes avant que l’émotion ne la submerge et qu’elle ne fonde en larmes.
Devant ses yeux, leurs visages se brouillèrent. Ils se méprirent.
Ils crurent à ce genre de larmes qui accompagnent parfois un bonheur intense. Mais comment aurait-elle pu être heureuse alors qu’elle venait d’être fouettée par le souvenir des anniversaires enchanteurs de la maison de son enfance ? L’odeur beurrée de son gâteau qui dorait dans le four envahissait la cuisine. »

« – Vous vous souvenez de la boulangère chez qui nous achetions notre pain et parfois un éclair au chocolat ?
– Oui, bien sûr.
– Alors qu’ils nous poussaient vers les camions, elle est sortie de sa boutique et elle a commencé à nous insulter : “Sales Juifs, pourriture de Juifs !” Elle nous a craché dessus.
– Et toi ?
La question était à peine audible.
– Au moment où ils nous emmenaient, un agent de police m’a arraché à la main de ma mère, a ouvert sa pèlerine et m’a dit : “Cache-toi là, petit…” Il m’a sauvé la vie. »

l’auteur : Philippe Lemaire a été présentateur du journal télévisé de France 3 Rhône-Alpes Auvergne.

Auteur de chansons et réalisateur de films documentaires, il se fait remarquer dès son premier livre « Les Vendanges de Lison » (2003).

Il se consacre aujourd’hui à l’écriture. Il a notamment publié « La Mélancolie du renard » (2015), son son neuvième roman, « L’Enfant des silences » (2013) et « Rue de la côte-chaude » (2011). Il prouve une fois de plus son talent dans La Forêt des violons, son seizième roman.

Ardennais, Il vit en Rhône-Alpes depuis de longues années.

Les racines de Philippe Lemaire, justement, ce sont les Ardennes.
« Quand je reviens à Saint-Laurent, je ressens les choses différemment, je me sens heureux, simplement. C’est difficile à expliquer, c’est un peu comme si j’avais les ombres de mes grands-parents à mes côtés. »

Le cheval de bataille de l’écrivain, c’est aussi d’essayer de convaincre que la lecture, c’est indispensable. « Lire, c’est fondamental, explique-t-il. Cela permet de s’évader, de réfléchir, de structurer sa vie. »
Philippe Lemaire s’est mis à la lecture lorsqu’il avait six ans. « Ma grand-mère lisait des romans photos, ça a été mon premier vrai contact avec les livres. Et puis j’ai rencontré un professeur de Français en quatrième, qui écrivait des pièces de théâtre, et les choses se sont enchaînées. »
L’auteur ardennais met aussi, et surtout, de sa vie dans ses romans. « L’écriture traduit une émotion. Si j’angoisse, le lecteur s’en rendra compte. Si je suis tendu, heureux, cela se verra. Toute ma vie j’ai écris, je serais incapable de m’arrêter. Je pourrais même écrire s’il le fallait des modes d’emploi. C’est mon métier, c’est comme si j’étais artisan ou même employé, c’est comme ça. »
Et Philippe Lemaire a choisi son style. « J’écris des romans aux personnages simples. Je n’aime pas les romans “coffre-fort” où les lecteurs doivent chercher des combinaisons compliquées », précise-t-il.

La Gamine sans étoile est son vingt-deuxième roman.

Laisser un commentaire