Histoire, Suspense

Le Miroir aux mirages

de Philippe Lemaire
Broché – 10 novembre 2022
Éditions : de Borée

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Afin que Louis XIV puisse se refléter dans des miroirs qui seraient enfin français, François est envoyé à Venise sur ordre de Colbert qui entend créer la Manufacture royale des glaces de miroir. Sa mission ? Dérober aux Vénitiens les secrets de fabrication des grands miroirs qu’ignoraient alors les artisans français. Mais ce n’est pas tout ! Il lui faut aussi convaincre quelques grands maîtres verriers de venir à Paris pour y transmettre leur savoir. Le pont d’or qu’il est prêt à leur faire sera-t-il suffisant ?

 

• Couv_106_Lemaire Philippe - Le miroir aux mirages

 

C’est le second roman de Philippe Lemaire, après “La forêt des violons”, que je lis.
J’ai toujours beaucoup aimé les romans historiques, mais quand l’auteur y apporte une part de poésie, de beauté et un sens artistique, quasi-omniprésent, alors là, j’adore…

La première partie du roman se déroule à Venise XVIIe siècle.
François Guilbert de Soulac a été mandaté par Colbert, pour dérober aux Vénitiens de l’île de Murano, les secrets de fabrication des miroirs, voire plus encore, inciter des maître verriers qui ont été sélectionnés à quitter leur pays, pour la France afin qu’ils partagent leurs connaissances pour créer une Manufacture Royale des glaces et des miroirs à Versailles, suivant la demande de Louis XIV.
François Guilbert, va se rendre compte très vite que cette mission sera non seulement délicate, mais de plus, très dangereuse… Sera-t-il prêt à braver les dangers ? Le regard et la voix de la belle Lucia, ne risquent-ils pas de l’entraîner vers des lieux qu’il n’imaginait même pas ?

J’ai voyagé dans le temps et dans les ruelles sombres de Venise, Philippe Lemaire nous conte avec passion la vie et le travail des maîtres verriers… C’est superbe et très addictif. Les canaux, les soirées richissimes dans cette ville incroyable où tout est axé sur la beauté et surtout les plaisirs…
Un texte très fluide, bien écrit, du suspense avec une intrigue fort bien menée, une histoire d’amour qui n’a rien pour déplaire et un travail de recherche assez incroyable de la part de l’auteur.

J’ai passé un très bon moment de lecture…
Philippe Lemaire, fait dorénavant partie des conteurs que je suivrai avec plaisir !

Un grand merci à Virginie des Éditions de Borée pour ce SP qui m’a fait rêver.

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Extraits :

« Il remonta le col de son manteau de lourde laine afin d’affronter le vent qui venait de la mer. Celui-ci s’engouffrait dans les ruelles de Murano, avec des sifflements aigus et rageurs. En dépit du vent, il avait cru entendre un bruit de pas derrière lui. Comme si on le suivait. Quand il se retourna, il ne vit personne. Sans être rassuré pour autant, il marqua son inquiétude d’un froncement de sourcils. Il n’avait aucune raison de craindre les voleurs. Sa bourse ne contenait qu’un ou deux sequins, grandement insuffisants pour tenter le diable. »

« Le Castello était un quartier tranquille à l’écart des grandes ruées de voyageurs et d’aventuriers de toutes espèces qui débarquaient dans la Sérénissime en quête de fortunes rapides ou d’aventures galantes. La réputation de certains lieux de grandes polissonneries, les attirait, comme la lumière attire les papillons de nuit. Dans ces endroits, tenus plus ou moins secrets, des femmes languissantes est parfumées à demi nues, faisaient promesse d’assouvir leurs sens dans le murmure, d’épopées amoureuses bien coûteuses. En choisissant ce quartier, François Guilbert n’avait fait qu’obéir à M. Courtin, un des hommes, de confiance de Jean-Baptiste, Colbert, qui lui avait recommandé la plus grande discrétion, en lui remettant la bourse contenant plusieurs centaines de livres pour ses frais de route et de séjour, ainsi que des lettres à vue nécessaires, à la réussite de sa mission. »

« Comme une déesse du silence, Calisto entra sur scène. L’air égarée, la poitrine palpitante, elle s’abandonna à l’attente amoureuse qui s’était emparée d’elle comme une terrible fièvre. François Guilbert reconnut Adèle Cantalli malgré le masque qui lui couvrait le haut du visage. Puis un chant de séduction s’éleva depuis les coulisses. Envoûtant. Qui aurait été capable de lui résister ? À l’entrée du castrat, un murmure d’adulation parcourut la salle. Le madrigal soutenu par les cordes commença. Persuasion. Assurance. Ruse d’un côté. Pudeur. Charmante dérobade de l’autre. Les voix s’égarèrent dans les arabesques de la passion. Elles ensorcelaient à tour de rôle. »

« La taille ceinturée d’un tablier de cuir, Bartolomeo Guardi, s’empara de sa plus longue canne avant de la plonger dans la gueule incandescente du four. Fruit de l’expérience acquise auprès de son père qui l’avait entraîné dans l’atelier de verrerie alors qu’il n’avait pas dix ans, un seul coup d’œil lui avait suffit pour savoir qu’il était à la bonne température. Il commença à tourner doucement la canne, entre ses doigts pour cueillir dans le creuset une boule de verre en fusion, sous le regard attentif de ses aides. Un silence quasi-religieux, régnait dans l’atelier, où l’on entendait plus que le bourdonnement du feu. »

Philippe Lemaire a longtemps été journaliste, présentateur du journal télévisé de France 3 Rhône-Alpes Auvergne.

Auteur de chansons et réalisateur de films documentaires, il se fait remarquer dès son premier livre Les Vendanges de Lison (2003).

Il se consacre aujourd’hui à l’écriture. Il a notamment publié La Mélancolie du renard (2015), son son neuvième roman, L’Enfant des silences (2013) et Rue de la côte-chaude (2011). Il prouve une fois de plus son talent dans La Forêt des violons, son seizième roman.

Ardennais, Il vit en Rhône-Alpes depuis de longues années.

Les racines de Philippe Lemaire, justement, ce sont les Ardennes. « Quand je reviens à Saint-Laurent, je ressens les choses différemment, je me sens heureux, simplement. C’est difficile à expliquer, c’est un peu comme si j’avais les ombres de mes grands-parents à mes côtés. »
Le cheval de bataille de l’écrivain, c’est aussi d’essayer de convaincre que la lecture, c’est indispensable. « Lire, c’est fondamental, explique-t-il. Cela permet de s’évader, de réfléchir, de structurer sa vie. »
Philippe Lemaire s’est mis à la lecture lorsqu’il avait six ans. « Ma grand-mère lisait des romans photos, ça a été mon premier vrai contact avec les livres. Et puis j’ai rencontré un professeur de Français en quatrième, qui écrivait des pièces de théâtre, et les choses se sont enchaînées. »
L’auteur ardennais met aussi, et surtout, de sa vie dans ses romans. « L’écriture traduit une émotion. Si j’angoisse, le lecteur s’en rendra compte. Si je suis tendu, heureux, cela se verra. Toute ma vie j’ai écris, je serais incapable de m’arrêter. Je pourrais même écrire s’il le fallait des modes d’emploi. C’est mon métier, c’est comme si j’étais artisan ou même employé, c’est comme ça. »
Et Philippe Lemaire a choisi son style. « J’écris des romans aux personnages simples. Je n’aime pas les romans “coffre-fort” où les lecteurs doivent chercher des combinaisons compliquées », précise-t-il.

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