Anticipation, Drame, Science Fiction

Le Passage *

de Justin Cronin
Poche – 7 mars 2013
Éditions : Pocket

Années 2010. Dans le Tennessee, Amy, une enfant abandonnée de six ans est recueillie dans un couvent… Dans la jungle bolivienne, l’armée américaine recherche les membres d’une expédition atteints d’un mystérieux virus… Au Texas, deux agents du FBI persuadent un condamné à mort de contribuer à une expérience scientifique gouvernementale. Lui et les autres condamnés à la peine capitale participant au projet mutent et développent une force physique extraordinaire. Les deux agents du FBI sont alors chargés d’enlever une enfant, Amy. Peu après que le virus a été inoculé à cette dernière, les mutants attaquent le centre de recherches. Près d’un siècle plus tard. Une communauté a survécu à l’apocalypse causée par l’attaque des viruls, ainsi qu’ont été baptisés les mutants. Une adolescente la rejoint bientôt. Une puce électronique implantée sous sa peau révèle qu’il s’agit d’Amy, âgée désormais de plus de cent ans mais qui en paraît à peine quatorze… L’aventure ne fait que commencer.

Justin Cronin m’a entrainé, que dis-je, m’a happé dans sa fresque apocalyptique d’une puissance narrative incroyable. Son écriture immersive, à la croisée du thriller et de la science-fiction, déploie une galerie de personnages inoubliables, des survivants rongés par la peur aux créatures nocturnes hantant un monde dévasté. Le roman m’a un peu fait pensé de part son ambiance à Je suis une légende le film avec Will Smith et à The Road avec Viggo Mortensen, mais il impose surtout, je trouve, sa propre identité en mêlant tragédie intime et survie collective. Chaque page est une montée en tension, chaque chapitre une plongée dans l’inconnu. Un roman monumental de 1280 pages, fascinant et ambitieux à l’atmosphère suffocante, où l’espoir subsiste malgré la nuit qui s’étire et semble éternelle.

Cronin prend le temps de poser son univers et ses personnages, ce qui peut sembler lent au début, mais l’immersion en devient d’autant plus forte. J’ai particulièrement aimé la construction du récit, avec cette alternance entre le passé et le présent, et la montée en tension constante. La seconde partie, plus tournée vers la survie post-apocalyptique, m’a un peu moins captivé que la première, mais l’ensemble reste très agréable à lire.
Les tomes 2 et 3, Les Douze avec ses 960 pages et La Cité des Miroirs et ses 1088 pages sont dans ma PAL 😅 😜 😂!!!

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Extraits :

« Avant de devenir la Fille de nulle part – Celle qui vint en marchant, la Première, la Dernière et la Seule, et qui vécut mille ans -, ce n’était qu’une petite fille appelée Amy. Amy Harper Bellafonte, née dans l’Iowa.
À sa naissance, sa mère, Jeannette, avait dix-neuf ans. Jeannette lui donna le prénom de sa propre mère, Amy, morte quand elle était tout bébé, et pour deuxième prénom Harper, à cause de Harper Lee, la femme qui avait écrit Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur, le livre préféré de Jeannette – à vrai dire, le seul livre qu’elle ait lu jusqu’au bout à l’école. Elle aurait pu l’appeler Scout, comme l’héroïne de l’histoire, parce qu’elle aurait voulu que sa petite fille devienne pareille en grandissant, forte et drôle et futée, tout ce qu’elle, Jeannette, n’avait jamais réussi à être. Mais Scout était un nom de garçon, et elle ne voulait pas que sa fille passe sa vie à s’expliquer là-dessus. »

« — Regardez-la ! Cette fille parle aux ours ! fit une voix.
Un murmure incrédule parcourut la foule. Les appareils photo commencèrent à mitrailler. Lacey s’accroupit à côté d’Amy, écarta avec ses doigts les mèches de cheveux noirs de son visage. La fillette avait les joues ruisselantes d’eau et de larmes mêlées. Il se passait quelque chose.
— moi, mon enfant.
— Ils savent, fit Amy, les mains toujours plaquées contre la vitre.
— Les ours ? Qu’est-ce qu’ils savent ?
La petite fille leva la tête vers elle. Lacey n’en revenait pas. Elle n’avait jamais vu une telle expression de tristesse sur le visage d’un enfant, comme si elle avait eu la révélation d’un grand malheur. Et pourtant, dans ses yeux, elle ne lisait aucune crainte. Quoi que Amy ait appris, elle l’acceptait.
— Ce que je suis, répondit-elle. »

« Carl et Martha étaient morts. Ils étaient blottis l’un contre l’autre, comme des cuillères dans un tiroir, dans le lit d’hôpital, Carl serrant sa femme contre lui, un bras passé autour de ses épaules. On aurait dit qu’ils dormaient. Ç’aurait pu être la fumée, mais l’air de la pièce disait à Wolgast qu’ils étaient morts bien avant l’incendie. Sur la table de nuit, il y avait une bouteille de whisky à moitié vide et à côté un journal plié, comme celui qu’il avait vu, d’une minceur inquiétante, avec un énorme gros titre hurlant dont il détourna le regard. II préféra le mettre dans sa poche pour le lire plus tard, et resta un moment debout au pied du lit où les corps étaient allongés. Puis il referma la porte de la chambre et alors seulement, enfin, il pleura. »

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Né en 1962, Justin Cronin a effectué ses études à l’université de Harvard. Il est l’auteur de plusieurs romans dont Huit saisons (Mercure de France, 2003), couronné par le prix Pen-Hemingway. Il vit avec sa femme et ses enfants à Houston, au Texas, où il enseigne l’anglais, à l’université Rice.
Retrouvez la trilogie de l’auteur sur http://enterthepassage.com/

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