Amour, Émotion, Drame, Psychologie

La toile des femmes

de Soleyne Joubert
Broché – 7 mars 2024
Éditions : M PLUS

• Bandeau_Intro_3.jpg

 

Cette histoire commence au creux de la femme. Là où naît la vie. Esther et Pierre attendent un enfant comme on attend la pluie, de façon enfantine et naïve. Pourtant, le jour de la naissance, Pierre disparaît, laissant Esther seule avec ce bébé qu’elle ne reconnaît pas.

Ce roman d’une douce colère est une histoire de passage. De ce moment suspendu où la jeune femme devient mère et fait du même coup l’expérience de la vie et de la mort. C’est aussi un hymne au lien qui se tisse entre les femmes d’une lignée. À cette toile d’amour charnel qu’ont tissée nos ancêtres et dans laquelle la jeune mère s’entortille pour ne plus jamais tomber.

Ce roman d’une douce colère est un hymne au lien qui se tisse entre les femmes d’une lignée.

 

• Couv_2024-033_Joubert Soleyne - La toile des femmes

 

Et encore un premier roman !
Un roman très bien écrit, dans le style et dans le rythme, mais ce sont surtout les émotions qui m’ont emporté… D’ailleurs au début, je n’ai pas toujours compris l’attitude de cette maman, c’est vrai, c’est ce qui m’a d’autant plus intéressé. Essayer de comprendre, essayer de vivre ce moment tellement difficile qu’est la dépression post partum…

Esther et Pierre forment un couple lié par l’amour. Ils vivent dans un pays où la couleur est reine, le Burkina Faso. Ils travaillent pour une ONG.
Dès le premier chapitre, on apprend qu’Esther est enceinte, mais la guerre éclate alors que la naissance du bébé est toute proche. Pierre décide qu’ils doivent quitter leur beau pays pour Paris. Il a quelques affaires encore à régler sur place et il la rejoindra dès que possible. Elle doit s’organiser, faire ses valises et contacte sa meilleure amie, Aude qui vit avec Xavier le frère d’Esther à Paris.
Quelques jours après son arrivée, elle sent les premières contractions. Elle n’est pas prête, c’est trop tôt d’autant plus que Pierre n’est toujours pas arrivé. Elle n’arrive toujours pas à joindre l’élu de son cœur. La vie d’Esther bascule complètement à ce moment-là, lorsqu’elle se retrouve seule avec son bébé, elle se sent perdue.

Le récit m’a pris aux tripes, et je pense qu’il résonnera dans l’esprit de nombreuses femmes.

Esther a eu une enfance très difficile, et aujourd’hui est est une mère sans père. Comment va-t-elle tenir rôle de maman sans l’homme avec lequel elle s’était construite. Elle a beau s’accrocher, essayer de tenir, elle ne peut pas, elle est complément perdue. J’ai essayé de ma mettre à sa place, comment aurais-je appréhendé ce qu’elle vivait ? Soleyne Joubert nous montre la colère de cette femme qui se retrouve seule devenue mère sans aucune expérience. Heureusement, Aude est là, et en tant que femme et amie, elle fera son possible pour lui redonner confiance…

Chaque femme a une histoire, avec des drames et des secrets. J’ai eu l’impression que Soleyne nous racontait peut-être son vécu avec émotion et en toute simplicité, la peur, la colère, la force et le courage nécessaire à toutes les mamans qui a un moment ont vécu ce moment où tout devient fragile, les liens familiaux, le travail, la présence d’un bébé, et même la vie… Des moments très fort où les femmes doivent lutter constamment contre la dépression qui les guette au plus profond de leur être…

Coup de cœur pour ce récit qui me rappelle qu’il ne doit pas toujours être facile de devenir maman…
Un livre que je vous recommande vivement.

Un grand merci à M+ éditions pour cette très belle surprise.

÷÷÷÷÷÷÷
Extraits :

« En se couchant dans le lit métallique, elle reconnut immédiatement la texture des draps. Épais et raides, avec des coutures aux ourlets qui grattent quand elles vous frôlent. Son bébé était de retour dans le lit boîte de sa naissance. Elle roula sur le côté pour le regarder, pour imprégner et saturer ses rétines de lui. Elle ferma et rouvrit plusieurs fois les paupières. Photos mentales.
Quand elle se réveillerait demain, il serait peut-être parti pour de bon et le lit boîte serait vide. Pour toujours. Les choses auraient-elles été différentes si elle avait su ? »

« Aude sortit de son sac des accessoires qu’elle avait utilisés pour ses propres accouchements. Un coussin d’allaitement, un sifflet dans lequel souffler pour mieux pousser, un baume à lèvres, des chaussettes, une enceinte de musique, des flacons d’huile essentielle, un spray pour le visage. »

« – Bois ça ! conseilla-t-il.
Elle s’exécuta et s’essuya le visage sur les manches de sa chemise. Ses cheveux attachés en une longue natte étaient durcis de poussière orange.
– Est-ce que c’est toujours aussi dur ? demanda-t-elle.
Il réfléchit un instant en se grattant le crâne.
– Je ne suis pas sûr de ce que je veux te répondre. Tu veux le discours rassurant ou réaliste ? »

« Quand elle n’eut plus rien à pleurer, il faisait nuit. Grand-Mère se leva et vint l’entourer de ses bras. La chaleur de son corps la réchauffa et elle s’apaisa enfin. Elle parla d’une voix grave et solennelle.
– La vie d’une femme est semée de chagrins insupportables, de souffrances qui nous poussent à commettre des actes impardonnables et fous. C’est notre fragilité de tellement aimer. Mais c’est aussi ce qui fait notre puissance. L’amour d’une femme, d’une mère, d’une sœur, relève du sacré. »

Soleyne Joubert est née en 1989 à Paris.

Elle nous dévoile dans ce premier roman, un univers doux et violent, dans lequel résonnent sa propre maternité, son engagement féministe et ses dix ans d’expatriation.

Émotion, Drame, Folie, Frisson horreur, Polar, Thriller psychologique

Meurtre au scalpel

de Jean-Pierre Levain
Broché – 2 avril 2024
Éditions : Des livres et du rêve

• Bandeau_Intro_2.jpg

Et si, pour une fois, le chasseur devenait la proie ?
Un prédateur sexuel se délecte des sévices qu’il va pouvoir infliger à cette femme sublime rencontrée dans un bar. Mais par un malheureux retournement de situation, il se retrouve entravé à son propre lit avant d’être émasculé puis égorgé.

Fred Brazier et son équipe sont de retour dans cette nouvelle enquête aux multiples rebondissements. Pour résoudre l’affaire, ils devront remonter le cours du temps et démasquer une bande de notables accomplis.

Une investigation en col blanc où se mêlent arnaques financières, jeux de pouvoirs, sadisme et meurtres en série.

 

• Couv_2024-032_Levain Jean-Pierre - Meurtre au scalpel

 

Époustouflant !

Jean-Pierre Levain n’y va pas par quatre chemins. J’avoue avoir au début de ma lecture été un peu décontenancé, et je ne sais pas pourquoi !
J’ai déjà lu des livres plus durs et plus violents, mais je crois tout simplement que je ne m’y attendais pas. Et pour le coup, j’ai été servi, et j’ai même malgré le sujet sombre et difficile, souris plusieurs fois tellement l’audace de l’auteur m’a épatée.

Meurtre au scalpel est un livre qui va fouiller dans la noirceur des hommes les plus vils, les plus retords, qui se retrouvent, comme c’est étrange, régulièrement tout en haut de la “chaîne alimentaire”.
Des avocats, des médecins, des hommes ayant pignon sur rue… Ils se retrouvent quelques jours, tous les ans chez l’un d’eux, dans une maison isolée en bordure d’une forêt. Et là, tout est autorisé (n’essayez même pas de deviner…), jusqu’à une chasse finale où ne seront utilisés que des arcs et des flèches pour finir en beauté. Vous aurez intérêt à vous accrocher, Jean-Pierre n’est pas un petit joueur, loin de là. Pas de temps mort, les chapitres défilent et s’intercroisent à une vitesse folle, une plume incisive et sombre qui pointe sans détour, des agressions physiques, agressions morales, une sexualité extrême où la perversion de ces hommes ne recule devant rien. J’ai ressenti du dégoût et de la haine essayant parfois de me mettre à la place des victimes.

Dans ce récit à plusieurs niveaux, le commandant du SRPJ de Lyon, Fred Brazier aidé de son adjointe, le lieutenant Gaëlle Lebras n’ont pas fini de retrousser leur manche pour aller au bout de cette enquête. Ils forment un duo parfait, mais c’est sans compter les nombreux rebondissements, les complexes revirements qui vont les perdre à de nombreuses reprises.

Pour moi, la construction de l’intrigue est parfaite. Rien ne nous sera épargné, la vengeance tient le rôle principal, et personnellement dans certains cas, je valide !

Je découvre Jean-Pierre avec ce roman. C’est son quatrième. J’ai été conquis, et je suis bien obligé de reconnaître que je suis très curieux de lire les autres…
Pour tous les amateurs du genre, et plus encore !

Un très grand MERCI à Angie des éditions Des Livres et du rêve pour sa confiance, et aussi de m’avoir permis de réaliser cette couverture…

÷÷÷÷÷÷÷
Extraits :
« Il aimait l’amour vache, rien à voir avec la romance. Celui qui faisait mal et laissait des traces sur le corps. Essentiellement celui des femmes qu’il prenait plaisir à martyriser pour mieux les asservir. Tous les moyens étaient bons pour arriver à ses fins y compris la pharmacopée. La motarde n’en savait rien. Elle le découvrirait bien assez tôt, à ses dépens. »

« La femme s’éloigna, puis, par un accès de mansuétude, revint sur ses pas. Elle saisit la tête du fumier par les cheveux. Il pleurnichait dans son mauvais trip. Elle lui ouvrit la gorge d’une oreille à l’autre. Point final !
En bonne ménagère, elle ramassa le pénis qui traînait par terre, se rendit dans la salle de bains et le balança dans la poubelle. »

« Elle utilisait ce terme en son sens générique et l’avait dit tout de go lors de sa prise de fonction : “Je suis profondément féministe et œuvrerai à défendre la place des femmes dans la police. Les pratiques sont, à mes yeux, plus importantes que les mots qui les qualifient. Ne comptez donc pas sur moi pour utiliser des formules ridicules pour féminiser mes propos. Quand je dis mes hommes, voyez-y un signe d’égalité entre les sexes qui a la même valeur de neutralité que le terme de flic. Pas question de parler de fliques au féminin ; encore moins de fliquettes comme je l’ai entendu dans la bouche de certains qui feraient bien d’y réfléchir à deux fois avant de réitérer pareilles âneries.” »

« Elle devait avoir approximativement l’âge d’Hélène au moment de sa disparition. Elena se rendit compte qu’il la fixait. Sa réaction le stupéfia.
– Toi aussi, tu voudras coucher avec moi ?
Désarçonné, il lui fallut quelques secondes avant de répondre.
– Bien sûr que non ! Jamais je ne te ferai le moindre mal. Tu peux me faire confiance. Tu es ici en sécurité. La porte de la maison sera toujours ouverte. Tu peux t’en aller quand tu veux. J’espère seulement que tu resteras le temps de te rétablir. Excuse-moi si je t’ai mise mal à l’aise.
– C’est parce que tu me regardais comme les autres.
– J’ai cru que…
– Tu ressembles à ma fille. Crois-moi, c’était la seule raison. Maintenant, repose-toi, il vaut mieux que je te laisse… »

 

Jean-Pierre Levain est Docteur en psychologie.

Il a été chercheur à l’Institut de recherche sur l’enseignement des mathématiques et maître de conférences en sciences de l’éducation à l’Université de Franche-Comté.

Aujourd’hui à la retraite, il s’est reconverti dans l’écriture de romans policiers. Le premier s’intitule Les femmes ne plaisantent pas avec l’amour (2020).

Facebook
https://www.facebook.com/JPLevain/

Amour, Émotion, Drame, Thriller psychologique

L’ombre des innocents

de René Manzor
Broché – 3 janvier 2024
Éditeur : Calmann-Lévy

• Bandeau_Intro_4.jpg

LE POLAR ÉVÉNEMENT DE LA RENTREE 2024
« Une fois que vous êtes dedans, vous laissez tout tomber, et la fin est absolument extraordinaire » Gérard Collard, Le Magazine de la santé, France 5
« Un stupéfiant combat de forces entre innocence et culpabilité » Le Point
René Manzor « le maître des histoires qui empêchent de dormir » Le Monde des Livres

C’EST DANS L’OMBRE DES INNOCENTS QUE SE CACHE LE MAL

Paris, bureau d’un éditeur bien connu. Alors que Marion Scriba, romancière, parle de son prochain polar, des policiers surgissent et l’interpellent, l’accusant du meurtre qui occupe la France entière depuis deux jours. Sur l’arme du crime, on a retrouvé l’ADN de Marion.
En garde à vue, la romancière clame son innocence. Mais l’ADN n’est-elle pas la reine des preuves ? Acculée, Marion ne voit qu’une solution, certes folle : s’évader pour trouver le vrai tueur et se disculper.
Wim Haag, un agent d’Europol qui a rendu son badge douze ans plus tôt, est rappelé pour cette enquête à haut risque. Très vite il comprend que quelque chose cloche : comment cette femme à la vie bien rangée, qui passe ses journées à écrire des histoires, peut-elle avoir un tel instinct dans sa cavale ?
Entre Wim, persuadé que la fugitive a un secret, et Marion, bien décidée à débusquer celui qui l’a piégée, commence une traque sans merci…

 

• Couv_2024-030_Manzor René - L'ombre des innocents

 

Avec L’OMBRE DES INNOCENTS, René Manzor m’a embarqué une fois encore dans un récit complètement dément !
Aucun temps mort, du début à la fin du récit, des rebondissements, des retournements de situations réguliers et un final encore une fois, complètement inattendu.

Marion Scriba, une mère de famille de trois enfants, sans histoires et auteure de thrillers, est accusée des meurtres de plusieurs enfants.
En effet, son ADN a été analysé sur une arme retrouvée près d’un cadavre d’enfant, à plus de 600 kilomètres de chez elle. Quelqu’un, essayerait-il de la piéger ?

Europol et la police vont devoir travailler main dans la main pour résoudre cette énigme qui pour l’instant les dépasse tous !

J’ai très vite retrouvé dans ce thriller la “patte” de René Manzor scénariste. Rien ne lui résiste.
Tel un rouleau compresseur l’auteur aligne chapitres après chapitres des faits, qui de rocambolesques deviendront très vite plausibles, malgré les mystères qui continuent d’entourer ces infanticides.
Mais René soulève doucement un voile, afin d’avancer vers la vérité, le voile qui masquait jusqu’à présent les horreurs et les ombres inavouables de nos sociétés. Le doute s’est d’abord immiscé dans mon esprit… Puis, le lecteur que je suis, était une fois de plus, pris au piège !

Marion Scriba, Wim Haag, Nayla Kassar ont tous un passé mystérieux, qui sont-ils vraiment ? Coupables, innocents ? À qui rapportent vraiment ces meurtres ?

Un récit engagé plein de finesse, époustouflant et machiavélique, qui m’a dérouté plusieurs fois psychologiquement et émotionnellement.

Une course folle à la recherche de la vérité, menée d’une main de maître !
Bravo à toi René !

÷÷÷÷÷÷÷

Extraits :

« L’envol de dizaines d’oiseaux sauvages jusque-là invisibles résonna comme un coup de feu aux oreilles du paresseux. Il se figea, d’une part parce que sa nature indolente ne le poussait pas à la précipitation, d’autre part parce qu’il craignait d’alerter un éventuel prédateur.
Il retint son souffle. »

« Durant la guerre froide, le passage illégal des frontières concernait surtout des réfugiés politiques fuyant le totalitarisme. Au XXe siècle, il s’était diversifié : trafic de drogue, migrants, réfugiés, commerce d’êtres humains…
Si Lampedusa et la Grèce avaient constitué les principaux points d’entrée en Europe, la récente découverte de soixante et onze corps de migrants dans un camion frigorifique avait soudain mis en lumière ce que l’on appelait désormais “la route des Balkans”. Une clandestinité par voie de terre que les autorités avaient du mal à contenir. »

« – Vous êtes bien Marion Scriba ? l’interrompit Kassar en présentant sa carte professionnelle.
– Oui, c’est moi, pourquoi ?
– Commandante Nayla Kassar, brigade criminelle. Il est 15 h 30, votre garde à vue commence maintenant.
– Quoi ? Et… et pour quelle raison ?
– Vous êtes en état d’arrestation pour le meurtre d’un enfant de sept ans et peut-être pour deux autres.
Marion demeura quelques secondes abasourdie, tant ce qu’elle venait d’entendre lui paraissait surréaliste. Elle trouva juste la force de bredouiller :
– Attendez… vous plaisantez, là ! C’est une caméra cachée, c’est ça ? »

 

 

l’auteur : Né avec le goût de construire des histoires, René Manzor a d’abord donné corps à cette envie au cinéma. Ses deux premiers films, Le Passage et 3615 Code Père Noël, le font remarquer par Steven Spielberg qui l’invite à Hollywood. Voilà le jeune Français lancé à Los Angeles, scénariste et réalisateur, ghost writer pour les grandes productions. Dans les années 2000, René Manzor quitte les États-Unis et renoue avec le cinéma français (Dédales).
En 2012, son premier roman, Les Âmes rivales, a révélé une plume au rythme vif et un univers mystérieux.

En cinq romans seulement, il s’est imposé comme une des références du thriller français.

Pour Celui dont le nom n’est plus il a reçu le Prix Cognac du polar Francophone.
https://leressentidejeanpaul.com/2020/07/15/celui-dont-le-nom-nest-plus/

Pour Apocryphe, le Prix Polar Les Petits Mots des Libraires,
https://leressentidejeanpaul.com/2018/10/31/apocryphe-de-rene-manzor/

Pour À Vif, le Grand Prix Iris Noir Bruxelles 2021 et le Prix de l’Embouchure 2022.

Du fond des âges
https://leressentidejeanpaul.com/2022/11/16/du-fond-des-ages/

Amour, Émotion, Drame, Historique, Thriller historique

Monsieur de Paris

de Emmanuel Robert-Espalieu
Broché – 23 février 2023
Éditions : Michel Lafon

• Bandeau_Intro_3.jpg

Si votre fils était voué à un destin macabre, que feriez-vous ?

Unique héritière du bourreau de Joigny, Marguerite veut tenir la promesse faite à son père : s’assurer que son fils, Henri, perpétue la tradition familiale en devenant Monsieur de Paris, l’exécuteur le plus connu du royaume. Mais le moment venu, Henri, décidé à fuir la vie de paria qu’on veut lui imposer, s’est évaporé dans  » la Vallée de la misère « , les bas-fonds des quais de Seine. Marguerite imagine alors l’impensable : officier elle-même sur l’échafaud, à l’insu de tous, le temps de retrouver son fils. Un risque immense pour une femme dans cette période sombre et tumultueuse qu’est la fin de règne de Louis XIV. D’autant plus que les amitiés douteuses d’Henri vont l’entraîner dans de bien ténébreuses affaires.

 

• Couv_2024-029_Robert-Espalieu Emmanuel - Monsieur de Paris

 

Monsieur de Paris est la suite de Fleur de sang.
Il peut se lire indépendamment, mais il est tellement intéressant dans le développement des personnages qu’il serait dommage de ne pas le lire avant…

Quel plaisir de retrouver Marguerite, fille et femme de bourreau, qui va tout faire pour que de son fils Henri, devienne le prochain bourreau de la capitale, le prochain “Monsieur de Paris”. Mais malheureusement, tout le monde n’est pas fait pour être bourreau, et malgré toutes les discutions qu’ils ont peu avoir, Henri sait très bien au fond de lui, qu’il n’est pas fait pour cette fonction-là. De plus, Henri est amoureux. Il est amoureux de la belle Madeleine, et se refuse à lui imposer une vie qu’ils n’auraient pas choisie.
Mais Madeleine, n’est pas libre. Martin la mène comme, et où il veut, et par la force si nécessaire…

Henri doit respecter la tradition familiale à n’importe quel prix, et Marguerite y veille au quotidien.
Mais un matin, Henri à disparu sans laisser aucune trace !

Commence alors pour Marguerite, une mission incroyable qu’elle met en place au fur et à mesure, dans le Paris sombre, pauvre et violent du règne du roi soleil. Prête à tout pour retrouver son fils, elle va prendre tous les risques et être embarquée dans des problèmes qui n’en finissent plus…
Jusqu’où une mère est-elle prête à aller par amour pour son fils ?

Emmanuel Robert-Espalieu, m’avait déjà complètement subjugué dans le premier volet, de cette saga historico/familiale, mais dans celui-ci, tout en conservant le style, le charme, les odeurs et la saleté, il construit son roman comme un thriller sans aucun tant mort, avec de nombreux rebondissements. J’ai été parfois même estomaqué… jusqu’à cette fin que j’ai haïe…
…Mais quelle surprise !!!

Énorme coup de cœur, pour ce récit captivant, servi par une écriture fluide et agréable.
J’avais vraiment l’impression d’y être et d’observer à chaque coins de rues, le déroulement du récit.
Deux romans qui mériteraient vraiment une adaptation cinématographique.

J’ai encore les hurlements des suppliciés dans les oreilles… Ils le méritaient !

÷÷÷÷÷÷÷

Extraits :
« En revanche, l’homme devenait frugal en paroles quand il travaillait.
D’ailleurs personne, même celles ou ceux qui le connaissaient, ne l’aurait abordé à ce moment-là. Car Clément, cet homme à l’allure bienveillante et affable qui continuait de fixer Henri, n’était autre que Monsieur de Paris, le bourreau de la capitale, l’exécuteur le plus connu du royaume. Un homme respectable et respecté, et ce même si la canne dont il faisait usage pour se déplacer depuis quelque temps lui fragilisait l’allure. Sa vue s’altérait de jour en jour, et bien que prétendant le contraire, il ne devinait plus que le contour des choses et devait désormais se faire suppléer pour les exécutions. »

« Marguerite n’est pas de celles qui se laissent aller au souci de l’apparence, comme cette nouvelle tendance de la petite bourgeoisie qui voudrait qu’on se pare d’une manière plus avantageuse que sa condition.
Le maquillage outrancier, les toilettes et les bijoux de celles qui jouent les grandes dames dans les jardins des Tuileries comme à la parade, en se délectant de glaces et d’huîtres, ne l’intéressent guère. Marguerite est toujours soignée, ses cheveux de jais tirés en arrière finissant en un agréable chignon suspendu par une simple broche d’argent au-dessus de sa nuque duveteuse incurvée par son port élégant. Sa mise est sobre. Elle est le plus souvent vêtue de sa robe en laine brun foncé doublée de popeline, légère et bon marché, et surtout facile à porter, cintrée à la taille d’un ruban de soie noire ou rouille qui souligne sa silhouette sur laquelle le temps ne semble pas avoir de prise. »

« – Robe noire ! cria soudainement Atedjaka, qui contenait mal sa colère, arrachant le papier des mains d’Henri.
– Mais qu’est-ce qu’il te prend ? lui fit celui-ci, atterré.
– Lui ! continua-t-il, la voix sourde, montrant du doigt l’homme d’Église sur le dessin. Assassin!
– Un prêtre ? Mais comment ? »

« “Bourreau !” “Fils de bourreau !” “Coupeur de têtes !”
Pourtant il le savait, il l’avait toujours su. Déjà petit on lui avait appris à taire son nom, à user de détours pour rentrer à la maison du pilori sans être vu. Il savait pertinemment ce que faisait son oncle, qui il était. Il en était même secrètement un peu fier, tout môme qu’il était. Tout comme il était fier de sa mère qui faisait du bien aux pauvres dans l’ombre de son échoppe, et qui était aimée pour cela. Il savait aussi ce qui l’attendait. Comme on sait que quelque chose va arriver, inéluctable, mais dans un futur assez lointain pour le percevoir hors de soi, presque improbable, repoussé par l’illusion d’une vie qu’on s’est fabriquée pour paraître normal aux yeux du monde. Un futur de plus en plus proche avec le temps, où il devrait embrasser une voie sur laquelle il marchait déjà, mais en regardant ailleurs. Il n’était qu’un enfant. Et un enfant ne pense pas à ces choses-là. Un enfant ça joue, ça court, sa chaparde et ça crie quand il est poursuivi. Un enfant ça rêve, sa apprend avec ses mains, ses yeux, son corps. »

 

Emmanuel Robert-Espalieu est né le 1er juillet 1970 à Suresnes dans les Hauts-de-Seine. Après une carrière comme photographe, dans les coulisses des théâtres (Festival d’Avignon, Théâtre National de la Colline, Comédie Français…), dramaturge et réalisateur, il se consacre désormais à l’écriture et la mise en scène de pièces de théâtre, ainsi qu’à l’écriture de romans.

Fleur de sang est son premier roman.
https://leressentidejeanpaul.com/2023/12/29/fleur-de-sang/

Monsieur de Paris son second.

Histoire, Émotion, Drame, Amour

Les valeureuses

de Judith Rapet
Broché – 15 février 2024
Éditeur : Éditions de Borée

• Bandeau_Intro_2.jpg

Michelle a 15 ans, en 1681, quand elle se voit forcée d’épouser un homme qui ne lui inspire que répugnance. Traitée comme une domestique par sa belle-famille et coupée des siens, il lui faudra trouver la ressource pour obtenir l’indépendance dont elle a toujours rêvé…
Un siècle plus tard, en pleine Révolution, alors que partout le peuple se révolte, Marie est sur le point de s’unir à un homme que son père a choisi pour elle. Apprenant que son destin est lié à celui de Michelle, qui aurait attiré une malédiction sur les femmes de sa lignée, Marie, éprise de liberté, ne peut se résoudre à l’obéissance.

 

• Couv_2024-028_Rapet Judith - Les valeureuses

 

Je termine à l’instant ce magnifique roman…
Un roman de femmes. Un roman écrit par une femme pour les toutes les femmes !

Les Valeureuses est un roman historique, qui raconte la vie de deux femmes à plus ou moins un siècle d’intervalle.

1681, Michelle est une jeune fille heureuse et espiègle, elle n’a que 15 ans quand on lui impose son mariage avec un homme qu’elle n’a jamais vu.
1789, lors de la Révolution Française, le père de Marie l’avertit qu’il a l’intention de la marier à son apprenti, François. Elle ne l’aime pas. Mais comment pourrait-elle refuser ?

Durant des siècles, la femme doit obéissance au père, au mari, aux lois de l’Église et aussi des convenances au fur et à mesure des époques. Les mariages ne servent que pour engendrer, ils sont arrangés pour la plupart en fonction d’éventuelles dotes, rarement ou jamais par amour.

Michelle et Marie, sont deux jeunes femmes courageuses et rebelles, qui décident de prendre en main leur destin, malgré l’opprobre de leur entourage. Elles osent affronter le regard des autres et affirmer leur volonté de faire évoluer la condition féminine.

Judith Rapet, avec ses mots simples et justes raconte deux histoires de tous les jours avec amour et beaucoup de passion. J’ai eu durant quelques heures l’impression de vivre dans un autre temps, avec des gens simples et heureux lorsque d’un seul coup Politique et Religion font face à leurs bonheurs. Comment ne pas adhérer à cette envie de liberté de nos deux héroïnes. Je suis un homme et j’ai ressenti la terreur, la déperdition de ces femmes oubliées durant tant de temps. Pourquoi les femmes ont elles du acquérir leurs “droits” dans la douleur ? Pourquoi encore aujourd’hui, il y a-t-il tant de différences avec le sexe dit “faible”, à tant de niveaux ?

Judith, m’a emmené quelques siècles en arrière en France durant la révolution, dans son un roman très intéressant avec des personnages forts et déterminés. Son récit très fluide et contemporain par la pensée, m’a complètement charmé par son érudition et sa richesse historique. Elle nous décrit la vie de tous les jours à la campagne aux XVIIe et XVIIIe siècles, la difficulté des paysans pour survivre, la mortalité infantile très élevée à cette période, qui était malheureusement la normalité.

Les Valeureuse, c’est l’histoire de deux femmes exceptionnelles, qui ont décidé de relever la tête et d’affronter un monde nouveau qui s’ouvre à elles.

Un grand merci à Virginie, des éditions De Borée, pour ce “Coup de cœur” Historique !

÷÷÷÷÷÷÷

Extraits :

« C’était la raison pour laquelle certaines filles étaient mises au ban de la société, subissant l’opprobre général si elles ne respectaient pas cet ordre établi. Nulle ne pouvait l’ignorer, le curé dans son prône rappelait souvent l’ordonnance d’Henri II soumettant chaque femme célibataire ou veuve à déclarer sa grossesse devant un homme de loi. J’avais bien compris la leçon qui faisait de nous, les filles, des objets devant obéissance à leur père et soumission à leur mari. »

« Pourquoi ne demandait-on pas l’égalité devant l’impôt et la suppression de tous les droits féodaux, les corvées, les servitudes et autres banalités, sur lesquels pesaient les fours, les pigeonniers, les moulins ou les pressoirs ? Et de la dîme qui représentait un treizième de nos récoltes ou revenus ? Pourquoi le droit de chasse nous était-il refusé, à nous, le tiers état ? »

« Dieu aime les pauvres, il est leur protecteur, il commande qu’on les nourrisse, défend qu’on les outrage, menace ceux qui les oppriment. Permettez-moi de ne pas être d’accord, si Dieu était aussi aimant, il ne nous aurait pas enlevé quatre de mes frères et sœurs. Il ne permettrait pas que l’on meure de faim et de froid, je ne trouve pas que cela soit juste ! »

« Depuis quelques semaines en effet, sur sa proposition que je n’avais pas manqué d’accepter, Joseph Brudieu m’apprenait à lire et à écrire. C’était la meilleure façon de se défendre des injustices, de s’élever et ne plus subir le joug des nantis. »

« Les danses sont une occasion de péché et doivent être évitées. Les deux sexes s’y trouvent ensemble et la liberté de la danse autorise des familiarités criminelles, on s’y regarde fixement, on se prend mutuellement les mains, ces malheureux commencements donnent lieu à d’autres libertés encore plus criminelles ; le poison entre par les yeux et par les oreilles avec des paroles impudiques ; on y entend des chansons dont le but est d’apprendre et de louer les ruses que l’amour impudique emploie pour suborner les cœurs, donnant une nouvelle hardiesse aux libertins. Le sage conseille de ne même pas regarder les personnes d’un sexe différent de peur de tomber dans le filet. »

« En ce qui concernait nos mariages, je me moquais éperdument qu’ils fussent bénis par l’un ou l’autre, tout m’était égal. Je commençais à comprendre que la religion n’était qu’une mauvaise farce visant à nous soumettre à ses lois, à faire de nous des sujets obéissants et à nous contraindre par la peur. La peur des enfers, le poids du “péché”, tout cela commençait à peser bien lourd et il était temps de s’en affranchir. Les fortunes considérables détenues par certains membres du clergé étaient une honte et une offense face à la pauvreté du peuple. Ils ne valaient pas mieux que la noblesse. » 

 

Très investie dans la vie culturelle de sa région, Judith Rapet conjugue la passion de l’histoire, de l’écriture et de la musique. En parallèle à l’enseignement du piano, elle s’intéresse à l’histoire de sa famille qui l’a menée à écrire plusieurs livres toujours fondés sur des faits réels.

Émotion, Drame, Psychologie, Suspense, Thriller psychologique

Le sang de la Licorne

de Tristan Marco
Broché – 20 novembre 2023
Éditeur : Auto-édition

• Bandeau_Intro_1.jpg

« Je suis la voix du Seigneur tout puissant. Tous paieront. Je frapperai au plus profond de leur chair, la traitresse, le malade et l’imposteur ».

Le capitaine Leszczynski et le lieutenant Kerdogan, deux officiers de la SR de gendarmerie de Marseille se rendent en Camargue afin de faire la lumière sur une sordide affaire criminelle. À leur arrivée sur les lieux, ils découvrent une mise en scène aux accents bibliques ainsi qu’une huile sur toile posée sur un chevalet.
Dolores Steidman, une psychiatre parisienne, passionnée de théologie et d’histoire des religions, propose spontanément son aide au tandem d’enquêteurs.
Alors que le tueur en série le plus tristement célèbre du XXème siècle vient de retrouver le chemin de la liberté après vingt-trois années à l’ombre des barreaux, Leszczynski et Kerdogan se lancent dans une course contre la montre pour appréhender un mystérieux fantôme qui signe à chaque fois ses crimes d’un tableau.
Comme un message… comme le présage d’un funeste périple.

 

• Couv_2024-027_Marco Tristan - Le sang de la Licorne

 

Âmes sensibles s’abstenir…

Un récit d’une noirceur très particulière qui s’enchaîne sans aucun temps mort !
Mélange de polar, de thriller ésotérique et psychologique où j’ai aimé l’histoire, parfois complexe, mais surtout d’une grande érudition. Heureusement l’auteur à la plume fluide et un “certain” sens de l’humour. Impossible de stopper une fois ma lecture commencée.

L’enquêtrice Leszczynski et son coéquipier, le lieutenant Kerlogan, deux personnalités bien tranchées, vont mener une enquête tambour battant, et une traque sans relâche, à travers la France.

Qui est donc ce meurtrier qui met en scène ses crimes, où la Religion est omniprésente ?
Voilà la question que je me suis posée très vite.

Tristan nous propose tellement de personnages crédibles, surprenants et intéressants, qui n’ont en apparence rien en commun, que la chute finale a été pour moi une vraie belle surprise !
Des meurtres d’une violence singulière, des corps en putréfactions abandonnés, des toiles réalisées avec le propre sang des victimes qui ont subit de véritables horreurs, mais toujours sans aucune souffrance.
Quel est donc ce message que le meurtrier veut nous faire passer ?

Une enquête délicate, pour notre duo de policiers. Ils vont être obligés de se surpasser et d’ouvrir “grand” leurs esprits, s’ils veulent comprendre ne serait-ce que le pourquoi de toute cette barbarie.

Chapeau bas Tristan, pour ce récit addictif, qui m’a transporté hors des sentiers battus, et qui malgré le sujet traité est resté pour moi touchant et plein d’émotions, il m’a aussi de nouveau, fait comprendre que le monde n’est pas du tout tel, qu’il paraît être.

Un moment intense de lecture qui m’a donné envie d’en découvrir beaucoup plus sur Tristan Marco…

÷÷÷÷÷÷÷

Extraits :

« Un mouroir. Voilà ce que le Jardin des acacias inspirait à Marie-Jeanne. Un EHPAD situé à deux pas du square Debrousse, dans le vingtième arrondissement. Un endroit surchauffé, aux odeurs d’alcool à 70°, de pisse macérée et de soupe poireaux-pommes de terre. En même temps, cet établissement était exactement cela, un sas vers notre finitude, un aller simple pour le club très fermé des futurs mangeurs de pissenlits par la racine. Marie-Jeanne, une fois encore, contint un besoin irrépressible d’aller vomir. »

« Leszczynski avait toujours détesté Paris. Trop de bruit, trop d’odeurs, trop de gens. Elle y avait débarqué à l’âge de dix-sept ans, fraîchement diplômée de son baccalauréat afin d’entamer des études de commerce. Ses parents agriculteurs avaient mis la main au porte-monnaie pour participer à l’effort de guerre, mais vivre à Paris avait un coût non négligeable et Claire Leszczynski avait dû emprunter aux banques de quoi payer sa scolarité et une partie de son loyer confiscatoire. »

« – J’ai quelque chose à vous montrer, Capitaine.
– Qu’est-ce que c’est que ça ?
– Ça, comme vous dites, c’est l’une des toutes premières éditions de l’Histoire ecclésiastique, une œuvre traduite du grec et rédigée à l’origine, en l’an 323 par l’évêque Eusèbe de Césarée. Elle raconte le parcours des chrétiens depuis la mort du Christ jusqu’au règne de l’empereur Constantin au IVe siècle. L’ouvrage qui se trouve devant vous date de 1917. C’est un recueil des livres V à VII du récit d’Eusèbe de Césarée qui traite des martyres de Lyon et notamment celui de Blandine.
– Je suis impressionnée ! Vous êtes érudite en histoire des religions ?
– Érudite, c’est un bien grand mot ! »

« – Ne t’es-tu jamais demandé pourquoi ton chien ou ton chat jouit d’une existence faite de caresses et d’amour, paisiblement vautré sur ton canapé tandis que la vache ou le cochon endure quelques pauvres années d’une vie de merde, tout ça pour finir dans un abattoir miteux et y crever dans des conditions de souffrances innommables ? »

« Le seul dénominateur commun entre le réel et le retransmis était cette profonde aversion qu’Ivanenko éprouvait à l’endroit du chef de l’État qui, selon lui, avait tout du pantin propulsé au sommet du pouvoir par quelques puissants et qui portait un costume présidentiel beaucoup trop grand pour lui. »

 

Tristan Marco a exercé pendant plus de vingt années le métier de pilote d’hélicoptères, spécialisé dans le sauvetage en mer, comme en montagne. Il est à présent pilote Garde-côtes.

Son premier roman, L’étrange cohérence du sablier (2018), est témoin d’une urgence intérieure de faire partager ses ressentis et son univers, au travers d’un thriller métaphysique

Vient ensuite Le onzième châtiment (2019), un thriller politique et d’aventures qui fait voyager le lecteur entre le Congo Belge juste avant son indépendance, et le Paris des années 80.

Enfin, Le sang de la licorne (2023), un polar noir dans lequel deux officiers de gendarmerie se débattent dans une enquête sordide et une course contre la montre pour appréhender un mystérieux tueur en série qui laisse systématiquement sur le lieu du crime des huiles sur toiles aux accents bibliques.

Facebook :
https://www.facebook.com/tristanmarcoauteur/

Instagram :
https://www.instagram.com/tristan.marco.auth/

Émotion, Drame, Suspense, Thriller psychologique

Belle de Mai

de Pascal Escobar
Broché – 15 septembre 2023
Éditeur : Le mot et le reste

• Bandeau_Intro_5.jpg

Ancien éducateur rattaché au juge des enfants à Marseille, Stanislas Carrera s’est reconverti en enquêteur privé. Mandaté par une famille d’origine comorienne, il se lance à la recherche du jeune Fuad, dix-sept ans, dont le frère aîné est au même moment accusé du meurtre d’une jeune femme. Des intérieurs confinés et angoissants de la cité Félix Pyat aux rues abandonnées de l’ancien quartier ouvrier, la Belle de Mai, les besoins de l’enquête vont l’amener à croiser gros et petits truands, éducateurs, immigrés clandestins, flics, prédateurs, militants politiques, et une jeunesse qui tente de s’extirper de sa condition dans le quartier le plus pauvre de France.

 

• Couv_2024-026_Escobar Pascal - Belle de mai

 

Belle de mai est le premier roman de Pascal Escobar !
Et j’ai bien l’impression que nous avons trouvé un nouveau conteur…

Contrairement à ce que j’avais cru en lisant le titre, je m’attendais un peu à une jolie histoire, qui nous conterait la vie d’une jolie femme !

Première claque,
Belle de mai est un quartier de Marseille parmi les plus violents et les plus pauvres de France, la misère y est omniprésente à chaque coin de rue. Nous sommes très loin de la carte postale habituelle que nous avons en tête de Marseille.

Deuxième claque,
Une écriture riche, profonde et froide à la fois. Pascal tranche, violente et sonne son lecteur. Certains passages sont particulièrement brutaux et difficiles, mais c’est aussi ce qui fait la richesse du récit situé entre le drame et le roman social, sûrement plein de vérités et d’objectivité. J’ai assez vite trouvé mon rythme de lecture, mais toujours avec la crainte de la page suivante… On sort complètement du Polar traditionnel. Mais d’ailleurs, est-ce un Polar ou l’histoire d’une ville qui se détruit et se reconstruit sans cesse années après années suivant les arrivées des différents immigrés ?

Troisième claque,
Stanislas Carrera, est un enquêteur privé. Ancien éducateur, il connaît sa ville, mais parfois, il se heurte à ce nouveau monde caché au fin fond des quartiers les plus mal famé.
Sa dernière mission ? Fuad, un jeune Comorien à disparu après l’arrestation de son frère accusé de meurtre. Leur sœur s’adresse au privé afin de retrouver son jeune frère qu’elle sait innocent de toute violence.
Son enquête le mènera dans la noirceur des rues, où meurtres, vengeances, drogues diverses, prostitutions et viols sont le quotidien des habitants qui n’ont d’autres choix que de courber l’échine et mourir, ou de devenir la nouvelle main obéissante des chefs de quartiers.

J’ai aimé l’histoire et son réalisme brutal. Les descriptions de tous ces mineurs isolés m’ont semblé particulièrement justes, même si elles font vraiment très peur.
J’ai senti que l’auteur malgré tout aimait Marseille. On le devine à travers ses lignes, à travers son écriture. Son intrigue est très bien ficelée et bien sûr, j’attendais une fin heureuse…
Mais qu’est-ce qu’une fin heureuse dans cette succession de drames qui s’enchaînent ?

Pascal m’a vraiment surpris par une écriture vivante et déjà très mure, pour un premier roman.
Je suis vraiment curieux de savoir vers quel “monde”, il m’emportera dans ses prochaines aventures !

÷÷÷÷÷÷÷

Extraits :

« Il est quatorze heures dans Marseille. La chaleur blanche de l’été fait éclater la pierre et le bitume. Au croisement de la rue du Camas et du boulevard Chave, un taxi est arrêté à un feu rouge. À l’instant où le conducteur s’apprête à enclencher la première, une femme traverse. Tranquille. Tongs, sarouel, pieds sales et bière à neuf degrés à la main. Elle ne se presse pas. Pile au milieu de la chaussée, elle stoppe pour boire une lampée de son breuvage. En soi, le geste ne dure que quelques secondes, mais c’est trop pour le taxi. Il s’énerve, il klaxonne. La femme aux tongs ne semble pas particulièrement sensible à l’irascibilité légendaire des taxis marseillais. Elle finit sa gorgée, s’essuie la bouche, se tourne vers le SUV et annonce au conducteur :
– Eh, va te faire enculer, tu vois pas que je traverse ! »

« – Je comprendrai jamais la manière dont on accueille les personnes qui fuient l’extrême pauvreté. Ils sont parqués dans leur quartier comme en prison. On peut pas laisser des gens croupir dans leur misère sous prétexte qu’on ne veut pas partager nos richesses. Et par-dessus, on laisse des marchands de sommeil s’enrichir sur le dos des familles qui ne peuvent pas se loger ailleurs, c’est immoral, on devrait les mettre en prison. Pourquoi la CAF ne crée pas des brigades d’inspection de la salubrité plutôt que de dilapider l’argent public dans des allocations qu’elle verse directement à des bailleurs véreux ? C’est révoltant et ça mesure bien l’iniquité du monde moderne. »

« La bénévole lui a fait envie avec son Garlaban. Il se demande s’il en prend un avec un café bien serré. En même temps, il s’était juré de ne plus boire d’alcool fort en journée. L’être humain est en permanence placé dans une position schizophrénique intenable. J’en bois encore un ou pas ? L’hémisphère gauche de mon cerveau me guide vers le plaisir et la jouissance de la modification de l’état de conscience. L’hémisphère droit me dicte la tempérance et la retenue. Plusieurs fois par jour se pose le dilemme. De quoi devenir fou. “Tu as qu’à arrêter de boire, lui dit Bérangère, et ton dilemme sera réglé en dix minutes.” Pas si facile, constate Carrera. »

 

Pascal Escobar naît à St-Henri en 1974. Il est l’avant-centre de l’équipe de football du quartier durant dix ans, puis devient punk, dynamiteur, projectionniste de cinéma et pour finir, travailleur social. Son parcours professionnel l’amène à travailler dans le secteur de la Belle de Mai, dans le troisième arrondissement de Marseille. Il écrit depuis 2017. Belle de Mai est son quatrième livre, son premier roman et le premier opus d’une série de trois romans sur Marseille.

Amour, Drame, Suspense, Thriller psychologique

Le refuge

de Alain Beaulieu
Broché – 16 février 2022
Éditeur : Éditions Druide

• Bandeau_Intro_2.jpg

Antoine et Marie ont choisi de vendre leur maison en ville pour s’installer dans ce qu’ils appellent leur Refuge, un chalet sans eau courante ni électricité situé au pied d’une montagne, à deux pas d’une rivière. Ils y coulent les jours tranquilles de leur retraite jusqu’à ce qu’ils soient victimes d’un braquage de domicile par une nuit sans lune du mois de juin. À compter de ce moment, le couple aura à vivre avec la honte des gestes posés dans la foulée de l’agression subie et la crainte que ses secrets ne soient découverts. Irrémédiablement, les vies d’Antoine et Marie, qui n’avaient jusque-là été rien d’autre qu’ordinaires, basculeront dans le chaos alors qu’un étau se resserrera autour d’eux.

 

• Couv_2024-024_Beaulieu Alain - Le refuge

 

Antoine et Marie couple de retraité, avaient prévu de vivre sereinement la suite de leur vie dans leur maison de bois, perdue au bord d’une forêt au Québec. Après une vie bien remplie, ils souhaitent plus que tout être tranquille et avoir la paix. Ils n’ont pas d’électricité, ni d’eau courante, mais vivent au bord d’une rivière et cela leur suffit amplement.
Malheureusement, le destin va en décider autrement…

Une nuit, ils sont réveillés en sursaut par des cris derrière les murs leur indiquant que la forêt est en feu !
N’ayant pas les mêmes perceptions de cette nuit, la vie d’Antoine et de Marie va se transformer en combat permanent pour sortir d’une spirale qui les attire irrémédiablement vers le drame qu’ils ont vécu.

La forme d’écriture adoptée par l’auteur est très intéressante, d’ailleurs pour moi, elle est la raison du livre.
Ancien professeur d’université en création littéraire, Antoine raconte ce qui s’est passé. Il prend en main le récit dès le début du roman. Mais très vite, Marie ajoute quelques mots d’abord qui s’inscrivent dans les idées d’Antoine, mais petit à petit Marie n’adhère plus aux mots de son conjoint et ses propres pensées s’opposeront à celles de son mari, elle refuse qu’il parle en son nom.

C’est donc une narration alternée entre le couple, qui va raconter le terrible événement. Leur maison n’est plus un lieu de paix. Comment vont-ils réagir au malheur qui leur est arrivé ?

La perception d’une chose est un ressenti très personnel. Chacun vivra un traumatisme à sa façon. Pour certains, ce sera le déni, d’autres s’enfonceront dans le silence, alors que d’autres encore auront besoin de le partager, de communiquer.
La sécurité n’existe plus dans le quotidien d’Antoine et Marie dans ce récit très original et fort bien mené. Heureusement, il y a de l’amour dans ce couple. Marie ne supporte plus la dégradation physique et psychologique de son mari. Elle va tout faire pour le retrouver.

Alain Beaulieu joue avec ses lecteurs.
Rebondissements successifs, suspense et psychologie dans ce thriller psychologique et philosophique que j’ai lu d’un trait, captivé que j’étais jusqu’à la dernière page.

Une intrigue sur fond de nature vierge, particulière, intéressante, haletante… et d’une belle finesse.

Nous avons tous passé un très bon moment de partage et d’échanges au château de l’Hermitage ce vendredi soir, où j’ai découvert un autre “Alain” très drôle et bavard ainsi que sa compagne Chantal, fort charmante…

Après avoir été nommé en 2017 avec L’interrogatoire de Salim Belfakir (Druide), Alain Beaulieu remporte cette fois-ci le prix France-Québec 2023 pour son roman “Le refuge”.

÷÷÷÷÷÷÷

Extraits :

« Je suis né Antoine Béraud dans une maison du quartier Saint-Roch à Québec qu’on a démolie deux ans plus tard pour y faire passer une autoroute. Issus d’un milieu ouvrier, mes parents ont connu leur lot de misère avant qu’un emploi dans la fonction publique n’offre à mon père l’occasion de se glisser lentement sous les jupes de la classe moyenne. Après l’entrée de ma sœur cadette à l’école primaire de notre quartier, ma mère a mis à contribution ses compétences en relations interpersonnelles pour se dénicher un emploi de secrétaire à l’université. Tout ça pour dire que je n’ai jamais manqué de rien, passant même mes étés d’adolescence à la campagne dans un chalet rudimentaire mais chaleureux situé dans le haut d’une avenue donnant directement sur un lac. »

« Cette entrée en matière me semble convenue, voire réductrice, car mon mari aurait bien des choses à dire sur sa jeunesse en dehors de ces lieux communs. Mais comme je ne suis pas que “la femme de”, je parlerai pour moi et lui laisserai le monopole de ses révélations personnelles, m’octroyant cependant le droit de rectifier au besoin ce qui, dans sa version de ce qui nous est arrivé, me semble fautif. »

« Vous excuserez le ton, et la volatilité de ma pensée. J’ai un peu perdu la main, et mon cerveau s’égare souvent dans des digressions que je n’arrive à réfréner que lorsqu’on me rappelle à l’ordre. Or, seul devant la feuille de papier sur laquelle je m’échine à écrire à la main, je perds mes moyens et laisse libre cours à ce que mon esprit choisit d’exprimer. »

« Je prends ici une grande respiration, car c’est un peu ce qui s’est produit dans les jours et les semaines qui ont suivi, comme si le temps s’était arrêté sur cet été splendide, le soleil faisant valoir son droit d’aînesse sur des nuages toujours éphémères. Nos enfants étaient partis pour l’été, notre fille chez une amie installée à Toronto et notre fils à Copenhague avec sa conjointe pour son projet de recherche en santé internationale – auquel nous ne comprenions pas grand-chose. »

« Je garde un souvenir ému de cette journée avec les étudiants d’Antoine et leurs familles, comme si la vie avait voulu appliquer un baume sur notre détresse. Un dôme d’allégresse avait recouvert le terrain, et rien n’était venu altérer l’état de béatitude dans lequel nous avait plongés l’initiative de Martin. »

 

Alain Beaulieu est écrivain, enseignant, chercheur en création littéraire à l’Université Laval et directeur de la collection Alinéa (Druide). Plusieurs de ses romans ont été cités pour un prix littéraire, dont L’interrogatoire de Salim Belfakir (Druide, 2016) pour le prix France-Québec et Le postier Passila (Actes Sud, 2010) pour un Prix du Gouverneur général. Il a remporté le Prix de création littéraire Ville de Québec-Salon international du livre de Québec à deux reprises. Il dirige la revue Le Crachoir de Flaubert, en plus d’être membre du Collège de nouveaux chercheurs et créateurs en arts et en science de la Société royale du Canada.

 

Émotion, Témoignage, Drame, Histoire vraie

Ne t’arrête pas de courir

de Mathieu Palain
Poche – 12 janvier 2023
Éditeur : Collection Proche

• Bandeau_Intro_4.jpg

C’est l’histoire d’un athlète qui a choisi de gâcher sa vie.

Toumany Coulibaly est champion le jour, voyou la nuit. C’est l’histoire d’un journaliste qui a grandi dans le même quartier de banlieue, à la même époque. Mathieu Palain, lui, est tombé du bon côté de la vie. C’est l’histoire d’une amitié née dans un parloir de prison, et dont chaque page est comme une décharge d’adrénaline.

 

• Couv_2024-025_Palain Mathieu - Ne t'arrête pas de courir

 

Ne t’arrête pas de courir, raconte la vie de Toumany Coulibaly, grand sportif et délinquant. Il a passé sa jeunesse en Essonne. Le sport, c’est sa vie. Ce n’est pas un mauvais homme, mais il ne peut s’empêcher de voler, c’est une vraie addiction qu’il ne contrôle pas du tout !
Alors régulièrement il se retrouve en prison pour de multiples cambriolages, bien qu’en parallèle, il soit champion de France dans sa catégorie.
Pourquoi ne peut-il pas se contrôler ? D’où lui vient ce besoin d’adrénaline dès qu’il enfile une cagoule pour braquer pharmacies ou supermarchés ?

Mathieu Palain est Journaliste et écrivain. Fasciné par le parcours incroyable de l’athlète, il lui demande la permission de le rencontrer afin d’en avoir plus sur lui. À travers ses confidences, alors que tout semblait les opposer, petit à petit s’installera une certaine intimité dans cette histoire vraie !
Plus qu’un journaliste, à travers les parloirs, et avec les proches de Coulibaly, Mathieu a presque le rôle d’un psychologue ou d’un grand frère, en l’aidant de son mieux et finalement, c’est une véritable amitié va lier les deux hommes.

Un “face-à-face” passionnant, plein de vie et enrichissant à tous les niveaux.
Quand la vérité rattrape la fiction… Une belle découverte !

÷÷÷÷÷÷÷

Extraits :

« Je m’appelle Mathieu Palain. Je suis journaliste. Je ne veux pas vous faire chier. Je sais simplement, parce que j’ai passé ma vie à Ris, Evry, Grigny, Corbeil, qu’il y a des choses que les journalistes ne peuvent pas comprendre. Disiz La Peste a fait une chanson là-dessus, le “Banlieusard Syndrome”. Une histoire de spirale du mec de tess, le truc qui fait qu’on a beau chercher à s’enfuir, le quartier nous rattrape.
Je sais que ce n’est pas facile, et que s’entraîner dans une promenade à Fresnes est un non-sens. Mais j’aimerais vous rencontrer. Je ne suis pas psychologue, mais je pense que je comprends. »

« – Je l’ai acheté ici. 500 euros. Tout le monde a un téléphone. Sans ça, tu subis vraiment.
– Qui les fait entrer ?
– Des détenus. Des surveillants. Un vieil iPhone comme le mien, ils le touchent autour de 80 euros dehors, mais à l’intérieur, ça se vend facile 500. À Fresnes, c’était 1000 euros.
– Et tu t’es jamais fait repérer ?
– Non. Mais c’est réglo, si tu les fais pas chier, les surveillants te laissent tranquille. »

« Qui suis-je ?
Je suis insaisissable.
Derrière mon sourire et mes attitudes gentilles, il ne faut surtout pas qu’on gratte trop le vernis parce que je crois que je suis un monstre sans CŒUR.
Je veux toujours faire bonne impression. Le regard des autres est important, je veux tellement plaire que je ne dis jamais NON. Même si je sais que ça va me mettre dans des histoires. Mais jamais je ne me battrais. Je n’aime pas la violence et je suis LÂCHE.
Les autres le savent vite et profitent de mes faiblesses. »

« Le Parisien lui consacre un nouvel article. L’angle, c’est qu’après avoir longtemps brillé par ses cambriolages, Toumany cherche la rédemption.
“Aujourd’hui, je ne devrais pas être libre. Sans le soutien de mes proches, l’aide de mon club et la clémence de la justice, c’est en prison que je devrais être.” Toumany Coulibaly, 28 ans, athlète du club de l’ES Montgeron (Essonne), est loin d’être un ange. “J’ai fait des conneries et je les paye, c’est logique. J’ai été puni l’an dernier de vingt-deux mois de prison. Je n’en ai fait que trois. J’attends encore un jugement qui pourrait être lourd si je me présente en disant que je n’ai pas d’avenir. Grâce à l’athlétisme, j’en ai un”, argumente l’élève de la médaillée olympique Patricia Girard, qui participe samedi aux championnats de France en salle à Aubière (Puy-de-Dôme). »

Mathieu Palain est journaliste et romancier.
Son deuxième livre, Ne t’arrête pas de courir, est une révélation. En quelques mois, il a reçu douze prix littéraires, parmi les plus prestigieux.

Émotion, Drame, Folie, Noir

De neige et de vent

de Sébastien Vidal
Broché – 22 mars 2024
Éditeur : Le mot et le reste

• Bandeau_Intro_3.jpg

À la frontière des Alpes italiennes et françaises, le village de Tordinona est l’isolement incarné. Voyant la tempête qui se prépare là-haut, la patrouille de gendarmerie composée de Marcus et Nadia s’apprête à redescendre dans la vallée quand le garde champêtre du village découvre le corps de la fille du maire. Dès le lendemain, alors que le seul pont reliant le village au reste du monde a été détruit par une avalanche, le maire et une partie des villageois s’en prennent à un voyageur de passage qu’ils soupçonnent d’être l’assassin. Attachés à leur devoir, Nadia et Marcus s’opposent à leur haine et à leur désir de se faire justice ; dès lors ils s’apprêtent à lutter contre eux. Dans ce huis clos enserré par la violence des éléments, la tension ne cesse de monter, et avec elle, une question qui traverse les âges : que reste-t-il de notre humanité quand il n’y a (presque) plus personne pour faire respecter la loi ?

 

• Couv_2024-023_Vidal Sébastien - De neige et de vent

 

Avec De neige et de vent, je découvre Sébastien Vidal
Quelle belle surprise !

Une histoire de montagnes, de neige et de nature, mais pas seulement…
Un roman policier qui n’en est pas vraiment un…
Un superbe huis clos où le suspense m’a porté jusqu’à la fin du roman.
Où se situent le bien et le mal ?
Beaucoup de psychologie, de nombreuses blessures morales, de fautes à se faire pardonnées et de secrets bien cachés…

Avec une écriture riche et un style très fluide, l’auteur réussit une immersion totale dans un village isolé en pleine tempête de neige. Le souffle du vent m’a suivi durant toute ma lecture et j’imaginais très facilement les habitants livrés à eux-mêmes, sans électricité dans l’incapacité de partir et quitter cette situation oppressante, plus d’accès pour se sauver, impossibilité de contacter l’extérieur.
Lorsqu’il n’y a plus de règles et que le pouvoir est laissé aux “plus forts”, il n’arrive jamais rien de bon. Nadia et Marcus vont se trouver face à de très fortes personnalités qui ont décidé de punir avant de juger, d’imposer avant de laisser s’exprimer, utilisant la bêtise humaine portée par la haine et la peur dès que des groupes se forment. Comment vont-ils à deux seulement pouvoir s’opposer à ce soulèvement soudain ?

Je vais vous laisser découvrir la plume et l’intrigue de ce récit sombre et si plein de poésie, de violence injustifiée dans un village enveloppé d’un décor hivernal des plus pesants. La nature ainsi que les personnages du roman subissent des interactions ambiguës et déchaînées.

Un roman à lire au coin d’un bon feu de cheminée, mais je vous conseillerai quand même de regarder par la fenêtre de temps en temps… On ne sait jamais !

Bravo et merci Sébastien, je suis allé de surprises en surprises… toujours avec beaucoup d’émotions…

÷÷÷÷÷÷÷

Extraits :

« Le marcheur progresse d’un pas égal, il est concentré sur son rythme et focalisé sur le croustillant que produisent ses semelles dans l’épais tapis blanc. Un bruit délicieux à ses oreilles rougies. Ce craquement merveilleux, à la fois dense et presque mécanique, est à mi-chemin entre la biscotte broyée par des mâchoires et le feulement du cuir d’un fauteuil qui accueille un corps. Ce gémissement est un ravissement qui enchante son ouïe, un son particulier, dépourvu d’écho, un des seuls à ne jamais courir l’espace, débordant à peine des chaussures, puis s’éteignant dans le néant. »

« – Votre fille…
Deux mots, deux simples mots qui suffisent à faire vaciller le colosse. Sa tête tourne, une boule grossit dans ses tripes. Il se force à rester le plus calme possible, il a besoin de savoir pour ne pas devenir fou.
– Oui, Orazio, ma fille, quoi ?
– Elle… enfin, je… (l’homme reprend son souffle comme s’il remontait d’une interminable apnée), je l’ai trouvée sur le chemin qui mène au panorama sur la vallée… celui avant le tunnel, elle était juste entre le bosquet et le monolithe… elle… oh misère de misère, Monsieur Gay, j’ai trouvé votre fille morte, elle est morte, j’ai trouvé… elle est morte… misère… »

« Basile inspire une grande goulée d’air si froid qu’il peut suivre son trajet jusque dans ses alvéoles pulmonaires. Puis il éprouve le besoin intense de revoir sa fille chérie. Le voilà à genoux, encore, un mécréant dans la position du pénitent, dévasté par la souffrance. »

« Une fois le visiteur parti, ils retrouvent cette intimité qui flottait. Tous deux baissent la tête, se perdent dans les rainures du plancher, écoutent les pulsations du vent qui harcèle tout le vivant au-dehors. Marcus ressent une grande mélancolie, c’est une compagne qui vient souvent la nuit, aux heures creuses et lentes, quand les minutes comptent double. » 

 

Sébastien Vidal a partagé ses brèves études entre Cantal et Corrèze et vit à Saint Jal (Corrèze). Passionné d’histoire, il a entamé une saga romanesque en hommage à la Résistance avec un diptyque Les Fantômes rebelles puis Les clandestins de la liberté en 2011 et 2012.

Né en Corrèze, c’est un romancier qui sévit dans le polar. Il affectionne les ambiances dans lesquelles la nature prend toute sa place et installe ses histoires en milieu rural, territoire où il y a beaucoup de choses à dire et à montrer, tant du point de vue sociétal que social. Gros amateur de lecture, il avoue une préférence pour les auteurs d’Outre-Atlantique tels que Cormac Mc Carthy, Louise Erdrich, John Irving et Ron Rash, Stephen King ou encore Jim Harrison et Jack London. En France, ses goûts se portent sur Franck Bouysse, Antoine de Saint-Exupéry, Claude Michelet ou encore Laurent Gaudé, Sandrine Collette ou Hervé Le Corre.

Pour lui, un roman c’est d’abord des personnages et un style travaillés.