Émotion, Drame, Folie, Histoire vraie, Noir

Je suis encore vivante, alors je parle.**

de Paloma
Broché – 5 avril 2023
Éditions : Maïa

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À force d’avoir regardé le film de ma vie vers ce qui m’a assassinée, vers l’irréparable, je me suis brûlé les yeux. Ce retour dans le temps m’a rappelé la promesse que je me suis faite depuis le jour où j’ai emprunté la plume, celle d’arracher de mes propres mains cette espèce de poignard qui me lacère le cœur depuis toujours. Après mon enfance dévastée par une sœur déphasée, ici, dans cette suite de ma vie, je fixe douloureusement ma jeunesse détruite après avoir dit « oui » pour le pire à celui qui a lâchement mis en avant sa bipolarité, pour que je trépasse avec lui. De mes deux premières vies, je ne me souviens que d’un champ de ruines. Pour avoir mené leurs stratégies fourbes, dangereuses, diaboliques, sans même qu’ils n’expriment aucun regret, ceux-là ne méritent plus aucun de mes égards, jamais. L’écrit de mes souvenirs ne saura me faire oublier que l’on m’a arraché le droit au bonheur, et rien ne s’effacera jamais de ma mémoire, car ma rancune est lourde de haine. Alors, tant que je serai vivante, je répondrai présente, je lèverai mon poing avec rage pour briser, pulvériser et même faire écrouer tous les genres de prédateurs pour qu’enfin justice soit rendue à tous ceux qui pleurent comme j’ai pleuré. J’ai versé assez d’encre sur mes pages, j’ai versé assez de larmes dans le vide pour laisser mes lignes dans l’oubli, voilà pourquoi j’ai écrit mon histoire tatouée à jamais dans mon cœur, mon unique revanche sur la vie.

 

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Il était une fois une petite fille qui aurait aimé être heureuse et profiter de la vie, mais malheureusement, la vie, sa famille et surtout sa sœur en avaient décidé autrement.
La petite Paloma a grandi, elle est devenue adulte, mais le sort continue à s’acharner sur elle…

Après un premier tome, très dur où Paloma se dévoilait sur son passé, c’est sa vie d’adulte maintenant qu’elle nous confie dans ce second volet.
J’aurais voulu croire que la seconde partie de sa vie aurait été plus sereine, mais rien n’a fonctionné comme elle le souhaitait.
Un mariage raté d’abord, qui va lui gâcher le début de sa nouvelle vie. Un mari inexistant, violant et alcoolique, avant d’être atteint par l’hépatite C et pour finir, il va perdre la tête menant une vie d’enfer à la pauvre Paloma. Heureusement, ses deux filles lui amèneront l’amour dont elle a besoin… dans cette histoire vraiment sombre et dramatique.

L’écriture de Paloma est très personnelle. Un besoin de se débarrasser de son vécu, d’alléger son esprit peut-être. Colère et tristesse m’ont régulièrement accompagné durant ma lecture. Mais comment a-t-elle fait ? Comment a-t-elle supporté tout cela ? Même si elle est une femme forte… C’est bouleversant et tellement souvent cruel.

Je n’irai pas plus loin, je laisse à Paloma le droit de vous confier à votre tour, ce livre déchirant qui ne pourra laisser personne insensible.

Merci Paloma, tu mérites aujourd’hui amplement ta vie heureuse, auprès de ceux que tu aimes et de ceux qui t’aiment…

Encore merci, Blandine pour cette seconde parenthèse si personnelle et tellement émouvante.

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Extraits :

« L’encre que j’ai versée sur mes pages à présent usées, les larmes incessantes, qui ont glissé sur mon visage me rappellent que j’en ai oublié jusqu’à ma propre existence. J’ai pourtant exigé à ma mémoire de tout effacer, mais il y a bien longtemps maintenant que je ne crois plus à cette sorte d’amnésie forcée, pour oublier… »

« Quelques mois s’écoulèrent et alors que je le croisais en voiture, il me proposa d’emblée de venir avec lui pour assister dans l’heure, qui suivait à la destruction de notre maison, je refusais. Entre ma mère et lui qui venait de se séparer, les anecdotes destructrices journalières de la saga familiale, et toutes les entraves que je devais affronter au quotidien, voir le fruit de leur labeur, de toute une vie voler en éclats en quelques minutes était au-dessus de mes forces. Peut-être aurais-je dû assister à ce triste événement, cela m’aurait aidée, qui sait, en ne voyant que mes mauvais souvenirs exploser sous mes yeux, mes chagrins auraient un peu disparu avec la maison. »

« L’amertume et la haine ne me laisse plus le choix entre garder le silence dans lequel je me suis murée depuis toujours et la rage de parler enfin. Alors, dans un souffle de lassitude et, au travers des mots qui ne seront pourtant jamais assez puissants pour arracher les empreintes qui ont marqué ce corps et cette tête témoins de tant de douleurs, qui ont détruit gratuitement mes rêves, je me pose comme une pierre, et je balance ici, tout ce qui m’a brisée. »

« Plus de regards en arrière, transformer les larmes au sourire et détruire les mauvais souvenirs pour survivre serait la meilleure résolution pour savourer ce que l’on appelle le bonheur.
Serais-je capable à la fin de transformer le courage qui me manque pour faire exploser cette rage qui sommeille en moi depuis si longtemps pour trouver enfin la paix ? »

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Tombée dans le terrible chaos de ses deux premières vies de souffrances et de tragédies qui l’ont brisée, Paloma a pendant de très longues années éprouvé le besoin de les conjurer avec des mots pour l’aider à survivre et à trouver un soupçon de paix. Elle souhaite réunir toutes ses forces pour crier au monde entier de ne jamais quitter un enfant des yeux, lui aussi est un être vivant, il est précieux, il est la suite de nous-mêmes. Au travers des pages de ce premier tome qu’elle a ouvert il y a bien longtemps, elle s’est exprimée à cœur ouvert, puis l’a refermé pour toujours.

Je suis encore vivante, alors je parle*
https://leressentidejeanpaul.com/2023/01/20/je-suis-encore-vivante-alors-je-parle/

La première vie de l’auteure, relatée dans le tome 1, lui rappelle l’horreur du souvenir d’une enfance meurtrie, perdue. Elle ne l’a pas oubliée, mais elle l’a laissée partir pour toujours. Ce tome 2 est l’empreinte de sa vie d’après, foudroyée, pulvérisée, qui accuse son face-à-face avec un drame effroyable dépassant l’entendement et qui s’est sauvagement transformé en une tragédie sortie tout droit du paranormal. L’auteure s’est jetée au-devant de tous les dangers jusqu’au péril de sa vie pour un être innommable, un maniaco-dépressif. Oui, pour lui, sans réfléchir aux conséquences et sans reproche aucun, elle a payé le prix de toute sa vie… pour rien. Elle a offert sa main à cet être au cœur percé et dépourvu de tous sentiments. Il l’a trahie, a entaillé sa vie et a tenté de l’enfoncer avec lui dans les abîmes de ses délires, mais sa folie, qui quelquefois n’en était pas une, n’a pas eu raison d’elle. Elle s’est battue comme une rescapée qu’elle est aujourd’hui, mais lui non plus ne lui rendra pas ses jeunes années.

Noir, Émotion, Dystopie

L’Amour maternel

de Solène Bakowski, Melissa Da Costa, Adeline Dieudonné, Antoine Dole, Isabelle Duquesnoy, Johana Gustawsson, Marin Ledun, Maud Mayeras, Carène Ponte, Romain Puértolas.
Sous la direction de Caroline Vallat
Broché – 11 mai 2023
Éditions : Plon

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Dix autrices et auteurs incontournables s’aventurent à explorer le thème le plus périlleux et noble de la littérature… l’amour.
Mais pas n’importe lequel, l’amour pur, inconditionnel, tout-puissant et inaltérable : L’AMOUR MATERNEL.
Éclectiques et saisissantes, douces ou brutales, les nouvelles inédites de ce recueil sondent les diverses facettes du lien qui unit une mère et son enfant, les plus merveilleuses comme les plus sombres…

• Couv_2023-050_Collectif - L'amour maternel

 

“Deux mères viennent d’accoucher et se trouvent dans la même chambre à la maternité.
L’une a son enfant avec elle, l’autre pas…”

“Quatre enfants vivent cloîtrés dans un “monde Cube” avec leur mère. Ils ne sont jamais sortis de chez eux… N’ont jamais vu le soleil…”

“La vie est devenue un véritable enfer. Une mère et ses enfants sont sortis pour ramasser du petit-bois. Le mari est parti avec les hommes à la chasse. La maman se retrouve soudain face à un énorme chien enragé qui a faim lui aussi. Elle va tout faire pour protéger sa progéniture…”

“Dans un futur proche, les familles ne se nourrissent plus à leur faim. La nourriture devient une véritable obsession. Au point de penser à commettre l’irréparable ?”

etc…

Dix nouvelles sur l’amour maternel, interprétées par des auteurs cinq étoiles, ce qui ne m’étonne pas venant de Caroline Vallat.
Je connais bien la plupart des auteurs présents et cela me faisait plaisir de voir dans quelle direction ils allaient bien pouvoir aller.
Chacune des nouvelles m’a touché à sa façon, mais j’avoue que celle de Marin Ledun, celle de Romain Puértolas et de Maud Mayeras m’ont complètement bouleversée, et ce, des leurs premiers mots !

Lorsque je pense à l’amour maternel, la première idée qui me vient à l’esprit, c’est la tendresse, les câlins, la douceur. J’ai bien agréablement été, non pas surpris, mais touché par la direction donné par certains des auteurs.
Quelques récits pourront vous paraître durs, sombres ou horribles, mais c’est aussi ce qui m’a plus dans cet exercice, essayer d’aller là où on ne les attendait pas.
Certaines sont très émouvantes et quoi qu’il en soit, et l’amour est toujours présent dans chacune des histoires proposées tout en étant très différentes les unes des autres.

Un grand bravo à Caroline, aux auteures et auteurs bien sûr. La couverture est superbe !
Un livre qui s’adresse à tous.
En cette période, je pense effectivement qu’il ferait un excellent cadeau pour la fête de toutes les mamans !

Toutes les mères ne sont pas parfaites. Ce n’est pas ce qu’on leur demande…
Le plus important, n’est-il pas qu’elles soient aimantes ?

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Extraits :

« Il faut commencer par le plus jeune. Blandine le sait. Briser la volonté la plus faible puis forcer les autres à se mettre à table. Le Benjamin a à peine cinq ans. Blond comme tous les autres, frêle, doté de grands yeux noirs d’ébène qui pourrait tromper et inspirer une profonde tendresse. »

« Une odeur puissante de sève et d’humus saturait l’air humide. Les lumières rasantes précédant le crépuscule transperçaient la forêt de pins de flèches dorées menaçantes. Les lignes effilées des troncs et de leurs ombres géantes quadrillaient le sous-bois.
Au cœur du pignadar, cinq silhouettes lilliputiennes se déplaçaient dans un dédale de broussailles d’ajoncs épineux, de bourdaines et de fougères aux frondes de coupantes. Une famille de gemmeurs, une femme et ses quatre enfants, les bras chargés de fagots de bruyère fraîchement coupée, et de sacs de Jute remplis de pignes et de galips, des copeaux de bois gavés de sève servant à allumer le feu. »

« À la lueur de la torche, il vit sa pâleur, sa fatigue extrême. D’un rapide coup d’œil, il examina la gravité de ses blessures, effleura de l’index la tache brune qui maculait le tissu de sa tunique, ainsi que sa chevelure poisseuse de sang. Il posa son regard sur le chien inerte, prit le temps d’observer les stigmates de la maladie, à distance, fixa ses enfants, l’un après l’autre, puis revint sur son épouse et la contempla longuement. Quand il comprit qu’il était trop tard, il se pencha sur elle, l’enlaça un instant et l’embrassa. »

« Maman ! Entend-elle alors. Abasourdie, elle se retourne sans y croire, les mains sur son tablier, le sang tambourinant ses tempes. Elle se laisse choir sur le sol en même temps qu’elle voit Marion et Thibault, les deux amours de sa vie, là, accourant, la prenant dans leurs bras, affolés, ne sachant que faire. Dans l’âtre, un feu brûle, puissant, sous une marmite vide qu’elle a laissé à leur attention. »

 

 

Caroline Vallat, libraire passionnée, passeuse de mots…

Émue. Vraiment. Je suis tellement fière d’avoir pu réunir autant d’auteur(e)s que j’aime dans ce recueil et sur ce thème. Quel beau cadeau ils m’ont fait, quel beau cadeau ils vous ont fait à travers leurs dix nouvelles sur “L’amour maternel”.

Philosophique, Émotion, Témoignage

À cause du Zibaldone

Gérard Papier-Wagner
Broché – 9 octobre 2022
Éditions : Auto édition

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Paris 1983. Le narrateur se sent terriblement seul après le décès prématuré des deux amis avec lesquels il entretenait une relation fusionnelle depuis leur seconde à Condorcet. Solidarité ayant vite entrainé une culture du secret. Ainsi devinrent-ils dépositaires d’informations, qu’ils se promirent de révéler par honnêteté dans un ouvrage que publierait le survivant après une conjointe mise en forme durant leur retraite. Sauf que la fatalité précipita le dénouement. La tâche parait aujourd’hui énorme à celui qui reste et s’interroge sur ses capacités à respecter son serment. C’est alors qu’il fait la connaissance de la famille Ackerman.

 

• Couv_2023-049_Papier-Wagner Gérard - A cause du Zibaldone

 

Tout d’abord, je vérifie que toutes mes urgences sont bien terminées. Voilà, c’est fait.
Pas un bruit dans la maison, tout le monde dors. À partir de maintenant, le temps qui passe est pour moi, c’est comme un cadeau.
Pourquoi un cadeau, me direz-vous ?

Perce que je tiens à la main, À cause du Zibaldone de Gérard Papier-Wagner et je sais que cela va être un cadeau. Après avoir lu déjà deux romans du même auteur, ce ne pourra être que cela… Un moment de bien-être où les personnages quels qu’ils soient, vont m’emmener avec eux paisiblement dans leur histoire…

Très vite, l’auteur me parle de musique, de violon. J’ai ce qu’il faut dans l’une de mes playlists. Stjepan Hauser me parait tout indiqué pour m’accompagner durant mon voyage… Gérard me chuchote la première sonate de Bach, c’est parfait pour moi… Pas trop fort, attention à ne pas nuire à la qualité et à l’intention des mots !
C’est parti…

La famille Ackerman habite dans un appartement très XIXe. M. Ackerman travaille avec sa fille Sarah dans une libraire tout près de Radio France. Grâce à un livre de Zibaldone, ils vont faire connaissance de Gérard un violoniste qui travaille avec l’Orchestre Philharmonique de Radio France. Gérard ressemble au fils de Ackerman aujourd’hui décédé qui lui aussi jouait du violon… Gérard aime les blondes aux yeux bleus, mais se rend compte très vite que Sarah à un petit quelque chose qui le fait frémir. Gérard avait fait une promesse à deux amis décédés aussi. Avec Sarah, qui lui propose un coup de main pour l’écriture, ils vont se retrouver une fois par semaine afin de révéler toutes les informations qu’il a conservées en sa possession.

Au fil du récit, des liens très fort vont se mettre en place entre Gérard et cette drôle de famille “tombée du ciel”. De vieux secrets, un serment honoré, un livre écrit à quatre mains, tout s’enchaîne très vite dans cette simple histoire… Mais quelle histoire !

Moment suspendu d’une profonde richesse, des sourires, des pleurs aussi, des ombres qui planent, l’amour qui va et vient, un récit captivant où Religions, Arts et Musique n’ont pas besoin de crier pour se faire entendre… C’est beau.

Encore un très bon moment de lecture… une douce musique…
Merci Gérard

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Extraits :

« Il ne restait que moi. Un moi fragile et retranché depuis la disparition de François et de Michel autant mes alter ego que ma conscience. Un vide qui se creusait davantage sitôt que cessait de m’absorber la musique omniprésente dans ma vie que je gagnais comme second violon au sein de l’Orchestre Philharmonique de Radio France. »

« Mai était déjà vieux de huit jours, lorsque je m’arrêtai de nouveau à la librairie pour payer ce gros volume avec lequel je me familiarisais peu à peu. Mr Ackerman conseillait une cliente au rayon des romans. Je m’apprêtais à engager la conversation avec sa fille m’ayant aimablement souri quand celui-ci nous rejoignit.
– J’attendais votre visite. Allons nous asseoir, on sera plus tranquille pour parler.
Parler de quoi, Grand Dieu, pensai-je prêt à trouver un moyen de m’esquiver.
– Sarah m’a informé pour le Zibaldone. J’en suis sincèrement heureux, cet ouvrage est un concentré de savoir essentiel.
– Le passage sur la musique m’a beaucoup intéressé.
– Seriez-vous musicien ? »

« Elle était juive.
Nos regards se croisant, je découvris dans le sien une lueur de chagrin qui me fait prendre ses mains, qu’elle ne retira pas. Ce premier contact prolongé me trouble du fait que je ne savais quel nom donner à notre attachement.
J’attendis des confidences qui ne vinrent pas. »

« Le danger de la Connaissance vient de ce qu’elle incite à vouloir comprendre, et expliquer ce qui devrait juste être vécu et l’être pleinement avec humilité. »

 

Né en 1941 à Paris, diplômé architecte en 1966, Gérard Papier-Wagner a exercé en tant qu’urbaniste-architecte à Pointe-Noire en République du Congo, puis à Batna dans les Aurès en Algérie avant de travailler, en libéral à Rennes, dans sa propre agence d’architecture jusqu’en 2001.

Mona
https://leressentidejeanpaul.com/2023/03/22/mona/

LE PARFAIT inconnu
https://leressentidejeanpaul.com/2023/04/21/le-parfait-inconnu/

Émotion, Drame, Folie

Un jour, ma fille a disparu dans la nuit de mon cerveau

de Stéphanie Kalfon
Broché – 5 janvier 2023
Éditions : Verticales

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« Pour me consoler, la petite fille revenue de la nuit pose sa main sur mon épaule, je la saisis mécaniquement : elle est fraîche et potelée, mais ce geste ne suffit pas à dissiper mes doutes. On pourra bien me dire que cette enfant a gardé son visage de la veille, que sa voix désordonnée reste inimitable, que cette pâleur dans les yeux c’est tout elle, comparer ne mène à rien. Cette enfant n’est pas la mienne. »

Emma, la narratrice de ce roman, raconte le trouble qui la saisit en revoyant sa fille Nina, disparue plusieurs heures un soir de septembre. Quelque chose dissone dans leurs retrouvailles, un “presque-rien”, provoquant chez Emma une vrille qui nous plonge dans une vertigineuse incertitude.

 

 

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Un récit prenant et je l’avoue très perturbant aussi !

Hier soir nous avons eu le plaisir de recevoir Stéphanie Kalfon au Château de l’Hermitage à Ennery.
Une très belle personne, avec laquelle nous avons beaucoup partagé de “secrets”, de la relation mère/fille et aussi beaucoup de sourires…
Encore une fois une excellente soirée en compagnie de nos amis du Cercle…

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Pour fêter ses huit ans, Paul et Emma emmènent leur fille Nina à la fête foraine. Il aura suffi d’un instant d’inattention au tir à la carabine, pour essayer de lui offrir une peluche… quand soudain, ils se rendent compte que la fillette a disparu…

La police intervient et une battue est très vite organisée dans la forêt très proche.
Les parents vivent alors l’horreur, l’attente, le désespoir.

La police leur conseille de se reposer. Ils resteront dans tous les cas, en contact avec eux.
En rentrant chez eux, la vision des décorations festives et de la banderole JOYEUX ANNIVERSAIRE, ravive leur détresse. Où est Nina ? Pourquoi s’est-elle éloignée d’eux ?

Après la pire nuit de leur vie, Nina est retrouvée dans les toilettes d’un chantier prêt de la fête foraine. Elle est saine et sauve pour leur plus grand bonheur.
Mais après la joie des retrouvailles, Emma sent que quelque chose ne va pas. La petite fille qui vient de rentrer au foyer est-elle Nina ou une petite fille qui lui ressemble énormément ?

Commence alors pour Emma, une spirale infernale qui va l’entraîner dans les méandres de son esprit.

Je découvre Stéphanie Kalfon avec ce bijou inclassable !

Avez-vous lu le titre du livre du livre ?
Je ne dis pas le survoler…
Non. Le lire.
Essayer encore.
Et puis encore une fois…

Vous avez vu ?
Déjà dans son titre, Stéphanie révèle ses possibilités d’écriture.

Thriller psychologique à la lecture immersive ?
Récit angoissant sur les pertes de repères ?
Histoire tragique sur les relations mère/fille ?
Ou roman émouvant sur une petite est prête à tout pour être aimée d’une mère qui la rejette ?

Stéphanie est pour moi la grande révélation de 2023.
Une écriture, un style que je n’avais jamais vu jusqu’à l’ouverture de son livre.
Chaque phrase, chaque mot est une idée, une image qui prend sa place dans mon esprit au fur et à mesure de ma lecture. Plus que l’impression d’être au cinéma, j’avais l’impression que l’auteure était dans ma tête et qu’elle me chuchotait son histoire. C’est perturbant et c’est bouleversant aussi. J’ai vécu tour à tour la peur de Nina, qui est rejetée, l’angoisse d’Emma qui veut retrouver sa fille, la vraie, et l’incompréhension de Paul, qui fera tout son possible pour aider Emma… mais en vain.

Une lecture riche et fluide qui de plus force à la réflexion. Deux cents pages qui ont brusqué, métamorphosé, le lecteur que je suis.
Une nouvelle vision, une nouvelle perception de la peur qui ne m’avait jamais effleurée, car c’est bien la peur et la paranoïa qui planaient au-dessus de moi, jusqu’à la dernière ligne.
Un jour, ma fille a disparu dans la nuit de mon cerveau.

Coup de cœur, pour ce récit puissant et fort bien construit qui a éveillé de nombreux sens en moi !
Auteure à suivre absolument…

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Extraits :

« Je cours, j’appelle, je nage à contre-courant de la foule électrique, je traverse des forêts de bruits, de jambes et de bras hirsutes, des gueules indifférentes ou horrifiées, des visages laids, gras, suintants, avec leurs yeux en forme de boules à facettes. Partout surgissent des monstres, des gens maquillés de rires exagérés, leur voix larsen, m’engloutissent… ils ne se poussent pas, les gens, ne me répondent pas, ils restent agglutinés en file indienne devant le train fantôme, ils veulent leur ticket pour le grand divertissement, mon cœur tremble tel un mauvais alcool dans le fond d’un verre, je les harangue et j’implore.
– Vous avez vu une petite fille : huit ans, brune, des couettes, un sac à dos vert, un jean ? »

« Aujourd’hui, c’est l’anniversaire de Nina, une pensée couteau m’agresse, mon Dieu, est-ce possible de mourir le jour de sa date de naissance ? »

« On nous fait patienter le temps de finir “les tests médicaux d’usage”, nous dit-on. Des professionnels sont en train de vérifier si ma gamine ne s’est pas fait violer. Cette perspective me coupe sec la parole, alors l’inspecteur s’adresse d’abord à Paul. Comparé à moi, mon mari, paraît très solide, il utilise convenablement ses intonations, oui, il m’épate, je trouve qu’il fait un automate absolument sensationnel. »

« J’aimerais raconter mon expérience sans tricher, suivre le déroulé exact où mon cerveau a placé les faits. Déplier mes souvenirs origamis pour en soulever les coins, les disparus et les apparents. Pour cela, je dois parler de justesse, à tâtons, dans cette hâte sans hâte située juste avant l’oubli. Pas le choix. Je n’ai accès à ma mémoire que par un interstice fragile et opaque, le reste du temps, je vis sous la tyrannie du décompte éphémère de ma lucidité. Je suis prise dans une fièvre de visions claires qui vont s’éteindre ou se corrompre, passagères comme la vie. »

« Limite : ligne qui marque le début ou la fin d’une étendue ou d’un espace de temps – point au-delà duquel ne peuvent s’étendre une action, une influence –, degré extrême de quelque chose, seuil de ce qui est acceptable. »

 

Née à Paris en 1979, Stéphanie Kalfon est écrivaine et scénariste. Elle a publié deux romans aux Editions Joëlle Losfeld, Les parapluies d’Erik Satie (prix littéraire des Musiciens, 2017 ; Folio, 2018) et Attendre un fantôme (2019).

Émotion, Fantastique, Philosophique, Suspense

Temporis

de Gaëlle Perrin-Guillet
Broché – 15 avril 2023
Éditions : Des livres et du Rêve

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Londres, 1890.

L’Étouffante a ravagé la capitale, laissant derrière elle des centaines de morts et autant d’orphelins.
Dans un monde apocalyptique déchiré entre les riches et les pauvres, Enora tente de contourner les règles qui lui sont imposées.

Lorsqu’elle trouve le corps inanimé d’un jeune homme, blessé par une machine d’un autre temps, sa vie bascule, l’histoire lui appartient enfin.
La mission est périlleuse : changer le passé pour réécrire l’avenir.
Prendra-t-elle la bonne décision ? Va-t-elle y survivre ?

Les voyages dans le temps… Impossible ?
Pas pour Gaëlle Perrin-Guillet qui s’essaye avec aisance au steampunk.
La plume fluide, le style inimitable, nous retrouvons cette auteure talentueuse qui s’amuse avec les époques. Plus qu’une invitation au voyage, un moment suspendu.

 

• Couv_2023-046_Perrin-Guillet Gaëlle - Temporis

 

Lorsque j’ai vu il y a quelques mois la superbe couverture du dernier roman de Gaëlle Perrin-Guillet, qui a réveillé en moi l’enfant que je suis encore à l’intérieur, je savais que j’allais me le procurer très vite.
Angie m’a précédé, un grand merci à toi !

À ce jour, j’ai aimé tous les romans de Gaëlle que j’ai lus. Son petit coté “So british”, me plaît beaucoup et je trouve qu’il lui va parfaitement bien. Mais avec Temporis, en plus de l’histoire “steampunk”, qui m’a fait rêver, c’est le personnage d’Enora, qui m’a emporté tout le long du récit. Sa sensibilité, sa gentillesse, son âme pure…

Le steampunk a souvent été considéré comme un sous-genre du fantastique ou de la science-fiction. Pour moi au contraire, il a toujours été un genre à part entière, où l’esthétique de l’époque victorienne, a une réelle importance à tous les niveaux, et j’ose vous le dire : Si nous avions la possibilité de choisir l’époque où nous devions vivre, ce serait sans aucune hésitation que je m’envolerai pour cette période pré-moderne, qui avait déjà créé tout ce qui était nécessaire pour vivre une vie saine et heureuse…

Temporis m’a donc ramené dans ce monde que j’affectionne tant.
Enora a seize ans, elle a perdu ses parents lors de l’Étouffante quelques années auparavant. Le hasard des rencontres et de la vie va lui permettre de voyager dans le temps et de rencontrer la Reine Victoria qui a le même âge qu’elle. Qu’elle est donc la mission qu’on lui a assignée ? Pourquoi a-t-elle été choisie ?

Gaëlle a avec maestria composé un récit riche et touchant avec un superbe final qui l’a place dans le top du genre, et ce, avec malgré tout un “tout” petit bémol pour moi… “Je l’ai lu beaucoup trop vite, du coup, il est déjà fini !… et il va falloir que j’attende maintenant pour “retrouver” sa plume !”

De l’originalité, un peu de folie et beaucoup d’imagination, Gaëlle, continue à nous surprendre tel que tu le fais si bien !
PS. J’aimerais beaucoup retrouver Enora dans de nouvelles aventures !!!

Mais comme tu le dis si bien, « Le futur peut attendre. Je veux profiter de mon présent. »

Un grand merci au Éditions Des livres et du rêve, pour ce superbe présent… passé/futur ?

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Extraits :

« J’ai totalement perdu la mémoire… À part mon prénom, je ne me souviens de rien. Pas même de mon âge ou de mon nom de famille. Pourquoi je me trouvais là ? Aucune idée. Je ne sais rien du tout ! »

« Devant nous, une silhouette apparaît dans l’ombre, emplit tout le cadre de porte avant de se dévoiler dans la lueur du candélabre.
L’homme est immense, habillé d’une chemise blanche et d’un pantalon de cuir noir. Ses longs cheveux aussi blancs que sa chemise sont retenus en une queue de cheval et sur son crâne, trône une paire de lunettes d’aviateur aux verres fumés. »

« Je n’ai aucune idée de l’utilité de cette machine. Peut-être même ne marche-t-elle pas. Mais c’est la plus belle chose que j’ai vue dans ma vie. En m’en approchant, je distingue à peine les soudures des plaques qui la composent tant la main qui les a forgées a fait cela avec art et précision. Les rivets n’ont laissé aucune trace lors du serrage, tout est propre, net, et méticuleux.
Une véritable œuvre d’art. »

« Je le fusille du regard quand je vois Andrew entrer dans la pièce. Il fait à peine trois pas avant de s’immobiliser et me fixe à son tour, sans un mot, bouche légèrement entrouverte.
Je crois que je n’ai jamais eu aussi chaud de toute ma vie. Je me consume de l’intérieur et voudrais être une petite souris pour aller me cacher dans un trou. »

 

Gaëlle Perrin-Guillet est née en 1975 à Lyon où elle vit toujours. Secrétaire de mairie le jour, elle se transfrome en auteur de thriller la nuit. Depuis toujours amatrice de romans noirs, elle s’essaie à l’écriture en 2000 avec des nouvelles. Après deux romans auto-publiés, “Le sourire du diable”, en 2010 et “Au fil des morts” en 2011, elle participe à deux recueils des “Auteurs du noir face à la différence” (en 2012 aux Éditions Jigal puis en 2013 à L’Atelier Mosesu).

Haut le chœur” est son premier polar publié aux Éditions Rouge Sang en 2013, lauréat du « Prix du Polar-2014 Dora Suarez », réédité aux Éditions Taurnada en 2019.

https://leressentidejeanpaul.com/2023/03/11/haut-le-choeur/

En 2015, paraît un roman pour jeunes adultes, “La nuit du chat noir” aux Éditions Rouge Safran.

En 2016, elle publie aux Éditions Fleur Sauvage, “Soul of London”, pour lequel elle reçoit le “Prix des Lecteurs du Salon du livre policier de Neuilly-Plaisance” et le “Prix du festival Les Polars du Chat du Creusot”; premier opus d’une série d’enquêtes situées dans le Londres de la fin du XIXe siècle dont les héros sont Henry Wilkes, ex-inspecteur de police, handicapé qui marche avec une canne, et Billy Bennett un gamin des rues qui l’assiste. Le livre est réédité aux Éditions Milady Poche en 2017, la même année que sort (ou devait ?) le second opus “Black past” aux Éditions Fleur sauvage, publié en grand format sous le titre Les fantômes du passé aux Éditions City en 2018. (Les titres originaux parus chez Fleur Sauvage semblent ne plus être disponibles…).
https://leressentidejeanpaul.com/2020/03/31/les-fantomes-du-passe/

Émotion, Drame, Psychologie, Suspense

Travail, travail quand tu nous tues

de Marie-José Aubourg-Iberti
Broché – 20 mars 2023
Éditions : Nombre 7

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Hector est épuisé de maintenir son service à flot, la cadence est devenue intenable. Il aime pourtant son travail, alors, quand de manière injuste, il est licencié à la suite d’accusations émanant d’un membre de son équipe, le vide s’ouvre sous ses pieds. C’est son identité, sa dignité qu’il perd. Victime d’un burn-out, le quinquagénaire sombre dans une spirale infernale dont il ne voit pas l’issue et envisage le pire tandis que Sophie, son épouse, aveuglée par la colère et cherchant désespérément la vérité pour retrouver leur vie d’avant, va aller au bout d’un processus de vengeance destructeur.

 

• Couv_2023-041_Aubourg-Iberti Marie-José - Travail, travail quand tu nous tues

 

“Ecce homo” !
Voici l’homme tel qu’il est dans sa réalité, tel qu’il est dans le monde du travail…
Un roman qui m’a retourné les tripes à plusieurs reprises.

Hector est un bon employé, sa vie, c’est son travail, il ne compte jamais ses heures. Il est heureux de bien faire et n’hésite jamais à emmener du travail chez lui si c’est nécessaire. Mais un jour, soudain tout bascule. Hector est convoqué. La sentence tombe comme un couperet, il est licencié !
Mais Sophie, son épouse, qui l’aime et le soutien a décidé de ne pas en rester là…

Rarement, je n’ai été autant saisi par un roman. Le mal-être, la déprime, le combat intérieur, la souffrance, l’incompréhension d’Hector… Comment ne pas être bouleversé ?
J’ai ressenti la douleur d’Hector… Parce que je l’ai moi-même subi il y a quelques années. J’ai replongé dans ce passé, dans cette zone d’ombre que je cache habituellement. Marie-José a ravivé des sentiments que j’avais soigneusement enfouis, mais je lui dis merci… Merci, car elle m’a permis de voir et de comprendre certaines choses qui à l’époque m’étaient invisibles tellement j’étais centré sur ma difficulté à tenir et à avancer.
Je ne sais pas si c’est du vécu pour l’auteure ou pas, mais ce livre est le reflet de ma réalité, Marie-José n’oublie rien, jusque dans les plus petits détails. Impossible d’interrompre ma lecture une fois commencée, je voulais savoir ce qui allait arriver à Hector…
Maintenant, je sais… J’aurais aimé le rencontrer, lui expliquer avec mon recul, lui parler.

Un excellent roman qui traite sans faux-semblant du mal-être de certains employés qui en oublient que le travail n’est pas “la vie”. Qu’il faut savoir parler, partager, écouter aussi les personnes qui font partie de notre quotidien professionnel, mais surtout familial et amical, ne pas s’isoler et absolument sortir de cette compétition qui nous tue petit à petit au travail.

Gros coup de cœur personnel pour cette histoire/miroir d’une autre vie, qui finalement m’a fait du bien…
À lire absolument !

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Extraits :

« Je suis face à un problème insoluble ; j’évolue à l’intérieur d’un cercle vicieux destructeur dont il est impossible de s’extraire. Le cadre soumis chasse rapidement le rebelle qui s’était réveillé en moi et très vite, le siège de mon cerveau devient le théâtre d’un mouvement brownien, participant à la chute vertigineuse de ma courbe d’autosatisfaction. »

« Très imbu de sa personne, les cheveux grisonnants, il s’adresse à nous de toute sa hauteur, le sourcil épais relevé, la bouche légèrement inclinée marquant presque un dégoût, et une intonation dans la voix, une manière de s’exprimer qui ne laisse aucun doute sur ses origines sociales. Le Big Boss, c’est lui, c’est un contestable. Personne ne lui tient tête, il est respecté et sa parole n’est jamais remise en question. »

« Je suis sous traitement depuis quelques mois. Je me sent un peu mieux, c’est vrai, mais les flashs et les cauchemars persistent. Je ressens parfois une impression de flottement et la sensation bizarre que la chimie des médicaments a bâillonné mes émotions. Ce n’est ni agréable ni désagréable, c’est un état étrange dont il m’arrive de vouloir sortir afin d’arrêter de polluer mon cerveau avec ces molécules artificielles. »

« Ainsi, je ne parviens même pas à obtenir un poste de débutant ! Je suis trop vieux, trop formé ; trop d’ancienneté, trop difficile à formater, pas l’âge de la retraite, mais plus l’âge d’être embauché. Le désarroi cède peu à peu la place à la colère ; contre mon épouse, qui ne me supporte plus, contre Marc, qui m’abandonne, contre l’agent de Pôle emploi, qui ne me propose pas de travail, contre mes voisins, dont le regard réprobateur indique qu’ils savent bien que je ne travaille pas. »

 

Résidant dans le département du Var, Marie-José Aubourg-Iberti s’inspire des histoires de la vie ordinaire qu’elle observe et met en lumière. En publiant Travail, travail quand tu nous tues, elle signe son troisième roman. À travers l’histoire d’Hector et Sophie Juillet, elle s’intéresse aux mécanismes qui conduisent à la perte d’un emploi et à l’impact d’un tel évènement sur le couple, la famille. L’écriture de cette intrigue est née de témoignages et d’expériences qui l’ont conduite à réfléchir plus largement à la question centrale de la place du travail dans notre société.

Émotion, Drame, Histoire, Poésie

LE PARFAIT inconnu

de Gérard Papier-Wagner
Broché – 20 mars 2023
Éditions : Independently published

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À Paris, sur la colline Sainte-Hermione, une église du IXe siècle, une place pavée, un restaurant vénérable, une librairie et quatre marronniers, voici planté le décor d’un drame qui va naître d’un ouvrage historique écrit par un inconnu féru de catharisme, et préfacé par une auteure journaliste. Ajoutons un cheminot et un architecte à la retraite pour compléter le tableau, ainsi qu’un prêtre aux sermons très appréciés, une chanteuse de cabaret, et toutes les conditions seront réunies pour une lecture passionnante, puisque les personnages eux-mêmes sont passionnants.

 

• Couv_2023-040_Papier-Wagner Gérard - Le parfait inconnu

 

J’ai découvert l’écriture de Gérard Papier-Wagner en mars dernier, avec MONA qui m’avait beaucoup plu et inspiré par le sujet et par le style.

Gérard m’a fait parvenir un autre roman, LE PARFAIT inconnu, la curiosité m’a piqué, et une nouvelle fois, j’avoue avoir passé un merveilleux moment de lecture.
J’en avais déjà parlé pour son premier roman lu, mais la plume de l’auteur est vraiment très intéressante, très aboutie. L’utilisation du passé simple, la richesse des mots, l’érudition globale du sujet tout en conservant une réelle fluidité dans la dans la lecture, un soupçon de mélancolie et une douce poésie, j’ai forcément été happé par le récit.

Jérôme est à la retraite, il aime passer ses journées à lire seul, toujours sur le même banc, à l’ombre des marronniers, là où il peut contempler l’église Sainte-Hermione. Jérôme est marié à Mag. Un jour, ils font la connaissance de Luc et de sa femme Béatrice, une journaliste qui aime les voyages et qui comble en Jérôme un vide insoupçonné.
Après des débuts difficiles, une belle amitié va naître entre Jérôme et Ernest qui a une fille, Gina qui tient un restaurant étoilé. Le prêtre, Jean Destivelle, lui aussi est un personnage étonnant, mais je n’imaginais pas à quel point. Puis, il y a aussi Sonia, qui tient la librairie de quartier, et surtout l’étrange découverte dans sa librairie qui mettra en avant l’une des pires périodes de l’Histoire… De nombreux personnages avec leurs qualités et leurs défauts, qui se croisent et se recroisent dans ce récit intelligent et bien documenté qui mettra finalement en avant l’église et la place Sainte-Hermione. Mais chuuuut… Ça, c’est encore un secret…

Très belle lecture, qui m’a donné envie de me replonger dans notre Histoire, ainsi que dans celle de la Religion. Mystérieuse, énigmatique et très intéressante, tout ce que j’affectionne !

Un livre que je conseille à ceux qui aiment les beaux récits et la grande Histoire.
Merci beaucoup Gérard, pour ce très beau cadeau !

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Extraits :

« Sur ce banc, presque chaque matin, s’asseyait Jérôme y venant pour se distraire en regardant s’agiter les autres. La sérénité de l’endroit l’incitait à réfléchir sur le passé, à visiter des souvenirs entachés de regrets. Il est médita seul jusqu’à ce qu’un autre retraité eût la même aspiration. Jérôme fut tout d’abord fâché que celui-ci, à tout prix, voulût engager la conversation, mais il s’y résigna parce que dialoguer vaut mieux que ressasser. Las des potins du coin et des commentaires d’actualité, Jérôme, lâcha début avril, ce à quoi l’avait mené sa cogitation.
– Qu’est-ce que vous attendez de la vie ? »

« Très chères sœurs et très chers frères, je devine à vos regards tous les questionnements suscités par certaines révélations. Si les agissements de l’Inquisition au Moyen-âge nous horrifient aujourd’hui, le temps les a passés par profits et pertes, car la grande Histoire ne retient que les faits en délaissant les émotions, afin de rester objective. »

« – J’ai l’impression que vous tombez vite amoureux des âmes qui se livrent, n’est-ce pas ?
– Je me crois plutôt sentimental par empathie, répondit prudemment Jérôme. »

« – Vous m’avez manqué, se risqua Jérôme.
– Dois-je comprendre que vous me faites la cour ?
– Je cherche votre amitié, parce que votre personnalité, comble en moi un vide insoupçonné.
– Entre un homme et une femme, il n’existe pas d’amitié réelle, sans composante amoureuse.
– Alors, c’est cornélien ?
– Non, c’est plutôt agréable l’amour sans les inconvénients de l’amour. »

 

Né en 1941 à Paris, diplômé architecte en 1966, Gérard Papier-Wagner a exercé en tant qu’urbaniste-architecte à Pointe-Noire en République du Congo, puis à Batna dans les Aurès en Algérie avant de travailler, en libéral à Rennes, dans sa propre agence d’architecture jusqu’en 2001. Il s’est ensuite consacré à l’écriture de romans et de poèmes. Marié depuis 1962 avec Marie-Thérèse assistante sociale, il n’a pas eu d’enfant.

MONA
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Adolescence, Émotion, Drame, Polar

Désenchantées

de Marie Vareille
Broché – 17 mai 2022
Éditions : Charleston

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La disparition de Sarah Leroy, quinze ans, a bouleversé la petite bourgade de Bouville-sur-Mer et ému la France entière. Dans chaque foyer, chaque bistrot, on élaborait des hypothèses, mais ce qui est vraiment arrivé, personne ne l’a jamais su.

Vingt ans plus tard, Fanny revient sur les lieux de ce drame qui a marqué sa jeunesse. Et c’est tout un passé qu’elle avait préféré oublier qui resurgit… Car l’histoire de Sarah Leroy, c’est aussi un peu la sienne, et celle d’une bande de filles qui se faisaient appeler les « Désenchantées ». Une histoire qui a l’odeur des premières cigarettes et du chlore de la piscine municipale, des serments d’amitié et surtout, des plus lourds secrets.

Avec finesse et un vrai sens du suspense, Marie Vareille met à nu les rouages de l’amitié féminine dans un roman d’apprentissage captivant et rempli d’émotion.

« UNE FOIS DE PLUS, MARIE VAREILLE NOUS LIVRE UN ROMAN ABSOLUMENT INCROYABLE. CE RÉCIT EST BRILLANT, INTELLIGENT, ÉPATANT, PERCUTANT. »

 

• Couv_2023-038_Vareille Marie - Désenchantées

 

L’adolescence n’est-elle pas le moment de notre vie le plus compliqué à vivre ?
On se cherche, on s’invente surtout avant de finalement se trouver. Mais entre temps toutes les émotions ressenties qui viennent nous perturber au risque de nos perdre, ne sont-elles pas les premiers pas qui feront de nous des adultes ?

Marie Vareille, nous conte dans ce récit, cette vie tumultueuse que nous avons tous vécus. C’est avec pas mal de nostalgie que j’ai abordé certains passages, c’était comme du vécu, comme si j’avais remonté le temps et je me revoyais avec mes cheveux hirsutes, mes docs Martens, tout de noir vêtu au milieu de mes camarades… Il y a beaucoup de finesse dans ce récit. Beaucoup de gravité aussi.

2001.
Sarah Leroy disparaît. Tous ses proches seront interrogés et très vite un suspect sera arrêté.
2021.
Fanny, qui connaissait très bien Sarah Leroy, se voit confier une mission par sa patronne. Enquêter sur la disparition de celle qui fut sa meilleure amie…

Personnages attachants, énigme à rebondissements et très captivante, Marie Vareille entre à pas de velours dans le milieu du “Polar”.
C’est bien fait, rythmé, impossible de décrocher.
Roman d’amitié, de disputes, de déchirements et d’émotions… avec un final plein de surprise !
Merci Marie pour cette belle histoire…

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Extraits :

« Les gens qui t’expliquent qu’avant de mourir, tu vois défiler tes souvenirs ne sont clairement jamais mort. Moi, la seule chose que je vois défiler, c’est un faux plafond en liège, des néons blafards et des silhouettes en blouse qui me poussent à toute vitesse vers un ascenseur en hurlant des mots que je ne comprends pas. Des souvenirs, je n’en ai plus. On ne ressasse pas le passé quand on n’a pas d’avenir. »

« Angélique a de ce fait vécu une période un peu mystique, pendant laquelle elle accrochait des portraits de Thérèse d’Avilla au-dessus de son lit. Persuadée d’être élue par le Seigneur, elle s’affamait avec enthousiasme pendant le carême, s’astreignait à quatre bonnes actions et trois, Je vous salue Marie par jour et reversait scrupuleusement tout son argent de poche dans la panière de la quête. Un jour, au catéchisme, Angélique a évoqué son ambition de devenir prêtre. On lui a évidemment ri au nez et, effondrée d’apprendre qu’un pénis était indispensable à la bonne animation d’une messe, elle a sombré dans une déprime qui a sonné la fin de ses ambitions ecclésiastiques. »

« Il fallait être lisse comme le papier glacé d’un magazine féminin. Iris était aussi exigeante avec elle-même qu’avec les autres. Elle passait un temps infini à entretenir son corps, son visage, ses mains, ses pieds. Elle ne faisait jamais un écart – s’exposer au soleil, sans crème solaire, manger une chips ou manquer sa séance de footing quotidienne n’étaient pas des options. C’est à cause de gens comme Iris qu’on vit aujourd’hui dans un monde où l’on pense qu’il faut retoucher les photos de Penélope Cruz. »

« Leur professeur principal, M. Folley, leur avais recommandé de tenir un journal intime. M. Folley était connu pour avoir conseillé cet exercice à toutes les classes qu’il accueillait dans son cours de français depuis des années. L’écriture était, selon lui, un bon moyen d’ordonner nos pensées et nos émotions, et nous serions contents, plus tard, de redécouvrir des souvenirs d’enfance oubliés. J’ai toujours aimé, en ce qui me concerne, déverser dans ses carnets tous mes sentiments et mes rêves sans crainte du jugement d’autrui. Peut-être ne serais-je d’ailleurs pas capable d’écrire tout cela aujourd’hui si je n’avais pas affûté ma plume pendant des années dans ces carnets. »

 

Marie Vareille est née en Bourgogne en 1985 et vit aux Pays-Bas avec son mari et ses deux filles. Son bestseller La Vie rêvée des chaussettes orphelines, traduit dans de nombreux pays, s’est vendu à plus de 100 000 exemplaires. Il a reçu le Prix des lectrices Charleston 2020 et le Prix des Petits mots des libraires 2021.
https://leressentidejeanpaul.com/2022/06/08/la-vie-revee-des-chaussettes-orphelines/

Elle est également l’autrice, aux éditions Charleston, de Je peux très bien me passer de toi (Prix Confidentielles) et Ainsi gèlent les bulles de savon.

Émotion, Fantastique, Drame

La Maison Bleu Horizon

de Jean-Marc Dhainaut
Poche – 29 juin 2017
Éditions : Taurnada Éditions

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Janvier 1985. Tout commence par un message laissé sur le répondeur d’Alan Lambin, enquêteur spécialiste en phénomènes de hantises. Une maison, dans un village de la Somme, semble hantée par un esprit qui effraie la famille qui y vit. En quittant sa chère Bretagne, Alan ignore encore l’enquête bouleversante qui l’attend et les cauchemars qui vont le projeter au coeur des tranchées de 1915. Bloqué par une tempête de neige, sous le regard perçant d’un étrange corbeau, Alan réussira-t-il à libérer cette maison de ce qui la tourmente ?

 

• Couv_2023-037_Dhainaut Jean-Marc - La maison bleu horizon.jpg

 

J’avoue qu’après avoir déjà lu deux romans de Jean-Marc, je pensais savoir à peu près où il allait me mener. Alors, j’ai commencé ma lecture tranquillement, sachant que j’allais passer un bon moment.
Très vite, je me suis rendu compte que le récit risquait d’aller bien au-delà de ce que je m’étais mis en tête. J’en ai lu de nombreux récits qui côtoient le paranormal, Jean-Marc y a mis beaucoup de sensibilité et a créé une histoire sur mesure pour sa thématique que j’avais rarement vu aussi bien développée…

Le mari d’Hélène s’est absenté pour quelques jours. Très vite, il ne donne plus de ses nouvelles.
Hélène s’inquiète. Thomas, leur fils se réveille depuis toutes les nuits à la même heure en hurlant. La nuit les portes claquent toutes seules, alors que d’autres restent bloquées sans logique, les parquets craquent et ils entendent régulièrement les pleurs d’une jeune fille. Lorsqu’une tempête de neige s’abat sur la région, les isolant complètement des autres villageois, Hélène qui a entendu à la radio Alan Lambin, enquêteur en phénomènes paranormaux, décide de le contacter. Il doit justement faire une interview pas très loin et se propose de passer.

En arrivant, Alan découvre une immense propriété, le type de “château” où ce genre de phénomènes a l’air de se produire plus qu’ailleurs. Au fil des pages, une ambiance pesante s’installe déroutant l’enquêteur et mettant à mal la famille apeurée.

Quel est le rapport entre un militaire de la guerre 14-18, une petite fille qui apparaît et disparaît dans les couloirs, les pleurs d’une enfant et la disparition du mari d’Hélène ?
Très vite, Alan va se retrouver confronté à une “réalité” qui risque de le dépasser, une réalité bouleversante et touchante à la fois !

Une fois commencé, impossible de m’arrêter. Je l’ai lu d’une traite. Les dernières pages, je les ai même lu les larmes aux yeux… Quel plaisir de lecture, quel bonheur.
C’est exactement pour ce genre de récits que je lis. C’est beau, plein de sensibilité. Ou comment un roman qui m’a fait frissonner dès les premières pages est devenu au fil de ma lecture un roman émouvant où chaque personnage a sa raison d’être… Bravo Jean-Marc pour cette “petite histoire dans la grande”, les personnages, j’espère vont me hanter encore longtemps.

Très gros coup de cœur pour ce récit Jean-Marc Dhainaut qui prend des risques à chacun de ses romans.
Que d’émotions…

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Extraits :

« Durant mes nombreuses enquêtes, j’ai parfois eu l’occasion de me gratter le menton en me posant une multitude de questions. Je suis de plus en plus persuadé que la mort n’est pas une fin, mai qu’il convient de trier tous les clichés, toutes ces certitudes, toutes les affirmations de certains. »

« Oui… Bonjour. Madame Anneraux à l’appareil. J’habite dans un village de la Somme. C’est difficile de l’expliquer comme ça, mais il se passe des choses étranges chez nous… Je vous laisse mon numéro… »

« Mon mari a enchaîné les dépressions lorsqu’il travaillait dans sa précédente société. La pression et l’humiliation étaient devenues insupportables. Sa vie professionnelle avais viré au cauchemar et nous avons failli nous séparer à cause de cela. Puis, il y a eu sa tentative de suicide. Après un long arrêt et un séjour à l’hôpital, il s’est fait renvoyer. »

« Pardonnez-moi, ma chérie. Sous la pluie, sous les obus, je n’ai jamais cessé de penser à vous, ma Louise. Et lorsque je pensais à vous, alors, dans la plaine tourmentée fleurissaient les coquelicots que nous aimions tellement cueillir. Et le soleil brillait en effaçant le malheur devant moi, illuminant votre sourire que je n’oublierai jamais. Vous vous souvenez, mon amour ? Vous vous souvenez de votre main dans la mienne, quand nous courions dans les champs derrière chez vous ? Et de tous ces après-midi, simplement allongés dans les coquelicots, à regarder la forme des nuages, laissant voyager notre imagination ? »

 

Jean-Marc Dhainaut est né dans le Nord de la France en 1973, au milieu des terrils et des chevalements. L’envie d’écrire ne lui est pas venue par hasard, mais par instinct. Fasciné depuis son enfance par le génie de Rod Serling et sa série La Quatrième Dimension, il chemine naturellement dans l’écriture d’histoires mystérieuses, surprenantes, surnaturelles et chargées d’émotions. Son imagination se perd dans les méandres du temps, de l’Histoire et des légendes. Il vit toujours dans le Nord, loin d’oublier les valeurs que sa famille lui a transmises.


Brocélia

https://leressentidejeanpaul.com/2022/07/07/brocelia/

L’Œil du chaos
https://leressentidejeanpaul.com/2023/02/13/loeil-du-chaos/

Émotion, Drame, Noir, Polar

Sentence immédiate

de Éric Oliva
Broché – 8 avril 2023
Éditions : Des livres et du Rêve

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Après être montés sur plusieurs braquages sanglants, les membres de la bande sont assassinés les uns après les autres.
L’un d’eux, lâchement trahi, voudrait-il se venger ?

La sentence est immédiate dans ce nouveau roman d’Éric Oliva.
L’auteur nous entraîne, une fois de plus, au cœur d’un milieu qu’il connaît bien. Avec 27 ans de police judiciaire à son actif, Éric Oliva inscrit ses histoires au plus près de la réalité.

 

• Couv_2023-036_Oliva Eric - Sentence immédiate

 

La particularité des romans d’Éric Oliva, c’est qu’au bout de quelques pages, je sais très bien que je vais sortir de mon “mode” lecteur…

Et une fois de plus, ça n’a pas tardé !
La façon dont il dépose ses personnages qui paraissent vivants, les situations qui sont toujours très simples et crédibles, et je me retrouve comme au cinéma. D’ailleurs, je me demande bien pourquoi il n’a toujours pas été adapté à ce jour ?

La famille Saulnier quitte les Vosges, suite à des soucis de santé de Valérie la femme de Christian, pour le soleil bienfaisant de la Côte d’Azur.
Ils espèrent que cette nouvelle vie sera porteuse de réussite et enfin de bonheur. Malheureusement, très vite, ils ont du mal à joindre les deux bouts. Christian ne trouve toujours pas de travail, Valérie cherche de son côté, mais sa santé fragile ne facilite rien, de plus les études de leur fille Roxanne risquent de mettre leur finance à rude épreuve.
Christian enchaîne alors des petits boulots à droite à gauche, mais jamais rien de bien sérieux malheureusement…
Jusqu’à qu’il se laisse entraîner par un jeune voyou, Steven, dans un cambriolage “facile” qui ne se passera pas comme prévu.
Ce sera alors, pour Christian, une rapide descente aux enfers, lui qui jamais n’aurait imaginé côtoyer le milieu carcéral vu de l’intérieur.

Le récit d’Éric m’a beaucoup ému, attristé même. J’ai vécu la détresse de ce couple qui se perd petit à petit. Jusqu’où est-on prêt à aller pour sauver sa famille ?
Éric touche ici certains points, soulève des idées qui bien qu’évidentes ne m’avaient jamais effleurées. Le texte est beau et sincère, il est digne et la fraternité qui s’en dégage m’ont fait du bien. Toutes les personnes qui sont en prison, ne méritent pas d’y être, parfois, elles n’ont pas eu, le soutien ou le bon conseil au bon moment…

Coup de cœur pour cette belle histoire remplie de profondeur.

Merci beaucoup Angie Lollia, pour cette nouvelle découverte, belle journée à toi !

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Extraits :

« La pleine lune baignait de son voile brillant les bois alentour et, dans le ciel, un chapelet d’étoiles accentuait cette étrange impression de clarté. L’imposante maison cubique aux larges baies vitrées semblait avoir été déposée au sommet de la colline par la main d’un géant. En journée, le panorama sur la vallée qui plongeait vers l’azur était à couper le souffle. Dans le prolongement de la piscine à débordement, les cimes d’une forêt de sapins flirtaient avec le bleu profond de la Méditerranée. »

« Pourtant, il fallait croire que même l’enfer avait une fin. Aujourd’hui, sans qu’il le sache pourquoi, – sa capacité à survivre en milieu carcéral devait avoir considérablement évolué – à l’issue de ses huit interminables journées, on lui octroyait le droit à une cellule plus grande et un compagnon d’infortune. »

« Christian était prostré sur le rebord du sommier, absent. Depuis que la porte de son appartement avait cédé sous l’assaut des flics, la plus petite parcelle de ce qu’avait été sa vie s’était évaporée. Il n’y reconnaissait plus rien et commençait à peine à entrevoir l’affreuse tournure que prenait son existence : une succession de journées à penser à ce qu’elle aurait pu être si seulement il n’avait pas accepté ; si sa femme n’était pas tombée malade ; s’ils n’avaient pas quittés Épinal ; s’il n’avait pas été obligé de lâcher son boulot ou s’il en avait trouvé un… »

« Valérie regarda autour d’elle. La folie ne s’était pas emparée d’elle et elle était bien dans son appartement.
Son attention repassa finalement sur la policière. C’était bien elle qui le lui avait annoncé. Sous ses pieds, le sol se déroba. Elle essaya de se rattraper à la table du salon, mais les murs et les meubles avaient suivi le mouvement. Dans la pièce, plus aucun objet ne paraissait à sa place. Curieusement, même les deux flics avaient l’air de participer à cet étrange ballet. Vu le chaos des lieux, lutter contre les éléments ne servait à rien. Elle expira profondément et sentit deux mains la saisir. »

 

Je suis né à Casablanca en juillet 1967.
Arrivé en France en 1972, ce n’est qu’en 79 qu’avec ma famille, nous rejoindrons le climat agréable de la Côte d’Azur.
Mes parents devenus restaurateurs à Nice, mon parcours scolaire s’arrêtait rapidement aux portes du lycée à l’âge de seize ans. Ont suivi de petits boulots, tout d’abord dans la restauration, en commençant par une carrière de cuisinier-pizzaïolo, travaillant dans divers restaurants entre Nice et Saint-Laurent-du-Var.

Après cinq ans, j’abandonnais ce métier pour devenir tour à tour ambulancier, agent de sécurité, vendeur et enfin convoyeur de fonds.
À vingt-quatre ans, le concours de gardien de la paix en poche, j’intégrais par conviction l’École Nationale de Police de Marseille d’où je sortais classé en février 1992, avant de prendre mes nouvelles fonctions sur la région parisienne et plus précisément au Commissariat de Montreuil-sous-Bois.

Plusieurs postes successifs et près de dix ans de vie dans ce département chamarré du 93, avant de prendre la décision de rejoindre ma région d’origine. Un an plus tard, j’obtenais ma mutation à Marseille, au Commissariat central de l’Évêché.

La passion des fonds sous-marins se faisant pressente, je passais rapidement mes niveaux de plongée. Dans le même temps, Clive Cussler, un auteur américain spécialisé dans la fiction sous-marine, me donnait l’envie de lire, je dévorais toute sa bibliographie.
L’envie d’écrire arrivait par la suite et, à force de tentations, je commençais l’écriture de Peter, un roman d’aventures dans lequel je parvenais à mélanger mon métier et ma passion. Mais quelques déboires m’obligeaient à mettre ce manuscrit de côté, et ce n’est que plusieurs années plus tard que celui-ci verrait le jour.

En 2006, ayant fait la connaissance de celle qui allait devenir ma compagne, je sollicitais ma mutation sur Nice et au mois de septembre 2007, j’intégrais un groupe judiciaire à l’Antenne de la Police Judiciaire où j’exerce toujours actuellement.
Quatre ans plus tard, je décidais de reprendre intégralement l’écriture de Peter​. Le manuscrit était alors entièrement revu et corrigé. Après avoir fait, comme tout un chacun, les frais des maisons d’édition, j’optais pour l’autoédition en passant tout d’abord par Lulu.com puis chez BoD.

La fièvre de l’écriture se faisant ressentir et, surpris par les retours de mon premier roman, j’entamais dans la foulée un second manuscrit que mes lecteurs jugeaient très vite plus abouti. Un polar régional mettant à l’honneur la Côte-d’Azur et l’Antenne P.J. de Nice où j’exerce encore à ce jour. Le roman est paru sous le titre de Le Secret de Miss Meredith Brown fin 2012.

En Mai 2014, ce second roman était réédité chez Sudarènes Editions sous le titre de Mrs Meredith Brown.

Fin février 2015, Chroniques d’une vie de flic voyait le jour dans cette même maison d’édition. Sous la forme d’un roman, les lecteurs sont transportés de l’autre côté de la barrière, dans le quotidien du flic de terrain. Quinze histoires vraies qui font toucher du doigt ces instants qui marquent les esprits et bousculent les préjugés.

Enfin, au mois de juillet 2015, Peter est réédité chez Sudarènes sous son nouveau titre : Mafia en eaux troubles. Un opus qui reste un premier roman, mais un excellent livre de plage… (Des amateurs de plongée ?)

Depuis, les droits de Mrs Meredith Brown, Du soleil vers l’enfer et Chroniques d’une vie de flic ont été rachetés à Sudarènes et les romans sont disponibles aux formats numériques et papiers sur Amazon.