Adolescence, Émotion, Histoire vraie

Enfermé depuis tout petit

de Marry Yohson
Broché – 22 janvier 2021
Éditeur : Librinova

Bandeau_Intro.jpg

Le plus beau cadeau dans la vie d’une femme est de devenir maman. La naissance d’un enfant reste un moment inoubliable. Mais Carole et son bébé vivent dans un cadre familial destructeur ; elle se promet alors de toujours protéger son petit Julien. Peu à peu, ce fils tant aimé va perdre pieds face à un monde hostile à ses yeux. Et malgré l’amour de sa mère, il se sent seul et incompris, meurtri par une vie qui ne veut pas de lui. Son existence aura été un combat de tous les jours contre cette société qu’il ne comprend pas et qui l’abandonne, lui qui est resté « enfermé depuis tout petit ». Cette histoire bouleversante est la sienne.

 

2021_092_Yohson Marry - Enfermé depuis tout petit.jpg

 

Je viens de terminer à l’instant ce récit bouleversant, l’histoire de cette femme, le destin de cette maman… Et je suis en colère !

En colère, car malgré le combat qu’elle a mené pendant vingt-huit ans pour son enfant malade, elle n’a jamais trouvé l’appui médical dont elle avait besoin.
En colère, parce que malgré son courage, c’est l’incompétence des “autres” qui à chaque fois diriger sa vie vers un sens qui n’était malheureusement pas le bon.
En colère, car malgré tout le soutien familial (heureusement…) qui guidait Julien, rien n’a été fait pour l’écouter et le sauver…
J’ai dû retenir plusieurs fois mes larmes, mais j’ai craqué.
Une enquête reste à ce jour en cours. À suivre…

« Enfermé depuis tout petit » est le témoignage d’une maman “perdue” dans le monde des maladies psychologiques, que nous raconte Marry Yohson.
Avec des mots simples, directs, l’auteure décrit la vie de cette mère et  de son fils dans leur monde où la violence et l’amour n’ont de cesse de se confronter.
Un jour, Julien ne pourra plus faire de différences entre le bien et le mal !

Dès le début, j’ai été pris par le récit.
Celui d’une jeune femme qui épouse un homme violent, très violent. Elle tombe enceinte. Elle pense que le bébé permettra un changement dans sa vie, mais rien ni fera. Les coups continuent, même sur son ventre rond. Dès sa naissance le bébé devra se faire opérer, en effet, il est né avec une malformation au pied et devra subir de nombreuses opérations. Pendant ce temps, le père, lui, est toujours aussi violent. L’enfant affecté par les coups qui pleuvent sur sa mère et sur lui n’aura jamais “repère” familial.
Julien grandit et les chemins qu’il prendra ne lui correspondent plus…
Quels sont ces démons qui l’empêchent d’aller vers l’avant ?
D’où vient ce mal-être constant ?

“C’est quoi être gentil maman… ?”

C’est poignant, prenant, douloureux mais surtout rempli d’amour. D’un amour infini d’une mère envers son fils.
Je suis bouleversé par le destin de cette maman et de son enfant et je n’imagine que très difficilement, l’état de désespoir et de fatigue quotidienne pour eux et pour leurs proches.

Alors, comme indiqué plus haut…
Je suis en colère !

On ne peut pas passer à côté de cette lecture sans réactions.
En espérant… qu’une large diffusion puisse faire changer les choses !
Je recommande…

÷÷÷÷÷÷÷

Extraits :

« Comment accepter que certains naissent avec toutes les chances d’être heureux et d’autres avec tant de souffrances ? Une question à laquelle personne ne peut répondre. Est-ce une question d’argent, de santé ou de chance ?
La vie est un parcours, un concours de circonstances. Certains disent « c’est ma destinée, nous avons tous un chemin tracé ».
Si nous n’avions pas rencontré cette personne, si nous n’avions pas eu cette maladie, nous n’aurions pas eu toutes ces difficultés. On pense alors que, lorsque tout va mal, on a fait des erreurs de choix, d’éducation ou dans nos relations. Mais, est-ce bien là le réel problème ? »

« L’alcool et la violence psychologique sont de plus en plus présents au sein du foyer. Quelques assiettes volent comme des oiseaux aux ailes abîmées qui finissent leur parcours fracassées contre les murs. Cette petite antenne de télévision, pourtant si pratique pour capter les émissions dans ce froid pays, elle aussi voltige ; mais là, les murs ne sont pas abîmés, c’est son crâne meurtri, rougi par le sang, qui le sera. »

« – C’est quoi être gentil maman… ?
À force d’insister sur le fait que son fils a un problème, un juge accepte qu’une expertise psychiatrique soit faite. Elle est réalisée au sein même de la vieille maison d’arrêt.
Les conclusions du grand spécialiste resteront dans un dossier bien ficelé, à l’abri de tout regard pendant quelques temps, des années.
Certes, une première avancée, mais qui ne sert à rien sauf à faire preuve d’un peu de gratitude face à une maman qui crie son désarroi. »

 

Enfermé depuis tout petit.jpg

 

Auteure et spectatrice de sa propre vie, Marry Yohson est née en 1962 dans une très jolie ville située à l’ouest de la France.

Après des études universitaires en Administration Économique et Sociale, elle devient professeure. Elle est également passionnée d’art et a réalisé de nombreux tableaux.

Ce récit de vie est son premier livre. Un second est en cours d’écriture. Il dévoilera le secret de Julien et les lecteurs apprendront le dénouement judiciaire de cette terrible affaire.

Adolescence, Drame

L’enfant parfaite

de Vanessa Bamberger
Broché – Livre grand format, 14 janvier 2021
Éditeur : Liana Levi

Bandeau_Intro.jpg

Le syndrome de l’enfant parfait ? Roxane a intégré depuis toujours les exigences de ses parents. L’excellence et la performance lui sont des impératifs naturels. Pourtant, depuis la rentrée en classe de première, rien ne va plus, ni les notes, ni l’amitié, ni les amours, ni l’apparence physique. Pour soigner l’acné qui enflamme son visage, elle n’a d’autre recours que de solliciter un ancien ami de son père, François, devenu médecin. Avec son verbe franc, direct, slamé, elle raconte la pression scolaire, la perte de confiance en soi, la peur de décrocher et l’incompréhension des adultes. Autour d’elle, personne ne voit venir le drame. De ce qui est arrivé à Roxane, François devra répondre.
Avec une écriture intense, Vanessa Bamberger raconte l’adolescence et notre époque.

 

2021_078_Vanessa Bamberger - L'enfant parfaite

 

Ce roman de Vanessa Bamberger, auteure que je découvre, est un roman très contemporain, mais c’est surtout un roman choc !

Choc au niveau de son écriture, choc pour le final, même si l’auteure le dévoile assez vite, choc de l’adolescence, choc des parents de plus en plus perdus envers un monde qui va de plus en plus vite, choc aussi de la vie qui nous en demande à chaque fois plus… Si la pression sur les jeunes n’est pas nouvelle, il semblerait bien que le rouleau compresseur soit passé dernièrement à un cran au-dessus.

C’est une histoire d’adolescence, cette période trouble, cet âge de tous les dangers, où Roxane doit être la meilleur, elle n’a pas le choix.
Fille d’un cadre supérieur et d’une musicienne, elle absorbe depuis sa naissance les exigences de ses deux parents, être la première. Partout. Dans toutes les disciplines, afin d’obtenir une place en classe préparatoire dans l’un des meilleurs lycée parisien en première scientifique. Rythme exigeant, pression des notes. Roxanne trouvera dans le rap, le slam et la musique un écho à son mal-être que personne autour d’elle ne semble déceler.

Elle est si seule Roxanne avec son parcours instable au rythme des alliances amoureuses et amicales. Puis il y aura cette acné, qui arrive soudain, lui pourrissant la vie et faisant tout basculer.

Il n’y a aucun temps mort dans ce récit qui alterne entre deux personnages, Roxane, de sa rentrée en 2017, jusqu’en janvier 2018 et François, en 2019, jusqu’à un point critique qui va malheureusement faire entrer en collision leurs deux destins.

J’avoue avoir eu du mal à entrer dans l’écriture de Vanessa.
J’ai eut un long moment l’impression que le livre avait été écrit par deux personnes. La narration de François, classique et d’une bonne qualité d’écriture et celle de Roxanne, qui m’a gênée et même horripilée à plusieurs reprises. Mais j’ai poursuivi…
La forme ne me convenait décidément pas, mais le fond était là, présent, oppressant. Je voulais à tout pris connaitre la fin du récit !

Et soudain, au milieu du roman…
Une lumière ! Je venais de comprendre.

J’étais complètement passé à coté de la narration de Roxanne. Il m’a fallu essayer de retrouver mon âme d’adolescent pour me rendre compte à quel point Vanessa s’était jouée de nous, les lecteurs, puisque cette dernière avait “décliné” son texte en slam tout en rimes, comme le font les rappeurs et j’étais passé à coté !
J’imagine très difficilement le temps qu’il lui a fallu pour écrire ces parties là.

À partir de ce moment, ma lecture a changé, même si j’ai eu encore parfois du mal avec certaines formes de langage, malgré un petit lexique qui permet à ceux qui ont mon âge (et oui, je n’ai plus vingt ans…) de s’accrocher au “nouveau présent” !

La fin, très émouvante, a permis de me retrouver… à la fois triste et songeur…

Une lecture, du coup, un peu inégale pour moi, même si le récit m’a complètement transporté.
Un livre à relire, peut-être, ultérieurement, mais les passages de Roxanne devront être lus à voix haute, afin qu’ils retrouvent la puissance voulue par Vanessa, à la manière d’une œuvre musicale !

÷÷÷÷÷÷÷

Extraits :

« Je n’ai pas bien dormi cette nuit. Ma mère l’avait prédit. Je n’ai jamais bien dormi de ma vie, alors la veille d’une rentrée scolaire à Sully, imaginez le souci. Quand je me suis réveillée, elle était déjà partie. Mélanie, c’est parfois plus simple de l’appeler ainsi, Mélanie, ma furie ma mélodie, elle est altiste. Vous ne savez pas ce que c’est ? Normal, personne ne le sait au lycée. Personne n’est intéressé, la musique classique c’est mort. Un parent concertiste égale un passeport pour la recale sociale. »

« Devant moi, Ferdinand lève la main pour poser une question. Intimidé, il se met à bégayer. Chareau écarquille les yeux pour bien montrer sa surprise, et son agacement. Elle l’arrête. Attendez, je ne comprends rien à ce que vous racontez, il faut vous calmer ! Après ça Ferdinand ne dis plus rien. Sur la feuille la prof a imprimé un cours succinct, une poignée de formules, et maintenant elle se lance dans une démonstration bon train. À la fin de l’heure elle nous donne une liste d’exercices à faire pour le lendemain. Il y en a pour trois heures au moins. On se regarde, affolés. On ne sait pas très bien si on doit rire ou pleurer. Ferdi place son index sur sa tempe pour signifier que cette prof-là est donc, tout comme Perrier, complètement fêlée, puis rejette sa tête en arrière et éjecte sa main. Il fait mine de se flinguer. »

« C’est qu’il faut avoir le cœur bien accroché pour faire prof. En réalité, il faut être taré. Insultés agressés mal payés, mal considérés maltraités mal encadrés, pas formés rudoyés bousculés. Les profs entrent en classe avec leur mine pitoyable de boucs émissaires de l’Éducation nationale, chargés de nous faire ingurgiter dans l’année des programmes de plus en plus lourds, de plus en plus techniques, sous format numérique. Dire que la plupart sont complètement nuls en informatique ! Du coup, ce qu’ils ont à faire, ils le font n’importe comment, en mode totalitaire. »

 

 

Vanessa Bamberger est romancière. Après des études à Sciences Po Paris, elle a vécu plusieurs années à Londres et à New-York. Elle est aujourd’hui journaliste à Paris.

Alors que ses trois premiers manuscrits sont restés lettres mortes, elle vient d’enchaîner trois romans un tous les deux ans, aux éditions Liana Levi.

Au cours de l’écriture de Principe et suspension, son premier roman, elle a rencontré des dirigeants de PME et visité plusieurs sites de production en France.

Après Principe de suspension (2017, et Piccolo, 2019) et Alto Braco (2019, et Piccolo, 2020), qui a reçu cinq prix littéraires, elle signe un troisième livre remarquable.

Émotion, Roman

Celles qui se taisent

de Bénédicte Rousset
Broché – 19 mai 2021
Éditeur : La Trace

Bandeau_Intro.jpg

Par une nuit de décembre, une macabre disparition est signalée à la maternité de l’hôpital. La direction demande à son personnel de ne rien dire : il en va de la réputation de l’établissement.
Les années passent, le secret est enterré.
Pourtant, dix-huit ans plus tard,
le destin s’en mêle quand, après une terrible découverte, Caroline fouille dans le passé… c’est incompréhensible…
ça ne « peut » pas être.

Caroline et Augusta, deux femmes que tout oppose. En apparence…
Que s’est-il passé qui disloque leur vie et ternisse leur bonheur ?
Jusqu’où peut-on aller dans le renoncement, par amour pour une mère, par amour pour un fils ?
Il est des rencontres qui bouleversent nos silences.
Peut-être courons-nous après l’amour sans en donner assez ?

 

2021_066_Rousset Bénédicte - Celles qui se taisent

 

“Celles qui se taisent” est le dernier roman de Bénédicte Rousset publié par les éditions La Trace !
Je sais ce qu’il me reste à faire maintenant !
Me procurer ses romans précédents…

Caroline et Augusta sont deux femmes très différentes.
Caroline est femme de ménage, maman de trois enfants. Un jour son mari l’a quitté sans aucune explication. Elle travaille pour Augusta, elle entretien sa maison. Le hasard fait que les deux femmes se retrouvent enceinte au même moment. Bénédiction, pour l’une, c’est un malheur pour l’autre.
Pourtant la vie, le hasard vont se charger de les réunir, pour le meilleur et surtout pour le pire…
Que leur est-il donc arrivé ?
Leurs destins vont définitivement se lier à la suite d’un terrible événement.

Maternités, romance, viol, séparation, maltraitance, sexe, Religion, mensonges, haine…
“Celles qui se taisent” est un condensé de vie, avec tous ses malheurs, tous les problèmes existant pour essayer de conserver un équilibre familial bien souvent précaire.

Un récit bouleversant, qui mérite que je me retire, que je ne vous dévoile rien de plus, afin que mots après mots, phrases après phrases vous soyez comme moi transporté dans des destinées mêlées.
Bénédicte, m’a touché le cœur, mais pas seulement.
Elle s’est immiscée dans certaines parties très sombres de l’esprit qui ne demandent qu’à rester dans l’oubli.
Mais, on ne choisi pas toujours son destin !

Récit de femmes, mais pas seulement…
Lent et envoutant, ce roman mérite une belle et longue vie.
Très beau et émouvant, je recommande vivement !

÷÷÷÷÷÷÷

Extraits :

« Le jour se lève à peine sur la ville. Une fine couche de givre recouvre le trottoir et de timides rayons éclaircissent la façade de l’hôpital.
Au deuxième étage, la ligne directe du directeur lui indique un appel. Il décroche sans quitter les yeux le formulaire qu’il est en train de remplir. Deux semaines auparavant, un de ses ambulanciers, ivre, a percuté en reculant une personne en fauteuil roulant, la blessant gravement, juste devant l’entrée de l’hôpital. La famille porte plainte et cet incident s’ajoute aux dysfonctionnements qui s’enchaînent dans son établissement ces derniers temps. La presse en fait ses gros titres, ridiculisant sa place et sa personne. Le coup de grâce tombe en page deux du journal La Provence, qui dévoile le palmarès des hôpitaux les plus performants, et où il occupe l’avant-dernière place. Il soupire. »
…/…
« Quelque chose de sa fierté vient de le traverser.
Dès lors, Jean sent dans tout ce qu’il fait le regard admiratif de sa mère. Il pointe les orteils vers le pied du lit et se sent grand.
À partir de ce moment, dans l’air, quelque chose a changé. L’odeur du chou brocoli devient agréable, celle du foie de veau, alléchante.
Il suffit qu’elle l’aime pour qu’il l’aime aussi. Le plus beau chef-d’œuvre de la vie est bien le cœur d’une mère et peu importent ses larges ou étroites barrières.
L’épaisseur de l’enfance se mesure à la place qu’une mère nous accorde dans son cœur. À une certaine période de la vie, on peut trouver grand ce qui est petit, comme la cour de récréations. Quand on est enfant, elle nous paraît immense et puis un jour, longtemps après, notre œil d’adulte la revoit et sa grandeur a disparu : l’âge adulte l’a balayée d’un simple revers de manche. »

 

 

Bénédicte Rousset a grandi dans le Vaucluse entre le petit atelier d’imprimerie de son père et une mère institutrice. L’écriture lui permet d’explorer des recoins jusqu’alors ignorés d’elle-même, dans une tradition familiale qu’elle découvre à travers les pièces de théâtre, poèmes et romans qu’ont écrit ses aïeux.

Professeure certifiée de Lettres Modernes, Bénédicte est enseignante dans un collège du Vaucluse.
Après « Rue sombre » (2017), son premier roman policier, elle publie « Le Lis des teinturiers » en 2018.

https://www.facebook.com/benedicte.rousset.auteur/

Émotion, Drame, Noir

Le cinquième enfant

de Doris Lessing
Poche – 1 septembre 1993
Éditeur : Le livre de Poche

Bandeau_Intro.jpg

Pour Harriet et David, couple modèle, qui a fondé une famille heureuse, l’arrivée du cinquième enfant inaugure le temps des épreuves. Fruit d’une grossesse difficile, anormalement grand, vorace et agressif, Ben suscite bientôt le rejet des autres enfants, tandis que les parents plongent dans la spirale de l’impuissance et de la culpabilité.

La romancière du Carnet d’or, prix Médicis étranger 1976, mêle ici de façon impressionnante réalisme et fantastique, dans une fable cruelle qui met à nu l’envers et le non-dit des relations familiales.

Un véritable tour d’écrou. Doris Lessing semble possédée d’une indignation, d’un humour ambigu, aussi forts, aussi libres qu’à ses débuts.
Jean-Maurice de Montrémy, Lire.

Une parabole, un traité pour notre temps, une histoire terrifiante.
The Times Literary Supplement.

Prix Nobel de littérature 2007.

 

2021_046_Lessing Doris - Le cinquième enfant

 

Ce roman court mais très riche ne fait pas vraiment dans le bon sentiment. Réaliste et sans fioritures, il se lit comme un thriller.
Ce roman fait partie de ceux que je n’oublierai pas… L’histoire d’une famille anglaise contemporaine, un couple qui rêve d’une grande et belle famille. Harriet et David étaient faits pour se trouver. Personnalités semblables, même conception de la vie. Ils rêvent de fonder la famille idéale, nombreuse, chaleureuse, un vrai foyer de convivialité.
Ils commencent par acheter une grande maison dans la banlieue de Londres, et très vite arrivent les enfants, quatre dans un premier temps.
C’est alors que, malgré les précautions, Harriet comprend qu’elle attend un cinquième enfant… La grossesse va très mal se passer, horriblement douloureuse et cauchemardesque. Le foetus fait preuve d’une force et d’une rage inouïe, torturant sa mère de l’intérieur comme s’il voulait se venger de ne pas avoir été désiré.
À sa naissance, le bébé étrange provoque le malaise, puis très vite, la peur dans son entourage.

Harriet sait qu’elle a mit au monde un enfant différent, froid, ne manifestant aucune émotion hormis des accès de rage. Sa mère voit en lui un monstre…
La réalité la rattrape. Dilemme d’une mère qu’on culpabilise d’avoir enfanté ce monstre, tiraillée entre un reste d’instinct maternel et une aversion pour son rejeton, entre cet enfant qui la phagocyte littéralement et le reste de la fratrie dorénavant délaissée.
Cette présence d’un enfant différent au sein de la famille jusque là sans histoire, va la faire exploser. La mère qui était affectueuse devient pleine d’angoisse et de haine, le père exemplaire va traiter son fils comme une bête sauvage, les autres enfants feront tout pour quitter la maison.

Difficile d’en dire plus sans dévoiler la trame du récit, mais sachez que ce roman est brillant et glacial. Doris Lessing arrive à nous faire vivre en 186 pages, vingt ans de la vie de David, d’Harriet et de leurs enfants.
L’écriture subtile, incisive et poignante ne laisse que très peu d’instant de répit, tous les personnages ont leur place, et l’intrigue est captivante de bout en bout. Angoisse et malaise suintent à chacune des pages. Ce roman est saisissant, effrayant.

Durant toute ma lecture je suis resté fasciné par le destin de cette créature souffrante, qui ne trouve sa place nulle part. J’ai souffert aussi bien sûr avec Harriet qui va se retrouver toute seule face à un drôle de destin, alors que personne ne lui tendra la main…

C’est un livre incroyable, a ne pas manquer, d’une auteure que je découvre avec ce récit !
Je pense qu’il ne me faudra pas longtemps pour que je sois de nouveau tenté par un autre de ses romans.
À suivre…

÷÷÷÷÷÷÷

Extraits :

« Le temps passait. Il passait, bien qu’elle fût prisonnière d’une perception du temps différente de celle des êtres qui l’entouraient – et qui n’était pas non plus celle de la femme enceinte, lent, au rythme de la croissance de l’enfant niché en elle. Son temps à elle n’était qu’endurance, contenance de douleur. Des fantômes et des chimères lui habitaient l’esprit. Elle songeait : quand les savants tentent des expériences, quand ils accouplent ensemble deux espèces d’animaux, de tailles différentes, sans doute la pauvre mère ressent-elle la même chose. Elle l’imaginait de pathétiques créatures sabotées, horriblement réelles à ses yeux, provenant de l’union d’un grand danois ou d’un lévrier russe avec une petite chienne épagneule ; d’un lion avec une chienne ; d’un cheval de trait avec une ânesse ; d’un tigre avec une chèvre. Il lui semblait parfois que des sabots déchiraient sa chair intime, ou même des griffes. »
…/…
« Mais ils continuaient à venir de temps en temps. Comme s’ils n’étaient pas restés si longtemps absents, et sans jamais dire où ils étaient allés, ils envahissaient la salle de séjour, s’installaient devant la télévision, à quatre ou cinq, parfois même dix ou douze. Ils ne pillaient plus le réfrigérateur : on n’y trouvait plus grand-chose, désormais. Ils apportaient d’énormes quantités de nourritures originaires des pays les plus variés. Des pizzas et des quiches ; des plats chinois, et indiens ; des pitas remplies de salade ; des tacos, des tortillas, des samosas, du chili con carne ; des pâtés en croûte, des sandwiches. C’était là des Anglais conventionnels et rigides, non ? Refusant de manger autre chose que ce qu’avaient connu leurs parents ! Il ne s puissent éparpiller alentours miettes, croûtes et cartons, sans avoir rien à nettoyer. »

 

 

Née en 1919 de parents britanniques à Kermanshah (Iran), Doris Lessing passe son enfance en Rhodésie. En 1949, elle se rend pour la première fois en Angleterre avec, dans ses bagages, un premier roman, The Grass is singing, qui sera édité en 1950. Aujourd’hui mondialement connue, elle est l’auteur d’une œuvre considérable : plus de quarante titres, essentiellement des romans – parmi lesquels Le Carnet d’or (prix Médicis étranger 1976) et Les Enfants de la violence –, mais aussi des nouvelles, des pièces de théâtre, des poèmes, des témoignages et souvenirs. Elle a reçu le prix Nobel de littérature en 2007.

Émotion, Polar, Suspense

Est-ce ainsi que les hommes jugent ?

de Mathieu Menegaux
Broché – 2 mai 2018
Éditeur : Grasset

Bandeau_Intro.jpg

Une journée particulière. Gustavo, père de famille, directeur financier, doit effectuer une présentation importante devant l’état-major de sa multinationale. Des mois de préparation, un tournant pour sa carrière.

Au lieu de l’heure de gloire espérée, la police faire irruption à son domicile, à l’aube. Perquisition, accusation d’homicide volontaire, indices concordants, Gustavo va être placé en garde à vue et traité sans ménagement. Heures sombres, qui vont déstabiliser un cadre supérieur sans histoires et le conduire à redouter le pire pour son avenir.

Son épouse Sophie va mobiliser son réseau et son énergie pour démontrer l’innocence de son mari et préserver leurs deux garçons des conséquences dévastatrices de cette mise en cause.

Mais comment rétablir la balance de la justice dans un univers gouverné par l’émotion et la recherche immédiate d’un coupable ?

Avec un style direct et tendu, Mathieu Menegaux nous livre un roman haletant, une plongée en apnée dans le monde de l’injustice.

 

2021_043_Menegaux Mathieu - Est-ce ainsi que les hommes jugent

 

Après les lectures de « Je me suis tue » et « Un fils parfait » j’attendais depuis un moment de lire ce nouveau titre de Mathieu, n’y tenant plus j’ai craqué et l’ai fait passer plus tôt que prévu !

Wahou. Quelle plume !
Du suspense, beaucoup de pression et un épilogue que je n’ai pas vu du tout arriver…

Depuis la mort de sa mère, Claire n’a plus que son père… Suite à une tentative d’enlèvement, il intervient pour la sauver, quand il est percuté violemment par le véhicule du voyou sous les yeux de sa fille Claire…
Pas ou peu de témoins, l’enquête de police avance très difficilement.
Defils, le commandant qui va gérer l’enquête va promettre à Claire de retrouver coûte que coûte le meurtrier de son père.

Trois ans plus tard, au petit matin, l’irruption brutale de la police au petit matin chez Gustavo, va le plonger dans un vrai cauchemar. Il est dès lors accusé d’homicide volontaire.
La machine judiciaire est dorénavant en marche.

Ce roman, lu d’une traite, est une véritable plongée en enfer. J’ai assisté au mécanisme implacable de la Police, qui d’abord se met en place et qui ensuite petit à petit ressert son étau avec une absence totale de sentiments, seules les preuves feront foi, malgré les revendications de Gustavo qui très vite se trouve dos au mur, sans aucune parade pour se faire entendre. Mathieu Menegaux insiste sur la difficulté de conserver toute objectivité dans la justice quand elle est dominée par l’émotion que ce soit celle du commandant, suite à sa promesse ou celle de Claire qui veut absolument trouver le coupable… Heureusement la femme de Gustavo, Sophie va tenter de trouver les preuves de son innocence.

C’est glaçant, horrible…
L’intervention des médias, des réseaux sociaux et de la foule, en arrivant vers la fin du roman, quelle horreur, cela fait vraiment peur !

Le récit est superbement bien construit et mené comme les deux autres avec vraiment beaucoup de sensibilité.

Ce livre m’a sonné, c’est un véritable choc !
Je n’ai pas pu m’empêcher de me dire, “Et si cela devait m’arriver, comment réagirai-je ? Que ferai-je ? Est-ce que je baisserai les bras ?” Cela m’a fait froid dans le dos.

À lire absolument

÷÷÷÷÷÷÷

Extraits :

« Depuis qu’elle s’en était allé, Bertrand et Claire n’avaient pas failli une seule fois à la promesse qu’ils s’étaient faite le jour de l’enterrement : la tombe de maman serait toujours fleurie. Chaque samedi matin c’était le même rituel. Après la corvée des courses au centre commercial de Plaisir, expédiée au plus vite, le père et la fille prenaient leur temps pour choisir un joli bouquet. Des couleurs vives, beaucoup de feuillage, et un papier brillant avec un ruban : c’est pour offrir. La fleuriste emballait le paquet avec soin avant de le tendre à Claire en souriant, non sans un pincement au cœur pour cette adorable petite fille, orpheline à douze ans. »
…/…
« Tout est en place. L’affrontement peut démarrer. Gustavo n’en est pas conscient, encore, mais c’est sa vie tout entière qui est en jeu. Il pense encore avec naïveté qu’il va être en mesure de faire valoir son innocence sur la base d’une conversation rationnelle, et que sa bonne foi finira par l’emporter sur des spéculations sans queue ni tête. Face à lui, les policiers sont comme une meute de hyènes, excitées par l’odeur du sang, attaquant sans relâche une proie blessée, diminuée, chancelante, dont elles savent d’instinct que la résistance ne sera plus que symbolique désormais. »

Je me suis tue :
https://leressentidejeanpaul.com/2018/10/31/je-me-suis-tue-de-mathieu-menegaux/

Un fils parfait :
https://leressentidejeanpaul.com/2019/10/08/un-fils-parfait-de-mathieu-menegaux/

 

 

Mathieu Menegaux est né en 1967 à Paris.

Il travaille dans un cabinet de conseil en management. Passionné de littérature et de chanson, il a attendu d’avoir 45 ans avant d’enfin décider de passer plus de temps à écrire des phrases en français sur Word que des transparents en franglais sur PowerPoint.

Son premier roman, Je me suis tue, est paru en avril 2015 chez Grasset. Il a été récompensé aux Journées du Livre de Sablet, et a reçu 5 autres prix littéraires.

Un fils parfait, son deuxième roman, a été publié le 1° février 2017. Il a reçu le Prix Claude Chabrol du roman noir, et a été porté à l’écran sous le titre « Un homme parfait », diffusé sur France 2 en mars 2019.

« Est-ce ainsi que les hommes jugent ?« , son troisième roman, est sorti en mai 2018, et a reçu le prix Yourcenar. Il est en cours d’adaptation pour France 2, pour une diffusion en 2021

« Disparaître« , son quatrième roman a vu le jour en Janvier 2020, juste avant le Grand Confinement.

Son prochain roman, « Femmes en Colère » est prévu pour Mars 2021.

Thriller psychologique

Seule la haine

de David Ruiz Martin
Poche – 10 juin 2021
Éditeur : Éditions Taurnada

Bandeau_Intro.jpg

Persuadé que le psychanalyste Larry Barney est responsable du suicide de son frère, Elliot le prend en otage dans son cabinet. Sous la menace d’une arme, Larry n’a pas d’autre choix que de laisser l’adolescent de 15 ans lui relater ses derniers mois. Mais très vite, c’est l’escalade de l’horreur : Larry est jeté dans un monde qui le dépasse, aux frontières de l’abject et de l’inhumanité. Tandis que les détails scabreux se succèdent, une seule idée l’obsède : celle de s’en sortir, à tout prix… Un thriller psychologique qui va vous retourner la tête !!!

 

2021_035_Ruiz Martin David - Seule la haine

 

Encore une fois un grand merci à Joël des Éditions Taurnada pour cette “précieuse” découverte !!!

Elliott est un jeune homme très intelligent mais aussi très perturbé.
Il est convaincu que c’est le thérapeute de son frère qui est responsable de son suicide.
En partant de cette hypothèse, Elliott séquestre le thérapeute dans son bureau et commence alors un face-à-face dont l’issue sera incertaine.

Dès les premières lignes l’auteur met en place, petit à petit, un remarquable huis clos. J’ai complètement plongé dans ce thriller où la tension est réellement palpable, violente, implacable. David Ruiz Martin frappe vite et très fort. Très peu de préambules, je me suis très vite retrouvé dans un climat très anxiogène.
Et à mesure qu’Elliot va raconter la spirale qu’il a vécue et entraînée là où il se trouve, on se rends compte soudain que le pire reste encore à venir !

Les deux “adversaires” vont se retrouver face-à-face. J’ai eu beaucoup de mal à ne pas me mettre à la place des deux instigateurs. Tantôt j’étais Elliot, tantôt Larry…
C’est incroyable comment l’auteur arrive à nous retourner le cerveau, il a une plume très addictive et je vais vite me renseigner sur ses autres romans…

Je ne peux que vous recommander vivement de découvrir ce roman, mais attention, on ne ressort pas indemne après une telle virée dans les méandres de l’esprit…
Ce thriller psychologique vous poursuivra encore longtemps au plus profond de votre pensée.

÷÷÷÷÷÷÷

Extraits :

« C’est nous qui feront les lois plus tard ! Ce sont des types de mon âge qui décideront un jour de bombarder des pays ! Ou de construire des écoles dans d’autres ! D’amener l’éducation ! D’amener enfin l’eau potable pour tous ! Et peut-être même de condamner l’excision ! Ce sont des types comme moi qui décideront de sauver la planète ou de la laisser croupir dans l’état dans lequel vous nous l’avez léguée ! Qui décideront de s’arracher les œillères avec lesquels vous avez accepté de vivre ! Ce sont des types de mon âge qui devront trimer comme des chiens jusqu’à 75 ans pour tenter de renflouer les caisses de votre retraite ! On paie pour vous ! Chaque jour ! On subit cette vie à cause de vous ! On n’a même plus le temps d’être des gosses et de jouer ! On sait à peine marcher que vous nous jetez déjà dans des classes surpeuplées pour apprendre ! Pour rejoindre l’élite ! Pour être meilleur que l’autre et pour mieux le piétiner le jour de l’embauche ! »
…/…
« Avec le temps, j’ai fini par considérer mes patients et mon travail comme un simple revenu nécessaire afin d’assouvir mes plaisirs futiles. J’ai balayé d’un revers de la main tout le côté humain, le travail de fond, l’implication, oublié à quoi je m’engageais, lorsqu’un patient pénétrait dans mon cabinet, affublé de ses tourments. J’ai sombré dans un matérialisme à outrance dans lequel j’ai commencé à me noyer. »

 

Né en Espagne, David Ruiz Martin part vivre en Suisse à l’âge de quatre ans.
Menuisier de formation, c’est en 2009 qu’il reprend l’entreprise familiale avec son frère.

Il débute, aux alentours de vingt ans, son parcours d’auteur. Durant près de dix ans, seule sa femme est mise dans la confidence de sa passion. Puis, à l’âge de trente-deux ans, il se lance dans l’écriture de son premier roman, Le syndrome du morveux”, un thriller auto-édité, qui surprend son entourage, suivi d’un second, Que les murs nous gardent”, une histoire d’épouvante, l’année suivante.

Avec Je suis un des leurs”, il signe un troisième roman, un roman d’amour, d’aventures, un roman qui nous retrace une bonne partie de l’histoire espagnole, de la Guerre Civile au mouvement des Indignés.

“Seule la haine” est son quatrième roman, un thriller psychologique qui a obtenu le prix littéraire des lectrices du salon Sans pour Sang thriller en 2020.

David Ruiz Martin est marié et vit à Cressier, en Suisse.

Historique, Suspense, Thriller

Les carnets secrets de l’ange de la mort

de Raphaël Grangier
Broché – 23 mars 2021
Éditeur : LBS SELECT

Bandeau_Intro.jpg

Quand l’armée rouge pénétra dans le Camp d’Auschwitz en janvier 1945, Joseph Mengele, auteur de multiples expérimentations meurtrières sur de nombreux détenus, avait déjà disparu. Malgré ses efforts considérables, le Mossad ne pourra jamais l’appréhender. Un jour, ses notes, sur ce qu’il considérait comme ses travaux, réapparaissent à la surface…

Périgueux, printemps 2019. Une jeune étudiante disparait devant la cité scolaire Laure Gatet. Dans le même temps, des corps, tous d’origine juive, sont retrouvés en différents points de la Dordogne. Le capitaine Denoeux sera en charge de retrouver la jeune femme. Les enquêteurs vont alors suivre les traces d’un barbare en quête de leur faire revivre les pires expériences du passé : celles inventées par le docteur Josef Mengele, « l’ange de la mort ».

 

2021_017_Grangier Raphaël - Les carnets secrets de l'ange de la mort

 

Bonjour à toutes et à tous,

Merci à LBS Éditions pour la confiance qu’ils m’accordent…

« Nous les Allemands, race supérieure, devions agir. Nous devions inoculer une vitalité nouvelle afin de défendre la communauté naturelle et d’assurer l’éternité de la race nordique ! »
Automne 1945. Josef Mengele échappe au procès de Nuremberg, emportant avec lui deux caisses d’échantillons et de travaux de ses expériences morbides. Comment le médecin SS a-t-il pu passer entre les mailles du filet, trente ans durant ?
Me revoici de retour dans la noirceur d’une guerre sale.  Mais cette “guerre” à lieu de nos jours à Périgueux… Qu’adviendrait-il, si les secrets de Mengele étaient tombé entre de mauvaises mains ?

Raphaël Grangier est un véritable “maestro”. La qualité de la documentation et de son travail de recherche s’allie à un style tranché et direct rendant ce récit aussi vivant que passionnant. Tous ses personnages sont crédibles et ça fait peur !
Il va ainsi distiller petit à petit des horreurs que l’on croyait oubliées.
Sandrine Dauriac, brillante étudiante de la cité scolaire Laure Gatet, descend l’avenue George Pompidou vers le centre-ville. Un véhicule ralentit à sa hauteur et s’immobilise. La jeune femme s’installe à bord. Elle ne reviendra plus jamais dans son lycée…

Une traque passionnante.
Un récit qui vous fera basculer dans l’horreur des expériences innommables du Dr Mengele en plein XXIe siècle.
À lire !!!

÷÷÷÷÷÷÷

Extrait :

« Elle avait connu la Grande Guerre, la déportation de ses parents, la nécessité de se cacher, et vivre avec. Sentir la peur vous ravager le ventre. Puis étaient venus ces bras couverts d’un tissu kaki, épais, auréolé de dorures. ces mains calleuses qui l’avaient extirpée de dessous le lit et lui avaient hurlé des choses dans une langue qu’elle ne comprenait pas. Des mots rugueux. Fort, puissants comme un chien enragé aboie. Deux mains puissantes, qui l’avaient suspendue au-dessus du sol à bout de bras comme si elle avait été couverte de pustules. Des sons terrifiants, rapidement remplacés par celui des roues métalliques du train contre les rails. Puis celui du portail immense qui claqua dans son dos. Si haut qu’il aurait pu retenir un tsunami de haine dans son enceinte. Alors recommencer, elle ne savait que trop bien ce que cela signifiait. Et aujourd’hui, elle n’en avait pas envie. Et plus la force. »

 

 

Raphaël GRANGIER est né en 1978 à Bordeaux. Titulaire d’un DUT en Génie Mécanique, il a exercé une dizaine d’années comme cadre en sous-traitance avionique. Reconverti vers l’enseignement quelques années après avoir obtenu son CAPES de Sciences et Technologies Industrielles, il retourne travailler dans le privé, d’abord en cabinet d’avocat quelques mois puis dans une entreprise de la métallurgie où il exerce depuis des fonctions de cadre administratif. Il couche sur le papier ses premiers mots voués à être modelés afin de devenir un livre, isolé dans un garage de campagne tandis que la tempête Martin rugit dehors et fracasse les arbres les uns après les autres sur la maison de ses parents. Ses écrits, souvent sombres ne le sont que pour rappeler à chacun ce qu’a pu être l’homme et ce qu’il pourrait redevenir. Véritables piqûres de rappel des leçons du passé, chacun de ses romans alloue une part belle aux faits réels.
Son premier roman noir sur fond Irlandais est édité en 2014 chez Paul&Mike, puis un thriller rural suivant, en 2018 aux éditions Cairn.

Historique, Noir

Mon cœur restera de glace

de Éric Cherrière
Poche – 11 mars 2021
Éditeur : Mon Poche

Bandeau_Intro.jpg

Il existe au cœur du cœur de la forêt un endroit où vivent les sapins les plus anciens, protégés du vent comme de l’exposition au soleil, de la pluie, de la neige. Protégés aussi du regard des hommes. Une combe lointaine et tempérée qui fut un jour une frontière infranchissable devant laquelle l’enfant s’était dit  » Quand je serai grand, je vivrai là. »

Dans ces bois du fin fond de la Corrèze, un jeune garçon trouve refuge en 1918, en compagnie de son frère, une « gueule cassée ». Une guerre plus tard, des soldats allemands s’y enfoncent, sur les traces d’une de leurs unités disparues. Ces mêmes arbres que l’on retrouve en 2020, peints sur les murs de la chambre d’hôpital d’un vieillard allemand.

Aujourd’hui le vieil homme va parler. Révéler le secret de cette forêt qui ébranlera bien des existences, bien des certitudes. Bien des familles.

De 1918 et 1944 à 2020, Mon cœur restera de glace couvre un siècle de guerres fratricides. Ce roman noir, qui explore les destins d’individus ordinaires perdus aux carrefours de l’histoire, est aussi le roman de la beauté face à la violence. De ces fleurs qui poussent sur les champs de bataille.

 

2021_016_Cherrière Éric - mon cœur restera de glace

 

Bonjour à toutes et à tous,

Il m’arrive parfois de tomber sur des livres qui me laissent sans mots, sans un petit “tout début de phrase” pour entamer mon “Ressenti”. Ce roman, que je tiens encore entre mes mains, m’a complètement chamboulé… Le récit est poignant, sombre, fort, dramatique et très intense et ce en très peu de pages (228). Mais il y a aussi tellement de fraicheur…
Chaque page tournée, m’a offert un tel contraste entre une certaine poésie et la cruauté des hommes en temps de guerre…
Eric tisse sa toile et nous propose une superbe intrigue sur trois époques différentes mais étroitement liées, nous offrant ainsi un récit très dense.

1918
Lucien Faure, maire et boulanger d’un petit village en Corrèze, perd son fils et de ses petits-fils : le premier a été porté disparu au front, l’aîné de ses petits-enfants est revenu sans bras, une jambe en moins et l’autre coupée, le plus jeune, a disparu au plus profond de la forêt et n’a jamais été revu.
1944
Un convoi allemand traverse la même forêt et disparaît à son tour…
2020
Un ancien criminel de guerre allemand décide enfin de raconter son passé.
Va-t-il révéler les secrets de cette forêt ?

Quelle plume !
À la fois poétique, très visuelle, et parfois même cinématographique…

Ce roman lu d’une seule traite, se savoure, se lit avec attention et mais surtout beaucoup d’émotions…

À lire absolument

÷÷÷÷÷÷÷

Extraits :

« À observer et dessiner en silence, il voyageait entre ses souvenirs jusqu’à celui qui chassait tous les autres : son père s’en allant à la guerre, en août 1914. Où qu’il aille, quoi qu’il fasse, l’enfant emporterait toujours avec lui l’image de ce père qui se retournait sans cesse, sans les saluer, sans sourire, sans rien faire d’autre que partir en marchant à l’envers. L’enfant protège et chérit cette image autant qu’elle le meurtrit. Elle est un mal qui lui fait du bien. Il éprouve le sentiment que jamais rien d’autre ne lui appartiendra autant que ce souvenir. La dernière fois qu’il a vu son père. »
…/…
« C’est au cours de ses observations patientes que l’enfant a découvert que les arbres parlent entre eux, mais aussi avec les insectes et les étoiles. La poussière et le vent. La tourbe. Tout parle avec tout et lui, l’enfant, fait partie de ce tout. »

 

 

Éric Cherrière est réalisateur, scénariste et écrivain. Il est l’auteur de Je ne vous aime pas (Le Cherche Midi, 2010, prix du Polar de la prison de la Santé). Il a également écrit et réalisé deux longs-métrages, Cruel, Grand prix du polar de Cognac 2016, et Ni dieux ni maîtres en 2019.

Émotion, Drame

Le jour où

Bandeau_Amélie

Le jour où
Amelie Antoine
Broché – 3 septembre 2020
Éditeur : XO Éditions

Printemps 2019, un cimetière parisien.
Rebecca a pris l’habitude de venir fleurir des tombes à l’abandon.
Benjamin, lui, vient assister à l’enterrement d’un inconnu.
Quand le hasard les met sur la route l’un de l’autre, le rapprochement se fait avec douceur et prudence, chacun prisonnier de sa propre souffrance.
Les secrets du passé sont parfois lourds à dévoiler, et ceux de Rebecca font osciller Benjamin entre amour fou et inquiétude sourde.
Et comment séduire une femme alors que l’on porte en soi une lourde culpabilité ?

Ces deux écorchés vifs vont pourtant apprendre à s’apprivoiser, à baisser les armes, laissant de côté l’ombre pour la lumière…

Un roman bouleversant, une plume hypnotisante

2020_072_Antoine Amélie - Le jour où.jpg

Bonjour à toutes et à tous.

“Le jour où” est un roman à la fois triste et tendre, une histoire de peines, d’amours, de déceptions et d’espoirs…
Un roman qui aborde un sujet douloureux… Une histoire de la vie !

Quelle superbe lecture !
Amélie Antoine par sa plume, avec énormément de sensibilité, m’a mené dans les profondeurs de l’âme humaine. Sa délicatesse m’a touchée directement au cœur. Un roman que je n’ai pas pu lâcher, j’ai eu l’impression de le vivre… il y a certains romans qui me font cela. Ils me touchent au plus profond de mon être… Mais, celui-ci a en plus, la particularité d’avoir certaines résonances par rapport à mon propre vécu.

Je voudrais tellement pouvoir vous en dire plus, afin que vous alliez très vite chez votre libraire…

Comment vous amener à Amélie ?

Vous dire que je suis complètement bouleversé par cette histoire.
Qu’il m’a fallu pour la première fois, quelques jours avant d’écrire mon “Ressenti” !
Que c’est encore tout ému par son récit que je vous livre ces quelques mots.
De la même façon, je n’ai pu enchaîner aucune lecture depuis, comme j’ai pourtant l’habitude de le faire…
Alors, j’ai relu, et “re-relu“, comme ça, au hasard plusieurs chapitres !
J’en ai eu besoin. Le besoin de rester encore quelques heures avec Benjamin, avec Rebecca !

56 chapitres envoutants qui commencent et finissent le 7 mars, jours de mon anniversaire…

L’écriture bienveillante d’Amélie donne un réalisme tellement troublant à son récit que je me le suis complètement approprié. J’étais à la fois Benjamin et Rebecca. Deux écorchés de l’existence, deux êtres en souffrance qui ne s’imaginent pas pouvoir renaître de leurs cendres. Plusieurs fois les larmes me sont montées aux yeux.

Amélie alterne son récit entre le passé et le présent, chaque chapitre est rythmé autour d’un “le jour où” ou d’un “le jour d’après”.
Mais “le jour où” quoi ?
Et “le jour d’après” quoi ?

Le vécu de Benjamin est dur, très dur à accepter, et la culpabilité va très vite l’empêcher de vivre sa vie, son quotidien.
Rebecca, elle, a vécu et vit l’innommable, le pire que l’on puisse imaginer… Ils se rencontreront dans un lieu inattendu et pourtant très significatif, un cimetière parisien. Dans ce contexte très sombre et moralement éprouvant, ces deux êtres ayant perdu “leur vie” vont se porter l’un l’autre, afin d’essayer de revenir parmi “les vivants”.

Une lecture saisissante…
Ce livre ne pourra que vous toucher, car malgré tout ce que vivront nos héros, il y a toujours une petite lueur au bout, tout au bout du tunnel, à laquelle s’accrocher…

Je ne peux que vous recommander vivement, ce magnifique roman !

Gros, gros coup de cœur…
(et ce, malgré le fait que Louis disparaisse soudainement du roman…)

Un Grand Merci Amélie…

÷÷÷÷÷÷÷

Extraits :

« On devrait toujours faire les choses au moment où l’on a envie de les faire, sans tergiverser, sans vouloir être raisonnable, sans remettre à plus tard. Parce qu’on ne sait jamais s’il y aura un « plus tard », en réalité. Et il suffit d’un minuscule grain de sable pour que le « plus tard » se transforme en « trop tard », pour que l’espoir se métamorphose en regrets. La pire erreur que l’on puisse faire, dans la vie, c’est d’être raisonnable. De temporiser, de douter, d’attendre. Au lieu de se contenter de vivre. »

…/…

« Depuis l’accident, Benjamin se reconnaît de moins en moins. C’est comme si tout le terrorisait. Jour après jour, il a l’étrange sentiment que son espace se réduit comme peau de chagrin : il ne se sent à peu près bien que chez lui, comme si son appartement était le seul endroit où il soit à l’abri. À l’abri de quoi ? Il ne saurait pas vraiment le dire. D’une énième crise d’angoisse, sans doute. Chaque fois qu’il doit sortir, pour aller faire quelques courses par exemple, il a cette sensation de poids qui lui comprime la cage thoracique, qui lui noue l’estomac. Cette impression qu’un danger est imminent, qu’une catastrophe va se produire, là, juste devant ses yeux, et qui ne pourra rien faire pour l’éviter. »

 

 

Amélie Antoine est née en 1984, ce qui en fait encore d’elle, d’après son éditeur, une « jeune trentenaire ». Elle vit à Lille avec sa famille.

Après un récit autobiographique, Combien de temps, publié en 2011, elle se lance dans la fiction et publie en mars 2015 son premier roman Fidèle au poste. Ce texte connaît très vite un vif succès, et parvient à séduire plus de 25 000 lecteurs en autoédition, avant d’être repéré par les éditions Michel Lafon et de sortir en librairie en mars 2016, puis dans les pays anglophones en août 2016. Depuis, ce sont plus de 250 000 lecteurs qui ont été conquis par ce thriller psychologique ! Une adaptation au cinéma est en cours de réalisation.

Son deuxième roman, Au nom de quoi, sort en 2016. Par obligation éditoriale, il est dans un premier temps publié sous le pseudonyme de Dorian Meune. Ce texte revient, par le biais de la fiction, sur la soirée du 13 novembre 2015 au Bataclan.

Sorti en 2017 en librairie, son troisième roman, Quand on n’a que l’humour…, retrace la carrière d’un humoriste au sommet de la gloire, un homme brisé qui cherche à tout prix à renouer avec son fils duquel il s’est éloigné au fil des années.

En novembre 2017, c’est un projet atypique de deux romans noirs qu’elle publie avec Solène Bakowski : Avec elle / Sans elle.

“Raisons obscures” (2019) est son sixième roman, il est publié chez XO éditions.

son site : http://www.amelie-antoine.com
page Facebook : https://www.facebook.com/AmelieAtn/

Émotion, Noir

Mamie Luger

Benoît Philippon (Auteur)
Broché – 9 mai 2018
Éditeur : Les Arènes

Six heures du matin, Berthe, cent deux ans, canarde l’escouade de flics qui a pris d’assaut sa chaumière auvergnate. Huit heures, l’inspecteur Ventura entame la garde à vue la plus ahurissante de sa carrière. La grand-mère au Luger passe aux aveux et le récit de sa vie est un feu d’artifice. Il y est question de meurtriers en cavale, de veuve noire et de nazi enterré dans sa cave. Alors aveux, confession ou règlement de comptes ? Ventura ne sait pas à quel jeu de dupes joue la vieille édentée mais il sent qu’il va falloir creuser. Et pas qu’un peu.

 

2020_036_Philippon Benoit - Mamie Luger.jpg

 

Bonjour à toutes et à tous…

Une fois n’est pas coutume, mais pour la première fois ce n’est pas vous qui avez eu la primeur de “Mon Ressenti” !
En effet, dès la fin de ma lecture, encore baigné de l’émotion que j’avais en moi, j’ai tout de suite contacté Benoît Philippon.

“Bonjour Benoît,
On peut dire que tu m’auras bien eu !!!

Hier soir, après une longue série de lectures fortes en émotions, je me suis dit qu’il était temps de « passer » à Mamie Luger, pour m’aérer un peu la tête !
Et, dès la première page mon premier sourire est arrivé, très vite rejoint par beaucoup d’autres et même certains éclats de rire, carrément !!!
Mais, ce que je n’ai pas tout de suite senti venir, ce sont les émotions, qui petit à petit, m’ont imprégné, puis étouffé me tirant des larmes des yeux…
Quel bonheur de lecture.

Un roman qui se voulait « léger », mais très poignant finalement…
Je voulais juste te dire merci.
Merci pour ces quelques heures passées avec Berthe (le prénom de ma grand-mère !), sacré personnage qui va me manquer !

Que vivent encore longtemps les livres comme le tien !

Je t’embrasse.
Prends bien soin de toi et des tiens…”

Alors oui, j’ai ri et j’ai pleuré.
Oui, j’ai adoré cette grand-mère hors du commun. Son franc parler, son coté direct du haut de ses 102 ans…
Cette histoire m’a pris aux tripes, et les a retournées.

Berthe a vécu toute sa vie à la recherche de l’amour.
Et un jour elle l’a trouvé…
De son premier mari, qu’elle choisi malgré les conseils de Nana, sa grand-mère, en passant par l’indicible et l’innommable, Berthe profite d’une garde à vue pour nous confier tout son vécu.

Sommes-nous ici vraiment dans un Policier ?
Je ne sais pas, mais qu’importe…
C’est un roman qui relate de thèmes graves de la vie, avec humour, mais pas que, “tout simplement” !

C’est très beau. Je recommande vivement !

÷÷÷÷÷÷÷

Extraits :

« Merde, que ce garçon était laid, se disait Berthe en préparant la soupe, mais qu’est ce qu’il dégageait ! On aurait dit un Minotaure. Elle épluchait les carottes, aidée par la jolie jeune fille au sourire en forme de soleil. Ces deux mignons déversaient des torrents d’amour, elle devait s’accrocher à sa cuisinière pour ne pas être emportée. L’énergie qui liait ses deux là, Berthe l’avait bien connue. Dans le temps. Les observer s’échanger des œillades au milieu de sa cuisine lui a rappelé ce qu’elle avait perdu, mais elle était heureuse pour eux. Ils avaient la chance de vivre un amour mythologique. Elle avait vécu le sien, elle goûtait le leur, même pour un soir, et cette sensation lui faisait du bien. »

« – Berthe ?
– Oui ?
– Vous venez d’avouer un meurtre, là.
– Et ?
– Et c’était pas un nazi, celui-là.
– Donc ?
– Eh bien, c’est grave.
– Pourquoi ?
– C’est hors-la-loi, Berthe. Encore la loi.
Ventura brandit l’étendard de l’évidence avec une indéfectibilité remarquable.

– Oh, c’est bon, y a prescription, non ?
Le boomerang du droit pénal, revient en pleine gueule de l’inspecteur.
– Dans ce cas précis, effectivement. Seulement je vous rappelle que vous avez tiré sur votre voisin ce matin, en plus de mes troupes. Même s’il est encore vivant celui-là, les magistrats pourraient qualifier votre comportement de dangereux pour la société… »

 

 

Né en 1976, Benoît Philippon grandit en Côte d’Ivoire, aux Antilles, puis entre la France et le Canada. Il devient scénariste puis réalisateur pour le cinéma. Après Cabossé publié dans la Série Noire, Mamie Luger est son deuxième roman noir, suivi de Les Arènes en 2020.