Histoire vraie, Témoignage

La Lionne du barreau

de Clarisse Serre
Broché – 15 septembre 2022
Éditions : Sonatine

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“Je suis une femme, je fais du pénal, j’exerce dans le 9-3, et alors ?”

Dans les couloirs des tribunaux, on la surnomme “la lionne”. Clarisse Serre détonne à tous les niveaux parmi les avocats pénalistes. Quand ses confrères ont adopté le confort d’un cabinet parisien, elle préfère s’installer à Bobigny. Quand elle embrasse sa carrière dans le pénal, c’est pour défendre des délinquants violents ou des figures du grand banditisme. Comment une femme peut‑elle trouver sa place dans cet univers brutal ? À force de ténacité, répond l’intéressée. Qu’elle évoque les affaires qu’elle a plaidées, sa vision du système judiciaire, ses doutes, ses combats, ou encore le féminisme, Clarisse Serre bouscule par son goût de la controverse et son franc-parler. Frondeuse, intrépide et incisive… Il existait des ténors du barreau – une diva est née !

Classée parmi les trente avocats les plus puissants de France par le magazine GQ, Clarisse Serre a su gagner le respect de ses confrères comme de ses clients, qu’ils soient petits délinquants ou criminels endurcis. Un rapport au réel brut et sans fard, qui n’est pas passé inaperçu puisqu’elle a été consultante pour la série phénomène de Canal Plus Engrenages.

 

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Je me suis toujours demandé comment un avocat faisait pour plaider la cause de certaines personnes que l’on sent vite coupable ?

Clarisse Serre est avocate pénaliste, avec ce livre, elle nous permet une immersion dans son “univers”. J’ai dévoré ce livre, et petit à petit, j’ai compris…
Avocat n’est pas un métier. Plus qu’une passion, c’est une véritable vocation comme elle l’explique très bien dans son ouvrage. Elle est avocate dès son réveil jusqu’à ce qu’elle se couche et parfois plus encore… Elle vit avocate sans jamais compter ses heures !

L’auteure m’a complètement entraînée avec elle, sans sa recherche de la vérité. Elle nous ouvre son cœur en nous montrant une réalité pas si simple, qu’elle exerce avec un dévouement incroyable. Elle nous raconte avec des mots très simples, au travers de diverses anecdotes, son quotidien, une vie très différente de ce que l’on peut voir dans les films, très différente de ce que je pensais. Un autre regard sur son univers…

Clarisse est une femme qui n’a pas peur du changement. Elle a su s’imposer grâce à son tempérament.
Il faut beaucoup d’humanité pour défendre régulièrement l’indéfendable, oublier ses préjugés, certaines failles du système, mais comme elle le dit si bien, “Défendre est une belle cause”.
Et lors de cette lecture, franche et directe, je me suis bien rendu compte de toutes les barrières, des difficultés qui régulièrement se retrouvent face à elle… une femme qui a dû se battre pour se faire une place, dans ce milieu encore très masculin.

Un livre encore une fois très différents de mes habitude de lecture. Un livre que je recommande, qui a agrandit mon horizon.

Je me suis rendu compte, le long de ma lecture, que nous avions un point commun !
L’amour des mots, et elle les maîtrise parfaitement… Ce livre qui se lit tel un roman tant l’écriture est agréable.

Clarisse, bravo et merci.
Merci pour ce partage. Merci de nous avoir ouvert votre cœur…
Je suis très admiratif de votre travail et du chemin parcouru.
Vous êtes… inspirante !

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Extraits :

« Je ne suis pas fille d’avocate ni d’avocat.
Je ne fais partie d’aucun réseau.
Je n’ai remporté aucun concours d’éloquence. J’ai même échoué au troisième tour du concours de la Conférence du stage des avocats du barreau de Paris.
Après dix-huit ans de métier, j’ai décidé de quitter Paris pour m’installer à Bobigny.
Je plaide en correctionnelle, aux assises, et partout en France.
Je veux parler ici de mon expérience et je veux qu’on s’intéresse aussi aux avocats de banlieue et de province. Il n’y a pas que Paris. Partout, j’ai rencontré des avocates de talent : Florence Vincent, Cherifa Benmouffok, Maud Secheresse, Samira Boudiba… Je veux parler de ces femmes, car trop souvent encore on parle de « ténor », alors que de très nombreuses avocates leur font de l’ombre. »

« De la robe noire, au sang des dossiers : c’est l’univers que je côtoie depuis maintenant plus de vingt-cinq ans.
Les assassinats, les meurtres, les viols, les trafics en tout genre, les vols, les extorsions, les escroqueries : voilà mon quotidien.
Je me voyais avocate de la veuve et de l’orphelin, je me suis retrouvé avocate de la défense. »

« Avocat, ce n’est pas un métier. Pour moi, c’est une vocation. Aussi prenante qu’un amant ou qu’une maîtresse. Je passe moins de temps avec ma famille qu’à courir les tribunaux, les cours, les prisons. »

« On ne devient pas un bon avocat du jour au lendemain. C’est un métier qui s’apprend. Aujourd’hui, de plus en plus de jeunes surdiplômés sont bardés de mille formations. Sauf que ça ne suffit pas… Cet apprentissage implique aussi des audiences, des passages en correctionnelle est en Cours d’assises. Et surtout, selon moi, la fréquentation d’avocats de grande qualité. Il ne s’agit pas de flatter qui que ce soit – on reste entre professionnels –, mais s’inspirer. C’est essentiel. »

 

Clarisse Serre est avocate depuis 1995 et s’est formée auprès des plus grands : Paul Lombard, Jacqueline Laffont ou encore Pierre Haïk, qui lui a d’ailleurs remis les insignes de l’Ordre national du mérite en 2014. Depuis 2013, elle travaille à son compte dans son cabinet de Bobigny et plaide au barreau de la Seine-Saint-Denis.

Elle est également conseillère technique pour la série Engrenages diffusée sur Canal +, qui met en scène le quotidien du Palais de justice de Paris et cherche à donner un aperçu le plus réaliste possible de la justice française. Clarisse Serre aime lire des écrits de femmes, ou qui parlent des femmes. Elle mentionne ainsi Amélie Nothomb, Georges Sand, Frida Kahlo, Peggy Guggenheim ou encore Calamity Jane.

Noir, Polar, Thriller

Idol

de Thierry Berlanda
Broché – 24 mars 2022
Édition : M Plus

 

À la sortie de son concert au Zénith de Paris, Pete Locust embarque une prostituée cubaine. La vie flamboyante de la Rockstar va alors dérailler… Sauvagement agressé dans l’appartement loué par son agent, Locust devra compter sur Dodeman, lieutenant de police lancé sur la piste d’un improbable suspect.

Dans ce thriller particulièrement sauvage, les chapitres défilent au rythme rapide d’une enquête déroutante, parmi les monstres qui peuplent les enfers de Locust et jettent une lumière aveuglante sur l’aspect le plus troublant de la nature humaine.

 

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La particularité des romans de Thierry Berlanda est d’aller systématiquement, là où on ne l’attend pas, et pour “Idol”, il ne déroge pas à sa règle…

Amoureux de Polar, de flics borderlines, de VRAI suspense et surtout de Rock’n’roll, le tout porté par des dialogues croustillants et des textes ciselés au couteau, ce roman est définitivement fait pour vous !
Attention, ça va vous déboucher les oreilles…

Dans ce récit archi rythmé, la musique et l’intrigue se mélangent continuellement, impossible pour moi, de ne pas rechercher les morceaux cités par l’auteur, et de ne pas les écouter à “donf” !
Rarement, je n’avais ressenti ce besoin d’une telle manière. Thierry est très fort à ce jeu-là !
L’histoire n’a rien de linéaire. J’ai suivi, comme Dodeman, cette enquête à plusieurs niveaux et ce n’était pas pour me déplaire. En effet, j’avais cru, honte à moi, dès le début du récit, que le coupable avait été trouvé, bien trop vite à mon goût.
Que nenni !
Soudain, Thierry tire de nouvelles ficelles et “boom-Patatra”, retour à la case départ… Je reste sur le cul. Trop fort l’auteur !

En sortant de son concert, joué à guichets fermés au Zénith de Paris, la “rock star” américaine Pete Locust, mondialement connue, a été retrouvée assassinée en compagnie d’une prostituée cubaine qui lui tient la main. C’est un coup de poignard dans le cœur pour des millions de fans inconditionnels.
Fan, lui-même de la rock star, Dodeman va se retrouver piégé dans une enquête qui va le hanter, tant qu’elle ne répondra pas à toutes les questions qu’il se pose… Mais impossible pour lui d’anticiper sur quoi que ce soit. Toutes les ouvertures éventuelles, se ferment au fur et à mesure de son avancement. Envie de me ronger les ongles !!!
Et… “Lorsque vous avez éliminé l’impossible, ce qui reste, si improbable soit-il, est nécessairement la vérité”, dixit, Arthur Conan Doyle.

Alors, oui, Dodeman est un peu un stéréotype de flic. Paumé, largué par sa femme, il ne voit que rarement sa fille, sa vie ne tient que par son travail et qui se “lève” seul contre tous, mais j’avoue avoir été touché… J’adore ce mec !

Musique, violence, rythme particulièrement soutenu, personnages troublants (mais attachants), tout est intimement lié dans ce récit gigogne que j’ai dévoré en quelques heures, il vous fera tourner la tête dans tous les sens, avant que vous ne puissiez reposer les pieds sur terre… Non pas les enfants !
Alors, les amis n’hésitez pas, venez lever le voile sur ce mystère musical… Et plus encore…

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Extraits :

« Dès que l’info avait fuité, le trafic SMS avait atteint un pic à mi-hauteur entre l’élection d’un pape et la mort de Lou Reed. Pete Locust débarquait à Paris pour la première fois depuis trente ans ! La légion de ses fans dispersés n’avait pas attendu le signal des rabatteurs d’Instagram pour jaillir de l’anonymat où elles barbotaient depuis trop longtemps. Le Locust arrivait ; il leur fallait illico savoir quand, pour combien de temps, et dans quelle salle il allait jeter ses éclairs. Vite submergé, le dispositif commercial des soi-disant sorciers du média planning n’avait pas tenu une journée sous la mitraille de ce genre de tweets capables de pourrir en quelques heures la réputation d’un label. Du coup, l’ouverture de la vente des billets avait été avancée, et tout le stock vendu dans la seconde après le clap. »

« Mercredi, 2h00 du matin.
La deuxième nuit de Tiago dans sa cellule est aussi la millième sans sommeil pour Dodeman. Les poignets croisés sous la nuque, son regard glisse sur les zébrures projetées au plafond par des phares à travers des volets gangrenés. Il y devine Manon, penchée sur ses camions de chantier, qui lève de temps en temps le nez pour lui sourire. Mais plus comme avant. Depuis quelques semaines, l’ingénuité s’est muée en une sorte d’indulgence cruelle. »

« 11h00.
Le panneau « Comparution en cours » à dissuadé Magloire de frapper à la porte de Deshayes. Elle s’assoit sur une chaise du couloir, et commence à faire ce qu’elle pratique avec art depuis l’enfance : attendre. Vingt minutes plus tard, Myriam Lombard apparaît sur le seuil. Pour la surprendre, il aurait fallu que l’avocate ait troqué son tailleur duveteux contre une combinaison d’homme grenouille :
– Bonjour maître.
– Puis-je voir Madame le juge entre deux, s’il vous plaît ?
– J’espère que ce sera possible. Je lui demande.
La greffière s’efface pour laisser sortir une panthère aux griffes bleues et son avocat, et elle se penche dans l’entrebâillure de la porte :
– Maître Magloire souhaiterait vous voir quelques instants. »

« Holly est morte avec sa main dans la tienne, Pete. Dans les dernières minutes de sa vie, cette fille t’a aimé comme elle n’avait jamais aimé personne. Pourquoi ? Qu’est-ce que tu lui avais donné ? Qu’est-ce qui s’est passé, cette nuit-là ? Qu’est-ce que le démon qui vous a tué a absolument voulu faire cesser ? Est-ce que c’était trop beau ? Il n’a pas pu le supporter, c’est ça ? Mais qu’est-ce qui a été si beau entre cette fille et toi ? »

 

Thierry Berlanda est l’auteur de vingt romans.

Après Naija (2017) et Jurong Island (2018), Cerro Rico (juin 2019), il clôt sa trilogie de techno-thrillers (Éditions du Rocher).
Ses autres romans récents sont L’Affaire Creutzwald (2018), un roman noir, et L’Orme aux Loups (2017), un suspense médiéval, parus aux Éditions De Borée. L’Insigne du Boiteux, un thriller pur jus, est ressorti en poche chez le même éditeur en 2019. Pour septembre 2020 sont annoncés la version poche de L’Affaire Creutzwald et un nouveau thriller en grand format, DÉVIATION NORD, dans la collection Marge Noire des Éditions De Borée.

Émotion, Drame, Suspense

Article 353 du code pénal

de Tanguy Viel
Poche – mars 2017
Éditeur : Les Éditions de Minuit

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Pour avoir jeté à la mer le promoteur immobilier Antoine Lazenec, Martial Kermeur vient d’être arrêté par la police. Au juge devant lequel il a été déféré, il retrace le cours des événements qui l’ont mené là : son divorce, la garde de son fils Erwan, son licenciement et puis surtout, les miroitants projets de Lazenec. Il faut dire que la tentation est grande d’investir toute sa prime de licenciement dans un bel appartement avec vue sur la mer.
Encore faut-il qu’il soit construit.

 

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Je suis encore sous le choc !
Que d’émotions face à ce magnifique plaidoyer. Martial Kermeur ouvrier de l’arsenal de Brest, sans emploi, se trouve face à un juge suite à une affaire de meurtre.

C’est un huit-clos magistral entre deux hommes que tout sépare que nous propose Tanguy Viel, que je découvre avec ce petit bijou !
Dès les premières lignes, j’ai été saisi par le mode d’expression puissant de Martial. Il se souvient, il raconte avec ses mots, simples… parfois, d’une pénétrante humanité… souvent, et analyse l’histoire, son histoire où il voit progressivement se développer la vérité inéluctable. À aucun moment, il ne cherchera à se dérober. C’est un homme las et défait qui se trouve face à son juge. Floué, sali, ruiné, abandonné par sa femme et accablé par l’immonde manipulation immobilière qu’il a subie, il a tout perdu.

Son récit ou plutôt sa confession va droit au cœur du juge comme elle est allée droit au mien.
Tanguy Viel sort des sentiers battus de la narration, il épouse les méandres de la pensée de Martial qui peu à peu va emmener le juge à partager son univers, ses pensées, et pourquoi pas, ses convictions.

Le juge est silencieux, il écoute, il enregistre. Il n’intervient que rarement et seulement à des moments stratégiques. La tension grandissante est palpable à travers l’écriture, jusqu’au moment de vérité. Un moment solennel entre les deux hommes face à face…

Une histoire magnifique et troublante, une réflexion, sur le mal perpétré par l’homme…
Comment aurai-je réagi à sa place, face à un juge qui détiendrait mon futur entre ses mains ?

Un livre qui touche à la question fondamentale de la justice…
Bravo Tanguy Viel pour ce récit prenant et merci Blandine pour cette excellente découverte !
Encore un auteur à suivre sans aucune hésitation…

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Extraits :

« Sur aucune mer du monde, même aussi près d’une côte, un homme n’aime se retrouver dans l’eau tout habillé – la surprise c’est la surprise que c’est pour le corps de changer subitement d’élément, quand l’instant d’avant le même homme aussi bien bavardait sur le banc d’un bateau, à préparer ses lignes sur le balcon arrière, et puis l’instant d’après, voilà, un autre monde, des litres d’eau salée, le froid qui engourdit et jusqu’au poids des vêtements qui empêche de nager. »

« Vous auriez dû voir ça, quand il a soulevé le drap rouge et qu’on s’est tous approchés : là, dans un rectangle de verre d’au moins de deux mètres sur trois, éclairé du dessus par deux spots verticaux, il y avait toute la presqu’île posée là, en modèle réduit, les champs et les roches, les fermes et les maisons, l’église et la place du village. »

« Ce ne sont pas des choses que je vous aurais dites comme ça autrefois, mais j’ai eu le temps de réfléchir ces derniers temps, j’ai eu le temps de regarder les griffures du miroir au-dessus de la cheminée et méditer la couleur de chaque heure, j’ai eu le temps de comprendre, oui, que j’étais comme une terre de bruyère à la meilleure saison, que tout aurait pris et éclos et fleuri en moi comme en un festival des jardins, au point que Lazenec et moi, eh bien, je crois qu’on a pour ainsi dire sympathisé. »

« C’est une drôle d’affaire, la pensée, n’est-ce pas ? Ce n’est pas qu’il y ait long en distance du cerveau vers les lèvres mais quelques fois quand même ça peut vous paraître des kilomètres, que le trajet pour une phrase, ce serait comme traverser un territoire en guerre avec un sac de cailloux sur l’épaule, au point qu’à un moment la pensée pourtant ferme et solide et ruminée cent fois, elle préfère se retrancher comme derrière des sacs de sable. En-tout-cas ce que je veux dire, c’est que dans les jours qui ont suivi, au lieu de dire clairement « non » comme ça se passait au fond de moi, au lieu de me laisser raccompagner à ma place de gardien avec le regard amical sur moi-même que je portais dans mon cœur, au lieu de ça, avec la voix d’un fantôme qui s’entend lui-même, j’ai pris le téléphone un soir et j’ai dit « Lazenec ? », et j’ai dit « pourquoi pas ? », j’ai dit « je signe quand ? »

 

 

Après une enfance en Bretagne, Tanguy Viel vit successivement à Bourges, Tours puis Nantes avant de venir s’installer près d’Orléans.

Publié dès son premier ouvrage par les éditions de Minuit, il a reçu le prix Fénéon et le prix littéraire de la vocation pour son roman L’Absolue Perfection du crime, le Grand prix RTL-Lire et le Prix François-Mauriac de la région Aquitaine pour Article 353 du Code pénal.

Il est réputé pour une mise en place d’intrigues complexes, une réflexion sur quelques thèmes récurrents (les liens familiaux, les duperies, les inégalités de classes et les difficultés à prendre l’ascenseur social), et un travail formel. Il s’inscrit dans la tradition des éditions de Minuit, c’est-à-dire selon un modèle de distanciation. Ses romans sont fondés sur beaucoup de romanesque et font même usage du suspense. Bien qu’il ne le revendique pas lui-même, L’Absolue Perfection du crime, Insoupçonnable, Paris-Brest et Article 353 du Code pénal sont généralement considérés comme des romans policiers en raison d’éléments récurrents : des personnages de gangsters ou d’escrocs, des crimes soigneusement préparés, l’intervention de procès ou de grosses sommes d’argent.

Les stéréotypes sont cependant retravaillés et parfois mis en évidence par une forme de réflexivité. La Disparition de Jim Sullivan en est le meilleur exemple. Le lecteur est souvent invité à participer, « le narrateur n’a pas d’avance sur lui du point de vue de l’intrigue ». L’écriture est l’objet d’une enquête : c’est au lecteur de reconstruire le puzzle en désordre du protagoniste.

Tanguy Viel emprunte également au cinéma, mais cela est surtout notable dans son style : les effets de montage, l’usage de l’ellipse, la mise en place de scènes fortes et la variation des points de vue.

Son style se caractérise par sa précision et son économie. Ses phrases sont jugées longues et saccadées au service d’un style très dynamique. La notion de « musique » est également importante pour lui.

Émotion

Krokodil

de Laloy-Gyronnase
Broché – 12 novembre 2021
Éditeur : Librinova

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Policier à Bouches-Ville, Poli Gyronnase s’efforce, jour après jour, d’accomplir sa difficile mission de flic. Mais ce qui était une vocation n’est pas loin de devenir un calvaire pour cet homme idéaliste, désabusé face aux absurdités et aux manquements répétés de ses deux hiérarchies : la police et la justice. Pourtant, pas question de s’épancher dans ce milieu « dur… mais injuste » ni de confier ses tourments à son épouse Ornella, qu’il veut protéger à tout prix. Alors, plongé dans son « Ifaune », il se réfugie dans l’écriture, rêvant de rejoindre un jour les auteurs qu’il croise sur le Net. Sa rencontre virtuelle, aussi instantanée qu’addictive avec l’étrange et obsédante Yola Lorennz, va remettre en cause toute sa vie… De tragédies en révélations époustouflantes, sa descente aux enfers fera de lui un autre homme. Rozenn Laloy, la plus espiègle des romancières bretonnes, Poli Gyronnase, le plus fantasque des policiers marseillais… Ils n’avaient rien en commun… rien, sauf l’écriture à contrepied, au service d’un même regard lucide sur la comédie humaine. Leurs plumes entremêlées livrent ici un roman-témoignage poignant, dérangeant, déjanté qui laisse knock-out. Quand la fiction se perd dans le réel, quand le réel se crée dans la fiction… le monde se transforme à l’infini.

 

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Je viens de terminer “Krokodil” et je ne sais toujours pas si je dois en rire ou en pleurer…

J’ai découvert Poly Gyronnase avec “Le monde des fous est infinis”, dont j’avais apprécié la plume… Dans ce préquel à son premier roman, deux mains viennent s’ajouter au récit, celles de Rozenn Laloy, donnant un rythme très fluide au récit, car vous l’aurez compris, le style de Rozenn est très différent de celui de Poli, elle amène un côté très sensuel, voire érotique parfois. Quelle belle idée d’avoir mélangé deux styles pourtant si complémentaires !

Fiction ou réalité ?
Mi-réalité ou mi-fiction ?
Qu’importe.
Les deux auteurs se donnent à fond pour nous transmettre “leurs” réalités, “leurs” envies de transmettre, le bon comme le pire pour exsuder les horreurs vécues ou rencontrées, écrire pour moins souffrir, oui, peut-être…

J’ai appréhendé cette histoire, plus comme un témoignage qu’il leur fallait nous transmettre, plus qu’un roman et j’ai “vécu” ce récit passant du rire à la tristesse, en lisant des valeurs que je comprends et que je soutiens. Une histoire lumineuse et sombre à la fois, très différente de mes lectures habituelles. Cette lecture m’a aussi rassuré sur de nombreux points, et aussi… Poli, Rozenn, malgré ce que l’on cherche à nous faire croire, nous sommes nombreux comme vous !

Poli est un “flic” marseillais depuis plusieurs années, les dérives et les différentes aberrations du Système le mettent hors de lui. Il était entré dans la police, pour sauver la veuve et l’orphelin, combattre le mal et arrêter des malfaisants, et il se retrouve dans son quotidien à interroger des interpellés “en garde à vue” et à entasser de la paperasse, alors que, bien que coupables, ils repartent avec le sourire ! Il a fait une demande de mutation à la “Crime”, et pour son équilibre, en attendant, il a besoin d’écrire des histoires, pour ne pas se perdre… Un jour, il “rencontre” sur le Net Yola et très vite, ils vont correspondre très régulièrement. Qui est cette mystérieuse et sensuelle Yola, qui va petit à petit lui faire changer sa perception de la vie ?

Malgré des sujets durs et délicats, Rozenn et Poli n’hésitent pas à utiliser l’humour comme pour cacher toute cette noirceur, et c’est aussi avec beaucoup de sensibilité qu’ils traitent leurs sujets…

Alors malgré cette étonnante rencontre, oui, un flic écrivain et une spécialiste des romances, non seulement arrivent à bien s’entendre, mais surtout ont réussi à composer cette partition à quatre mains aussi innovante et surprenante que bluffante

Je recommande Krokodil, qui m’a fait passer un moment intense de lecture et de réflexion. Un grand merci aussi à Rozenn pour être entrée en contact avec moi…

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Extraits :

« Vole comme un papillon, pique comme une abeille… »

« Je ne raconte pas mes journées de travail à Ornella… Ou alors, j’édulcore mes propos, je lui en sers la version « Light ». Je la protège en lui cachant la réalité de mon métier, les horreurs que je suis amené à constater tous les jours.
Je ne lui ai jamais avoué non plus que, pour tenir le coup, j’écris régulièrement en cachette. Je ne veux pas qu’elle lise mes textes et qu’elle comprenne que mon métier me confronte sans relâche à l’absurdité de ce monde, un monde pourri, vicieux, dans lequel j’erre sans fin.
Je l’aime tant Ornella, je ne veux pas la décevoir. Je ne veux pas lui révéler mes doutes, mes peurs, mes failles. »

« Lorsque je suis entré dans la police, c’était pour sauver la veuve et l’orphelin, combattre le mal et arrêter des malfaisants. Je me suis vite rendu compte que les gouvernements utilisaient la police à leur guise. Ils font ce qu’ils veulent de nous. Cependant, je garde à l’esprit ce pour quoi j’ai intégré ce métier : lutter contre le mal. Alors, même si je sais que je suis utilisé, je fais avec. Je ne sers pas un système, je fais en sorte qu’il tienne, même s’il est bancal, parce que sans nous, les flics, ce serait le chaos ! »

« – Oser, Poli, oser ! Oser regarder la vérité en face, oser en tirer les conclusions évidentes, oser refuser de poursuivre ce jeu de dupes, où seul un petit nombre de nantis, une caste initiée, s’épanouit sans limite, quand tant d’autres peinent et souffrent sans espoir ! Se révolter contre cet ordre qui ne mène qu’au chaos ! Et dont tu es, toi et tes semblables, le serviteur aveugle… ou qui ne veut pas voir, n’est-ce pas ?
– Mais comment veux-tu qu’un petit flic de mon acabit puisse « oser » comme tu le dis et se révolter ? Nous n’avons même pas le droit de grève !
– Mon Dieu ! La belle affaire ! Depuis quand faut-il une autorisation pour se rebeller ? »

 

 

Rozenn LALOY a toujours eu beaucoup d’imagination et de style, au point que ses professeurs l’ont encouragée tout au long de ses études à livrer par écrit toutes ces histoires qui lui trottaient dans la tête.

Son premier roman « Marie et le Loup », une romance champêtre, a remporté le deuxième prix du concours « Romancière 2019 », organisé conjointement par les Editions Jean-Claude Lattès et la plateforme Librinova.

En 2020, elle publie « Le Chapeau d’Indiana », une romance contemporaine déclinée en deux tomes :

« Bleu et Chaud à la fois » et « A perdre la raison ».

Curieuse de découvrir de nouveaux registres d’écriture, elle travaille sur des projets très différents de ses premiers ouvrages.

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Poli GYRONNASE a 50 ans, il est marié et père de deux filles. C’est l’écriture qui l’a sauvé et permis de tenir le coup pendant 18 ans au sein de la Police Nationale. Ne soupçonnant plus aucun avenir dans cette ingrate profession, sa démission coulait de source. En se reconvertissant dans un univers plus feutré, celui de la banque assurance, il peut assurer l’avenir de ses enfants, en toute sérénité. En réalité, Poli apprécie son nouveau métier, mais il lui manque son côté fantasque. Ses écrits salvateurs ont réveillé en lui son sens de l’originalité et de l’abracadabrantesque. Il a pris goût à l’écriture au point d’en devenir addict. C’est au cours de cette nouvelle carrière de financier que Poli a tout compris.  » Il aurait voulu être un auteur, pour pouvoir inventer sa vie. Il aurait voulu être un artiste. »

Il se lance dans l’aventure de l’auto-publication avec la maison d’auto-édition Librinova, il accomplit un rêve en auto éditant son manuscrit « le monde des fous est infini ».

Le monde des fous est infini

 

Émotion, Drame

Pour l’amour de mon petit bout

de Thierry Essengue
Broché – janvier 2020
Éditeur : Copymédia

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Paõlo grandit à Bahia do Brazil, le berceau de ses ancêtres. Il est bercé par le son du carioca et par la culture multicolore de l’esprit et du corps, hérité de son père. Il est avide de liberté, de voyage à la recherche de belles rencontres et aussi d’amours passionnels. Au hasard d’une soirée, il rencontre la future femme de sa vie et quelques années après, il réalise son rêve, être père. Pourtant la vie va rapidement perturber ce rêve et son chemin deviendra un enfer.
Des années après, car la foi et l’abnégation qui ont animé son combat, ne l’ont jamais quittées, il retrouve son petit bout qui est devenu une jeune femme.
C’est alors un message d’amour chargé de tendresse, d’émotion et de poésie pour sa fille.

 

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Rarement dans mes lectures je n’ai autant haï…

Le récit se divise en trois parties.

C’est d’abord l’histoire d’un baroudeur…
Paõlo est un amoureux. Un amoureux des femmes, un amoureux des voyages, de liberté et d’Histoire aussi. Il est né et a grandit à Bahia, terre de ses ancêtres.
Il nous raconte son passé, sa famille, les liens avec son frère João tous les voyages qu’il a réalisé, son amour de Paris et de son architecture.

Puis c’est la rencontre avec Renelle…
Lors d’un dîner chez son frère qui lui présente Sophie, sa petite amie. Alors qu’il sortait d’une rupture, Paõlo va rencontrer celle qui sera la femme de sa vie !
Ils vont vivre alors trois années d’amour fou, de fusions et d’émotions…

Un jour, Paõlo parle à Renelle de son envie de devenir père, qui serait pour lui la consécration de leur couple…
Renelle ne se sent pas prête et lui demande un peu de temps. Régulièrement il va lui en parler jusqu’à ce que finalement elle accepte. Ensemble ils auront une petite fille, Hilda.
Très vite c’est toute leur vie qui bascule… Leurs rôles de parents n’est pas vécu de la même façon pour l’un et l’autre, à tel point que finalement ils se perdent. Quand Paõlo parle à Renelle de son désir de la quitter, elle lui annonce qu’il peut faire ce qu’il veut mais qu’il le paiera cher !

Commence alors une “guerre” que vous ne pourrez jamais imaginer. Jusqu’où peut aller la folie, la rancœur et la méchanceté. Bien sûr je me suis mis à la place de ce papa et j’ai souffert avec lui de le voir emporté dans un tourbillon de violence et d’injustice qu’il ne gère plus du tout. Toute sa vie est remise en cause.

Malgré la dureté du sujet, c’est un très beau roman. Le début fait rêver, il y a de très bons passages avec beaucoup d’émotions. L’écriture est fluide avec beaucoup de poésie. L’amour que porte le papa à sa fille malgré tout ce qu’il lui arrive est incroyable… malgré la colère et la rage qui bouillonne en lui. Il souffre de ne pas avoir vu son enfant depuis plusieurs années. Mais il est sûr qu’un jour elle lui reviendra.
Très beau moment de lecture !

Soyez indulgent pour les coquilles que vous trouverez par-ci, par-là…
Une nouvelle édition est prévue, elle sera revue et corrigée aux Éditions Sydney Laurent début septembre.
Il serait dommage de passer à coté de cette histoire déchirante et belle à la fois.

À noter aussi que c’est Thierry Essengue qui a dessiné le visuel de la première de couverture, ainsi qu’un visuel dans le roman !

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Extraits :

« Le jour du départ est arrivé, je suis dans la file d’embarquement mon regard se disperse comme s’il cherchait quelque chose de précis. Non, je suis déjà dans l’envoûtement du départ. Me voilà dans l’avion et après trois heures trente de vol, nous sommes à Taormina. Je m’installe à l’hôtel et je m’aperçois avec bonheur que de la fenêtre de ma chambre, j’ai une vue imprenable sur le sommet de l’Etna. Le soir même, j’assiste à un fabuleux coucher de soleil que je mitraille avec mon appareil photo acheté pour l’occasion. Mes yeux suivent lentement cette clarté multicolore qui se perd derrière la montagne. J’ai envie de retenir cette chute vertigineuse pour qu’elle dure longtemps car je me délecte de ce spectacle si simple et pourtant extraordinaire. »
…/…
« Voilà quatre mois que je n’arrive pas à te voir, alors que j’ai respecté les exigences de ta mère, j’ai payé la pension alimentaire mais chaque fois, elle trouve une excuse pour m’empêcher de te voir. Je tente depuis des mois de t’avoir au téléphone en vain. Chaque fois que j’appelle, personne ne décroche. Je me déplace et je sonne à l’interphone, personne ne répond, alors que les volets sont ouverts et qu’il y a de la lumière dans la cuisine qui donne sur la façade, je suis certain que vous êtes là… Après plusieurs tentatives infructueuses, je repars chaque fois chez moi, le moral en berne. Ce rituel devient hélas habituel pour moi. Alors que j’étais prévenu, j’ai du mal à l’accepter et il est difficile pour moi de le vivre. Alors, je subis encore et encore. »

 

Thierry et Essengue responsable technique de la gestion du patrimoine réalise là son deuxième roman. Après « un long chemin depuis la rivière des crevettes » qui vous avait plongé dans l’histoire du Cameroun. Le voilà qui vous transporte à travers chaque page tournée, vers le monde de la pure émotion chargé de poésie, de Bahia à Paris.

Émotion, Noir, Suspense

Femmes en colère

de Mathieu Menegaux
Broché – 3 mars 20210
Éditeur : Grasset

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Cour d’assises de Rennes, juin 2020, fin des débats : le président invite les jurés à se retirer pour rejoindre la salle des délibérations. Ils tiennent entre leurs mains le sort d’une femme, Mathilde Collignon. Elle est accusée d’un crime barbare, qu’elle a avoué, et pourtant c’est elle qui réclame justice. Dans cette affaire de vengeance, médiatisée à outrance, trois magistrats et six jurés populaires sont appelés à trancher : avoir été victime justifie-t-il de devenir bourreau ?
Neuf hommes et femmes en colère doivent choisir entre punition et pardon.
Au cœur des questions de société contemporaines, un suspense haletant porté par une écriture au scalpel.

 

2021_051_Menegaux Mathieu - Femmes en colère.jpg

 

C’est à chaque fois la même chose quand je lis un roman de Mathieu Ménégaux !
Impossible de le lâcher avant le mot fin. Alors, encore une fois je me suis fait avoir et je me suis retrouvé à veiller très tard…
Quel excellent page-turner !
J’avoue avoir terminé ma lecture “un peu” sonné, mais surtout bouleversé. Rarement je n’ai eu autant de facilité à me mettre dans la peau d’une femme, de comprendre sa colère et de vouloir me venger. Mathieu nous propose ici un roman vraiment efficace, et mon esprit n’a cessé depuis de me poser des questions sur le sujet.

Oui, j’ai haï les violeurs.
Oui, j’ai ressenti de la colère régulièrement au fur et à mesure de ma lecture.
Oui, j’ai été dégoûté suite à certaines réactions des jurés.

Mathilde Collignon a subit le pire, elle a été violé par deux hommes la même soirée, suite à un rendez-vous pris sur des réseaux sociaux…
Elle souffre, n’arrive pas à faire la paix avec elle-même. Alors quelques jours plus tard, elle décide alors de se venger.
Sa vengeance sera terrible !

“Femmes en colère” m’a entraîné dans les coulisses d’une Cour d’Assises.
Avec un jury, composé de trois magistrats et de six jurés, qui vie un véritable duel tous face à face.
En effet de femme violé, Mathilde est devenue la femme “barbare” qui doit être punie absolument, suite aux mutilations qu’elle a fait subir aux deux hommes qui ont abusé d’elle.
Elle a reconnu les faits, et a avoué s’être vengée. Malheureusement la justice ne reconnaitra pas le viol, faute de preuve. De plus Mathilde s’est rendue elle-même chez l’un de l’un des agresseurs !

Commence alors un jugement dont les délibérations vous nous mener très loin dans la réflexion.
Le ton de l’écriture est neutre et juste, et nous allons ainsi alterner entre les chapitres… Se sera tantôt le journal intime de Mathilde qu’elle écrit petit à petit en attendant le verdict, ou alors au sein même de la cour d’assise où nous assisterons au procès mais surtout aux délibérations, un domaine très peu connu. J’ai été captiver de suivre ainsi les arcanes du Code Pénal, les tenants et aboutissants qui mènent à une condamnation ou bien à un acquittement. Comment une majorité est acquise en fonction des questions posées.

Je me suis complètement laissé happer par le roman, et les délibérations m’ont régulièrement mis hors de moi…Comme Mathilde, j’attendais le verdict.
Peut-on se faire vengeance soi-même ?
Comment peut-on en arriver à une telle extrémité ?
Est-ce le résultat régulier d’inégalités de droits de la femme qui ne sont que rarement écoutées ?⁠

Qui de Mathilde ou de ses violeurs l’emportera ? Ce sera aux jurés de le déterminer !

Un très grand merci à l’auteur qui a su trouver les mots et qui est parvenu à trouver le bon équilibre entre la réflexion et l’émotion.
Je n’ai pas honte de dire qu’au dernier tiers, j’ai eu plusieurs fois les yeux qui piquaient.

Ce nouveau roman de Mathieu Menegaux ne déroge pas à la règle, il est aussi haletant et percutant que ses précédents.
Il est impressionnant et bien écrit. Il offre un suspense garanti, avec un final que je n’ai pas vu venir du tout !

Mathieu propose un très beau témoignage à toutes les femmes…
Coup de cœur, à lire absolument !

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Extraits :

« À présent je suis détruite. Je n’y arriverai pas. Je n’ai plus la force. La rage s’est éteinte en moi. Je savais que le combat était mal engagé, je ne suis pas idiote. Je n’attendais pas la couronne de lauriers ni les applaudissements de la foule. Il y a eu crime et je mérite un châtiment. Mais pas vingt ans. Pas ma vie. Pas une deuxième fois. Ils me l’ont prise, ma vie. Et eux ? Et mes agresseurs ? Ils jouent une parfaite partition. Ils ne jubilent pas, n’échangent pas un regard de connivence. Ils sont investis dans leur rôle de victime, avec un V. Victime de la barbare. Victime de celle qui mérite d’être condamnée à vingt ans de réclusion criminelle. Pourritures ! »
…/…
« Comme de bien entendu ! La démocratie, c’est bien commode dès lors que le petit peuple vote tout bien comme les élites lui on indiqué qu’il convenait, n’est-ce pas ? Mais si le résultat n’est pas dans la ligne, c’est que le peuple n’a pas compris, que le pouvoir n’a pas fait suffisamment de pédagogie et il convient pour les dominants de trouver d’urgence une entourloupe pour enfumer le peuple. Les femmes se rebellent, affirment qu’il ne s’agit ni de barbarie ni de vengeance mais bien de justice et toc, les hommes s’empressent de retirer le droit de vote aux femmes, c’est bien cela ? »

 

 

Mathieu Menegaux est né en 1967 à Paris.

Il travaille dans un cabinet de conseil en management. Passionné de littérature et de chanson, il a attendu d’avoir 45 ans avant d’enfin décider de passer plus de temps à écrire des phrases en français sur Word que des transparents en franglais sur PowerPoint.

Son premier roman, Je me suis tue, est paru en avril 2015 chez Grasset. Il a été récompensé aux Journées du Livre de Sablet, et a reçu 5 autres prix littéraires.

Un fils parfait, son deuxième roman, a été publié le 1° février 2017. Il a reçu le Prix Claude Chabrol du roman noir, et a été porté à l’écran sous le titre « Un homme parfait », diffusé sur France 2 en mars 2019.

« Est-ce ainsi que les hommes jugent ?« , son troisième roman, est sorti en mai 2018, et a reçu le prix Yourcenar. Il est en cours d’adaptation pour France 2, pour une diffusion en 2021

« Disparaître« , son quatrième roman a vu le jour en Janvier 2020, juste avant le Grand Confinement.

Son dernier roman, « Femmes en Colère » est sorti en mars 2021.

Émotion, Drame

Les petits bonheurs sont si grands…

de Murielle Toy
Broché – 17 novembre 2020
Éditeur : Max Milo

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C’est le combat rare d’une mère dans le milieu de l’armée pour que son fils victime d’un viol obtienne réparation. Elle combattra la justice pour qu’il y ait un procès. Murielle Toy s’accroche aux petits bonheurs simples de la vie pour ne pas s’effondrer ! Ce livre porte un message d’espoir, en particulier pour les familles, nombreuses à ne pas oser briser le mur du silence.

Une famille mène une vie ordinaire et paisible. Le père est gendarme, la mère alterne vie professionnelle et vie de femme au foyer. Leur quotidien va basculer dans l’horreur suite aux aveux de leur fils, victime de viol et d’abus sexuels au sein de la gendarmerie où ils ont vécu. Va suivre une succession d’obstacles afin de sauver Kévin du choc post-traumatique ignoré et négligé par nos institutions. Ils vont comprendre le sens de la solitude et du combat. Murielle la mère, mène un combat féroce pour maintenir Kévin dans une scolarité normale…
Cette mère mènera un combat contre l’armée et la justice, pour que le pédophile soit arrêté et qu’il y ait un procès. A cette douleur inqualifiable s’ajoutent la lenteur et le laxisme judiciaires qui dévastent davantage les victimes et leur famille. Kévin sera broyé par toute cette spirale judiciaire qui ravivera à chaque fois la violence de son traumatisme.

 

2021_047_Toy Murielle - Les petits bonheurs sont si grands_2

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Le gros inconvénient avec une PAL comme la mienne est de parfois “retrouver” et “redécouvrir” des livres que j’ai reçus il y a plusieurs années…
C’est le cas de celui-ci, qui m’a été offert et que j’avais de plus, prévu de lire dès sa réception !

Avant de vous livrer mon “Ressenti”, je voulais tout d’abord dire un très grand Merci à Murielle Toy.
Merci pour ce récit fort et bouleversant.
Merci pour les combats qu’elle a mené pour protéger son fils…
Merci pour ce partage émouvant qui je l’espère a été et sera “le pavé” qui fera bouger les choses, enfin !

Ce livre, je n’ai pas pu le lire d’un seul tenant.
Trop d’émotions dans chaque page… trop de peine, de larmes et trop de colère aussi…
Ce récit ma vraiment touché pour tout un tas de raison, et il m’a fallu prendre un peu de recul pour pouvoir écrire mon “Ressenti”.

Ce récit n’est pas une simple histoire.
C’est tout d’abord l’histoire vraie d’une mère qui un jour décide de faire TOUT ce qui sera en son pouvoir pour sauver son fils, la chair de sa chair, l’aider dans le drame qu’il a vécu et lui donner les moyens d’essayer de se reconstruire.
Elle affrontera la lenteur judiciaire et les injustices que subira son fils. Les petits bonheurs simples de la vie, eux, ne seront là uniquement que pour que sa famille ne s’effondre pas…

Ce livre, qui raconte toute l’horreur de la pédophilie, porte un message d’espoir pour toutes les familles qui aujourd’hui encore n’osent pas briser le silence !
Car malheureusement c’est encore pour beaucoup de personnes un sujet tabou. Les victimes se retrouvent régulièrement seules dans leur combat. Murielle nous raconte son histoire personnelle avec beaucoup de pudeur et d’authenticité, ses qualités et ses faiblesses…

L’écriture est fluide et rien ne sera caché au lecteur, même les échanges de courriers judiciaires et les lettres aux présidents y sont retranscrits. On ne peut que ressentir les émotions et la souffrance qu’a vécu l’auteure.

Je vous conseille vivement de lire ce livre pour mieux comprendre ce que subissent les victimes , ainsi que leur famille…
Mais aussi afin et surtout que tout le monde sache et puisse en parler librement.

Bravo Murielle pour votre courage…

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Extraits :

« Quelle impuissance insoutenable pour une mère ! Les mamans sont des magiciennes, elles consolent des petits bobos avec des bisous, comprennent leurs enfants mieux que quiconque… N’est-ce pas là le rôle fondamental de la mère ? Connaître son enfant, échanger, communiquer et partager avec lui ? Créer cette relation de confiance et de complicité ? Mais que faire quand l’amour d’une mère ne suffit pas pour apaiser l’enfant ? »
…/…
« De génération en génération ce tabou existe encore. Le viol est un crime grave, les séquelles sont graves et le gouvernement doit agir urgemment afin de prendre ce sujet en considération. J’admire les associations qui mènent une vraie sensibilisation dans les écoles, collèges, lycées. Et cela porte ses fruits, souvent ses actions permettent de libérer la parole. Et on sait combien pour une victime en parler est un progrès énorme. À quand une campagne menée par le gouvernement ? Une action massive qui casserait définitivement l’image de ce tabou pour véhiculer l’image d’un crime grave. Une campagne qui valoriserait les victimes, les aiderait à se sentir moins seules ? »

 

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Que mon livre puisse libérer la parole, aider les familles à comprendre les conséquences du stress post traumatique, aider à faire du bien quand tout va mal, et exposer cette réalité effrayante à tous ceux qui l’ignorent !

Il faut contribuer à libérer la parole des victimes, à stopper ce tabou, faire cesser la honte !
Il n’y a aucune honte à être victime, aucune honte d’en parler.
La honte revient aux coupables !

Que mon livre puisse vous éclairer !

Et n’oubliez pas, quelque soit ce que l’on vit il y a une multitude de petits bonheurs…
À nous de les percevoir et de les saisir…

Murielle Toy

Émotion, Polar, Suspense

Est-ce ainsi que les hommes jugent ?

de Mathieu Menegaux
Broché – 2 mai 2018
Éditeur : Grasset

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Une journée particulière. Gustavo, père de famille, directeur financier, doit effectuer une présentation importante devant l’état-major de sa multinationale. Des mois de préparation, un tournant pour sa carrière.

Au lieu de l’heure de gloire espérée, la police faire irruption à son domicile, à l’aube. Perquisition, accusation d’homicide volontaire, indices concordants, Gustavo va être placé en garde à vue et traité sans ménagement. Heures sombres, qui vont déstabiliser un cadre supérieur sans histoires et le conduire à redouter le pire pour son avenir.

Son épouse Sophie va mobiliser son réseau et son énergie pour démontrer l’innocence de son mari et préserver leurs deux garçons des conséquences dévastatrices de cette mise en cause.

Mais comment rétablir la balance de la justice dans un univers gouverné par l’émotion et la recherche immédiate d’un coupable ?

Avec un style direct et tendu, Mathieu Menegaux nous livre un roman haletant, une plongée en apnée dans le monde de l’injustice.

 

2021_043_Menegaux Mathieu - Est-ce ainsi que les hommes jugent

 

Après les lectures de « Je me suis tue » et « Un fils parfait » j’attendais depuis un moment de lire ce nouveau titre de Mathieu, n’y tenant plus j’ai craqué et l’ai fait passer plus tôt que prévu !

Wahou. Quelle plume !
Du suspense, beaucoup de pression et un épilogue que je n’ai pas vu du tout arriver…

Depuis la mort de sa mère, Claire n’a plus que son père… Suite à une tentative d’enlèvement, il intervient pour la sauver, quand il est percuté violemment par le véhicule du voyou sous les yeux de sa fille Claire…
Pas ou peu de témoins, l’enquête de police avance très difficilement.
Defils, le commandant qui va gérer l’enquête va promettre à Claire de retrouver coûte que coûte le meurtrier de son père.

Trois ans plus tard, au petit matin, l’irruption brutale de la police au petit matin chez Gustavo, va le plonger dans un vrai cauchemar. Il est dès lors accusé d’homicide volontaire.
La machine judiciaire est dorénavant en marche.

Ce roman, lu d’une traite, est une véritable plongée en enfer. J’ai assisté au mécanisme implacable de la Police, qui d’abord se met en place et qui ensuite petit à petit ressert son étau avec une absence totale de sentiments, seules les preuves feront foi, malgré les revendications de Gustavo qui très vite se trouve dos au mur, sans aucune parade pour se faire entendre. Mathieu Menegaux insiste sur la difficulté de conserver toute objectivité dans la justice quand elle est dominée par l’émotion que ce soit celle du commandant, suite à sa promesse ou celle de Claire qui veut absolument trouver le coupable… Heureusement la femme de Gustavo, Sophie va tenter de trouver les preuves de son innocence.

C’est glaçant, horrible…
L’intervention des médias, des réseaux sociaux et de la foule, en arrivant vers la fin du roman, quelle horreur, cela fait vraiment peur !

Le récit est superbement bien construit et mené comme les deux autres avec vraiment beaucoup de sensibilité.

Ce livre m’a sonné, c’est un véritable choc !
Je n’ai pas pu m’empêcher de me dire, “Et si cela devait m’arriver, comment réagirai-je ? Que ferai-je ? Est-ce que je baisserai les bras ?” Cela m’a fait froid dans le dos.

À lire absolument

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Extraits :

« Depuis qu’elle s’en était allé, Bertrand et Claire n’avaient pas failli une seule fois à la promesse qu’ils s’étaient faite le jour de l’enterrement : la tombe de maman serait toujours fleurie. Chaque samedi matin c’était le même rituel. Après la corvée des courses au centre commercial de Plaisir, expédiée au plus vite, le père et la fille prenaient leur temps pour choisir un joli bouquet. Des couleurs vives, beaucoup de feuillage, et un papier brillant avec un ruban : c’est pour offrir. La fleuriste emballait le paquet avec soin avant de le tendre à Claire en souriant, non sans un pincement au cœur pour cette adorable petite fille, orpheline à douze ans. »
…/…
« Tout est en place. L’affrontement peut démarrer. Gustavo n’en est pas conscient, encore, mais c’est sa vie tout entière qui est en jeu. Il pense encore avec naïveté qu’il va être en mesure de faire valoir son innocence sur la base d’une conversation rationnelle, et que sa bonne foi finira par l’emporter sur des spéculations sans queue ni tête. Face à lui, les policiers sont comme une meute de hyènes, excitées par l’odeur du sang, attaquant sans relâche une proie blessée, diminuée, chancelante, dont elles savent d’instinct que la résistance ne sera plus que symbolique désormais. »

Je me suis tue :
https://leressentidejeanpaul.com/2018/10/31/je-me-suis-tue-de-mathieu-menegaux/

Un fils parfait :
https://leressentidejeanpaul.com/2019/10/08/un-fils-parfait-de-mathieu-menegaux/

 

 

Mathieu Menegaux est né en 1967 à Paris.

Il travaille dans un cabinet de conseil en management. Passionné de littérature et de chanson, il a attendu d’avoir 45 ans avant d’enfin décider de passer plus de temps à écrire des phrases en français sur Word que des transparents en franglais sur PowerPoint.

Son premier roman, Je me suis tue, est paru en avril 2015 chez Grasset. Il a été récompensé aux Journées du Livre de Sablet, et a reçu 5 autres prix littéraires.

Un fils parfait, son deuxième roman, a été publié le 1° février 2017. Il a reçu le Prix Claude Chabrol du roman noir, et a été porté à l’écran sous le titre « Un homme parfait », diffusé sur France 2 en mars 2019.

« Est-ce ainsi que les hommes jugent ?« , son troisième roman, est sorti en mai 2018, et a reçu le prix Yourcenar. Il est en cours d’adaptation pour France 2, pour une diffusion en 2021

« Disparaître« , son quatrième roman a vu le jour en Janvier 2020, juste avant le Grand Confinement.

Son prochain roman, « Femmes en Colère » est prévu pour Mars 2021.

Émotion, Noir, Thriller

Le vase rose

de Eric Oliva (Auteur)
Broché – 3 mai 2018
Éditeur : Taurnada Éditions

Et si votre pire cauchemar devenait réalité ?
Quand votre vie bascule, vous avez le choix : sombrer dans le chagrin ou tout faire pour vous relever. Frédéric Caussois a choisi. Pour lui, aucun compromis, il doit savoir, connaître la vérité.

 

Livre_2020_013_Oliva Eric - Le vase rose.jpg

 

Bonjour à toutes et à tous…

C’est le second roman d’Eric Oliva que je lis et je peux dire que l’auteur aime balader ses lecteurs.

Un thriller extrêmement addictif qui ne laisse pas le temps de souffler.
Qu’y a-t-il de pire au monde que la perte d’un enfant ?
Existe-t-il pire situation que de voir son enfant mourir dans ses bras après qu’il ait pris un médicament ?
Voici le destin d’une famille face à cette horreur.

À travers les mots qu’il a choisi, Eric m’a profondément touché.
J’ai vécu le désarroi de cette famille…
Au fur et à mesure de ma lecture, je suis passé par une multitude de sentiments.

Pour Frédéric Caussois, rien ne sera plus jamais comme avant. C’est tout son monde qui est anéanti. Au-delà de la douleur insurmontable, il est comme pris dans une spirale infernale, c’est toute sa vie qui s’écroule. Il n’a plus qu’une idée fixe, qui tourne en rond dans sa tête : découvrir la vérité, et trouver le coupable…

J’ai dévoré ce roman bien mené et bien écrit, impossible de le lâcher.
Je voulais savoir ce qui s’était réellement passé…
Je voulais que le coupable soit puni…

Avec le Vase rose, Éric réussi un excellent thriller. Il nous attrape dans les mailles de son filet pour ne plus nous lâcher.
Merci Eric et Bravo aussi la fin, aussi inattendue que bienvenue !

“Le tourbillon des mots” une collection qui monte, qui monte…

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Extrait :
« Elle progressait doucement, deux petits mètres derrière le corbillard qui avançait au pas, tenant le bras de son mari. Celui-ci, le regard plongé dans le néant, semblait à lui seul supporter tout le fardeau de l’immense malheur qui venait de frapper sa famille. En une semaine, il paraissait vingt ans plus âgé et, dans le même temps, avait perdu dix kilos. Incapable de remplir ce costume anthracite qui naguère lui seyait si bien. En quelques jours, ses cheveux étaient passés du brun au poivre et sel. Frédéric Caussois était devenu un vieil homme. »

 

 

Eric Oliva est né à Casablanca en 1967, il fait carrière dans la Police nationale. Il a travaillé à Paris et Marseille et à présent à la P.J. de Nice. Il est passionné par son métier et les fonds sous-marins et s’est également pris de passion pour l’écriture.