Émotion, Drame, Suspense

Article 353 du code pénal

de Tanguy Viel
Poche – mars 2017
Éditeur : Les Éditions de Minuit

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Pour avoir jeté à la mer le promoteur immobilier Antoine Lazenec, Martial Kermeur vient d’être arrêté par la police. Au juge devant lequel il a été déféré, il retrace le cours des événements qui l’ont mené là : son divorce, la garde de son fils Erwan, son licenciement et puis surtout, les miroitants projets de Lazenec. Il faut dire que la tentation est grande d’investir toute sa prime de licenciement dans un bel appartement avec vue sur la mer.
Encore faut-il qu’il soit construit.

 

2022_024_Viel Tanguy - Article 353 du code pénal

 

Je suis encore sous le choc !
Que d’émotions face à ce magnifique plaidoyer. Martial Kermeur ouvrier de l’arsenal de Brest, sans emploi, se trouve face à un juge suite à une affaire de meurtre.

C’est un huit-clos magistral entre deux hommes que tout sépare que nous propose Tanguy Viel, que je découvre avec ce petit bijou !
Dès les premières lignes, j’ai été saisi par le mode d’expression puissant de Martial. Il se souvient, il raconte avec ses mots, simples… parfois, d’une pénétrante humanité… souvent, et analyse l’histoire, son histoire où il voit progressivement se développer la vérité inéluctable. À aucun moment, il ne cherchera à se dérober. C’est un homme las et défait qui se trouve face à son juge. Floué, sali, ruiné, abandonné par sa femme et accablé par l’immonde manipulation immobilière qu’il a subie, il a tout perdu.

Son récit ou plutôt sa confession va droit au cœur du juge comme elle est allée droit au mien.
Tanguy Viel sort des sentiers battus de la narration, il épouse les méandres de la pensée de Martial qui peu à peu va emmener le juge à partager son univers, ses pensées, et pourquoi pas, ses convictions.

Le juge est silencieux, il écoute, il enregistre. Il n’intervient que rarement et seulement à des moments stratégiques. La tension grandissante est palpable à travers l’écriture, jusqu’au moment de vérité. Un moment solennel entre les deux hommes face à face…

Une histoire magnifique et troublante, une réflexion, sur le mal perpétré par l’homme…
Comment aurai-je réagi à sa place, face à un juge qui détiendrait mon futur entre ses mains ?

Un livre qui touche à la question fondamentale de la justice…
Bravo Tanguy Viel pour ce récit prenant et merci Blandine pour cette excellente découverte !
Encore un auteur à suivre sans aucune hésitation…

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Extraits :

« Sur aucune mer du monde, même aussi près d’une côte, un homme n’aime se retrouver dans l’eau tout habillé – la surprise c’est la surprise que c’est pour le corps de changer subitement d’élément, quand l’instant d’avant le même homme aussi bien bavardait sur le banc d’un bateau, à préparer ses lignes sur le balcon arrière, et puis l’instant d’après, voilà, un autre monde, des litres d’eau salée, le froid qui engourdit et jusqu’au poids des vêtements qui empêche de nager. »

« Vous auriez dû voir ça, quand il a soulevé le drap rouge et qu’on s’est tous approchés : là, dans un rectangle de verre d’au moins de deux mètres sur trois, éclairé du dessus par deux spots verticaux, il y avait toute la presqu’île posée là, en modèle réduit, les champs et les roches, les fermes et les maisons, l’église et la place du village. »

« Ce ne sont pas des choses que je vous aurais dites comme ça autrefois, mais j’ai eu le temps de réfléchir ces derniers temps, j’ai eu le temps de regarder les griffures du miroir au-dessus de la cheminée et méditer la couleur de chaque heure, j’ai eu le temps de comprendre, oui, que j’étais comme une terre de bruyère à la meilleure saison, que tout aurait pris et éclos et fleuri en moi comme en un festival des jardins, au point que Lazenec et moi, eh bien, je crois qu’on a pour ainsi dire sympathisé. »

« C’est une drôle d’affaire, la pensée, n’est-ce pas ? Ce n’est pas qu’il y ait long en distance du cerveau vers les lèvres mais quelques fois quand même ça peut vous paraître des kilomètres, que le trajet pour une phrase, ce serait comme traverser un territoire en guerre avec un sac de cailloux sur l’épaule, au point qu’à un moment la pensée pourtant ferme et solide et ruminée cent fois, elle préfère se retrancher comme derrière des sacs de sable. En-tout-cas ce que je veux dire, c’est que dans les jours qui ont suivi, au lieu de dire clairement « non » comme ça se passait au fond de moi, au lieu de me laisser raccompagner à ma place de gardien avec le regard amical sur moi-même que je portais dans mon cœur, au lieu de ça, avec la voix d’un fantôme qui s’entend lui-même, j’ai pris le téléphone un soir et j’ai dit « Lazenec ? », et j’ai dit « pourquoi pas ? », j’ai dit « je signe quand ? »

 

 

Après une enfance en Bretagne, Tanguy Viel vit successivement à Bourges, Tours puis Nantes avant de venir s’installer près d’Orléans.

Publié dès son premier ouvrage par les éditions de Minuit, il a reçu le prix Fénéon et le prix littéraire de la vocation pour son roman L’Absolue Perfection du crime, le Grand prix RTL-Lire et le Prix François-Mauriac de la région Aquitaine pour Article 353 du Code pénal.

Il est réputé pour une mise en place d’intrigues complexes, une réflexion sur quelques thèmes récurrents (les liens familiaux, les duperies, les inégalités de classes et les difficultés à prendre l’ascenseur social), et un travail formel. Il s’inscrit dans la tradition des éditions de Minuit, c’est-à-dire selon un modèle de distanciation. Ses romans sont fondés sur beaucoup de romanesque et font même usage du suspense. Bien qu’il ne le revendique pas lui-même, L’Absolue Perfection du crime, Insoupçonnable, Paris-Brest et Article 353 du Code pénal sont généralement considérés comme des romans policiers en raison d’éléments récurrents : des personnages de gangsters ou d’escrocs, des crimes soigneusement préparés, l’intervention de procès ou de grosses sommes d’argent.

Les stéréotypes sont cependant retravaillés et parfois mis en évidence par une forme de réflexivité. La Disparition de Jim Sullivan en est le meilleur exemple. Le lecteur est souvent invité à participer, « le narrateur n’a pas d’avance sur lui du point de vue de l’intrigue ». L’écriture est l’objet d’une enquête : c’est au lecteur de reconstruire le puzzle en désordre du protagoniste.

Tanguy Viel emprunte également au cinéma, mais cela est surtout notable dans son style : les effets de montage, l’usage de l’ellipse, la mise en place de scènes fortes et la variation des points de vue.

Son style se caractérise par sa précision et son économie. Ses phrases sont jugées longues et saccadées au service d’un style très dynamique. La notion de « musique » est également importante pour lui.

Polar, Suspense, Thriller

En apparence

de Myriam Giacometti
Broché – 20 octobre 2021
Éditeur : France Loisirs

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Rachel Clément, experte en objets d’art, est abattue chez elle, alors qu’elle était sur le point d’inaugurer une exposition consacrée à Marie-Antoinette, avec en pièce maîtresse le Cœur de la Reine, une bague d’une valeur historique inestimable. Son ex-mari Marc, célèbre acteur, est retrouvé devant chez elle, les mains ensanglantées. Même si le couple, séparé depuis longtemps, entretenait une relation très conflictuelle, leur fille Rose refuse de croire à la culpabilité de son père. Prête à tout pour découvrir la vérité, un seul choix s’offre à elle : mener l’enquête par elle-même, naviguer dans une mer de suspects, et tenter de prouver l’innocence de ce coupable trop parfait…

 

2022_007_Giacometti Myriam - En apparence

 

Je vous présente le second roman de Myriam Giacometti, le premier que je lis, et dès les premières pages, j’ai été séduit par sa plume !
La subtilité des descriptions pour chaque personnage les a rendus vivants pour moi, au point de m’attacher à plusieurs d’entre eux…
Je pense que nous n’avons pas fini d’entendre parler de Myriam…

Rachel Clément, experte en objets d’arts, est froidement assassinée, le jour où Marc, son mari et acteur célèbre qui ne vivait plus avec elle depuis plusieurs années, est venu signer les papiers du divorce. Ni une, ni deux, pour les policiers, l’affaire est bouclée, ils ont un meurtrier avec un mobile parfait. Il n’acceptait pas le divorce et a abattu sa femme. D’ailleurs, le suspect avait déjà été sujet à des crises de colère violentes…
Malgré les faits accablants, seule sa fille Rose, est persuadée que son père est innocent. Elle va dès lors mener sa propre enquête, sans entrevoir les divers dangers qui pourraient la menacer.

Myriam joue avec le lecteur. Elle dissèque les relations humaines, qu’elles soient familiales, professionnelles ou amicales. Tous ses personnages ont un rôle important et nombreux sont ceux qui avaient un intérêt à stopper la curiosité de Rachel.
Et… quel est donc le secret de cette bague ayant appartenu à Marie-Antoinette ? Un bijou, suscitant autant de passions que de convoitises. L’auteure, sème des embûches ici et là, des fausses pistes, cultive le doute, l’ambiguïté, et finalement le doute qui s’installe vient amplifier le suspense… Mais qui a bien pu tuer Rachel ? Et pourquoi ?

Un vrai pageturner qui m’a mené dans les coulisses du marché des œuvres d’art et de toutes les dérives possibles de ce milieu hermétique.
Nathalie et Rose, comme Rachel sa mère, sont des personnages à part, qui gravitent justement dans ce milieu. On voudrait les aider, les conseiller, mais autour d’elles tout le monde à l’air coupable. L’inspectrice Kenza, va petit à petit, malgré les ordres de sa direction, découvrir l’extrême complexité de ce meurtre… Mais tout ne sera pas aussi simple !

Un prix des Lecteurs 2021 BIEN mérité, pour un roman BIEN prenant et BIEN réaliste !
Auteure à suivre…

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Extraits :

« La tempête faisait rage depuis une heure. Le vent s’engouffrait dans les branches, qui virevoltaient dans la nuit. Le tonnerre grondait au loin, tandis que la pluie devenait de plus en plus forte. Les gouttes qui tambourinaient à la fenêtre produisaient un bruit concis, violent.
Pelotonnée sous les couvertures, Rose se répétait qu’elle n’était plus un bébé. Il était ridicule de penser que la branche dénudée du vieux hêtre agitée par le vent était le doigt osseux d’une sorcière maléfique qui se cachait derrière le mur et qui voulait entrer dans la maison. À six ans, elle était en âge de comprendre que les monstres et les sorcières n’existaient que dans son imagination. C’était sa maman qui lui avait dit cela quand elle se précipitait dans son lit après avoir fait des cauchemars, et sa maman avait toujours raison. »

« En effet, selon Marc, les problèmes de violence conjugale rencontrés durant son mariage étaient dus aux nombreux effets secondaires du Spelifor, un puissant antiépileptique qu’il prenait pour soigner les troubles compulsifs dont il souffrait depuis la naissance. La justice lui avait donné raison, mais Rachel ne croyait pas à ces inepties. Le médicament avait peut-être accru l’agressivité de son époux, mais la violence préexistait chez lui bien avant la prise des pilules incriminées. Le fond du cœur de Marc était mauvais, voilà tout. »

« Nicolas avait toujours su qu’il serait directeur de musée. Dès qu’il avait pu se plonger dans les livres, il avait été subjugué par les tableaux représentant les grands personnages historiques. Plus tard, en cours de dessin, quand il avait commencé à étudier l’art abstrait et que tous ses camarades demeuraient dubitatifs devant ces formes irrégulières, lui avait compris le sens caché des peintures, des sculptures et des objets d’art en général : ils étaient créés pour divertir les gens. Comme une star de la musique donnant le meilleur d’elle-même sur scène, comme un écrivain racontant l’histoire la plus captivante possible, l’artiste produisait une œuvre susceptible de faire réagir les personnes qui la regardaient, de les pousser à réfléchir, à rêver ou à s’interroger. »

« Choisissez un travail que vous aimez, et vous n’aurez pas à travailler un seul jour de votre vie. »

 

 

Myriam Giacometti est née en 1981 au coeur de la Lorraine. Elle se passionne très tôt pour l’écriture et la lecture.

Après un DUT en gestion, elle a exercé sa profession dans le domaine des Ressources Humaines. Rattrapée en 2007 par une leucémie, elle a décidé de se consacrer à l’écriture.

« L’enquête de Lisa » (2019), un thriller haletant, est son premier roman.

Forte du succès de son premier roman à suspense et encouragée par ses lecteurs, elle a publié son second ouvrage, « En apparence », qui a obtenu le Prix des lecteurs France Loisirs, Nouvelles Plumes, 2021.

Elle vit à Hayange, en Moselle.

son site : http://www.myriamgiacometti.com/
Twitter : https://twitter.com/myrloveswriting?lang=fr

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Myriam Giacometti, l’amour des livres…

Derrière un premier roman, il y a tous ceux que son auteur a lus, aimés, rêvés… Lauréate du prix des Lecteurs 2021, Myriam Giacometti nous dévoile les livres qui ont fait d’elle une lectrice passionnée avant de franchir le pas et de prendre la plume à son tour.

Le livre qui vous a transmis la passion de la lecture ?
À l’âge de six ans, mes parents m’ont acheté mon premier livre : les Nouveaux Contes de fées de la Comtesse de Ségur. Les aventures de cinq jeunes héros soumis à de terribles sortilèges. C’était la première fois que je prenais du plaisir à lire, à plonger dans un monde étrange et merveilleux. C’était aussi fascinant que de trouver un passage secret !

Celui qui vous a donné envie d’écrire ?
J’ai toujours été passionnée par les romans policiers. Le premier qui a réussi à me captiver est Le mystère de la chambre jaune de Gaston Leroux. L’enquête de ce huis clos énigmatique est passionnante. J’ai retrouvé la même façon d’écrire des scénarios fertiles en aventures, rebondissements et ingéniosité chez Agatha Christie.

Celui que vous pourriez relire à l’infini ?
Autant en emporte le vent de Margaret Mitchell. C’est désuet, je sais. Mais je crois n’avoir jamais ressenti autant d’amour pour un personnage de roman ! L’héroïne de Margaret Mitchell, Scarlett, est intrépide, têtue, volontaire. Elle fait fi des conventions et n’en fait qu’à sa tête !

Votre Nouvelles Plumes préféré ?
Grâce à un groupe Facebook de partage de lecture, j’ai découvert récemment Synopsix, d’Angélina Delcroix. C’est une histoire de jeu qui vire au cauchemar pour les participants. C’est écrit avec efficacité, sans temps mort jusqu’au dénouement… J’ai adoré !

Votre plus beau souvenir (jusqu’à présent !) lié à En apparence ?
Même si le moment où j’ai appris qu’En apparence remportait le prix des Lecteurs restera à jamais gravé dans ma mémoire, je dois avouer qu’écrire pendant le confinement est un souvenir que je ne suis pas près d’oublier. En ces moments troubles, raconter les aventures de mon héroïne Rose a été une véritable bénédiction. L’écriture m’a sauvée !

Polar, Suspense, Thriller psychologique

Les Eaux noires

de Estelle Tharreau
Poche – 7 octobre 2021
Éditeur : Éditions Taurnada

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Lorsque les eaux noires recrachent le corps de la fille de Joséfa, personne ne peut imaginer la descente aux enfers qui attend les habitants de la Baie des Naufragés. L’assassin restant introuvable, à l’abri des petits secrets et des grands vices, une mécanique de malheur va alors tout balayer sur son passage… Les révélations d’un corbeau, la détresse d’une mère et le cynisme d’un flic alimenteront l’engrenage de la rumeur, de la suspicion et de la haine. Joséfa réussira-t-elle à survivre à la vérité ?

 

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Les nouveautés des Éditions Taurnada sont régulièrement de belles surprises !
“Les eaux noires” d’Estelle Tharreau, n’ont pas échappé à la règle…

J’ai découvert Estelle en septembre 2020 avec “La peine du Bourreau”, que j’avais beaucoup aimé. Une écriture fluide, percutante et allant droit au but. Alors, lorsque Joël, que je remercie au passage, m’a proposé son dernier roman il y a quelques jours, je n’ai pas hésité du tout et j’avais vraiment hâte de le recevoir !

Comme pour ma précédente lecture, j’ai lu le roman d’une traite, impossible de le lâcher !
“Les eaux noires” est un vrai polar psychologique avec une atmosphère sombre et pesante, une descente aux enfers…

Suzy, la fille de Joséfa (Jo) est retrouvée morte, assassinée dans la petite ville d’Yprat à âge de dix-sept ans, recrachée par les eaux noires.
Très vite des rumeurs commencent à courir, et quelques voisins vont s’acharner sur Jo. Malgré une sacrée personnalité va se retrouver au centre de tous les regards.
– Mais comment une mère a-t-elle pu délaisser ainsi son enfant ?
– Elle a bien eu ce qu’elle mérite, au lieu de s’occuper de sa fille…

Seule maintenant et vivant un enfer au quotidien, elle demande justice, elle veut que la police retrouve l’assassin de son enfant.
Mais l’enquête piétine…
Personne n’a rien vu, personne n’a rien entendu.
Dès lors, pour cette maman qui a tout perdu, tous les coups seront permis. Elle décide de chercher elle-même le coupable !

Finalement, c’est un “corbeau” qui va balancer des révélations dévastatrices qui vont monter très vite les uns contre les autres les voisins de Jo et aussi les habitants de la Baie des Naufragés qui sont peut-être les derniers à avoir vu Suzy vivante.
Le climat est de plus en plus malsain, potentiellement tout le monde peut-être coupable et la haine qui s’installe au sein de la population n’aidera en rien l’enquête !

Personnellement, cette lecture m’a complètement chamboulé, le rythme, la méchanceté, le vice qui se dégage de certains personnages, la pression qui monte petit à petit et un final que je n’ai pas vu arriver du tout !

Bravo Estelle, tout est savamment distillé dans ce récit, c’est fin et très addictif, un vrai “bonheur” pour le lecteur que je suis.
Un roman surprenant et très efficace à lire absolument !

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Extraits :

« Doucement, il lui pris le bras et l’aida à sortir de la voiture. Elle le regardait toujours, comme pour faire abstraction du décor qui les entourait. Pour gagner du temps. Trouver une autre explication. Pour repousser le moment où Cédric allait parler.
La partie réfractaire de l’esprit de Jo tenta une ultime rébellion tandis que ses yeux pleuraient déjà.
« Tu me la ramenée ? Hein, Cédric ? Tu me l’as ramené ma Suzy ?
– Jo…
– Elle est à la maison ? S’étrangla-t-elle. Elle est pas blessée ?
– Jo… »
Cédric ne pouvait contenir ses larmes.
« Vous l’avez soignée ? Hein ? Ça va aller ?
– Jo… Suzy est morte. »
Puis, le hurlement d’un esprit qui vacille. D’une âme qui vole en éclats.
Jamais plus les humains présents dans la Baie n’entendraient un cri aussi déchirant.
Un cri qui couvrit le grondement des eaux noires. »

« En approchant de la cabine, Jo se représenta l’image qu’elle allait renvoyer : celle d’une bête en cage. C’était ça, sa punition pour avoir enterré sa fille dans l’intimité, pour avoir demandé des nouvelles de l’enquête, pour avoir rejeté les médias, pour n’avoir pas pu sourire, pour avoir refusé qu’on allume des bougies.
Malgré ça haine et sa rancœur, elle entra docilement dans sa prison. Suzy et elle n’avaient rien fait et pourtant, ils leur en voulaient tous. C’était elle qu’on enfermait alors que le meurtrier de sa fille était en liberté. »

 

 

Passionnée de littérature depuis l’adolescence, Estelle Tharreau parcourt les genres, les époques et les pays au fil des auteurs qu’elle rencontre. De cet amour de la littérature est née l’envie d’écrire. Elle vit actuellement en Franche-Comté où elle partage son temps entre sa famille et l’écriture.

Son précédent roman, « La Peine du bourreau », est sélectionné au prix 2021 du Roman Noir des Bibliothèques et des Médiathèques de Grand Cognac. Il est également nominé au prix Dora-Suarez 2021
Estelle a été finaliste au prix du Polar du Festival de Cognac 2019 avec son roman « Mon ombre assassine ».

Émotion, Drame, Historique, Noir, Thriller

Personne n’a oublié

de Stéphanie Exbrayat
Broché – 13 juin 2019
Éditeur : Éditions De Borée

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Sam, huit ans, tombe du haut d’une grange et meurt le crâne fracassé. Pour sa mère Colette, impossible de croire à un accident. Elle soupçonne François, son mari, un homme violent et secret, de ne pas être étranger au drame. Dix ans auparavant, Colette, enceinte d’un autre homme, a été contrainte de l’épouser. Dès lors, son mari a imposé la terreur et la tyrannie au sein de leur foyer. Bravant la violence de cet homme, Colette s’engage dans une dangereuse quête de vérité. Quel rôle a t-il joué dans la mort de Sam ? Et quel est ce trouble passé que François semble vouloir cacher à tout prix ? Au cœur de ce petit village du Morvan, les esprits s’échauffent et les tensions remontant à la guerre atteignent leur paroxysme. Le village bruisse de rumeurs et de douloureux secrets ne tardent pas à resurgir…

 

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“Personne n’a oublié”, ou comment un livre qui m’attendait depuis plusieurs mois, m’a retourné le ventre et la tête…

C’est le premier roman de Stéphanie Exbrayat que je lis, et c’est son premier roman !
Je trouve que c’est une belle réussite !
Je me suis laissé emporter très vite au gré des chemins sinueux parcourus par Colette.

Ce livre m’a complètement dérouté. Je pensais que j’allais lire un polar ou un thriller, mais pas du tout. Il parle de la seconde guerre mondiale, de la place très difficile que les femmes avaient à la fin des années cinquante, de la mort d’un petit garçon, d’un mariage arrangé, des blessures et des tensions qui peuvent agiter les esprits des habitants d’un petit village du Morvan en une période bien difficile… Et malgré tout ça le récit est construit comme un thriller !

Beaucoup d’émotions et de mystère, dans ce roman, beaucoup d’amour et de haine aussi.

Sam, fils de Colette, âgé de 8 ans est retrouvé mort dans la cour de chez lui.
Est-il tombé de la grange accidentellement où quelqu’un l’a-t-il poussé ? Commence alors les doutes et les suspicions.
Une mort qui paraît suspecte à sa mère qui va, envers et contre tout rechercher ce qui s’est vraiment passé. Très vite elle va soupçonner François, son mari. Colette avait réussi jusque là, à lui cacher que Sam n’était pas son fils…
Pour réussir son objectif, elle n’aura d’autre choix que d’être forte, et de toute façon elle a promis à son fils de découvrir la vérité coûte que coûte.

L’écriture est très fluide et le récit montant en puissance au fur et à mesure contribue à une lecture plaisante et addictive, j’ai régulièrement eu l’impression d’être dans un huis clos. Il y a de nombreux rebondissements, je pense indéniablement que le fond historique du récit est pour beaucoup dans la mise en place de ce suspense, nous ramenant à une période où la condition féminine était quelque chose de complètement inconnue.

Cette histoire est dure et puissante, saura-t-elle trouver en vous, sensibilité et bienveillance ?
Personnellement une très belle surprise pour moi !

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Extraits :

« Avant, j’étais douée pour embrasser les beautés de ce monde, pour apprécier tous les détails infimes qui rendent la vie belle. J’étais douée pour le bonheur. Mais ma petite voix c’est tue. Elle avait résisté à la mort de ma mère, puis à celle de Guy mais Sam… C’est trop insupportable. Je me sens comme dans une boîte. Une boîte avec un couvercle bien fermé. Une geôle où je ne sais plus distinguer la terre du ciel. Sam est mort et l’azur s’est vidé. Les oiseaux ne chantent plus. Les fleurs n’ont plus d’odeur. Plus rien n’a de goût. La beauté de ce monde est sortie de mon champ de vision. Je suis dans un caisson étanche. Je n’entends plus. Je ne vois plus rien. Tout a disparu. Sam a tout emporté avec lui. Ma bonne étoile n’a pas su me protéger du pire mais elle me maintient survivante malgré le pire. Elle me porte sur un chemin tourmenté qu’il me faut continuer de parcourir.
Quand j’ai eu envie de mourir après le décès de Guy, le docteur Verdier m’a fait comprendre qu’il y avait toujours une raison de rester en vie. Aujourd’hui je dois trouver laquelle. »
…/…
« Elle sait qu’elle va devoir y passer. Alors elle monte. En silence elle se déshabille dans le noir, se vêt pour la nuit, et elle s’étend sur le matelas. Il remonte sa chemise de nuit. Sa grosse paluche rêche et calleuse malaxe un de ses seins. Il écarte ses cuisses d’un geste brutal et s’allonge sur elle de tout son poids. Son corps l’écrase. Le souffle de son haleine postprandiale fouette son visage. Elle a envie de le griffer, de lui donner des coups, de lui arracher les cheveux. Au lieu de ça, elle reste raide est défigurée par le dégoût. Comme d’habitude. Son sexe dur et pressé pénètre férocement en elle. Elle a mal. Il donne quelques coups de reins. Le sommier crie. Elle, ne peut pas. Le visage tourné sur le côté, la mâchoire crispée, elle mort son poing jusqu’au sang. Il pousse un grognement, puis un deuxième et enfin un dernier, plus long, plus profond. La tension dans son corps se relâche. Il retombe lourdement sur le côté. Le bourdonnement de son flux et reflux respiratoire s’installe dans la pièce, régulier et puissant, enflant jusqu’à faire vibrer les barreaux du lit.
Colette a envie de hurler. »

 

 

Stéphanie Exbrayat a exercé de très nombreux métiers avant de se consacrer à l’écriture. Personne n’a oublié, son premier roman a connu un très beau succès, tout comme son deuxième roman, Colère assassine. Cependant, désireuse de se sentir libre d’écrire ce dont elle a envie, Stéphanie Exbrayat choisit la comédie pour son troisième roman Et après tout ça, l’amour !

Émotion, Suspense

… Et pour le pire

de Noël Boudou
Poche – 13 mai 2021
Éditeur : éditions Taurnada

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Bénédicte et Vincent auraient pu vieillir paisiblement ensemble. Malheureusement, le destin en a décidé autrement, il y a vingt ans… Vingt ans. Vingt ans à attendre… à attendre que les assassins de sa femme sortent de prison. Depuis vingt ans, Vincent Dolt n’a qu’une seule idée en tête : venger sa douce Bénédicte… Depuis vingt ans, seule la haine le maintient en vie. Mais une vengeance n’est jamais simple, surtout à 86 ans. Il a vécu le meilleur, il se prépare au pire…

 

2021_026_Boudou Noël - …Et pour le pire

 

Tout d’abord je tiens à remercier Joël des éditions Taurnada pour l’envoi de ce nouveau roman.

Bonjour à toutes et à tous,

Vincent est vieux. Très vieux, même.
C’est un octogénaire qui vit seul depuis l’assassinat de sa femme Bénédicte vingt ans plus tôt.
Il attend sa mort, et ne reste en vie uniquement, que pour pouvoir assouvir sa vengeance.
En effet, Bénédicte n’a pas seulement été assassinée… Elle à d’abord été violée, brulée, torturée par trois hommes, et ce, durant plusieurs heures, avant de décéder enfin…
Les coupables vont bientôt sortir de prison.

Vincent lui aussi, est mort un peu ce jour là. Du moins ne vit plus… ou si peu, quand un jeune couple s’installe tout près de chez lui…

Quel plaisir de retrouver Noël Boudou.
J’avais déjà beaucoup apprécié la lecture de “Benzos”, il y a quelques mois, mais avec “… Et pour le pire”, il signe ici son troisième roman, qui ne ressemble à aucun autre que j’ai pu lire jusqu’à présent. Un roman coup de poing, impossible à résumer en quelques mots…
Dans une même page, on peut passer de la violence la plus extrême, à une émotion douce et sincère, pour finir en éclat de rire. En effet malgré un sujet très dur, il m’est arrivé de rire aux éclats plusieurs fois !

J’ai lu ce roman d’une traite et je ne sais vraiment pas comment aborder mon “Ressenti”…
J’ai adoré le style, l’humour très efficace et les émotions qui se dégagent le long du récit. J’avoue que j’aurai aimé quelques pages supplémentaires… Vincent, Bao, France et d’autres encore, vont me manquer !

Vous voulez un bon conseil ?
Notez tout de suite le titre du roman sur un Post-it.
Et dès que vous le pourrez, foncez vite chez votre meilleur libraire.
Plus tard, quand vous l’aurez lu, vous aurez alors une idée du panel des émotions ressenties.

Merci Noël !

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Extraits :

« Bill, mon fidèle compagnon à quatre pattes, nommé ainsi en hommage à Bill Haley, se met à gratter le sol à côté de sa gamelle pour réclamer son petit déjeuner. Je lui verse quelques croquettes et m’installe devant mon café noir et ma chocolatine. Depuis deux jours, Bill a cessé de renifler la porte de la cave en grognant. C’est assez amusant de voir ce petit bout de clébard qui doit peser à peine quinze kilos faire le courageux face a cette porte. Si je l’ouvrais pour le laisser descendre voir ce qui s’y passe, son espérance de vie serait réduite à quelques secondes face au monstre que j’y cache. »
…/…
« Il frotte sa figure comme pour la débarrasser de la tension qui lui froisse les traits. Son visage envahi par la fatigue me fait penser à ce type qui s’est foutu la gueule en l’air, défoncé au benzos, sa femme enceinte. »

 

 

Noël Boudou, né à Toulouse en 1974, travaille auprès de personnes âgées et vit aujourd’hui près de Cahors. Depuis l’âge de 16 ans, chanteur dans divers groupes allant du hard-rock au death metal, écrire ses textes de chansons lui donne un jour l’envie de s’essayer à raconter des histoires. Fan de Jim Thompson, Joe R. Lansdale et David Peace, c’est tout naturellement qu’il se tourne vers le roman noir.

Son premier livre, Elijah” (Flamant Noir), remporte le prix du Roman Noir 2017 lors du Festival de Cognac. “Benzos” aux éditions Taurnada a été publié le 14 Novembre 2019, “… Et pour le pire”, son troisième livre publié le 13/05/2021, toujours chez Taurnada éditions.

Drame, Thriller psychologique

L’Innocence des bourreaux

de Barbara Abel
Poche – 13 octobre 2016
Éditeur : Pocket

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Dans une supérette de quartier, quelques clients font leurs courses, un jour comme tant d’autres. Parmi eux une jeune mère qui a laissé son fils de 3 ans seul à la maison devant un dessin animé, un couple adultère, une vieille dame et son aide familiale, un caissier qui attend de savoir s’il va être papa, une mère en conflit avec son adolescent… Des gens normaux, sans histoire, ou presque. Et puis un junkie qui, en manque, pousse la porte du magasin, armé et cagoulé pour voler quelques dizaines d’euros. Mais quand le braquage tourne mal, la vie de ces hommes et femmes sans histoire bascule dans l’horreur.
Dès lors, entre victimes et bourreaux, la frontière devient mince. Si mince…

« On pénètre dans un huis clos, mais on traverse un roman choral sur les tourments qui rongent les existences ordinaires de ces personnages. » Le Point

« Une tension psychologique qui grimpe jusqu’à son paroxysme, c’est notre quotidien qui devient glaçant. » LiRE

 

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Bonjour à toutes et à tous,

Un thriller époustouflant et addictif !
Difficile de lâcher le livre avant la fin.
L’écriture de Barbara Abel est incisive, agréable et décrit les scènes avec beaucoup de réalisme. À ce jour j’ai vraiment aimé tous ses romans. Elle arrive à chaque fois à se renouveler et à me surprendre…

Joachim Fallet, jeune drogué est en manque.
Il a beau regarder dans toutes ses “planques”… Il n’a plus un sou !
Il décide de braquer une supérette de quartier.

Dès les premiers chapitres, on fait connaissance avec tous les personnages.
Très vite on comprendra les failles et les faiblesse de certains. Mais cela n’a gâché en rien mon plaisir de lecture au contraire. Le braquage va évidemment révéler les personnalités de chacun. Ils devront faire au mieux dans cette situation déjà bien compliquée.

Une histoire captivante où tous les “acteurs” se retrouvent catapultés dans l’horreur, là, où personne ne sortira indemne…

Beaucoup de suspense !

Merci Barbara

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Extraits :

« Il était grand et solide, il avait cette épaisseur qui rend tout concret, les mots, les gestes, les intentions. Il était de ceux qui déplacent le monde dans leur sillage. Le corps d’aplomb, l’esprit en apesanteur. Aujourd’hui, Théo ne voit plus qu’un vieillard sinon chétif, du moins flétri, comme fané, tristement défraîchi. Les traits en ruine. L’organisme en jachère, l’âme en surpoids. À peine l’ombre de celui qu’il a été. »
…/…
« Aujourd’hui, il a tout perdu.
Ou plutôt, aujourd’hui, il n’a plus rien à perdre.
Alors il prend la décision qui s’impose. La dernière chance qui s’offre à lui, pour ne pas mourir seul, comme une merde. Comme un chien. Le fric, il va le prendre là où il se trouve. Par la force. Il a demandé gentiment, ça n’a servi à rien. Personne ne l’a écouté, personne ne l’a entendu. Alors il va demander méchamment. Il va exiger. Il va ordonner. En criant très fort, pour être sûr qu’on l’entende, qu’on l’écoute. Il va menacer. Et il va se servir. Fini d’être la victime. Il va devenir bourreau, celui qui commande, celui que l’on craint. »

 

 

Née en 1969, Barbara Abel vit à Bruxelles, où elle se consacre à l’écriture. Pour son premier roman, L’Instinct maternel (Le Masque, 2002), elle a reçu le prix du Roman policier du festival de Cognac en 2002. Aujourd’hui, ses livres sont adaptés à la télévision, au cinéma, et traduits dans plusieurs langues. Après L’Innocence des bourreaux (Belfond, 2015) et Je sais pas (Belfond, 2016), Je t’aime est son douzième roman.

Polar, Thriller psychologique

Les nouveaux Prophètes

Åsa Larsson
Poche – 26 février 2020
Éditeur : Le Livre de Poche

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Dans la petite ville minière de Kiruna, en Laponie, Viktor Strandgård, celui que l’on surnomme « le pèlerin du paradis » pour avoir miraculeusement survécu à un grave accident, est retrouvé mort dans le temple de cristal, où il officiait. Qui a pu assassiner, aussi sauvagement et avec un tel acharnement, cet éminent membre de l’Église de la Force originelle ? Sollicitée par son amie d’enfance, Sanna, la sœur de la victime, Rebecka Martinsson, avocate fiscaliste à Stockholm, va mener l’enquête. Menacée par les disciples de la communauté, la jeune femme se met rapidement en danger…
Avec cette première enquête de Rebecka Martinsson, la star du polar scandinave fait preuve d’une remarquable maîtrise du genre et d’un grand sens de l’intrigue policière.

PRIX DU PREMIER ROMAN POLICIER SUÉDOIS.

 

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Qui n’a jamais lu de Polar Suédois ?
Je dois avouer que je suis assez fan… Les ambiances bien sombres, peu d’actions, beaucoup de psychologie, des décors incroyables, la neige, le froid, un sentiment de solitude…

“Les nouveaux Prophètes” est le premier roman de Åsa, paru initialement sous le titre “horreur boréale” en 2006.

Dans la ville de Kiruna, le pasteur Viktor Strandgard, surnommé « le pèlerin du paradis » suite a une révélation divine après un accident grave, se consacre depuis à Dieu, dans une Église réunifiée, l’Église de la Force Originelle.

Un meurtre horrible est perpétré dans le Temple de Cristal. Viktor Strandgard est retrouvé, par sa sœur Sanna, le corps allongé au milieu de l’allée, éventré et sauvagement mutilé. Pour ne pas être accusée, Sanna contacte Rebecka Martinsson une avocate fiscale qu’elle connait. Plus jeune Rebecka vivait dans la ville de Kiruna aussi. Elle connait le lieu du décès, la victime, mais surtout elle connait le pourvoir de l’église qu’elle a fuie des années plus tôt.

J’ai toujours aimé les romans ou les films parlant d’histoires de religions et de sectes.
Avec ce roman j’ai été comblé !
C’est la religion qui rythme les vies de cette communauté, les dirige et surtout les brime…
Un voile plane au-dessus de tous les habitants qui doivent obéir à quatre prophètes, à la tête de la Force Originelle, qui tissent petit à petit une sorte de toile où tous les habitants s’engluent sans le savoir…

Au niveau des personnages, il y a un bon travail de recherche de la part de l’auteur, et ce, dès le début de l’intrigue.
Le récit met en avant deux personnalités contradictoires : Rebecka, qui a refusé de se soumettre. Elle a pris ses distances avec la communauté et son église, et est partie vivre à Stockholm dans un grand cabinet d’avocats et Sanna qui n’a jamais quitté sa communauté, qui est effacée, complètement soumise…

Un roman prenant et intéressant sur les dérives des Églises en Suède.
Ce roman est le premier opus, pour moi ce ne sera pas le dernier !

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Extrait :

« Comment te sens-tu ? lui demanda Maria.
– Je préfère ne pas me poser la question. »
Rebecka secoua la tête et tourna les yeux vers la fenêtre pour éviter de croiser le regard inquet de Maria. Elle se mordait l’intérieur des lèvres avec fureur. La pluie s’était arrêtée. « Tu sais, ma chérie, tu n’es pas toujours obligée d’être si forte, lui dit doucement Maria. Quelquefois, toi aussi tu as le droit de lâcher prise et de crier un bon coup. »
Rebecka croisa les doigts autour de son genou.
Lâcher prise, songea-t-elle. Et qu’est-ce qu’on fait si on s’aperçoit ensuite qu’on ne s’arrête plus de tomber ? Et qu’on ne peut plus s’arrêter de crier, non plus ? On ce retrouve à cinquante ans, bourrée de médicaments, enfermée dans un hôpital psychiatrique. Avec ce cri incessant dans la tête. »

 

 

Åsa Larsson compte des millions de lecteurs à travers le monde. Bien que née à Uppsala, elle grandit à Kiruna en Laponie suédoise. Elle fait des études de droit à l’Université d’Uppsala. Avant de devenir écrivain à plein temps, elle est une avocate fiscaliste, une profession qu’elle partage avec l’héroïne de ses romans policiers, Rebecka Martinsson. Son premier roman, Horreur boréale (Solstorm), publié en 2003, est traduit en plusieurs langues et est adapté au cinéma en 2007 par Leif Lindblom (sv). L’année suivante paraît son deuxième roman, Le Sang versé (Det spillts blod som), remporte le prix du meilleur roman policier suédois, tout comme pour le roman Till offer åt Molok en 2012. Sa série consacrée à Rebecka Martinsson est traduite dans 30 pays.

Elle a également écrit des scénarios pour le feuilleton télévisé suédois Vita lögner.

Polar historique, Thriller

L’île du Diable

Nicolas Beuglet
Broché – 19 septembre 2019
Éditeur : XO

Le corps recouvert d’une étrange poudre blanche…
Des extrémités gangrenées…
Un visage figé dans un rictus de douleur…

En observant le cadavre de son père, Sarah Geringën est saisie d’épouvante. Et quand le médecin légiste lui tend la clé retrouvée au fond de son estomac, l’effroi la paralyse.

Et si son père n’était pas l’homme qu’il prétendait être ?

Des forêts obscures de Norvège aux plaines glaciales de Sibérie, l’ex-inspectrice des forces spéciales s’apprête à affronter un secret de famille terrifiant.

Que découvrira-t-elle dans ce vieux manoir perdu dans les bois ? Osera-t-elle se rendre jusqu’à l’île du Diable ?

Après Le cri et Complot, Nicolas Beuglet nous livre un thriller glaçant, exhumant des profondeurs de l’histoire un événement aussi effrayant que méconnu. Il nous confronte à une question vertigineuse : quelle part de nos ancêtres vit en nous, pour le meilleur et pour le pire ?

 

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Bonjour à toutes et à tous…

Après “Le cri” et “Le complot” que j’ai vraiment beaucoup aimé, j’ai décidé d’enchainer directement sur le troisième opus de la trilogie, “L’île du Diable”.

Quel plaisir de retrouver l’inspectrice Sarah Geringën dans cette enquête qui va la toucher personnellement. En effet le père de Sarah est retrouvé mort dans sa maison, manifestement assassiné… Il a toujours été étrange, réservé, froid et pas démonstratif du tout avec ses enfants ou son épouse. Sarah n’a absolument aucune idée de qui aurait pu vouloir le supprimer.
Mais surtout dans cette nouvelle enquête, elle est fatiguée, et on s’en rends compte très vite. Elle est considérablement affaiblie suite à son emprisonnement, lui donnant un côté plus attachant encore…

Je ne peux aller plus loin sans trop vous en dévoilé, mais décidément, les romans de Nicolas ne cessent de me surprendre.

J’ai découvert dans ce roman l’existence de “l’épignénétique”, qui relève une nouvelle fois le vieux débat entre “inné” et “acquis”. Comme d’habitude, j’ai passé plusieurs heures à me documenter sur ce sujet passionnant.
“La pleine conscience agit non seulement sur notre propre cerveau… mais également sur notre environnement relationnel (familial, professionnel, amical…) et serait donc transmissible par héritage épignénétique”. Joël de Rosnay
“L’esprit se situe au-delà des gènes”. Edith Heard

Wahou !!!  Incroyable…
Merci Nicolas d’avoir abordé ce sujet qui me permet aujourd’hui d’expliquer beaucoup de choses…

Mais revenons au roman !

Les chapitres très courts se succèdent à un rythme élevé. La narration ne souffre d’aucun temps mort et le roman est un vrai page-turner. Une fois commencé, Je voulais connaître la fin, je l’ai encore une fois lu d’une traite.
Dommage, malgré les très bonnes idées développées, pour moi, le roman aurait mérité plus de pages (avis tout à fait personnel). Mais cela reste malgré tout un très bon roman avec beaucoup de retournements de situation, et je ne m’attendais absolument pas à ce dénouement.

Une fois de plus, je me suis régalé !

Je voudrais vraiment rendre honneur au travail de Nicolas Beuglet, qui avec ses trois roman, a su me toucher à chaque fois, et de manières différentes. Le travail de recherche qu’il fourni est incroyable et donne vraiment à ses romans le “plus” que l’on ne trouve que chez quelques auteurs…

Alors, suite ou pas suite, Nicolas ?

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Extraits :

« C’est ainsi que l’on parle de traumatisme héréditaire. Un enfant dont la mère ou le père a vécu un traumatisme qui a bouleversé la méthylations d’un de ses gènes en verra la trace dans son propre ADN, alors qu’il n’a pas vécu lui-même ce traumatisme. L’épigénétique prouve sans équivoque que si une personne a été victime d’une violence qui a fait naître chez elle une angoisse indélébile, ses enfants et sa descendance arriveront au monde avec cette angoisse, même s’ils ignorent le traumatisme qu’a subi leur ancêtre ! Ils en auront la marque épigénétique. Et cette trace va se transmettre de génération en génération ! »

 

 

Nicolas Beuglet né en 1974, est un écrivain et journaliste français. Il est connu pour sa trilogie de romans policiers ayant pour héroïne l’inspectrice norvégienne Sarah Geringën, dont les deux premiers volets ont été vendus à plus de 540 000 exemplaires. Il est marié et père de deux filles.