Philosophique, Émotion, Témoignage

À cause du Zibaldone

Gérard Papier-Wagner
Broché – 9 octobre 2022
Éditions : Auto édition

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Paris 1983. Le narrateur se sent terriblement seul après le décès prématuré des deux amis avec lesquels il entretenait une relation fusionnelle depuis leur seconde à Condorcet. Solidarité ayant vite entrainé une culture du secret. Ainsi devinrent-ils dépositaires d’informations, qu’ils se promirent de révéler par honnêteté dans un ouvrage que publierait le survivant après une conjointe mise en forme durant leur retraite. Sauf que la fatalité précipita le dénouement. La tâche parait aujourd’hui énorme à celui qui reste et s’interroge sur ses capacités à respecter son serment. C’est alors qu’il fait la connaissance de la famille Ackerman.

 

• Couv_2023-049_Papier-Wagner Gérard - A cause du Zibaldone

 

Tout d’abord, je vérifie que toutes mes urgences sont bien terminées. Voilà, c’est fait.
Pas un bruit dans la maison, tout le monde dors. À partir de maintenant, le temps qui passe est pour moi, c’est comme un cadeau.
Pourquoi un cadeau, me direz-vous ?

Perce que je tiens à la main, À cause du Zibaldone de Gérard Papier-Wagner et je sais que cela va être un cadeau. Après avoir lu déjà deux romans du même auteur, ce ne pourra être que cela… Un moment de bien-être où les personnages quels qu’ils soient, vont m’emmener avec eux paisiblement dans leur histoire…

Très vite, l’auteur me parle de musique, de violon. J’ai ce qu’il faut dans l’une de mes playlists. Stjepan Hauser me parait tout indiqué pour m’accompagner durant mon voyage… Gérard me chuchote la première sonate de Bach, c’est parfait pour moi… Pas trop fort, attention à ne pas nuire à la qualité et à l’intention des mots !
C’est parti…

La famille Ackerman habite dans un appartement très XIXe. M. Ackerman travaille avec sa fille Sarah dans une libraire tout près de Radio France. Grâce à un livre de Zibaldone, ils vont faire connaissance de Gérard un violoniste qui travaille avec l’Orchestre Philharmonique de Radio France. Gérard ressemble au fils de Ackerman aujourd’hui décédé qui lui aussi jouait du violon… Gérard aime les blondes aux yeux bleus, mais se rend compte très vite que Sarah à un petit quelque chose qui le fait frémir. Gérard avait fait une promesse à deux amis décédés aussi. Avec Sarah, qui lui propose un coup de main pour l’écriture, ils vont se retrouver une fois par semaine afin de révéler toutes les informations qu’il a conservées en sa possession.

Au fil du récit, des liens très fort vont se mettre en place entre Gérard et cette drôle de famille “tombée du ciel”. De vieux secrets, un serment honoré, un livre écrit à quatre mains, tout s’enchaîne très vite dans cette simple histoire… Mais quelle histoire !

Moment suspendu d’une profonde richesse, des sourires, des pleurs aussi, des ombres qui planent, l’amour qui va et vient, un récit captivant où Religions, Arts et Musique n’ont pas besoin de crier pour se faire entendre… C’est beau.

Encore un très bon moment de lecture… une douce musique…
Merci Gérard

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Extraits :

« Il ne restait que moi. Un moi fragile et retranché depuis la disparition de François et de Michel autant mes alter ego que ma conscience. Un vide qui se creusait davantage sitôt que cessait de m’absorber la musique omniprésente dans ma vie que je gagnais comme second violon au sein de l’Orchestre Philharmonique de Radio France. »

« Mai était déjà vieux de huit jours, lorsque je m’arrêtai de nouveau à la librairie pour payer ce gros volume avec lequel je me familiarisais peu à peu. Mr Ackerman conseillait une cliente au rayon des romans. Je m’apprêtais à engager la conversation avec sa fille m’ayant aimablement souri quand celui-ci nous rejoignit.
– J’attendais votre visite. Allons nous asseoir, on sera plus tranquille pour parler.
Parler de quoi, Grand Dieu, pensai-je prêt à trouver un moyen de m’esquiver.
– Sarah m’a informé pour le Zibaldone. J’en suis sincèrement heureux, cet ouvrage est un concentré de savoir essentiel.
– Le passage sur la musique m’a beaucoup intéressé.
– Seriez-vous musicien ? »

« Elle était juive.
Nos regards se croisant, je découvris dans le sien une lueur de chagrin qui me fait prendre ses mains, qu’elle ne retira pas. Ce premier contact prolongé me trouble du fait que je ne savais quel nom donner à notre attachement.
J’attendis des confidences qui ne vinrent pas. »

« Le danger de la Connaissance vient de ce qu’elle incite à vouloir comprendre, et expliquer ce qui devrait juste être vécu et l’être pleinement avec humilité. »

 

Né en 1941 à Paris, diplômé architecte en 1966, Gérard Papier-Wagner a exercé en tant qu’urbaniste-architecte à Pointe-Noire en République du Congo, puis à Batna dans les Aurès en Algérie avant de travailler, en libéral à Rennes, dans sa propre agence d’architecture jusqu’en 2001.

Mona
https://leressentidejeanpaul.com/2023/03/22/mona/

LE PARFAIT inconnu
https://leressentidejeanpaul.com/2023/04/21/le-parfait-inconnu/

Émotion, Roman, Suspense

La drôle de vie de Zelda Zonk

de Laurence Peyrin
Poche – 2 juin 2016
Éditions : Pocket

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Les jours s’écoulent, un peu trop calmes, un peu trop sages, pour Hanna Reagan, lorsqu’un grave accident de voiture la cloue sur un lit d’hôpital. La campagne irlandaise a ses charmes, ainsi que son romancier de mari, mais rien de pétillant comme sa voisine de chambre, une vieille dame malicieuse et mystérieuse répondant au nom de Zelda Zonk.
À ses côtés, et n’ayant rien d’autre à faire pendant sa convalescence, Hanna se prend à rêver d’une nouvelle vie, plus éclatante. Est-elle vraiment épanouie dans son hameau perdu, dans son mariage routinier ? Alors que Zelda lui conte son existence positive et joyeuse, Hanna se demande s’il est encore possible de changer la sienne…

“Notons la plume alerte et rafraîchissante de Laurence Peyrin, qui fait preuve d’un talent d’écriture rare. Une véritable gourmandise.” Metronews

Cet ouvrage a reçu le Prix Maison de la Presse
Prix Maison de la Presse – 2015

 

• Couv_087_Peyrin Laurence - La Drôle de vie de Zelda Zonk

 

La semaine dernière, j’ai découvert une nouvelle plume…
Cela faisait un moment que je voyais des romans de Laurence Peyrin exposés, mais je ne me sentais pas visé du tout. Dernièrement, l’orientation de mes lectures ayant changé, je me suis dit… et pourquoi pas ?

Je commence ma lecture.
Les premières pages sont plutôt agréables, le sujet plaisant et les personnages tendres et très vite attachants. Puis soudain, ma lecture devint plus immersive, un petit je ne sais quoi qui me titille, qui me plaît et qui m’emporte. Le sujet est profond, mais traité avec humour et délicatesse, voire même de la tendresse…

Nous sommes en Irlande, suite à un accident Hanna partage sa chambre d’hôpital avec une vieille dame mystérieuse, Zelda Zonk. Elles font connaissance et un lien se tisse entre elles, elles parlent de tout, de rien, mais sentent bien au fond d’elles-mêmes qu’il y a quelque chose qui se met en place.
Zelda à un fils, Michael qui est bel homme, et qui va très vite “piquer” le cœur d’Hanna.
Dès lors, elle va se demander quel chemin elle devra suivre à partir de ce moment.
Quitter son mari, qui lui assure un quotidien bien rangé et sans encombre, ou bousculer sa vie et choisir une vie de passion ?

Et puis, il y a cette fixation de la part d’Hanna. Zelda, est-elle Marylin Monroe ?
Zelda Zonk, n’était-il pas le nom qu’utilisait Marilyn pour se déplacer tranquillement et incognito ?

Un roman très agréable. De l’amour, de la passion, du suspense, de l’amitié et des choix de vie qui pourraient mener à la culpabilité, voire aux regrets.
Mais… la vie n’est-elle pas un tourbillon ?

Une lecture sans regret pour ce roman bien mené, que j’ai apprécié et savouré page après page…
… Suffisamment pour étendre ma PAL d’un roman supplémentaire, “Hanna”, la suite directe de celui-ci !

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Extraits :

« Patti avait des rondeurs d’enfance que sa mère craignait de voir partir.
Déjà, son corps se déliait, ses jambes se faisaient plus maigrichonnes, ses pieds moins dodus. À chacun de ses retours, Gail redoutait de voir sa fille changer de chaussures. Ses pieds, si doux, si ronds, éveillaient en elle une sorte d’appétit ; elle en adorait les petits ongles, nacrés comme des coquillages, calés par des coussinets roses – comme des bébés cochons –, les plis sur les orteils replets, l’absence de corne sous les talons. Elle les portait souvent jusqu’à son nez, sa bouche, avec une gaieté vorace, en reniflant l’odeur sans retenue. »

« Tu sais, dit Hanna, depuis ce foutu accident, je me suis posé plein de questions. Et je n’ai eu qu’une seule réponse, pour toutes : “C’est comme ça…” Pourquoi ai-je survécu alors que d’autres sont morts ? C’est comme ça. Pourquoi mes parents ne se sont pas précipités à l’hôpital ? C’est comme ça… Pour le bébé, c’est pareil : c’est comme ça. Je ne serai peut-être jamais enceinte, c’est comme ça. Je me fais à l’idée. C’est la vie qui décide. Moi, je ne veux plus y penser. »

« Elle fixa la vieille dame, pétrifiée. Il y avait ces yeux bleus ; il y avait bien ce grain de beauté – oh, tout petit et enchâssé dans une ride entre le nez et la bouche, mais il y était. Tranquillement, Zelda attrapa un sucre, le cassa en deux et en lâcha une moitié dans sa tasse. »

« Elle prit le temps de s’asseoir, ses deux pieds bien plats sur les ronds en caoutchouc noirs et usés qui recouvraient le sol.
“Michael… Donnez-moi deux jours”, dit-elle sans réfléchir.
Sa voix tremblait, mais elle était forte, et rebondissait dans les parois du sarcophage qu’il la ramenait à Dearbly.
Un silence, de son côté à lui. “Deux jours ?” Finit-il par demander. Elle prit son élan : “Deux jours avec vous, n’importe où. Vous et moi. Deux jours, deux nuits.” Il comprit. »

 

 

Laurence Peyrin a été journaliste de presse pendant vingt ans. Mère de six enfants, elle se consacre désormais à transmettre sa passion du cinéma à des élèves de collège, aux voyages et à l’écriture qui occupe la plus grande partie de sa vie. Après La Drôle de vie de Zelda Zonk (Kero, 2015, prix Maison de la Presse), Laurence Peyrin redonne vie à ses personnages dans Hanna (Kero, 2015). Elle publie ensuite Miss Cyclone (2017) puis L’Aile des vierges (2018) chez Calmann-Lévy.

Auteure française, oui mais…
Les romans de Laurence Peyrin s’écrivent à l’américaine, nourris de faits divers, d’histoires célèbres, de lectures de Laurie Colwyn dans le New York Times, de J. Courtney Sullivan et de ses “Liens du mariages”, de Jojo Moyes, d’amour et d’humour parfois grinçant. Mais aussi de Stephen King et des polars de Lisa Gardner ou de Shane Stevens…

Émotion, Drame, Roman, Suspense

Rue du Rendez-Vous

de Solène Bakowski
Broché – 20 mai 2021
Éditions : PLON

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Rien ne prédestinait Alice Beausoleil et Marcel Dambre à se rencontrer. Pour que le vieil homme ouvre sa porte à la jeune femme trempée, il aura fallu une grève des transports, un GPS capricieux et un terrible orage. De leur tête-à-tête inattendu va naître ce qui ressemble à une seconde chance. Un nouveau rendez-vous avec l’existence, peu importe le temps qui reste…

Marcel, quatre-vingt-sept ans, vit rue du Rendez-Vous, reclus dans son atelier de bottier menacé par les bulldozers. Vendeuse en boulangerie, Alice offre son sourire à tous ceux qu’elle croise. En réalité, depuis deux ans, trois mois et quatre jours, en proie à une profonde tristesse, elle s’empêche de vivre.

À mesure que la pluie et les heures s’écoulent, le passé resurgit. Sous l’impulsion de la jeune femme qui l’écoute sans se dévoiler, Marcel raconte la guerre, sa carrière et son amour fou pour sa mère. Et s’il trouvait à son tour la clé pour délivrer Alice de son silence ?

 

• Couv_086_Bakowski Solène- Rue du rendez-vous

 

Bienvenus dans la Rue du rendez-vous, bienvenus dans la boutique de Marcel, ce havre de paix hors du temps… Il aura fallu un violent orage pour que le destin de deux êtres perdus se trouve modifié à jamais.
Comment ne pas succomber au charme de ce récit ?
Venez donc rencontrer Alice, Marcel, Georgette, Nini, la Jaunisse, Suzanne et bien d’autres aussi…

Ce roman a été pour moi, comme une parenthèse hors du temps, une parenthèse bienveillante.
La vie, n’est-elle pas faite de hasards ?
Pour moi, complètement.

Je me suis plongé dans le récit Solène. J’ai aimé toutes les rencontres que j’ai faites grâce à elle. Je me suis amusé, je me suis inquiété. J’ai eu peur, j’ai pleuré, puis je me suis révolté avant de m’effondrer.

Alice Beausoleil et Marcel Dambre ont un pouvoir qu’ils ignoraient.
C’est en se révélant l’un à l’autre petit à petit qu’ils vont le découvrir.
Un duo inattendu, une écriture pleine de douceur et de poésie, Solène signe un roman tendre et magnifique !

C’est le sixième roman de Solène que je lis.
J’avais déjà ressenti, une certaine douceur dans ces thrillers, qui se glissait parfois entre ses mots, entre ses phrases. Dans “Avec elle / sans elle”, qu’elle a écrit en collaboration avec Amélie Antoine, c’était même devenu une évidence. Mais là…

… Je suis obligé de reconnaître que, pour mon plus grand bonheur, ma sensibilité a été grandement éprouvée !

Un superbe roman que je conseille à tout type de lecteurs…

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Extraits :

« Voilà pour le premier début.

Parce que tout ce qui est arrivé a donné naissance à ceux qui arrivent aujourd’hui. De tout ce qui arrive aujourd’hui, découle ce qui arrivera demain. Quoi que nous fassions, et peu importe le degré d’indépendance et de liberté que nous revendiquions, nous sommes toujours l’enfant de quelqu’un ou de quelque chose. »

« En France depuis sept ans, il est éboueur. C’est un boulot, on ne peut pas dire que ça lui plaît, mais il y met du cœur, il fait coucou aux gamins fascinés par le camion-poubelle, il aide les gardiens d’immeuble à rentrer les containers, il caresse les chiens qui passent. Parce que, quitte à faire quelque chose, autant le faire bien, sinon ça n’en vaut pas la peine. »

« Marcel a quatre-vingt-sept ans. Il est assis à son établi branlant. Derrière lui, une radio diffuse une musique jazzy. Jamais d’actualités, voilà bien longtemps que les nouvelles des hommes ne sont pas bonnes, les informations parlent d’un univers qu’il n’habite plus assez pour le comprendre. »

« Quatre-vingt-sept années qu’il use son corps sur le plancher des vaches. Il a choisi son cercueil, le caveau est prêt, la concession louée pour les trois prochaines décennies. Ce n’est pas qu’il tienne tant, à prendre de la place, mais ça le rassure de savoir que c’est réglé, que c’est prêt, qu’il n’aura qu’à sauter dans le trou. Il n’a plus envie d’être ici, sa vie et derrière, tout ce qu’il désire, si tant est qu’il désire encore quelque chose, c’est rejoindre ceux que la faucheuse a déjà emportés. Il ne demande rien d’extraordinaire, au fond, juste que ça s’arrête. »

 

 

Née à Paris en 1981 à Paris, je suis l’auteur de “Parfois on tombe” (éditions Favre, janvier 2014, lauréat du Prix de la Chapelle-Montreuil 2015), “Un sac” (éditions Milady/Bragelonne, 2017), “Chaînes” (auto-édition, juin 2015), “Une bonne intention” (éditions Bragelonne, 2018, prix des Géants du Polar), “Avec elle/sans elle” (en collaboration avec Amélie Antoine, éditions Michel Lafon, 2018), “Miracle” (éditions Cosmopolis, 2019). “Il faut beaucoup aimer les gens” (Plon, 2022) finaliste du Prix Maison de la Presse 2022.
“Rue du Rendez-Vous” (Plon, 2021), est mon sixième roman.
J’aime créer des personnages alambiqués animés d’une « folie douce » à la limite de la normalité et mettre en scène les points de rupture, ces moments qui semblent anodins et au cours desquels, pourtant, tout bascule. Il faut dire que les démons se plaisent à s’immiscer dans notre quotidien sans crier gare. Et ces monstres du commun, je suis persuadée que la littérature peut les attraper.

J’espère que mon univers vous plaira.
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Au plaisir de vous lire et d’échanger avec vous !

Émotion, Suspense

Les Douleurs fantômes

de Mélissa Da Costa
Broché – 2 mars 2022
Éditions : Albin Michel

 

Rosalie, Gabriel, Tim, Anton et Ambre formaient un groupe d’amis soudé jusqu’à ce qu’un drame les éloigne les uns des autres. C’est pourtant un appel au secours qui, cinq ans après, va à nouveau les réunir. Entre silences amers et regrets, ces retrouvailles vont raviver leurs douleurs fantômes et bousculer leurs certitudes : mènent-ils vraiment la vie dont ils rêvaient ? Un rendez-vous à la croisée des chemins qui leur prouvera qu’on peut se perdre de vue, mais pas de cœur… Et qu’il n’est jamais trop tard pour changer de vie et être heureux.

“Mes personnages me surprennent et me font découvrir des états d’âme
ou des jeux relationnels auxquels je n’avais absolument pas pensé.
Ils me mènent à 100%, m’embarquent, me bousculent.”
Mélissa Da Costa

 

 

 

 

Moi qui étais depuis plusieurs années plutôt un lecteur de Polars, de thrillers, de romans historiques, et fantastique, je suis “revenu” il y a quelques mois à un “éventail” de lecture beaucoup plus large ! J’avais dans ma bibliothèque des romans que j’avais depuis plus de 10 ans et je trouvais dommage de ne pas les avoir lu. Je m’y suis mis et je le le regrette pas du tout. J’ai ainsi élargi mon “champ des possibles”, augmentant automatiquement ma PAL à venir…

“Les Douleurs fantômes”, suite directe de « Je revenais des autres », entre tout à fait dans ce type de lecture.
Très belle histoire, pleine d’émotions, de sourires, de souvenirs, d’amour et de disputes. Rebondissements assurés durant toute ma lecture, je n’ai pas eu le temps de m’ennuyer une seconde… J’ai partagé pleinement la vie d’Ambre, de Tim, d’Anton, Rosalie, Gabriel, Sophie… et tous les autres.
Un livre qui peut se lire séparément, mais ce serait dommage, je trouve.

À ce jour, j’ai lu tous les romans de Mélissa, et même si j’en aime certains plus que d’autres (c’est normal non ?), j’aime beaucoup sa plume, qui navigue entre tristesse et optimisme. Ces personnages sont toujours très attachants et ont cette particularité, qu’a un moment, j’ai l’impression de les connaître et automatiquement, je ressens une “sorte” de déchirure à la fin des récits, je les quitte alors avec tristesse et en même temps avec beaucoup joie de les savoir heureux.

Il est bien là, le talent d’écriture de Mélissa Da Costa, elle se laisse porter par son imagination.

Une fois les personnages posés, ce sont eux qui m’entraînent et me font découvrir le scénario au fur et à mesure. Tout d’un coup, par exemple, Ambre prend la décision d’inviter son rival Anton à aller boire un verre en tête-à-tête dans la boîte où ils allaient jadis… et je ne sais pas du tout ce qui va sortir de cette soirée.”

Vous ne l’avez jamais lue, vous êtes un (e) Lecteur (trice) ? Vous ne pourrez pas passer longtemps à côté de celle, qui en très peu de romans a su imposer un style, son style.
Mélissa n’a pas fini de m’émouvoir…
… Et c’est ce que j’attends de mes lectures !
Merci Mélissa.

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Extraits :

« Le téléphone portable se mit à vibrer sur la table de nuit, Ambre se réveilla en sursaut. À côté d’elle, elle sentit Marc remuer et marmonner dans son sommeil. Elle attrapa le téléphone avant que le vibreur ne le réveille totalement.
Même pas sept heures. Qui pouvait bien appeler aussi tôt ? Ce genre d’appel n’augurait jamais rien de bon. Lorsqu’elle vit le nom qui s’affichait sur l’écran, son inquiétude grandit, car cela faisait plus d’un an qu’elle n’avait pas eu de nouvelle de cette jeune femme dont elle avait été si proche. »

« Finalement, ils restèrent muets, debout l’un en face de l’autre, dans l’obscurité de la chambre, pendant près d’une minute. Luttant pour ne pas s’approcher davantage, luttant pour refouler toutes les images qui leur venaient en tête, Frontignan, leurs peaux moites sur les draps humides…
Ils ne firent pas un geste. Ils ne se frôlèrent même pas. »

« Elle tenta de se recompter un visage neutre, de calmer les battements de son cœur, mais la main de Tim avait laissé comme une brûlure sur sa peau. Impossible d’ignorer cette sensation. C’était comme si Tim tenait toujours sa main dans la sienne. Une sensation semblable aux douleurs fantômes, après une amputation. On sait que le membre n’est plus là et pourtant, on ressent toujours sa présence douloureuse. Au point d’en devenir fou. »

« Elle songea à Marc. Il était de ces personnes qui avaient peur de tout dans la vie mais, qui disaient “Je t’aime” sans problème, comme si ça pouvait les rassurer. Il disait aussi “ma chérie” ou “ma puce”. Elle, elle n’en avait jamais été capable. Elle ne disait : “Je t’aime” que si on lui disait et les “chéri” restaient immanquablement bloqués dans sa gorge.
Tim était comme elle. Il avait toujours trouvé ces petits noms ridicules et impersonnels. Il disait qu’il n’y avait rien de plus fort qu’un prénom et que c’était dommage d’enlever ça à une personne pour lui assigner un surnom usé à force d’être utilisé par des centaines et des centaines de couples. »

« Sophinette, je te mettrai en garde. Je te dirai comme c’est dommage compliqué, comme c’est douloureux, mais comme c’est beau à la fois. Elle respirait dans le cou de Tim et elle pensait : Sophinette, continue de sautiller, de chanter, continue de soigner tes poupées, continue de rire, de croiser les bras en boudant, continue de trouver tout si évident, de t’occuper du petit Tim’, d’aimer ton papa et de penser qu’il est le plus beau du monde, continue d’être la miniature de ta maman… elle est si géniale, c’est la femme la plus merveilleuse que j’aie rencontrée. Continue de croire au Père Noël, aux lutins, continue de porter des bracelets fluorescents, et même tes affreux colliers criards. Sophinette, tu as le temps de grandir… »

 

 

Mélissa Da Costa est une romancière française.

Après des études d’économie et de gestion à l’Institut d’administration des entreprises de Lyon (IAE) (2008-2011), elle est chargée de communication dans le domaine de l’énergie et du climat.
Elle suit également des formations en aromathérapie, naturopathie et sophrologie.

“Recherche compagnon(ne) de voyage pour ultime escapade” (2017), sorti en librairie sous le “Tout le bleu du ciel” (2019), est son premier roman.
Salué par la presse, il a reçu le prix du jeune romancier au salon du Touquet Paris Plage.
https://leressentidejeanpaul.com/2021/09/17/tout-le-bleu-du-ciel/

“Je revenais des autres” (2017), et “Les Lendemains” (2020), sont portés par les libraires et salués par la presse, ils ont conquis plus d’un million de lecteurs.
https://leressentidejeanpaul.com/2021/08/04/je-revenais-des-autres/
https://leressentidejeanpaul.com/2022/04/18/les-lendemains/

“Les douleurs fantômes” (2022) est lauréat du Prix Babelio – littérature française 2022.

Émotion, Drame

Un merveilleux cadeau

de Claudine Laurent Rousselle
Broché – 26 avril 2022

Lydie est une petite orpheline qui a perdu ses parents dans un incendie alors qu’elle était à l’école. N’ayant aucune famille, elle se retrouve placée dans un orphelinat austère, insalubre où toutes les pensionnaires subissent la méchanceté de Mademoiselle Diablo, la directrice de l’établissement. Lors d’un séjour à l’hôpital, Lydie va faire la connaissance de Jaime, un petit garçon qui a tout pour être heureux. Entre eux va naître une belle amitié…

 

 

J’ai toujours aimé les histoires commençant par “Il était une fois…”
Sans doute un manque “d’évasion” durant ma prime jeunesse… Évasion que j’ai bien rattrapée depuis, puisque je n’ai pas attendu d’être papa pour lire tous types de romans, et cela, dès que j’ai pu…

Le livre de Claudine Laurent Rousselle est “Un merveilleux cadeau” dans tous les “sens” du terme. J’y ai retrouvé les émotions et les Ressentis de mes premières histoires, il y a un petit côté “naïf” qui est fort agréable et qui m’a fait du bien, en cette période fort oppressante.

Pas tout à fait un roman, “Un merveilleux cadeau” est plutôt un conte, sous forme de nouvelle, adressé à tous types de lecteurs ayant envie de passer un agréable moment.
Il est bien écrit, intéressant et lève tout un tas de questions sur l’enfance sans parents, et la vie dans les orphelinats. Un récit bien construit avec plusieurs niveaux de lecture glissés çà et là entre les lignes. La tristesse, la solitude, la peur, la méchanceté aussi, l’arrivée d’un compagnon à quatre pattes dans une vie, l’amitié, l’amour, la joie, le bonheur…

Ce livre, je vais le mettre précieusement de côté…
C’est tout à fait le type d’histoire que j’aurais aimé lire à mes enfants. Aujourd’hui, ils sont trop grands, ils pourront le lire tout seul… Mais je pense qu’il sera une belle surprise quand viendra l’heure de raconter une histoire à mes petits-enfants, avant qu’ils ne partent au pays des songes…

Le seul “reproche” que je pourrais faire à ce merveilleux cadeau, c’est d’être beaucoup trop court pour moi.
Mais c’est ce qui donnera, je pense, la possibilité à ce bel ouvrage de toucher les petits et les grands…

Une histoire très agréable, qui a eu la faculté de me projeter dans un futur qui me ravira !
“Dis papy, tu me lis l’histoire avec Flocon ?”

Une vraie belle surprise qui s’est transformée au cours de ma lecture à ce qui ressemble le plus à un coup de cœur !
Je reste, maintenant, en attente du prochain “récit/histoire/conte”, enfin, tout ce que Claudine voudra…
Claudine, il n’y a pas d’âge pour commencer à écrire. Bravo !

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Extraits :

« Il était une fois…
Dans un champ, une petite maison avec aux fenêtres des géraniums rouge vif.
Un petit oiseau survole les lieux et vient s’accrocher au mur près de la porte d’entrée.
Sur la droite s’agrippent des roses anciennes exhalant leur parfum poivré.
Il reprend son envol et se dirige à gauche vers le jardinet où poussent quelques légumes et petits fruits.
Après s’être régalé de groseilles, il revient devant la maison, sur la petite terrasse pour se poser sur la table entourée de ses chaises, et reprend sa route vers le chêne un peu plus loin. »

« Grégoire interroge Jaime pour savoir s’il a pensé à sortir son chien.
Jaime ne l’a pas fait.
Il appelle Flocon et les voilà partis batifoler dans l’herbe fraîche, sous un magnifique ciel bleu.
À l’extrémité du champ, cool une petite rivière bordée de quelques hêtres.
De l’eau émergent plusieurs rochers qu’une crue à déposés là.
Soudain, Flocon se met à courir en direction du cours d’eau. »

« Le lendemain est un grand jour pour les enfants de l’orphelinat.
De nombreuses personnes sont attendues dans un espoir d’adoption.
Après leurs corvées, les pensionnaires ont le droit à un bol de gruau en guise de petit-déjeuner.
Ensuite, elles font leurs toilettes dans une pièce où se trouvent alignés douze lavabos.
Au-dessus, collés au mur, des morceaux de miroir.
La pièce est glaciale. Des vitres sont cassées, mais aucune n’a été remplacée. »

« Jaime est triste, il pense ne jamais revoir son chien.
Malgré les affiches, il n’a reçu aucun coup de téléphone. Pour lui, Flocon ne reviendra jamais.
Son père lui conseille de ne pas baisser les bras et de garder espoir.
Jaime sort en courant.
Soudain, son père l’entend hurler. Aussitôt, il accourt.
Le garçon est mal tombé et s’est cassé la jambe. »

 

 

Née à Reims, Claudine Laurent Rousselle a vécu à “La Neuvillette” durant sa jeunesse et son adolescence, depuis elle vie en Haute-Savoie. Dans sa jeunesse, elle a participé à plusieurs concours de poésies.
Depuis quelques années le rêve d’écrire des contes lui vient à l’esprit. Elle se lance, et sort son premier roman “Un merveilleux cadeau” en 2022.
D’autres romans sont d’ores et déjà en attente…

Adolescence, Émotion, Cercle littéraire, Drame

Dahlia

de Delphine Bertholon
Broché – 17 mars 2021
Éditions : Flammarion

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Début des années 1990, dans le sud de la France. Lettie, quatorze ans, vit avec sa mère dans un mobile home et brûle secrètement d’être quelqu’un d’autre. Quand survient Dahlia, une fille un peu étrange, une ardente amitié se noue entre ces adolescentes que tout semble opposer. Dahlia a deux jeunes frères, des parents généreux, et Lettie voit dans le père de son amie l’homme idéal, celui qui lui a toujours manqué. Chacune envie l’autre ; qui sa tranquillité, qui sa famille joyeuse. Mais le jour où Dahlia lui confie un secret inavouable, Lettie ne parvient pas à le garder. La famille de son amie vole en éclats. Au milieu du chaos, le doute : et si Dahlia avait menti ?

Delphine Bertholon explore le lien ambigu entre adolescence et vérité, et les frontières floues qui nous séparent du passé.

 

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Un roman touchant et captivant avec beaucoup de finesse envers toute une adolescente qui cherche sa place.
L’adolescence est pour moi la période la plus compliquée de notre vie, tout est possible.
Le pire comme le meilleur…

Delphine Bertholon nous propose avec “Dahlia”, une histoire qui m’a fait me poser pas mal de question !
Delphine bouscule et égratigne la notion de “la famille” qui est malmenée pendant tout ce roman.

Nous sommes dans les années 90. Entre Dahlia et Lettie, qui ont 14 ans, naît une amitié toute en fragilité. De conditions très différentes, elles apprennent petit à petit à se connaître.
Dahlia vit chez ses parents avec ses deux petits frères qui sont jumeaux, avec qui elle partage sa chambre. Sa maman ne travaille pas, son père est chauffeur routier.
Lettie vit avec sa mère dans un mobile-home, elle travaille dans les services sociaux. Elle n’a pas de papa. Elle ne l’a jamais vu, elle ne sait rien de lui. Sujet tabou pour la maman…

Dahlia étouffe dans un univers clos alors que Lettie représente une certaine liberté et a les faveurs des élèves de la classe.

Un jour Dahlia raconte un secret très important à Lettie, “son secret”, en lui faisait jurer de ne jamais le raconter à qui que ce soit… Mais ce secret va peser sur la conscience de Lettie qui ne tiendra pas. Elle finira par en parler à sa mère, qui se fera un devoir elle-même de le raconter à qui de droit, déclenchant ainsi un processus judiciaire ! Dès lors, une machine infernale démarre au grand désespoir de Dahlia…
Cette amitié naissante entre les deux jeunes filles, dès lors va s’écrouler et la famille de Dahlia va littéralement voler en éclats…

Delphine Bertholon interroge sur toutes les difficultés vécues par une adolescente qui arrive dans un nouvel environnement, nouvelle classe, constituée d’amitiés fragiles, de mensonges et de jalousies. Elle doit trouver sa place, mais tous les cercles d’amitiés sont déjà définis.
Dahlia, a du mal à s’intégrer et lorsque Nettie la remarque enfin, il faut absolument qu’elle arrive à la captiver, elle doit se faire remarquer…

Le sujet est bien mené, intéressant, mais pas suffisamment “fort” pour moi.
Je ne voudrai rien dévoiler à ceux qui ne l’ont pas encore lu, mais je pense que les réactions des divers personnages ne sont pas à la mesure de tous les préjudices vécus.

Par contre la fin du roman, les retrouvailles entre Dahlia et Nettie adultes, m’ont parus très intéressantes d’un point de vue psychologique.
Mon Ressenti reste un avis personnel, et cela ne m’empêchera pas de lire un autre roman de Delphine lorsque l’occasion se représentera.
C’est une belle histoire, avec beaucoup de sensibilité et la construction de l’écriture est plutôt agréable.
J’ai passé un bon moment, mais… Il m’a manqué un petit quelque chose !

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Extraits :

« La première fois que je m’aperçus de l’existence de Dahlia, c’était au début de mon année de troisième, au retour des vacances de la Toussaint. Je venais d’avoir quatorze ans le 2 novembre. Je suis née le jour des Morts et c’était l’une des choses que ma mère aimait répéter, par jeu ; devenu adulte, je le répète à mon tour. J’ai fini par aimer, je crois, cette façon d’oxymore, comme si cela me donnait une touche d’originalité. Dahlia était dans ma classe depuis la rentrée, mais je ne l’avais pas remarquée jusqu’alors. Elle était encore ce que je fus longtemps : une invisible. »

« Le soir tombe derrière les vitres étincelantes. Le ciel est gris et rosissant par-delà les toits en zinc, les antennes râteaux, l’ocre minérale des tubes de cheminée. À la radio, les millionnaires promettent des fortunes pour reconstruire Notre-Dame, tandis que le périmètre est pollué au plomb, ce que le grand public apprendra plus tard – trop tard, comme souvent. »

« Je n’ai jamais compris pourquoi Annie, qui avait enfanté à dix-huit ans, était pudique et ce point. Les essayages de maillots, c’était comme les scènes coquines dans les films. La sexualité, je crois, lui faisait peur. Elle m’a transmis une partie de cette peur, de manière nébuleuse. Toute ma vie de jeune fille, puis de femme, j’ai alterné par des phases entre deux extrêmes : la putain et la nonne. Deux catégories qui, sauf miracle, enfantent rarement et ne se marient jamais. Mina est un miracle engendré par une putain de nonne, mais, par chance, son père est coureur de jupons, dragueur invétéré gentleman à ses heures, ce qui devrait offrir à cette enfant un certain équilibre, précaire peut-être, mais qu’importe. »

« Lettie,
Il fallait que la colère descende. Elle est toujours là, mais j’avais besoin de te raconter ce qui m’arrive. Après ce dimanche, j’ai essayé de te téléphoner toute la semaine, mais tu n’étais jamais là, ou tu faisais semblant, ce qui est probable (et parfaitement dégueulasse). Si j’avais pu te parler, tout serait différent…
Tu avais promis. Je croyais que tu étais mon amie, que ta parole valait quelque chose. Mais rien ne vaut, jamais, je m’en rends compte. IL n’y a que dans les romans que les amitiés sont vraies.
Tu me dégoûtes, Lettie
Comment as-tu pu répéter ÇA ? »

 

 

Delphine Bertholon naît à Lyon et écrit depuis l’âge de six ans, âge auquel elle remporte un modeste concours de poésie. Après des études de lettres, elle se destine au professorat, mais y renonce pour se consacrer à l’écriture. Dans la vingtaine, elle commence à publier ses premiers romans, la plupart publiés aux éditions Jean-Claude Lattès, tel que “Twist, journal d’une jeune fille kidnappée”. Elle écrit également des scénarios pour la télévision, comme “Yes We Can”, afin de vivre plus confortablement de sa plume.

En juillet 2018, elle signe une tribune dans ActuaLitté où elle revient sur son parcours afin de témoigner de la précarité de sa vie d’écrivaine. Elle est attirée par les romans de Stephen King. Elle se joint ainsi au mouvement de contestation sociale #PayeTonAuteur et #AuteursEnColere et aux revendications de la Ligue des auteurs professionnels.
Elle est notamment l’auteure du très remarqué “Grâce” et, plus récemment, de “Coeur-Naufrage”.

Émotion, Drame, Psychologie

J’aurais aimé te dire

de Blandine Bergeret
Broché – 30 mars 2022
Éditions : Les Editions de l’ArtBouquine

Dijon. Sophie, dix-huit ans, voit sa vie brusquement bouleversée. Vingt ans plus tard, la maladie fait son apparition. L’occasion pour Sophie d’écrire à son fils, Martin, et de lui narrer leur vie. À deux, et à trois avec la voix de Madeleine, leur voisine et grand-mère de substitution, la mémoire des années après-guerre, qui vient s’intercaler dans les lettres de Sophie. Des anecdotes, des questionnements, des joies, des désillusions. Deux femmes, deux générations, deux écoles de vie, Martin au centre et un drame qui s’immisce au présent.

 

 

C’est avec beaucoup d’émotion que je termine le second roman de Blandine Bergeret.
Ohhh… Cette dernière lettre…
D’ailleurs, c’est tout le livre qui m’a mis dans un drôle d’état. Mais cette dernière lettre.

Par où commencer ?

Tout d’abord, en fin de lecture, je me pose plusieurs questions.

  • Mais où Blandine a-t-elle puisé autant de tristesse ?
  • Comment a-t-elle eu cette idée de roman, et d’où est venue cette construction si particulière, si rythmée ?
  • A-t-elle vécue, elle-même ou des proches, cette situation si pesante ?
  • Et comment se remet-on d’une telle expérience ?

On sent que chaque mot, chaque phrase, chaque idée est longuement pesée… étudiée avec beaucoup de finesse avant de nous être “offerte”.
J’ai pris ce récit comme ça. Comme un cadeau que Blandine me faisait. Un cadeau longuement réfléchi évidemment, qui nous montre une voie qui nous fait peur, que l’on ne veut surtout pas voir, une vie que l’on ne souhaite à personne.

“J’aurais aimé te dire” est un roman choral qui se décline à trois voix.
– La première, des lettres que Sophie écrit à son fils Martin. Elle commencera en 2010, et pendant un an, fera défiler plus de vingt ans de leur vie.
– La seconde, un journal tenu par Madeleine une voisine, devenue “la” grand-mère de substitution de Martin. Elle décrit sa vie, ses envies, ses enfants, ses chagrins.
– Et enfin la troisième. Une succession froide, rigide et scientifique, de dates, de rendez-vous, de résultats d’examens médicaux… Mais qui est donc la personne concernée ?

C’est ainsi que toute leur vie va se dérouler en alternance sous nos yeux.
Sous mes yeux, qui ont eu du mal à y croire, qui auraient tellement voulus que les choses se déroulent autrement, que ces drames n’ai jamais eu lieu.
Sophie. Très tôt orpheline, suite un accident de la route où ses parents se tuent, éternelle maman qui se découvre, qui tâtonne, qui apprend, ne renonce jamais et mène un combat quotidien pour protéger Martin, né de père inconnu.
Madeleine. Elle, vient d’un autre temps, d’une autre époque. Ses parents ont vécu la guerre. Dans sa fratrie de neuf frères et sœurs, ils n’ont pas eu le temps de se poser trop de questions. Il fallait avancer, travailler, nourrir, élever, punir quand ils ne marchaient pas droit. C’est cette éducation aux idées bien arrêtées qu’elle transmet à Martin. Pas facile tous les jours, mais pas méchante non plus. Elle soutient Sophie, et ce, sans jamais rien demander en retour.
Les ressentis de Martin m’ont manqué. J’aurais aimé savoir ce qu’il avait en tête, qu’elles étaient ses envies au fur et à mesure de son évolution, de son éducation…
Deux femmes, trois générations, trois destins qui s’entremêlent sur un peu plus de deux cent cinquante pages, mêlant présent et passé, trois destins qui ne demandent qu’à vivre…

Un livre bouleversant à tous niveaux. Un style concis et précis qui ne supporte pas l’a peu prêt. Je n’ai pu qu’admirer le courage, la pudeur de Sophie, personnage central de tous ces destins croisés. L’amour d’une mère n’aura jamais aucune limite…

Tout simplement, merci Blandine pour tes mots…

À lire absolument !

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Extraits :

« 1er janvier 2010
Maux de tête
Migraine
Céphalées
Quel que soit le terme, la douleur est là
Omniprésente
Elle frappe tel un tambour
Sur le front
Les tempes
Les yeux pétris de douleur ne forment plus qu’un interstice plissé pour empêcher la lumière d’entrer »

« Sans être naïve, à aucun moment, je n’avais songé à cette éventualité. Mon cerveau était sans doute submergé pour que l’idée n’affleure à sa surface. Pendant un an, sans précaution aucune, j’ai couché avec pléthore de type. Des jeunes, des moche, des vieux, des gars traînant dans la rue, des dépressifs, des basanés. Peu importait le style, l’accoutrement, la propreté. Je voulais du sexe masculin. Je me servais dans la rue. Les hommes n’étaient pas farouches. Je ne l’étais pas non plus. Je me suis vautré dans l’alcool et le sexe. »

« J’aimais m’observer nue dans le miroir du couloir. Mes formes s’arrondissaient. La peau tendue, l’abdomen proéminent, Madeleine m’avait prédit une fille Régulièrement, elle m’offrait des vêtements qu’elle tricotait pour ta naissance. Bonnet. Chaussons. Barboteuses. Brassières. Dans des tons de rose et mauve. Elle me tenait compagnie. Me racontait son enfance, sa jeunesse, post-seconde guerre mondiale. »

« Tu es né dans la douleur. Des pleurs plaintifs, tels des miaulements, ont pris la relève de mon ultime hurlement. Animal. Viscéral. Guttural. Pas de péridurale. Le col n’était pas assez ouvert, je n’ai pas pu en bénéficier. »

« Les changements sont apparus insidieusement pour, à la cinquantaine, s’installer de façon permanente. J’ai pris du poids, des bouées accrochées à mes hanches avec une silhouette digne d’une bouteille d’Orangina. J’avais alors constaté mon invisibilité aux yeux des hommes, moi qui les avais toujours fait se retourner sur mon passage. Je m’étais empâtée, la peau de mon visage s’était relâchée, mes paupières affaissées. Je me souviens de mon moral en Berne, de mes sautes d’humeur que personne ne comprenait à la maison. J’étais irritée, mon impatience exacerbée, tout m’agaçait, en particulier les enfants, alors adolescents, qui se fichaient bien de moi, de mes hormones et de ma chute inexorable. »

 

 

Formatrice pour de grandes entreprises, Blandine Bergeret consacre maintenant son temps à l’écriture. “J’aurais aimé te dire” est son second roman après le succès de “Elle voudrait des étoiles, des étincelles et des papillons verts dans ses cheveux”.

Lectrice à mes heures perdues et auteure de 2 romans aux éditions de l’ArtBouquine. “Elle voudrait des étoiles, des étincelles et des papillons verts dans ses cheveux” qui a obtenu le 1er prix lors d’un appel à manuscrits (nov. 2020) et mon tout dernier, “J’aurais aimé te dire” (avril 2022).

Je rêve d’écrire depuis petite, j’ai toujours eu cette passion. Au commencement, ce fut “le secret des 12 princesses”, puis je me suis mis à écrire des nouvelles il y a une douzaine d’années avec des parutions dans des revues spécialisées. Après avoir mis en place le journal “Supply Planet” lorsque j’étais responsable logistique chez Pepsico, j’ai continué l’écriture journalistique en créant mon site internet. Repérée par deux magazines dans le domaine, j’ai collaboré à de nombreux articles et dossiers durant deux ans. J’ai enfin décidé d’accorder ma plume à l’écriture personnelle en me lançant dans un roman. Puis deux. Et le troisième est en cours.

Quand j’écris, je suis ailleurs. J’enfile les chaussures de mes personnages. Je plonge en eux. Je suis dans une bulle. Légère et insouciante.

Émotion, Drame

La vie rêvée des chaussettes orphelines

de Marie Vareille
Poche – 20 octobre 2020
Éditions : Charleston

 

En apparence, Alice va très bien (ou presque). En réalité, elle ne dort plus sans somnifères, souffre de troubles obsessionnels compulsifs et collectionne les crises d’angoisse à l’idée que le drame qu’elle a si profondément enfoui quelques années plus tôt refasse surface.

Américaine fraîchement débarquée à Paris, elle n’a qu’un objectif : repartir à zéro et se reconstruire. Elle accepte alors de travailler dans une start-up dirigée par un jeune PDG fantasque dont le projet se révèle pour le moins… étonnant : il veut réunir les chaussettes dépareillées de par le monde.

La jeune femme ne s’en doute pas encore, mais les rencontres qu’elle va faire dans cette ville inconnue vont bouleverser sa vie. Devenue experte dans l’art de mettre des barrières entre elle et les autres, jusqu’à quand Alice arrivera-t-elle à dissimuler la vérité sur son passé ?

« Avec un talent incroyable, Marie Vareille manie un style plein d’humour et de sincérité. Un roman puissant, moderne et extrêmement bien écrit. »
France Net Infos

 

 

J’ai lu et entendu beaucoup de choses sur Marie Vareille. Du bon, du moins bon, aussi et du mauvais parfois… J’ai tenu donc à me faire ma propre opinion.
On n’est jamais mieux servi que par soi-même !

Tout d’abord, l’écriture est plaisante, et j’avoue avoir accroché très vite à l’histoire. Alice, ce personnage “un peu” psycho-rigide, avec ses tics et ses tocs m’a bien plu, et m’a fait penser à quelqu’un. (n’insistez pas, je ne vous dirait pas qui !)
Je pensais “tomber” sur un feel good traditionnel, mais pas du tout, pour moi cela n’en est pas un !
La structure du récit est intelligente et poétique comme j’aime. On avance dans la lecture en suivant en parallèle deux trames de récits. D’abord, il y a le “Journal d’Alice” qui commence en 2011 et se déroule jusqu’en 2012, où Alice s’adresse directement à Bruce Willis !!! Si, si, je vous assure, c’est même parfois très drôle ! Puis le récit en lui-même, qui commence en 2018 pour s’achever en 2024 (si j’ai bien compté). Cette méthode d’écriture en toute simplicité, force à un rythme de lecture, dans lequel je suis tout de suite entré. Je me suis laissé porter ainsi par les mots de Marie pendant près des deux tiers du roman… Les allers-retours entre le journal intime et le vécu de la jeune femme en alternance, me captivaient de plus en plus.
Il y a aussi pas mal de suspense, et je me suis demandé où voulais en venir l’auteure. Mais j’étais encore loin de deviner ce qui allais m’arriver !

Bravo Marie pour ce “switch” incroyable !
Ou comment l’auteur a l’art et la manière de nous prendre complètement à contre-pied. Whaou !
C’est beau, c’est triste, c’est très touchant…
Oserais-je dire que je suis resté sans voix ?
En-tout-cas, j’ai versé une larme.

“La vie rêvée des chaussettes orphelines”, n’est pas un long fleuve tranquille.
Le récit transporte son lot de drames, de tristesse, de beauté, d’amitié et d’amour. C’est un récit de vie, un récit de foi en la vie. Ce ne sera pas un coup de cœur pour moi, mais il s’en est fallu de peu. L’histoire m’a remué.
Il y a de l’émotion, de la compassion, de l’intensité et bien sûr de l’amour.
Bref, c’est un récit qui a tout ce qu’il faut pour “vivre agréablement“ de mains en mains, encore pendant de longues années…
Très bon moment de lecture avec des personnages qui vont me manquer.
J’ai hâte d’en lire un autre…

PS. Marie a eu la belle idée de nous proposer sa “playlist” musicale. Elle a accompagné toute ma lecture, mais…
Et oui, il y a un MAIS…

J’ai cherché partout “SISTERS” de Scarlette S.R., et impossible de le trouver !!!
Bouhou…

“Marie, si tu lis ce message…
L’ambiance générale et la façon dont tu en parles m’ont donné l’impression que ce morceau existait vraiment.
Si c’est le cas, je suis preneur.
Si un autre titre qui t’a inspiré, je suis preneur aussi !
Quoi qu’il en soit, un grand merci pour toutes ces émotions…
À bientôt, snif…”

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Extraits :

« 10h04. Mon rendez-vous a quatre minutes de retard. 240 secondes de ma vie envolée, mortes, parties dans le néant du monde. Soixante minutes dans une heure. Soixante secondes dans une minute.
Je resserre ma queue-de-cheval pour la dixième fois. Je ne comprends pas. Pour arriver à l’heure, il suffit de partir à l’heure. Je ne vis pas, a priori, dans un espace-temps différent de celui des autres et pourtant, je suis manifestement la seule personne au monde à avoir compris ce grand mystère de la vie que la vaste majorité de l’humanité n’a pas encore réussi à percer :
Temps de trajet = temps de transport + temps de marche + marge de sécurité. »

« …il a planifié un rendez-vous.
À une heure précise.
À un endroit précis.
Si je refuse, je vais déranger son emploi du temps. Peut-être qu’en réorganisant sa journée, il va devoir modifier celui d’autres personnes et le bouleversement de l’ordre établi peut entraîner le chaos. Quelqu’un, un père de famille par exemple, pourrait sortir de chez lui plus tôt, pile au moment du passage d’un taxi, simplement parce que le rendez-vous a été décalé, il se serait fait renverser ou pire, son enfant dans la poussette…
Stop.
Arrête. »

« Tu sais à force de travailler avec mes petits vieux, j’ai appris deux choses essentielles. La première, c’est qu’on se prend la tête toute la journée pour des trucs dont on se souviendra même pas dans un an, alors à l’échelle de toute une vie, autant te dire que ça n’aura plus la moindre importance. Et la deuxième, c’est que vivre vieux, c’est une chance que tout le monde n’a pas, alors les choses qu’on veut vraiment faire dans sa vie, les projet qui nous tiennent à cœur, il ne faut pas attendre avant de les entreprendre parce qu’on sait jamais quand ça s’arrête. »

« La beauté n’est qu’une question de norme sociales dépendantes de ton époque, de ton milieu social et de tes origines géographiques, normes que la société te fait intérioriser dès ta naissance. Par ailleurs, toute apparence physique est éphémère. Choisir un partenaire sexuel pour sa beauté et par conséquent complètement con. »

« …tu es un artiste, et tous les artistes sont des losers jusqu’au jour où ils réussissent. Tu sais, dans les médias, on nous rabâche les histoires des gens qui réussissent en une nuit, le conte de fée des Temps modernes, c’est ça : réussir par hasards, sans mérite ni travail. C’est le pire des mensonges. Quel que soit le domaine, les gens qui réussissent du premier coup sont des exceptions. Et d’ailleurs, c’est pour ça qu’on parle d’eux parce que leur histoire tient du conte de fées. »

 

 

Marie Vareille est née en Bourgogne en 1985 et vit aux Pays-Bas avec son mari et ses deux filles. Son best-seller “La Vie rêvée des chaussettes orphelines”, traduit dans de nombreux pays, s’est vendu à plus de 100 000 exemplaires. Il a reçu le Prix des lectrices Charleston 2020 et le Prix des Petits mots des libraires 2021. Elle est également l’auteure, aux éditions Charleston, de “Je peux très bien me passer de toi” (Prix Confidentielles) et “Ainsi gèlent les bulles de savon”.

Elle a reçu de nombreux Prix en littérature jeunesse pour sa trilogie “Elia la Passeuse d’âmes” et son roman Young Adult “Le syndrome du spaghetti” a été récompensé du Prix Babelio en 2021.

Adolescence, Émotion, Drame

Les ailes collées

de Sophie de Baere
Broché – 2 février 2022
Édition : J-C Lattès

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« Sa poésie à Paul, c’était Joseph. Et Joseph n’était plus là. »

Suis-je passé à côté de ma vie ?
C’est la question qui éclabousse Paul lorsque, le jour de son mariage, il retrouve Joseph, un ami perdu de vue depuis vingt ans.
Et c’est l’été 1983 qui ressurgit soudain. Celui des débuts flamboyants et des premiers renoncements. Avant que la violence des autres fonde sur lui et bouleverse à jamais son existence et celle des siens.

Roman incandescent sur la complexité et la force des liens filiaux et amoureux, Les ailes collées explore, avec une sensibilité rare, ce qui aurait pu être et ce qui pourrait renaître.

Finaliste Prix Maison de la presse 2022
Sélection Prix du Château de Maffliers 2022
Sélection Prix Françoise Sagan 2022
Sélection Prix des lecteurs Version Fémina 2022
Sélection Prix Orange du Livre 2022

« D’une plume précise, l’auteure interroge la complexité des liens familiaux et amoureux des ados et déploie ses ailes dans ce roman puissant. » Version Femina

« Une langue simple, visuelle, et une justesse sociologique renversante » Le Parisien week-end

« Un roman sensible et délicat sur les sentiments que l’on cache, la violence à l’école, l’indifférence des adultes, le tout servi par une plume incandescente et joliment poétique. » Psychologies Magazine

« Une fresque intime à l’écriture qui touche en plein cœur. » Cosmopolitan

« Véritable explosion d’émotions pour ce troisième roman ! Jonglant habillement avec deux mondes bien différents : les années 80 et 2000, elle explore en profondeur les coulisses et devenirs de nos rêves enfouis de jeunesse. »La Fringale Culturelle

 

Couv_030_De Baere Sophie - Les ailes collées

 

J’ai trouvé ce roman il y a quelques jours dans ma boîte aux lettres sans aucune indication sur l’expéditeur, malgré diverses recherches, impossible de savoir de qui il venait !
Alors merci à cet(te) inconnu(e) pour cette très belle découverte !

Commencé ce matin, il fallait absolument que je le termine avant de me coucher. Il me fallait absolument connaître sa fin…
“Les ailes collées”, fait partie de ces romans poignants et bouleversants… Il a une noirceur rayonnante, et m’a captivé dès les premières phrases. Très vite, j’ai senti que cette histoire allait me toucher, me remuer. Dès lors, il m’était impossible de ne pas vivre, la tristesse et la souffrance ressentie par Paul.

2003.
Paul et Ana vont se marier et s’apprêtent aussi à devenir parents.
Ana veut faire une belle surprise à son futur mari, une surprise qui va replonger Paul vingt ans en arrière, à l’aube de son adolescence.

Été 1983.
Paul est mal dans sa peau. Timide, bègue et mal aimé, un père qui ne le “voit” pas et ne pense qu’à tromper sa femme, une mère qui a tout compris et noie au quotidien sa tristesse dans l’alcool…

… Et puis, il y a Joseph. Il est beau, il est libre, il est aimé de tous.
Dès lors, grâce à sa rencontre avec cet esprit bohème, la vie de Paul va prendre une tout autre direction…

Il y a de la passion dans la plume de Sophie de Baere. Elle griffe, elle écrit avec ses tripes, mais aussi beaucoup d’amour, de poésie et de sensibilité…
Je serai incapable, par mes simples mots, de retranscrire la façon dont Sophie m’a littéralement submergé dans cette histoire qui a beaucoup résonné en moi…

Pages après pages, l’émotion que j’ai ressentie montait, gonflait, alternant entre tristesse et colère.
Paul a subi tant de haine, tant de coups, je n’ai pu que compatir à son sort.
Et encore une fois, c’est la haine qui polluera un bonheur qui ne demandait qu’à s’épanouir.
Impossible de vous en dire plus sans trahir le récit.

Je me suis senti fragile à la fin de ma lecture, arrivée finalement beaucoup trop tôt.
On ne ressort pas entier d’un tel récit, d’une telle écriture…

“Les ailes collées” est le troisième roman de Sophie, après “La dérobée” et “Les corps conjugaux”. Ma curiosité, me pousse tout naturellement à la connaître un peu mieux, à la découvrir un peu plus…

Un nouveau coup de cœur pour ce roman qui m’a fait retourner au cœur de mon adolescence…
Merci Sophie !

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Extraits :

« Avant Joseph et aussi loin qu’il s’en souvienne, Paul n’avait jamais eu de véritable ami. À la maternelle, tout se passait plutôt bien avec ses camarades, mais les choses s’étaient corsées à son entrée en primaire.
Un être à part. Voilà ce que ses problèmes d’élocution avaient peu à peu fait de lui. Personne ou presque ne voulait jouer avec le bègue. Ni le groupe qui s’amusait à poules-renard-vipères, ni le clan des billes, ni les filles des cordes à sauter. Les autres enfants n’étaient pas méchants avec lui, on ne pouvait pas dire ça. Ils refusaient simplement de l’intégrer à leurs jeux. Même avec les billes neuves et la corde à sauter fluorescente que lui avait achetées la mère. »

« Dorénavant, la pauvre femme traînait le plus souvent en vieux tee-shirt informe et en caleçon au noir délavé. Même le Shalimar qui collait à sa peau et à ses cheveux avait disparu. Charles appelait ça être en bannette, mais cette bannette, pour Paul, c’était le signe que la mère avait rendu les armes. »

« Allongé sur son lit, le garçon expirait est inspirait. Fort. Longtemps. En élargissant ses poumons puis en les rétractant d’un coup, il tentait d’extirper les mauvaises pensées, d’oublier ce grand trou dans l’estomac. Cette douleur qui crochetait sa voix et bousculait ses pauvres mots. »

« Le soir trembla, la lune devint rouge. Paul n’était plus qu’un mélange de sable et d’eau.
Il fallait absolument qu’il se ressaisisse, alors, sans rien dire à ses parents, le garçon commanda une Heineken au comptoir. Il l’a bu derrière la sono, à quelques centimètres de la grosse enceinte. Il comptait sur la bière et la pluie de décibels pour s’étourdir et fragmenter sa peur.

 

 

Sophie de Baere est diplômée en lettres et en philosophie. Après avoir vécue à Reims puis à Sydney, elle s’est installée comme enseignante près de Nice. Elle est également auteure, compositrice et interprète de chansons françaises. Elle a publié en 2018 son premier roman, “La Dérobée” puis “Les Corps conjugaux”, récit d’un amour fou et bouleversant, paru aux éditions JC Lattès en 2020.

Émotion, Histoire, Philosophique

L’homme qui peignait les âmes

de Metin Arditi
Broché – 2 juin 2021
Éditeur : Grasset

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Acre, quartier juif, 1078. Avner, qui a quatorze ans, pêche avec son père. À l’occasion d’une livraison à un monastère, son regard tombe sur une icône. C’est l’éblouissement. « Il ne s’agit pas d’un portrait mais d’un objet sacré, lui dit le supérieur du monastère. On ne peint pas une icône, on l’écrit, et on ne peut le faire qu’en ayant une foi profonde ».
Avner n’aura de cesse de pouvoir « écrire ». Et tant pis s’il n’a pas la foi, il fait comme si, acquiert les techniques, apprend les textes sacrés, se fait baptiser, quitte les siens. Mansour, un marchand ambulant musulman, le prend sous son aile. C’est l’occasion d’un merveilleux voyage initiatique d’Acre à Nazareth, de Césarée à Jérusalem, puis à Bethlehem, jusqu’au monastère de Mar Saba, en plein désert de Judée, où Avner reste dix années où il devient l’un des plus grands iconographes de Palestine.
Refusant de s’astreindre aux canons rigides de l’Eglise qui obligent à ne représenter que Dieu et les saints, il ose reproduire des visages de gens de la vie ordinaire, cherchant dans chaque être sa part de divin, sa beauté. C’est un triomphe, c’est un scandale. Se prend-il pour un prophète ? Il est chassé, son œuvre est brûlée. Quel sera le destin final d’un homme qui a osé défier l’ordre établi ?
Le roman de l’artiste qui, envers et contre tous les ordres établis, tente d’apporter de la grâce au monde.

 

2022_025_Arditi Metin - L'homme qui peignait les âmes

 

Nous sommes à Acre en l’an 1078.
Avner est un jeune Juif, fils de pêcheur, il a quatorze ans. Régulièrement, il va livrer au monastère de la Sainte-Trinité, les poissons qu’ils ont pêchés ensemble. Et, régulièrement, il est accueilli chaleureusement par les frères. Dont un, Thomas, qui connaît bien sa gourmandise et lui prépare des mets à chaque fois meilleurs, mélange de sucré, fruité et salé.
Avner, pour les déguster, aime s’installer à l’ombre sous un figuier, près de l’église. Endroit qu’il nomme, Le Petit Paradis. Il aime écouter la douceur du chant des moines orthodoxes, sentir le vent à travers ses cheveux et observer la nature, les animaux et tout particulièrement un papillon doré, le « Roi des Rois », qui lui rend visite de temps en temps.

Un jour, alors qu’il dessine de mémoire, “son” papillon, il est puni par son père. Il ne comprend pas pourquoi la représentation est interdite dans sa religion. Il ne voulait que célébrer la beauté du monde…

Lors d’une livraison de poisson au monastère, un jour sa curiosité l’emporte et se laissant bercer par les chants liturgiques, il entre dans le lieu de culte.
Dès lors, sa vie va changer à jamais, lorsqu’il voit pour la première fois une icône peinte. Éblouis pas cette beauté sur fond d’or, le garçon veut devenir iconographe !

Commence alors un parcourt qui impliquera une reconversion au christianisme, à la grande honte de sa famille, qui le mènera vers un long chemin d’apprentissage, où il fera la connaissance de Mansour, un marchand musulman, qui s’occupera d’Avner, comme s’il était son fils…

À travers cette histoire prenante Metin Arditi rend hommage à l’art sacré de l’iconographie et tout particulièrement à Avner, un homme bon, passionné par son art et par la beauté des hommes et des femmes, dans un pays où juifs, musulmans et chrétiens sont en conflit constant. Avner se donne une mission. Il veut peindre les âmes, et mettre en avant ce qu’il y a de meilleur chez les êtres humains. Il souhaite que tout le monde s’aime et célébrer ainsi la beauté du monde…

Je découvre Metin avec ce roman rempli d’émotions à chaque chapitre. Ce récit, très riche en rencontres dans le Proche-Orient du XIe siècle, fait vivre des personnages attachants quelles que soient leurs religions. Metin mêle avec talent l’Histoire, où le fanatisme religieux tue et n’offre aucune liberté, mais il met en valeur, tout ceux qui avaient une vision différente du monde et qui à travers les siècles, ont pu faire évoluer les esprits les plus ouverts.

De courts chapitres, une écriture belle et apaisante.
Coup de cœur pour ce roman, où la douceur se fait une place dans un monde qui malheureusement renouera très vite avec les violences de son temps…

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Extraits :

« Avner se saisit de la galette et la mordit, ayant soin de prendre en bouche une figue entière. Durant quelques instants, il se tint immobile, les yeux fermés, a humer le parfum dégagé par les petits fruits restés sur la galette. Il était à la fois délicat et enivrant, le même dont il s’emplissait les poumons lorsqu’il était étendu sous le figuier.
Très vite, l’onctuosité du fromage, la douceur du sirop et la tendresse du fruit lui procurèrent une succession de plaisir qu’il s’amusa à identifier, selon que c’était le fromage, le sirop ou le fruit qui caressait son palais. »

« Pourquoi alors ne pouvait-il s’émerveiller des chants orthodoxes ? Parce qu’il était juif ? Cette obligation d’obéir à des lois ridicules, d’avoir le droit d’aimer ceci, mais pas cela, de se couper de plaisirs délicats, de joies innocentes, au risque de voir son père exploser de colère, tout cela le révoltait. »

« Avner transgressait chaque jour davantage. Étendu près de Myriam, il la caressait comme s’il peignait l’ovale de son visage, son nez, ses lèvres, ses yeux, son front, puis à nouveau l’ovale, le menton, et ainsi de suite, très lentement, avant de l’embrasser, lèvres écartées, et de frotter son corps contre le sien jusqu’à ce que vienne leur plaisir. »

« Prier avec un musulman si tu es juif, prier avec un chrétien si tu es musulman, ce sont des actes de fraternité. Je suis sûr qu’ils plaisent au Tout-Puissant. Il se dira : voilà un homme de paix.
Ces mots apaisèrent Avner. Malgré tout, il s’interrogea. Juifs, chrétiens et musulmans pouvaient-ils se joindre dans la prière en un même lieu ? Au même moment ? »

 

 

Écrivain francophone d’origine turque, Metin Arditi a quitté la Turquie à l’âge de sept ans, et a obtenu la nationalité suisse en 1968.

Après onze années passées dans un internat suisse à Lausanne, il étudie à l’École polytechnique fédérale de Lausanne, où il obtient un diplôme en physique et un diplôme de troisième cycle en génie atomique. Il poursuit ses études à l’université Stanford.

Il habite Genève, où il est très engagé dans la vie culturelle et artistique. De 2000 à 2013, il a été Président de l’Orchestre de la Suisse romande. Il est membre du Conseil stratégique de l’École polytechnique de Lausanne où au fil des ans, il a enseigné la physique (assistant du Prof. Mercier), l’économie et la gestion (comme chargé de cours) et l’écriture romanesque (en tant que Professeur invité).

En décembre 2012, Metin Arditi a été nommé par l’UNESCO Ambassadeur de bonne volonté. En juin 2014, l’UNESCO l’a nommé Envoyé spécial puis, en 2017, Ambassadeur honoraire.

De 2016 à 2019, il a tenu une chronique hebdomadaire dans La Croix.

Il est l’auteur d’essais et de romans, parmi lesquels Le Turquetto (Actes Sud, 2011, prix Jean Giono), et chez Grasset, L’enfant qui mesurait le monde (2016, prix Méditerranée), Mon père sur mes épaules (2017) et L’homme qui peignait les âmes (Grasset, 2021). En 2022, il a publié le Dictionnaire amoureux d’Istanbul (Plon-Grasset).