Amour, Émotion, Poésie

La femme qui ne vieillissait pas

de Grégoire Delacourt
Poche – 30 janvier 2019
Éditions : Le Livre de Poche

« À quarante-sept ans, je n’avais toujours aucune ride du lion, du front, aucune patte d’oie ni ride du sillon nasogénien, d’amertume ou du décolleté ; aucun cheveu blanc, aucun cerne ; j’avais trente ans, désespérément. »

Il y a celle qui ne vieillira pas, car elle a été emportée trop tôt. Celle qui prend de l’âge sans s’en soucier, parce qu’elle a d’autres problèmes. Celle qui cherche à paraître plus jeune pour garder son mari, et qui finit par tout perdre. Et il y a Betty. Ce qui est arrivé à Betty est le rêve de toutes les femmes. Et pourtant.

Un conte qui pourfend joliment la dictature de l’apparence. Véronique Cassarin-Grand,
L’Obs.

Un roman trouble, fascinant avec quelque chose d’étrange qui touche au fantastique. On a rarement vu un écrivain s’attaquer avec autant de singularité au mystère de la beauté éternelle. Du grand Grégoire Delacourt.
Mohammed Aïssaoui, Le Figaro littéraire.

Encore un roman qui m’a touché, mais oserai-je dire que je m’y attendais un peu…

La femme qui ne vieillissait pas, de Grégoire Delacourt, m’a remué, bouleversé.
Ce récit, à la fois limpide et cruel, m’a un peu fait penser au roman d’Oscar Wilde, Le Portrait Dorian Gray, par sa façon d’explorer le vertige d’une jeunesse figée. En effet, une femme découvre que le temps n’a plus de prise sur son corps, figé à l’âge de trente ans. Ce miracle apparent devient très vite une malédiction, creusant peu à peu l’abîme entre elle et les siens. Mais au-delà de l’intrigue, c’est une méditation fine sur le temps, ce lien invisible qui unit ou désunit les âmes. Derrière ce miracle apparent se cache une tragédie lente, insidieuse…

L’écriture, vive, directe, presque haletante, prend ici la forme d’une confession, et ce roman pose une question essentielle dans une société où vieillir devient presque une faute, où les personnes âgées sont montrées du doigt, devenues inutiles, où la recherche absolue de la jeunesse éternelle devient presque une obligation…
Que devient notre lien aux autres quand le temps cesse d’agir sur nous ? L’écart se creuse, l’isolement s’installe.

À chaque nouveau roman de Grégoire Delacourt, je suis au rendez-vous.
Celui-ci n’a fait pas exception, même si l’auteur délaisse ici sa prose coutumière, et s’essaie à une écriture plus poétique, ouverte à l’imprévu.

Je le recommande sans la moindre réserve.

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Extraits :

« Afin de devenir la meilleure version de nous-même et de commencer à vivre avec passion et détermination, il faut faire le tri de notre inventaire émotionnel. Nous, les êtres hypersensibles, sommes très compliqués. Nos sentiments sont une petite, mais importante partie de ce que nous sommes. En fait, il a été largement admis que les émotions étaient l’adversaire numéro un des hypersensibles. Faux ! C’est avant tout l’ignorance ! »

« La colère, la joie, la tristesse, la surprise, le dégoût, l’auto-hostilité, le mépris, la peur, la honte, et la culpabilité ne sont que quelques-unes des émotions qui peuvent affecter notre vie quotidienne et nos relations avec les autres. Les émotions ont le potentiel de dominer nos décisions à des moments critiques. Les émotions jouent un rôle dans tout ce que nous faisons, des décisions que nous prenons à la façon dont nous interprétons le monde qui nous entoure. Il faut donc les distinguer, pas les combattre. »

« Lorsque je me sens submergée de sentiments, il est rare que je trouve la bonne attitude à adopter, à savoir le recul nécessaire à la situation. Nier les conséquences négatives de la surcharge émotionnelle et de la surstimulation est risqué pour une personne hypersensible comme moi, et peut avoir des résultats dévastateurs pour mon bien-être. »

« Malheureusement, ce n’est pas arrivé qu’une seule fois, mais plusieurs. À l’école, on se moquait souvent de moi parce que j’étais trop émotive et que je réagissais de façon excessive. Il y avait des moments, en classe, où j’avais les larmes aux yeux parce que je n’arrivais pas à comprendre ce que le professeur essayait de m’expliquer. Je pleurais si un camarade refusait mon invitation à jouer. Quand quelqu’un me parlait, je disséquais chaque mot. »

Né en 1960 à Valenciennes, Grégoire Delacourt publie à cinquante ans son premier roman, L’Écrivain de la famille, récompensé par cinq prix littéraires dont le prix Marcel Pagnol. La Liste de mes envies, best-seller international publié et traduit dans plus de trente pays, a fait l’objet de nombreuses adaptations théâtrales et d’un film de cinéma. On ne voyait que le bonheur a figuré sur la liste du Goncourt et a été élu roman de l’année par Le Parisien. Mon Père et L’Enfant réparé ont été unanimement salués par la critique.

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