Amour, Émotion

Le cerf-volant

de Laétitia Colombani
Poche – 25 mai 2022
Éditeur : Le Livre de Poche

Brisée par un drame personnel, Léna abandonne la France et son poste d’enseignante pour partir en Inde, au bord du golfe du Bengale. Un matin, alors qu’elle nage dans l’océan, elle manque de se noyer. Une petite fille qui jouait au cerf-volant court chercher de l’aide.
Comment la remercier ?… Âgée de dix ans, la petite travaille dans un restaurant et ne sait ni lire ni écrire. Entourée d’un groupe de filles du village et de leur cheffe, la tumultueuse Preeti, Léna se lance dans un incroyable projet : fonder une école pour tous les enfants du quartier qui en sont privés.
Au cœur d’une Inde tourmentée commence une aventure où se mêlent l’espoir et les désillusions, la volonté face aux traditions, et le rêve de changer la vie par l’éducation.

Un hymne puissant à la sororité.
Marie Claire.

Bouleversant. Un très beau récit sur la reconstruction et le don.
Le Parisien.

Un roman généreux et courageux sur l’émancipation des femmes.
Le Figaro littéraire.

La magie des mots de Laetitia Colombani m’a déjà emporté à deux reprises. D’abord avec La Tresse, que j’avais adoré, puis avec Les Victorieuses, véritable évasion littéraire, qui m’avait bouleversé par la richesse de ses paysages, la profondeur de ses personnages et surtout par ces histoires de femmes qui, malgré tout, restent debout et ne baissent jamais les yeux.

Le Cerf-volant a débuté pour moi comme un conte, doux, intense et vivifiant. Puis, au fil des pages, il s’est transformé en un récit à la fois sensible et perturbant, parfois triste, toujours profond. Il m’a poussé à m’interroger sur les traditions, les liens du sang et ceux du cœur. Cette histoire, émouvante et inspirante, m’a captivé par la justesse de ses personnages et la finesse de son intrigue. Comme à son habitude, la plume de Laetitia est délicate, poétique, et m’a transporté dans un univers chargé d’émotions.

Dans un petit village d’Inde, ce pays que François, rêvait de visiter, Léna, ancienne enseignante française, est venue chercher l’oubli après la tragédie qui a bouleversé sa vie du jour au lendemain. Fuyant tout, elle n’a pas choisi l’Inde des catalogues de voyage, mais a préféré s’isoler dans un petit hôtel, loin du monde. Un matin, lors d’une promenade sur une plage encore déserte, elle entre dans une mer réputée dangereuse… et manque de s’y noyer. Une fillette, qu’elle avait déjà aperçue avec son cerf-volant, la sauve. À son réveil dans un hôpital bondé, Léna n’a qu’une idée en tête, retrouver cette enfant pour la remercier comme il se doit. La petite ne parle pas, mais Lena perçoit en elle une certaine “lumière”. Touchée par le sort de cette gamine d’à peine dix ans, exploitée par un restaurateur et sa femme, Léna se met en tête de lui apprendre à lire et à écrire afin qu’elle puisse s’élever de sa condition… à l’image de son cerf-volant défiant les lois de la gravité. Peu à peu, au fil de leurs rencontres, elle découvre le prénom de cette enfant. Lalita. Un joli clin d’œil à “La Tresse”, puisque Lalita est la fille de Smita, l’un des personnages principaux de ce roman.

Dans cette histoire j’ai également fait la connaissance de Preeti, issue de la caste des Intouchables. Elle dirige une brigade féminine d’autodéfense qui soutient des femmes victimes d’agressions. Sa rencontre avec Léna n’a rien du hasard. Un lien fort se tisse entre elles, puis s’étend à d’autres femmes de la brigade. Mais c’est un véritable échange qui va se mettre en place entre toutes ses femmes qui ne demandent qu’à être libre, qu’à vivre… tout simplement… Enfin.
L’Inde que nous montre Laetitia est loin des cartes postales. C’est une Inde cachée, celle des marges, des mendiants, des Intouchables et des analphabètes. Une Inde privée de perspectives, ravagée par la misère, où les enfants deviennent main-d’œuvre bon marché, et où trop de filles subissent encore le viol. Privées d’instruction, on leur ôte la principale clé qui mène à la liberté, l’éducation ! Une Inde sous le joug de coutumes, de traditions ancestrales, où les droits des femmes et des enfants se retrouvent constamment bafoués…

Le Cerf-volant est un magnifique roman sur la reconstruction, qui dénonce… tout en mettant en lumière le pouvoir de l’éducation… C’est un bijou littéraire que j’ai refermé à regret. J’aurais aimé rester encore un peu avec ces femmes, avec cette petite fille. Elles m’ont touché profondément, et là, soudain elles sont devenues bien réelles, au point de les ressentir presque dans ma propre chair… Car finalement… Elles existent bien toutes… quelque part !

Merci, Laétitia, de continuer à m’émouvoir, à m’inspirer…
Une belle histoire sur un parcours de vie, un élan de solidarité, un souffle d’espoir universel…
Une lecture que je recommande à tous les amoureux de la belle littérature.

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Extraits :

« Léna s’éveille avec un sentiment étrange, un papillon dans le ventre. Le soleil vient de se lever sur Mahäbalipuram. Il fait déjà chaud dans la cahute adossée à l’école. Selon les prévisions, la température devrait avoisiner les 40 degrés au plus fort de la journée. Léna a refusé d’installer l’air conditionné – les habitations du quartier n’en sont pas équipées, pourquoi la sienne ferait-elle exception ? »

« l’Inde est le plus grand marché de main-d’œuvre enfantine au monde. Elle a vu des reportages sur ces manufactures de la Carpet Belt, dans le Nord, où les enfants sont enchaînés aux métiers à tisser et travaillent jusqu’à vingt heures par jour, toute l’année. Un esclavage moderne qui broie les couches les plus pauvres de la société. La communauté des Intouchables est la principale concernée. Jugés impurs, ils sont asservis depuis la nuit des temps par les castes dites supérieures. »

« La petite fille est là, elle aussi. Elle se tient, droite et fière, au milieu de l’agitation et du bruit. Elle ne prend part ni aux jeux ni aux discussions. Elle est là, simplement, et sa présence justifie à elle seule tous les combats de ces derniers mois. Léna observe son visage, ses cheveux tressés, sa silhouette menue dans cet uniforme d’écolière qu’elle arbore tel un étendard, cette tenue qui n’est pas seulement un morceau de tissu mais une victoire. Le rêve d’une autre, qu’elles réalisent ensemble, aujourd’hui. »

« Naître fille ici est une malédiction, pense-t-elle en quittant le dhaba. L’apartheid commence à la naissance et se perpétue, de génération en génération. Maintenir les filles dans l’ignorance est le plus sûr moyen de les assujettir, de museler leurs pensées, leurs désirs. En les privant d’instruction, on les enferme dans une prison à laquelle elles n’ont aucun moyen d’échapper. On leur retire toute perspective d’évolution dans la société. Le savoir est un pouvoir. L’éducation, la clé de la liberté. »

Cinéaste, scénariste, comédienne et romancière, Laetitia Colombani est l’auteure de La Tresse, vendu à plus de deux millions d’exemplaires dans le monde, traduit en quarante langues et couronné d’une vingtaine de prix littéraires. Elle a elle-même réalisé l’adaptation cinématographique de son roman (sortie le 29 novembre 2023).
Elle est aussi l’auteure des best-sellers Les Victorieuses (Grasset, 2019) et Le Cerf-volant (Grasset, 2021) ainsi que des albums jeunesse La Tresse ou le voyage de Lalita (2018), Les Victorieuses, ou le palais de Blanche (2021), et Le Cerf-volant ou l’école de Lalita (novembre 2023) illustrés par Clémence Pollet.
Elle écrit également pour la scène : sa pièce Le Jour du kiwi avec Gérard Jugnot est un grand succès au théâtre Edouard VII en 2023. En tant que comédienne, elle a tourné au cinéma pour Yvan Attal, Cédric Kahn ou Florent Emilio Siri.

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