Vendredi 25 janvier 2019.
Ce soir, dîner aux chandelles au Château de Maffliers avec Corinne Tartare en maîtresse de cérémonie et, en invité d’honneur, l’écrivain Gilles Marchand entouré de Jean-Pierre Tartare et de 24 autres lecteurs qui s’apprêtent à passer une excellente soirée. Le lieu s’y prête à merveille. Le Château de Maffliers est un magnifique domaine dont les jardins s’étendent à perte de vue. La salle des fresques où nous dînons est, à l’image de la résidence, un espace empli d’Histoire.
Ce soir, nous avons la chance d’être deux flingueuses à prendre part autour de la table du Cercle Littéraire de Maffliers, Jean-Paul dit “loup” et Isabelle, dans ce lieu majestueux empreint d’une certaine magie. Nos rendez-vous mensuels revêtent aujourd’hui une présence quasi obligatoire tant on s’y sent bien… Tant les invités, méticuleusement choisis par nos hôtes, excellent par leurs écrits.
Isabelle. Je ne connaissais pas cet auteur et avais donc lu ses deux derniers opus peu de temps avant, en prévision de la soirée : Des mirages plein les poches, recueil de nouvelles édité Aux Forges de Vulcain, et Un funambule sur le sable, disponible chez Points.
Jean-Paul. J’ai eu l’occasion de rencontrer Gilles il y a quelques semaines. Il a participé à un recueil de nouvelles dans “Rock Fictions” de Carole Épinette, et sa nouvelle Monkey Gone to Heaven m’avait beaucoup troublé de part un style très particulier, qui très vite m’a touché et s’est s’immiscé dans mon esprit, nous avions ce soir-là, pu nous entretenir autour d’un verre… J’ai découvert à ce moment un Gilles très sensible et je savais déjà que je commencerai ma lecture par son histoire. Le hasard, s’il existe, a fait que c’est lui qui justement démarrait l’ouvrage !
Isabelle. Je vois très bien ce que tu veux dire. J’ai immédiatement été charmée par ses histoires singulières témoignant d’une imagination débordante, servie par une écriture pétillante et malicieuse. Les thèmes récurrents sont souvent graves : la marginalité, l’exclusion, le handicap, la différence non choisie, mais ils sont traités avec humour et une certaine forme de légèreté. Il ne faut pas y voir de la désinvolture mais de la pudeur et une forme d’optimisme.
Jean-Paul. Humour et une certaine forme de légèreté, mais aussi beaucoup d’émotions. J’ai donc commencé par son recueil de nouvelles Des mirages plein les poches.
La nouvelle est un format qui a du mal à plaire aux gens… Et pour cause, pas facile en quelques mots d’arriver à capter et à mener le lecteur là où le veut l’auteur !
Mais Gilles y arrive parfaitement…
Isabelle. Ce soir, je m’attendais à rencontrer une sorte de lutin-poète fantaisiste. Comme son héros, Gilles Marchand est plutôt un funambule qui part d’un point A pour arriver au point B. Jusqu’ici rien d’inhabituel. Mais pour y parvenir, tous deux ignorent les lois de la pesanteur et de la raison. Ils improvisent et se promènent avec grâce sur un fil qui n’a rien de linéaire. En l’écoutant se raconter, dans la douce lumière des chandeliers, je découvre peu à peu une personnalité attachante, animée par un besoin de transmission. Chacune de ses confidences donne un éclairage subtil à ses romans. La famille, puissante source d’inspiration. La musique, centrale dans sa vie et dans son œuvre. La symbolique du demi-chien dans Un funambule… Le passé familial derrière Une bouche sans personne. Certaines de ses pages m’évoquent Georges Perec. Et comment ne pas penser à Boris Vian et à son nénuphar qui pousse dans le poumon de Chloë, lorsqu’on découvre la vie du garçon qui avait un violon dans la tête ? Des influences qu’il revendique volontiers.
Jean-Paul. Comme toi Isabelle j’ai pensé à Borian Vian, Georges Perec, Jean-Paul Didierlaurent ou bien David Zaoui. Des auteurs ayant des univers bien personnels, un vrai monde à part entière…
Concernant le roman Un funambule sur le sable, qui est son second roman après Une bouche sans personne, que j’ai eu la sagesse de me procurer dès le lendemain (Prix du meilleur roman des lecteurs, édité aussi chez Points).
Impossible de le résumer ! Je suis passé par tellement d’émotions…
Gilles traite avec énormément de pudeur, de fantaisie aussi, des différences et des handicaps visibles ou pas. Naître avec un violon dans la tête, c’est impossible ? C’est pourtant ce qui est arrivé à Stradi. Depuis son enfance, il souffre de l’incompréhension, de la maladresse ou de l’ignorance de ceux qui partagent son quotidien. Un roman à lire absolument !
Nous poursuivons notre dîner en lisant des extraits et en posant des questions à l’auteur, qui se prête à l’exercice avec sincérité et générosité, sur son implication dans ses histoires. Lui, sa famille, ses proches. Il règne autour de la table, lorsqu’il parle, un silence que certains décriraient comme monastique. Nous sommes tous pendus à ses lèvres.
Isabelle. Et puis je pose la question qui me tarabusque, celle qui m’a laissé une légère amertume en refermant Un funambule… et qui touche au sens de la fin du roman. C’est délicat, car tout le monde autour de la table ne l’a pas lu. Nous nous comprenons à demi-mots et il me répond de façon subtile. On souffle les bougies, la soirée s’achève.
Tout en clair-obscur, elle aura embelli ma lecture.
Jean-Paul. Gilles est donc définitivement comme ses héros, comme moi aussi par ailleurs… c’est un grand rêveur. Nos contraintes quotidiennes nous obligent à nous réfugier dans un autre monde. Un monde où les personnes se tendent la main et s’aiment. Gilles par le biais de l’écriture, moi celui de la lecture, mais finalement nous vibrons tout deux sur une même longueur d’onde ! Bien-être et émotions sont les mots que je retiendrai et qui résument parfaitement cette belle soirée.
Nous avons quitté ce lieu intemporel les uns après les autres.
Le froid et le brouillard ont retenu certains d’entre nous encore un instant
dans ce lieu magnifique où résonnaient encore certaines phrases échangées,
quand quelques flocons de pluie verglaçante se sont mis à tomber du ciel…
Vous ne connaissez pas encore Gilles Marchand ?
Entrez dans son univers très fort en émotions, ses récits vous mèneront vers
des mondes que vous ne soupçonnez pas encore…
Super retour de soirée
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Il n’est même pas encore publié !!!
lol…
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😂😂 je recois les mails 😀😀
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T’es décidément trop forte !!!
Bisous
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Mais non mais non… c est grâce à toi
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