de Gérard Papier-Wagner
Relié – 28 mai 2022
Éditeur : Autoédition

Début d’avril 1981 éclata un scandale troublant encore les consciences de ceux qui s’y trouvèrent mêlés. Le crime, il faut le dire, fut abject, parce que perpétré par un jeune garçon s’étant servi de son exceptionnel don de peintre pour détruire sa bienfaitrice. Celle-ci n’ayant pas déménagé, le retour de Dominique, en ce mois de septembre 1998, risque de susciter bien des rancœurs et appréhensions. Le récit, ayant pour lieu d’action un vieux quartier de Paris vivant comme un village, explore la nature humaine dans ses recoins les plus secrets, et la création artistique en conflit avec le génie. Surtout lorsqu’il s’agit de Dominique Pique.

Avril 81.
Dominique Pique est un jeune garçon, très tôt, il se passionne pour la peinture. C’est un artiste, peut-être même un jeune génie. Marcelline, son professeur de dessin, voit en lui le moyen de vivre un rêve qu’elle n’a jamais pu approcher. Elle le prend alors sous son aile et décide de l’aider à développer des talents de peintre qui lui semblent innés. Mais la jeunesse ou peut-être bien la fourberie de Dominique lui fera commettre un acte inadmissible à celle qui était sa bienfaitrice…
Marcelline aura énormément de mal à se remettre de la folie destructrice du jeune génie, qui va s’amuser à détruire plusieurs vies autour de lui, à travers le temps.
J’ai eu un peu de mal à entrer dans mon récit. Trop de personnages (très intéressant et haut en couleur d’ailleurs, avec aussi de nombreuses failles) qui m’ont un peu perdu. Mais très vite, malgré de multiples rebondissements, j’ai retrouvé le fil conducteur du récit.
Comme dans ses autres récits, la plume de Gérard est fluide et très visuelle. J’ai eu à plusieurs reprises l’impression de voir les tableaux… et toujours cette pointe de poésie présente régulièrement agrémentée d’une grande maîtrise de vocabulaire…
C’est un livre que j’ai trouvé émouvant et sensible qui décrit très bien une vie de quartier « tranquille” qui mêle commérages, passions amoureuses, relations entre voisins avec ses hauts et ses bas.
Gérard a vraiment le don de me tenir en haleine jusqu’à un final subtil et plein de philosophie.
C’est le cinquième roman que je lis de cet auteur, et à chaque fois de belles surprises toutes différentes.
Qu’est-ce qui fait que certains écrivains soient très vite accueilli par un large public et d’autres qui le méritent tout autant, ont un lectorat plus confidentiel ?
Je n’ai pas de réponse à cette question…
Mais j’ai vraiment passé un excellent moment de lecture, avec des personnages auxquels je m’étais finalement attaché, tous très atypiques et remplis, pour la plupart, de drôles de secrets !
Mais chuut…
Je n’en dirais pas plus !
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Extraits :
« Depuis le scandale d’avril 81 ayant anéanti ses chances de vivre avec celle qu’il aimait, sa déception s’était muée au fil des années en une sorte de mélancolie dans laquelle il avait fini par se complaire. Pour cela, il se composa une existence assez banale en apparence pour n’attirer sur lui ni l’attention des autres ni celle du destin souvent porté à compliquer les choses.
Charles faisait partie des êtres dont le bonheur simple et naïf contrarie les esprits cancaniers, par essence même, à l’affût des mauvaises nouvelles pour nourrir les commérages en exagérant au besoin leurs conséquences, afin de se faire valoir. »
« Semblant revenir à elle, Magali le fixe avec acuité.
– Voyons chéri, dis-moi ce qui te soucie réellement ?
– Inquiet pour Marcelline, j’ai rompu ma promesse de ne plus aller la voir. On l’avait déjà mise au courant, elle était effondrée. Ça m’a tellement bouleversé, que je lui ai proposé de partir avec elle loin d’ici. Je la croyais seulement rancunière. Mais elle m’a jeté à la figure, que jamais elle ne m’avait aimé, m’a traité d’idiot, et m’a flanqué à la porte en jurant de ne plus mettre un pied dehors. »
« – Excuse-moi, maman, j’ai pas mal à faire.
Il s’enfuit. Les câlins œil mouillé d’émotion et les cajoleries de sa mère lui sont insupportables maintenant qu’il jouit des faveurs de tant d’autres femmes lui prodiguant des tendresses autrement plus à son goût. “Chez toi, le sexe a chassé le sentiment.” lui redit Camille connaissant son frère mieux que quiconque. »
« – Je l’aime bien, il me parle comme à un grand. Et ce qu’il dit est toujours intéressant.
Sans savoir pourquoi, Martine a subitement les larmes aux yeux. Cela ne lui est pas arrivé depuis si longtemps, que ce chagrin lui paraît aussi doux, qu’une mélancolie qu’on caresse. »
Né en 1941 à Paris, diplômé architecte en 1966, Gérard Papier-Wagner a exercé en tant qu’urbaniste-architecte à Pointe-Noire en République du Congo, puis à Batna dans les Aurès en Algérie avant de travailler, en libéral à Rennes, dans sa propre agence d’architecture jusqu’en 2001.
Mona
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