Je ne sais pas ce que c’est, mais nous devons y aller
de Alain Cadéo
Broché – 30 septembre 2024
Éditions : Les cahiers de l’Égaré

Je me demande bien où s’éparpilleront mes billets du matin lorsque depuis longtemps je ne serai plus là. Sans doute un rat câlin y aura fait son nid et un enfant ou deux en feront leur levain. Il y aura bien aussi quelques vieux centenaires mâchouillant leurs grumeaux qui, tout tremblants, bredouilleront trois phrases venues de leur mémoire en disant « ça, c’est y pas du Cadéo ? »

Alain Cadéo nous a laissés en juin 2024. Il fera définitivement partie des auteurs qui ont laissé une empreinte dans mon esprit et dans mon sang. Et grâce à ce qu’il aimait appeler “ses billets”, il demeurera proche de nous. Martine, son épouse, poursuivra leur édition aussi longtemps qu’elle le pourra…
J’ai eu la chance de découvrir la très belle plume d’Alain en février 2020 à travers son œuvre “Mayacumbra”.
Ensuite, il y eut “Confessions” (ou les spams d’une âme en peine), “Arsenic et Eczéma”, “L’Homme qui veille dans la pierre”, “M”, “Billets de contrebande” et “Le ciel au ventre”. Régulièrement, j’ai été touche et à chaque fois j’ai ressenti le plaisir de partager, de donner, de jouer avec les mots, de cet amoureux de l’écriture… Chacun de ses écrits est une œuvre qui mérite d’être lue et relue.
J’ai perçu “Il y a quelque chose encore, devant…” comme un cadeau précieux, un cadeau riche en poésie, en belles images et pleinénergie… Le rythme authentique de la vie.
Vingt-six billets qui m’ont offert une nouvelle opportunité de parcourir le monde à ses côtés, de déchiffrer ses lignes, d’explorer son univers, ses mots, sa famille aussi et ses amis. Quelques-uns de ses billets ont été rédigés alors qu’il était déjà malade, ils en sont d’autant plus brillants et captivants… en faisant un ouvrage qui incite à la réflexion au-delà des « simples » mots.
Merci Alain…
Merci d’avoir partagé avec nous ton univers chargé de poésie.
Je tiens aussi, bien entendu, à te remercier chaleureusement Martine, ainsi que les éditions “Les Cahiers de l’Égaré”…


Extraits :
« Tant que j’aurai un brin de vie, je frapperai aux portes des secrets. C’est ma fonction bélier d’irréductible égaré. Si personne ne m’ouvre, j’enjamberai les douves, ferai cent fois le tour des hautes murailles de cette silencieuse forteresse, sans la moindre lueur et comme inhabitée. Faut-il être bête, têtu, halluciné, pour s’obstiner ainsi au pied d’un fantôme de pierres noyé dans les brouillards de la pensée. »
« Ma vie ne tient qu’au fil ténu des mots, timides ou fracassants, vibrants, fragiles, sincères et vivants. Ce sont les miens, les vôtres, écrits, parlés, sous-entendus, nourris à la douceur, à la colère aussi c’est bien, lorsqu’elle est nécessaire… et au baba au rhum des cœurs. »
« Les Mots ? Je leur dois tout. Ils ont forgé ma voie. Ils m’ont appris le Temps, l’espace et la patience. Ils m’ont appris à mettre un nom sur chaque situation. Aimant l’Humain de toutes mes forces convergentes, ils m’ont obligé à chercher et trouver ce que certains ne savaient dire mais qu’ils portaient au fond de leurs regards, étranges labyrinthes aux accès condamnés. »
« Éclairer, illuminer, ne pas être radin, chiche, avec toute espèce de clarté, c’est un don.
Assombrir, enténébrer, sépiatiser, noircir, je pense ici aux lavis et encres de Victor Hugo, est un autre don : celui d’envisager le terrible passage entre vie et trépas.
Dans tous les cas, ombre et lumière cohabitent et ne font qu’un pour tout humain tendant les mains, courbant la tête, envahi de questions. »
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Alain Cadéo est l’auteur de nombreux ouvrages (nouvelles, romans, textes, pièces de théâtre), dont « Stanislas » (1983), premier prix Marcel Pagnol 1983 ou encore Macadam Epitaphe (1986), Plume d’Or Antibes et Prix Gilbert Dupé.
Il est avant tout un passionné des autres, des humbles, ceux qui lisent les mots, les portent et les défendent… Ses textes sont toujours exigeants, en perpétuelle recherche de chemins différents, à l’image de l’homme, singulier, sincère et altruiste, mais aussi inclassable, comme sa littérature.
Après avoir été notamment publié par Mercure de France, il est depuis 2018 publié par les Éditions La Trace.
Il vit à Évenos, en Provence.
Sa bibliographie complète est la suivante :
- Les Voix de Brume (1982, nouvelles)
- Stanislas (1983, roman)
- La Corne de Dieu (1983, roman)
- L’Océan vertical (1983, roman)
- Le Mangeur de Peur (1984, roman)
- Macadam Epitaphe (1986, texte)
- Le Ciel au ventre (1993, texte)
- Les Anges disparaissent (1998, roman)
- Fin (1999, texte)
- Et votre éternité sera la somme de vos rêves (2008, roman)
- L’Ombre d’un doute (2008, théâtre)
- Les Réveillés de l’ombre (2013, théâtre)
- Zoé (2013, roman)
- Chaque seconde est un murmure (2016, roman)
- Des Mots de contrebande (Aux inconnus qui comme moi…) (2018, texte)
- Comme un enfant qui joue tout seul (2019, roman)
- Mayacumbra (2019, roman)
https://leressentidejeanpaul.com/2020/02/26/mayacumbra/ - Lettres en Vie (2020, texte illustré)
- Confessions (ou les spams d’une âme en peine) (2021, roman)
https://leressentidejeanpaul.com/2021/06/03/confessions-ou-les-spams-dune-ame-en-peine/ - Arsenic et Eczéma (2022, théâtre)
https://leressentidejeanpaul.com/2022/05/06/arsenic-et-eczema/ - L’Homme qui veille dans la pierre (2022, roman)
https://leressentidejeanpaul.com/2022/09/08/lhomme-qui-veille-dans-la-pierre/ - M (2023, roman)
https://leressentidejeanpaul.com/2023/04/08/m/ - Billets de contrebande (2024)
https://leressentidejeanpaul.com/2024/03/04/billets-de-contrebande-inedits/ - Le ciel au ventre (2024)
https://leressentidejeanpaul.com/2024/09/15/le-ciel-au-ventre/

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