Adolescence, Amour, Autobiographie, Émotion

Les Rêveurs

de Isabelle Carré
Poche – 30 janvier 2019
Éditeur : Le Livre de Poche

« On devrait trouver des moyens pour empêcher qu’un parfum s’épuise, demander un engagement au vendeur – certifiez-moi qu’il sera sur les rayons pour cinquante ou soixante ans, sinon retirez-le tout de suite. Faites-le pour moi et pour tous ceux qui, grâce à un flacon acheté dans un grand magasin, retrouvent l’odeur de leur mère, d’une maison, d’une époque bénie de leur vie, d’un premier amour ou, plus précieuse encore, quasi inaccessible, l’odeur de leur enfance… »

Quand l’enfance a pour décor les années 70, tout semble possible. Mais pour cette famille de rêveurs un peu déglinguée, formidablement touchante, le chemin de la liberté est périlleux. Isabelle Carré dit les couleurs acidulées du moment, la découverte du monde compliqué des adultes, leurs douloureuses métamorphoses, la force et la fragilité d’une jeune fille que le théâtre va révéler à elle-même. Une rare grâce d’écriture.

Une parfaite unité de ton, une grande justesse d’observation.
La Croix.

Une plume aussi délicate qu’experte,
qui virevolte d’une scène à une autre, d’un sentiment à un autre.
L’Express.

L’auteure a su créer un objet passionnant, dont chaque détail sonne juste.
Elle.

Avec Les Rêveurs” son premier roman, Isabelle Carré nous ouvre les portes de son passé, un récit intime et sensible où réalité et fiction s’entrelacent avec une douceur mélancolique. À travers une écriture délicate et lumineuse, elle remonte le fil de son enfance marquée par la singularité et les silences, une famille éclatée, des parents en quête d’un bonheur insaisissable, et une petite fille qui observe, tente de comprendre, d’aimer malgré tout.

Dans ce roman, l’auteure évoque les non-dits, ces blessures discrètes qui façonnent un être, mais aussi les échappées belles, les instants de grâce qui illuminent l’existence. Elle décrit un père rêveur, une mère éprise de liberté, un monde où l’enfance se construit entre l’émerveillement et l’incompréhension des adultes. Loin d’un simple récit autobiographique, Les Rêveurs est un roman d’apprentissage où chaque souvenir semble suspendu dans une bulle de douceur, parfois teintée de tristesse.

Je me suis laissé porter en douceur par son écriture intime, poétique, tendre et mélancolique, où chaque mot semble pesé avec soin pour en révéler toute la justesse, où chacun pourra, je le pense, retrouver un fragment de sa propre histoire.

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Extraits :

« Elle n’a pas senti ma main lui échapper, elle n’était que de l’eau ou du vent dans la sienne. J’ai six ou sept ans, et ce rêve revient de plus en plus sou-vent. Je sais bien que ce n’est qu’un cauchemar, mais il semble contenir une vérité que je ne saurais ignorer : ma mère ne me voit pas, elle ne me sauvera d’aucun danger, elle n’est pas vraiment là, elle ne fait que passer, elle est déjà passée. Elle s’en va. »

« Tu vas aller vivre là-bas, ton frère te donnera un peu d’argent, tu éviteras absolument de voir tes amis, et surtout tu n’iras pas dans Paris, à aucun moment, tu entends ! Il ne faut pas qu’on te voie… La clinique qu’on t’a trouvée pourra t’accueillir jusqu’au terme, tu n’auras qu’un papier à signer. Un papier, c’est tout. »

« Mais l’enfant qui n’a pas possédé ce trésor ne le récupérera jamais. Il restera pour toujours démuni, lésé, comme tous ceux qui ont grandi sans tendresse, et se sont rassurés seuls dans leur chambre, les genoux repliés dans des bras gelés.
Se raconter des histoires, se frotter la joue avec un mouchoir, chanter à voix basse…
Aucun adulte ne la félicite jamais pour ces efforts, ils passent inaperçus. On prend vite l’habitude de ne compter que sur soi-même. »

« Dès le lendemain de sa naissance, ils sont revenus.
Son père et ses sœurs sont restés un long moment silencieux, son frère a tout de même fait l’effort de quelques paroles de circonstance. Puis ils sont repar-tis, la laissant seule avec son enfant.
Elle comprend à leur façon de dire au revoir qu’ils ne reviendront plus.
Tout ce qui vient d’eux lui est égal désormais. Et tout ce qui ne viendra jamais. »

Isabelle Carré est une actrice et écrivaine française.

Au théâtre comme au cinéma, elle est l’une des plus grandes comédiennes françaises.
Elle a obtenu le César de la meilleure actrice en 2003 pour son rôle dans Se souvenir des belles choses ainsi que le Molière de la comédienne à deux reprises (en 1999 : Molière pour Mademoiselle Else et en 2004 pour L’Hiver sous la table).

Elle se lance dans l’écriture en 2018 avec un premier roman très remarqué, Les rêveurs, qui remporte un extraordinaire succès et est couronné, entre autres, du Grand Prix RTL-Lire, du Prix des lecteurs L’Express-BFMTV et du Grand prix de l’héroïne Madame Figaro, et Du côté des Indiens, en 2020.

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