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“La cicatrice” de Bruce Lowery

La cicatrice
de (auteur)
Poche – 21 octobre 1999
aux Éditions, J’AI LU.

« J’étais, sans le savoir, un enfant heureux, relativement heureux, il est vrai. Mais ce n’était qu’une impression d’ensemble. Car ma vie, même alors, ne manquait pas de petits malheurs auxquels je n’arrivais pas à m’habituer. Il faut remonter à novembre 1944. J’avais treize ans. »

Jeff porte sur la lèvre un petit bec-de-lièvre que tout le monde nomme la  » cicatrice « . Une infirmité dont il ne connaît pas la cause et qui lui vaut moqueries et méchancetés de toutes sortes. Parce qu’il ne sait s’en défendre, il intériorise toute cette douleur, toutes ces blessures morales répétées. A cet âge si sensible, s’enfermant peu à peu, il souffre et fait souffrir ceux qui l’aiment sans réserve…

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Bonjour à toutes et à tous…

Qui ne se reconnaîtra un peu dans cette histoire ?

Personnellement dès le début j’ai été très ému…

Les personnes proches de mon entourage sont au courant.
Je suis bègue.
Je ne suis pas né comme ça.
Suite à un accident, vers 4 ans je suis devenu aphasique pendant plusieurs jours, et lorsque je me suis remis à parler j’étais bègue.
J’ai été suivi, conseillé, orienté vers des spécialistes, bref dans l’impossibilité d’avoir un débit normal de dialogue jusqu’à ma majorité.
Il faut savoir qu’aujourd’hui même si cela va mieux, je resterai bègue à vie.
Le moindre stress, la moindre tension, même lorsqu’il fait très froid… c’est reparti…

Alors ce roman, je l’ai pris pour moi.
Les moqueries, le harcèlement, celui qu’on montre du doigt, qui reste en fond de classe en croisant des doigts pour ne pas être interrogé, c’était moi…
Je viens de finir de le lire et j’en suis encore tout retourné.
Ce roman à près de 80 ans et pourtant il est toujours d’actualité.
Rien a changé. Les enfants entre eux sont durs, ne supportent pas la différence. L’univers d’un enfant “différent” est très profond et peut être très, très douloureux.

L’auteur fait passer, dans la bouche d’un jeune garçon de 13 ans souffrant d’un bec de lièvre, des sentiments puissants.
Il est en train de vivre un supplice au quotidien sans que personne n’y voie rien.
Comment se faire apprécier des autres, non par son aspect physique, mais par ce qu’il a en lui ?
La gestion de son quotidien est très difficile et un jour un fait une erreur…

La fin est bouleversante, j’ai pleuré sur les dernières pages.
Un roman court, mais interpellant que je n’oublierai jamais.

A conseiller vraiment, chacun y trouvera une raison de réflexion !

Extrait :
“J’ai, depuis toujours une cicatrice sur la lèvre supérieure. Les médecins disaient, sans cruauté, en triturant mon visage et en tirant sur ma lèvre comme un acheteur inspecte la gueule d’un poulain, que c’était “un bon travail de raccommodage”. J’aurais pu, j’aurais dû deviner que c’était en réalité un petit bec-de-lièvre. Mais il était tellement bien réparé qu’on parlait toujours de “cicatrice”.
Ma mère n’a jamais su mentir, surtout aux êtres qu’elle aimait. C’est pourquoi l’histoire qu’elle me racontait n’était jamais tout à fait semblable. Tantôt il s’agissait d’un accident, j’étais tombé de mon lit après ma naissance ; tantôt d’une chute sur le ciment quand je faisais mes premiers pas. Je sentais toujours que, gênée, elle cherchait vite à détourner la conversation. Et comme moi aussi, j’avais peur d’une chose à peine devinée, je n’insistais jamais, comme je n’aurais pas manqué de le faire pour toute autre chose.
Je ne le savais pas alors, mais ce qu’elle me cacher là, c’était l’un des plus grands chagrins de sa vie. Ce n’est que bien des années après que, hésitante, confuse elle devait m’avouer la vérité sur cette “cicatrice”. Elle lui avait fait, je crois, plus de mal qu’à moi-même.”

 

Bruce Lowery est né en 1931 à Reno dans le Nevada. Il a passé son enfance dans différentes régions des Etats-Unis car le travail de son père obligeait sa famille à déménager souvent.

Il a fait la première partie de ses études aux Etats-Unis puis les a terminées en France, où il a passé une licence de lettres et un diplôme de journalisme. Il était passionné de voyages et a d’ailleurs fait le tour du monde. Ses œuvres sont écrites en français et il les a traduites ensuite dans sa langue natale : l’anglais. Cest notamment le cas pour son roman La Cicatrice qui est paru en 1960.
Bruce Lowery est décédé en 1998.

La cicatrice est devenu un classique de la littérature pour la jeunesse.

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