de Bénédicte Rousset
Broché – 12 avril 2022
Édition : La Trace
Peu importe les risques encourus. Noémie a besoin d’argent et compte bien s’enrichir illégalement pour changer de vie avec Lili, sa fille, qu’elle élève seule avec l’aide de son père. Comment en est-elle arrivée là ?
Quand Helyette, son arrière-grand-mère, lui parle d’héritage, Noémie fourre son aversion pour les personnes âgées au fond de son sac et lui rend visite, entrevoyant dans cette formidable opportunité un moyen d’accélérer son départ. Mais on ne se méfie jamais assez des intentions des gens, et plus encore de celles de sa famille. Helyette ne déroge pas à la règle. Quel est ce secret venu de New York au siècle dernier, qu’elle garde enfoui, si intact qu’il n’attend qu’une étincelle pour s’enflammer ?
Et si Noémie l’apprenait, comment vivrait-elle ?
Enfin en route vers la liberté, sa nouvelle collègue de travail vient déranger ses plans en la mettant face à son homosexualité et aux chaînes qui alourdissent et ligotent sa vie.
Des rencontres inattendues… qui vont pousser Noémie à se libérer, en affirmant ses plus profondes revendications.
Je m’appelle Noémie.
Je suis perdue. Je me suis perdue…
Je ferme les yeux.
Ma Lili, si petite, si vivante, Dieu qu’elle m’a manquée durant mon incarcération.
Deux ans, c’est long…
C’est mon père qui s’est occupé d’elle durant tout ce temps. Le sien ? Il s’est tué dans un accident de voiture, alors que je ne savais même pas qu’elle était déjà dans mon ventre…
Le jour, je travaille dans une station-service. Du moins, j’attends que les heures passent. Le soir, j’ai ma vie.
Avec mon amie Dany, on a un business qui rapporte.
On fabrique des médicaments de contrefaçon. J’ai besoin d’argent. Tout de suite. Là, maintenant.
À la station, le patron à les mains un peu trop baladeuses… Demain, y a une nouvelle qui commence… J’espère qu’elle sera cool !
Helyette, mon arrière-grand-mère, veut me voir, me parler de mon héritage.
J’aime pas les vieux. Ils bavent, ils puent.
J’ai juste besoin d’argent… Pfff… J’irai la voir.
Je continue à me chercher.
Je ne sais plus qui je suis…
La nouvelle a commencé aujourd’hui. Cheveux courts, traits tirés. Elle est mince et grande, pas bavarde… Elle s’appelle Lee-Ann. J’apprends très vite que sa fille Elsa est dans le coma. La vache…
Dans cette avancée sinueuse et compliquée, entre le New York du début des années 1900 et la station-service où elle travaille, deux rencontres vont bouleverser la vie de Noémie !
Bénédicte Rousset ne fait pas semblant, ne mâche pas ses mots. Cette histoire sombre, qui démarre dans une prison, qui enchaîne les événements dramatiques vécus par Noémie, m’a tout de suite accrochée. Noémie est une écorchée de la vie, elle veut rattraper tout le temps qu’elle a perdu loin de sa Lili qu’elle aime plus que tout. Elle est hypersensible et a du mal à se situer dans ce qu’elle vit, elle n’ose pas dire ce qu’elle ressent à son père.
Malgré son grand cœur, elle ne trouve pas sa place, n’a pas les bons repères.
Elle se cherche… Ou tout simplement… elle veut vivre…
Un récit dense et tout en sensibilité.
La vie n’est pas simple, elle est semée d’embûches et un jour, il lui faudra accepter la main qui se tend pour l’aider, qui se tend pour vous l’aimer…
J’ai été Noémie. Vous avez été, ou êtes peut-être encore Noémie.
Bénédicte, nous offre un roman incroyable plein de poésie et d’émotions !
Une auteure à suivre absolument… Je suis encore tout retourné.
Un grand merci aux Éditions La Trace, pour les richesses qu’ils nous transmettent à chacun de leurs romans…
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Extraits :
« Quand j’ai su que j’étais enceinte, je suis allé voir mon père, j’étais paumée, il fallait faire vite. À ce moment-là, ma mère m’a manqué comme jamais. Foutu cancer. J’aurais tout donné pour enfouir ma tête dans son cou, pour sentir son odeur. Pas celle de l’hôpital, celle de ses vêtements, dans lesquels il m’arrive encore de me réfugier. »
« C’est décidé, je vais amasser assez de cache pour tout plaquer. Avec le pactole de la vente de médicaments, on se tirera sur une île paradisiaque avec Lili. On y vivra de mes divers placements financiers ou bien, j’y monterai un autre business – pourquoi pas honnête, celui-là – où je développerai le mien à grande échelle. À l’étranger, personne ne m’emmerdera avec mon casier et je n’éveillerai pas les soupçons. »
« Par la suite, même si papa m’a traité d’égoïste, je n’ai jamais voulu dire pourquoi je ne voulais plus y aller, chez les vieux. Je ne sais pas non plus pourquoi j’en ai fait une généralité. C’est injuste, je sais, mais c’est plus fort que moi.
– J’aime pas les vieux. »
« Quand Lily est née, je me suis demandé si elle allait réussir à l’école. Ce soir, je me demande : va-t-elle réussir sa vie de femme, être heureuse ? Pourquoi faut-il que nous soyons formatés à penser « réussite scolaire » avant « accomplissement humain » ? Quelle sécurité suis-je en train de lui garantir ? »
Très jeune, c’est dans l’imprimerie de son père que Bénédicte Rousset a découvert les romans, pièces de théâtre et poèmes rédigés par ses ancêtres, dont un félibre : Gabriel Bernard. Fille et petite-fille d’institutrices, et enseignante dans un collège du Vaucluse, l’auteur perpétue le lien à l’écriture comme une histoire de famille. Passionnée par les intrigues policières, elle aime puiser son inspiration aussi bien dans les œuvres de Maupassant et Yasmina Khadra, que dans la littérature italienne (Buzzati, Sciascia, Pirandello la fascinent)
Professeure certifiée de Lettres Modernes, Bénédicte Rousset est enseignante dans un collège du Vaucluse.
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