de Luis Sepulveda
Joëlle Jolivet (Illustrations)
Poche – 15 octobre 2021
Éditions : Métailié
Les escargots qui habitent le Pays de la Dent-de-Lion mènent une vie paisible, lente et silencieuse ; ils sont à l’abri des animaux et, entre eux, s’appellent simplement “escargots”. L’un d’eux pourtant trouve injuste de n’avoir pas de nom et voudrait aussi connaître les raisons de la lenteur. Contre l’avis de tous, il entreprend un voyage qui lui fera rencontrer un hibou mélancolique, une tortue pleine de sagesse, des fourmis très organisées.
Une belle histoire pour redécouvrir le sens perdu du temps.
En juillet, j’ai lu “Histoire d’une mouette et du chat qui lui apprit à voler”.
J’ai beaucoup aimé ce conte philosophique, alors j’ai décidé de temps en temps d’en lire un nouveau… Certains le savent déjà… je vais bientôt être papy !
Je sais qu’il est encore un peu trop tôt, mais je commence déjà à choisir certaines musiques qui berceront son sommeil, mais je voudrais surtout pourvoir lui lire de belles histoires qui l’émeuvent et le poussent à la réflexion.
Les récits de Luis Sepulveda, ont ça de particulier, c’est qu’ils s’adressent à tous les âges sans aucune distinction.
Dans ce récit, c’est donc un escargot qui en est le héros.
Il se pose énormément de questions, et voudrait des réponses, là où ses congénères, eux, se laissent tout simplement aller et se sont résignés à leur vie de lenteur et de silence…
Pourquoi les escargots n’ont-ils pas de noms ?
Pourquoi sont-ils si lents ?
Et le voilà parti à l’aventure, afin d’en savoir plus. Dans sa quête, l’escargot rencontrera un hibou triste de voir disparaître les arbres, une tortue qui se nomme “Mémoire” qui lui contera le danger des villes et des hommes, et qui va même lui donner un nom, “Rebelle”. Puis, viendra le tour des fourmis, à qui Rebelle transmettra les indications de Mémoire. Lorsque Rebelle retourne voir les siens, il crée discorde et division entre ceux qui décident de le suivre et les anciens escargots qui ne croient pas au danger humain…
Un conte agréable et délicieux dont la lecture se fait sur plusieurs niveaux comme je m’y attendais. C’est très philosophique, et l’on ne peut que réfléchir à la situation de ce “petit” escargot qui fera tout, malgré ses “handicaps” pour aider et sauver tous les habitants de la prairie.
Un bel hommage aux curieux, à ceux qui ne craignent pas les dangers de l’inconnu, à ceux qui innovent sans avoir peur d’aller contre l’ordre établi. Savoir se poser, réfléchir, se protéger aussi, n’est-ce pas ce qui nous manque aujourd’hui ?
Ce petit escargot a beaucoup de choses à nous apprendre…
Pourquoi vouloir aller à tout prix de plus en plus vite, si on en oublie l’amour et la fraternité ?
Je conseille vivement aux grands, aux petits, et surtout… aux tout petits !
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Extraits :
« Il y a quelques années, alors que nous étions dans le jardin de notre maison, Daniel, mon petit-fils, observait avec attention un escargot. Soudain, il me regarda et me posa une question très difficile : pourquoi l’escargot est-il si lent ?
Je lui ai répondu que je n’avais pas de réponse pour le moment et je lui ai promis de lui répondre, je ne savais pas quand, mais je lui répondrais. Comme je tiens toujours parole, cette histoire essaye de répondre à cette question. »
« L’écureuil crie et saute rapidement de branche en branche. Le chardonneret est la pie volent vite, l’un chante, l’autre croasse, le chat et le chien courent vite, l’un miaule, l’autre aboie, mais nous, nous sommes lents et silencieux, c’est la vie et il n’y a rien à faire, avaient coutume de murmurer les plus vieux. »
« L’histoire de la tortue attrista l’escargot et il devint encore plus triste quand, cherchant lentement parmi les nombreux mots qu’elle connaissait, elle lui dit qu’elle traversait ce pré, parmi des êtres étranges, parfois aimables, parfois hostiles, toujours loin de ce qui avait été son foyer et en direction d’un lieu incertain qui avait pour nom le plus cruel des mots. Il s’appelait l’exil. »
« Le groupe d’escargots avançait lentement, très lentement parmi les herbes. Ils étaient tristes et ils sentaient que la tristesse s’installait en eux comme un poids modeste qui rendait leur coquille plus lourde. Aucun n’osait murmurer son désarroi et, alors qu’en tournant la tête, ils ne pouvaient plus voir les acanthes regrettées, l’un d’eux remarque qu’ils se dirigeaient vers les limites de la prairie, c’est-à-dire dans la direction des humains. »
Luis Sepulveda (1949-2020) est l’auteur, entre autres, du “Vieux qui lisait des romans d’amour”, de “Histoire du chat et de la souris qui devinrent amis” et de “Histoire d’une baleine blanche”. Ses livres sont traduits dans 50 pays.
Joëlle Jolivet est née en 1965. Elle a publié de nombreux albums, édités dans le monde entier, illustré des couvertures de romans, et travaille régulièrement pour la presse.
1 réflexion au sujet de “Histoire d’un escargot qui découvrit l’importance de la lenteur”