Amour, Émotion, Drame, Histoire vraie

L’enfant réparé

de Grégoire Delacourt
Poche – 8 mars 2023
Éditions : Le Livre de Poche

« Le jour où j’ai appris que j’avais été une victime, je me suis senti vivant. »


On a souvent dit de ses ouvrages qu’ils faisaient du bien. Lui-même a toujours su qu’il écrivait « parce que cela répare ». Que réparait Grégoire Delacourt ? Qui était son père, de plus en plus absent ? Et sa mère, qui l’éloignait chaque jour davantage ?…
Histoire d’une famille où l’on porte le déni comme une armure, L’Enfant réparé offre un éclairage unique sur le parcours d’un grand romancier. Où l’écriture est la seule échappatoire, permettant d’abord de fuir puis de dessiner, pas à pas, un chemin vers la faille originelle.

Au plus juste des mots, l’auteur nous offre un récit littéraire d’une lucidité exceptionnelle.

POSTFACE INÉDITE.

Grégoire Delacourt se livre avec pudeur, avec puissance,
et ne laisse pas de répit au lecteur.
Libération.

Un roman d’une violence tripale. Comme une colère sourde qu’il lui fallait hurler.
Ouest-France.

Une plongée en apnée.
Le Monde des livres.

Il ne va pas être facile de rédiger mon “Ressenti” mes yeux remplis de larmes. Je peux à peine voir mon écran, mes larmes trempent mes doigts ainsi que les touches de mon clavier.
Encore une fois, je pleure.
Lorsque je lis un livre, j’endosse souvent le rôle de l’autre, le héros, celui qui porte le récit. Alors, ce livre me faisait peur depuis qu’il était dans ma bibliothèque. Il était là, m’attendant, tandis que moi, je me cachais.
Je savais que je devais le lire, mais j’avais peur de ce que je pourrais y trouver. Vendredi soir, j’ai commencé.
La claque est arrivée très vite, j’étouffais et en même temps j’avais froid tout seul dans la chambre du haut. Je savais que je devais le lire seul, au calme. Dehors, il fait nuit depuis longtemps, mon téléphone affiche 2 h 33 lorsque je suis enfin en mesure de reprendre ma lecture. Je replonge dans mon enfance, ce récit est un peu le miroir de ma vie. Les noms sont différents, les rues et les villes aussi, mais il raconte la même histoire.
L’histoire de mon enfance.

Combien sommes-nous dans ce cas ? Combien d’enfants ont-ils souffert pour essayer de se construire du mieux qu’ils le pouvaient en devenant souvent des adultes défaillants ?
Car, hélas, tous ne seront pas réparés…

Grégoire Delacourt évoque son enfance et ces instants terrifiants qui ont modelé l’homme qu’il est aujourd’hui, avec beaucoup de pudeur. Le récit est fort, poignant et plein de courage. Il n’est pas évident de se révéler et de décrire certaines expériences qui ont souvent été « gommées » de notre mémoire pour pouvoir continuer à progresser. En remontant le fil de sa vie, Grégoire Delacourt se dévoile, en toute simplicité et objectivité, sans porter de jugement. Aujourd’hui, ses souvenirs profondément enfouis remontent à la surface, lui permettant de comprendre sa propre incapacité à aimer.
J’avais déjà lu certains de ses romans et, parfois, j’entrevoyais comme une faille.
Je m’étais trompé ! C’était un gouffre. Un gouffre au bord duquel il s’est accroché, a lutté, pour puiser la force nécessaire à l’acceptation de ses lâchetés et de ses traumatismes profondément enracinés dans son esprit. Être capable de les surmonter et peut-être enfin délivrés.

Un ouvrage très puissant qui, je l’espère, viendra en aide à d’autres “enfants” qui ont besoin encore et toujours d’être réparés…

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Extraits :

« Je regarde mon corps. Cette chair vieille de soixante ans.
La peau plus fine autour des yeux. Les relâchements, dans le cou. Les veines qui affleurent. S’entortillent comme un lierre autour de la jambe. Les griffures. L’ancienne trace du ciseau à l’intérieur de mon avant-bras droit a laissé une cicatrice claire. On dirait un long cheveu blanc. Les autres blessures, sans doute moins profondes, se sont estompées au fil des années. »

« Le principal dommage collatéral de ce qui a été pris à mon corps d’enfant est d’avoir fait de moi un adulte handicapé de l’amour – ce mot girouette. »

« J’ai commencé à l’écrire le jour où il a été question de commencer à guérir parce que ma souffrance devenait contagieuse. Le jour même où j’ai vu ce psy qui porte le nom d’un oiseau. Les mots que je lâchais sur le divan se télescopaient avec ceux de mon livre, parfois s’y cognaient ; le livre se disait, la parole s’écrivait. »

« Mon corps ne porte que les traces du temps. Celles des coups résident à l’intérieur, tout comme ma douleur et ma colère. »

« J’ai souffert sans raison presque l’intervalle d’une vie.
Le médecin de famille ne soupçonnait rien. Énergie bouillonnante, bafouillait-il toujours. Alors un premier psy, alors le nitrazépam et le diazépam – substances chimiques qui peuvent “provoquer une idéation paranoïde ou suicidaire et altérer la mémoire, la faculté de jugement et la coordination”.
J’avais onze ans quand j’ai commencé. Un demi-cachet de chaque. Au début. »

« Aujourd’hui, alors que s’est achevé cet opéra ténébreux, je ne suis pas en colère qu’il n’ait pas souffert, qu’il se soit juste endormi, confortablement, face à son petit mur jaune, sans que son corps convulse, résiste ou se batte, qu’il ait simplement levé les bras, rendu les armes, baissé la tête, car les lâches n’auront jamais aucune gloire. »

Grégoire Delacourt a publié onze romans dont L’Écrivain de la famille (Lattès, 2011, Prix Marcel Pagnol 2011, Prix Carrefour du Premier Roman 2011, Prix Coeur de France 2011), La liste de mes envies (Lattès, 2012, traduit en 35 langues, adapté au cinéma par Didier Le Pêcheur en 2014), ou encore L’enfant réparé (Grasset, 2021).

5 réflexions au sujet de “L’enfant réparé”

  1. Je me le note, je pense pouvoir apprécier ce livre, bien que semblant très dur. Je n’aime pas tous les livres de Delacourt, mais certains mettent un énorme coup de poing, tel On ne voyait que le bonheur.

    Merci pour la découverte, cela faisait longtemps que je ne suivais plus ses écrits.

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