de Tony Cavanaugh
Poche – 8 mars 2018
Éditions : Points

Et dire qu’il s’était juré de ne plus y remettre les pieds. Quatre ans après avoir quitté la police de Melbourne, Darian Richards s’apprête à réintégrer les rangs de la Criminelle. Quel enquêteur ne rêverait-il pas de résoudre la célèbre affaire Isobel Vine ? Une affaire d’autant plus délicate que quatre jeunes flics participaient à la soirée fatale. Vingt-cinq ans après cette mort suspecte, Richards est bien décidé à faire triompher la vérité. Au risque de voir tomber ses plus proches alliés.
« Pas moyen et aucune envie de décrocher. »
Bernard Poirette, « C’est à lire », RTL
« Un cold case chaud et bien huilé. »
Julie Malaure, Le Point

Très bon polar qui renouvelle le genre. Les personnages sont mystérieux, barrés, mais attachants, avec flics ripoux et ambigus mais surtout une intrigue qui tient la route. L’écriture m’a happée. Précise, acérée, presque sèche, mais incroyablement évocatrice. Une narration qui épouse le rythme des personnages : entre tension et langueur, lucidité brutale et désespoir contenu.
Ce n’est pas l’intrigue en soi qui m’a saisi, même si elle tient la route, c’est cette atmosphère, cette immersion dans les coulisses troubles d’une police où la ligne entre le bien et le mal est constamment floutée. Le meurtre d’Isobel Vine, 25 ans plus tôt, n’est que la porte d’entrée vers un univers où chacun a ses ombres, ses pactes et ses silences.
Le rythme est étrange, hypnotique. j’avançais sans courir, mais je n’ai jamais décroché. J’ai aimé cette tension douce, cette impression d’être dans un polar qui pense autant qu’il cogne.
Et puis il y a l’écriture de Tony Cavanaugh qui m’a m’a bluffé de bout en bout, nerveuse, parfois cynique, mais toujours juste. Sa manière de faire parler les rues, les souvenirs, les blessures aussi. Je pense que la traduction de Fabrice Pointeau n’y est sans doute pas pour rien.
Un vrai polar noir, sans tape-à-l’œil. Dense, humain, implacable… Je referme ce livre avec le sentiment d’avoir vécu une lecture différente.
Une belle découverte.
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Extraits :
« Je coule.
Tout autour de moi, la pression et les remous de l’eau. Au-dessus de moi, une surface chatoyante, l’éclat tacheté du soleil. Je ne peux pas remonter vers lui. Je n’entends rien hormis le rugissement dans mes oreilles. Je coule. Sous moi, je ne vois aucune forme, tout est sombre. Je descends vers le fond de l’océan. Si je l’atteins vivant, j’entendrai probablement un bruit sourd en le heurtant. Mes bras s’agitent, mes jambes se débattent, j’essaie de trouver quelque chose de ferme pour y poser les pieds, pour rebondir dessus vers la surface, mais il n’y a rien, juste l’écrasement de l’eau. »
« Je déteste l’eau. Pas le truc qui coule des robinets – ça, ça va. Je déteste être dedans. Les océans. Les lacs. Les piscines. Les rivières. J’ai failli me noyer à onze ans. Mon père, dans une furieuse crise de je-ne-sais-quoi, après de trop nombreuses bières et voyant mes regards inquiets, m’a soulevé du sol de notre petite embarcation de location et balancé dans la mer. J’ai coulé. Dans ce qui était je suppose un soudain accès de culpabilité, il a plongé à ma suite et m’a attrapé alors que j’étais en train de boire la tasse, puis a remonté mon corps inerte jusqu’à la surface. »
« Mes pieds me faisaient souffrir. C’était la première fois en quatre ans que je portais des chaussures en cuir. Je portais aussi un costume, également pour la première fois en quatre ans. Chemise enfoncée dans le pantalon et cravate serrée autour du cou. J’approchais du QG de St Kilda Road, gravissais les marches et pénétrais dans le hall. C’était mon premier jour de boulot en tant que flic réintégré. »
« J’espérais que si mon enquête révélait une implication des policiers dans la mort d’Isobel, je n’aurais pas à subir les assauts et la pression du syndicat contre moi, car pour ce qui le concernait, ses membres étaient respectables et devaient être défendus coûte que coûte.
J’essaie d’éviter la politique, mais c’est impossible. sElle est là, comme le mal. On peut fermer les yeux, certes, mais les machinations et les pactes en coulisse sont comme une rumeur permanente dans le monde de la police, comme les rouages d’une machine. »
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Tony Cavanaugh est un auteur de romans policiers, scénariste et producteur.
Après des études universitaires dédiées à la littérature anglaise et à l’histoire de l’art, il débute sa carrière dans l’industrie cinématographique où il a travaillé pendant plus de trente ans.
Il est auteur d’une série policière ayant pour héros Darian Richards, ancien policier ayant quitté la brigade des homicides pour une retraite solitaire loin du crime. La promesse (« Promise », 2012) est le premier tome de la série.
L’Affaire Isobel Vine (« Kingdom of the Strong », 2015) est son premier roman publié en France (Sonatine).
Tony Cavanaugh vit à Melbourne.
son site : https://www.tonycavanaugh.com/
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