de Alba Ombieri
Broché – 2 juin 2025
Éditions : Des livres et du rêve

Au début du XXe siècle, dans une France bouleversée par les fractures sociales et la guerre, trois âmes brisées tentent de recoller les fragments de leur existence. Élise, François et Valentin affrontent, chacun à leur manière, les épreuves du destin et le poids des non-dits. Entre secrets, quête d’identité, et rendez-vous manqués, leur histoire s’entrelace pour dévoiler les forces invisibles qui façonnent nos vies. Des empreintes indélébiles que laissent les heures envolées.
Un récit à la fois tendre et poignant pour ce premier ouvrage d’Alba Ombieri, dont la plume précise et touchante nous révèle l’étendue de son talent au fil des mots.

Tout dabord, il y a une très belle couverture… mais très vite se sont les mots qui m’emportent.
Il y a des romans qui laissent une empreinte profonde, et Les heures envolées, premier livre d’Alba Ombieri, en fait indéniablement partie. J’ai été soufflé par la force de son récit, par la précision de sa plume, par la charge émotionnelle qu’elle porte sans jamais céder au pathos. Tout y est juste, puissant, vibrant.
Derrière chaque mot, je sens la passion de l’autrice, ses combats, ses colères, mais aussi un amour immense pour ses personnages. Elle ne pardonne rien à la cruauté, à la haine, à la bêtise humaine. Et pourtant, ce n’est jamais un roman à charge. C’est un roman d’humanité, de mémoire et de résistance.
J’avais découvert Alba avec le recueil SEPT, et sa nouvelle Valentin 1916. Déjà, ce texte m’avait bouleversé. Le retrouver ici, au cœur de ce roman, m’a touché profondément. Il n’est pas seul. Il y a Élise, François… Leurs voix se croisent, s’entremêlent, se heurtent parfois, dans une temporalité qui bouscule. Une fresque dense, émouvante, qui m’a emporté dans une France occupée qui se rend compte que la guerre durera bien plus longtemps que les quelques mois qui avaient été annoncés aux français partis pour défendre leur nation…
Dès les premières pages, j’ai été happé par l’accouchement d’Élise. J’ai été touché par sa fragilité, sa force, son chemin. C’est l’histoire de plusieurs vies, de destins percutés par l’Histoire qui luttent pour survivre. Des destins qui nous renvoient à nos grands-parents, et finalement, à nous-mêmes.
Si vous ne deviez lire qu’un seul roman cette année, faites moi confiance, lisez celui-ci !
Comme le dit si bien Alba, « Les heures envolées » appartient dorénavant aux lecteurs alors laissez-vous tenter et laissez la magie opérer… Ce livre est la lumière qui montre le chemin des vérités. Il est la force que nos jeunes portaient sur leur dos lorsqu’ils partaient au combat, il est la lumière dans les yeux des femmes qui un jour ont décidé de dire NON et qui, sans vouloir forcément être légale des hommes, avaient juste souhaité qu’ils reconnaissent tout simplement leurs places. Celles qu’elles méritent amplement… le temps et l’histoire nous l’ont démontré moult fois… Le roman secoue, il abîme, il fait mal. On y ressent l’injustice, la peur, mais aussi la beauté d’un espoir ténu. Même les personnages secondaires sont poussés dans leurs retranchements. Personne n’est épargné, et moi non plus, en tant que lecteur.
Le style est net, tendu, presque cinématographique. Pas de mièvrerie, pas de détours. Juste une vérité brute, âpre, bouleversante. J’ai refermé le livre avec les larmes aux yeux… puis j’ai relu le prologue et j’ai tout compris…
Les monstres existent, mais heureusement les belles personnes aussi…
Pour un premier roman, c’est une claque. Une œuvre forte, sensible, indispensable.
Merci Alba…
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Extraits :
« Juin 1919, Salergues, sud de la France.
La fête bat son plein.
Le soleil d’été rejoint l’horizon, dans un feu d’artifice de nuances pastel. La fraîcheur de la nuit naissante enveloppe les convives attablés au banquet, pendant que les lampions multicolores nimbent les visages de tons chamarrés.
Je souris en sentant se répandre en moi un sentiment nouveau, savant mélange de bonheur et d’amertume.
Des fiançailles. Celles de ma mère. »
« Perdu dans mes pensées, je n’ai pas encore remarqué la silhouette, adossée au tronc de l’arbre avec lequel elle se confond, qui observe les réjouissances en contrebas, le visage ruisselant de larmes. »
« Dans l’ombre, la femme d’une quarantaine d’années qu’elle n’avait jamais pu appeler autrement que « mère » la scrutait avec un flegme hautain. Un léger rictus arrondissait le coin de ses lèvres. Son détachement apparent confinait à la cruauté, à une férocité impassible, de celle que l’on ne trouve que chez les personnes dénuées d’empathie.
Face à la scène, elle ne témoignait ni inquiétude, ni compassion, ni colère. Les bras croisés sur la poitrine, raide comme un piquet, elle ne perdait pas une miette du spectacle. Elle paraissait même se délecter de la souffrance de son enfant. »
« Petite, déjà, elle était présentée comme un jouet : jolie, bien apprêtée, elle se devait, en public, de rester silencieuse sous peine d’encourir une punition qui l’empêchait de quitter le lit plusieurs jours durant.
Coups de poings, de pieds, de ceinture. Gifles, enfermement, privation de nourriture. Elle avait subi ces mauvais traitements sans broncher, sans se rebeller.
Jusqu’à ce que François lui fasse entendre que tout cela n’était pas acceptable. Qu’elle méritait le bonheur, l’amour qu’elle n’avait pas suscité chez ceux qui auraient dû la chérir et la protéger. »


Alba Ombieri a d’abord mené une carrière d’archéologue, avant de délaisser les pinceaux et les truelles pour devenir libraire dans les Landes. Elle a choisi ensuite de se consacrer au métier exigeant de professeur des écoles. Grosse lectrice de thrillers et de polars, elle travaille depuis plusieurs années sur différents projets d’écriture.
- Valentin, 1916 est sa première nouvelle éditée.
- Les heures envolées est son premier roman édité aux éditions Des livres et du rêve.
