Amour, Émotion, Biographie, Histoire vraie

Indicible

de Elsa Morienval
Relié – 30 octobre 2025
Éditions : Le Pré du Plain

Ma mère cachait son alcoolisme, pensant que personne ne le voyait, comme un chat peut se cacher sous un meuble, alors que sa queue dépasse. C’était à la fois normal et tabou. La communication non verbale était la plus commune entre nous, comme un regard tacite qui signifiait qu’elle avait avalé plus que la moyenne. C’était un langage parfaitement codé qui s’était installé par la force des choses. Il fallait éviter d’en parler, surtout devant elle, pour ne pas la faire exploser de colère. Il ne fallait pas non plus que j’en parle à mon père, que je le verbalise. Cela paraissait absolument impossible, je le sentais. Nous nous contentions d’échanger par les yeux ou par des gestes discrets. C’était indicible… – Comment une fille de mère alcoolique peut-elle se construire dans l’insécurité et le chaos ?
Voici le thème abordé par Elsa Morienval, il s’agit de sa propre expérience, et elle conclut ainsi son témoignage : « Tout est surmontable, et la résilience n’est jamais loin. Je vous le garantis. »

Lorsque j’ai découvert Échappée en Ulster, un mot s’est immédiatement imposé à moi : authentique.
Puis est venu La Dame de Pa Co Ja, où Elsa Morienval tentait de comprendre l’énigme de sa grand-mère, Germaine, femme de silences, de blessures et de faux-semblants. À ce moment-là, je n’imaginais pas encore jusqu’où elle irait, ni ce qu’elle accepterait de nous livrer.

Avec Indicible, Elsa franchit un seuil.
Celui du non-dit absolu, de l’enfance meurtrie, de ce que l’on tait parfois toute une vie pour continuer à avancer.
J’ai compris très vite que cette lecture ne serait pas simple. J’ai même dû faire des pauses, reprendre mon souffle, tant certaines pages sont lourdes de douleur et d’incompréhension.

Ici, l’autrice se met à nu. Complètement.
Elle raconte une enfance qui n’aurait jamais dû exister, marquée par l’absence d’amour, par des comportements parentaux que l’on peine à concevoir, envers elle et ses deux sœurs. En refermant certains chapitres, je me suis souvent demandé comment des adultes peuvent infliger cela à leurs propres enfants.

Le texte est dur, bouleversant, mais jamais complaisant.
Elsa écrit avec pudeur, avec retenue, mais sans détour. Elle ne cherche ni à accuser ni à se justifier. Elle raconte. Elle expose. Elle libère.

Ce troisième volet est le prolongement logique et nécessaire des deux précédents. Après l’évasion, après l’exploration familiale, vient le temps de la vérité intime.
Indicible est un livre qui remue, qui fait écho, qui réveillé parfois certains de mes propres souvenirs enfouis.

Une lecture éprouvante, mais essentielle.
Un témoignage courageux et profondément humain.

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Extraits :

« J’ai rendez-vous avec le Dr Pomey-Rey à l’hôpital Saint-Louis à Paris. Je suis enceinte de trois mois pendant lesquels j’ai vomi toute ma vie, toute mon énergie. Mon père dit toujours : “Une femme est heureuse quand elle est enceinte”. Eh bien, pas moi ! Je suis heureuse d’attendre un enfant, mais ma grossesse est un enfer. Mes nausées et mes vomissements me replongent dans les baffes qui me tombaient dessus chaque fois que je vomissais quand j’étais môme. Me revient aussi le bruit des vomissements quotidiens matinaux de ma mère, dans l’évier de la cuisine, à la suite de ses journées et nuits imprégnées de vin à bon marché. »

« Ce qui reste de mon enfance, c’est l’isolement, les cris, la haine, la solitude, la violence et… un peu d’humour quand même ! Je garde en mémoire ces bâtiments d’Aulnay-sous-Bois recouverts de fausse mosaïque bleue, gris-rose ou blanche ; ces cages à poules qui renferment des humains et qui dissimulent des histoires de famille insoupçonnées. Tous ces granas ensembles qui se ressemblent dans les banlieues. C’est dans CES quartiers que l’on concentre les masses humaines, dans CES immeubles collectifs que l’on amasse ces familles qu’on ne peut loger ailleurs. La définition du dictionnaire ajoute “composés d’une population défavorisée”. »

« Les gens pleurent dans les rues de la cité Ambourget et même au-delà. Je comprends qu’il s’est passé quelque chose de grave. Claude François vient de mourir électrocuté dans sa baignoire, le 11 mars 1978. Là, je ne comprends plus. comment peut-on pleurer pour un chanteur aussi nul, comme s’il était un membre de notre famille? Je trouve ces gens stupides. »

« Un dérèglement de la perception des douleurs a pris possession de mon corps. Un médecin m’a dit un jour : “Résilience ? oui, mais avec des cicatrices, sinon vous ne souffririez pas comme ça.” Une fibromyalgie a été diagnostiquée dans les années 2000, que je gère avec ce que je peux, mes béquilles de toujours : l’anglais et l’écriture. Je suis devenue mère, à mon tour, et espère avoir fait de mon mieux pour ne pas être “une mauvaise mère”. On n’atteint jamais la perfection en ce domaine, tous les parents le savent. On se reproche toujours quelque chose. J’ai réussi à créer une famille. »

Elsa Morienval est née en Seine Saint-Denis, angliciste de formation, intéressée par le monde anglophone, elle est enseignante.

Elle a écrit des nouvelles et a publié dans une revue littéraire.
Elle signe Échappée en Ulster chez Nombre7 en 2020
https://leressentidejeanpaul.com/2021/07/12/echappee-en-ulster/

et sa traduction en anglais My Ulster haven en 2022 chez le même éditeur.

La dame de Pa Co Ja
https://leressentidejeanpaul.com/2023/01/30/la-dame-de-pa-co-ja/

Émotion, Biographie, Histoire vraie

Dalida

de David Lelait-Helo
Broché – Broché – 5 décembre 2016
Éditeur : Télémaque

Il y a 30 ans, de guerre lasse, Dalida coupait le fil de sa vie. Quelques mots jetés sur une table de nuit : « Pardonnez-moi, la vie m’est insupportable… ». Chanteuse de rengaines latines, voix de Brel, Ferré, Trenet et Lama ou disco-queen pailletée, celle qui fut Miss Egypte aura, en dix langues et dans le monde entier, conquis tous les triomphes mais jamais le bonheur. Loin de la star, une femme blessée, lolanda, n’aura cessé de se débattre, se jetant à corps perdu dans une inépuisable quête de soi qui la mènerait à la découverte de Jung et de Freud et jusqu’en Inde dans un ashram. C’est cette femme fragile et blessée que l’on découvre ici, sous les fards, lorsque les lumières s’éteignent, que la solitude l’emporte sur la gloire.

Lorsque j’ai commencé à lire Dalida de David Lelait-Helo, je ne m’attendais pas à une telle plongée dans l’âme d’une femme que je croyais connaître. Très vite, j’ai compris que cette biographie n’en était pas vraiment une, c’était plutôt un chant, un souffle, un murmure qui traverse le temps pour redonner vie à Yolanda Gigliotti, celle qui se cachait derrière le sourire de Dalida.

Dès les premières pages, j’ai ressenti une fragilité immense. Sous les paillettes et les lumières, j’ai découvert une femme blessée, en quête d’amour comme on cherche l’air, avec une urgence presque douloureuse. Sa vie, incroyable et tumultueuse, est ici dévoilée sans fard. Quand la scène se vide et que les applaudissements meurent, c’est la solitude qui reste, massive, envahissante, et David sait la raconter avec une justesse qui m’a serré le cœur.

J’avoue avoir été surpris au début par cette écriture si poétique pour une biographie. Une plume presque vibrante, habitée. Mais très vite, j’ai compris qu’elle ne pouvait être autrement compte tenu de l’auteur. Cette façon de la raconter épouse parfaitement la sensibilité extrême que Dalida pouvait avoir, ses joies fulgurantes, ses désillusions à répétition, ses colères et sa recherche d’absolu, puis cette lassitude sourde qui finit par l’emporter.

Chaque mot a trouvé en moi une résonance intime. Par moments, j’avais l’impression d’être à ses côtés, de sentir ses doutes, ses espoirs, son besoin infini d’être aimée pour Yolanda, et non pour l’icône. Je me suis revu, enfant puis adolescent, à la regarder dans les émissions qui passaient l’époque, fasciné, je l’avoue par sa présence. Aujourd’hui encore, je l’écoute souvent, et sa voix garde une place précieuse dans mes playlists.

En refermant ce livre, j’ai senti une boule d’émotion me serrer la gorge. Je n’avais pas envie de quitter cette femme que David avait rendu si proche, si humaine. Je recommande vivement cette biographie, car elle est écrite avec le cœur, avec une sensibilité rare, et elle laisse une empreinte qui perdurera dans mon esprit.

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Extraits :

« Trente ans que Dali s’en est allée, c’était hier pourtant, et son souvenir ne m’a pas quittée. Ni même le souvenir de cette première fois où nous nous sommes rencontrées… il y a plus de 60 ans. Avant même qu’elle ne connaisse le succès avec Bambino ! »

« J’avais quinze ans ce dimanche de mai. Lors d’un hommage télévisé, je vous ai découverte de blanc vêtue dans vos atours de star, alanguie sur un divan et chantant Téléphonez-moi. Par-delà la légèreté de la ritournelle affleuraient votre solitude, votre mal de vivre, et dans toute la candeur de ma jeunesse j’enrageais de ne pas avoir eu vent plus tôt de votre tristesse. Je me disais que si j’avais su, moi, je vous aurais téléphoné. Je ne savais pas encore ce qu’était la vie. Vingt-neuf années se sont écoulées et, ne pouvant plus vous téléphoner, je vous écris. »

« Ce nouveau nom est idéal pour celle qui dans Un verre, une cigarette incarne la redoutable séductrice dont quelques battements de cils et déhanchements provocants suffisent à faire chavirer un docteur aussi respectable que marié. Affublée d’une blouse d’infirmière fort suggestive et d’une sorte de cornette censée retenir son épaisse chevelure, elle est quelques scènes plus loin une femme fatale qu’un fourreau noir habille comme une seconde peau. Elle ondule telle une liane entre le piano à queue noir, les convives en habit de soirée et le médecin, objet de ses ardeurs; elle chante en italien Desiderio di un’ora, une incantation amoureuse que son jeu de jambes savamment orchestré ne fait que rendre plus sensuelle encore. L’humiliation est telle pour l’épouse du médecin convoité que s’ensuit dans les toilettes pour dames un pugilat épique au terme duquel Yolanda la séductrice se retrouve à terre et trempée. »

« À vingt-huit ans Dalida n’est pas une femme que l’on met sous cloche, et pas davantage une amante que les tiédeurs du quotidien pourraient contenter, bien qu’elle tente souvent de s’en persuader. Si elle s’efforce de se conformer au modèle de l’épouse et de contenir les révoltes qui l’animent, elle n’en aspire pas moins à de plus grandes réjouissances et à des sentiments exaltés. Une tyrannique exigence la contraint sans cesse à s’élever, à découvrir, à apprendre. »

David Lelait-Helo est né à Orléans le 3 décembre 1971.

Après des études de littérature et civilisation hispaniques à Montpellier, il enseigne l’espagnol. En janvier 1997, à 25 ans, il publie chez Payot la première d’une longue série de biographies, parmi lesquelles

Maria Callas : j’ai vécu d’art, j’ai vécu d’amour (1997),

Dalida : d’une rive à l’autre (2004).

C’est à cette période qu’il délaisse l’enseignement pour se consacrer à une carrière de journaliste. Il a écrit pour de nombreux magazines (Gala, Cosmopolitan, Femmes d’aujourd’hui…), animé des émissions musicales sur la chaîne Pink TV, occupé pendant vingt ans le poste de responsable des pages culture et people au magazine Nous Deux et, depuis 2022, celui de chroniqueur littéraire pour Femme Actuelle et Prima.
David Lelait-Helo a également écrit des essais, Gay Culture (1998) et Les Impostures de la célébrité (2001), ainsi que des romans, dont :

Poussière d’homme (2006),
https://leressentidejeanpaul.com/2025/08/04/poussiere-dhomme/

Quand je serai grand, je serai Nana Mouskouri (2016),

Un oiseau de nuit à Buckingham (2019), aux éditions Anne Carrière,

Je suis la maman du bourreau (2022), aux éditions Héloïse d’Ormesson
https://leressentidejeanpaul.com/2022/04/09/je-suis-la-maman-du-bourreau/

Il était une femme étrange (2025), aux éditions Héloïse d’Ormesson
https://leressentidejeanpaul.com/2025/09/04/il-etait-une-femme-etrange/

Amour, Émotion, Biographie, Drame, Poésie

Poussière d’homme

de David Lelait-Helo
Poche – 12 juillet 2012
Éditeur : Pocket

« Ce dimanche 3 avril, au soir, tes jours d’homme m’ont filé entre les doigts. Au presque commencement de ma vie, je t’ai perdu, toi avec qui je voulais la finir. Nous avions oublié d’être mortels, le temps nous a rattrapés… »
David LELAIT

« Je viens de finir ce livre, c’est un VÉRITABLE CHOC !!!!! Non seulement l’histoire est bouleversante mais le style est éblouissant !! Les mots claquent, lumineux et remplis de poésie ! Une émotion tout en pudeur pare ce livre d’une couleur unique. »
Gérard Collard

« Lyrique et sensible, juste et touchant, bouleversant même quand il ne reste qu’une poignée d’heures avant la séparation ultime. »
Ph.-J.C. Le Monde

« Un texte émouvant et d’une exquise sensibilité. »
Delphine Apiou Biba

J’ai découvert la plume de David Lelait-Helo avec Je suis la maman du bourreau, et dès les premières pages, j’ai su qu’il écrivait autrement. Il y avait cette pudeur dans la douleur, cette manière d’exposer l’indicible sans jamais tomber dans le pathos. C’était puissant, dérangeant, profondément humain. Un portrait de mère bouleversant, un cri discret mais essentiel.

Avec Poussière d’homme, j’ai retrouvé cette même force. Mais cette fois, l’émotion m’a submergé d’une manière plus intime, plus viscérale. Ce long chant d’amour et de mort, écrit tout en douceur et en retenue, m’a touché au cœur. Il y a dans ces pages une forme de grâce rare, presque fragile.

Le roman m’a pris aux tripes. Il m’a happé dans un tourbillon de poésie et d’émotions, où les mots choisis semblent parfois s’échapper d’un carnet secret. Des mots qui font du bien, des mots lumineux, des mots magiques… déposés ici et là, comme des cailloux blancs, un peu cachés parfois, que le lecteur devra ou pas, trouver pour, s’il le souhaite, les conserver bien précieusement. David raconte l’amour, son amour, avec une intensité brûlante, celle qu’on espère tous connaître au moins une fois. Un amour total, qui éclaire les gestes les plus simples et transforme le quotidien en miracle.

Il nous livre un hommage posthume, un cri d’amour et de douleur, une mise à nu poignante. Il évoque la perte, le manque, la maladie, le deuil, sans jamais chercher à nous apitoyer. Il questionne l’acceptation, la mémoire, le souvenir charnel de l’autre, ce qu’il reste quand il ne reste plus rien… ou presque. Juste ce prénom de trois lettres, et une éternité de souvenirs.

J’ai été totalement immergé dans son intimité. Chaque phrase, chaque silence entre les lignes, m’a bouleversé. Ce roman est un journal de bord de l’âme, un chant funèbre habité de lumière, un cri muet dans la nuit. Un concentré d’amour, de douleur… avec des mots qui claquent, des phrases qui prennent aux tripes… puis soudain, une larme qui surgie seule, qui s’éternise, elle sera finalement rattrapée par d’autres, de nombreuses autres qui le long de ma lecture méritaient aussi leur place…

Un véritable hymne à l’amour, malgré la tristesse, malgré la fin. Une œuvre traversée par la beauté, même dans la douleur.
Lire “Poussière d’homme”, c’est accepter de plonger dans l’abîme pour en ressortir tremblant, mais vivant. Lisez donc ce récit époustouflant, autant pour sa beauté que pour sa réalité et sa douleur. Aucun de mes mots ne pourra décrire ce que l’on ressent vraiment à cette lecture, il y a tant de sentiments et d’émotions, vous devrez comme moi y plonger corps et âme pour comprendre… Et forcément, finir votre lecture profondément touché.

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Extraits :

« Ce dimanche 3 avril, au soir, tes jours d’homme m’ont filé entre les doigts. Au presque commencement de ma vie, je t’ai perdu, toi avec qui je voulais la finir.
Nous avions oublié d’être mortels, le temps nous a rattrapés… La voix blanche et la colère noire, j’ai eu beau t’appeler, tu étais déjà parti, loin. Ta vie, minuscule tourbillon de quelques lunes et soleils, cessait là de tournoyer, sur le rivage carrelé blanc et glacé d’un hôpital. Un an sans toi, il y a trop longtemps, il y a si peu. Mais l’absence se rit du temps, elle déchire les calendriers, dérègle les horloges, rend folles leurs aiguilles. L’absence est un compagnon fidèle qui ourle désormais mes chemins d’exilé. »

« Que cette journée me semble sans fin depuis que, ce matin, au Père-Lachaise, à Paris, les flammes se sont unies pour t’emporter, t’émietter ! Depuis qu’hier j’ai poussé, de mes propres mains, le couvercle de bois verni sur ton visage de chair figée. »

« Les mots du curé ne parviennent pas à s’élever. Une ribambelle de sons creux. Je n’entends pas assez les trois lettres de ton prénom, il ne parle pas de ta vie, de ta joie, de ta bonté. Il articule le nom de Jésus, évoque le bon Dieu et ce foutu ciel qui t’ouvre prétendument ses portes, je ne l’écoute déjà plus… Je ne pleure pas non plus. Heureusement, les mots de ta jolie filleule, ses larmes, donnent de la chair et de l’humanité aux singeries de l’homme de Dieu. J’avais prévu de chanter puis renoncé, mais le manque de sève de l’instant me porte à finalement m’exécuter. »

« C’est un amour simple, facile, sur lequel on ne pose pas de mots. Mieux vaut le faire qu’en parler. Il roule léger. Il n’est pas de ceux auxquels on s’oblige pour ne pas vivre seul ou pour tromper l’ennui. Pas de ces amours que l’on couche sur un faire-part, que l’on grave dans les registres de l’état civil, pas de ceux qui donnent des enfants ou tiennent des promesses pour l’avenir du monde, pas non plus de ceux dont la passion vous brûle et vous dévore. Juste un amour qui souffle sur le cœur, juste le plaisir sans les devoirs, la caresse sans la gifle, le baiser sans la morsure.
Je ne tombe pas amoureux, je m’élève amoureux. Je t’aime comme on s’élève et grandit, comme on se hausse sur la pointe des pieds pour apercevoir la mer de l’autre côté de la barricade. Je t’aime en liberté. »

David Lelait-Helo est né à Orléans le 3 décembre 1971.

Après des études de littérature et civilisation hispaniques à Montpellier, il enseigne l’espagnol. En janvier 1997, à 25 ans, il publie chez Payot la première d’une longue série de biographies, parmi lesquelles

  • Maria Callas : j’ai vécu d’art, j’ai vécu d’amour (1997),
  • Dalida : d’une rive à l’autre (2004).
    C’est à cette période qu’il délaisse l’enseignement pour se consacrer à une carrière de journaliste. Il a écrit pour de nombreux magazines (Gala, Cosmopolitan, Femmes d’aujourd’hui…), animé des émissions musicales sur la chaîne Pink TV, occupé pendant vingt ans le poste de responsable des pages culture et people au magazine Nous Deux et, depuis 2022, celui de chroniqueur littéraire pour Femme Actuelle et Prima.
    David Lelait-Helo a également écrit des essais, Gay Culture (1998) et Les Impostures de la célébrité (2001), ainsi que des romans, dont :
  • Poussière d’homme (2006),
  • Quand je serai grand, je serai Nana Mouskouri (2016),
  • Un oiseau de nuit à Buckingham (2019) parus aux éditions Anne Carrière,
  • Je suis la maman du bourreau (2022), paru aux éditions Héloïse d’Ormesson
    https://leressentidejeanpaul.com/2022/04/09/je-suis-la-maman-du-bourreau/

Émotion, Biographie, Histoire vraie

Maria Montessori

Femmes d’exception, Volume 10.
de Ariadna Castellarnau et Mercedes Castro
Broché – 26 février 2020
Éditions : RBA

À une époque où les portes de l’université étaient fermées aux femmes, Maria Montessori dut, pour réaliser sa vocation, lutter âprement contre les préjugés de son temps. En tant que médecin, elle ne cessa de lutter contre les souffrances dont elle était témoin. Comme pédagogue, elle fut la conceptrice d’une méthode qui renouvela en profondeur et de manière irréversible l’enseignement des enfants de toutes classes et de toutes conditions. Mais sa contribution alla bien au-delà, car l’éducation était pour elle le moyen d’instaurer une paix durable dans le monde.

Je croyais en savoir un peu sur Maria Montessori, mais au fil de ma lecture, j’ai découvert le parcours remarquable de cette femme hors du commun !

« J’eu l’intuition que le problème de ces déficients était moins d’ordre médical que pédagogique… »

Maria Montessori est pour moi, une figure incontournable de l’éducation moderne. Dans ce dixième volume de la collection Femmes d’exception, Castro Mercedes et Ariadna Castellarnau retracent avec justesse le parcours fascinant de cette femme visionnaire, dont les idées ont révolutionné l’apprentissage des enfants à travers le monde entier.

Dès les premières pages, j’ai découvert une Maria Montessori déterminée à s’imposer dans un monde dominé par les hommes. Première femme médecin en Italie, elle se passionne pour la pédagogie et consacre sa vie à l’éducation des enfants, notamment ceux en difficulté. Convaincue que chaque enfant possède un potentiel immense, elle développera une méthode fondée sur l’autonomie, l’expérimentation et le respect du rythme individuel. Son approche, en rupture avec l’enseignement traditionnel, prône un apprentissage sensoriel et ludique, basé sur la manipulation d’objets conçus pour stimuler l’intelligence, mais surtout la curiosité.

« Dans sa vie, je réfléchis à la société et à la manière dont, avec une enfance éduquée dans la paix, nous aurons un avenir sans guerres. »

Au fil des chapitres, l’ouvrage met en lumière les obstacles qu’elle a dû affronter, son engagement pour les droits des enfants et l’essor international de la pédagogie Montessori, aujourd’hui adoptée dans de nombreuses écoles. Le livre ne se contente pas d’être un récit biographique ; il s’agit aussi d’un hommage à une femme inspirante qui a transformé la manière dont nous envisageons l’éducation.

Une lecture que j’ai trouvé très enrichissante, que je recommande à tous ceux qui s’intéressent à l’éducation et à l’émancipation des esprits.

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Extraits :

« Maria Montessori désapprouvait les méthodes d’enseignement utilisées en Europe ; elle les trouvait rigides, voire cruelles. Elle pensait que l’enfant ne devait être ni façonné, ni dirigé – et encore moins puni -, mais qu’il devait acquérir progressivement ses connaissances, en toute liberté, d’une manière qui respecterait son propre développement. Elle mit alors au point une pédagogie visionnaire, basée sur le développement de la créativité, l’apprentissage par l’expérimentation et l’autonomie de l’élève. »

« Il était plus de neuf heures du soir, elle était fatiguée et les vapeurs de formol lui donnaient des nausées. Comme à chaque fois qu’elle pénétrait dans la salle de dissection de la faculté de médecine de La Sapienza, elle avait cru défaillir, pas à cause du contact avec la mort, mais par l’odeur qui émanait du formol. À une époque, afin de pallier cet inconvénient, elle avait engagé un homme pour fumer à ses côtés pendant qu’elle travaillait ; l’odeur de la cigarette réussissait un tant soit peu à atténuer ses nausées. Cela ne convertissait pas pour autant la dissection en une tâche aisée.
Plus tard, elle se mit d’ailleurs à fumer elle-même. »

« Il convient de rappeler que la médecine du XIXe siècle était chargée de préjugés contre le sexe féminin. Il était fréquent d’entendre, par exemple, que lorsqu’un couple donnait naissance à une fille, c’était une conséquence de l’état de fatigue du mari ; en d’autres termes, la femme était considérée comme un être imparfait, de seconde catégorie. »

« Je demande à tous mes chers enfants, qui ont tant de pouvoir, de s’unir à moi afin de construire la paix entre les hommes, dans le monde entier. » Les enfants, c’est à eux maintenant qu’il revient de prendre le flambeau et bâtir, de leurs jolies mains, un monde nouveau. »

Ariadna Castellarnau est diplômée en philologie hispanique et en théorie de la littérature et des littératures comparées. Elle a écrit dans les revues Anfibia (Argentine) et Label Negra (Pérou), ainsi que dans les suppléments culturels Radar et Diario Perfil. Ses récits ont été publiés dans diverses anthologies : Interzona (Panorama interzona) et Extrema Ficción (Antologías Traviesa n° 4). En 2015, il a remporté le prix international Las Américas du meilleur roman latino-américain avec son livre Quema.

Mercedes Díaz est diplômé en droit de l’Université autonome de Madrid et travaille comme éditeur de livres. Elle est l’auteur, entre autres romans, de la période Y punto. (2008, Alfaguara), œuvre distinguée comme meilleur premier long métrage en langue espagnole par le Festival du premier roman de Chambéry (France), et Mantis (2010, Alfaguara).