Drame, Histoire

Les Amazones***

de Jim Fergus
Poche – 3 septembre 2020
Éditions : Pocket

Elles étaient mille femmes blanches, troquées jadis par le chef Little Wolf contre autant de chevaux. Après la bataille de Little Big Horn, quelques survivantes décident de prendre les armes contre l’État américain, accapareur de terres et massacreur d’une culture séculaire. Cette tribu fantôme d’amazones, guerrières indomptables, insoumises et rebelles, va passer dans la clandestinité pour livrer une bataille implacable, qui se poursuivra de génération en génération…

 

 

Voilà, c’est fini pour la suite et fin de cette trilogie passionnante chez les Indiens d’Amérique du Nord.

C’est triste, c’est beau et passionnant à la fois.
Alors, oui, ce tome est peut-être moins “riche” que les deux précédents, mais personnellement, l’apport de la “magie” dans ce dernier volet m’a beaucoup plu… Encore une fois, j’ai aimé voyager dans ces contrées sauvages et encore vierges de toute civilisation, avant l’arrivée de l’Homme blanc et de sa main mise sur tout !

Jon, nouveau propriétaire et rédacteur en chef de “Chitown », un magazine de Chicago, récupère de nouveaux carnets qui ont été transmis sur plusieurs générations de mères en filles, et ce, jusqu’à nos jours.
Témoignage bouleversant d’une époque révolue, où la lutte était continuelle. Les “Cœur vaillant”, mélange de femmes, blanches et d’Indiennes sont les nouvelles amazones. Des femmes guerrières qui pour le bien du Peuple, ont décidé de se faire justice, n’hésitant pas à tuer pour se venger si nécessaire… à travers les générations…

Jim Fergus clôt sa trilogie.
Il a rendu un superbe hommage à la culture et au mode de vie des Indiens d’Amérique et surtout à toutes ces femmes conquérantes et libres…
May, Molly, Phemie et toutes les autres, allez me manquer.
Mais je sais qu’elles ne sont pas loin.
Elles sont là, elles veillent sur leurs descendants, de leur “monde”, où elles vivent désormais à jamais en paix…

Une magnifique trilogie !

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Extraits :

« – J’aimerais connaître la fin de l’histoire pour la publier intégralement.
Je crains que cela ne soit pas possible, Jon, pour l’instant.
Pourquoi ?
Parce que la suite contient des secrets tribaux, qui sont sacrés, et parce que vous être blanc. Chaque fois que les vôtres ont touché une chose qui nous appartenait, ils l’ont volée ou détruite, alors nous devons protéger ce qui reste. »

« Jadis, bien sûr, les tribus avaient toutes différents noms pour s’appeler elles-mêmes et entre elles – des noms qui ont évolué au fil du temps. Nous autres Cheyennes étions des Tsistsistas, ce qui, dans notre langue, signifie les humains, à distinguer des ours, des bisons, des oiseaux, des poissons, des chevaux, etc. Un nom humble et sans prétention qui sous-entend que nous faisons partie du monde animal, sans pour autant nous estimer meilleurs ni supérieurs – juste différents. »

« Toutes les religions semblent être organisées au bénéfice du sexe masculin, avec pour conséquence que les femmes sont reléguées au second plan : elles accouchent, élèvent les enfants, s’occupent des corvées. Voilà pourquoi je me méfie des religions, celles des Indiens y compris. En outre, ai-je fait remarquer à l’aumônier, aussi chrétien et admirable soit le refus de la violence dont il est partisan, cette attitude s’accorde mal aux réalités de notre existence ici. »

« Ton peuple a massacré les bisons des plaines. Nous entions réduits à manger nos chevaux et le bœuf que l’État expédiait dans les réserves. Bien souvent de la viande pourrie, d’ailleurs. C’est à cette époque que nous avons commencé à tomber malades, physiquement et mentalement. Nous avions coexisté avec les bisons pendant plus d’un millénaire. Nous dépendions d’eux pour tout, c’était un véritable mode de vie. Nous les considérions comme nos frères. Pas seulement des frères : nos frères. Ils faisaient partie de la famille. »

 

 

Né à Chicago en 1950, d’une mère française (aristocrate originaire de Bourgogne) et d’un père américain, Jim Fergus est chroniqueur dans de nombreux journaux américains. Passionné par l’histoire des Indiens d’Amérique, il avait depuis toujours le projet d’écrire une biographie de Little Wolf. Afin de trouver matière à son livre, il s’est beaucoup documenté et a sillonné le Middle West, de l’Oklahoma au Montana, seul pendant plusieurs mois, sur les pistes des Cheyennes. À partir d’un fait authentique, Jim Fergus a imaginé le journal d’une des femmes qui ont été données en mariage aux Indiens en 1875. Mille femmes blanches (2000), qui est son premier roman, a obtenu le prix du premier roman étranger.

Mille femmes blanches – Tome 1
https://leressentidejeanpaul.com/2022/07/29/mille-femmes-blanches/

La vengeance des mères – Tome 2
https://leressentidejeanpaul.com/2022/08/03/la-vengeance-des-meres/

Émotion, Drame, Histoire

Mille femmes blanches*

de Jim Fergus
Poche – 5 mai 2011
Éditions : Pocket

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En 1874, à Washington, le président Grant accepte la proposition incroyable du chef indien Little Wolf : troquer mille femmes blanches contre chevaux et bisons pour favoriser l’intégration du peuple indien. Si quelques femmes se portent volontaires, la plupart viennent en réalité des pénitenciers et des asiles… L’une d’elles, May Dodd, apprend sa nouvelle vie de squaw et les rites des Indiens. Mariée à un puissant guerrier, elle découvre les combats violents entre tribus et les ravages provoqués par l’alcool. Aux côtés de femmes de toutes origines, elle assiste à l’agonie de son peuple d’adoption…

“Un roman splendide, puissant et engagé.”  Jim Harrison

Cet ouvrage a reçu le prix du Premier roman étranger

 

• Couv_065_Fergus Jim - Mille femmes blanches

 

Cela fait plusieurs années que je désirais lire ce roman…

J’ai une habitude étrange… bonne, mauvaise ?
Lorsque je vais chez des gens, mon regard est régulièrement attiré par des livres quand il y en a, ou mieux vers “la” bibliothèque…
Il y a quelques années, que le temps passe vite, nous sommes allés chez des amis, Bruno et Valérie et dans leur bibliothèque, j’ai rapidement vu la trilogie de Jim Fergus. Je l’ai acheté beaucoup plus tard !
Pourquoi avoir tant attendu ? Et pourquoi avoir encore attendu avant de le lire ?

Ce n’était peut-être pas le bon moment !

En-tout-cas ce premier tome m’a bouleversé.
À la fin de son roman Jim indique : “Ce livre est une œuvre de fiction. Plusieurs événements historiques y trouvent certes leur place, mais ils s’insèrent dans un cadre fictif…”

Mais nous savons tous que ce livre basé sur des faits réels, romancés certes, mais réels quand même !
Ce n’étaient pas les mêmes prairies, les hommes et les femmes portaient sûrement d’autres noms et les tipis dans les villages n’étaient pas organisés de la même façon, mais on ne pourra pas m’enlever le fait que pour moi, c’est une histoire “vraie”.

Les Indiens d’Amérique, encore de grands “oubliés” de l’Histoire.

Dès les premières lignes, j’ai tout de suite été embarqué dans ce monde si différent et tellement proche à la fois…
Le style, fluide. L’histoire, incroyable ! Les paysages, on s’y croirait. Et les personnages… Attachants, de toutes origines, bons, ou détestables.
Quelle aventure pour ces femmes qui ont vu leur destin basculer du jour au lendemain…
Comment ne pas s’immerger totalement dans un monde où respect de l’autre et de la nature compte plus que tout. Où la pédophilie est inconnue.
Où on ne tue que pour manger et se défendre bien sûr, mais jamais pour attaquer. Alors tout n’est pas rose non plus, mais une logique est inscrite dans la vie les Cheyennes, à chacun des actes qu’ils réalisent. Ils pensent groupe. Jamais individu.

May Dodd décrit quasi au jour le jour, sa vie. Les “épreuves” qu’elle subit ou maîtrise dans son quotidien de sa tribu d’accueil. Aucun temps mort, il y a toujours quelque chose qui se passe, triste, drôle, violent, émouvant… C’est “Le livre” du genre que j’attendais depuis un moment. En effet, on a rarement le point de vue féminin dans ce type de roman… et ça change tout. Ce n’est ni la guerre, ni la politique (même si elles sont présentes) qui sont le centre du récit. Ce qui intéresse l’auteur et il nous le rend bien, c’est LA VIE !
Une vie que l’on pourrait résumer en quatre mots. Adaptation, respect, courage et amour… quel qu’il soit.

Je n’en dis pas plus… La fin est excellente !
Vous vous en douterez, j’ai déjà commencé le second volet.
Gros coup de cœur pour cette magnifique introduction de la trilogie qui m’a réchauffé le cœur.

À lire absolument !

Je signale, par ailleurs, qu’un pourcentage est perçu sur les ventes de chacun des tome, au profit d’une école indienne au Montana.
Ça aussi, c’est beau !

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Extraits :

« Je n’ai aucune honte à admettre que j’ai toujours été une femme passionnée, sujette à de vifs désirs charnels. Je ne les renie pas. J’ai été pubère assez tôt et j’ai toujours intimidé les jeunes hommes inhibés du cercle social étriqué que fréquentait ma famille. »

« Quelle étrange procession devions-nous former, chevauchant ainsi en longue file paresseuse, forte d’une centaine de personnes, Indiens et femmes. Notre cheminement paraissait sinueux, indiscipliné, après la rectitude militaire de nos récents convois. S’il nous regardait d’en haut, Dieu pouvait aisément nous comparer à une colonie de fourmis, progressant à travers les collines, gravissant les forêts de sapins pour redescendre ensuite près du lit des rivières et de l’abondante végétation qui les borde. »

« Il n’y a pas de mauvais enfants, n’est-ce pas ? Tous ne sont finalement que des enfants – qu’importe la race ou la culture qui les accueille – ils appartiennent avant tout à la leur. Pour cette raison, je suis impatiente d’apprendre la langue, difficile peut-être, qui est la mienne à ces petits lutins sauvages. Comme j’aime les regarder ! »

« Ce soir, la lune est cachée, le vent a repassé les nuages et la voûte céleste brille au-dessus de moi. Je regarde accroupie, les milliards d’étoiles et de planètes et, curieusement, ma propre insignifiance ne me fait plus peur comme autrefois. Elle me paraît au contraire rassurante, puisque j’ai maintenant le sentiment d’être également un élément, si minuscule soit-il, de l’univers complet et parfait… Quand je mourrai, le vent soufflera toujours et les étoiles continueront de scintiller, car la place que j’occupe sur cette terre est aussi éphémère que mes eaux, absorbées par le sol sablonneux ou aussitôt évaporées par le vent constant de la prairie… »

 

 

Né à Chicago en 1950, d’une mère française (aristocrate originaire de Bourgogne) et d’un père américain, Jim Fergus est chroniqueur dans de nombreux journaux américains. Passionné par l’histoire des Indiens d’Amérique, il avait depuis toujours le projet d’écrire une biographie de Little Wolf. Afin de trouver matière à son livre, il s’est beaucoup documenté et a sillonné le Middle West, de l’Oklahoma au Montana, seul pendant plusieurs mois, sur les pistes des Cheyennes. À partir d’un fait authentique, Jim Fergus a imaginé le journal d’une des femmes qui ont été données en mariage aux Indiens en 1875. “Mille femmes blanches” (2000), qui est son premier roman, a obtenu le prix du premier roman étranger.