Amour, Émotion, Drame, Historique

L’Enfant trouvée

de Louis Mercadié
Broché – Grand livre, 14 mars 2024
Éditions : de Borée

• Bandeau_Intro_2.jpg

Années 1820-1900. Tout comme son amie Marie, future madame Talabot, Noëlle n’a jamais rien connu d’autre que l’orphelinat. S’accrochant uniquement à l’idée de retrouver sa mère, elle affronte un quotidien harassant et surmonte dignement les difficultés qui jalonnent son chemin. Sa quête la conduira dans un Paris en pleine tourmente. Modifiant profondément sa façon de voir la vie, cette période agitée la mènera là où tout a commencé, au village de son enfance…

 

• Couv_2024-043_Mercadié Louis - L'enfant trouvée

 

Malgré le vécu incroyablement triste de Noëlle en ce début de 19e siècle, je referme tout de même mon livre heureux de cette histoire et éblouis par le parcours qu’elle a vécu sans jamais baisser les bras devant l’adversité.
Après un abandon, hors de la volonté de sa mère en 1822, nous suivons le parcours de la petite Noëlle qui va grandir dans un orphelinat, dans une France où il ne fait pas bon vivre lorsque l’on est tout seul, sans famille. C’est l’obligation de travailler très tôt dans les mines ou les fermes avoisinantes, l’exploitation des enfants, la prostitution, des conditions de travail opprimantes et dégradantes…

Noêlle est une belle fille au caractère facile, bienveillante, ayant une bonté d’âme exceptionnelle. Elle va très vite nouer de belles amitiés avec celles et ceux qui partagent sa condition.
Puis viendront les premiers amours… Adulte, elle décidera de quitter l’Aveyron à la recherche de ses origines, connaître aussi le “pourquoi” de son abandon. Commencera alors un périple à travers la France jusqu’à son arrivée à Paris, où la pauvreté est omniprésente dans tous les quartiers plus sordides les uns que les autres.

Louis Mercadié, originaire du Nord-Aveyron, c’est très bien documenté sur cette période de l’histoire. Nous seulement le récit est un vrai livre d’histoire, mais il possède une plume très agréable avec un style propre, assez rare de nos jours.
Il y a quelques jours, je parlais d’un roman écris par une femme, racontant des vies de femmes, dans un lieu où je n’avais pas l’habitude de les rencontrer, en étant ému aux larmes…
L’Enfant trouvée est un excellent roman écris par un homme, qui raconte des vies de femmes très très dures, dans des lieux où je n’imaginais même pas qu’elles puissent y travailler. Et que d’émotions…

Plus qu’une simple lecture, elle est devenue au fil des pages une lecture très enrichissante, avec en plus, quelques annotations par-ci, par-là, avec lesquelles je suis allé au-delà, grâce à Internet, j’ai même assimilé cette lecture à une sorte de leçon de vie. Car Noëlle, oui, est une femme, oui, elle est courageuse et bonne avec les gens qu’elle côtoie, mais c’est aussi une révolutionnaire au fond de son cœur. Alors, oui, la société à évoluée depuis quant au droit des femmes, mais Noëlle voulait croire en un avenir ou les femmes et les hommes seraient égaux…

Un roman qui devrait vous procurer un véritable plaisir de lecture, hors du temps !
Un très grand MERCI encore une fois à Virginie des Éditions de Borée…

÷÷÷÷÷÷
Extraits :

« Chaque jour que Dieu faisait, Suzanne visitait Mme Castanié. À présent que ses jambes ne la portaient presque plus, la jeune fille assurait ses courses et lui révélait les nouvelles de la cité auxquelles la vieille dame continuait de s’intéresser. »

« Dans le calme de l’aurore, les deux femmes, qui traversaient le pont, crurent entendre les plaintes d’un agneau. Cependant, au fur et à mesure de leur progression, elles reconnurent les pleurs d’un bébé. Elles se hâtèrent en direction des cris et gravirent les marches du grand escalier de l’église. Tout en haut, une corbeille recouverte d’un linge reposait au sol. À l’intérieur, un bébé, pourtant bien emmailloté, tremblait de froid et s’agitait en hurlant. Enveloppé d’une sorte de pèlerine épaisse sur laquelle on avait grossièrement cousu des poches, elles-mêmes emplies de châtaignes grillées, il portait autour du cou une chaîne de métal retenant un médaillon étoilé gravé d’entrelacs. »

« – Tu as raison, mon Mathieu, elle est magique ta forêt !
On ne se lasserait pas de l’écouter.
– Et puis chaque saison apporte sa ritournelle, son murmure. C’est toujours différent, toujours nouveau. Allez, faut y aller maintenant, on continue ! »

« Ton bonheur me rend heureuse, chère Marina. Tu le mérites amplement et tu sauras le répandre autour de toi ! Tu es une fille formidable qui a su sortir de l’ornière profonde où tu te trouvais. Vois-tu, la vie, c’est comme un chemin, tantôt courant tout droit dans la plaine, tantôt montant péniblement les pentes sinueuses d’une montagne. Les jours viennent… et s’en vont. Ils sont des inconnus qui nous surprennent. Regarde ces guerres que nous venons de vivre, ces violences, cette souffrance ! »

 

Originaire du Nord-Aveyron, au pied des monts d’Aubrac, et fils d’un tonnelier dont il a conservé le savoir-faire, Louis Mercadié est un amoureux du temps passé. C’est aussi un passionné.

Auteur de plusieurs monographies historiques et d’une thèse de troisième cycle (Histoire, Géographie, Sciences humaines, Université de Jussieu), il a obtenu deux prix littéraires pour une biographie sur Marie Talabot, une Aveyronnaise dans le tourbillon du XIXe siècle.

Chevalier des Arts et Lettres, conférencier, membre de la Société des Lettres, Sciences et Arts de l’Aveyron, il n’a de cesse de parcourir l’histoire du département, notamment celle de ces femmes qui ont vécu un destin remarquable.

Émotion, Drame, Historique

La prisonnière de la mer

de Élisa Sebbel
Broché – 30 janvier 2019
Éditeur : Fayard/Mazarine

Bandeau_04

1809. Les guerres napoléoniennes font rage. Alors qu’ils croyaient être rapatriés en France, 5000 prisonniers se retrouvent captifs sur l’îlot de Cabrera, dans les Baléares. Pour survivre, un maigre filet d’eau douce, des rations insuffisantes, des abris précaires qu’il leur faut bâtir eux-mêmes. 21 femmes les accompagnent, parmi lesquelles Héloïse, vivandière de 18 ans dont le mari a succombé en mer, emportant avec lui l’insouciance et la légèreté de la jeune femme.
Si la guerre avait déjà meurtri les hommes, le désespoir leur fait bientôt perdre la raison. Par chance, Henri, chirurgien de l’armée, se prend d’affection pour Héloïse. Entre privations, épidémies et tempêtes, les morts s’accumulent, l’espoir s’amenuise, et Héloïse ne songe qu’à se libérer enfin de cet enfer – jusqu’à ce nouvel arrivage de prisonniers et de Louis qui fait tout chavirer.
À force de ténacité, la jeune femme parviendra-t-elle à se sauver ? Car si l’amour est une captivité volontaire, la mer l’a déjà faite prisonnière…

 

2021_001_Sebbel Elisa - La prisonnière de la mer.jpg

 

Bonjour à toutes et à tous,

2021 commence avec une très belle surprise…
Un très joli premier roman d’Elisa Sebbel, qui est arrivé dans ma boite aux lettres, sans aucune indication sur l’expéditeur !
Alors un grand merci à toi, qui peut-être lira ses mots…

Le livre raconte un épisode de l’Histoire que j’ignorai, et qui m’a énormément intéressé. Le destin et la vie quotidienne de 5000 hommes et 21 femmes, capturés par les Espagnols après la défaite des armées napoléoniennes à Baylen, puis presque abandonnés à leur sort, sur l’îlot désert de Cabrera, dans l’archipel des Baléares, de 1809 à 1814. Beaucoup périront dans ce qui peut être considéré comme l’un des premiers camps de concentration de l’histoire.

C’est très poignant et bien rendu, j’avais l’impression d’y être.
Mais c’est surtout l’écriture qui est incroyable. Belle, fluide, un style littéraire juste et équilibré, alternant avec des dialogues aérés, un vrai plaisir. Il y a une aisance déjà très bien maîtrisée pour un premier roman.

Dès les premières lignes, à travers le récit écrit à la première personne, j’étais “Héloïse”.
Femme forte, sensible, émouvante. Elle attire les gens, les confidences. Elle invite à la protection. Les choix qu’elle est obligée de prendre tout au long du récit sont difficiles et douloureux entre passion et raison. Très vite au milieu de tous ces hommes, elle subira le pire, puis la faim, la soif, un climat rugueux qui oscille entre froid, humidité et chaleur extrême… Tous les moyens seront bons pour subsister.
Mais je ne vous dirai rien de plus, pour ne pas trahir Élisa…

Un premier roman que je conseille vivement !
Gracias Élisa, por esta historia muy bonita y muy triste… ¡Me permitió viajar en el tiempo y en el espacio!

÷÷÷÷÷÷÷

Extraits :

« Pour la première fois depuis des mois, je respirai à pleins poumons et fermai les yeux un instant. Le sable doux glissait sous mes pieds, l’eau fraîche et vive me ramenait à la vie. Sur la plage, les soldats étaient ivres d’air frais et d’espace. Certains s’allongeaient, voulant ressentir ce sol ferme sous leur corps tout entier. D’autres couraient, sautaient, s’embrassaient. Fous de vie, fous d’espoir, fous de terre. Les officiers laissèrent leurs hommes s’abandonner à cette liesse soudaine. Ils se faisaient peu d’illusions, mais à quoi bon leur refuser ce petit moment de bonheur ? »

« Quand Rose me raconta tout cela, j’éclatai en sanglots que rien ne pouvait arrêter. Des pleurs de tristesse, mais surtout de colère, et de désespoir. Pourquoi ce Dieu et cette Sainte Vierge qu’elle priait tant avaient-ils permis cela ? En quoi étaient-ils bon ? Existaient-ils seulement ? Qu’avait fait mon amie pour mériter une mort pareille, elle, si généreuse ? Jean-Baptiste hurlait de faim et je ne pouvais pas supporter ses cris. Il fallait trouver une solution.»

 

 

Docteur en littérature française, Elisa Sebbel enseigne dans une université espagnole et vit à Majorque. Découvert dans le cadre du Mazarine Book Day 2018, pour lequel il a reçu la « mention spéciale du jury », son premier roman, La Prisonnière de la mer, dévoile un drame oublié de notre histoire.