Émotion, Drame, Histoire, Suspense

Aux quatre vents

de Amélie Antoine
Broché – 13 octobre 2022
Éditions : XO

• Bandeau_Intro.jpg

On dit que chaque famille a ses secrets. C’est encore plus vrai en temps de guerre…

1985, Sabran-sur-la-Lys. Un paisible petit village du nord de la France où tout le monde se connaît, depuis toujours. Un petit village où tout se sait. Et où, surtout, rien ne s’oublie.

Après avoir fait l’acquisition du château, un mystérieux personnage achète maison sur maison. De lui, on ne connaît que le nom : Clément de Clercq. Un matin, les villageois découvrent avec effroi que les portes et les fenêtres de toutes ces demeures ont été retirées. Les habitations sont ouvertes aux quatre vents, abandonnées, défigurées.

Bouleversée, une jeune femme, Léa, décide de tout faire pour sauver le village de son enfance. Il lui faudra alors fouiller dans les mémoires jusqu’à plonger au cœur d’un passé qu’aucun habitant n’a envie de revivre…

Aux quatre vents est l’histoire fascinante d’un homme qui, sans même en avoir conscience, se lance dans une quête éperdue d’identité. Car qui est-on quand on ignore d’où l’on vient ?

 

• Couv_099_Antoine Amélie - Aux quatre vents

 

– J’ai fait un vœu, maman, tu crois qu’il va se réaliser ?
– Si tu as réussi à souffler, tout ton pissenlit d’un seul coup, je pense que oui, Charlotte…
– Alors, ça veut dire que j’aurai bientôt un chien !
– Ah ça, je ne sais pas… Ton père ne sera jamais d’accord…
– Mais, un vœu, c’est un vœu, non ? Je voudrais tellement, tellement avoir un chien, je sais déjà à quoi il ressemblerait : il serait grand, noir, avec des poils doux, comme de la soie et un regard malicieux… J’ai soufflé tout le pissenlit, regarde, il ne reste plus que la tige !
– Dans ce cas, tu as sans doute raison d’y croire, ma chérie. Tu as sans doute raison d’y croire…

Voilà.
J’ai terminé ma lecture. L’un des plus beaux et des plus tristes romans qu’il m’ait été donné de lire cette année. Chacun des nouveaux romans d’Amélie Antoine est une véritable découverte. Celui-ci, plus encore… Une histoire très émouvante qui nous ramène au cours de la Seconde Guerre mondiale à Sabran-sur-la-Lys, petit village du nord de la France et qui se poursuit jusqu’au début des années 80.

Tout le roman se déroule ainsi une cette double temporalité, à travers la vie de deux familles aux destins tragiques.
Je ne sais pas par où commencer sans vous ôter le plaisir de la découverte, chaque idée, chaque détail est tellement fort et intense.

En tant que lecteur, ce roman est magnifique. Tout est là.
La violence, la guerre, les rapports familiaux compliqués, l’amour, les naissances, la haine, la mort, la vengeance et j’en passe… Mais c’est aussi LE LIVRE que j’aurais aimé écrire si j’étais auteur. La justesse des mots, la sensibilité omniprésente. J’ai vécu le roman, parfois en apnée, parfois en colère, souvent très ému. Amélie est une auteure qui ne cesse de m’étonner au fur et à mesure de ses écrits ! Un roman que je relirais sûrement, que je n’oublierai jamais !

Si nous pouvions, prendre suffisamment de recul, prendre nos décisions après une juste réflexion, au lieu de laisser monter en nous la haine, la lâcheté et la violence…

Amélie voit juste… Nous sommes imparfaits. “Aux quatre vents” est plus qu’un roman !
Énorme coup de cœur pour moi.
Je suis, et reste un lecteur heureux…

÷÷÷÷÷÷÷
Extraits :
« Il n’y a encore pas si longtemps, c’était un vrai, petit village de carte postale.
Un petit village d’environ quatre cents âmes en bordure de la rivière Lys, dans le Pas-de-Calais, en Flandre française. Pour y accéder, un pont en pierre de taille voûté composé de trois grandes arches, qui enjambe la rivière depuis longtemps, domestiquée en canal. »

« Ils sont une vingtaine à être entassés les uns contre les autres, à se regarder d’un air effrayé, à se demander où ils vont être emmenés. Isaac passe son bras autour des épaules de Ludmilla, tente de garder la tête froide malgré la peur qui s’insinue aussi sournoisement qu’un serpent. »

« Soudain, elle entend un pas de bottes lourdes sur sa gauche. Quelques instants plus tard, deux soldats allemands, vêtus de leurs uniformes, et calots vert-de-gris, tournent au coin de la rue et remontent dans sa direction. Quand ils passent devant elle, ils lui adressent un petit signe de tête poli, auquel, par principe, elle ne répond pas. À Sabran-sur-la-Lys, tous les villageois, agissent de même, sans jamais s’être vraiment concertés. Tous se refusent à leur attribuer la moindre humanité, et même si le geste peut paraître futile, il n’en reste pas moins symbolique. »

« Aujourd’hui, Charlotte est bien placée pour savoir que la gentillesse ne suffit pas. Ce n’est pas la gentillesse d’un homme qui transforme le bas-ventre d’une femme en un brasier. Ce n’est pas la gentillesse d’un homme qui donne envie à une femme de bouleverser toute sa vie, au mépris du danger, de la bienséance, du qu’en-dira-t-on. Ce n’est pas la gentillesse qui rend folle d’amour, au point de ne même plus savoir ce qu’était la vie, avant lui.
Oh que non. »

 

 

Amélie Antoine est née en 1984. Elle vit à Lille avec sa famille.

“J’aimerais vous dire que j’ai toujours voulu être écrivain, mais ce ne serait pas vrai.
J’aimerais vous dire qu’il n’y a pas un jour sans que j’écrive, mais ça non plus, ce ne serait pas vrai.
J’aimerais vous dire que, quand je m’installe à mon ordinateur, c’est un plaisir, un vrai bonheur de me mettre à taper des mots, former des phrases jusqu’à ce qu’elles deviennent des chapitres de mon histoire. Mais ce ne serait pas vrai.

Alors je vais vous dire que, depuis toute petite, j’ai toujours pensé que l’écriture était le meilleur moyen de communiquer. Je ne l’ai pas choisi, c’était comme ça (Et nul doute qu’un psychologue aurait sans doute beaucoup de conclusions à tirer !).
Je n’étais pas timide ni renfermée, mais j’ai toujours préféré écrire quand j’avais quelque chose à partager. Des petits mots à mes parents pour leur annoncer des choses importantes que je n’aurais pas su formuler à l’oral, pour leur demander la permission de faire telle ou telle chose, pour m’excuser d’erreurs que j’avais pu commettre, parfois.
Écrire, c’est pour moi une manière de poser ma pensée. De peser et choisir chaque mot afin d’être sûre de moi. D’entendre la musique en ayant pris le temps de la composer. De parler sans être interrompue.

Je vais vous dire que s’il peut se passer des semaines sans que j’écrive la moindre ligne, il ne se passe pourtant pas un jour sans que je réfléchisse à une histoire, sans que je façonne un personnage, sans que je note des idées à la volée sur le premier papier venu (souvent perdu par la suite, d’ailleurs !), sans que je mémorise des anecdotes qu’on me raconte parce qu’elles résonnent en moi d’une manière particulière.
Je vais vous dire à quel point ce que j’aime, c’est inventer des histoires. Nouer des intrigues, trouver des rebondissements, manier toutes la palette des émotions qu’on peut ressentir.
Et, surtout, donner vie à des personnages auxquels je m’attache aussi fort que s’il existaient vraiment, auxquels je voudrais que vous vous attachiez aussi fort que s’ils faisaient partie de votre famille, de vos amis.

Je vais vous dire que, si je n’ai jamais rêvé depuis l’enfance d’être un jour écrivain, ce n’est pourtant que depuis que j’écris des romans que j’ai l’impression d’être à ma place. De ne plus être en décalage constant avec le reste du monde.
De ne plus être en décalage constant avec le reste du monde.
D’avoir trouvé mon chemin, d’avoir trouvé un sens.
De savoir qui je suis et où je dois aller”.

http://www.amelie-antoine.com
Page Facebook : https://www.facebook.com/AmelieAtn/

Émotion, Drame, Philosophique

Avant que le monde ne se ferme

de Alain Mascaro
Broché – 18 août 2021
Éditions : Autrement

Anton Torvath est tzigane et dresseur de chevaux. Né au coeur de la steppe kirghize peu après la Première Guerre mondiale, il grandit au sein d’un cirque, entouré d’un clan bigarré de jongleurs, de trapézistes et de dompteurs. Ce “fils du vent” va traverser la première moitié du “siècle des génocides”, devenant à la fois témoin de la folie des hommes et mémoire d’un peuple sans mémoire. Accompagné de Jag, l’homme au violon, de Simon, le médecin philosophe, ou de la mystérieuse Yadia, ex-officier de l’Armée rouge, Anton va voyager dans une Europe où le bruit des bottes écrase tout. Sauf le souffle du vent.
À la fois épopée et récit intime, Avant que le monde ne se ferme est un premier roman à l’écriture ample et poétique. Alain Mascaro s’empare du folklore et de la sagesse tziganes comme pour mieux mettre à nu la barbarie du monde.

 

 

Je termine à l’instant “Avant que le monde ne se ferme”.
J’ai encore la gorge nouée… la larme à l’œil.

Quel magnifique premier roman !
Quel superbe cadeau nous offre Alain Mascaro avec ses quelques pages…

C’est tellement poétique… et même magique parfois.

Des mots qui vont et viennent, se tiennent les uns les autres, qui se répondent et s’enchaînent en toute beauté au rythme de la nature, des animaux, de ceux qui aiment la vie, qui donnent et qui partagent… un rythme différent, un rythme qui, comme le dit si bien l’auteur, permet de prendre la mesure du monde…
Un cirque Tzigane, des roulottes qui déambulent au gré des vents et des itinéraires aléatoires, le vent à travers les arbres, des musiciens, des magiciens, des trapézistes aussi, des lions, des paysages de toute beauté et au milieu de ce “petit monde”, Anton, l’enfant, le dresseur de chevaux. Il les aiment, il leur parle, ils le lui rendent bien…

Mais cette vie, belle et sereine, qui aurait du continuer dans sa simplicité, va soudain un jour se trouver percutée par la haine et la folie des hommes. Une guerre. Elle cherche à annihiler les différences, à supprimer certaines races. Dans ce combat, qui n’en est pas vraiment un, Tziganes, Juifs et simples d’esprit, sont devenus “personæ non gratæ”, sont devenus l’obsession des nazis.
Anton, personnage central du récit, va dès lors devenir malgré lui, au milieu de tout cet enfer, celui qui fédère, celui qui montre la voie… vers un avenir encore incertain.

Une écriture tout en contraste.
Après avoir évolué dans la lumière pendant tout le premier tiers de ma lecture, Alain Mascaro nous plonge soudain dans une obscurité étouffante et terrifiante. La guerre, les nazis, les camps de concentration, les meurtres…
J’ai appris beaucoup de choses sur le génocide tzigane. C’est très dur, violent, mais la poésie est toujours là, cachée, elle cherche à retrouver sa place et au fur et à mesure de ma lecture, la revoilà, plus forte, encore plus belle vers un final éblouissant !

Alors, oui, j’ai versé quelques larmes, mais plus que des larmes de tristesse, c’étaient des larmes d’émotions tellement la beauté des mots résonnait en moi…
Un énorme coup de cœur pour ce roman qui m’a emporté vers d’autres contrées. Je le relirai sûrement et assurément avec beaucoup de plaisir !
Un hommage exceptionnel au peuple tzigane et à son histoire.
Je quitte Anton et les siens avec regrets, un peu ému. J’aurais tellement aimé être là-bas, avec eux. Partager leur quotidien, leur bonheur, écouter les mélodies de Jag sur son violon le soir au coucher et au réveil marcher, avec comme seul “objectif“, d’avancer, d’aller de l’avant, d’ouvrir mes yeux et mon esprit, d’écouter le chant des oiseaux, le bruit du vent, regarder les nuages qui découvrent le soleil, les chevaux qui gambadent dans les champs à notre approche. Avancer ainsi vers l’inconnu, vers l’infini…
…vers la liberté !

Merci Alain…

÷÷÷÷÷÷÷

Extraits :

« Tout commença dans la steppe, dans le cercle des regards qui crépitaient avec le feu de camp. La voix du violon de Jag planait par-dessus l’hiver immobile qui parfois arrêtait le cœur des hommes. Ainsi le vieux Johann était-il mort trois jours plus tôt. Jamais il ne connaîtrait l’enfant à venir.
Ce jour-là, le jour où son père s’en était allé, Svetan avait appris que lui-même allait devenir père. Une vie pour une autre vie, tel était le tribut à payer depuis toujours. Dès qu’une âme s’envolait, une autre se posait dans le creuset d’une mère sous l’orbe d’un ventre rond comme le monde. C’était si étrange de connaître la douleur, la tristesse et la joie en même temps ! »

« Smirna n’était que douceur et poésie. Elle était de ces êtres rares qui enchantent la vie par leur seule présence. Svetan en était éperdument amoureux et sans doute un peu tous les hommes du clan. C’était une Lovara de la plus belle eau, fille de Bachanó le dresseur et de Zymme l’acrobate. La légende disait qu’elle était née sur la piste, parce que sa mère avait perdu les eaux sur son trapèze. »

« Dans la Kumpania, on se méfiait beaucoup de ceux qui savaient lire. Les livres étaient des prisons pour les mots, des prisons pour les hommes. Les premiers comme les seconds n’étaient libres qu’à virevolter dans l’air ; ils dépérissaient sitôt qu’on les fixait sur une page blanche ou un lopin de terre. »

« Ce monde-là n’est plus pour moi, dit-il d’un air las. Autrefois, avant la grande guerre, la terre était libre et ouverte. On voyageait d’une mer à l’autre sans demander à personne et personne ne vous demandait jamais rien. On comprenait qu’on avait passé une frontière quand soudain, on n’entendait plus parler la même langue. »

« Pleure, mon amour, pleure, et qu’avec tes larmes s’en aillent tous tes malheurs… »

« Oui mon garçon, voilà bien tout le drame des hommes : ils sont exactement comme les moutons. On leur fait croire à l’existence de loups et ceux qui sont censés les protéger sont en fait ceux qui les tondent et les tuent. »

 

Je suis né le 23 avril 1964 à Clermont-Ferrand.

Professeur de lettres.

En juillet 2019, ma compagne et moi avons largué les amarres pour un voyage sans date de retour. Après avoir parcouru le Kirghizstan, l’Ouzbékistan, le Turkménistan, l’Iran, le Népal, l’Inde, la Birmanie et le Cambodge, nous nous sommes retrouvés bloqués en Thaïlande par la pandémie. C’est en grande partie durant ce confinement thaïlandais que j’ai écrit mon premier roman Avant que le monde ne se ferme. Il a ensuite été retravaillé en Patagonie chilienne…

Cf mon blog de voyage : transhumances.eu

À ce jour, mon roman a reçu les distinctions suivantes :

  • Prix Première Plume 2021 – Furet du Nord – Decitre
  • Prix Talents Cultura 2021
  • Palmarès Livres Hebdo des Libraires (12ème place)

Autres œuvres :

  • Prix Pégase de la Nouvelle de Maisons-Laffitte (1990) pour une nouvelle intitulée Le Galop du Centaure qui est en quelque sorte l’ancêtre d’Avant que le monde ne se ferme.
  • Prix Club Internet Publibook (2001) pour la nouvelle La Sourate de la Répudiation
  • 2e prix (2006) et 3ème prix (2008) La fureur du Noir pour des nouvelles policières
  • Concours de nouvelles Mots Passants de l’Académie de Clermont-Ferrand.

– 2e prix en 2014.
– Finaliste 2020 (pas de classement cette année-là pour cause de Covid).
– 1er prix en 2016, 2018 et 2021.

Émotion, Drame, Historique

La prisonnière de la mer

de Élisa Sebbel
Broché – 30 janvier 2019
Éditeur : Fayard/Mazarine

Bandeau_04

1809. Les guerres napoléoniennes font rage. Alors qu’ils croyaient être rapatriés en France, 5000 prisonniers se retrouvent captifs sur l’îlot de Cabrera, dans les Baléares. Pour survivre, un maigre filet d’eau douce, des rations insuffisantes, des abris précaires qu’il leur faut bâtir eux-mêmes. 21 femmes les accompagnent, parmi lesquelles Héloïse, vivandière de 18 ans dont le mari a succombé en mer, emportant avec lui l’insouciance et la légèreté de la jeune femme.
Si la guerre avait déjà meurtri les hommes, le désespoir leur fait bientôt perdre la raison. Par chance, Henri, chirurgien de l’armée, se prend d’affection pour Héloïse. Entre privations, épidémies et tempêtes, les morts s’accumulent, l’espoir s’amenuise, et Héloïse ne songe qu’à se libérer enfin de cet enfer – jusqu’à ce nouvel arrivage de prisonniers et de Louis qui fait tout chavirer.
À force de ténacité, la jeune femme parviendra-t-elle à se sauver ? Car si l’amour est une captivité volontaire, la mer l’a déjà faite prisonnière…

 

2021_001_Sebbel Elisa - La prisonnière de la mer.jpg

 

Bonjour à toutes et à tous,

2021 commence avec une très belle surprise…
Un très joli premier roman d’Elisa Sebbel, qui est arrivé dans ma boite aux lettres, sans aucune indication sur l’expéditeur !
Alors un grand merci à toi, qui peut-être lira ses mots…

Le livre raconte un épisode de l’Histoire que j’ignorai, et qui m’a énormément intéressé. Le destin et la vie quotidienne de 5000 hommes et 21 femmes, capturés par les Espagnols après la défaite des armées napoléoniennes à Baylen, puis presque abandonnés à leur sort, sur l’îlot désert de Cabrera, dans l’archipel des Baléares, de 1809 à 1814. Beaucoup périront dans ce qui peut être considéré comme l’un des premiers camps de concentration de l’histoire.

C’est très poignant et bien rendu, j’avais l’impression d’y être.
Mais c’est surtout l’écriture qui est incroyable. Belle, fluide, un style littéraire juste et équilibré, alternant avec des dialogues aérés, un vrai plaisir. Il y a une aisance déjà très bien maîtrisée pour un premier roman.

Dès les premières lignes, à travers le récit écrit à la première personne, j’étais “Héloïse”.
Femme forte, sensible, émouvante. Elle attire les gens, les confidences. Elle invite à la protection. Les choix qu’elle est obligée de prendre tout au long du récit sont difficiles et douloureux entre passion et raison. Très vite au milieu de tous ces hommes, elle subira le pire, puis la faim, la soif, un climat rugueux qui oscille entre froid, humidité et chaleur extrême… Tous les moyens seront bons pour subsister.
Mais je ne vous dirai rien de plus, pour ne pas trahir Élisa…

Un premier roman que je conseille vivement !
Gracias Élisa, por esta historia muy bonita y muy triste… ¡Me permitió viajar en el tiempo y en el espacio!

÷÷÷÷÷÷÷

Extraits :

« Pour la première fois depuis des mois, je respirai à pleins poumons et fermai les yeux un instant. Le sable doux glissait sous mes pieds, l’eau fraîche et vive me ramenait à la vie. Sur la plage, les soldats étaient ivres d’air frais et d’espace. Certains s’allongeaient, voulant ressentir ce sol ferme sous leur corps tout entier. D’autres couraient, sautaient, s’embrassaient. Fous de vie, fous d’espoir, fous de terre. Les officiers laissèrent leurs hommes s’abandonner à cette liesse soudaine. Ils se faisaient peu d’illusions, mais à quoi bon leur refuser ce petit moment de bonheur ? »

« Quand Rose me raconta tout cela, j’éclatai en sanglots que rien ne pouvait arrêter. Des pleurs de tristesse, mais surtout de colère, et de désespoir. Pourquoi ce Dieu et cette Sainte Vierge qu’elle priait tant avaient-ils permis cela ? En quoi étaient-ils bon ? Existaient-ils seulement ? Qu’avait fait mon amie pour mériter une mort pareille, elle, si généreuse ? Jean-Baptiste hurlait de faim et je ne pouvais pas supporter ses cris. Il fallait trouver une solution.»

 

 

Docteur en littérature française, Elisa Sebbel enseigne dans une université espagnole et vit à Majorque. Découvert dans le cadre du Mazarine Book Day 2018, pour lequel il a reçu la « mention spéciale du jury », son premier roman, La Prisonnière de la mer, dévoile un drame oublié de notre histoire.