de Hugo Lindenberg
Broché – 20 août 2020
Éditeur : Christian Bourgeois
C’est un été en Normandie. Le narrateur est encore dans cet état de l’enfance où tout se vit intensément, où l’on ne sait pas très bien qui l’on est, où une invasion de fourmis équivaut à la déclaration d’une guerre qu’il faudra mener de toutes ses forces. Un jour, il rencontre un autre garçon sur la plage, Baptiste. Se noue entre eux une amitié d’autant plus forte qu’elle se fonde sur un déséquilibre : Baptiste a des parents parfaits, habite dans une maison parfaite. Sa famille est l’image d’un bonheur que le narrateur cherche partout, mais qui se refuse à lui.
Flanqué d’une grand-mère à l’accent prononcé, et d’une tante « monstrueuse », notre narrateur rêve, imagine, se raconte des histoires, tente de surpasser la honte sociale et familiale qui le saisit face à son nouvel ami. Il entre dans une zone trouble où le sentiment d’appartenance est ambigu : vers où va, finalement, sa loyauté ?
Ecrit dans une langue ciselée et très sensible, Un jour ce sera vide est un roman fait de silences et de scènes lumineuses qu’on quitte avec la mélancolie des fins de vacances. Hugo Lindenberg y explore les sentiments, bons comme mauvais, qui traversent toute famille, et le poids des traumatismes de l’Histoire.
Un roman poignant à l’écriture belle et agréable, mais…
Et oui, il y a un mais !
“un jour ce sera vide”, est l’histoire d’un jeune garçon.
Il a 10 ans, il vit chez sa grand-mère en bord de mer et “subit” les visites régulières de sa tante. Ses journées sont monotones et s’écoulent hors du temps. Il marche ainsi invisible le long de la plage, occupe ses journées comme il peut… Il regarde les nuages, traque les fourmis…
Un jour, alors qu’il contemplait des méduses, il fait la connaissance de Baptiste qui très vite va devenir un modèle et surtout son meilleur ami… D’ailleurs, c’est son seul ami.
Baptiste est parfait. Il a tout. Une famille aisée, une jolie maman, une belle maison, mais surtout, il a sa propre chambre ! Et ce qui ne gâte rien, il est beau.
Commencera alors pour lui, une nouvelle façon de percevoir les choses, l’arrivée des premiers émois aussi. Baptiste va le mener dans un monde où tout n’est pas sombre, où il y a de la vie et des rires… Le monde extérieur l’attire, mais la peur et le doute l’empêchent d’aller de l’avant.
Ce roman retrace le parcours intérieur, très sombre, d’un garçon juif ayant régulièrement honte de sa famille. Très vite j’ai ressenti le malaise de son quotidien, sa souffrance même. Pour protéger le jeune orphelin, sa famille meurtrie par la Shoah, l’isole, enfermé dans un monde de silences et de non-dits où tout tourne en boucle, constament dans son esprit.
L’écriture est belle et agréable, mais…
On en revient au “mais”.
J’ai eu du mal à me projeter dans l’esprit du garçon. À 10 ans, il pense comme un adulte.
Trop réfléchi pour moi, dans ses tournures de phrases et dans ses réflexions aussi ! Cela m’a un peu embêté je l’avoue.
L’intrigue ne m’a pas captivée non plus, et le final un peu brusque a failli me faire trébucher ! (Je sais, je sais, je ne devrais pas lire en marchant !)
Mais, je me dois de souligner quand même, un sacré niveau d’écriture avec beaucoup de sensibilité et de mélancolie.
Style fluide, chapitres courts, Hugo Lindenberg arrête parfois le temps, le fige nous proposant des images, des détails qui m’ont fait remonter plusieurs souvenirs personnels.
C’est vrai je n’ai pas été emporté par ce roman original, mais les mots… les mots sont là.
Forts, justes, pointus qui appuient là où ça fait mal.
Un premier roman qui interpelle…
N’hésitez pas à vous faire votre opinion !
Dit Hugo,
Pourquoi n’y a-t-il pas de majuscule dans le titre ?
Je me triture les méninges et je ne vois pas…
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Extraits :
« “Tu vas t’esquinter la vue à lire tout le temps. Va à l’eau comme les autres.” Je me demande de quels autres elle parle. »
« Petit-déjeuner, se laver, s’habiller, déjeuner, dîner, se baigner, se déshabiller, se coucher. Notre vie est une symphonie de robinets qui coulent, de chasses tirées, de bains vidés, de vaisselle lavée, de linge essoré. Et pour se divertir de ce déluge : la mer. »
« Je dois toujours bien penser à mettre une intention de garçon, de ce que j’imagine être un garçon, dans chaque phrase, chaque geste chaque idée, parce que je vis dans la peur d’être démasqué et cette peur est d’autant plus difficile à maîtriser que je n’ai aucune idée grossière de ce que je dois dire, faire ou penser un vrai garçon. »
« Les voisines de ma grand-mère sont immortelles. Celle de Paris est tellement âgée qu’elle a un accent qui vient non pas de l’étranger, mais du passé. »
Hugo Lindenberg est le fils de l’historien, essayiste et journaliste Daniel Lindenberg.
Il est diplômé en 2001 d’une maitrise de droit public à l’Université Paris I – Panthéon-Sorbonne, puis d’un master de journalisme de l’ESJ Lille en 2005. Il devient alors journaliste de presse écrite pour divers magazines, notamment Ça m’intéresse et Les Inrocks.
En 2012, il participe au lancement du magazine Neon. L’année suivante, il devient rédacteur en chef adjoint du magazine Stylist. Il est également rédacteur en chef de Machin Chose, un magazine masculin gratuit à partir de 2017. Il exerce ses fonctions jusqu’en 2018. Depuis 2019, il est journaliste indépendant.
Il publie son premier roman “un jour ce sera vide” aux Christian Bourgois éditeur en 2020 qui reçoit le prix du Livre Inter en juin 2021.
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