de Olivier Norek
Broché – 4 avril 2019
Éditeur : Michel Lafon

PRIX 2019 MAISON DE LA PRESSE
Ici, personne ne veut plus de cette capitaine de police.
Là-bas, personne ne veut de son enquête.

Une histoire très prenante qui va au-delà d’une enquête policière !
Noémie Chastain n’est plus.
Désormais, il faudra l’appeler No…
Suite à une descente chez un dealer parisien qui tourne très mal, Noémie… euh pardon ! No, reçoit une balle dans le visage durant l’intervention.
Défigurée, blessée à l’extérieur comme à l’intérieur, elle est prise en charge par un psychiatre qui s’occupe des soldats de retour du Moyen-Orient. Après une longue période de convalescence et un traitement psychologique, certains collègues et sa hiérarchie du 36 voient d’un mauvais œil un retour à son service. Elle constatera d’ailleurs par elle-même, qu’elle n’est pas encore prête à reprendre ses fonctions. Très vite No, se retrouve parachutée, par une “mutation temporaire” dans un petit village du sud de la France en Aveyron.
Elle vit mal son exil et son rythme de travail parisien dérange très vite ses nouveaux collègues locaux. L’apparence tranquille du village et de ses habitants cache des secrets qui ne vont pas tarder à remonter à la surface.
Le cadavre d’un enfant est retrouvé en plein milieu d’un lac créé par un barrage, il y a quelques années, dans un fût qui flotte librement…
Le récit commence vite et fort.
Bien qu’il s’ouvre son récit avec une scène et un décor familiers de sa série Code 93, “Surface” a un style et un rythme très différents de ceux auxquels Olivier m’avait habitué, meurtres liés à la drogue, les banlieues parisiennes surexcitées. Ici nous avons des habitants d’un village semblant tous stéréotypés, des policiers un peu naïfs, avec aux commandes un maire très ambitieux, ouvertement raciste qui veut redresser la situation de la région et de son village, à tout prix… Mais tout ne sera pas tel qu’il le paraît…
Un récit bien structuré, intelligent, où j’ai aimé tout particulièrement le suivi du personnage principal Noémie, durant sa reconstruction mentale. Un récit où Olivier après avoir ferré ses lecteurs se permet de les “promener” dans tous les sens grâce à son intrigue intelligente et à son rythme de révélations, on voit bien qu’il sait de quoi il parle… Il y a aussi de nombreuses sensations fortes.
Un polar prenant, très agréable à lire, très pro !
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Extraits :
« Pendant cette tempête de douleur et de terreur, elle ne les avait pas quittés du regard. Paralysée, mais consciente. Son œil gauche était fixé sur eux, l’autre était aveuglé par le sang.
Le calme revint et les trois ambulanciers se concentrèrent de nouveau sur leur mission.
Sauver un flic. »
« Elle cligna de l’œil, une fois.
De l’autre côté du miroir, l’étrangère cligna aussi. Elle s’était préparée à voir son visage, même accidenté, mais ce n’était plus son visage. Elle ne s’identifia pas à l’écorchée d’anatomie qui la fixait.
“C’est mon moi mort que je regarde.” »
« Elle fut réveillée en sursaut vers minuit par un cri animal déchirant, une complainte douloureuse. Elle dressa l’oreille, mais n’entendit plus rien. Elle se glissa alors sous les draps et tourna sur elle-même à la recherche d’un sommeil qui se joua d’elle jusqu’au lever du soleil.
Noémie avait espéré laisser ses nuits blanches à Paris, mais elles lui étaient restées fidèles jusqu’ici. »
« Depuis les premières gouttes tombées la veille sur Avalone, la pluie n’avait pas cessé. On avait installé une table sur tréteaux entre deux allées du cimetière et planté un parasol en plastique au-dessus, afin de protéger les archives. Milk cochait sur le listing et écartait les copies des actes de décès au fur et à mesure que Bousquet et Valant criaient à voix haute les noms marqués sur les stèles.
– Claire Favan ?
– Ouais, confirma Milk. Favan, Claire, je l’ai.
– Jacques Saussey ?
– Saussey, Jacques, je l’ai. »
Engagé dans l’humanitaire pendant la guerre en ex-Yougoslavie, puis capitaine de police à la section Enquête et Recherche de la police judiciaire du 93 pendant dix-huit ans, Olivier Norek est l’auteur de la trilogie du capitaine Coste (Code 93, Territoires et Surtensions) et du bouleversant roman social Entre deux mondes, largement salués par la critique, lauréats de nombreux prix littéraires et traduits dans près de dix pays.
Avec Surface, il nous entraîne dans une enquête aussi déroutante que dangereuse. Un retour aux sources du polar, brutal, terriblement humain, et un suspense à couper le souffle.



Je l’avais adoré !
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