Émotion, Drame, Dystopie, Fantastique, Thriller

TIME* OUT

de Andreas Eschbach
Broché – 23 janvier 2014
Éditeur : Atalante

« Internet, c’est du passé. Le 8 juin à huit heures, entrez dans l’avenir ! »

C’est en ces termes que FriendWeb annonce le lancement mondial du Lifehook, sa nouvelle interface neuronale de communication en réseau. Succès immédiat : les candidats se pressent dans les centres spécialisés pour se faire poser l’indispensable implant.

Mais derrière FriendWeb la Cohérence est à l’œuvre et elle s’étend. N’a-t-elle pas résolu d’absorber aussi le président des États-Unis? Que faire alors ?

Christopher Kidd est seul à défendre sa ligne d’action, convaincu que son mystérieux correspondant P.O-Man détient sans le savoir des informations capitales pour la lutte contre l’entité collective. Faut-il aussi qu’il parte seul à la bataille? Pas tout à fait puisque c’est avec Serenity qu’il entreprend une course contre la montre qui le mène d’Arizona en Bretagne puis à Londres. Mais n’est-il pas déjà trop tard ?

Time* Out conclut la trilogie de la Cohérence.

Ce dernier tome continue d’explorer les enjeux vertigineux liés aux implants cérébraux, devenus ici un choix assumé par une humanité en quête de connexion absolue. Cette fusion des esprits fait froid dans le dos, mais elle pose une vraie question. Que sommes-nous prêts à sacrifier pour ne plus être seuls ?

J’ai beaucoup aimé la maturité du propos. L’auteur ne diabolise pas la technologie, il nous pousse simplement à réfléchir.
Brad, ce garçon populaire qui refuse de se connecter au Lifehook, devient le symbole d’un libre arbitre en sursis. Mais à quel prix ? Même l’amour devient conditionnel.
Christopher, quant à lui, doute, résiste, puis part en quête d’un dernier espoir, retrouver P.O-Man. Ce road-trip numérique entre l’Arizona, la Bretagne et Londres sert de colonne vertébrale à un roman qui reste profondément humain malgré son propos technologique. Les tensions internes au Hide Out, le bunker des résistants, sont très bien rendues. Comment lutter quand le monde entier accepte volontairement ce contre quoi vous vous battez ?

Et puis il y a cette sensation étrange, en refermant le livre.
Un final un peu expédié, presque sec. Mais finalement plus j’y pense, plus je me dis qu’il ne pouvait en être autrement. Cette brièveté finale est un miroir de ce que vivent les personnages dans un monde qui change vite, beaucoup trop vite, un avenir qu’on n’a plus le temps d’apprivoiser. Je ferme les yeux, puis me lève et ouvre la fenêtre… Je respire un bon coup. C’est ça, beaucoup trop vite…

Un roman intense, intelligent, qui risque de me poursuivre un moment.
Une lecture nécessaire.

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Extraits :

« C’était en réalité un piège de la Cohérence. L’homme les avait menacés d’un pistolet et Serenity l’avait assommé à l’aide d’une planche en bois trouvée dans le coffre de la voiture de son frère Kyle. Elle avait agi avec une détermination rageuse qui stupéfiait encore Christopher chaque fois qu’il y repensait. Lui-même en aurait probablement été incapable. »

« Les “Upgraders” ne sont pas télé-guidés, ils font partie de la Cohérence. Les puces connectent directement leurs cerveaux les uns aux autres. »

« Serenity dévisagea discrètement Christopher qui écoutait le rescapé d’un air impassible. Au début, quand elle ne le connaissait pas encore très bien, ses manières de sphinx avaient le don de la glacer. Depuis, elle avait compris qu’il s’agissait d’un mécanisme de défense. C’était sa manière de ne pas se laisser affecter par les menaces qui planaient sur lui.
– Monsieur Burns, reprit Jeremiah, on vous a implanté une puce qui a fait entrer votre cerveau en connexion avec une entité virtuelle composée de quelque cent mille autres cerveaux. Nous appelons cette entité la Cohérence. Ce nom vous dit-il quelque chose ? »

« Au même instant, il activa ses deux puces.
Entrer dans le champ était une expérience indescriptible. Il avait l’impression d’être propulsé en un lieu dont les paysages se composaient de données et où nul chemin n’était nécessaire car une pensée suffisait pour changer de place. D’ailleurs, la notion même de lieu était dépourvue de sens. Il se mouvait dans une lumière faite d’informations, surmontait d’invisibles remparts, esquivait des pièges dressés partout et nulle part à la fois, percevait des voix qu’il comprenait sans les entendre, des voix nombreuses qui pourtant n’en faisaient qu’une… En fin de compte, ces descriptions étaient fallacieuses car les mots pour décrire vraiment le champ n’existaient pas. »

Andreas Eschbach est un écrivain de science-fiction.

Il fait des études « classiques » dans le domaine aérospatial à l’Université technologique de Stuttgart avant de travailler dans cette ville, comme développeur en informatique, puis comme cadre dans une entreprise de conseil. Il fonde en partenariat une société de développement et de conseil informatique en 1993, dont il se retire quelques années plus tard pour consacrer plus de temps à l’écriture.

Sa première publication est une nouvelle, « Poupées », qui sort en 1991 dans le magazine informatique allemand « C’t ». Ses premières nouvelles sont publiées dans diverses revues littéraires allemandes.

En 1994, il décroche une subvention de la Fondation Arno Schmidt (réservée aux jeunes auteurs particulièrement doués) qui lui permet de se consacrer entièrement à son nouveau projet : « Des milliards de tapis de cheveux » (« Die Haarteppichknüpfer »). Avec ce premier roman, publié en 1995, il signe une entrée réussie sur la scène de la littérature, s’imposant d’emblée comme le chef de file de la science-fiction en Allemagne. Le succès rencontré par cette œuvre l’encourage à abandonner sa carrière dans l’informatique pour désormais vivre de sa passion : l’écriture. Traduit entre autres en français, tchèque, italien, polonais, espagnol et anglais, ce livre lui vaut une renommée internationale.

En 2001, son troisième roman, « Jésus video » (« Das Jesus Video », 1998), est adapté en téléfilm qui vaut à la chaîne allemande qui le diffuse des records d’audience, malgré sa piètre qualité. Le roman « Eine Billion Dollar » (2001) a fait l’objet d’une adaptation pour la radio allemande en 2003.

Figure majeure la littérature allemande avec pas moins d’une quinzaine de prix littéraires (dont le prestigieux Prix Kurd-Laßwitz du meilleur roman, décroché à cinq reprises), il est lauréat du Grand Prix de l’Imaginaire – Roman étranger 2001 pour « Des milliards de tapis de cheveux ».

Il s’est par ailleurs essayé à la littérature jeunesse, tout en restant bien sur dans son domaine de prédilection, la science-fiction.
Il est l’un des rares écrivains allemands à vulgariser l’écriture par le biais de séminaires et d’ateliers, en particulier à l’Académie fédérale d’éducation culturelle de Wolfenbüttel.

Andreas Eschbach vit depuis 2003 en Bretagne avec sa femme.

http://www.andreaseschbach.com/

BLACK* OUT
https://leressentidejeanpaul.com/2025/08/26/black-out/

HIDE* OUT
https://leressentidejeanpaul.com/2025/08/28/hide-out/

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