Émotion, Drame, Philosophique

Oscar et la dame rose

de Éric-Emmanuel Schmitt
Broché – 6 juin 2006
Éditions : Magnard

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Oscar a dix ans et il vit à l’hôpital. Même si personne n’ose le lui dire, il sait qu’il va mourir. La dame rose, qui le visite et « qui croit au ciel », lui propose d’écrire à Dieu pour qu’il se sente moins seul.

À travers cette correspondance originale, le récit aborde, du point de vue de l’enfance, des questions philosophiques et existentielles : la maladie, la souffrance et la mort, la rencontre avec l’autre et avec le mystère… Les nombreux passages de paroles rapportées permettront aux élèves de découvrir ou d’approfondir les techniques du dialogue argumentatif. L’appareil pédagogique est suivi d’une interview exclusive d’Éric-Emmanuel Schmitt.

 

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J’ai trouvé ce livre sur mon lieu de travail il y a quelques jours.
Je me rappelle aussi avoir vu le film et avoir été très ému. Le livre m’a appelé, je n’ai pas été déçu !

En quelques pages, Éric-Emmanuel Schmitt réussit à raconter l’inracontable. L’histoire d’un enfant qui va mourir d’un cancer et qui le sait.
L’auteur, à travers les yeux et les mots d’Oscar, s’adresse à Dieu, abordant des sujets qui le touche en toute simplicité, mais pour nous, elles se transforment en questions philosophiques et existentielles… et malgré tout, avec beaucoup de pudeur et de sobriété. L’histoire est triste, bien sûr, mais Éric-Emmanuel lui donne une dimension que je n’aurais pas imaginée, c’est très émouvant.
Grâce à la dame rose, Oscar va vivre une vie complète. Une vie où il tombera amoureux de Peggy Blue, une vie où chacune de ses journées sera remplie de poésie, d’humour et d’un sentiment de paix. Oscar deviendra un homme et décidera de ne plus aimer Dieu alors qu’il sera âgé de cent-dix ans…

C’est touchant, car finalement pour Oscar sa mort ne sera plus un drame, il a accompli ce qu’il souhaitait réaliser dans sa vie.

J’attendais quelque chose de ce roman, je ne suis pas déçu. Je l’ai obtenu. Oscar s’affranchit de tout, lui permettant ainsi de rejoindre les étoiles…
Un livre dense, un livre riche, qui ne peut faire que du bien !

Merci Éric-Emmanuel, parfois la simplicité est suffisante.

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Extraits :

« – Si tu écrivais à Dieu, Oscar ?
– Ah non, pas vous, Mamie-Rose !
– Quoi, pas moi ?
– Pas vous ! Je croyais que vous n’étiez pas menteuse.
– Mais je ne te mens pas.
– Alors pourquoi vous me parlez de Dieu ? On m’a déjà fait le coup du Père Noël. Une fois suffit ! »

« Cher Dieu,
Je m’appelle Oscar, j’ai dix ans, j’ai foutu le feu au chat, au chien, à la maison (je crois même que j’ai grillé les poissons rouges) et c’est la première lettre que je t’envoie parce que jusqu’ici, à cause de mes études, j’avais pas le temps.
Je te préviens tout de suite : j’ai horreur d’écrire. Faut vraiment que je sois obligé. Parce qu’écrire c’est guirlande, pompon, risette, ruban, et cetera. Écrire, c’est rien qu’un mensonge qui enjolive. Un truc d’adultes. »

« – Je suis venu t’annoncer que, ce soir, et tous les soirs suivants, si tu veux bien, je monterai la garde devant ta chambre pour te protéger des fantômes.
Elle m’a regardé, elle a battu des cils et j’ai eu l’impression que le film passait au ralenti, que l’air devenait plus aérien, le silence plus silencieux, que je marchais comme dans de l’eau et que tout changeait lorsqu’on s’approchait de son lit éclairé par une lumière qui tombait de nulle part. »

« Mamie-Rose m’a tenu la main pour m’empêcher de m’énerver.
– Pourquoi ton Dieu, Mamie-Rose, il permet que ça soit possible, des gens comme Peggy et moi ?
– Heureusement qu’il vous fait, mon petit Oscar, parce que la vie serait moins belle sans vous. »

 

Éric-Emmanuel Schmitt est né à Lyon en 1960, de parents d’origine alsacienne.
Interrogé par un journaliste, il se peint comme un adolescent rebelle, ne supportant pas les idées reçues et parfois victime d’accès de violence. Mais la philosophie, pense-t-il, l’a sauvé en lui apprenant à être lui-même et à se sentir libre. Ses études l’ont mené à l’École normale supérieure, à l’agrégation et au professorat de philosophie, comme maître de conférence.

Sa carrière de dramaturge débute très tôt, vers l’âge de huit ans, lorsque sa mère l’emmène voir une représentation du Cyrano de Bergerac avec Jean Marais. L’enfant est bouleversé jusqu’aux larmes et le théâtre devient sa passion. Il se met à écrire : « À seize ans, j’avais compris – ou décidé – que j’étais écrivain, et j’ai composé, mis en scène et joué mes premières pièces au lycée. » Pour améliorer son style, il se livre avec fougue et ferveur à des exercices de réécriture et de pastiche, en particulier de Molière. La Nuit de Valognes (C&C n°61), œuvre écrite à 29 ans, témoigne encore de ce goût et des réminiscences culturelles emmagasinées par la mémoire. Grâce à l’actrice Edwige Feuillère qui la recommanda à plusieurs metteurs en scène, la pièce fut jouée à la Comédie des Champs-Élysées en 1991. C’est à ce moment-là, alors qu’il est encore professeur de philosophie en Normandie, que le succès de la pièce infléchit sa carrière. D’autres œuvres suivirent, parfois couronnées par des prix littéraires au pouvoir médiatique. Certaines entrèrent dans la carrière audiovisuelle ou cinématographique comme Le Visiteur (C&C n°42), créé en 1993, Monsieur Ibrahim et les Fleurs du Coran (C&C n°57), créé en 1999 ou Oscar et la dame rose (C&C n°79), porté au cinéma par Schmitt lui-même en 2009.

En juillet 2001, venant récompenser de nombreuses et riches parutions, l’Académie française lui décerne le Grand Prix du Théâtre pour l’ensemble de son œuvre. En 2002 est joué sur la scène du théâtre des Champs-Elysées Oscar et la dame rose avec, dans le rôle principal, Danielle Darrieux, rôle ensuite repris par Anny Duperey en 2005-2006. L’auteur, mélomane passionné d’art lyrique, a également traduit deux livrets d’opéras de Mozart : Les Noces de Figaro en 1997 et Don Giovanni en 2001. Parallèlement, et de manière plus insistante, Eric-Emmanuel Schmitt s’exerce l’art romanesque. La Secte des égoïstes (1994) lui permet de renouer avec sa formation de philosophe spécialiste du XVIIIe siècle. Un essai, Diderot ou la Philosophie de la séduction, publié en 1997, reprend partiellement le sujet de sa thèse. L’Evangile selon Pilate (2000) et La Part de l’autre (2001) mettent en scène les deux figures les plus emblématiques de l’histoire de l’humanité, le Bien et le Mal absolus, Jésus et Hitler. Éric-Emmanuel Schmitt s’est taillé une belle figure d’écrivain contemporain grâce à une écriture fluide et directe mise au service de thèmes éternels. Comme Michel Tournier, autre écrivain philosophe, il sait donner présence aux figures mythiques les plus populaires: Don Juan, Freud, Dieu, le Christ, Hitler… et enrichir son propos littéraire d’une culture philosophique qui ne manifeste ni cuistrerie ni hermétisme.

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