Émotion, Drame, Roman

Immortelle(s)

de Bertrand Touzet
Broché – 6 octobre 2022
Éditions : Les Presses de la cité

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Le croisement de deux vies à l’orée d’un nouveau départ.
Depuis son cancer du sein, Anna a besoin de se réapproprier sa féminité ; elle rencontre Camille, une jeune femme devenue tatoueuse, qui a ouvert son local à celles qui ont été marquées par la vie.

Anna revient vivre dans sa région natale, près de Toulouse, pour tourner définitivement une page de sa vie : oublier une relation amoureuse toxique, se reconvertir… Mais une nouvelle épreuve l’attend : une tumeur au sein. La voilà quelques mois plus tard face à son corps meurtri, persuadée d’avoir perdu une part de sa féminité et de ne plus avoir droit à l’amour.
Camille, tatoueuse, se remet douloureusement d’un accident terrible. Une rencontre lui fait comprendre qu’elle peut embellir ce qui a été détruit chez les autres, chez elle. Elle met ainsi tout son art au service des femmes maltraitées par la vie avec des tatouages destinés à masquer leurs cicatrices.
Un jour, Anna pousse la porte de son salon…

L’histoire de deux renaissances. Un roman vrai et bouleversant qui redonne espoir et foi en l’humain.

 

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Je découvre la très belle écriture de Bertrand Touzet avec Immortelle(s).
C’est une écriture pleine d’émotions, avec un mélange de force et de douceur. J’ai tout d’abord trouvé que l’écriture de Bertrand était aussi très féminine…
Et, au fur et à mesure, je me suis dit : pourquoi les écrivains n’auraient-ils pas le droit d’avoir aussi une telle sensibilité ?

Encore une fois, je craque littéralement pour un roman qui est triste et tellement beau à la fois…

Dans son roman, Bertrand met en avant deux femmes. Anna, qui commence le récit, et vient ensuite Camille. Chaque chapitre en alternance va donner la parole à l’une, puis à l’autre, et ainsi de suite jusqu’au bout du roman.

J’étais Anna qui quitte son travail, qui ne lui ressemble plus du tout, qui revient vivre dans la région de son enfance et qui apprendra qu’elle a un cancer du sein. Mais j’étais aussi Camille, jeune tatoueuse qui va “offrir” son art à des femmes qui s’étaient perdues, qui va leur redonner l’envie de vivre, l’envie d’aimer.
Mais le récit de Bertrand, m’a aussi permis de voir et de ressentir d’une manière plus “personnelle” le vécu, le ressenti de Frédérique…
Qui est Frédérique ?
C’est une amie que je connais depuis plusieurs années. Elle m’a contacté au mois d’avril m’informant qu’elle-même était atteinte d’une tumeur du sein, pour la seconde fois, et qui m’a proposé de la remplacer à son travail, le temps qu’elle se fasse opérer, qu’elle subisse les soins nécessaires, avant de pouvoir reprendre son travail en mi-temps thérapeutique. Alors, oui, le récit de Bertrand a “vibré” d’une façon très particulière et personnelle pour moi…

Son roman est doux, il fait beaucoup de bien.
D’ailleurs, il a fallu que je ralentisse ma vitesse de lecture pour en profiter pleinement, pour être en accord avec son récit… Que j’ai trouvé malheureusement beaucoup trop court.

J’ai trouvé mon Anna.
Je dois maintenant partir à la recherche de ma Camille, afin de recréer cette rencontre merveilleuse qui, peut-être, changera leurs vies…

Immortelle(s), paraîtra en début octobre 2022.
Un roman plein de bienveillance que je vous le conseille fortement !
Auteur à suivre…

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Extraits :

« Tout semble possible dans l’existence, à condition de s’en donner la chance. Quelquefois, il faut des coups de pouce au destin, la rencontre des bonnes personnes.
La boulangerie de Labastide avait fermé un an auparavant, une faillite de finances, d’envie, avait eu raison des propriétaires. Aucun volontaire pour reprendre, trop difficile, le bail est trop cher. Un village de quatre cent soixante âmes, proche d’une grande ville, pas assez rentable. »

« Rien a changé, les odeurs, les bruits, les gens. Des étals ont disparu, d’autres ont pris leur place, mais sensiblement tout est identique au marché de mon enfance, lorsque j’accompagnais ma grand-mère.
Ici sur cette place, autour de cette halle, debout, les mains posées sur le comptoir camion du torréfacteur, la foule me frôle, m’enveloppe. Les rires, les conversations, les appels des commerçants. Je reste immobile dans l’odeur du café. Mélange de vanille et de caramel. »

« Trois mots : cancer, chimiothérapie, mastectomie.
Touchée, coulée.
Il me voit me prendre la poitrine, il essaie de me rassurer, mais ces mots n’ont aucun effet à cet instant.
C’est bizarre, on a beau vous expliquer que l’on essaie de vous sauver la vie, que cela est nécessaire à la guérison, que votre sein, symbole de féminité, de maternité, porte votre pire ennemi et qu’il faut vous en séparer, la seule chose qui vous préoccupe et le fait que l’on va toucher à votre intégrité, qu’esthétiquement votre corps ne sera plus jamais le même. Puis il y aura la fatigue du boulot, les cheveux, bref, ça craint. »

« Je touche la couverture, cette habitude que j’ai avec les livres, comme si je prenais possession de l’objet avant de l’ouvrir. Cela fait partie du plaisir physique que j’ai à entrer dans une librairie, celui de toucher les livres, de sentir le papier des livres. Il y a quelque chose de sensuel dans ma démarche, d’organique. C’est peut-être pour cela que j’ai du mal à lire un livre de poche, trop petit, ou que je n’aime pas lire un livre que quelqu’un a déjà lu ai eu entre les mains, comme un besoin d’être la seule à le toucher, à le découvrir. »

 

 

Né à Toulouse il y a une quarantaine d’années, Bertrand Touzet a grandi aux pieds des Pyrénées. Il est aujourd’hui masseur-kinésithérapeute. Remarqué pour son premier roman Aurore, finaliste du Prix Jean Anglade 2020 et lauréat du Grand Prix national du Lions Club de littérature 2022, paru aux Presses de la Cité, il puise dans son quotidien personnel et professionnel les expériences qui nourrissent ses romans.