Émotion, Histoire, Polar, Suspense

La Conspiration hongroise

Une enquête d’Hippolyte Salvignac****
de Philippe Grandcoing
Broché – 3 mars 2022
Éditions : de Borée

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Paris, printemps 1909. L’inspecteur Lerouet est confronté à un cadavre anonyme retrouvé poignardé en pleine rue, l’obligeant à faire appel à son vieil ami Hippolyte Salvignac et à Léopoldine, sa compagne, artiste peintre à la sensualité débordante. Au fil de leurs investigations, ce trio d’enquêteurs exhume un mystérieux complot politique aux ramifications internationales, alors que se multiplient les assassinats dans la communauté des artistes hongrois exilés en France. Au moment même où Clemenceau perd le pouvoir, réussiront-ils à sauver l’Europe de la catastrophe ? Leurs aventures vont les mener jusqu’à la Vienne de Klimt et de Freud, à la découverte de la capitale de toutes les audaces intellectuelles et artistiques de la Belle Epoque, où se cache la clé de l’énigme.

 

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Quatrième volet des enquêtes d’Hippolyte Salvignac.

Je suis content de retrouver les personnages que je connais maintenant et que j’apprécie. Dans cet opus, la compagne d’Hippolyte, la dessinatrice Léopoldine, belle et ardente est mise en avant et ce n’est pas pour me déplaire. J’aime son caractère fort et franc, féministe jusqu’au bout des ongles qui grâce à ses connaissances en hongrois, et en allemand va aider Hippolyte et son acolyte, l’inspecteur Jules Lerouet dans une enquête qui va nous mener, en ce début du XXe siècle, vers l’empire austro-hongrois tenu par une main de fer par François-Joseph.

Paris, 1909, rue d’Astorg.
Un homme très élégant est retrouvé mort de plusieurs coups de couteau. Impossible de l’identifier, il porte sur lui un message étrange écrit en hongrois. Quelques jours plus tard, ce sont deux autres hongrois qui sont retrouvés assassinés dans les rues.
Les compétences, de Léopoldine, d’origine hongroise vont permettre à notre trio, une enquête qui se doit discrète dans le milieu de l’immigration hongroise de Paris. Elle arrive à entrer dans un groupe “La Hongrie libre”, composé d’artistes, dont elle fait partie, et de nombreux jeunes férus d’une nouvelle politique en pleine ébullition pour leur pays.
Nous avons ici un épisode très riche en rebondissements, mais ce sont surtout les ambiances du Paris de l’époque, de la nouvelle Vienne où les immeubles modernes d’Otto Wagner côtoient les églises baroques, Gustave Klimt, Egon Schiele et bien d’autres qui tentent d’imposer leur nouvelle vision, qui m’ont plu dans ce récit où la situation internationale, fait ressentir les prémisses d’un conflit mondial de plus en plus présent. Les enjeux politiques se remettent en cause, la montée de l’antisémitisme, la domination allemande sur l’est de la France… Clémenceau ressent les légers frémissements de ce changement. Il doit absolument et discrètement faire quelque chose !

Une nouvelle fois, Philippe Grandcoing a porté l’amoureux de l’Histoire que je suis dans ce récit diablement “vivant”, historiquement bien documenté et érudit.
Une enquête captivante et haletante, où Philippe arrive, dès qu’il le peut à glisser des émotions, une vie de couple bien compliquée avec des disputes régulières entre Hippolyte et Léopoldine, qui tient très bien son rôle dans cette histoire, où s’entremêlent milieu artistique, politique et crimes.

Lecture très prenante, qui devrait me mener vers le cinquième opus, “La Malédiction de Rocalbes”, dès que possible !

Un grand merci à Virginie, des éditions de Borée, pour toutes ces aventures dont je ne me lasse pas !

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Extraits :

« Jules Lerouet traversa la petite pièce encombrée, prit le couloir sur sa droite et déboucha dans la salle d’autopsie. Le cadavre découvert en pleine nuit par deux gardiens de la paix effectuant leur ronde routinière reposait sur une table en zinc, entièrement nu et prêt à être autopsié. »

« Accoudé au parapet de pierre du quai de l’Archevêché, Jules Lerouet réfléchissait, indifférent au spectacle de la noria de péniches et de chalands qui descendaient la Seine. Deux possibilités s’offraient à lui. Soit il communiquait immédiatement au chef de la Sûreté les nouveaux indices en sa possession, soit il continuait son enquête en solo jusqu’à être en mesure d’apporter des éléments plus tangibles sur l’identité de la victime et les circonstances de son assassinat. Il était tenté par la seconde option. »

« – Des gens très, très haut placés. Ça ne vous dit peut-être rien, à vous, mais sachez que ces vieux noms de l’aristocratie ont encore le bras long. Les Greffulhe, les d’Arenberg, les Noailles. Tout ce beau monde reçoit, tient salon, fait de la politique. C’est l’élite de l’élite, la crème du Bottin mondain. Autant dire que même le chef de la Sûreté ne pourra pas enquêter chez eux. »

« Ils se caressaient dans un demi-sommeil, trop fatigués pour faire à nouveau l’amour, mais voulant prolonger leurs retrouvailles amoureuses. Salvignac appréciait particulièrement le corps de Léopoldine, ses seins hauts, ses fesses rondes et fermes, sa lourde chevelure odorante qui tombait en longues mèches brunes et bouclées sur ses épaules blanches. Elle n’avait aucune des pudeurs auxquelles ses précédentes conquêtes l’avaient habitué. Il était certain qu’avec elle, s’il osait, il pourrait connaître des émois jusque-là inimaginables. »

« – Tu sais bien comment ça se passe. La valse des ministères ne change rien au fonctionnement de l’administration. »

 

Philippe Grandcoing, né le 6 novembre 1968, à Limoges (Haute-Vienne), est professeur agrégé d’Histoire en classes préparatoires au lycée Gay-Lussac, docteur en histoire contemporaine, spécialiste de l’histoire de la société limousine du XIXe et du XXe siècle. Il a publié de nombreux ouvrages, notamment huit volumes de la collection des « Grandes affaires criminelles » chez De Borée.

Publications
Ouvrages historiques et scientifiques

Les demeures de la distinction. Châteaux et châtelains au XIXe siècle en Haute-Vienne, éditions PULIM, 1999.
La baïonnette et le lancis. Crise urbaine et révolution à Limoges sous la Seconde République, éditions PULIM, 2002.
Le siècle d’or des châteaux. Haute-Vienne 1800-1914, Editions Culture & Patrimoine en Limousin, 2002
Un Robin des Bois entre Périgord et Limousin : Histoire et légende de Burgou, XIXe – XXe siècles, Éditions Culture & Patrimoine en Limousin (Collection « Patrimoine en poche »), 2006, 158 p. (ISBN 2-911167-49-X).

Romans de la série Salvignac

Le Tigre et les pilleurs de Dieu, éditions De Borée, 2018.
https://leressentidejeanpaul.com/2023/10/07/le-tigre-et-les-pilleurs-de-dieu/
– Le Faubourg des diaboliques, éditions De Borée, 2019.
https://leressentidejeanpaul.com/2023/11/23/le-faubourg-des-diaboliques/
– Tuer est un art, éditions De Borée, 2020.
https://leressentidejeanpaul.com/2024/02/15/tuer-est-un-art/
– La Conspiration hongroise, éditions De Borée, 2021
– La Malédiction de Rocalbes, éditions De Borée, 2022
– Les Noyés du bord de Marne, éditions De Borée, 2023
– Les Démons de l’inspecteur Lerouet, éditions De Borée, 2024

Ouvrages collectifs

1905, le printemps rouge de Limoges (avec Vincent Brousse et Dominique Danthieux), Culture et Patrimoine en Limousin, 2005.
Un siècle militant : Engagement(s), résistance(s) et mémoire(s) au XXe siècle en Limousin (avec Vincent Brousse et Dominique Danthieux), éditions PULIM, 2005.
L’Innovation agricole en Pays Limousin du Moyen Âge à nos jours, éditions Les Monédières, 2006.
Les grandes affaires criminelles de Haute-Vienne (avec Vincent Brousse), éditions De Borée, 2008.
Les nouvelles affaires criminelles de Haute-Vienne (avec Vincent Brousse), éditions De Borée, 2009.
Ostensions (avec Vincent Brousse), Culture et Patrimoine en Limousin, 2009.
Fermes idéales en Limousin, Culture et Patrimoine en Limousin, 2010.
Les grandes affaires criminelles du Lot (avec Vincent Brousse), éditions De Borée, 2010.
Paysage et environnement en Limousin, de l’antiquité à nos jours, éditions PULIM, 2010.
Les grandes affaires criminelles politiques (avec Vincent Brousse), Éditions De Borée, 2010.
Les grandes affaires criminelles du Limousin (avec Vincent Brousse, Jean-Marie Chevrier et Jean-Michel Valade), Éditions De Borée, 2010.
Les nouvelles affaires criminelles de la Creuse (avec Vincent Brousse), Editions De Borée, 2011.
Les Grandes affaires criminelles politiques (avec Vincent Brousse), De Borée, novembre 2011.
– Les Nouvelles affaires criminelles du Lot (avec Vincent Brousse), De Borée, avril 2012.
– Les Nouvelles affaires criminelles de Corrèze (avec Vincent Brousse), De Borée, octobre 2013.
Les Nouvelles affaires criminelles politiques (avec Vincent Brousse), De Borée, novembre 2013.
Limousin sur grand écran, Culture et Patrimoine en Limousin, 2013.
Utopies en Limousin (avec Vincent Brousse, Dominique Danthieux et alii.), Les Ardents Éditeurs, 2014
Oradour après Oradour (avec Dominique Danthieux), Culture et Patrimoine en Limousin, 2014.
Le Front Populaire en Limousin (avec Vincent Brousse, Dominique Danthieux et alii), Les Ardents Éditeurs, 2015.
La Belle Époque des pilleurs d’églises. Vols et trafics des émaux médiévaux. (avec Vincent Brousse), Les Ardents Éditeurs, 2017.
Sublime Périgord, la fabrique d’un territoire d’exception, (avec Hélène Lafaye-Fouhéty) Les Ardents Éditeurs, 2021.
L’affaire Barataud. Une enquête dans le Limoges des années 1920 (avec Vincent Brousse), Geste éditions, 2022, 267 p. (ISBN 979-10-353-1552-8).

Publications diverses

– Articles d’histoire dans les revues Les Grandes Affaires de l’Histoire dont il a été conseiller éditorial de 2015 à 2018 et Les Grandes Affaires Criminelles.

Émotion, Histoire, Suspense

Dessiner les nuages

de Sandrine Roy
Broché – 23 juin 2021
Éditeur : Éditions du Loir

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Angeville. 1943. Malo, un jeune homme simple d’esprit, vit depuis des années en retrait du village, dans une cabane au milieu de la forêt. À l’arrivée des Allemands, il va recueillir Antoine, un enfant retrouvé vivant dans la tombe fraîchement creusée d´un couple de Juifs. Sur fond d’antisémitisme et d’Occupation, une relation forte va naître entre eux, dans un village confiné et divisé, où l’innocence de Malo est bien souvent trahie. Grâce à ses prédispositions pour la peinture et son instinct de protection poussé à l’extrême, Antoine va mettre des touches de couleur dans cette période noire, liant, sans le savoir, la petite et la grande Histoire.

 

2021_061_Roy Sandrine - Dessiner les nuages

 

Comme de nombreux auteurs avant elle, Sandrine Roy a “glissé” vers un nouveau genre littéraire… et elle a bien fait !
Non que je n’ai pas aimé ses autres romans, mais dans celui-ci, je trouve que sa sensibilité y trouve sa place…

Quand j’ai vu que le roman était préfacé par Mireille Calmel, dont je suis un grand fan, je me suis dit c’était forcément du “lourd” !
Je ne m’étais pas trompé, ce livre est magnifique, et je pèse mes mots. J’ai été fortement impressionné, voire admiratif à certains passages !

Dès le début du roman l’émotion règne en maitre.

Les personnages, le village, la situation historique…
J’ai Ressenti l’ambiance et la pression de l’Occupation Allemande, la peur chez tous les habitants. Et comme cela s’est malheureusement passé, certains “français” y voient très vite une occasion de se démarquer en trahissant les leurs et leur patrie.
Les poils de mes bras se hérissaient de colère à certains moments.
Mais ce n’est pas le plus important, ce n’est pas ce que je retiendrai du roman.

Le plus important dans l’histoire, pour moi, c’est l’amour !

C’est l’amour de Malo, un simple d’esprit, fragile et fort à la fois, pour sa vie, pour son travail, mais surtout pour la belle Rachel…
C’est l’amour d’Antoine, un enfant trouvé par Malo. Un enfant pas comme les autres. Il parle peu, ne se mélange pas, ne sais pas d’où il vient, mais voue un amour et un respect sans faille pour Malo qui l’a adopté. Il aime aussi les animaux, tous les animaux, car ils le comprennent, il aime son professeur Firmin, qui très vite a vu en lui l’être exceptionnel qu’il est, il aime aussi dessiner, les nuages surtout…
C’est l’amour de Frantz, officier allemand, pour Malo qui deviendra très vite son ami, l’amour pour Adèle surtout, qui dès leur première rencontre a rayonné dans sa vie…
Mais c’est surtout l’amour que l’auteur porte à tous les personnages qu’elle a créé, qu’elle a choyé avec beaucoup d’affection et d’humanité aussi, au point de les avoir rendu vivants pour moi.

Ce roman beau et triste à la fois, j’aurais voulu le conserver plus longtemps, j’aurais aimé qu’il ait beaucoup plus de pages, il m’a touché profondément le cœur, m’a ému jusqu’à verser quelques larmes, m’a fait ressentir le meilleur de moi-même. J’avais déjà lu des romans ayant une thématique approchante, mais là, c’est un gros coup de cœur.

Vous aimez les belles histoires ?
Ce livre, qui vous attend déjà quelque part, est fait pour vous !

Un grand bravo, aux Éditions du Loir, pour cette belle mise en avant…

Sandrine Roy a reçu en juillet dernier, au Salon du livre du Château Le Verdoyer, le 1er prix littéraire du Verdoyer 2021, pour « Dessiner les nuages ».

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Extraits :

« Malo vit au milieu de la forêt, à deux km du village d’Angeville. On y accède par une route en pente raide qui descend vers le moulin en longeant la Serre. Arrivée à la lisière de la forêt, la route devient un chemin pour se terminer par un sentier où les chariots ont creusé de profonds sillons.
Les habitants d’Angeville ont tous plus ou moins contribué à l’aménagement d’une maison afin que ce pauvre Malo ait un abri où vivre, suffisamment éloigné du village.
On ne lui connaît aucun proche. Sa mère, débarquée de la ville enceinte jusqu’aux yeux, sans mari, sans famille, est morte en couches. L’enfant qu’elle venait de mettre au monde tarda à pousser son premier cri. C’était un mauvais signe. »
…/…
« À la mairie, Mességué reçoit un nombre considérable de lettres anonymes de bons Français accusant l’un ou l’autre des citoyens de cacher un poulailler dans une remise ou un cochon dans une cave.
La jalousie, le désir d’échapper à l’oppresseur en collaborant, la peur : voilà ce qui motive ces dénonciations.
D’autant que depuis l’arrivée des Allemands, beaucoup de fils de paysans ont été envoyés de force au STO, en Allemagne. Quelques-uns ont pris le maquis, refusant de quitter leur pays ainsi que leur famille dans le but de travailler pour l’ennemi. Pas question ! C’est ainsi qu’à Angeville, Maurice merle – dit Mémo – et Marcel Cabrol se sont enfuis un beau matin de décembre, sans trop savoir où ils iraient, mus par des rumeurs racontant que des hommes se réunissaient dans les campagnes isolées et organisaient des actes de résistance.
Au sein du village, peu à peu les camps se sont formés d’eux-mêmes. La défiance entre les deux est de mise. »

 

 

Sandrine Roy est originaire de Bègles, près de Bordeaux. Des études de Lettres modernes ont affirmé son goût déjà très prononcé pour la lecture et l’écriture, qu’elle pratique depuis on plus jeune âge. Elle vit depuis 14 ans dans la région de Montauban, où elle travaille en milieu scolaire. Elle est connue pour ses romans policiers et tout particulièrement sa série, mettant en scène Lynwood Miller, ancien membre des forces spéciales américaines.
Dessiner les nuages est sa première incursion dans le roman historique.