Fantastique, Histoire, Philosophique, Suspense

Le Secret ottoman

de Raymond Khoury
Broché – 12 mars 2020
Éditeur : Éditions de Noyelles

Bandeau_Intro.jpg

Une uchronie redoutablement efficace, par l’auteur du Dernier Templier.

Istanbul, 1682 : Mehmed IV, sultan de l’Empire ottoman, s’apprête à lancer le second siège de Vienne, alors capitale du Saint-Empire romain, quand un mystérieux visiteur s’introduit dans sa chambre. L’homme, couvert d’étranges tatouages, déclare au souverain pouvoir l’aider à mener à bien ses rêves de conquête…

Paris, 2017 : Un drapeau rouge et blanc flotte sur la ville depuis qu’elle est tombée sous le joug des Ottomans pendant le règne de Louis XIV. Le vendredi est un jour de repos et la langue officielle, le turc. La dynastie au pouvoir, qui a régné avec sérénité pendant des siècles, vit cependant des moments difficiles. L’islamisme radical est devenu une menace.

Kamal en sait quelque chose, lui qui traque les dissidents au sein de la police du sultan. Nisrine, sa belle-soeur, dont il est amoureux dans l’ombre, est quant à elle une avocate opposée au régime. Sa mission met bientôt Kamal sur la piste d’un patient soigné par son frère et qui prétend venir du passé. Mais lorsque les autorités veulent l’interroger, les choses tournent mal. S’ensuit une course-poursuite effrénée dont l’enjeu est un secret enfoui dans la nuit des temps. Un secret qui pourrait, une fois de plus, modifier le cours de l’Histoire…

 

2021_050_KHOURY Raymond - Le Secret ottoman

 

Connaissez-vous Raymond Khoury ?

Il fait parti de ses auteurs qui ont une place privilégiée dans ma bibliothèque.
Ses romans, pour la plupart historiques, voire ésotériques, sont toujours très bien documentés, toujours beaucoup de rythme et de suspense avec des retournements de situations incroyables. À ce jour, j’ai lu tous ses romans.

Pour “Le Secret ottoman”, l’auteur a choisi de nous faire voyager autrement et c’est tant mieux pour nous !

En effet, ce thriller majestueux de 600 pages m’a emporté dans un véritable voyage temporel avec l’Histoire…
Raymond nous avait habitué dans ses romans souvent axés autour des Templiers, à des lectures imaginaires et prenantes, mais ici, il nous propose une uchronie où vous ne reconnaîtrez pas le Paris de nos jours !

Paris 2017.
La ville est sous domination ottomane. Les monuments sont des mosquées et la langue officielle est le turc. Le sultan Abdülhamid III, véritable tyran qui gouverne la ville avec autoritarisme en décapitant les islamistes radicaux qui cherchent à attenter au pouvoir mis en place en orchestrant des attentats.

Istanbul 1682.
Mehmed IV le sultan de l’Empire Ottoman s’apprête à assiéger Vienne la capitale du saint-empire romain.
Un mystérieux visiteur s’introduit dans sa chambre. Un homme rempli de tatouages qui va lui proposer son aide…

Voyager sans le temps et l’histoire, voilà le thème de ce roman qui m’a fait voyager !
Avec une belle aventure qui m’a aussi suscité de nombreuses interrogations philosophiques…
Les personnages sont aussi très attachants et l’intrigue est telle que j’ai eu du mal à lâcher le livre.

Je suis passé ainsi de “notre” monde à un monde “parallèle”, où l’empire ottoman, de nos jours, règne sur pratiquement toute l’Europe, où l’Amérique est exclusivement blanche et chrétienne, où un tzar gouverne la Russie, grand défenseur des chrétiens orthodoxes.
Les coutumes ancestrales côtoient la modernité et la lutte des femmes pour leurs droits et leurs indépendances à complètement disparue. Ce roman fourmille de renseignements et d’anecdotes historiques qui m’ont permis de constater le travail énorme de recherches fourni par l’auteur.
Bien plus qu’un roman, c’est un cours d’histoire très enrichissant, entre démocratie et autoritarisme, la différence est bien subtile dans certains cas.

L’intensité du roman est telle que régulièrement j’avais l’impression d’être au cinéma !

“Le Secret ottoman”, un “Raymond Khoury” en pleine forme, que je vous conseille vivement…
Quel talent !

÷÷÷÷÷÷÷

Extraits :

« Ramazan réfléchit à la question dans le noir, et se dit qu’il lui fallait pousser plus loin son enquête. Les jambes lasses, il retourna à la salle de séjour et s’assit à la table basse devant son ordinateur, qu’il alluma. Il fit de nouveau défiler les photos des tatouages, de plus en plus interloqué. Il se demandait s’il était prudent de chercher des informations sur Internet avec Hafiza, le moteur de recherche contrôlée par l’État, le seul autorisé dans l’empire. L’étroite surveillance de ses sujets exercée par Abdülhamid s’appliquait aussi au Web, et seuls les sites approuvés par l’État étaient accessibles. Tout le reste était bloqué. »
…/…
« La seule chose qui comptait, c’était de gagner de l’argent, lâcha-t-il, animé par un mépris qui ne demandait qu’à s’exprimer. Peu importait comment on s’enrichissait, du moment qu’on ne se faisait pas prendre. Plus on était corrompu est sûr de soi, et plus on était admiré. Les dirigeants américains étaient tous des menteurs, des tricheurs, des vendus. On entrait en politique par intérêt, pour se remplir les poches et pour se gaver de pouvoir. Les banquiers et les industriels finançaient les élus pour qu’ils les aident à s’enrichir encore plus pendant que les pauvres devenaient de plus en plus pauvres. Ce pays se vantait d’être un grand défenseur des droits de L’homme tout en soutenant de dangereux dictateurs et en poussant à leur perte d’autres pays au nom du profit. »

 

 

Raymond Khoury est un scénariste et un romancier libanais d’origine assyrienne.

Sa famille quitte le Liban en 1975, au début de la guerre civile, pour s’installer aux États-Unis. Il étudie à Rye dans l’État de New York. De retour au Liban, il fait ses études d’architecture à l’Université Américaine de Beyrouth, dans l’espoir d’aider à la reconstruction de sa ville natale. Mais en 1984, la guerre s’intensifie et il est évacué vers Londres à bord d’un hélicoptère Chinook de l’armée américaine.

Il travaille à Londres dans un cabinet d’architecte, puis il s’inscrit à l’INSEAD, à Fontainebleau, pour obtenir un MBA en management. Revenu à Londres, où il vit actuellement, il fait une courte carrière dans la finance. Il y rencontre sa future épouse dont il aura deux filles.

Un banquier rencontré aux Bahamas et qui a des liens avec Hollywood lui suggère d’écrire des scénarios. C’est ainsi que Raymond Khoury va travailler en 2002 à l’écriture de la série américaine « Dinotopia », puis en 2004 et 2006 de la série britannique « MI-5 », qui remporte un grand succès international.

Son premier thriller historique, « Le Dernier Templier » (« The Last Templar »), d’abord refusé en 1996 par un éditeur américain, est publié en 2005 .

Best-seller planétaire, vendu à plus de trois millions d’exemplaires, il sera adapté en 2009 en mini-série télévisée (« Le Dernier Templier »), interprétée notamment par Mira Sorvino et Omar Sharif.

Grand lecteur de bandes dessinée depuis toujours, Raymond Khoury se rapproche de cet art en adaptant ses propres romans. « Le dernier templier » est adapté en bande dessinée en 6 tomes (2009-2016) chez Dargaud.

« Eternalis » (« The Sanctuary », 2007), son deuxième roman, est également un best-seller mondial. De même pour son troisième roman, « Le signe » (« The Sign », 2009), et la suite tant attendue de son premier roman, « La Malédiction des Templiers » (« The Templar Salvation », 2010).

Émotion, Fantastique, Suspense

Replay

de Ken Grimwood
Broché – 1 janvier 1998
Éditeur : Points

Bandeau_04.jpg

À 43 ans, Jeff Winston meurt subitement d’une crise cardiaque, laissant derrière lui une vie médiocre et un mariage à la dérive. Quelle n’est pas sa stupeur lorsqu’il se réveille… dans sa chambre d’étudiant, âgé de 18 ans. Dans le passé, sa vie recommence comme avant. Sauf qu’il a gardé le souvenir de sa précédente existence…

Qui n’a jamais rêvé de pouvoir revivre son passé fort de son expérience d’aujourd’hui ?

 

2020_080_Grimwood Ken - Replay

 

Bonjour à toutes et à tous,

“Replay” risque sans doute de ne jamais être considéré à sa juste valeur. Pourtant, c’est un grand roman, un véritable chef-d’œuvre.

Jeff une vie insignifiante, un mariage qui prend l’eau, un travail qui ne le passionne pas, à 43 ans, il meurt brusquement d’une crise cardiaque…

Puis…
Il se réveille dans sa chambre d’étudiant. Jeff a 18 ans et a conservé le souvenir de sa vie désastreuse et des événements qui se sont déroulés pendant toute cette période. Événements historiques, résultats sportifs, inventions diverses… Nouveaux espoirs, nouveaux rêves. Argent, sexe, famille, bonheur, peut-on tout avoir ? Peu importe, car le cycle est sans fin. Du moins c’est ce qu’il croit !
Est-ce réellement une opportunité que de revivre sa vie ?
Que ferions-nous à la place de nos héros ?
Qui ne rêverait pas de tout recommencer pour éviter ses erreurs ?

L’idée de départ est tout simplement géniale.
Un retour dans le temps, sans machine, ni technologie !

Dans un style très fluide et agréable à lire, l’auteur nous livre des tranches de vie au ton doux amer. Une écriture limpide et poétique nous transporte dans l’histoire. L’auteur décrit avec finesse l’ambiance américaine du début des années 60 jusqu’en 1988.
À chaque fois que le récit menaçait de se répéter et tourner en rond, l’auteur a eu l’intelligence de le relancer dans de nouvelles directions. Ces nouveaux développements à chaque fois sont amenés de façon pertinente et subtile, s’intégrant naturellement au récit, lui apportant même de nouveaux enjeux et de nouvelles perspectives.

J’ai été transporté par ce roman, qui a obtenu le prix World Fantasy en 1988.
C’est indéniablement de la science-fiction mais pas du tout dans le sens habituel. Pas de vaisseaux spatiaux, pas de technologie avancée, pas de futur non plus !
Je me suis pris au jeu et j’ai suivi avec grand intérêt le développement des protagonistes, leurs évolutions, leurs doutes et leurs espoirs déçus ou pas. J’ai partagé avec Jeff ses craintes, ses redécouvertes et ses nouveaux objectifs… surtout ne pas répéter les mêmes erreurs et améliorer cette vie par rapport à sa précédente existence.

Mais la grande réussite de ce roman réside dans le fait que l’auteur a choisi de nous conter une formidable histoire d’amour avec énormément de suspense, où l’émotion tient la place centrale. Grimwood, vise le cœur, et le moins que l’on puisse dire c’est qu’il n’a pas manqué sa cible !

“Replay” offre aussi des passages qui m’ont beaucoup ému, des instants fugaces mais si intenses où les regards des personnages se croisent et se reconnaissent. Des passages poignants, bouleversants pour quiconque a, un jour, aimé.

Magnifique !

÷÷÷÷÷÷÷

Extrait :

La lumière changeante jouait étrangement sur la prairie inondée de pluie, les milliards de gouttelettes qui perlaient sur l’herbe coupée depuis peu scintillaient comme des joyaux venus d’un autre monde, sur un champ de feu vert. Jeff demeura silencieux derrière Paméla, ses bras entourant sa taille. Elle appuya ses cheveux contre sa joue. Juste avant que la lumière disparaisse, il lui murmura quelques mots à l’oreille, un vers de Blake :
— « Voir un monde dans un grain de sable et un paradis dans une fleur sauvage. »
Elle lui prit les mains et termina la citation à mi-voix :
— « Tenir l’infini dans la paume de sa main et l’éternité en une heure. »

 

Ken Grimwood est né en 1947 et est mort en 2003. Il a partagé sa vie entre le radio-journalisme, la psychologie et la littérature. Pour Replay, il a obtenu le World Fantasy Award en 1988.