de Bénédicte Rousset
Broché – 13 juin 2023
Éditeur : La Trace

Naïs, enfermée dans une vie de couple fade et sans couleur, a relégué dans un coin de sa tête son amour pour l’Art. Pourtant, quand elle apprend que les œuvres du « Saint », peintre anonyme et mondialement reconnu, vont être exposées tout près de chez elle, elle se précipite au musée. Humphrey Back, huile sur toile s’offre alors à son regard et la happe. Témoin d’un tel tumulte intérieur, le collectionneur, seul et malade, décide de lui faire don du tableau.
Comment expliquer cet attrait, si puissant ? Et ces détails…
Quel mystère cache la toile, qu’elle seule sait voir ?
À quoi joue le maître des ombres et du figuratif ?
Naïs, qui n’a plus rien à perdre, décide de tout entreprendre pour le démasquer.

Un récit étrange et bien mené, ou le ressenti est presque aussi intense que le vécu, sinon plus…
Dès le début j’ai été captivé par l’ambiance du roman sans savoir encore où Bénédicte allait me mener.
Naïs et Philou vivent ensemble depuis plusieurs années. Ils auraient pu former un beau couple, mais c’est peine perdue. Naïs est une jeune femme qui a souffert dans son enfance et qui reste marquée. Philou aurait pu l’aider lui redonner confiance en elle, ouvrir son cœur, mais c’est un homme très intéressé, fainéant qui ne pense qu’à lui. Quand, au retour d’un musée Naïs de fait offrir une toile “Humphrey Back”, valant plus d’un million d’euros, Philou voit déjà sa vie se transformer. Mais Naïs ne l’entend pas comme ça… C’est son tableau et elle est bien décidée à le conserver malgré le chantage et les menaces de son conjoint !
Quelque temps plus tard, la toile est volée, disparue ! Tout naturellement, elle pense à son mari, mais elle se rend compte bien vite que tout n’est pas aussi simple qu’il n’y parait, et décide de mener son enquête.
Je n’ai pas vu arriver tout de suite le sujet du roman et c’est tant mieux. Je me suis laissé porter par la plume de l’auteure. Il y a de la magie dans les yeux de Naïs, du moins c’est comme cela que je l’ai perçue. Je l’ai tout de suite trouvée forte malgré ses rapports difficiles avec Philou. Un roman que l’on pourrait caser entre drame et passion. Naïs est le pilier de cette étrange histoire, son présent, son futur, mais son passé aussi… Passé qui sera la source de toute cette histoire.
J’ai aussi appris un nouveau mot : “Bovarysme”.
Sans le connaître, alors que pourtant, il me suit presque tous les jours dans mon quotidien professionnel de créatif et d’exécutant, cette impression pesante dans ma tête et sur mes épaules, que je peux faire mieux, que je ne suis pas encore tout à fait prêt, que ce n’est pas tout à fait fini, encore une petite touche ici et une autre là…
À partir de là, je me suis approprié la fin du récit. J’étais, parce que je le comprenais, le “Saint” (Santos ! Hasard ou coïncidence ?), j’étais celui qui lisait et à la fois celui qui était dans l’ombre.
Quelque chose a vraiment plané au-dessus de moi, durant toute la lecture ce très beau roman magnifiquement traité.
Je le ressens souvent, je ne le dis que très rarement. Les bons romans écrits par des femmes, sont envoûtants, ils ont une puissance extraordinaire que peu d’hommes arrivent à atteindre…
Bravo Bénédicte !
Et comme tu le dis si bien : “Retirez sa passion à quiconque, vous le tuez”.
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Extraits :
« La nuit est tombée depuis longtemps. Le mistral souffle, furieux. Bien plus fort que ce qu’il a fallu à Naïs pour éteindre ses huit bougies.
Quelque chose de lourd traîne dans son sommeil, grossit, bouillonne, puis explose dans une apparition. Il fait moite et lourd sous la couette, ses cheveux collent à la taie. Sa poitrine se soulève et s’abaisse. Une femme âgée cloue un tableau au mur, se cloue le doigt avec. Un coup, une syllabe. “ÇA NE SERT À RIEN UN TABLEAU !” »
« – Lundi, Naïs. Lundi, le tableau est officiellement à vous.
Le collectionneur dépose une bise, appuyée sur sa joue. Naïs se colle contre lui. À cet instant monte une chaleur simple et amicale, aussi vrai que nouvelles. La puissance de cette affection l’étonne. Il y a une heure, elle se traînait dans la vie. Elle vit maintenant. L’air en est plus doux, les arbres plus majestueux, le ciel plus haut point, la nature accompagne sa félicité. »
« Le temps passe. À pas de loup, elle descend et arrive dans le grand salon, où elle ne peut réprimer un sifflement d’admiration. Tableaux de maîtres, sculptures… Quelles merveilles !
Pendant une demi-heure, elle passe la pièce au crible, sans parvenir à trouver ce qui ne va pas. C’est une superbe demeure, encore habitée il y a peu, on s’y sent bien et on ne se sent pas chez quelqu’un.
Pourquoi ? »
Bénédicte Rousset a grandi dans le Vaucluse entre le petit atelier d’imprimerie de son père et une mère institutrice. L’écriture lui permet d’explorer des recoins jusqu’alors ignorés d’elle-même, dans une tradition familiale qu’elle découvre à travers les pièces de théâtre, poèmes et romans qu’ont écrit ses aïeux.
Professeure certifiée de Lettres Modernes, Bénédicte est enseignante dans un collège du Vaucluse.
Après “Rue sombre” (2017), son premier roman policier, elle publie “Le Lis des teinturiers” en 2018.
https://www.facebook.com/benedicte.rousset.auteur/
“Écrire, c’est vivre plusieurs vies à la fois. Il y a de moi dans chacun de mes personnages, même les plus noirs : ce sont peut-être eux qui me révèlent en miroir ! Ils sont un moyen d’évacuer les traumatismes vécus dans l’enfance. Deux éléments me semblent essentiels dans mes romans : la quête de l’identité, et celle de la vérité. La première nous concerne tous : qui sommes-nous ? Comment nous comportons-nous face à l’image que nous renvoyons ? Sommes-nous conformes à cette image ? La deuxième entre dans la structure du roman policier : pourquoi tuer ? Comment arrive-t-on à franchir le pas ? Je crois qu’il y a un assassin en chacun de nous, mais, la plupart du temps, il ne rencontre jamais sa victime (heureusement, non ?)”








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