Émotion, Drame, Folie, Noir, Psychologie, Thriller psychologique

Haut le chœur

de Gaëlle Perrin-Guillet
Poche – 14 mars 2019
Éditions : Taurnada

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« Quand je sortirai, tu seras la première prévenue… Je saurai te retrouver. » Depuis qu’Éloane Frezet, la tueuse en série la plus abjecte de ces dernières années, a prononcé ces mots, Alix Flament vit dans l’angoisse que la criminelle sanguinaire s’évade de prison… Alors, quand la journaliste reçoit un coup de téléphone d’Éloane en pleine nuit, elle comprend que la meurtrière va honorer sa promesse… Une promesse de sang…

 

• Couv_2023-025_Perrin-Guillet Gaëlle - Haut le chœur

 

Après avoir lu il y a quelques années déjà, les très bons “Soul of London” et “Les fantômes du passé” à l’atmosphère sombre et “So british”, j’étais très curieux de lire ce thriller réédité aux éditions Taurnada.

Tout d’abord, un premier bravo pour la couverture qui donne très vite le ton du récit.
Et oui, car dans ce roman, nous avons à faire à une tueuse en série Éloane, déjà ce n’est pas banal, mais en plus, elle vient se frotter à Alix, la journaliste qui l’avait interviewé lorsqu’elle était “encore” emprisonnée !

Je me rends compte que dernièrement les femmes sont de plus en plus mise en avant en littérature et ce n’est pas pour me déplaire, mais en plus si c’est une femme qui raconte, on a le tiercé gagnant !

Je ne vous cacherai pas que j’ai vraiment été accroché par ma lecture. Une très bonne intrigue, un rythme plus qu’intense qui ne cesse jamais de rebondir de page en page. C’est noir, c’est sombre et violent, mais c’est aussi un thriller prenant, car le personnage d’Éloane est très atypique. Elle a beau être un véritable “monstre” sans aucune conscience, elle a quand même fait vibrer certaines choses en moi (suis-je normal docteur ???). Heureusement qu’Alix était de l’autre côté de la balance, attachante et droite qui venait me mettre des petites claques régulièrement pour ne pas basculer du côté sombre… C’est que j’aime la musique moi !

Thriller inclassable qui m’a coupé le souffle à plusieurs reprises, avec des chapitres s’enchaînant parfaitement, chapitres qui par ailleurs, ne sont pas dénués d’émotions et de sentiments…
Quand le plaisir de tuer et de faire souffrir dépasse l’entendement, une véritable une course contre la montre qui va crescendo…

Comment arrêter une “serial-killeuse” qui prend toutes ses précautions ?
Haut le chœur, 242 pages qui vont vous retourner le cerveau !

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Extraits :

« Il la regarda s’avancer vers lui : âgée de trente-sept printemps, Alix Flament était une femme d’une beauté époustouflante. Sa mince silhouette aux formes douces et sa démarche assurée lui conféreraient une grâce naturelle et un déhanché voluptueux. Un véritable régal pour un œil masculin. Alors qu’elle s’approchait de lui, sa longue chevelure rousse, qui lui battait les reins, semblait l’envelopper d’une aura particulière dans cette nuit qui l’était tout autant. »

« Bizarrement, Alix était très étonnée, qu’Éloane, s’en soit prise à son ex-mari. Dans ses entretiens avec la psychopathe, le chapitre marital n’avait pas tenu la part la plus importante de son histoire. Bien au contraire. Éloane Frezet n’accordait pas plus d’intérêt à cet homme qui avait partagé sa vie durant une décennie, qu’à un cafard qui aurait traversé sa cellule. Elle ne ressentait qu’une colère modérée face à sa trahison au tribunal. »

« Le scalpel en main, Caroline observe son œuvre. Digne d’une pro. Pas de bavure, pas de découpe biscornue, un travail d’orfèvre. À côté d’elle, le microphone enregistrait tout ce qu’elle disait. Ces remarques pourraient être entendues par le docteur Bernet quand il arriverait. »

« Les nuages qui s’amoncelaient derrière, la Croix du Nivolet étaient chargés d’électricité et donnaient à la roche une couleur mordorée, luisant sous les rayons du soleil qui cherchaient encore à dominer. Une lutte de la nature : l’ombre face à la lumière, duel de forces contradictoires et pourtant si complémentaires… Une analogie, trop facile face a ce qu’elle vivait. Mais elle aurait été bien en peine de dire si elle se retrouvait dans ses gros nuages gris qui menaçaient de crever à chaque instant, déversant leur courroux sur la vallée en contrebas, ou dans cette lumière incandescente qui se battait, pour faire reculer cette masse électrique et totalement incontrôlable. »

 

Gaëlle Perrin-Guillet est née en 1975 à Lyon où elle vit toujours. Secrétaire de mairie le jour, elle se transfrome en auteur de thriller la nuit. Depuis toujours amatrice de romans noirs, elle s’essaie à l’écriture en 2000 avec des nouvelles. Après deux romans auto-publiés, Le sourire du diable, en 2010 et Au fil des morts en 2011, elle participe à deux recueils des Auteurs du noir face à la différence (en 2012 aux Éditions Jigal puis en 2013 à L’Atelier Mosesu).

Haut le chœur est son premier polar publié aux Éditions Rouge Sang en 2013, lauréat du « Prix du Polar-2014 Dora Suarez », réédité aux Éditions Taurnada en 2019. En 2015, paraît un roman pour jeunes adultes, “La nuit du chat noir” aux Éditions Rouge Safran.

En 2016, elle publie aux Éditions Fleur Sauvage, Soul of London, pour lequel elle reçoit le “Prix des Lecteurs du Salon du livre policier de Neuilly-Plaisance” et le “Prix du festival Les Polars du Chat du Creusot”; premier opus d’une série d’enquêtes situées dans le Londres de la fin du XIXe siècle dont les héros sont Henry Wilkes, ex-inspecteur de police, handicapé qui marche avec une canne, et Billy Bennett un gamin des rues qui l’assiste. Le livre est réédité aux Éditions Milady Poche en 2017, la même année que sort (ou devait ?) le second opus Black past aux Éditions Fleur sauvage, publié en grand format sous le titre Les fantômes du passé aux Éditions City en 2018. (Les titres originaux parus chez Fleur Sauvage semblent ne plus être disponibles…).

Polar, Psychologie, Suspense

Exécution

de Pascal Marmet
Broché – 26 mai 2022
Éditions : M+

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Branle-bas de combat au 36 Quai des Orfèvres. Un avocat renommé est assassiné dans les sous-sols du Palais de Justice. Travaillant sous les ordres de la pénible chef divisionnaire surnommée « Mlle Maigret », le commandant François Chanel mène l’enquête dans les eaux troubles des goûts pervers du ténor du barreau. Quels liens relient le sublime personnage d’un roman du XIXe siècle Madame Bovary, un homme de loi aux appétences glauques et une femme asociale aux tentations terroristes ? C’est ce que devra démêler Chanel de la brigade criminelle, avec l’aide de son équipe renforcée d’une stagiaire surdouée et d’un étrange garçon frappé par la foudre. Dès l’intrigante première page, l’auteur scanne jusqu’à l’os ses créatures, grâce au talent de morphopsychologie de Chanel. Jusqu’à la résolution finale où se mêlent réel et magie, ce suspense intelligent exprime toute l’étrangeté du monde criminel.

Exécution, est la nouvelle enquête du commandant Chanel après “Tiré à quatre épingles”, Prix Cœur de France en 2016.

 

• Couv_2023-007_Marmet Pascal - Execution

 

“Exécution”, est un polar qui dès le début m’a plu pour de nombreuses raisons !

C’est d’abord le ton, le style de l’auteur, fluide et direct qui m’ont emporté. Mais il y a beaucoup plus…
La trame du récit est plus qu’intéressante, mais ce sont surtout les personnages du roman qui mènent le récit. Des personnages qui pour le coup ont de véritables personnalités, et la, je pense que Pascal a du créer une sorte de puzzle immense qu’il a rassemblé au fur et à mesure.

– Nicolas Fender, avocat et admirateur de Madame Bovary et accro au porno. (Oserai-je dire “le gros pourri” ? Allez, j’assume, ça, c’est fait, il n’aura eu que ce qu’il mérite !)
– François Chanel, solitaire, Commandant de police… “The chef”, ancien étudiant en psychologie, il a une approche très intéressante lors de ses enquêtes, un poil misogyne. Oups ! Je m’étais dit que je ne le dirais pas, mais finalement j’l’ai dit !!! (Et zut, Faites comme si vous ne le saviez pas, sinon l’auteur ne va pas être très content !)
– Alain, qui ne connaît pas son nom ! Il a reçu un coup de foudre lorsqu’il était dans une cabine téléphonique. Depuis, il est amnésique et souffre de “synesthésie” (Bah oui ! Allez vite voir dans un dictionnaire… Vous dormirez moins bête !), qui le transforme en génie, quand il n’a pas d’horribles migraines.
– Domitille, stagiaire parachutée en plein milieu de l’enquête qui a le don de résoudre tous les problèmes (je dirai même avec une facilité déconcertante !).

Ça aurait pu s’arrêter là… Mais non !
Il y a aussi une femme avec une taille hors du commun qui chausse du 46, Fatima, une sorcière, voyante et peut-être même un peu envoûteuse, Gustave Flaubert qui se promène par-ci, par-là, à travers les pages, sœur Marguerite qui reste dans le secret du Christ, le gentil Zéphirin qui envoie la moitié de sa paye aux siens au Burkina Faso, l’entreprise Vinci devenue Indigo, un Clair de lune de Debussy, Jean Renoir et bien d’autres encore…
Et tout cela se déroule au 36, quai des Orfèvres !

Pascal a pris tout ça, il a mélangé un bon coup et…
Ta ta ta… Voilà EXÉCUTION, un polar pointu savamment orchestré !

Je me suis régalé, j’ai souri de nombreuses fois. Les dialogues sont percutants et rythmés, il y a du suspense et le final superbe, je ne l’ai pas vu arriver.
Ah oui, l’écriture est parfois un peu désuète dans notre histoire, c’est aussi un plus. (Que de plus… Pas étonnant que Pascal ai choisi cette maison d’Édition !!!)

Vous, j’sais pas, mais moi, j’vais continuer à la suivre cette équipe (et je n’ai pas dit de dingos ce coup-ci !).
Et puis elle me plaît bien cette petite Domitille… Je lui demanderai bien son 06 ! (Zut, faut surtout pas que ma femme tombe sur ce Ressenti, aie aie aie…)

Bon, je plaisante, je plaisante, mais si vous voulez passer un bon moment, oubliez les séries à la con qui passent à la télé.
Allez vite chez Amaz, heu non ! Chez votre libraire préféré, mais oui, et n’hésitez pas…

EXÉCUTION !

Oh zut…
J’ai l’impression d’être chez les flics !!!

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Extraits :

« Drôle de temps pour un mois de juin. Un ciel de traîne active s’alanguissait sur Paris et rassemblait un paquet de cumulus qui hésitaient entre averse et vent froid. Une sirène accompagnée d’une lumière bleue tournoyant sur le capot d’une voiture de police déchira la quiétude du quai des Orfèvres. Les touristes ne semblaient guère s’inquiéter de ce raffut, ni de l’armada de CRS stationnés le long de cette cité administrative. Même les pigeons ne s’effrayaient plus. »

« Parce que ses pairs auraient souri, voire raillé cette attirance pour une séance basée sur l’observation et le langage corporel, Chanel tut ses processus de raisonnement pour comprendre les tiraillements de ses congénères. De ses humanités, il ne retint qu’une évidence : l’être humain n’était que pulsions, désirs, domination et sexualité, au service de la survie de l’espèce. Voilà la véritable loi de l’inconscient qui commandait au P-DG comme au prolétaire. »

« Une jeune femme aux formes engageantes, passa sous ses yeux de collectionneur. À l’heure où la prostate faillit, l’âge de la rose en train d’éclore, l’attirait de plus belle. Sa dernière secrétaire n’avait pas été tendre avec ses mains baladeuses. Pour éviter les tourments Prud’hommaux, il avait cédé aux sommations pour se libérer d’un scandale.
Pour résumer son inclination pour la gent féminine, il changeait de secrétaire tous les six mois et agissait comme un incontrôlable, prédateur sexuel. »

« La justesse de ses “analyses clairvoyantes” et son sens de l’observation sont remarquables. Je vous laisse juge de ses dires.
S’agit-il du fameux “syndrome du savant acquis”, cette fameuse synesthésie, qui ne rassemble qu’une trentaine de “génies accidentels” dans le monde à ce jour ?
J’ai pensé que vous pourriez aider ce patient à utiliser ses talents extra-ordinaires au sein de vos services. Je vous suggère de lui montrer l’inexplicable, dossier “Fragol” que vous m’avez soumis il y a six mois. Toutefois, je vous mets en garde au sujet de son épilepsie récurrente, de son hypersensibilité et de ses céphalées inexplicables. Je vous invite à créer un climat stable autour de ce jeune homme, en le protégeant du monde extérieur. »

 

 

Pascal Marmet, est écrivain, romancier, chroniqueur radio.

Après ses études, par rapport à sa famille, il a choisi la voie des affaires. Il a dirigé une entreprise pendant de nombreuses années. Propriétaire d’un hôtel à Nice, il a conjugué sa passion pour l’écriture à son métier d’hôtelier.

Aujourd’hui, il est écrivain à part entière, chronique des auteurs sur une radio Fm (Agora côte d’azur) et organise des rencontres littéraires avec des invités de marque.

Le roman du parfum (2012) a été récompensé par la critique et honoré par un Prix littéraire, le prix spécial du Jury Albayane 2013.

Tiré à quatre épingles (2015), un polar avec dans le rôle principal le commandant Chanel, a obtenu le Prix Cœur de France 2016.

Il vit depuis 2016 à Cagnes-sur-Mer où il se consacre à l’écriture d’une série policière avec un héros récurrent, le commandant François Chanel qui officie au 36, quai des Orfèvres à Paris. Cette série est une fiction, inspirée de faits réels.

Folie, Noir, Psychologie, Suspense

La Doublure

de Mélissa Da Costa
Broché – 28 septembre 2022
Éditions : Albin Michel

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Passion, faux-semblants, emprise… Qui manipule qui ?

Une jeune femme fragile en quête d’un nouveau départ.
Un couple magnétique et fascinant prêt à lui ouvrir les portes de son monde doré.
Un trio pris au piège d’un jeu cruel et d’une dépendance fatale.
Dans ce roman sombre et envoûtant, Mélissa da Costa explore, à travers l’histoire d’une passion toxique, la face obscure de l’âme humaine et les méandres du désir.

Après les succès de Tout le bleu du ciel, des Lendemains, de Je revenais des autres et des Douleurs fantômes, romans aux deux millions de lecteurs, elle révèle une nouvelle facette de son talent.

 

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Je viens de terminer “La doublure”, de Mélissa Da Costa.
Un roman sombre et envoûtant qui restera forcément dans ma mémoire…

Mélissa était pour moi l’auteure qui me permettait de respirer et d’inspirer le bonheur, ses romans m’ont régulièrement mis des paillettes dans le cœur et des larmes aux yeux. Des larmes de tristesse, mais aussi des larmes de bonheur et à chacun de ses romans, j’ai ressenti ce même plaisir renouvelé.

“La doublure”, je le savais allait être différent. Sans lire aucun retour d’autres lecteurs, j’avais quand même entendu ici et là, qu’il était très différent des autres. Par ailleurs Albin Michel ne le cache pas, en quatrième de couverture, il indique : “Elle révèle une nouvelle facette de son talent.”

Et quelle facette !
C’est un livre qui prend aux tripes, qui brûle les veines et échauffe les esprits malgré une noirceur quasi-constante.
Je ne m’attendais pas à cette thématique du tout. Il m’a fallu aller doucement avant de réaliser l’ampleur artistique du récit, faire quelques pauses pour apprécier l’univers déroutant et malsain qui comme un uppercut m’a parfois sonné, estomaqué. On plonge dans le pire de la folie, entre le sexe et la drogue, entre le bien et le mal.

Clara, une peintre “possédée” par la Religion et l’idée La Femme fatale, entraîne Pierre son mari, et Evie “sa doublure”, dans un univers artistique qui côtoie la folie humaine, la mort et la dépravation. Son monde est glauque, toxique et suffocant. Elle se complaît dans un trio amoureux qu’elle dirige du bout des doigts telle une reine adulée. Elle peint ses “visions” torturées seule dans son atelier, durant des heures et des heures et c’est Evie qui donne à l’extérieur, vie à l’artiste en se transformant en “Calypso” dans les expositions et les galeries, qui répond aux journalistes, devenant définitivement “l’image” de l’artiste…

Clara est une manipulatrice détestable de très haut niveau…
Mais… finalement, qui manipulera qui ?

Avec une fin que je n’ai pas pu venir du tout, j’avoue avoir été complètement embarqué par le récit.
Je n’ai pas retrouvé la Mélissa que je connaissais, mais une Mélissa qui prend des risques. Le risque de se planter, le risque de déplaire à son lectorat, le risque de se faire bouder et le risque d’être attendue à son retour !

Personnellement, je l’admire pour cela. Et même, si tout le roman ne m’a pas séduit de la même façon, force est de constater que Mélissa “a grandi”, et que ses atouts littéraires et artistiques la place définitivement chez les grands auteur(e)s français(se) !

Un roman dérangeant avec de nombreux rebondissements, une intrigue qui monte crescendo !
Un roman à lire absolument… pour se faire son opinion.

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Extraits :

« L’éternel, Dieu façonna l’homme avec la poussière de la terre. Il insuffla un souffle de vie dans ses narines, et l’homme devint un être vivant.
L’éternel Dieu planta un jardin en Éden, du côté de l’est, et il y mit l’homme qu’il avait façonné.
L’éternel Dieu fit pousser du sol des arbres de toutes sortes, agréables à voir et porteurs de fruits bons à manger. Il fit pousser l’arbre de la vie au milieu du jardin, ainsi que l’arbre de la connaissance du bien et du mal.
L’éternel Dieu donna cet ordre à l’homme : “tu pourras manger les fruits de tous les arbres du jardin, mais tu ne mangeras pas le fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, car le jour où tu en mangeras, tu mourras, c’est certain.”
L’éternel Dieu dit : “Il n’est pas bon que l’homme soit seul. Je lui ferai une aide qui soit son vis-à-vis.”
L’éternel Dieu forma une femme à partir de la côte qu’il avait prise à l’homme et il l’amena vers l’homme. »

« C’est sous un soleil déclinant, mais encore chaud de septembre que je débarque le lendemain à la gare de Nice. L’air sent les embruns et les cigales chantent encore fort. Pierre Maman m’attend au volant d’un cabriolet rutilant qui coûte probablement très cher et j’ai presque honte de poser mon jean, vingt euros sur ses sièges en cuir. »

« C’est Pierre qui entre d’abord, puis elle apparaît à son tour. Une fine silhouette vêtue de noir. Clara Manan.
Si je devais lui donner un âge, je ne lui donnerais pas plus de trente ans. Elle porte une longue combinaison noire, ample et légère. Ses pieds sont nus. Ses mouvements sont doux, empreints d’une lenteur naturelle. »

« Lilith a été vengée sur tous les plans. Elle n’a pas fait une, mais quatre victimes.
– Quatre victimes ?
– Adam, trahi par sa propre femme, s’accouplant avec le serpent. Ève, bafouée, possédée par la ruse. L’enfant Caïn, devenu assassin, et son jumeau Abel… tué par son frère.
– Elle était monstrueuse… »

 

 

Mélissa Da Costa est une romancière française.
Après des études d’économie et de gestion à l’Institut d’administration des entreprises de Lyon (IAE) (2008-2011), elle est chargée de communication dans le domaine de l’énergie et du climat. Elle suit également des formations en aromathérapie, naturopathie et sophrologie.

Recherche compagnon(ne) de voyage pour ultime escapade (2017), sorti en librairie sous le Tout le bleu du ciel (2019), est son premier roman.
Salué par la presse, il a reçu le prix du jeune romancier au salon du Touquet Paris Plage.
https://leressentidejeanpaul.com/2021/09/17/tout-le-bleu-du-ciel/

Je revenais des autres (2017), et Les Lendemains (2020), sont portés par les libraires et salués par la presse, ils ont conquis plus d’un million de lecteurs.
https://leressentidejeanpaul.com/2021/08/04/je-revenais-des-autres/
https://leressentidejeanpaul.com/2022/04/18/les-lendemains/

Les douleurs fantômes (2022) est lauréat du Prix Babelio – littérature française 2022.
https://leressentidejeanpaul.com/2022/08/25/les-douleurs-fantomes/

Elle figure au palmarès du Figaro des auteurs français ayant le plus vendus de livres.

Émotion, Drame, Folie, Histoire vraie, Noir, Psychologie

Je suis encore vivante, alors je parle

de Paloma
Broché – 14 octobre 2022
Éditions : Maïa

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Lorsque je rembobine le film de ma vie, revivent en moi ces images qui ont muré mon existence dans un silence anormal. Ma mémoire n’a de cesse de hanter mon esprit, elle enchaîne souvenirs plombés de traques, de violences insoutenables, et me bouscule inévitablement dans l’enfer indélébile de ma jeunesse, comme pour me rappeler qu’il m’a brûlée à tout jamais. Ne serait-ce qu’un instant, pourrait-on imaginer qu’un individu censé être de son sang, nous fasse endurer le supplice, la terreur ? Adieu mon enfance adorée, éphémère, adieu toi, dont j’ai si souvent rêvé en secret, celle que je n’ai jamais eue. Lui pardonner ? Moi seule connais la réponse depuis toujours. Si certains ne s’expriment pas, si les morts qui ont eux aussi souffert ne parlent pas, moi, je suis encore vivante, alors je parle.

 

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La vie n’est pas un long fleuve tranquille, on le sait déjà. Mais pour certains elle s’apparente plus à un combat quotidien, ne serait-ce que pour subsister…

Paloma se dévoile. C’est son passé qu’elle extériorise et nous transmet sous la forme d’une autobiographie déchirante. Comment une grande sœur peut dénigrer de telle sorte un autre membre de sa fratrie ? Violences verbales, violences physiques, mais surtout violences psychologiques ! Comment faire pour se remettre d’une telle enfance ? Qui n’a pas envie de faire un câlin à une fillette de trois ans ? Comment peut-on obliger sa petite sœur à dormir par terre, à même le sol, sans couverture, dans le froid ?
La folie d’une sœur n’explique pas tout. Les mensonges, les duperies, la méchanceté…
J’ai retrouvé dans le livre de Paloma plus de violence que dans la plupart des romans noirs que j’ai pu lire. Mais malheureusement ce n’est pas un roman… C’est la vie d’une enfant.

Il a fallu que je m’arrête régulièrement tant, c’était difficile. Je me suis même demandé si j’allais terminer le récit ou pas. Je me suis revu enfant dans certains passages, les yeux ouverts la nuit, la peur au ventre du moindre bruit, du moindre craquement…

Comment effacer toutes ces douleurs vécues, tous ces souvenirs si pénibles ?
On ne peut pas.
On les évince du mieux possible, on essaie de faire avec, mais ils sont toujours là, insidieux dans un coin de l’esprit, attendant le plus mauvais moment pour ressurgir.
Non, la vie n’est pas un long fleuve tranquille… Paloma le sait, et elle a le courage de se libérer et de crier aujourd’hui à tous qu’elle est encore vivante !

Un livre bouleversant qui ne peut laisser personne indifférant.
Merci beaucoup Blandine pour cette découverte…

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Extraits :

« C’est avec une cruelle souffrance, que je veux retracer chaque instant de mon existence. Comment pourrais-je parler de ma plus tendre enfance, quand elle n’a été que souffrance et douleur ? Elle me laisse autant de cicatrices que de secondes dans ma vie tels des coups de poignard que l’on m’aurait plantés, écrasés, cassés dans mes entrailles. Meurtrie dans tout mon être, abîmée par le temps qui passe, je m’autorise enfin à exorciser chacun de mes souvenirs. Et comme pour me réclamer justice, mon esprit tente de m’encourager à détruire ce poison de ma mémoire, en faisant éclater ce qui a réellement existé. Chacune de ces lignes retraça, le cercle infernal qui fut le mien et fera revivre en moi tout ce qui m’a détruite. »

« Il est tard, il fait noir, il fait froid, c’est l’hiver, la maison dort, le silence est roi et moi, j’appréhende, je meurs. Je perçois les ronflements de toute la maisonnée pendant que j’anticipe la sauvagerie. J’ai la frousse, je tremble, j’ai à peine le droit de respirer, pourtant, je m’entends gémir. Les bruits sourds s’accentuent, les draps de toutes les silhouettes allongées se froissent et se défroissent, chacun bâille, chacun ignore ma détresse et je supplie en silence même si je sais que je n’ai plus le temps, ni de supplier, ni de mendier, un “au secours”. »

« C’était un personnage très paradoxal, car à défaut de me tuer de coups, elle me donnait des pages et des pages de livres qu’elle tirait au hasard dans la bibliothèque que je devais recopier intégralement, pendant des heures, jusqu’à ce que ma main s’épuise et sans faute. J’adorais écrire, lire, mais pour moi, recopier bêtement des bouquins, frôlait le ridicule. »

« Au fil de mes lignes, je m’essouffle et de ne pas voir la fin sur mon œuvre ne fait qu’accroître ma rancune. Chaque coup de crayon fait de moi une ressuscitée qui n’en finit pas de regretter les plus belles années de ma vie qui m’ont été volées. À chacune de mes rétrospectives, je construis volontairement mes écrits en les accompagnant de commentaires avec mes ressentis d’aujourd’hui, parce que mon cœur a besoin de se libérer au fur et à mesure que mes souvenirs reviennent. »

 

Tombée dans le terrible chaos de ses deux premières vies de souffrances et de tragédies qui l’ont brisée, Paloma a pendant de très longues années éprouvé le besoin de les conjurer avec des mots pour l’aider à survivre et à trouver un soupçon de paix. Elle souhaite réunir toutes ses forces pour crier au monde entier de ne jamais quitter un enfant des yeux, lui aussi est un être vivant, il est précieux, il est la suite de nous-mêmes. Au travers des pages de ce premier tome qu’elle a ouvert il y a bien longtemps, elle s’est exprimée à cœur ouvert, puis l’a refermé pour toujours.

Émotion, Drame, Folie, Psychologie, Suspense

Claustrations

de Salvatore Minni
Broché – 8 juillet 2019
Éditions : Phénix noir

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Ils ne se connaissent pas et pourtant, ils portent le même tatouage sur le bras… Clara, que son amie Françoise recherche depuis plusieurs semaines, se réveille un matin étendue sur le sol d’une cellule obscure et infestée d’insectes ; M. Concerto tente de découvrir les raisons qui l’ont conduit dans une chambre d’isolement, tandis que Charles se cloître de son plein gré. Chacun d’entre eux se retrouvera face à son destin. Mais, dans leur quête de la vérité, ils se rendront très vite compte que les apparences ne sont pas celles qu’ils croyaient…

 

• Couv_107_Minni Salvatore - Claustrations

 

Encore un premier roman, et de nouveau, une très belle surprise, et plus que prometteuse.

Salvatore Minni, avec des chapitres très courts et un rythme intéressant nous permet d’aller de personnages en personnages. On ne sait que très peu de choses sur eux, ils ont en commun un tatouage sur le bras et le fait d’être enfermés pour une raison qu’ils ignorent. Ils semblent n’avoir aucun lien les uns avec les autres… Mais tous vivent quelque chose d’inquiétant, ils ont tous peur de ce qui va leur arriver.

Je me suis très vite attaché à eux. Je vous défie d’arrêter votre lecture ou de poser votre livre par choix ! Il m’a été impossible de ne pas le lire d’une traite. L’auteur joue admirablement avec nos nerfs. Je ne voyais pas du tout comment cela allait finir, et au moment où je m’y attendais le moins, Salvatore ouvre une porte et l’évidence soudain saute au visage !

C’est très fort…
L’écriture est telle que j’avais l’impression d’être dans la tête de ces pauvres personnes, enfermées par choix ou pas, je n’ai rien vu venir…
Je l’ai repris, je l’ai relu, pour voir à quel moment j’aurai pu comprendre là où Salvatore voulait nous mener.
Impossible !

J’imagine que Salvatore s’est amusé à nous tourmenter de la sorte, en tout cas, j’ai pris beaucoup de plaisir à cette lecture. Je tenais aussi à signaler l’utilisation du subjonctif passé et imparfait dans le texte pour moi plus que réussi… Cela faisait longtemps, et c’est bien agréable !

Quel suspense, et surtout quel plaisir !
“Claustrations”, un roman parfaitement maîtrisé où l’on se perd avant de recevoir la révélation finale de plein fouet…
Je conseille vivement cette lecture qui m’a… “whaou”!

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Extraits :

« L’obscurité. Rien que l’obscurité. La peur. Une peur panique. Son cœur battait à tout rompre. Sa respiration était saccadée. Il tenait sa petite main sur sa bouche pour que l’on ne l’entendît pas respirer. Surtout ne pas faire de bruit. Il n’existait pas. Chhht ! Maman lui avait ordonné de rester là et de n’en sortir que lorsqu’elle le lui dirait. »

« Reclus dans ma cave, cet endroit obscur et humide, depuis mon soixante-cinquième anniversaire, je cherche le moyen de faire mon existence. J’analyse toutes les possibilités qui m’ont été proposées. J’ai le choix : quitter le pays, me faire greffer, un nouveau visage, falsifier mes papiers, ou encore annoncer ma propre mort. »

« Cette fois, elle était dans un pays où le gouvernement décidé du nombre d’enfants que pouvait avoir une famille. Elle était parvenue, avec l’aide de ses collègues, a déjouer la stérilisation de deux cents femmes en âge de procréer. Pour le gouvernement, il s’agissait de limiter les naissances afin de contrôler une démographie croissante. Il n’était aucunement question d’une campagne de stérilisation avec consentement. Non, ces femmes devaient être stérilisées de force. Un comportement barbare que Clara ne pouvait accepter. »

« Hier matin, encore une dizaine d’hommes et de femmes âgés de 65 ans et plus ont été arrêtés dans le cadre de la loi promulguée par notre nouveau Président. Comme vous le savez, cette loi vise à contrôler la surpopulation, le vieillissement de la population est à alléger les dépenses en allocation et en pension. »

 

 

Salvatore Minni s’est exercé à l’écriture dès son plus jeune âge en mettant des textes lyriques et des nouvelles sur papier. Il publie la première version de son roman Claustrations aux Editions Persée en septembre 2015. Suite à sa participation au Prix du Suspense Psychologique 2017 présidé par Franck Thilliez, ce thriller psychologique a ensuite été retravaillé, amélioré, étoffé et peaufiné pour une nouvelle version qui voit le jour le 19 octobre 2017. En 2018, après avoir accepté le défi des Editions Lamiroy d’écrire et de publier une nouvelle de 5000 mots, il écrit Iniquité pour leur collection Opuscules . L’année 2019 est assez chargée avec la publication de la version définitive de Claustrations d’abord, mais surtout la sortie de Anamnèse , son second roman. Il fait aussi partie des organisateurs du Salon de l’Iris Noir Bruxelles.

En 2022, Salvatore Minni se lance un défi, celui de faire frissonner vos enfants et publie les deux premiers tomes d’une nouvelle série de romans jeunesse intitulés Mystère en Belgique.

Friand de technologie et d’outils de communication divers, Salvatore Minni est très actif sur les réseaux sociaux. Retrouvez toute son actualité sur :

* Facebook : Salvatore Minni Officiel

* Instagram : instagram.com/salvatore_minni

* Twitter : twitter.com/Sal_Min13

* internet : http://www.salvatoreminni.com

Plongez-vous dans l’univers à la fois frissonnant et bouleversant de Salvatore Minni…

Folie, Noir, Psychologie, Thriller psychologique

À l’encre noire

Les origines du sang versé
de Loïc Veure
Broché – 23 septembre 2022
Éditions : Maïa

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Jonas retrouve le corps de sa petite amie, Carla, une toxicomane menant une vie instable. Après avoir découvert une lettre d’adieu au dos d’une étrange illustration, il fait porter le chapeau à sa sœur. Peu de temps après, elle est retrouvée assassinée à son tour. Auprès de son cadavre : un nouveau dessin, de nouveaux indices… Léa Durand, lieutenant de police, est chargée de l’enquête sur cette affaire. Seulement, tout va l’inciter à croire que Jonas est le seul responsable, jusqu’à ce que ce dernier disparaisse, ainsi que son associé, Rémi Roux. De nouvelles illustrations ne cessent de parvenir au lieutenant, avec des instructions laissées par le tueur aux dessins. Si elle suit ses consignes, ce qui est maintenant devenu un jeu de piste pourra prendre fin. Découvrez un récit à suspense permanent, dans lequel, vous serez les seuls à pouvoir choisir votre camp. Criminel ou justicier ? À vous d’en décider. Jonas, lui, a déjà fait son choix.

 

• Couv_097_Veure Loïc - À l'encre noire.jpg

 

C’est toujours un plaisir de découvrir un nouvel auteur.
“À l’encre noire” est un vrai thriller noir. Il est très visuel, sombre et l’auteur ne nous ménage pas. Courriers mystérieux, illustrations étranges et codées, manipulation, trahison, Loïc au fur et à mesure de son récit va nous manipuler, nous embrouiller même, s’amplifiant au fur et mesure de la lecture, jusqu’au final qui n’en est pas vraiment un !

Léa Durand est lieutenant de police chargée d’une enquête où rien n’est ce qu’il parait. Un suicide qui ne l’est pas, des illustrations qui annoncent des meurtres et qui finiront par guider la police vers le ou les coupables. Qui est qui ?

Loïc a mis en place une structure à son roman terrifiante et étouffante avec de nombreux rebondissements et sans temps mort… La plume de Loïc est intéressante et captivante à la fois, il a de très bonnes idées, ses personnages très bien développés.
Mais…
… Malheureusement, je ne suis pas entré dans l’histoire comme je l’aurais souhaité.
Il m’a manqué un “petit” quelque chose au niveau de la rédaction.
Certaines répétitions et utilisations de mots ont fini sur la durée par me gêner.
Pourquoi appeler Léa, tantôt lieutenant, l’agent de police, la jeune femme, mais aussi la petite blonde, la blondinette, la femme, la femme blonde ?
Et Jonas, Jo, l’homme, le jeune homme, le garçon, le brun musclé ?
J’avoue que cela m’a un peu perturbé…

Pour un premier roman, Loïc a su imposer un style prometteur très intéressant, et je pense vraiment qu’à ce niveau-là, il n’y aura rien à redire. Maintenant, il doit trouver, pour moi, l’astuce qui lui permettra de ne pas seulement raconter une belle histoire, il doit pouvoir s’améliorer, pouvoir nous toucher comme si nous vivions le récit, comme si nous étions dans le récit, et cela m’a manqué. Dans tous les cas, je reste persuadé que Loïc est un auteur à suivre et d’ailleurs…
… J’attends Carla d’ors et déjà au prochain tournant !

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Extraits :
« Il était presque dix-neuf heures. Un soir d’été, après plusieurs jours de grosses chaleurs, et une température n’excédant pas plus de trente-sept degrés à l’ombre, les prévisions météorologiques annonçaient de violents orages. Le département de la Gironde était mis en alerte orange. Le ciel devenait nuageux, et commençait à s’assombrir. Soudain, des cordes d’eau se mirent à inonder les rues de Bassens. Le vent se leva brusquement, et le tonnerre se faisait entendre à moins de trois kilomètres. Ces conditions climatiques brutales privèrent la ville de son courant. Laissant pour seule source de lumière les éclairs de la foudre qui surgissait par intermittence. L’ensemble de la métropole se retrouva alors plongé dans une obscurité totale. »

« Je suis avec votre fils Madame. Il vient de vivre une des expériences les plus traumatisantes. C’est vraiment horrible. Carla est morte… Jonas l’a retrouvée à l’intérieur d’une vieille cabane en bois, les deux bras mutilés. »

« Alors que le silence était maître des lieux tout autour de lui, il entendit soudain un grincement perçant et agressif. Ce bruit très déplaisant et insupportable était semblable à celui d’une lourde grille métallique rouillée qui venait de s’ouvrir. Des petits claquements de talons contre le sol lui soutenaient qu’une personne se rapprochait de lui, descendant des marches d’escalier en matière dure. Il aperçut soudainement une silhouette féminine arriver en face de lui avec une lampe de poche à la main. Il voulut parler, hurler, mais il ne pouvait pas. Sa bouche était bâillonnée. »

« Midi trente. Léa arriva une demi-heure en retard à son rendez-vous avec Jonas. Inconsciemment, elle était stressée de devoir mener cette mission d’espionnage à l’encontre de son ami. La petite blonde n’avait pas pour habitude de jouer un double jeu envers les gens, et encore moins avec ceux pour qui elle éprouvait de l’affection. Malheureusement, elle n’avait pas le choix. Le tueur aux dessins était peut-être proche d’elle, sous ses yeux depuis le début. Il fallait tirer cette affaire au clair une bonne fois pour toutes. Plus encore, si elle souhaitait réellement mettre fin à son cauchemar. »

 

 

Loïc Veure est né le 21 septembre 1992. Ancien sapeur-pompier, grand fanatique de thriller et d’horreur, À l’encre noire – Les origines du sang versé est son tout premier roman. Jugeant qu’il n’avait pas assez de vécu à l’âge de ses 16 ans, il lui aura fallu attendre ses 30 ans pour enfin passer le cap, et sortir ce premier roman. Aujourd’hui, il a réalisé son rêve et se projette déjà sur l’écriture d’un deuxième ouvrage, un thriller psychologique sur l’univers des pompiers.

Drame, Noir, Psychologie

Il était une fois la guerre

de Estelle Tharreau
Poche – 3 novembre 2022
Éditions : Taurnada Éditions

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Sébastien Braqui est soldat. Sa mission : assurer les convois logistiques. Au volant de son camion, il assiste aux mutations d’un pays et de sa guerre. Homme brisé par les horreurs vécues, il devra subir le rejet de ses compatriotes lorsque sonnera l’heure de la défaite. C’est sa descente aux enfers et celle de sa famille que décide de raconter un reporter de guerre devenu son frère d’âme après les tragédies traversées « là-bas ». Un thriller psychologique dur et bouleversant sur les traumatismes des soldats et les sacrifices de leurs familles, les grandes oubliées de la guerre. « Toutes les morts ne pèsent pas de la même manière sur une conscience. »

 

• Couv_093_Tharreau Estelle - Il était une fois la guerre

 

Attention !
Ce roman noir est une véritable bombe à retardement… Il m’a emporté avec son ton journalistique durant toute ma lecture, jusqu’au dernier chapitre, “véritable explosion”, jusqu’à sa dernière phrase, qui donne un espoir… jusqu’à son dernier mot, “Guerre”.

“Il était une fois la guerre”, dernier roman d’Estelle Tharreau, est un condensé de toutes les émotions ressenties par Sébastien Braqui, un soldat brisé par des dommages psychologiques qu’il a subit, brisé par les politiciens qui ne voient que leur intérêt à l’encontre de la vie de centaines, de milliers d’êtres humains. Je l’ai presque perçu le récit comme un documentaire sur la guerre, une intrusion dans un monde noir et terrifiant ou les soldats se soumettent à des ordres qui parfois font froid dans le dos…
Le récit n’est pas raconté par le héros, mais par un reporter de guerre qui témoignera de l’horreur vécu par Sébastien et tous les autres. Je suis devenu alors le témoin du basculement psychologique qui s’installe dans son esprit, des rapports compliqués qu’il vivra avec sa femme qui l’aime pourtant de tout son cœur, avec sa fille, avec qui il refuse tout dialogue, de sa transformation tant physique que mentale. Il se sent humilié, alors il se réfugie dans l’alcool pour “oublier”, et finira par perdre l’estime de lui-même.
Où s’arrête la fiction, où commence la réalité ?
Seule l’auteure le sait.

Estelle a construit son récit d’une main de maître. Pas de phrases inutiles, pas de mots perdus, ils sont percutants et nous forcent à la réflexion sur les aléas de la guerre et le pouvoir de certains. Elle plonge directement, sans épargner ses lecteurs, dans des scènes de conflits violentes, effroyables… Mais pour comprendre la perception du vécu et la déchéance de Sébastien, il nous fallait passer par là, entrer dans sa tête, comprendre sa perdition.

Avec ce quatrième roman lu, Estelle grimpe pour moi une nouvelle marche.
Un roman très visuel, une thématique plus que maîtrisée, un dénouement vertigineux, elle signe un roman qui risque de surprendre plus d’un homme et qui ne laissera de toute façon personne indifférent, qui marquera je l’espère les mémoires…

Je remercie Joël des Éditions Taurnada de m’avoir permis de découvrir une nouvelle facette à son talent !

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Extraits :

« Il était une fois un homme bon devenu une plaie à vif.
Il était une fois un homme et une femme ; un premier de cordée qui entraîne le second dans sa chute.
Il était une fois un soldat ayant dépassé le seuil d’horreur qu’il pouvait endurer et que la vie a transformé en une bombe à retardement que les Hommes ont lentement amorcée jusqu’à l’explosion.
Il faudrait peut-être commencer ce récit tout simplement par “il était une fois la guerre”. »

« Sous les yeux de Sébastien se déroulaient des scènes de vie étrange : des supermarchés d’où sortaient des chariots plein d’abondance, des rues où des gens ne fuyait pas, des enfants armés de cartable. Il se sentait étranger à ce monde qu’il avait pourtant connu toute sa vie. Accaparé par ce sentiment de décalage, il ne pensait plus directement au Shonga jusqu’à ce que cette lisière de bois apparaisse. »

« Nous aurions dû réfléchir à deux fois avant d’envoyer notre vieille armée incapable de rétablir la paix. Nous n’avons fait qu’aggraver les choses. À travers la défaite de notre armée, c’est l’échec de toute la politique du président qu’il faut voir. Nous pouvions sauver ce pays et nous n’avons fait qu’amener cette guerre sur notre propre sol et participer à l’effondrement du Shonga. Mon parti a déjà engagé des réflexions pour une refonte de nos forces armées. À cette occasion, nous allons convier des représentants de l’armée shongaise pour nous aider dans l’analyse de notre défaite militaire. »

« Évitez de mentionner que votre conjoint est militaire, évitez de porter toute marque pouvant le suggérer, appelez la police si vous êtes victime d’une agression, un numéro vert est à votre disposition. »

 

 

Passionnée de littérature depuis l’adolescence, Estelle Tharreau parcourt les genres, les époques et les pays au fil des auteurs qu’elle rencontre. De cet amour de la littérature est née l’envie d’écrire. Elle vit actuellement en Franche-Comté où elle partage son temps entre sa famille et l’écriture.

 

 

Émotion, Drame, Polar, Psychologie

Mrs Meredith Brown

de Eric Oliva
Poche – 3 septembre 2022
Éditions : Des Livres et du Rêve

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Certaines familles cachent des secrets. Parfois, certains ressurgissent. C’est le cas pour Franck. Un secret qui le ronge jusqu’à commettre l’irréparable. Une quête de vengeance, la découverte d’une vérité dérangeante, prenez garde à ne pas déterrer le mauvais secret.

 

• Couv_091_Oliva Éric - Mrs Meredith Brown

 

J’ai découvert Éric Oliva en novembre 2018, avec le très bon “Chronique d’une vie de flic”. Un roman qui m’avait touché et j’ai depuis plaisir à le “suivre” régulièrement…

“Mrs Meredith Brown” est un roman très addictif, lu en quelques heures, dont la thématique principale est la VENGEANCE.
Franck perturbé par son passé a besoin de se venger, a un besoin impératif de retrouver un sens à sa vie.
De Londres jusqu’à Nice, en passant par Lima au Pérou, trois frères sont dorénavant sur la “sellette”. Franck va se poser en juge et partie. Il a pris une décision et ira jusqu’au bout en éliminant tous ceux qu’il estimera coupable !

Cette quête acharnée, on la vit, on la ressent dans ses tripes et dans notre esprit en entendant les pensées de Franck qui résonnent, pleines de douleurs. Dès lors, on sait tout de suite qui sera le meurtrier, mais cela n’enlève rien à la richesse du récit.

Qui est Mrs Mérédith Brown ?
Pourquoi Franck décide-t-il de s’attaquer à toute une fratrie ?
Qu’ont-ils donc fait pour mériter la mort ?

L’enquête policière, même si elle existe bel et bien, ne se situe pas pour moi au premier plan du récit. C’est très psychologique…
De nombreux personnages interviennent, donnent des pistes, des informations qui misent bout à bout forment une sorte de tableau. À nous lecteurs d’y trouver un sens, une direction pour essayer de comprendre et pourquoi pas, accepter… Je dis bien accepter, car au fur et à mesure de ma lecture, je suis arrivé à trouver Franck attachant voire même plutôt sympathique.
Mais… si la vérité avait un tout autre sens ?

Impossible de ne pas m’attacher non plus à l’équipe de policiers qui aura bien du mal tout le long de cette enquête.
Pas de temps mort, de l’émotion et pas mal de suspense, Éric Oliva m’a mené dans son histoire, m’a pris dans sa toile, une fois commencée, impossible de m’arrêter… jusqu’au dénouement final, mais ne devrais-je pas plutôt dire… Choc final ?

Un bon roman qui mérite qu’on s’y attarde !

Merci Angie Lollia pour cette très belle surprise…

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Extraits :

« Dire que ces deux compères se connaissaient depuis des lustres s’avérait être un euphémisme. Après avoir trop peu usé les bancs de l’école du quartier qui les avait vu grandir, Charly Galway est Allan Mc Callum s’étaient appliqués à réaliser les quatre cents coups – période d’adolescence ô combien compliqué pour ces deux garnements qui avaient accumulé les sottises au cours de ces années perturbées entre l’enfance et l’âge adulte. »

« “C’est dans les petits flacons qu’on trouve les meilleurs parfums” lui seyait à ravir. Plutôt petite avec son mètre cinquante-six, de grands yeux curieux d’un magnifique vert émeraude, Nathalie arborait immuablement un large sourire laissant apparaître une jolie dentition toujours éclatante. Un corps aux courbes agréables, ajouté à des goûts vestimentaires raffinés sans excès, couronnait le tout. Sans qu’elle y prête attention, les hommes se retournaient régulièrement sur son passage. »

« Franck était enfin parvenu à s’endormir.
Après avoir guetté un moment les allées et venues des voitures de police, puis observé une demi-douzaine de journalistes s’évertuant sans succès à passer entre le cordon de sécurité, il s’était allongé sur le lit de sa chambre d’hôtel. Agacé de constater combien de harpies, peuplant le quartier se tordaient le cou à leur balcon pour essayer de capturer la moindre image morbide, il avait fermé les yeux, totalement épuisé. Il pouvait enfin se laisser aller à rêver, comme au bon vieux temps où il était heureux comme tous les jeunes hommes de son âge, innocent et insouciant. Ce temps révolu où il croquait la vie à pleines dents sans se préoccuper du lendemain. Ce temps où il ne savait rien et dans lequel il existait comme s’il était lui. »

« Plus d’angoisse, plus de crainte, plus d’écueil dans sa vie. La présence de cette femme, jeune, jolie, attirante à souhait, le calmait et, malgré tout, le perturbait au plus haut point. Régulièrement, une minuscule ampoule s’allumait dans sa tête, venant ternir l’instant magique en lui rappelant que sa tâche n’était pas finie et que ses démons endormis allaient devoir reprendre du service. Mais chaque fois, ce petit rayon de soleil qui le dévisageait si tendrement parvenait à l’éteindre d’un simple regard, d’une simple parole. »

 

 

Je suis né à Casablanca en juillet 1967.

Arrivé en France en 1972, ce n’est qu’en 79 qu’avec ma famille, nous rejoindrons le climat agréable de la Côte d’Azur.

Mes parents devenus restaurateurs à Nice, mon parcours scolaire s’arrêtait rapidement aux portes du lycée à l’âge de seize ans.

Ont suivi de petits boulots, tout d’abord dans la restauration, en commençant par une carrière de cuisinier-pizzaïolo, travaillant dans divers restaurants entre Nice et Saint-Laurent-du-Var.

Après cinq ans, j’abandonnais ce métier pour devenir tour à tour ambulancier, agent de sécurité, vendeur et enfin convoyeur de fonds.

À vingt-quatre ans, le concours de gardien de la paix en poche, j’intégrais par conviction l’École Nationale de Police de Marseille d’où je sortais classé en février 1992, avant de prendre mes nouvelles fonctions sur la région parisienne et plus précisément au Commissariat de Montreuil-sous-Bois.

Plusieurs postes successifs et près de dix ans de vie dans ce département chamarré du 93, avant de prendre la décision de rejoindre ma région d’origine. Un an plus tard, j’obtenais ma mutation à Marseille, au Commissariat central de l’Évêché.

La passion des fonds sous-marins se faisant pressente, je passais rapidement mes niveaux de plongée. Dans le même temps, Clive Cussler, un auteur américain spécialisé dans la fiction sous-marine, me donnait l’envie de lire, je dévorais toute sa bibliographie.

L’envie d’écrire arrivait par la suite et, à force de tentations, je commençais l’écriture de Peter, un roman d’aventures dans lequel je parvenais à mélanger mon métier et ma passion. Mais quelques déboires m’obligeaient à mettre ce manuscrit de côté, et ce n’est que plusieurs années plus tard que celui-ci verrait le jour.

En 2006, ayant fait la connaissance de celle qui allait devenir ma compagne, je sollicitais ma mutation sur Nice et au mois de septembre 2007, j’intégrais un groupe judiciaire à l’Antenne de la Police Judiciaire où j’exerce toujours actuellement.

Quatre ans plus tard, je décidais de reprendre intégralement l’écriture de Peter​. Le manuscrit était alors entièrement revu et corrigé. Après avoir fait, comme tout un chacun, les frais des maisons d’édition, j’optais pour l’autoédition en passant tout d’abord par Lulu.com puis chez BoD.

La fièvre de l’écriture se faisant ressentir et, surpris par les retours de mon premier roman, j’entamais dans la foulée un second manuscrit que mes lecteurs jugeaient très vite plus abouti. Un polar régional mettant à l’honneur la Côte-d’Azur et l’Antenne P.J. de Nice où j’exerce encore à ce jour. Le roman est paru sous le titre de Le Secret de Miss Meredith Brown fin 2012.

En Mai 2014, ce second roman était réédité chez Sudarènes Editions sous le titre de Mrs Meredith Brown.

Fin février 2015, Chroniques d’une vie de flic voyait le jour dans cette même maison d’édition. Sous la forme d’un roman, les lecteurs sont transportés de l’autre côté de la barrière, dans le quotidien du flic de terrain. Quinze histoires vraies qui font toucher du doigt ces instants qui marquent les esprits et bousculent les préjugés.

Enfin, au mois de juillet 2015, Peter est réédité chez Sudarènes sous son nouveau titre : Mafia en eaux troubles. Un opus qui reste un premier roman, mais un excellent livre de plage… (Des amateurs de plongée ?)

Depuis, les droits de Mrs Meredith Brown, Du soleil vers l’enfer et Chroniques d’une vie de flic ont été rachetés à Sudarènes et les romans sont disponibles aux formats numériques et papiers sur Amazon.

Adolescence, Émotion, Psychologie

Témoin de Rien

de Tom Noti
Relié – 13 septembre 2022
Éditions : La Trace

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Je suis un clébard.
Je frôle les jambes et me fais houspiller.
J’erre en silence autour de la maison.
J’observe.
J’entends les bruits, j’entends les cris.
Je redoute les colères.
C’est l’histoire du destin croisé de deux soeurs qui ont grandi ensemble dans une famille nombreuse et en apparence unie.
Une fois mariées, c’est un peu contraintes qu’elles se retrouvent pour vivre côte à côte sur un terrain cédé par leur père.
Gaétane et Jeanne sont deux filles de l’après-guerre aussi opposées qu’inséparables. Leurs existences sont liées dans les joies, les tristesses, les victoires, les défaites, les petits et grands malheurs.
C’est l’histoire de deux trajectoires parallèles mais liées. Les vies imbriquées de chacun des membres de ces deux familles défileront sous l’oeil d’un témoin un peu particulier.
Est-ce une bonne idée d’enchaîner à ce point des caractères, des parcours, des vies si différentes ?

 

• Couv_077_Noti Tom - Témoin de rien

 

Témoin de Rien”, c’est l’histoire de plusieurs fissures qui petit à petit vont mettre à mal l’équilibre d’une famille. C’est un décès arrivé beaucoup trop tôt qui de fil en aiguille entraînera les parents au bord du précipice.
C’est un couple qui s’oublie et ne se reconnait plus. C’est le temps qui passe. Le temps qui efface les sourires qui étaient quotidiens. C’est le malheur qui trouve sa place, qui s’installe et bouge ses pions dans n’importe quel sens tant qu’il y trouve son plaisir !

Parler des livres de Tom Noti, c’est s’obliger à prendre de la hauteur, du recul pour ne pas être trop impacté par les sujets qu’il développe !

Après “𝗘𝗹𝗹𝗲𝘀 𝗺’𝗮𝘁𝘁𝗲𝗻𝗱𝗮𝗶𝗲𝗻𝘁…”, “𝗡𝗼𝘀 𝘀𝗶𝗹𝗲𝗻𝗰𝗲𝘀 𝗻𝗲 𝘀𝗼𝗻𝘁 𝗽𝗮𝘀 𝗱𝗲𝘀 𝗰𝗵𝗮𝗻𝘀𝗼𝗻𝘀 𝗱’𝗮𝗺𝗼𝘂𝗿”, Tom Noti continue à me surprendre avec “Témoin de Rien”…
Un roman qui prend au cœur, un roman qui prend aux tripes, avec de belles images, mais aussi beaucoup d’autres beaucoup plus sombres, mais toujours avec le ressenti du plaisir de son écriture, toujours avec sa poésie.
Je n’ai pas pu ne pas être touché… Certaines images que je recevais durant ma lecture entraient en collision avec d’autres qui m’ont fait revenir vers ma petite enfance, avec une vision aujourd’hui plus sereine et un état d’esprit, qui entre temps, a vécu pas loin de cinquante ans, alors forcément, je n’appréhende plus les choses de la même façon.
Qui a-t-il de pire que tous ces silences qui résonnent au sein des relations familiales dès qu’il y a une fracture quelconque ? Puis viennent les rancœurs qui s’installent et finissent par prendre toute la place au milieu d’un couple, dans une famille au départ aimante…

Prenez l’orgueil du patriarcat, la méchanceté qui souvent va avec, les malheurs que tout cela entraine et vous aurez une petite idée des sentiments qui ses dégagent de ce superbe récit.
Depuis son premier roman, j’ai une certaine fascination pour l’écriture de Tom Noti. Avec “Témoin de Rien”, j’ai eu l’impression de recevoir à plusieurs reprises des uppercuts en pleine face.
Tom Noti ne joue plus. Il a pris sa place dans la cour des grands. Il montre du doigt les excès, les dérapages avec une sincérité pure, avec sa générosité, nous obligeant alors à une sorte d’introspection.
Et moi ? Qui suis-je ? Comment suis-je dans mon rôle de père ? Dans mon rôle de mari ? Suis-je suffisamment présent ? Suis-je vraiment à l’écoute ?
Tom Noti c’est un peu ça. Il a l’art de poser un miroir qui ne reflète pas seulement les personnages de sont récit. Il oblige les lecteurs à vivre et à ressentir toutes les émotions qu’il a parfaitement maitrisées, définies et mises en place… Et ce ne sont pas mes larmes qui vont me contredire…

Coup de poing, qui s’est transformé petit à petit en un gros coup de cœur !
Magnifique, délicat et tellement vrai…

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Extraits :

« Dans la petite maison, il y a un landau.
Dans le landau, le bébé dort, un peu protégé du soleil par la capote bleu marine. On dirait un vieux landau anglais avec ses grosses roues délicates, mais ici, rien est anglais, rien n’est distingué. Tout respire la friture, la javel et le café. Tout respire le soleil, la sueur qui colle, la terre qui se désagrège et la mécanique graisseuse..
Entre les roues du landau, le chien est couché. Il à l’air assoupi lui aussi, mais il veille. C’est un chien de garde, une race imposante. Il est encore jeune, mais il semble porter en lui des décennies de quiétude et de force. Il veille. Il est conscient de son rôle. Le cri des milices alourdit son âme et le sang des loups coule dans ses veines. Personne n’approchera du landeau. Il perçoit le petit être bouger dans son sommeil. Il le sent qui grogne et s’agite au-dessus de ta tête. Alors il pousse un soupir pour souffler sur les rêves flous de l’enfant et le monde s’apaise. »

« … Il ne voulait pas que sa fille s’exhibe en tenue de sport et que des hommes se rincent l’œil sur ses cuisses et s’imaginent, ne serait-ce que s’imaginent, des « choses » concernant la petite. Cest remugles d’idées sombres que la vase masculine laissait s’échapper parfois, ces mots crus qui venaient flotter sur les vapeurs d’alcool et d’inhibition collégiale des mêles entre eux. Alors NON, ce sera NON pour la gymnastique ! Et lorsque Gaétane insistait, il lui disait qu’elle était insupportable, qu’il aurait mieux fait d’acheter une vache plutôt que d’avoir une enfant comme elle. Au moins une vache donnait du lait alors qu’elle, sa propre fille, ne rapportait que des problèmes. »

« Il n’était pas de ceux qui se contentent des poussières qu’on lui aurait laissées. Simon avait une revanche à prendre sur sa vie, sur son enfance. L’antagonisme avec l’attitude des frères de Jeanne était criant. Eux avaient abusé du confort matériel puis du petit statut social de leur père qui les avait aidés, tous sans exception, à se caser dans des emplois « stables » dans les usines alentours, à la commune, dans des administrations. Des emplois où l’on s’oublie pour profiter d’autres avantages que l’on pourrait grappiller de-ci de-là. Contrairement à Simon, les autres n’avaient fait qu’utiliser les opportunités de cette famille, que récolter quelques miettes de passe-droits et des quintaux de nourriture. »

« J’ai entendu les objets ramassés, sa voiture démarrer.
J’ai entendu sa mère pleurer et supplier.
Une mère qui perdait son enfant.
Encore.
Il n’y a pas eu d’au revoir.
Pas d’au revoir, ni d’adieu. Il y a eu seulement le silence du vide.
Un silence effrayant.
Et moi, je me disais que tout ce silence allait écraser Caroline comme j’avais failli être écrasé, moi.
On devrait se sauver, elle et moi, de ces écrasements.
Parce qu’on aurait toujours peur désormais que la vie fasse tomber des trucs lourds sur nous.
Des trucs dont on ne pourrait pas supporter le poids, avec nos épaules de miel. »

 

 

Tom NOTI est grenoblois et le dernier d’une famille d’origine italienne. Il a baigné dans le bruit des conversations, les cris, les rires et les odeurs de cuisine. Il aime passionnément le basket-ball et la lecture et ne peut vivre sans la musique et le cinéma. Il dit de lui même qu’il est solitaire, dilettante, trop émotif, désorganisé, toujours à l’ouest… et c’est vrai ! Il devient instituteur et reste vivre près de Grenoble. Il aime cette ville où chaque rue se prolonge par une montagne. C’est de là qu’il écrit, face aux sommets découpés du Trièves.

“La littérature est une fuite.
J’ai fui l’ennui de l’enfance en lisant, j’ai fui la réalité en lisant, j’ai fui la peur, le terne de l’existence, la cruelle lumière sociale en lisant.
Je fuis toujours en marchant dans les pas des auteurs que j’aime, en empruntant leurs mots que je ne saurais prononcer et leur courage de vivre ce que je n’ose pas vivre.
Je m’exile dans leurs voyages sans la lourdeur de mes bagages.
Je frémis des vents qu’ils affrontent et dont je me calfeutre.

Alors oui, la littérature est une couverture de survie en cette période de repli, d’angoisse
et de suspicion. Je m’y replie, je m’y enterre et comme toujours, elle me permet de respirer.

Je n’ignore pas la douceur d’un pendant, béat et peut-être effrayamment inconscient.
Je n’ignore l’espoir d’un APRÈS, ce petit mot anodin, écrit en majuscules tout à coup,
sur tellement de lignes.

Je n’ignore pas que certains écrits pourraient m’apporter quelques éclairages
sur ce que vivent ces autres qui se disent à l’unisson pour une fois.

Je n’ignore pas les journaux nombrilistes qui se prétendent universels et les regrets
et les hontes parfois, que ces « modes d’emploi opportunistes » génèreront plus tard.

Mais ce que je préfère dans la littérature, ce sont les lumières d’un ailleurs,
d’un autrement.”

Émotion, Drame, Psychologie

Chanson douce

de Leïla Slimani
Poche – 3 mai 2018
Éditions : Folio

“Louise ? Quelle chance vous avez d’être tombés sur elle. Elle a été comme une seconde mère pour mes garçons. Ça a été un vrai crève-coeur quand nous avons dû nous en séparer. Pour tout vous dire, à l’époque, j’ai même songé à faire un troisième enfant pour pouvoir la garder.”

Lorsque Myriam décide malgré les réticences de son mari de reprendre son activité au sein d’un cabinet d’avocats, le couple se met à la recherche d’une nounou. Après un casting sévère, ils engagent Louise et sont conquis par son aisance avec Mila et Adam, et par le soin bientôt indispensable qu’elle apporte à leur foyer, laissant progressivement s’installer le piège de la dépendance mutuelle. 

Prix Goncourt 2016

 

 

C’est l’histoire d’une mère qui a deux enfants, mais qui s’ennuie profondément de sa vie professionnelle. Elle propose à son mari de prendre une nounou à domicile la libérant ainsi de ce qui est devenu avec le temps, un tracas quotidien. Après en avoir reçu plusieurs nourrices chez eux, ils trouvent enfin “la perle rare”… Louise.

C’est l’histoire de la condition féminine dans nos sociétés actuelles, celles où les femmes doivent travailler sans pour autant culpabiliser de ne pas pouvoir s’occuper de leurs enfants…

C’est l’histoire de Louise, la cinquantaine, qui en plus d’être une nounou exemplaire, fait le ménage, range les chambres, fait à manger, organise les anniversaires des enfants, qui ne connaît pas le lâcher prise et qui, tout au fond de son cœur, souffre de ne pas être vue, de ne pas être reconnue, d’être devenue une habitude, une femme “invisible”…

…Et, cette histoire, je l’ai trouvée totalement captivante.
Comment Louise, étant définie comme “La perfection”, a-t-elle pu assassiner les deux enfants dont elle avait la garde et qu’elle aimait ?
Qu’est-ce qui l’a poussé à sortir de sa vie lisse et tranquille ?
Le fait de ne plus pouvoir joindre les deux bouts ?
Son propriétaire ? qui va la déloger, car elle ne paye plus son loyer ?
Le Trésor Public ? qui la submerge de courriers, car elle n’est plus à jour de ses impôts ?

En apparence, elle menait une petite vie tranquille… Mais qui est vraiment Louise ? D’où lui viennent tous ces ennuis ?

Leïla Slimani, à sa façon, rend un bel hommage à toutes les nounous qui doivent avoir l’impression d’être des objets, elles sont incomprises, mal considérées…
C’est superbement écrit, chaque mot pèse et trouve sa place dans ses phrases au style épuré. Elle nous présente les réactions de deux “mondes” que tout oppose de manière objective.
Je suis un amoureux des livres, un amoureux de la langue française et “Chanson douce” a bien mérité son prix en 2016.

Malgré la première phrase qui dès le début a donné le ton de ma lecture, je suis quand même resté captif et intrigué jusqu’à la dernière ligne…
C’est sombre, c’est triste, émouvant aussi. Il n’y a aucun jugement de la part de l’auteure, ça sonne très juste…

Bravo Leïla et merci !

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Extraits :

« Le bébé est mort. Il a suffi de quelques secondes. Le médecin a assuré qu’il n’avait pas souffert. On l’a couché dans une housse grise et on a fait glisser la fermeture éclair sur le corps désarticulé qui flottait au milieu des jouets. La petite, elle, était encore vivante quand les secours sont arrivés. Elle s’est battue comme un fauve. On a retrouvé des traces de lutte, des morceaux de peau sous ses ongles mous. Dans l’ambulance qui la transportait à l’hôpital, elle était agitée, secouée de convulsions. Les yeux exorbités, elle semblait chercher de l’aie. Sa gorge s’était emplie de sang. Ses poumons étaient perforés et sa tête avait violemment heurté la commode bleue. »

« Lorsque Myriam s’est excusé d’avoir manqué les dernières réunions et d’avoir envoyé Louise à sa place, la maîtresse aux cheveux gris a fait un large geste de la main. “Si vous saviez ! C’est le mal du siècle. Tous ces pauvres enfants sont livrés à eux-mêmes, pendant que les deux parents sont dévorés par la même ambition. C’est simple, ils courent tout le temps. Vous savez quelle est la phrase que les parents disent le plus souvent à leurs enfants ? “Dépêche-toi !” Et bien sûr, c’est nous qui subissons tout. Les petits nous font payer leurs angoisses et leur sentiment d’abandon.” »

« Enfermée dans l’appartement des Massé, elle a parfois l’impression de devenir folle. Depuis quelques jours, des plaques rouges sont apparues sur ses joues et sur ses poignets. Louise est obligée de mettre ses mains et son visage sous l’eau glacée pour apaiser la sensation de brûlure qu’il la dévore. Pendant ces longues journées d’hiver, un sentiment de solitude immense l’étreint. En proie à la panique, elle sort de l’appartement, ferme la porte derrière elle, affronte le froid est emmène les enfants au square. »

« Pour Paul et Myriam, l’hiver file à toute vitesse. Pendant ces quelques semaines, le couple se voit peu. Ils se croisent dans leur lit, l’en rejoignant l’autre dans le sommeil. Ils collent leurs pieds sous les draps, ce sont des baisers dans le cou est rient d’entendre l’autre grommeler comme un animal dont on perturbe le sommeil. Ils s’appellent dans la journée, se laissent des messages. Myriam écrit les post-it amoureux qu’elle colle sur le miroir de la salle de bain. Paul lui envoie, en pleine nuit, des vidéos de ses séances de répétition. »

 

 

Leïla Slimani, née le 3 octobre 1981 à Rabat au Maroc, d’une mère franco-algérienne et d’un père marocain, est une journaliste et écrivain franco-marocaine.

Élève du lycée français de Rabat, Elle grandit dans une famille d’expression française. Son père, Othman Slimani, est banquier ; sa mère est médecin ORL, mi-alsacienne, mi-algérienne. En 1999, elle vient à Paris pour ses études où elle est diplômée de l’Institut d’études politiques de Paris. Elle s’essaie au métier de comédienne (Cours Florent), puis décide de compléter ses études à ESCP Europe pour se former aux médias. À cette occasion, elle rencontre Christophe Barbier, alors parrain de sa promotion, qui lui propose un stage à L’Express. Finalement, elle est engagée au magazine Jeune Afrique en 2008 et y traite des sujets touchant à l’Afrique du Nord.

En 2014, elle publie son premier roman aux éditions Gallimard, Dans le jardin de l’ogre. Le sujet (l’addiction sexuelle féminine) et l’écriture sont remarqués par la critique et l’ouvrage est sélectionné pour le prix de Flore 2014.

Son deuxième roman, Chanson douce, obtient le prix Goncourt 2016.