Émotion, Drame, Polar, Psychologie

Mrs Meredith Brown

de Eric Oliva
Poche – 3 septembre 2022
Éditions : Des Livres et du Rêve

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Certaines familles cachent des secrets. Parfois, certains ressurgissent. C’est le cas pour Franck. Un secret qui le ronge jusqu’à commettre l’irréparable. Une quête de vengeance, la découverte d’une vérité dérangeante, prenez garde à ne pas déterrer le mauvais secret.

 

• Couv_091_Oliva Éric - Mrs Meredith Brown

 

J’ai découvert Éric Oliva en novembre 2018, avec le très bon “Chronique d’une vie de flic”. Un roman qui m’avait touché et j’ai depuis plaisir à le “suivre” régulièrement…

“Mrs Meredith Brown” est un roman très addictif, lu en quelques heures, dont la thématique principale est la VENGEANCE.
Franck perturbé par son passé a besoin de se venger, a un besoin impératif de retrouver un sens à sa vie.
De Londres jusqu’à Nice, en passant par Lima au Pérou, trois frères sont dorénavant sur la “sellette”. Franck va se poser en juge et partie. Il a pris une décision et ira jusqu’au bout en éliminant tous ceux qu’il estimera coupable !

Cette quête acharnée, on la vit, on la ressent dans ses tripes et dans notre esprit en entendant les pensées de Franck qui résonnent, pleines de douleurs. Dès lors, on sait tout de suite qui sera le meurtrier, mais cela n’enlève rien à la richesse du récit.

Qui est Mrs Mérédith Brown ?
Pourquoi Franck décide-t-il de s’attaquer à toute une fratrie ?
Qu’ont-ils donc fait pour mériter la mort ?

L’enquête policière, même si elle existe bel et bien, ne se situe pas pour moi au premier plan du récit. C’est très psychologique…
De nombreux personnages interviennent, donnent des pistes, des informations qui misent bout à bout forment une sorte de tableau. À nous lecteurs d’y trouver un sens, une direction pour essayer de comprendre et pourquoi pas, accepter… Je dis bien accepter, car au fur et à mesure de ma lecture, je suis arrivé à trouver Franck attachant voire même plutôt sympathique.
Mais… si la vérité avait un tout autre sens ?

Impossible de ne pas m’attacher non plus à l’équipe de policiers qui aura bien du mal tout le long de cette enquête.
Pas de temps mort, de l’émotion et pas mal de suspense, Éric Oliva m’a mené dans son histoire, m’a pris dans sa toile, une fois commencée, impossible de m’arrêter… jusqu’au dénouement final, mais ne devrais-je pas plutôt dire… Choc final ?

Un bon roman qui mérite qu’on s’y attarde !

Merci Angie Lollia pour cette très belle surprise…

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Extraits :

« Dire que ces deux compères se connaissaient depuis des lustres s’avérait être un euphémisme. Après avoir trop peu usé les bancs de l’école du quartier qui les avait vu grandir, Charly Galway est Allan Mc Callum s’étaient appliqués à réaliser les quatre cents coups – période d’adolescence ô combien compliqué pour ces deux garnements qui avaient accumulé les sottises au cours de ces années perturbées entre l’enfance et l’âge adulte. »

« “C’est dans les petits flacons qu’on trouve les meilleurs parfums” lui seyait à ravir. Plutôt petite avec son mètre cinquante-six, de grands yeux curieux d’un magnifique vert émeraude, Nathalie arborait immuablement un large sourire laissant apparaître une jolie dentition toujours éclatante. Un corps aux courbes agréables, ajouté à des goûts vestimentaires raffinés sans excès, couronnait le tout. Sans qu’elle y prête attention, les hommes se retournaient régulièrement sur son passage. »

« Franck était enfin parvenu à s’endormir.
Après avoir guetté un moment les allées et venues des voitures de police, puis observé une demi-douzaine de journalistes s’évertuant sans succès à passer entre le cordon de sécurité, il s’était allongé sur le lit de sa chambre d’hôtel. Agacé de constater combien de harpies, peuplant le quartier se tordaient le cou à leur balcon pour essayer de capturer la moindre image morbide, il avait fermé les yeux, totalement épuisé. Il pouvait enfin se laisser aller à rêver, comme au bon vieux temps où il était heureux comme tous les jeunes hommes de son âge, innocent et insouciant. Ce temps révolu où il croquait la vie à pleines dents sans se préoccuper du lendemain. Ce temps où il ne savait rien et dans lequel il existait comme s’il était lui. »

« Plus d’angoisse, plus de crainte, plus d’écueil dans sa vie. La présence de cette femme, jeune, jolie, attirante à souhait, le calmait et, malgré tout, le perturbait au plus haut point. Régulièrement, une minuscule ampoule s’allumait dans sa tête, venant ternir l’instant magique en lui rappelant que sa tâche n’était pas finie et que ses démons endormis allaient devoir reprendre du service. Mais chaque fois, ce petit rayon de soleil qui le dévisageait si tendrement parvenait à l’éteindre d’un simple regard, d’une simple parole. »

 

 

Je suis né à Casablanca en juillet 1967.

Arrivé en France en 1972, ce n’est qu’en 79 qu’avec ma famille, nous rejoindrons le climat agréable de la Côte d’Azur.

Mes parents devenus restaurateurs à Nice, mon parcours scolaire s’arrêtait rapidement aux portes du lycée à l’âge de seize ans.

Ont suivi de petits boulots, tout d’abord dans la restauration, en commençant par une carrière de cuisinier-pizzaïolo, travaillant dans divers restaurants entre Nice et Saint-Laurent-du-Var.

Après cinq ans, j’abandonnais ce métier pour devenir tour à tour ambulancier, agent de sécurité, vendeur et enfin convoyeur de fonds.

À vingt-quatre ans, le concours de gardien de la paix en poche, j’intégrais par conviction l’École Nationale de Police de Marseille d’où je sortais classé en février 1992, avant de prendre mes nouvelles fonctions sur la région parisienne et plus précisément au Commissariat de Montreuil-sous-Bois.

Plusieurs postes successifs et près de dix ans de vie dans ce département chamarré du 93, avant de prendre la décision de rejoindre ma région d’origine. Un an plus tard, j’obtenais ma mutation à Marseille, au Commissariat central de l’Évêché.

La passion des fonds sous-marins se faisant pressente, je passais rapidement mes niveaux de plongée. Dans le même temps, Clive Cussler, un auteur américain spécialisé dans la fiction sous-marine, me donnait l’envie de lire, je dévorais toute sa bibliographie.

L’envie d’écrire arrivait par la suite et, à force de tentations, je commençais l’écriture de Peter, un roman d’aventures dans lequel je parvenais à mélanger mon métier et ma passion. Mais quelques déboires m’obligeaient à mettre ce manuscrit de côté, et ce n’est que plusieurs années plus tard que celui-ci verrait le jour.

En 2006, ayant fait la connaissance de celle qui allait devenir ma compagne, je sollicitais ma mutation sur Nice et au mois de septembre 2007, j’intégrais un groupe judiciaire à l’Antenne de la Police Judiciaire où j’exerce toujours actuellement.

Quatre ans plus tard, je décidais de reprendre intégralement l’écriture de Peter​. Le manuscrit était alors entièrement revu et corrigé. Après avoir fait, comme tout un chacun, les frais des maisons d’édition, j’optais pour l’autoédition en passant tout d’abord par Lulu.com puis chez BoD.

La fièvre de l’écriture se faisant ressentir et, surpris par les retours de mon premier roman, j’entamais dans la foulée un second manuscrit que mes lecteurs jugeaient très vite plus abouti. Un polar régional mettant à l’honneur la Côte-d’Azur et l’Antenne P.J. de Nice où j’exerce encore à ce jour. Le roman est paru sous le titre de Le Secret de Miss Meredith Brown fin 2012.

En Mai 2014, ce second roman était réédité chez Sudarènes Editions sous le titre de Mrs Meredith Brown.

Fin février 2015, Chroniques d’une vie de flic voyait le jour dans cette même maison d’édition. Sous la forme d’un roman, les lecteurs sont transportés de l’autre côté de la barrière, dans le quotidien du flic de terrain. Quinze histoires vraies qui font toucher du doigt ces instants qui marquent les esprits et bousculent les préjugés.

Enfin, au mois de juillet 2015, Peter est réédité chez Sudarènes sous son nouveau titre : Mafia en eaux troubles. Un opus qui reste un premier roman, mais un excellent livre de plage… (Des amateurs de plongée ?)

Depuis, les droits de Mrs Meredith Brown, Du soleil vers l’enfer et Chroniques d’une vie de flic ont été rachetés à Sudarènes et les romans sont disponibles aux formats numériques et papiers sur Amazon.

Adolescence, Émotion, Psychologie

Témoin de Rien

de Tom Noti
Relié – 13 septembre 2022
Éditions : La Trace

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Je suis un clébard.
Je frôle les jambes et me fais houspiller.
J’erre en silence autour de la maison.
J’observe.
J’entends les bruits, j’entends les cris.
Je redoute les colères.
C’est l’histoire du destin croisé de deux soeurs qui ont grandi ensemble dans une famille nombreuse et en apparence unie.
Une fois mariées, c’est un peu contraintes qu’elles se retrouvent pour vivre côte à côte sur un terrain cédé par leur père.
Gaétane et Jeanne sont deux filles de l’après-guerre aussi opposées qu’inséparables. Leurs existences sont liées dans les joies, les tristesses, les victoires, les défaites, les petits et grands malheurs.
C’est l’histoire de deux trajectoires parallèles mais liées. Les vies imbriquées de chacun des membres de ces deux familles défileront sous l’oeil d’un témoin un peu particulier.
Est-ce une bonne idée d’enchaîner à ce point des caractères, des parcours, des vies si différentes ?

 

• Couv_077_Noti Tom - Témoin de rien

 

Témoin de Rien”, c’est l’histoire de plusieurs fissures qui petit à petit vont mettre à mal l’équilibre d’une famille. C’est un décès arrivé beaucoup trop tôt qui de fil en aiguille entraînera les parents au bord du précipice.
C’est un couple qui s’oublie et ne se reconnait plus. C’est le temps qui passe. Le temps qui efface les sourires qui étaient quotidiens. C’est le malheur qui trouve sa place, qui s’installe et bouge ses pions dans n’importe quel sens tant qu’il y trouve son plaisir !

Parler des livres de Tom Noti, c’est s’obliger à prendre de la hauteur, du recul pour ne pas être trop impacté par les sujets qu’il développe !

Après “𝗘𝗹𝗹𝗲𝘀 𝗺’𝗮𝘁𝘁𝗲𝗻𝗱𝗮𝗶𝗲𝗻𝘁…”, “𝗡𝗼𝘀 𝘀𝗶𝗹𝗲𝗻𝗰𝗲𝘀 𝗻𝗲 𝘀𝗼𝗻𝘁 𝗽𝗮𝘀 𝗱𝗲𝘀 𝗰𝗵𝗮𝗻𝘀𝗼𝗻𝘀 𝗱’𝗮𝗺𝗼𝘂𝗿”, Tom Noti continue à me surprendre avec “Témoin de Rien”…
Un roman qui prend au cœur, un roman qui prend aux tripes, avec de belles images, mais aussi beaucoup d’autres beaucoup plus sombres, mais toujours avec le ressenti du plaisir de son écriture, toujours avec sa poésie.
Je n’ai pas pu ne pas être touché… Certaines images que je recevais durant ma lecture entraient en collision avec d’autres qui m’ont fait revenir vers ma petite enfance, avec une vision aujourd’hui plus sereine et un état d’esprit, qui entre temps, a vécu pas loin de cinquante ans, alors forcément, je n’appréhende plus les choses de la même façon.
Qui a-t-il de pire que tous ces silences qui résonnent au sein des relations familiales dès qu’il y a une fracture quelconque ? Puis viennent les rancœurs qui s’installent et finissent par prendre toute la place au milieu d’un couple, dans une famille au départ aimante…

Prenez l’orgueil du patriarcat, la méchanceté qui souvent va avec, les malheurs que tout cela entraine et vous aurez une petite idée des sentiments qui ses dégagent de ce superbe récit.
Depuis son premier roman, j’ai une certaine fascination pour l’écriture de Tom Noti. Avec “Témoin de Rien”, j’ai eu l’impression de recevoir à plusieurs reprises des uppercuts en pleine face.
Tom Noti ne joue plus. Il a pris sa place dans la cour des grands. Il montre du doigt les excès, les dérapages avec une sincérité pure, avec sa générosité, nous obligeant alors à une sorte d’introspection.
Et moi ? Qui suis-je ? Comment suis-je dans mon rôle de père ? Dans mon rôle de mari ? Suis-je suffisamment présent ? Suis-je vraiment à l’écoute ?
Tom Noti c’est un peu ça. Il a l’art de poser un miroir qui ne reflète pas seulement les personnages de sont récit. Il oblige les lecteurs à vivre et à ressentir toutes les émotions qu’il a parfaitement maitrisées, définies et mises en place… Et ce ne sont pas mes larmes qui vont me contredire…

Coup de poing, qui s’est transformé petit à petit en un gros coup de cœur !
Magnifique, délicat et tellement vrai…

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Extraits :

« Dans la petite maison, il y a un landau.
Dans le landau, le bébé dort, un peu protégé du soleil par la capote bleu marine. On dirait un vieux landau anglais avec ses grosses roues délicates, mais ici, rien est anglais, rien n’est distingué. Tout respire la friture, la javel et le café. Tout respire le soleil, la sueur qui colle, la terre qui se désagrège et la mécanique graisseuse..
Entre les roues du landau, le chien est couché. Il à l’air assoupi lui aussi, mais il veille. C’est un chien de garde, une race imposante. Il est encore jeune, mais il semble porter en lui des décennies de quiétude et de force. Il veille. Il est conscient de son rôle. Le cri des milices alourdit son âme et le sang des loups coule dans ses veines. Personne n’approchera du landeau. Il perçoit le petit être bouger dans son sommeil. Il le sent qui grogne et s’agite au-dessus de ta tête. Alors il pousse un soupir pour souffler sur les rêves flous de l’enfant et le monde s’apaise. »

« … Il ne voulait pas que sa fille s’exhibe en tenue de sport et que des hommes se rincent l’œil sur ses cuisses et s’imaginent, ne serait-ce que s’imaginent, des « choses » concernant la petite. Cest remugles d’idées sombres que la vase masculine laissait s’échapper parfois, ces mots crus qui venaient flotter sur les vapeurs d’alcool et d’inhibition collégiale des mêles entre eux. Alors NON, ce sera NON pour la gymnastique ! Et lorsque Gaétane insistait, il lui disait qu’elle était insupportable, qu’il aurait mieux fait d’acheter une vache plutôt que d’avoir une enfant comme elle. Au moins une vache donnait du lait alors qu’elle, sa propre fille, ne rapportait que des problèmes. »

« Il n’était pas de ceux qui se contentent des poussières qu’on lui aurait laissées. Simon avait une revanche à prendre sur sa vie, sur son enfance. L’antagonisme avec l’attitude des frères de Jeanne était criant. Eux avaient abusé du confort matériel puis du petit statut social de leur père qui les avait aidés, tous sans exception, à se caser dans des emplois « stables » dans les usines alentours, à la commune, dans des administrations. Des emplois où l’on s’oublie pour profiter d’autres avantages que l’on pourrait grappiller de-ci de-là. Contrairement à Simon, les autres n’avaient fait qu’utiliser les opportunités de cette famille, que récolter quelques miettes de passe-droits et des quintaux de nourriture. »

« J’ai entendu les objets ramassés, sa voiture démarrer.
J’ai entendu sa mère pleurer et supplier.
Une mère qui perdait son enfant.
Encore.
Il n’y a pas eu d’au revoir.
Pas d’au revoir, ni d’adieu. Il y a eu seulement le silence du vide.
Un silence effrayant.
Et moi, je me disais que tout ce silence allait écraser Caroline comme j’avais failli être écrasé, moi.
On devrait se sauver, elle et moi, de ces écrasements.
Parce qu’on aurait toujours peur désormais que la vie fasse tomber des trucs lourds sur nous.
Des trucs dont on ne pourrait pas supporter le poids, avec nos épaules de miel. »

 

 

Tom NOTI est grenoblois et le dernier d’une famille d’origine italienne. Il a baigné dans le bruit des conversations, les cris, les rires et les odeurs de cuisine. Il aime passionnément le basket-ball et la lecture et ne peut vivre sans la musique et le cinéma. Il dit de lui même qu’il est solitaire, dilettante, trop émotif, désorganisé, toujours à l’ouest… et c’est vrai ! Il devient instituteur et reste vivre près de Grenoble. Il aime cette ville où chaque rue se prolonge par une montagne. C’est de là qu’il écrit, face aux sommets découpés du Trièves.

“La littérature est une fuite.
J’ai fui l’ennui de l’enfance en lisant, j’ai fui la réalité en lisant, j’ai fui la peur, le terne de l’existence, la cruelle lumière sociale en lisant.
Je fuis toujours en marchant dans les pas des auteurs que j’aime, en empruntant leurs mots que je ne saurais prononcer et leur courage de vivre ce que je n’ose pas vivre.
Je m’exile dans leurs voyages sans la lourdeur de mes bagages.
Je frémis des vents qu’ils affrontent et dont je me calfeutre.

Alors oui, la littérature est une couverture de survie en cette période de repli, d’angoisse
et de suspicion. Je m’y replie, je m’y enterre et comme toujours, elle me permet de respirer.

Je n’ignore pas la douceur d’un pendant, béat et peut-être effrayamment inconscient.
Je n’ignore l’espoir d’un APRÈS, ce petit mot anodin, écrit en majuscules tout à coup,
sur tellement de lignes.

Je n’ignore pas que certains écrits pourraient m’apporter quelques éclairages
sur ce que vivent ces autres qui se disent à l’unisson pour une fois.

Je n’ignore pas les journaux nombrilistes qui se prétendent universels et les regrets
et les hontes parfois, que ces « modes d’emploi opportunistes » génèreront plus tard.

Mais ce que je préfère dans la littérature, ce sont les lumières d’un ailleurs,
d’un autrement.”

Émotion, Drame, Psychologie

Chanson douce

de Leïla Slimani
Poche – 3 mai 2018
Éditions : Folio

“Louise ? Quelle chance vous avez d’être tombés sur elle. Elle a été comme une seconde mère pour mes garçons. Ça a été un vrai crève-coeur quand nous avons dû nous en séparer. Pour tout vous dire, à l’époque, j’ai même songé à faire un troisième enfant pour pouvoir la garder.”

Lorsque Myriam décide malgré les réticences de son mari de reprendre son activité au sein d’un cabinet d’avocats, le couple se met à la recherche d’une nounou. Après un casting sévère, ils engagent Louise et sont conquis par son aisance avec Mila et Adam, et par le soin bientôt indispensable qu’elle apporte à leur foyer, laissant progressivement s’installer le piège de la dépendance mutuelle. 

Prix Goncourt 2016

 

 

C’est l’histoire d’une mère qui a deux enfants, mais qui s’ennuie profondément de sa vie professionnelle. Elle propose à son mari de prendre une nounou à domicile la libérant ainsi de ce qui est devenu avec le temps, un tracas quotidien. Après en avoir reçu plusieurs nourrices chez eux, ils trouvent enfin “la perle rare”… Louise.

C’est l’histoire de la condition féminine dans nos sociétés actuelles, celles où les femmes doivent travailler sans pour autant culpabiliser de ne pas pouvoir s’occuper de leurs enfants…

C’est l’histoire de Louise, la cinquantaine, qui en plus d’être une nounou exemplaire, fait le ménage, range les chambres, fait à manger, organise les anniversaires des enfants, qui ne connaît pas le lâcher prise et qui, tout au fond de son cœur, souffre de ne pas être vue, de ne pas être reconnue, d’être devenue une habitude, une femme “invisible”…

…Et, cette histoire, je l’ai trouvée totalement captivante.
Comment Louise, étant définie comme “La perfection”, a-t-elle pu assassiner les deux enfants dont elle avait la garde et qu’elle aimait ?
Qu’est-ce qui l’a poussé à sortir de sa vie lisse et tranquille ?
Le fait de ne plus pouvoir joindre les deux bouts ?
Son propriétaire ? qui va la déloger, car elle ne paye plus son loyer ?
Le Trésor Public ? qui la submerge de courriers, car elle n’est plus à jour de ses impôts ?

En apparence, elle menait une petite vie tranquille… Mais qui est vraiment Louise ? D’où lui viennent tous ces ennuis ?

Leïla Slimani, à sa façon, rend un bel hommage à toutes les nounous qui doivent avoir l’impression d’être des objets, elles sont incomprises, mal considérées…
C’est superbement écrit, chaque mot pèse et trouve sa place dans ses phrases au style épuré. Elle nous présente les réactions de deux “mondes” que tout oppose de manière objective.
Je suis un amoureux des livres, un amoureux de la langue française et “Chanson douce” a bien mérité son prix en 2016.

Malgré la première phrase qui dès le début a donné le ton de ma lecture, je suis quand même resté captif et intrigué jusqu’à la dernière ligne…
C’est sombre, c’est triste, émouvant aussi. Il n’y a aucun jugement de la part de l’auteure, ça sonne très juste…

Bravo Leïla et merci !

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Extraits :

« Le bébé est mort. Il a suffi de quelques secondes. Le médecin a assuré qu’il n’avait pas souffert. On l’a couché dans une housse grise et on a fait glisser la fermeture éclair sur le corps désarticulé qui flottait au milieu des jouets. La petite, elle, était encore vivante quand les secours sont arrivés. Elle s’est battue comme un fauve. On a retrouvé des traces de lutte, des morceaux de peau sous ses ongles mous. Dans l’ambulance qui la transportait à l’hôpital, elle était agitée, secouée de convulsions. Les yeux exorbités, elle semblait chercher de l’aie. Sa gorge s’était emplie de sang. Ses poumons étaient perforés et sa tête avait violemment heurté la commode bleue. »

« Lorsque Myriam s’est excusé d’avoir manqué les dernières réunions et d’avoir envoyé Louise à sa place, la maîtresse aux cheveux gris a fait un large geste de la main. “Si vous saviez ! C’est le mal du siècle. Tous ces pauvres enfants sont livrés à eux-mêmes, pendant que les deux parents sont dévorés par la même ambition. C’est simple, ils courent tout le temps. Vous savez quelle est la phrase que les parents disent le plus souvent à leurs enfants ? “Dépêche-toi !” Et bien sûr, c’est nous qui subissons tout. Les petits nous font payer leurs angoisses et leur sentiment d’abandon.” »

« Enfermée dans l’appartement des Massé, elle a parfois l’impression de devenir folle. Depuis quelques jours, des plaques rouges sont apparues sur ses joues et sur ses poignets. Louise est obligée de mettre ses mains et son visage sous l’eau glacée pour apaiser la sensation de brûlure qu’il la dévore. Pendant ces longues journées d’hiver, un sentiment de solitude immense l’étreint. En proie à la panique, elle sort de l’appartement, ferme la porte derrière elle, affronte le froid est emmène les enfants au square. »

« Pour Paul et Myriam, l’hiver file à toute vitesse. Pendant ces quelques semaines, le couple se voit peu. Ils se croisent dans leur lit, l’en rejoignant l’autre dans le sommeil. Ils collent leurs pieds sous les draps, ce sont des baisers dans le cou est rient d’entendre l’autre grommeler comme un animal dont on perturbe le sommeil. Ils s’appellent dans la journée, se laissent des messages. Myriam écrit les post-it amoureux qu’elle colle sur le miroir de la salle de bain. Paul lui envoie, en pleine nuit, des vidéos de ses séances de répétition. »

 

 

Leïla Slimani, née le 3 octobre 1981 à Rabat au Maroc, d’une mère franco-algérienne et d’un père marocain, est une journaliste et écrivain franco-marocaine.

Élève du lycée français de Rabat, Elle grandit dans une famille d’expression française. Son père, Othman Slimani, est banquier ; sa mère est médecin ORL, mi-alsacienne, mi-algérienne. En 1999, elle vient à Paris pour ses études où elle est diplômée de l’Institut d’études politiques de Paris. Elle s’essaie au métier de comédienne (Cours Florent), puis décide de compléter ses études à ESCP Europe pour se former aux médias. À cette occasion, elle rencontre Christophe Barbier, alors parrain de sa promotion, qui lui propose un stage à L’Express. Finalement, elle est engagée au magazine Jeune Afrique en 2008 et y traite des sujets touchant à l’Afrique du Nord.

En 2014, elle publie son premier roman aux éditions Gallimard, Dans le jardin de l’ogre. Le sujet (l’addiction sexuelle féminine) et l’écriture sont remarqués par la critique et l’ouvrage est sélectionné pour le prix de Flore 2014.

Son deuxième roman, Chanson douce, obtient le prix Goncourt 2016.

Émotion, Drame, Histoire vraie, Psychologie

Les corps conjugaux

de Sophie de Baere
Poche – 16 février 2022
Éditions : Le Livre de Poche

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Fille d’immigrés italiens, Alice Callandri consacre son enfance et son adolescence à prendre la pose pour des catalogues publicitaires et à défiler lors de concours de beauté. Mais, à dix-huit ans, elle part étudier à Paris. Elle y rencontre Jean. Ils s’aiment intensément, fondent une famille, se marient. Pourtant, quelques jours après la cérémonie, Alice disparaît. Les années passent mais pas les questions. Qu’est-elle devenue ? Pourquoi Alice a-t-elle abandonné son bonheur parfait, son immense amour, sa fille de dix ans ?
Portrait de femme saisissant, histoire d’un amour fou, secrets de famille, Les Corps conjugaux, inspiré d’une histoire vraie, explore avec force et poésie l’un des plus grands tabous et notre part d’humanité.

Une écriture d’une grande justesse.
Marie Michaud, librairie Gibert Joseph (Poitiers).

Audacieux et prometteur.
Gaëlle Belda, Nice Matin.

Un roman dérangeant, qui bouleverse totalement.
Françoise Feuillet, Avantages.

 

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En littérature comme en musique, j’ai de plus en plus besoin de tristesse…

“Les corps conjugaux”, est une histoire triste, mais elle est tellement belle, tellement bien écrite… Une histoire pleine de sensibilité qui ne pourra que vous toucher.
Elle m’a touchée, elle m’a émue, bouleversée même. J’ai eu à plusieurs moments les yeux qui se remplissaient de larmes, et je me demandais… qu’aurais-je fait à sa place ?

C’est le second roman de Sophie De Baere que je lis.
Deux romans coups de poing, très différents et en même temps écrit avec cette même écriture incroyable.
Le style, les mots choisis qui basculent entre douceur et douleur, souvent très poétique, émouvant toujours. Certaines phrases donnent l’impression d’avoir été écrites au couteau !

Après une enfance compliquée “aux ordres” de sa mère, une femme froide et intransigeante, Alice décide un jour de cesser de se plier à ses exigences sans limites. Après le décès de son jeune frère, elle part pour Paris. C’est là qu’elle rencontrera Jean. C’est LE coup de foudre !
Alice aime Jean à la folie. Jean aime Alice en qui il voit sa reine. Ensemble, ils donneront très vite naissance à la petite Charlotte.
Leur vie est un rayon de soleil lorsqu’ils décident de se marier.
Quelques jours après la cérémonie, Alice disparaît, sans donner aucune raison, délaissant son amour et sa fille âgée alors de dix ans.

Quel drame peut pousser une maman à abandonner sa famille ?

S’ensuivra alors pour elle une vie d’errance à la recherche de l’oubli.
Mais peut-on faire abstraction définitivement de ses sentiments, de son passé ?

Un véritable coup de cœur pour ce livre qui parle d’amour, comme rarement je l’ai lu !
À lire sans hésitation !

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Extraits :

« Les bras immenses d’Alessandro entourent ma mère et la tressent d’insouciance. Ses bras immenses comme des machines à remonter le temps. Avec eux, maman redevient la petite fille qui aimait s’inventer de belles histoires. De celles qui dessinent de jolies crénelures aux nuages et boutonnent les nuits de leurs rassurantes lumières. »

« Au fond, les seuls moments où je m’autorise à n’être pas candidate sont mes moments de lecture. Si ce n’est des livres de cuisine ou les magazines télé, il n’y a pas de livres chez moi. Alors, j’emprunte des romans au CDI ou à la bibliothèque de Bolbec. Et le soir, lorsque, devant son écran, ma mère commence à s’endormir sur le fauteuil du salon, je ferme la porte de ma chambre et je les dévore à la lueur d’une lampe de poche. Pendant ces moments suspendus, je m’oublie. J’oublie la Miss. J’oublie tout ce qui tisse ma vie ; et je la rapièce à coup de destins romanesques et de mots lointains.
Je fais promettre à Mona de ne rien dire. Maman pourrait trouver ça inutile voire dangereux. Elle dit souvent que les livres sont des illusions. Et même, l’apanage des fainéants. »

« Depuis quelque temps, j’essaie d’écrire comme les poètes donc j’emprunte les recueils à la bibliothèque de mon quartier. Des petits textes à moi cerclés de leurs mots à eux. Comme des ferments de l’âme. Roulis de mes frustrations du moment. De mes emphases aussi. Ce n’est sans doute pas toujours fameux, mais je crois que ma prose imparfaite recèle une beauté bien plus noble que celle de mon visage ou de mes seins. Les mots qui surgissent de nos profondeurs sont d’une beauté toute autre point de celle qui rendent différent. De celles qui réparent et qui sauvent. Qui me réparent. Qui me sauvent, peut-être. »

« Il m’entraîne vers le lit et me dépose sous les draps. Tout entier dédié à mon plaisir, il m’enlace. Flairant ses subtiles émanations, je sens monter des besoins que je n’avais plus ressentis depuis longtemps. Je les laisse perler.
Nos peaux emmêlées ne sont rien d’autre que celles de deux créatures animées par quelque chose d’ancien et de bouleversant. Ce n’est déjà plus une affaire de désir. Le désir, grandit, nous échappe, dérape. Naît autre chose. Une réminiscence d’amour. Une envie de faire revivre les corps des disparus, chacun se glissant dans la mémoire de l’autre.
De nos bouches et de nos doigts, nous pillons le moindre morceau de chair et la nuit n’est qu’un florilège de requêtes formulées dans un doux râle, comme autant de doléances entre nos appétits et nos souvenirs insatiables. »

 

 

Sophie de Baere est diplômée en lettres et en philosophie. Après avoir habité à Reims puis à Sydney, elle s’est installée comme enseignante près de Nice. Elle est également auteure, compositrice et interprète de chansons françaises.

Psychologie

Marge brute

de Laurent Quintreau
Broché – 21 août 2006
Éditions : Denoël

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Et si l’enfer n’était plus dans l’au-delà mais dans l’état-major d’une multinationale ? Onze cadres prennent la parole autour d’une table lors d’un sacro-saint comité de direction. Onze voix composent ce roman à la manière des cercles de l’Enfer de Dante. Il y est question de dividendes, de restructuration et de licenciements. Mais aussi de l’intimité la plus triviale, des désirs les plus inavouables. Entre le quotidien minuté de la cadre mère de famille et l’hyper-violence autodestructrice de l’ex-chef d’entreprise, entre le cynisme dépravé du jeune branché et le désespoir glacé de la directrice du personnel, entre la perversion froide de la femme de pouvoir et les fantasmes libidineux du bellâtre bureaucrate, un seul point commun: chacun, du fond de sa frustration et même de sa folie, est en guerre contre tous les autres. Au centre de cette Divine Comédie, tel une sorte de Lucifer boursier, trône Rorty, le président, “nettoyeur aux mains propres, serial-killer au regard d’azur”. Marge brute est une charge hilarante et cruelle contre la jungle du business et ses névroses.

 

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Qui n’a jamais rêvé d’entendre les pensées des autres, c’est ce que nous propose Laurent Quintreau dans son roman “Marge brute”, et pas dans n’importe quelle situation, l’auteur nous fait entrer dans la tête de onze cadres lors d’une réunion d’un comité de direction, il sera question de dividendes, de restructuration, mais bien plus aussi, nous allons carrément entrer dans la tête de chacun de ces cadres, percevant ainsi toutes leurs pensées, même les plus personnelles, celles que nous avons toutes et tous eues à l’encontre de nos collègues, mais aussi des pensées qui sortent définitivement du cadre professionnel, des envies de meurtre pour certains ou certaines, envies sexuelles complètement débridées pour d’autres, il sera aussi question de rapport de forces, de hiérarchie, de licenciement, de démissions et bien d’autres choses encore, j’avoue avoir souri à de nombreuses occasions, cocasses ou farfelues, mais j’ai aussi eu envie de brutaliser, voire plus, ceux qui ne pensent qu’aux profits au détriment des valeurs amicales ou sociales quelles qu’elles soient dans le monde du travail, pour certains l’idée même du pouvoir est telle, qu’ils sont prêts à tout et Laurent nous fait dans son récit, un condensé, qui je pense doit être très proche de la réalité, d’ailleurs je me suis moi-même reconnu à certains moments… tout va vite les idées fusent, chacun étant le maître de son propre esprit, il n’y a pas d’hésitation, chaque idée est le reflet d’un ressenti à l’instant “T”, qui peut en quelques instants changer diamétralement en fonction du sujet, et Dieu sait s’il y en a, la lecture va très vite, on est porté, subjugué parfois, malgré le fait qu’il n’y ait aucun dialogue dans le récit, cela reste vraiment très rythmé, au point que j’ai eu du mal parfois à reprendre mon souffle, chaque idée, chaque action s’enchaînant à une vitesse folle, heureusement j’avais entamé ma lecture en me rendant sur mon lieu de travail, il a donc bien fallu que je stoppe en arrivant, mais j’ai une très “forte/fâcheuse” habitude, c’est que je ne stoppe jamais mes lectures avant d’arriver à la fin d’un chapitre, j’ai donc lu encore quelques pages avant de pouvoir faire ma “pause”… et c’est en reprenant mon livre le soir même en rentrant chez moi, que je me suis rendu compte que la phrase qui débutait le chapitre, ne commençait pas par une majuscule, elle était donc liée à la phrase d’avant, se trouvant à la fin du chapitre précédent, et c’est à ce moment-là que je me suis rendu compte, que… comme pour les idées qui émergent dans nos esprits, qui ne s’arrêtent jamais, la construction du récit était identique, Laurent, en plus d’une histoire qui nous tient vraiment en haleine, a réussit une prouesse supplémentaire en écrivant la totalité de son récit, qui se déroule sur 122 pages, avec “une seule phrase”, seules les virgules, les trois petits points, mais surtout les changements de chapitres, nous permettent de respirer, jamais je n’aurais cru cet exploit possible si je ne l’avais pas vu et lu par moi-même et ce qui est incroyable, c’est que cela fonctionne admirablement bien, la forme et le fond s’allient dans une même direction, car pour moi “sa phrase” a fait mouche et je suis bien content qu’un ami m’ait proposé ce livre à la littérature très différente, mais délicate, qui raconte une réunion, qui au demeurant aurait dû et pue être très insipide à n’importe quelle personne étrangère à l’entreprise, et pourtant j’ai eu l’impression d’être le spectateur d’une très bonne pièce de théâtre, et aujourd’hui, je n’ai qu’une hâte… notre prochaine réunion ?

« Marge Brute », un roman inclassable né du fruit de nombreuses observations et réflexions de l’auteur.
Qui ne se reconnaîtra pas dans ce récit ?
Personnellement, j’ai passé un très bon moment, et pour un premier roman, c’est vraiment une belle réussite…
Bravo Laurent Quintreau !

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Extraits :

« … Rorty répète à quel point il est important que les managers présents ici se sentent impliqués dans le fonctionnement de l’entreprise, une entreprise qui a réalisé une excellente année avec une marge opérationnelle de plus de quinze pour cent au dernier trimestre mais qui doit, plus que jamais, confirmer cette progression, ce n’est pas le moment de baisser la garde, nous devons faire toujours plus, toujours mieux, j’ai bien peur, grimace finement Rorty, que nous soyons tous condamnés à l’excellence, plusieurs personnes sourient, Pujol ricane, la Brémont se tortille sur son siège, Castiglione prend un air entendu, ses petits yeux enfoncés et son nez pointu lui donnent un air de renarde rusée,… »

« … Rorty parle à Françoise, elle a un mois pour engager une procédure de licenciement à l’encontre des salariés les moins productifs de son service, elle proteste, elle ne comprend pas, tout le monde travaille au moins dix heures par jour, les dossiers sont traités en flux tendu, elle n’a jamais payé ses collaborateurs à ne rien faire, de Vals ondule de la tête, il voudrait nous faire bénéficier de son expérience sur le dossier stagiaires, il évoque de nouveaux venus de son équipe, deux jeunes diplômés frais émoulus d’écoles supérieures de commerce de je ne sais plus quelle ville de province, Reims, Nantes ou Poitiers qui abattent un travail phénoménal, ils restent parfois jusqu’à minuit et ne se plaignent jamais,… »

« … j’ai les poumons en feu, je vais tousser, trois paquets par jour, bon score, excellent score, mon cher Richard, vous êtes en train de battre votre propre record, fumer tue, fumer réduit la fertilité, fumer rend impuissant, fumer provoque des maladies graves, pauvres cons, quand bien même vous vous prémunirez contre le cancer du fumeur, vous ne pourrez jamais ordonner à un nuage radioactif de s’arrêter à vos frontières ou à une fibre d’amiante de reculer devant vos poumons, ni au plomb, ni au mercure, ni aux émanations mortelles des revêtements en polytétrafluoréthylène des poêles à frire de vous éviter, ni aux pesticides, ni aux particules allergogènes et cancérigènes des matériaux composites, ni au solvant, ni aux molécules de dichlorodiphényltrichloréthane, de diphényles polychlorés, d’ignifuges phtalates et de composés perfluorés détectés dans le sang de trente-neuf députés britanniques de vous ignorer, vous, tout ça parce que vous ne voulez pas mourir d’un cancer,… »

« … qu’est-ce que je fiche ici, entouré de tous ces fous authentiques, pourquoi ne font-ils participer à leur comité stratégique, je n’ai même pas fini ma période d’essai, tant mieux, je peux partir sans donner de préavis, il est peut-être encore temps de le faire, je savais que le monde de l’entreprise était dur mais à ce point, quand je vois cet empilement d’insatisfactions, de souffrances, de ressentiment et de volonté de puissance ubuesque j’ai envie de prendre mes jambes à mon cou, partir pour ne plus jamais revenir, je suis venu ici pour manager des équipes, pas pour licencier des salariés que je ne connais même pas, c’est pourtant la seule chose qui les intéresse, alléger la masse salariale, diminuer les charges, ils n’ont que ce mot à la bouche,… »

 

 

Laurent Quintreau, qui fut l’un des membres fondateurs de la revue Perpendiculaire, réalise régulièrement des performances en art contemporain. Créatif pour l’agence de publicité Publicis, il revendique haut et fort son activité de syndicaliste. Il s’inspire du monde du travail, de son expérience des comités de direction et de l’hypocrisie qui règne dans les hautes sphères d’une grande entreprise pour publier en 2006 le roman “Marge brute”. En 2009, Laurent Quintreau signe “Mandalas”, un ouvrage à la croisé des mondes, qui fait se côtoyer l’univers des cadres sup’ et la sagesse des moines tibétains…

Fantastique, Noir, Nouvelles, Psychologie, Suspense

La face cachée de l’arc-en-ciel

de David Ruiz Martin
Broché – 14 juillet 2018
Éditions : Independently published

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Sept couleurs. Sept histoires. Sept nuances aux pigments sombres, aux teintes douloureuses, parfois merveilleuses, où la peur côtoie la haine et où la haine, dans l’ombre, libère ce besoin viscéral de vengeance. Des histoires où le courage se montre en surface, où l’espoir évince la fatalité et où parfois, l’accablement et la honte poussent à la folie. Des récits qui souvent tutoient la mort, où les plus téméraires osent l’affronter, et où les plus couards préfèrent l’éviter. Certains tenteront de se jouer d’elle, mais elle finira, s’ils ne prennent pas garde, par les saisir… Et une fois dans ses serres, la mort ne relâche pas sa proie… Ne vous éloignez donc pas du chemin… Car la peur sème le doute… Et le doute finit toujours par vous perdre… Alors un conseil : restez prudents en tournant les pages de ce recueil de nouvelles.

 

Couv_052_Ruiz Martin David - La face cachée de l'arc-en-ciel

 

J’enchaîne avec un nouveau recueil de nouvelles “La face cachée de l’arc-en-ciel”…

La nouvelle est un support que j’affectionne tout particulièrement. Il oblige l’auteur à se dépasser, à synthétiser et faire abstraction de tout ce qui est futile, inutile et qui ne captera pas le lecteur dès le début de sa lecture… Une “bonne” nouvelle c’est un piège qui se referme sur vous sans que vous vous en rendiez compte et David Ruiz Martin y arrive horriblement bien !

Je vous en prie… N’hésitez surtout pas à me suivre, ouvrez la première page de ce “petit“ ouvrage qui vous mènera vers de nouveaux horizons…
Je sens votre tension palpable, des doutes qui s’immiscent dans votre cœur peut-être… Allez, plus que quelques centimètres… Prenez… C’est à vous maintenant.

“Les hommes.
Entre elle et eux, un conflit éternel subsistait.
Se sentant constamment observée, traquée, elle tentait tant bien que mal de les éviter, afin de s’écarter de tout danger. Mais aujourd’hui, le danger était bien présent…”

L’écriture de David est vraiment très efficace. Il nous balade d’un univers à l’autre au gré de ses envies, mais toujours avec des textes d’une excellente qualité.
Impossible de vous dire quelle est la nouvelle qui a eu ma préférence… Toutes ont une structure et des situations tellement différentes. Beaucoup de fluidité avec cette force de vouloir nous amener à lui systématiquement… Bravo David !
Je l’ai lu en un peu plus de deux heures, et j’avoue que quelques pages de plus, n’auraient été pour me déplaire.

Sept moments de lectures très différents, qui “grattent” là où ça fait du bien et parfois soumettent à rude épreuve.
Malgré les sept couleurs de l’arc-en-ciel, c’est surtout le noir qui domine. Un peu de fantastique, on ne coupe pas aux thrillers, une pointe de magie et un suspense moite qui plane le long de chaque récit. Vous souhaitiez des ambiances sombres, vous serez servis. Mais ce n’est pas que cela !
Que peut-il bien se cacher, dans l’ombre de “La face cachée de l’arc-en-ciel” ?

Êtes-vous vraiment prêt à en subir toutes les conséquences ?

Un livre que je vous conseille…
À savourer sans modération, si vous n’avez pas peur pour vos ongles !

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Extraits :

« Les médecins sont formels. La moelle épinière est touchée. Je ne marcherai plus. Je ne bougerai plus. Pas même le moindre doigt, le moindre cil, même le visage demeurera inerte. Plus aucun sourire possible. Je suis comme un enfant abandonné qui braille dans un corps ou la flamme a décliné. Qui hurle et qui pleure, mais que personne ne se risquer à contempler. »

« Le temps s’écoule différemment ici… tout est plus long… certaines choses se répètent… et en ce moment… ta peau brûle encore dans la carcasse de ta voiture… tu souffres tellement que tu n’as simplement plus la force de hurler… car tes poumons se sont collés sous la chaleur… »

« C’est en ouvrant ce livre que tout commença. Ma première réaction fut de sourire, évidemment. Puis, au fil des pages et de cette lecture insolite, ce sourire pourtant si sûr, si… assumé, se figea en une sorte de léthargie obscure, une inquiétude perverse et un profond mal-être. C’est alors que je me remémorai ses mots : « Ne prêtez pas attention à cette situation étrange, prenez le temps nécessaire pour lire les premières pages et, uniquement après cela, faites-vous votre propre opinion. »

« La tension est palpable au bout de mes doigts rongés par l’angoisse.
Car je connais mes faiblesses.
Sous l’effet de la peur, mes genoux tremblent, ma nuque frissonne et mes dents claquent, tandis qu’un sourire qui n’a rien de plaisant s’esquisse au bout de mes lèvres sèches.
Et dans le doute…
… une lettre après l’autre…
… à nouveau…
… s’inscrivent…
… hésitant…
… ces mots :
Chapitre sept »

 

 

David Ruiz Martin est né le 01.12.1978 à Madrid, Espagne. C’est à l’âge de quatre ans qu’il part vivre en Suisse.

Issu du domaine de la construction, David Ruiz Martin, menuisier de formation, n’a suivi aucun parcours littéraire.

Autodidacte et touche-à-tout, ce passionné de cinéma et de littérature débute, vers vingt ans, son parcours d’auteur, dans l’ombre et à l’insu de tous, avec quelques nouvelles qu’il garde pour lui encore à ce jour. Puis, durant près de dix ans, seule sa femme est mise dans la confidence de sa passion. C’est à l’âge de trente-deux ans qu’il se lance dans l’écriture de son premier roman, “Le syndrome du morveux”, thriller autoédité, qui surprend son entourage, suivi d’un second, “Que les murs nous gardent”, roman d’épouvante, l’année suivante. Fort d’un accueil enthousiaste, il prend plus de deux ans afin de peaufiner un troisième, “Je suis un des leurs”, une histoire le tenant particulièrement à cœur depuis de nombreuses années, prenant au dépourvu ses lecteurs tout en se dévoilant davantage, en leur offrant un roman personnel et qui colle à ses racines.

Depuis le succès de son premier roman, David Ruiz Martin se laisse du temps afin de mettre sur papier les histoires qui germent dans son esprit.

David Ruiz Martin est marié et vit à Cressier, en Suisse.

Émotion, Drame, Psychologie

J’aurais aimé te dire

de Blandine Bergeret
Broché – 30 mars 2022
Éditions : Les Editions de l’ArtBouquine

Dijon. Sophie, dix-huit ans, voit sa vie brusquement bouleversée. Vingt ans plus tard, la maladie fait son apparition. L’occasion pour Sophie d’écrire à son fils, Martin, et de lui narrer leur vie. À deux, et à trois avec la voix de Madeleine, leur voisine et grand-mère de substitution, la mémoire des années après-guerre, qui vient s’intercaler dans les lettres de Sophie. Des anecdotes, des questionnements, des joies, des désillusions. Deux femmes, deux générations, deux écoles de vie, Martin au centre et un drame qui s’immisce au présent.

 

 

C’est avec beaucoup d’émotion que je termine le second roman de Blandine Bergeret.
Ohhh… Cette dernière lettre…
D’ailleurs, c’est tout le livre qui m’a mis dans un drôle d’état. Mais cette dernière lettre.

Par où commencer ?

Tout d’abord, en fin de lecture, je me pose plusieurs questions.

  • Mais où Blandine a-t-elle puisé autant de tristesse ?
  • Comment a-t-elle eu cette idée de roman, et d’où est venue cette construction si particulière, si rythmée ?
  • A-t-elle vécue, elle-même ou des proches, cette situation si pesante ?
  • Et comment se remet-on d’une telle expérience ?

On sent que chaque mot, chaque phrase, chaque idée est longuement pesée… étudiée avec beaucoup de finesse avant de nous être “offerte”.
J’ai pris ce récit comme ça. Comme un cadeau que Blandine me faisait. Un cadeau longuement réfléchi évidemment, qui nous montre une voie qui nous fait peur, que l’on ne veut surtout pas voir, une vie que l’on ne souhaite à personne.

“J’aurais aimé te dire” est un roman choral qui se décline à trois voix.
– La première, des lettres que Sophie écrit à son fils Martin. Elle commencera en 2010, et pendant un an, fera défiler plus de vingt ans de leur vie.
– La seconde, un journal tenu par Madeleine une voisine, devenue “la” grand-mère de substitution de Martin. Elle décrit sa vie, ses envies, ses enfants, ses chagrins.
– Et enfin la troisième. Une succession froide, rigide et scientifique, de dates, de rendez-vous, de résultats d’examens médicaux… Mais qui est donc la personne concernée ?

C’est ainsi que toute leur vie va se dérouler en alternance sous nos yeux.
Sous mes yeux, qui ont eu du mal à y croire, qui auraient tellement voulus que les choses se déroulent autrement, que ces drames n’ai jamais eu lieu.
Sophie. Très tôt orpheline, suite un accident de la route où ses parents se tuent, éternelle maman qui se découvre, qui tâtonne, qui apprend, ne renonce jamais et mène un combat quotidien pour protéger Martin, né de père inconnu.
Madeleine. Elle, vient d’un autre temps, d’une autre époque. Ses parents ont vécu la guerre. Dans sa fratrie de neuf frères et sœurs, ils n’ont pas eu le temps de se poser trop de questions. Il fallait avancer, travailler, nourrir, élever, punir quand ils ne marchaient pas droit. C’est cette éducation aux idées bien arrêtées qu’elle transmet à Martin. Pas facile tous les jours, mais pas méchante non plus. Elle soutient Sophie, et ce, sans jamais rien demander en retour.
Les ressentis de Martin m’ont manqué. J’aurais aimé savoir ce qu’il avait en tête, qu’elles étaient ses envies au fur et à mesure de son évolution, de son éducation…
Deux femmes, trois générations, trois destins qui s’entremêlent sur un peu plus de deux cent cinquante pages, mêlant présent et passé, trois destins qui ne demandent qu’à vivre…

Un livre bouleversant à tous niveaux. Un style concis et précis qui ne supporte pas l’a peu prêt. Je n’ai pu qu’admirer le courage, la pudeur de Sophie, personnage central de tous ces destins croisés. L’amour d’une mère n’aura jamais aucune limite…

Tout simplement, merci Blandine pour tes mots…

À lire absolument !

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Extraits :

« 1er janvier 2010
Maux de tête
Migraine
Céphalées
Quel que soit le terme, la douleur est là
Omniprésente
Elle frappe tel un tambour
Sur le front
Les tempes
Les yeux pétris de douleur ne forment plus qu’un interstice plissé pour empêcher la lumière d’entrer »

« Sans être naïve, à aucun moment, je n’avais songé à cette éventualité. Mon cerveau était sans doute submergé pour que l’idée n’affleure à sa surface. Pendant un an, sans précaution aucune, j’ai couché avec pléthore de type. Des jeunes, des moche, des vieux, des gars traînant dans la rue, des dépressifs, des basanés. Peu importait le style, l’accoutrement, la propreté. Je voulais du sexe masculin. Je me servais dans la rue. Les hommes n’étaient pas farouches. Je ne l’étais pas non plus. Je me suis vautré dans l’alcool et le sexe. »

« J’aimais m’observer nue dans le miroir du couloir. Mes formes s’arrondissaient. La peau tendue, l’abdomen proéminent, Madeleine m’avait prédit une fille Régulièrement, elle m’offrait des vêtements qu’elle tricotait pour ta naissance. Bonnet. Chaussons. Barboteuses. Brassières. Dans des tons de rose et mauve. Elle me tenait compagnie. Me racontait son enfance, sa jeunesse, post-seconde guerre mondiale. »

« Tu es né dans la douleur. Des pleurs plaintifs, tels des miaulements, ont pris la relève de mon ultime hurlement. Animal. Viscéral. Guttural. Pas de péridurale. Le col n’était pas assez ouvert, je n’ai pas pu en bénéficier. »

« Les changements sont apparus insidieusement pour, à la cinquantaine, s’installer de façon permanente. J’ai pris du poids, des bouées accrochées à mes hanches avec une silhouette digne d’une bouteille d’Orangina. J’avais alors constaté mon invisibilité aux yeux des hommes, moi qui les avais toujours fait se retourner sur mon passage. Je m’étais empâtée, la peau de mon visage s’était relâchée, mes paupières affaissées. Je me souviens de mon moral en Berne, de mes sautes d’humeur que personne ne comprenait à la maison. J’étais irritée, mon impatience exacerbée, tout m’agaçait, en particulier les enfants, alors adolescents, qui se fichaient bien de moi, de mes hormones et de ma chute inexorable. »

 

 

Formatrice pour de grandes entreprises, Blandine Bergeret consacre maintenant son temps à l’écriture. “J’aurais aimé te dire” est son second roman après le succès de “Elle voudrait des étoiles, des étincelles et des papillons verts dans ses cheveux”.

Lectrice à mes heures perdues et auteure de 2 romans aux éditions de l’ArtBouquine. “Elle voudrait des étoiles, des étincelles et des papillons verts dans ses cheveux” qui a obtenu le 1er prix lors d’un appel à manuscrits (nov. 2020) et mon tout dernier, “J’aurais aimé te dire” (avril 2022).

Je rêve d’écrire depuis petite, j’ai toujours eu cette passion. Au commencement, ce fut “le secret des 12 princesses”, puis je me suis mis à écrire des nouvelles il y a une douzaine d’années avec des parutions dans des revues spécialisées. Après avoir mis en place le journal “Supply Planet” lorsque j’étais responsable logistique chez Pepsico, j’ai continué l’écriture journalistique en créant mon site internet. Repérée par deux magazines dans le domaine, j’ai collaboré à de nombreux articles et dossiers durant deux ans. J’ai enfin décidé d’accorder ma plume à l’écriture personnelle en me lançant dans un roman. Puis deux. Et le troisième est en cours.

Quand j’écris, je suis ailleurs. J’enfile les chaussures de mes personnages. Je plonge en eux. Je suis dans une bulle. Légère et insouciante.

Anticipation, Psychologie, Roman, Science Fiction, Suspense

La Guilde des Supras

de O’Scaryne
Broché – novembre 2019
Éditions : Elenya

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2066.
Une panne générale paralyse toute la planète. Les machines, usines, centrales nucléaires, appareils électriques, véhicules s’arrêtent. Le système économique planétaire est en souffrance, obligeant l’Humanité à le repenser.
Dans ce Nouveau Monde, La Guilde des Supras ― une unité composée d’hommes et de femmes dotés de capacités psychiques hors du commun ― lutte contre le crime. Des « suprasens » qui ne mettent pourtant pas à l’abri les membres de la Ligue du Grand Paris d’attaques répétées.
Toutes leurs capacités vont devoir être mobilisées pour se lancer sur la piste du coupable qui les menace, eux et leurs proches.

Quelque part entre « Soleil Vert » et « Minority Report », La Guilde des Supras est un thriller d’anticipation où les sens tiennent une place conséquente dans ce Nouveau Monde qu’est devenue la Terre !

 

2022_034_O'Scaryne - La Guilde des Supras

 

Je découvre la plume d’O’Scaryne avec ce thriller psychologique et psychique, mené tambour battant !

24 mai 2066.
14h29 (heure de Paris).
La Terre subit une panne globale. Plus rien ne fonctionne nulle part, toutes les machines sont à l’arrêt.
22h10, le même jour, tout se remet en place.
Pas la société… Elle vient de s’écrouler…

Tous les habitants de la planète sont obligés de revoir complètement leur travail, leur système économique et leur mode de vie.
Oubliées les frontières, les barrières professionnelles, les gens se donnent “ la main”. Mais petit à petit, deux tendances vont se former.
La “Sphère E” et la “Sphère A”.

La Sphère E :
La sphère écocapitaliste. Leur mode de vie est axé sur la libre entreprise, la recherche du profit, des richesses et de la réussite personnelle. Ils ont certaines obligations. Abandon définitif des énergies fossiles et une politique “zéro déchet, zéro pollution”.
Police, justice et armée restent les garants de l’ordre public.

La Sphère A :
La sphère alter-créative. Les citoyens de cette sphère ont opté pour la mise en avant des consciences humaines. La sécurité, la paix, la bienveillance, l’intelligence collective sont au cœur de leurs développements. Ils sont libres de s’installer où ils le souhaitent, sous condition de respecter le vivant et l’environnement. Chez eux, le pouvoir fait place à l’épanouissement universel.
Une Guilde a été créée. C’est elle qui veille au bon fonctionnement des échanges et de la vie. Cette Guilde est constituée de “supras”, sélectionnés, formés et triés sur le volet. Des hommes et des femmes qui ont développé leur côté psychique. Ils peuvent, soit lire les pensées des autres, se déplacer par l’esprit, communiquer dans n’importe quelle langue sans l’avoir apprise, etc… Ils sont tous dotés d’une très haute sensibilité aux forces vibratoires…

Un jour, les membres des Supras font face à des attaques de plus en plus violentes et très ciblées.
Mais qui peut bien en vouloir à cette élite bienveillante, alors qu’elle ne souhaite que la paix ?

Bienvenus dans un Paris futuriste, avec une atmosphère bien “étrange”, entièrement crée par O’Scaryne.
Je m’y suis cru !
C’est moderne, rythmé, les dialogues bien construits, l’écriture très agréable est captivante. Une enquête sans “grandes” surprises soit, mais une belle utilisation du suspense et de la psychologie pour les différents protagonistes. Plusieurs fois, je me suis cru dans un film, c’est très visuel avec une belle montée en puissance jusqu’au final, que je n’ai pas vu venir…

Personnellement, j’ai trouvé le roman trop court à mon goût. J’aurais aimé m’en prendre plus encore dans les yeux, dans la tête…
Une suite ? pourquoi pas…

J’ai passé un agréable moment lecture, et (allez, j’insiste un peu…), je ne serais pas contre retrouver tous les personnages, pour suivre leur “évolution” dans une nouvelle aventure !

Merci O’Scaryne

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Extraits :

« Le souffle et les jambes coupées, Ludmila descendit de son vélo avant d’avoir atteint le haut de la rue. Le début de la longue côte abrupte avait eu raison de ces dernières forces.
Grosse journée !
Et nuit courte en perspective puisqu’elle devait participer, dans moins de quatre heures, à une Web-conférence entre Supras de la “sphère A”. Bien sûr, elle pouvait se connecter depuis son domicile, mais elle devait être présentable : habillée et le visage débarrassé des traces d’oreiller et d’autres stigmates nocturnes décalqués sur sa peau de quinquagénaire en déficit d’élastine. L’impossible donc de se jeter sur la toile au saut du lit ! »

« Une panne générale paralysa, partout dans le monde, l’ensemble des machines, usines, centrales, appareils, véhicules… fonctionnant aux énergies fossiles. Dans la foulée, les places financières s’écroulèrent. Les bulles spéculatives explosèrent. Dommage collatéral : des faillites spontanées frappèrent les multinationales de tous les secteurs économiques et géographiques. En quelques heures, les notions de “valeur marchande” et “valeur monétaire” perdirent leur sens. »

« Elle pénétra dans la pièce où l’attendait son premier rendez-vous ; une femme de vingt-cinq ans. Quatre ans plus tôt, alors qu’elle était encore étudiante, elle avait tué un homme qui harcelait sa sœur. Son crime avait fait d’elle une atypique. La Guilde était chargée de les repérer, les arrêter puis les guérir.
Il fallait du temps, des années parfois. Mais, le plus souvent, les séances de “reprogrammation bienveillante” portaient leurs fruits. Associées aux peines de travaux d’utilité collective, elles assuraient la réinsertion sans récidive de quatre-vingt-seize pour cent des criminels. Les quatre pour cent restant, les inflexibles, étaient emprisonnés dans des stations orbitales. »

« Les deux femmes s’exécutèrent. Agenouillé devant elles, il prit une main dans chacune des siennes et se concentra pour leur transmettre un flux d’énergie sereine. Abby et Yelleen sentirent une onde apaisante parcourir leur corps jusqu’à l’intérieur de leur crâne. Leurs muscles se détendirent et elles se laissèrent porter par cette vague bienfaisante ; l’une comme l’autre se sentit enfin en parfaite sécurité ; à l’abri dans un cocon de douceur ou rien ne pouvait les atteindre. »

 

 

Sylvie O’Scaryne Vannier est romancière et nouvelliste.

Enseignante puis Directrice Déléguée aux Formations Technologiques dans un lycée public, elle est tombée dans les livres quand elle était petite au point de se dire : « Un jour j’en écrirai ! »

Le temps passe… L’envie demeure et O’Scaryne prend la plume pour des adaptations puis des créations collectives de spectacles amateurs mêlant théâtre et chant. Jusqu’au jour où elle réalise, à l’aube de son 47e automne qu’il est temps de tenter d’aller au bout de son rêve !

Elle se jette alors à l’encre et écrit son premier roman : « Au-delà des dunnes », un récit initiatique mêlant ambiance gothique et fantasy, publié en 2015 (Ed. Langlois Cécile).

En 2016, elle publie un thriller psychologique : « L’Echantillonneuse » (LC éditions). Deux de ses nouvelles sont également éditées dans les ouvrages collectifs « Super-Heros » (2014) « L’apocalypse selon Jonas » et « Dans l’ombre » (2016) « Un chant dans la lagune » publiés par Elenya Éditions.

Elle est également auteur d’une nouvelle intitulée « La clé de FAH » publiée dans le recueil collectif « Dyrméa » (Elenya Éditions, 2017).

Émotion, Psychologie, Suspense

Cent millions d’années et un jour

de Jean-Baptiste Andrea
Poche – 19 août 2021
Éditeur : Folio

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“Cette fois, pas besoin de traduction pour comprendre la loi de la montagne. Les seuls monstres, là-haut, sont ceux que tu emmènes avec toi”. Alpes, août 1954. Stan mène une carrière de paléontologue sans éclat. Il ne lui reste qu’une chance de connaître la gloire : découvrir un squelette de dinosaure qu’on dit préservé par la glace depuis des millénaires. Stan imagine alors une folle expédition et entraîne avec lui un vieux guide italien et les scientifiques Umberto et Peter. Mais l’ascension du glacier est périlleuse, surtout pour ces hommes inexpérimentés. Tandis que le froid, l’altitude, la solitude se referment sur eux, leurs fragilités affleurent, les vieilles blessures se rouvrent. L’amitié qui les lie leur permettra-t-elle de réaliser ce rêve d’enfant ?

 

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Une très belle histoire qui se lit en quelques heures…
Les chapitres sont courts, rythmés, très imagés et très poétiques.

Stan est un paléontologue. Il est persuadé qu’un dinosaure est enseveli dans les montagnes, entre la France et l’Italie.
Lorsqu’il était enfant et que ses parents n’étaient pas là, il participait avec d’autres enfants de l’immeuble à des “réunions” organisées par le vieux concierge qui leur racontait alors, de belles histoires. Un jour, il raconta à cette “société secrète aux dents de lait”, l’histoire de son dragon, dont il aurait conservé un fragment d’os !
Stan, passera alors sa vie à penser à cet animal fantastique.
À la fin de sa carrière, et toujours aussi obsédé par ce projet incroyable, de retrouver peut-être une espèce de dinosaure encore inconnue, il embarquera avec lui deux autres scientifiques et un vieux guide.
Mais là-haut, tout n’est pas si simple. Engagés dans cette expédition improbable, les trois hommes et leur guide vont vivre un huis-clos qu’ils n’imaginaient pas.

Jean-Baptiste Andrea, encore une fois, a l’art de sublimer l’histoire grâce à ses mots. Il m’a embarqué et je n’ai pu m’arrêter jusqu’à la dernière ligne.
C’est un récit plein de poésie. Rêves de reconnaissance et souvenirs d’enfance se mêlent dans ce roman sur fond de montagnes enneigées. La psychologie des personnages est finement développée, leurs sentiments, leurs expériences et leurs émotions aussi, dans cette recherche d’un animal mythique, née du rêve d’un enfant maltraité par un père violent.

Un roman qui m’a enchanté, transporté, et ému, au cœur duquel la nature joue un rôle important.
Je pense que “Cent millions d’années et un jour” fait partie de ses romans, qui se relisent avec plaisir…

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Extraits :

« J’oublierai bien des choses, c’est inévitable, jusqu’à mon propre nom peut-être. Mais je n’oublierai pas mon premier fossile. C’était un trilobite, un petit arthropode marin qui n’avait rien demandé à personne quand mon existence percuta la sienne un jour de printemps. Une seconde plus tard, nous étions amis pour la vie. »

« Elle chuchota pour ne pas que ses parents l’entendent. Quand les adultes n’étaient pas là, le vieux concierge réunissait les enfants de l’immeuble, les encerclait dans la lumière de l’unique ampoule de la cave et leur racontait des histoires. La plus appréciée de cette société secrète aux dents de lait, c’était celle de son dragon. »

« Je n’allais pas me laisser escroquer par une bande de bouseux. Parce que les bouseux, je connaissais bien, j’en étais un. Je savais, moi aussi, comment truquer une balance les jours de marché en lestant les plateaux, enlever un fruit ou deux au moment d’emballer. »

« La prochaine fois que l’aube me secouera, je n’ouvrirai pas les yeux. C’est un piège. L’aube ment à ceux qu’elle réveille, à l’homme d’affaires, à l’amoureux, à l’étudiant, au condamné à mort et, oui, au paléontologue aussi. Elle nous remplit d’espoir pour mieux nous décevoir. Le crépuscule, plus vieux et plus sage d’une journée, m’a fait la leçon : j’ai été bien naïf de la croire. »

 

 

Jean-Baptiste Andrea est né en 1971. Il est écrivain, réalisateur et scénariste. Ma reine, son premier roman, a été récompensé par de nombreux prix, dont le prix du Premier Roman et le prix Femina des lycéens en 2017. Depuis, Jean-Baptiste Andrea a publié Cent millions d’années et un jour ainsi que Des diables et des saints, pour lequel il a reçu le Grand Prix RTL-Lire 2021.

Émotion, Drame, Psychologie, Romance

Et puis au pire on s’aimera

de Thierry Cohen
Poche – 10 février 2022
Éditeur : Mon Poche

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Ça commence comme une belle histoire d’amour. Du genre… à l’eau de rose. D’ailleurs, le roman débute par une rose déposée sur le palier d’Alice, trentenaire rongée par la solitude. Il y a du mystère également, car la dite Alice ignore qui lui envoie des fleurs et lui offre de belles déclarations. Une situation romantique à souhait mais qui peut également paraitre… quelque peu inquiétante. Tout prend donc la forme d’une comédie romantique pleine d’humour et… de doutes. Entre les copines du travail, heureuses de voir Alice ainsi courtisée, et son directeur, pressé de la licencier, Alice passe par des émotions contrastées qui la rendent tour à tour heureuse, désespérée, charmée, affolée. Tant de bouleversements dans une vie monotone sont fantastiques et perturbants à la fois. Ne sont-elles pas nombreuses, les âmes seules qui rêveraient d’être emportées par un mystère aussi romantique ? Jusqu’au jour où… ça dérape. Où le rêve devient cauchemar. Où, comme dans les cauchemars, le pire ne se révèle jamais sous la forme attendue.

 

2022_022_Cohen Thierry - Et puis au pire on s'aimera

 

Alice a la trentaine, elle est très timide et n’a aucune confiance en elle.
Elle est très belle, mais, n’a aucune conscience de ses qualités et de ses compétences. Professionnellement, elle est appréciée, mais en dehors de son travail, elle passe presque toutes ses soirées avec sa voisine, Sandrine, qui est une amie fidèle et très attachante. Alice vit dans une routine. Sa routine, dans laquelle elle se sent comme dans un cocon. Mais, un matin, alors qu’elle sort de chez elle, Alice trouve une rose devant sa porte.
Le “grain de sable” qui va faire chavirer son quotidien !

C’est le premier roman de Thierry Cohen que je lis et j’avoue avoir été très surpris par son écriture. J’ai vraiment eu l’impression que le roman était écrit par une femme tant il est juste sur le fonctionnement des relations. C’est assez incroyable. J’ai aimé aussi la façon dont il dénonce les aspects les plus pervers de notre société avec beaucoup de psychologie.
Alice bien sûr, m’a beaucoup touchée et je me suis vu parfois en elle…

Il y a pas mal de mystères dans ce roman, chaque chapitre est raconté par un personnage différent, et les personnages sont très bien développés que ce soit chez les hommes ou les femmes.
Avec beaucoup de suspense et de psychologie, une certaine pression monte tout le long du récit, et je me demandais comment cette comédie romantique pouvait-elle tourner au tragique. Au final, un excellent dénouement auquel je ne m’attendais pas du tout !
C’est très fort… Alice va être acculée, dos au mur, face à l’un de ses pires cauchemars.
Heureusement, elle n’a pas dit son dernier mot.

Une agréable surprise !!!
Un grand merci à Virginie et aux Éditions “Mon poche”, de m’avoir permis de découvrir Thierry Cohen, que je ne manquerai pas de suivre…

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Extraits :

« À défaut d’être la réalisatrice de mon existence, je me suis toujours contentée d’en générer la bande-son. Chaque moment de mes journées est accompagné d’un refrain, d’un couplet mixé par un DJ planqué au fond de mon cerveau. Des paroles et une musique qui surfent à la surface de mes émotions pour leur donner un sens plutôt que me laisser les mystifier ou les ignorer. »

« Je reçus l’information comme une gifle. J’allais être virée ! Des images et des questions surgirent aussitôt dans mon esprit, comme brutalement réveillées par la sirène de mes peurs, s’entrechoquèrent et obstruèrent toute ma capacité de raisonnement. Que ferais-je sans emploi alors que la crise offrait si peu d’opportunités d’embauche ? Comment payer mon loyer ? Combien de temps tiendrai-je avec mes maigres économies ? »

« C’est vrai, Alice n’était pas l’assistante la plus éclatante de cette boîte. Sa timidité, sa réserve, ses tenues has been, sa démarche bizarre et son incapacité à participer à la vie sociale de l’entreprise n’en faisaient pas une personne dont on aspire spontanément à devenir l’amie. Mais doit-on s’arrêter aux apparences ? Professionnellement, elle était sans doute l’assistante la plus compétente et la plus consciencieuse. Et, d’un point de vue humain, elle était… touchante. »

« Les hommes sont des cons, Alice. La plupart tout au moins. Ils ne comprennent rien à la sensibilité des femmes, à leurs attentes. Ils se comportent comme des adolescents immatures. Parce qu’ils le sont. Ils jouent simplement à être des adultes. Regardez-les au travail s’enivrer de leurs petits pouvoirs. Regardez-les au volant s’énerver, tenter d’accélérer pour gagner une place. Incapables de vraies conquêtes, ils sont en quête de minuscules victoires, de marques de respect. Des cons, je vous dis. »

 

 

Thierry Cohen est un écrivain français. Il est l’auteur de 10 romans, il vit à Lyon, marié et père de 4 enfants.

Son premier roman, J’aurais préféré vivre a obtenu le Grand Prix Jean d’Ormesson en 2007, prix récompensant un roman pour sa capacité à défendre la langue française. Il a connu un grand succès et a été traduit en 15 langues. Le roman traite du suicide chez les jeunes selon une approche originale, entre l’histoire d’amour et le thriller psychologique.

Thierry Cohen a ensuite écrit des romans aux thématiques variées dont le ressort est toujours profondément humain et fort en émotions.

J’aurais préféré vivre, Plon, Pocket 2007
Je le ferai pour toi, Flammarion, 2009
Longtemps, j’ai rêvé d’elle, Flammarion, 2011
Si tu existes ailleurs, Flammarion, 2012.
Si un jour la vie t’arrache à moi, Flammarion, 2013.
Je n’étais qu’un fou, Flammarion, 2014.
Avant la haine, Flammarion, 2015.
L’Académie des âmes abimées, Plon 2017.
Et puis au pire on s’aimera, Plon, 2019
Rien ne nous séparera, Plon, 2022

Thierry Cohen est également fondateur de l’association Noël Ensemble dont la vocation est de réunir juifs et musulmans pour offrir un réveillon de Noël aux personnes âgées sans famille et et sans moyens.