Amour, Émotion, Drame, Suspense

Suite en do mineur

de Jean Mattern
Poche – 16 février 2024
Éditeur : POINTS

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Robert Stobetzky a quitté sa petite librairie de Bar-sur-Aube pour un voyage à Jérusalem. Son neveu le lui a offert pour ses cinquante ans. Il se maudit d’avoir accepté. Il préfère le calme aux groupes de touristes. Perdu dans les rues de la ville, il reconnaît la silhouette d’une femme qu’il a passionnément aimée vingt-six ans plus tôt. Souvenir qu’il était parvenu à éloigner grâce à la lecture et à la musique. Mais le fantôme de Madeleine ravive en lui la mémoire d’autres disparus.

« Un roman délicieux et triste qui en dit long sur le sens la vie. »
Libération

 

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Pour ses cinquante ans, Robert Stobetzky est parti faire un voyage organisé en Israël.
Dieu sait qu’il n’avait pas du tout envie de ce voyage, mais c’est son neveu Émile qui a payé, et s’est occupé de tout, Robert n’a pas voulu lui faire de peine…
À Jérusalem, les touristes se prennent pour Jésus, Mohamed ou un autre prophète. Dès sa première sortie, il perd le groupe avec lequel il a quitté l’hôtel. Soudain, en déambulant dans les rues étroites, il est persuadé de l’avoir reconnue dans la via Dolorosa. Vision furtive, mais il est sûr que c’était bien elle, Madeleine. Comment faire pour la retrouver avec toute cette foule ?

Vingt-six ans qu’il ne l’a pas revue.
Trois semaines de bonheur intense, puis une séparation brutale qui laisse Robert complètement dévasté. Juste un petit mot avant de le quitter, “Tu comprendras un jour, sois heureux”.

Suite en do mineur, c’est l’histoire de cet homme défait, incapable de se reconstruire, et là, vingt-six ans plus tard, tout lui revient à l’esprit. Pourquoi ?
Lorsqu’il décide des années plus tôt de prendre des cours de musique, c’est par le violoncelle que Robert est attiré. Son professeur, Johann, qui deviendra son ami, disparaît aussi du jour au lendemain.
Le seul plaisir que la vie lui a offert, c’est ce lien qu’il est arrivé à construire avec son neveu Émile, avec qui il nouera une relation très profonde autour de la littérature, et qui vient lui donner tous les samedis un coup de main dans sa librairie. La vie de Robert est difficile et pèse sur ses épaules…

Je découvre Jean Mattern avec ce roman particulièrement sensible.
Alors qu’habituellement, je n’aime pas spécialement les phrases trop longues dans les romans, ici au contraire, elles se justifient, et donnent véritablement un sens au récit, accentuant même une certaine tristesse présente dans tout le récit. Je me suis laissé porter et Jean est arrivé à m’emmener dans son histoire triste et agréable.

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Extraits :

« Pourtant j’avais fait la paix avec l’idée de ne jamais la revoir, pourquoi alors cette brûlure, sans raison ni logique, une silhouette qui envahit mon champ de vision sans crier gare et qui devient la seule chose que je vois, sans possibilité d’y échapper, la conviction immédiate que c’est elle, comme si je l’avais reconnue avec certitude alors que mon esprit naviguait au large, en écoutant vaguement notre guide, mais l’image avait déjà pris toute la place en effaçant le reste. »

« Deux jours après, sa remarque me revint en mémoire et me ramena presque trente ans en arrière.
Brutalement. Était-ce parce que j’avais aperçu – ou cru apercevoir – Madeleine sur la Via Dolorosa la veille ? En tout cas, la phrase de mon nouveau meilleur ami Albert Benquelquechose réveilla le souvenir de ces paroles définitives prononcées par Madeleine quelques heures avant son départ pour Lyon. “Tu es juif. Je suis catholique. Ça ne peut pas marcher.” J’étais abasourdi, en colère, scandalisé. J’ai été dans une telle rage pendant trois jours que cela me fit oublier mon chagrin. Ne croyant pas une seconde à cette affirmation qui, pour moi, cachait un “Tu es pauvre. Je suis riche” qu’elle n’osa pas prononcer, mais, à ce jour, je ne sais pas si elle pensait vraiment ce qu’elle disait, comment pourrais-je le savoir ? Madeleine coupa court à toute discussion, les larmes coulèrent sur ses joues, mais sa voix ne trembla pas. “Fais-moi confiance. Je sais de quoi je parle. Ce n’est pas possible, et ce n’est plus la peine d’en parler.” »

« La musique n’exprime pas seulement la tristesse, ou la colère, ou le chagrin, tous ces sentiments – elle y répond aussi. À écouter la mélodie presque joyeuse exécutée par la voix de la Callas, des paires de croches qui montent et descendent dans une indéniable allégresse, suivies par les violons qui nous offrent la même ligne mélodique – et ce alors qu’Orphée déplore la mort de celle qu’il aime plus que sa propre vie -, les mots de Johann prenaient enfin tout leur sens : “C’est à cela que tu reconnais les grands compositeurs. Dans une suite de Bach, dans une sonate de Schubert, dans un air de Mozart, tu peux entendre tout à la fois la détresse abyssale d’un homme en deuil et la joie voluptueuse de quelqu’un qui a été comblé d’amour. La musique, quand elle sonne juste, déplore et console en même temps, elle chante la beauté du monde et se lamente de notre solitude irréductible. L’humanité a besoin de musique, car elle seule peut faire danser notre âme.” »

 

Jean Mattern est né en 1965 dans une famille originaire d’Europe centrale.

Il suit des études de littérature comparée en France à la Sorbonne, avant d’être responsable des droits étrangers aux éditions Actes Sud, responsable des acquisitions de littérature étrangère aux éditions Gallimard, puis responsable du domaine étranger chez Grasset. Depuis octobre 2022, il est directeur éditorial des éditions Christian Bourgois.

Les Bains de Kiraly, son premier roman, a été remarqué par la critique et les libraires lors de sa publication chez Sabine Wespieser éditeur en août 2008. Le festival du premier roman de Laval l’a également sélectionné pour son prix qui sera remis au printemps 2009.

Dans chacun de ses livres, la question de la transmission
occupe une place prépondérante :
De lait et de miel (2010),
Simon Weber (2012),
Le Bleu du lac (2018),
Une vue exceptionnelle (2019)
Suite en do mineur (2021),
Les Eaux du Danube (2024) est son septième roman chez Sabine Wespieser éditeur.

Aux éditions Gallimard il a également publié un roman,
Septembre (2015), qui reçoit le Prix des Lecteurs du Salon du Roman Historique 2015 de Levallois, ainsi qu’un essai,
De la perte et d’autres bonheurs (2016), dans la collection « Connaissance de l’Inconscient ».

Émotion, Historique, Philosophique

Ainsi naissent les étoiles

de Laurence Orsini (Auteur)
Broché – 24 janvier 2020
Éditeur : Independently published

Yé-Zu et Maï-Li, nobles chinois du premier millénaires perdent leurs titres et leurs terres confisqués par l’Empereur. Forcés à l’exil, ils fuient à travers les plaines de la Mongolie, jusqu’à Jérusalem. De leur amour naîtra une légende éternelle. Mais la vérité est-elle ce que l’ont croit savoir ?

 

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Bonjour à toutes et à tous…

Après “Les hommes-charbon” et “Tout commence par un rêve”, “Ainsi naissent les étoiles” est le troisième roman de Laurence Orsini que je lis. C’est à chaque fois le même plaisir.
Loin, très, très loin des livres que je lis régulièrement.
Laurence nous offre, un mélange de douceur et de philosophie, tout en conservant des scènes d’action, de combat et beaucoup de sujets graves et pesants.

Laurence a frappé fort et juste.
Elle m’a touché au cœur, dans ce conte initiatique qui débute en Chine pour s’achever à Jérusalem. Ses personnages sonnent juste, ils nous parlent d’amour, de justice, et les références bibliques sont nombreuses.

Avec ce roman, que je trouve encore plus travaillé que les autres, Elle nous conte avec fluidité et richesse une histoire que tout le monde connait déjà.
Mais ce qui m’a vraiment plu et étonné même, c’est la façon dont elle s’est appropriée “l’Histoire”.
Tel un chanteur qui interprète une chanson avec ses tripes en la revisitant, Laurence à fait la même chose, en puisant au fond d’elle-même, “Sa” touche personnelle.

Très vite, je me suis rendu compte que le nom du héros “Yé-Zu” n’était pas anodin. Tous les éléments s’imbriquent parfaitement, et le sujet est très bien maitrisé.
Je me suis laissé porter à travers ce voyage rempli de péripéties. Avec des personnages hauts en couleurs, et même une intervention des Amazones.
Véritable épopée à travers les paysages de la Chine puis de la Mongolie, en passant par le Liban, l’Égypte pour finalement arriver à Jérusalem…

Amour, tolérance, et respect prennent ici en toute “simplicité” la place qu’ils méritent…
Je n’en dirai pas plus, de peur de trop en dévoiler, mais je me demande encore pourquoi un tel type de récit a du mal à trouver des éditeurs.

On ne peut pas rester insensible…
Ainsi naissent les étoiles ? Peut-être effectivement que c’est le cas…

Laurence Orsini, mérite amplement d’être diffusée à une plus grande échelle !

PS. Par contre, un petit bémol pour la présentation.
La couverture signée par Éléa (sa fille), est très belle, mais malheureusement la calibration et la mise en page du livre ne sont vraiment pas à la hauteur de ce récit, c’est dommage.
Une telle histoire mérite un écrin à sa juste valeur…

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Extrait :
« Il lui sourit avec un hochement de tête. Il ferait ce qui était en son pouvoir. Il ne pouvait plus supporter l’injustice. Dépassant la foule amassée, il entrevit enfin à l’intérieur du temple. Les religieux tenaient un procès contre une jeune femme. Elle semblait à peine plus jeune que Maï-Li. Ses cheveux auburn tombaient en désordre dans le dos. Elle était en pleurs, visiblement effarée d’être victime de la vindicte populaire. Un vieillard s’époumonait à ses côtés, face au religieux. « Qu’on la lapide en place publique, c’est la loi », hurlait-il. Sans qu’il n’y ai prêté attention, le silence s’était fait à l’instant même où Yé-Zu était apparu avec ses compagnons. Les religieux semblèrent un instant courroucés de le trouver devant eux. L’un d’eux le héla avec hargne, voulant le prendre en faute. »

 

 

Laurence Orsini est une auteure française d’origine vietnamienne. Après une enfance tumultueuse, elle poursuit des études de lettres. Elle vit ensuite de petits jobs et devient tour à tour cuisinière, serveuse, photographe, secrétaire, et ce afin de faire vivre sa famille. Revenue changée de Guadeloupe où elle était partie vivre avec sa fille aînée, elle décide de tout plaquer pour se consacrer à sa passion, la littérature.