Émotion, Philosophique, Poésie

M.

de Alain Cadéo
Broché – 6 mars 2023
Éditions : Cahiers de l’Égaré

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IL Y A LONGTEMPS, Alain Cadéo accompagna à voix haute et en mots couchés sur le papier, le voyage utérin du fœtus offert par la Vie. Le ciel au ventre, fut le titre fabuleux de ce récit. Aujourd’hui, tiré d’un tiroir, M. est le titre du récit offert par Alain Cadéo à la femme porteuse, la femme aimée, unique-multiple, singulière-plurielle. Traversé et passeur d’un dire “au-dessus”, lui est offert cet énoncé inouï : Aimer c’est goûter du bout des lèvres, du bout de la langue pour voir “quel goût ça a” cette peau et cette âme d’une adorable étrangeté.
L’éditeur

 

• Couv_Cadeo Alain - M.

 

Qui est Alain Cadéo ?
Dans ce court texte plein de mystères, l’homme poète-écrivain se dévoile un peu… Beaucoup.
C’est à nous poètes-lecteurs de prendre, de voir, d’entrevoir parfois les messages qui vibrent et flottent grâce à une musique que tous n’entendront pas.
Relâché, on doit l’être.
Ouvert, il faut l’être pour percevoir, ressentir le cadeau que nous offre l’auteur…

Un hommage à une femme, pas à n’importe quelle femme, à la femme aimée.
Un hommage avec les mots de tous les jours qui trouveront ici une place sublimée. Toujours en profondeur, ils restent malgré tout chargés de pudeur.
Je me retire et m’incline devant le maestro… je ne suis qu’un poète-lecteur…

Alain Cadéo, a encore une fois agrandi mon horizon, a fait briller mon esprit !

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Extraits :
« Qu’y a-t-il en effet de plus admirable, de plus exaltant qu’un être différent, autre chose, une autre terre à contempler que la sienne ? Mais souvent nous pensons : “ce qui ne fonctionne pas comme moi, m’agace ou m’indiffère…” alors que nous devrions toujours nous demander : “Pourquoi celui-là ou celle-là se comporte-t-il ainsi ? Que dois-je comprendre ? Que me permet-il de découvrir ?” »

« Allez, souviens-toi petit… Dans ce monde, il y a si longtemps, ta mère te regardait… Et l’œil bleu savourant ta naissance caressait ta peau de nouveau-né. Le frémissement des premiers vents glaçait ton corps fripé couleurs d’argile rouge. C’est que tu descendais, dégringolais serait plus juste, de notre éternité, te souvenant à peine d’un lieu tenu secret contenant le Savoir, une insensée béatitude. »

« Quelle drôle d’écriture ! C’est que dans mon état, on n’a pas le cœur à faire des phrases, on ne cultive pas la logique, on n’a pas envie de faire de la littérature, on laisse venir, ça fait du bien, ça t’occupe les doigts et le bout de cervelle qui te reste. Tu peux pas réfléchir. Je vous l’ai dit, c’est comme de l’ivresse. Pourtant je ne carbure qu’à la vitamine C, et naturelle en plus. »

« Revoir sa vie, kaléidoscope, fragments, bribes, mais le to “habité”. Tu comprends : “habité”. Couleurs, odeurs, touchers, musiques, moments du cœur, le tout “vivant”. Tu comprends : “vivant”. Tu ne t’en rendais pas compte lorsque tu les vivais ces moments et cependant tu les vivais, à un point tel d’ailleurs que tout sans cesse te revient dans ce présent comme immuable. »

 

Alain Cadéo est l’auteur de nombreux ouvrages (nouvelles, romans, textes, pièces de théâtre), dont “Stanislas” (1983), premier prix Marcel Pagnol 1983 ou encore Macadam Epitaphe (1986), Plume d’Or Antibes et Prix Gilbert Dupé.

Après avoir été notamment publié par Mercure de France, il est depuis 2018 publié par les Éditions La Trace.

Il vit à Évenos, en Provence.

Mayacumbra
https://leressentidejeanpaul.com/2020/02/26/mayacumbra/

Confessions (ou les spams d’une âme en peine)
https://leressentidejeanpaul.com/2021/06/03/confessions-ou-les-spams-dune-ame-en-peine/

Arsenic et Eczéma
https://leressentidejeanpaul.com/2022/05/06/arsenic-et-eczema/

L’homme qui veille dans la pierre
https://leressentidejeanpaul.com/2022/09/08/lhomme-qui-veille-dans-la-pierre/

Adolescence, Émotion, Humour

Je ne suis plus inquiet

de Scali Delpeyrat
Broché – 14 octobre 2020
Édition : Acte Sud

 

De l’histoire de ses grands-parents échappés aux rafles du Vel d’Hiv aux voix enregistrées dans le métro, en passant par un cadeau de Noël décevant, ou par les femmes qu’il n’a pas réussi à aimer, Scali Delpeyrat, dans ce récit à la première personne, drôle et tendre, se raconte en toute intimité. Et si tout cela n’était que l’histoire d’un père qu’on a aimé bien plus qu’on ne l’avait pensé ?

 

 

 

J’ai pris ce petit livre comme un “cadeau”, une pose, un moment de lecture qui, pour moi a ralenti le temps… Impossible de résumer cette compilation d’idées et de réflexions qui vous fera passer par tout type d’émotions.
C’est drôle, c’est barré, c’est touchant… C’est la vie quoi !

Brouillon ? Oh que non !
Certaines vous feront réfléchir, d’autres vous feront rire, et d’autres encore nous recentreront sur notre condition humaine, et oui, “On est bien peu de choses sur cette terre !” Qui ne s’est jamais posé ce genre de questions, qui n’a jamais vécu ces scènes dans son quotidien ?

Apparemment, il n’y a pas de lien entre les textes, mais très vite, vous trouverez ici et là, des réminiscences, des idées floutées qui s’affineront et finalement, vous aiguilleront vers de “vrais” liens entre certains d’entre eux.

“Je ne suis plus inquiet”, c’est ça !
Ce sont des tranches de la vie de Scali, ses grands-parents juifs, son père, son enfance, le Sud-ouest, des questionnements souvent, des réponses parfois, et toujours avec une légèreté truffée d’humour. C’est mélancolique et ça déborde d’amour.
C’est aussi un livre que je ne rangerai pas, un livre qui restera à portée de main. Un livre où je pourrai de temps en temps “re-piocher” certaines scénettes tout en souriant, en sachant que la réflexion ne sera jamais loin… Je repenserai aussi à Scali, à son sourire, sa bonne humeur, ses chansons…

Un livre, pour les doux rêveurs, les décalés jamais pressés, mais aussi pour les curieux inassouvis, qui comme moi se posent continuellement des questions…

Une belle découverte, qui mérite une transmission écrite et pourquoi pas orale !
Personnellement, je ne vivrai plus jamais les “transports publics” de la même façon…

Merci Scali.

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Extraits :

Amoureux.
« À l’âge de quatre ans, je suis tombé très amoureux d’une fille de ma classe à l’école maternelle. J’adorais la regarder dans la cour de récréations. Je pensais beaucoup à elle. Je rêvais d’elle chaque nuit. Le jour où j’ai appris que mon état s’appelait “être amoureux”, j’ai dit à ma mère “Maman, je suis amoureux d’une fille à l’école”. Ma mère m’a demandé son prénom et pour la première fois, j’ai dit à voix haute le prénom de celle dont j’étais amoureuse, “Malika !“. Je l’ai dit avec tout l’enthousiasme dont j’étais capable “Malika !”. Je croyais qu’entendre le prénom de cette petite fille déclencherait le même enthousiasme chez ma mère mais elle eut un fou rire nerveux, “Malika ? Et ben… C’est ton père qui va être content”. »

N’importe quoi.
« À table, devant le journal télévisé, mon père exprimait souvent ses opinions politiques. Il commençait par dire “moi si j’étais à la place de tous ces mecs au gouvernement”. En suite de quoi il dévoilait ses mesures pour sauver le pays de la faillite. Par exemple, “je forcerais les grévistes à travailler”. Ou bien, “je bloquerais les importations”. Ou bien encore, “je rendrais obligatoire le travail pour les chômeurs”. Ou bien aussi, “j’interdirais qu’on expose dans les musées des mecs comme Picasso”. »

Le vigile indifférent.
« Je voulais m’acheter un pull en cachemire dans un grand magasin dont l’entrée principale était gardée par un vigile. Je n’ai jamais été réfractaire à ce dispositif de sécurité, aussi quand le vigile m’a demandé d’ouvrir mon sac, je me suis exécuté avec la meilleure volonté du monde. Mais une fois mon sac grand ouvert le vigile n’a pas pris la peine de regarder à l’intérieur. Il m’a fait un vague signe de la main pour m’inviter à entrer dans le magasin. Au lieu d’obtempérer, je lui ai dit “Pardon, mais vous n’avez pas regardé dans mon sac”. Il m’a d’abord gentiment répondu “Oui, c’est bon monsieur, vous pouvez passer”. J’ai donc insisté, “À quoi ça sert de faire ouvrir les sacs si c’est pour ne pas regarder à l’intérieur ?”. Le vigile a commencé à s’impatienter, ”Allez ça va, vous entrez maintenant”. C’est probablement l’injonction impérative qui m’a fait perdre toute mesure. Je me suis entendu lui répondre “Certainement pas ! Je ne vais jamais entrer dans un magasin que vous, Monsieur, vous surveillez ! Faudrait être dingue ! Ça peut péter d’une minute à l’autre, là ! Moi, je me barre ! Je me barre”. Et je suis parti comme un fou, renonçant à mon pull en cachemire. Plus je m’éloignais du grand magasin plus je sentais monter en moi la culpabilité. Pourquoi avais-je été aussi agressif envers ce pauvre vigile ? »

 

 

Scali Delpeyrat est comédien, auteur et metteur en scène.
Il est un ancien élève du Conservatoire national supérieur d’art dramatique de Paris.
En parallèle de sa carrière d’acteur, il écrit et met en scène des spectacles et des performances de théâtre, ainsi que des récits.
Avec sa compagnie théâtrale Le bel établissement, il monte et adapte ses textes. Homme de théâtre, mais également de cinéma et de télévision, Scali Delpeyrat est de ces acteurs qui s’invite régulièrement sur nos écrans.
En 2016, il rejoint le casting de la série politique « Baron noir » diffusée sur Canal+. Il tient le rôle de Martin Borde, secrétaire général de la présidence de la République.

« Je ne suis plus inquiet » (2020) est son premier récit littéraire d’auto-fiction publié. Un récit sincère et intime sur sa propre histoire et celle de sa famille.