Olivier Norek
Poche – 23 mars 2023
Éditeur : Pocket

Le grand retour du capitaine Coste.
Une île de l’Atlantique battue par les vents, le brouillard et la neige.
Un flic qui a disparu depuis six ans et dont les nouvelles missions sont classées secret défense.
Sa résidence surveillée, forteresse imprenable protégée par des vitres pare-balles.
Une jeune femme qu’il y garde enfermée. Et le monstre qui les traque.
Dans les brumes de Capelans, la nouvelle aventure du capitaine Coste se fera à l’aveugle.

Hier soir a eu lieu notre soirée mensuelle du Cercle Littéraire du Château de l’Hermitage, Olivier Norek était notre invité.
Très belle soirée aux échanges nombreux et enrichissants, ce fut un moment très agréable. Malgré certains passages très durs du roman, il y a eu quand même de nombreux éclats de rire ! Olivier était tellement à l’aise que pour la première fois, notre soirée s’est terminée bien après minuit !
Mais quel bavard cet Olivier… 😂
Je l’attendais impatiemment ce septième roman d’Olivier !
Quel plaisir de retrouver Victor Coste (Code 93, Territoires et Surtensions.), Capitaine de police au groupe crime de la SDPJ dans le 93. Je m’étais longtemps demandé ce qu’il était devenu depuis la perte de l’une de ses coéquipières. Aujourd’hui, il n’est plus capitaine. Il a quitté la France et s’est exilé tout seul à Saint-Pierre, une petite île française perdue au large du Québec, dans une petite maison complètement isolé, qui chaque année est entièrement engloutie par des brumes les plus épaisses qui soient, au point de ne même plus voir sa propre main lorsque que l’on tend son bras. Dévasté par la culpabilité de la perte de sa collègue, il a du mal à reprendre le dessus et se sent complètement brisé au quotidien. Officiellement, il est à la tête de la police des frontières. Réellement, il travaille pour un programme secret défense “Protection des témoins et des repentis”. Sa maison est protégée comme un bunker et surveillée tout au long de l’année. Il interroge ainsi, dans le plus parfait isolement, des truands, des meurtriers qui se disent repentis afin de vérifier si l’État Français peut leur faire confiance ou pas.
En France, bien loin de notre ex-capitaine, depuis dix ans, dix jeunes filles ont été enlevées, victimes d’un tueur en série particulièrement insaisissable… Jusqu’au jour où un policier retrouve l’une d’entre elles vivante enfermée dans le sous-sol d’une maison d’apparence inhabitée. Elle se nomme Anna, a été enlevée il y a dix ans déjà. Elle fut la première à avoir été enlevée et violée. Les neuf suivantes furent séquestrées, violées et assassinées par le tueur. Pourquoi Anna est-elle toujours en vie ? Qu’est-ce qui la différencie des autres ?
Actuellement, complètement perdue, isolée dans son esprit, elle a besoin de soins tout particulier.
L’ancienne responsable de Coste qui était sur l’enquête a l’idée de lui confier la jeune-fille, la seule à pouvoir identifier le tueur. Elle est persuadée que les deux âmes brisées ensemble pourraient se relever !
Dès qu’ils vont se retrouver ensemble l’enquête va basculer !
Le fait d’avoir ramené Coste dans cette enquête est une excellente idée d’Olivier. Le récit est très vite addictif pour de nombreuses raisons qui s’entrecroisent tout le long du récit. Pas de temps mort, une tension psychologique constante et efficace, le lecteur n’a qu’à se lasser porter, mais attention, ça va faire mal, d’autant que la brume épaisse de Saint-Pierre ne va pas faciliter les choses, durant cette course contre la montre !
Ce récit très prenant véritable “tourne pages”, va bien au-delà d’une enquête policière !
J’ai tout particulièrement apprécié le “dérapage” de Coste… Ça fait du bien !
Est-ce que c’est mal Olivier ?
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Extraits :
« Il n’est rien de plus imparfait, de moins abouti, de plus fragile qu’un nourrisson. Il n’était pas plus grand que les peluches qui l’entouraient et son souffle irrégulier était si léger que j’avais dû poser la main sur son ventre pour le sentir s’élever doucement sous sa respiration. Au sommet de sa tête, le crâne informe n’était pas encore soudé et laissait là l’espace de la fontanelle, sans plus de protection qu’une fine membrane. J’aurais pu, si je l’avais voulu, y plonger mon doigt sans effort, comme dans un fruit mûr. »
« Plusieurs fois, Coste avait été invité à dîner, ou à boire un verre, et il avait poliment refusé autant de fois. Grâce à ses faibles efforts de sociabilisation, il avait rapidement été classé par les Saint-Pierrais comme par ses collègues, dans la catégorie des ours solitaires et traité comme tel.
On n’ennuie pas un ours solitaire. »
« On les voudrait hideux, les monstres.
Dans les villes, dans la foule, leurs démons sont invisibles. Ils nous frôlent sans que l’on frémisse. Leurs sourires ressemblent aux nôtres, on les côtoie, on les voisine, on les invite. Ils nous charment ou nous indiffèrent, car ils sont bien normaux, les monstres. Leur peau, leur voix, leurs gestes, tout en surface est identique à l’ordinaire. Mais, quelque part, une ombre s’est posée. Elle s’est nourrie silencieusement d’une blessure, d’une humiliation, d’une violence, d’une anomalie, d’une malfaçon. Elle s’est posée sur une fine craquelure qu’à coups de bec et de griffes elle a transformée en faille. Un gouffre, un piège pour la raison, et s’engendre la colère. La colère si jouissive à libérer, pour que sur d’autres se pose une partie de l’ombre. Pensant ainsi s’alléger, le monstre s’enferme et nourrit son serpent, toujours plus affamé. »
« L’avion décolla de Roissy puis traversa la France par l’ouest, passant obligatoirement au-dessus d’un bon nombre de déclarations d’amour, de crises de couple, de crises de nerfs, de portes claquées, de coups de fil embarrassés, d’explosions de joie, de parents débordés, de gamins qui refusent d’aller au lit, passant au-dessus d’un monde qui poursuivait son chemin de millions de petites choses insignifiantes et de quelques-unes forcément sublimes ou dramatiques qui remplissent les vies, sans faire cas du Boeing 777 qui le survolait, un monde qui poursuivait son quotidien comme il l’avait fait pendant les dix dernières années durant lesquelles Anna avait disparu. »
« Sur un rythme régulier, son poing s’abattit sur le visage de Sean et ne s’arrêta que lorsqu’il fut recouvert du sang du gamin recroquevillé au fond de sa cabine, défiguré, le nez cassé, une pommette brisée, les lèvres explosées, les arcades fendues, les yeux mi-clos, gonflés et tuméfiés. Il le laissa là, à moitié inconscient, gargouillant dans son hémoglobine, respirant avec difficulté. »
Engagé dans l’humanitaire pendant la guerre en ex-Yougoslavie, puis capitaine de police à la section Enquête et Recherche de la police judiciaire du 93 pendant dix-huit ans, Olivier Norek est l’auteur de la trilogie du capitaine Coste (Code 93, Territoires et Surtensions) et du bouleversant roman social Entre deux mondes, largement salués par la critique, lauréats de nombreux prix littéraires et traduits dans près de dix pays.
Avec Surface, il nous entraîne dans une enquête aussi déroutante que dangereuse. Un retour aux sources du polar, brutal, terriblement humain, et un suspense à couper le souffle.
https://leressentidejeanpaul.com/2023/10/01/surface/



Je l’ai adoré, celui-là !
J’imagine que votre soirée a dû être mémorable !
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