Philosophique, Fantastique

Tuer Camus

S.A.R.R.A. Files
de David Gruson
Broché – 18 avril 2022
Éditions : Beta Publisher

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1940/2026 : Quand Camus rencontre l’IA
Soir du 11 novembre 1940.
Albert Camus, alors journaliste pour Paris-Soir, séjourne à l’hôtel Madison à Paris.

Il reçoit la visite imprévue de Sarah, étudiante inconnue et apeurée.
La jeune fille vient se réfugier chez lui et lui apprend les événements inattendus en cours dans la capitale : au mépris de l’Occupant, un rassemblement de centaines de personnes vient d’avoir lieu Place de l’Étoile. La Gestapo sillonne déjà les rues pour traquer les manifestants.

Tout au long de cette « nuit de toutes les nuits », une relation ambigüe se noue peu à peu entre eux et amène la jeune femme à lui révéler sa véritable nature et mission : nous sauver de l’extinction qui s’annonce en 2026.

Et tout ne tient qu’en une question : Notre liberté a-t-elle plus de prix que notre survie ?

 

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Je tourne la dernière page… ainsi se termine la trilogie de David Gruson…

Le tome 1 avait été un coup de cœur.
Dense, pas un instant de répit, très rythmé, chapitres très courts. Un vrai thriller… Le récit avançait vers l’anéantissement de la vie sur Terre…

Le tome 2, où j’ai été pris à contre-pied !
Une écriture différente. Très angoissante. Entre fiction et réalité, j’étais complètement perdu. Aucune alternative positive à un futur serein !

Tome 3.
Celui-ci est très indépendant des deux précédents, mais à la fois pertinent et intéressant. Il pourrait se lire indépendamment, mais quel dommage de ne pas faire connaissance avec tous les instigateurs de ce récit. Ceux-là mêmes qui sont les piliers de la trame globale. David nous fait faire un bon, en arrière, dans le temps, un retour en 1940, une rencontre avec un personnage qui deviendra public quelques années plus tard. Albert Camus !
Le “Albert Camus” qui écrivit pendant l’occupation, “L’étranger” puis “La peste”, son récit symbolique du nazisme qui envahit Paris, un incontournable de la littérature française. L’écrivain, nouvelliste, poète et philosophe, qui s’engagea activement en faveur d’une citoyenneté mondiale, et qui élabora une philosophie existentialiste de l’absurde, résultant du constat de l’absence de sens à la vie… dans un monde qui pour lui se mourrait.

Mais que vient faire ce “personnage historique” dans mon “Thriller” ?

Seul David pouvait se permettre cette interaction incroyable. On sent sa maîtrise du sujet, sa maîtrise complète d’Albert Camus.
Un tome 3 qui pourrait se résumer en un mot. DIALOGUE, car la quasi-totalité du roman est un dialogue sur plusieurs heures, entre Sarah, l’IA venant du futur et Albert Camus, qui n’a d’autres choix que de l’écouter. Cette rencontre étonnante et fascinante, malgré une grosse surprise en début de lecture, est vivante, c’est un échange continu, très fluide, très vivant… Ils sont là, face à nous, avec leurs réparties, leurs colères et leurs doutes.
Un roman, que je ne saurais classer, ni sur sa forme unique, ni sur son fond, fantastique et historique !

David, vient-il d’inventer une nouvelle écriture ?
Une écriture qui utiliserait la vue, mais aussi l’ouïe, le toucher, l’odorat et pourquoi pas le goût…

Alors, ma liberté a-t-elle plus de prix que ma survie ?

Je vous laisse répondre à ces deux questions.
Moi, je sais !

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Extraits :

« J’ai appris que le cours de la vie n’est pas linéaire. Des périodes mornes, passives. Et puis des coups d’accélérateur, des ruptures inattendues. Ce matin-là était particulier. Tout, au-dehors, semblait ressortir de la première catégorie : une chape de plomb paraissait s’être abattue sur ce bout de France de Vichy, à l’instar sans doute de ce qu’il restait du pays dans son ensemble. Tout respirait une moite lenteur, une grise et interminable déréliction. Un temps maussade et inerte pour les Temps vieux. Mais, dans cet espace-temps suspendu, ma vie connaissait, elle, une brusque accélération. Plus de trois mois s’était écoulés depuis ma première lettre de candidature. Deux mois depuis la deuxième. Quinze jours depuis la dernière. Puis, enfin, cet appel. Et ce rendez-vous. Le service du Maréchal s’était faite attendre.»

« Tu dois me ressentir en toi, Albert, tu dois entendre mon appel. Mais je ne puis rien te promettre de brillant, de glorieux. Là où je peux t’emmener, il n’y a que du sang. Du déchirement et du sang. Le secret que je porte n’est pas un trésor. C’est un fardeau. Une incommensurable charge. Que personne ne pourrait porter. Sauf, peut-être, toi, Albert Camus. Je n’en suis pas certaine. Je peux ne pas l’être. Mais il n’y a qu’une façon de le savoir. Et c’est à toi de décider. Mais retiens bien que là où je peux t’emmener il n’y a que noirceur. Les monstres existent, Albert. Je les ai rencontrés. Je leur ai parlé. »

« Le 26 juillet 2026.
Presque tous les hommes sont morts. Presque tous ceux qui ont été enfermés avec moi dans la forteresse de Minoyecques. Je les pensais immunisés pourtant. Depuis le temps. Et je croyais aussi ces murs hermétiques. Cette épaisseur… Cette profondeur…
Les choses se sont passées lentement. Le danger n’est pas venu d’où je pensais qu’il viendrait. J’ai mis du temps à comprendre. Son dessein n’était-il pas lisible. Il n’est pas fait pour l’être ab initio. Il le devient. »

 

 

Ancien Conseiller du Premier ministre chargé de la Santé et directeur général de CHU, David Gruson est un spécialiste reconnu dans le domaine des politiques publiques de santé. Il a eu à intervenir directement dans la gestion des risques sanitaires majeurs tels que celui constituant la trame de ce polar. L’auteur s’est, en outre, beaucoup engagé, avec l’initiative Ethik-IA, pour promouvoir une vision responsable de la diffusion de l’intelligence artificielle et de la robotisation en santé. Docteur en droit médical et titulaire d’un troisième cycle de technologies de l’information et de la communication, ses idées sur le numérique en santé sont diffusées dans des cercles académiques de haut niveau au plan national et international.

Sous la forme d’une fiction d’anticipation d’un réalisme glaçant, S.A.R.R.A., une intelligence artificielle apporte une contribution décisive à cette démarche citoyenne essentielle. Derrière une intrigue ciselée et sans aucun temps mort, il s’agit bien d’un véritable conte philosophique sur l’intelligence artificielle, ses apports et ses risques de dérives.

 

S.A.R.R.A.
PARTIE 1 – Une intelligence artificielle
https://leressentidejeanpaul.com/2022/01/06/s-a-r-r-a/

S.A.R.R.A.
PARTIE 2 : Une Conscience Artificielle
https://leressentidejeanpaul.com/2022/01/14/s-a-r-r-a-2/

Émotion, Histoire, Roman

Le temps des vieux moulins

de Isabelle Artiges
Broché – 13 juin 2019
Éditeur : Éditions De Borée

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En 1943, Madeleine a 19 ans et vit au rythme de ses missions de messagère pour les maquisards de la campagne périgourdine. Arrêtée par les nazis, elle est relâchée grâce à l’intervention de sa meilleure amie Yvonne, en couple avec un soldat allemand. D’août 1944 à novembre 1945, Madeleine va poursuivre son combat contre l’envahisseur, du Périgord à Paris, et être happée par les remous de la grande Histoire. De la libération de Paris aux dernières poches allemandes sur l’Atlantique, elle va suivre un chemin cahoteux, à l’image de son pays. Le Temps des vieux moulins, c’est aussi une histoire d’amitié entre deux femmes que tout oppose. Madeleine la résistante, Yvonne l’amoureuse d’un Allemand. Et quand viendra le temps des comptes, Madeleine n’aura de cesse de sauver son amie.

 

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Bonjour à toutes et à tous,

C’est le second roman d’Isabelle Artiges que je lis, et comme pour le premier, une certaine magie a opéré, j’ai été emporté dans ce roman d’aventure et d’amitié plein de rebondissements…

Un très beau roman exigeant…
Tout le contraire d’un page-turner. Quel plaisir, quel bonheur de se plonger dans un livre où chaque mot à un sens et une utilité, dans lequel les personnages semblent réels tant ils sont bien décrits. Une fresque sur toute une période de notre histoire ; la guerre, l’après guerre, la vie en province…

C’est un livre merveilleux, avec une écriture originale qui va parfaitement avec la vision du monde racontée par Isabelle. Elle décrit parfaitement l’horreur de la guerre et la dynamique qu’elle a déclenchée.

Mais malgré les horreurs de la guerre, les carnages, la veulerie, la cupidité… d’autres pages sublimes parlent de la fraternité, la solidarité, l’amitié, reprendre pied, tenter enfin de vivre pour oublier…
Une « certaine justice » sera-t-elle faite ?
On y croit, et puis tout s’écroule, et puis il y a des rebondissements, encore, toujours.

Isabelle a un réel talent pour raconter de belles histoires.

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Extrait :

« Un brouillard silencieux bouchait mes oreilles, je peinais à ouvrir mes yeux. J’étais prisonnière de mon propre corps. J’arrivais enfin, après bien des efforts, à bouger mes doigts. Des rumeurs me parvenaient. D’abord des sons incompréhensibles, puis petit à petit des bruits de voix de plus en plus perceptibles. Mon cerveau s’éveillait. Je marchais dans la pénombre sur un long sentier, apercevant enfin une lueur. Mes paupières étaient encore lourdes.
– Ils vont forcer les dernières résistances extérieures et anéantir les points d’appui de Paris. Il est prévu un premier passage porte de Gentilly, pour accéder au Luxembourg, à l’Hôtel de Ville, au Louvre jusqu’au Meurice, poste de commandement général von Choltitz, expliqua un homme près de moi.
– La deuxième vague de franchira la porte d’Orléans et marchera sur l’école militaire et le parlais Bourbon. Pour cela, ils vont former deux colonnes. Une qui va suivre les boulevards extérieurs jusqu’au viaduc d’Auteuil, l’autre remontra la Seine, passera par Montparnasse et les Invalides. Tout le monde se retrouvera à la Concorde. Telles furent les paroles qui résonnaient dans ma tête. »

 

 

Périgourdine d’origine, Isabelle Artiges est une esthète et une femme d’entreprise. Cosmétiques de luxe et mode sont ses choix professionnels ; piano et peinture, ses passions.

Mais c’est aussi une insatiable conteuse. Après une vie professionnelle bien remplie, elle se consacre désormais à sa passion : l’écriture. L’académie des Arts et des Lettres du Périgord, dont elle est aujourd’hui membre, a salué son talent et lui a attribué son prix de littérature en 2015 pour La Belle Créole.