Drame, Folie, Histoire, Polar

Le lion de Némée

de José Herbert
Broché – 12 mars 2024
Éditeur : Les Éditions Nord Avril

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Le lion de Némée, artiste de cabaret, est-il l’auteur des pendaisons de cadavres à des « arbres à loques » situés sur des lieux de dévotion nordistes, chapelle, oratoire et calvaire ?
La police judiciaire est amenée à s’intéresser à des univers particuliers : celui des archers d’une compagnie de tir à l’arc du Cambrésis ; celui d’un cabaret de travestis ; celui des antiques douze travaux d’Hercule ; enfin celui des guerres de religions au 16e siècle qui opposèrent les protestants vaudois à l’armée catholique de François 1er.
Le massacre de Mérindol, village du Vaucluse, serait-il à l’origine de crimes perpétrés des siècles plus tard à mille kilomètres de distance ?

L’enquête emmène les lecteurs et lectrices à la découverte de lieux insolites en compagnie d’un quarteron de personnages foldingues, truculents et déjantés.

 

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Une histoire complètement “déjantée” bien différentes de nos polars habituels !

Nous sommes dans le Nord de la France. La police est complètement perdue. Des cadavres pendus, tués par des flèches, s’accumulent sur des arbres à loques !
Quel est donc le rapport entre un cabaret de travestis, les douze travaux d’Hercule, la Guerre de Religions et ces crimes ?

Heureusement, José Herbert est là pour nous guider !

Après “Les poupées diaboliques” et “Ah ! Mauricette…”, je retrouve l’auteur dans de nouvelles aventures pas banales du tout, et comme dans ses deux autres romans, il est arrivé à me toucher avec un son côté “Vieille France érudite” auquel on est très peu habitué, et c’est bien dommage.
Dès le début du récit, le ton est donné.
Des personnages haut en couleur, complètement barrés (Je ne suis pas arrivé à déterminer qui étaient les pires, entre les femmes et les hommes !), la lecture est efficace et très drôle, malgré une intrigue violente, perdue dans les origines de notre Histoire. José s’amuse avec nous bien sûr, s’amuse avec un langage cru et direct qui sent tellement bon la France. Difficile dans ces cas-là, vous comprendrez de stopper ma lecture sans vouloir à tout prix en savoir à chaque fois davantage. Allez, encore quelques pages…
Bon, je finis mon chapitre et j’arrête !
Plus qu’une seule page, c’est promis…

J’ai beaucoup aimé l’histoire, avec un certain sarcasme, José nous montre sans hésitation les déviances nombreuses de notre passé. La Religion est très présente aussi, et j’ai appris certaines choses qui après vérifications, se sont avérées réelles.
Le “peuple” de tout temps est, et restera dans l’ignorance de se qui ce déroule au-dessus de sa tête. Rarement, ce sont de belles choses, c’est bien dommage… finalement cela ne me surprend même plus !

Merci José pour cette “Histoire” originale, dont parfois, on “sort” du roman. C’est ça… parfois, il faut savoir dire les choses…
Merci aussi à toi Blandine Carron, encore une fois, c’est à toi que je dois la découverte de cette plume, de cet auteur plein de talent et plus encore.

N’hésitez pas à lire ce roman, José Herbert est un auteur qui mérite d’être “découvert” !

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Extraits :

« La vie sexuelle de Jean Broussiez se résumait à quelques situations banales : complexe d’Œdipe à trois ans, manipulation curieuse à onze ans, paluchage rapide vers la quinzaine et, finalement, un unique prénom féminin, Olga. »

« Un chiard de plus, ça emmerdait la mère, ça contrariait des projets, ça privait de liberté, ça braillait en permanence, et ça coûtait un paquet de tunes. Sitôt libérée du cordon qu’elle avait tranché, la mère ne réfléchit pas longtemps. Elle saisit le loupiot graisseux et braillant et le glissa dans le trou des WC à la Turque, devant Jean qui se bouchait les oreilles et écarquillait les yeux, car le nouveau-né hurlait comme s’il avait deviné le triste sort que lui réservait sa génitrice. »

« – Je ne sais pas moi-même où j’ai dormi, Inspecteur.
– Et bien sûr, personne ne vous a vu rejoindre ce quelque part, ni vous y écrouler.
– Les rats peut-être ! Faut enquêter ! Moi, je ne voyais rien ! Que dalle ! J’avais bu deux bouteilles de blanc.
Était-il sincère ? Il se souvenait des gros rats aux yeux brillants dansant la gigue sur ses godillots et rongeant ses lacets, que d’ailleurs il ne nouait guère. »

« Qui avait écrit cette lettre ? Et avec quel objectif ? Une cause peut produire plusieurs effets différents, seule ou associée à d’autres causes, tandis qu’un effet peut de son côté être le résultat de plusieurs événements très différents.
Pas facile ! Les quatre personnes avaient été percées de flèches puis pendues sur des lieux de dévotion catholiques. Cependant Clémentine, la première victime, n’avait pas subi le même sort qu’ensuite les autres. Elle seule est morte par pendaison. Que s’était-il passé ? »

 

José Herbert est né à Aniche en 1944, dans le département du Nord. Il fréquenta l’École Normale de Douai pour devenir ensuite instituteur à Vred, puis Auberchicourt, enfin, à partir de 1975, directeur d’école et secrétaire de mairie à Wambaix, petit village du Cambrésis. Il est maintenant installé à Loos en Gohelle. C’est un amoureux des lettres, passionné d’histoire locale, il aime l’humour loufoque, les situations hors norme, les personnages burlesques.

Il publie aux Editions Atria un premier roman, L’instituteur impertinent, qui raconte avec humour, pittoresque et tendresse, une vie professionnelle exceptionnelle.

Les poupées diaboliques
https://leressentidejeanpaul.com/2022/01/05/les-poupees-diaboliques/

Ah ! Mauricette…
https://leressentidejeanpaul.com/2023/06/02/ah-mauricette/

Polar, Thriller psychologique

Les nouveaux Prophètes

Åsa Larsson
Poche – 26 février 2020
Éditeur : Le Livre de Poche

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Dans la petite ville minière de Kiruna, en Laponie, Viktor Strandgård, celui que l’on surnomme « le pèlerin du paradis » pour avoir miraculeusement survécu à un grave accident, est retrouvé mort dans le temple de cristal, où il officiait. Qui a pu assassiner, aussi sauvagement et avec un tel acharnement, cet éminent membre de l’Église de la Force originelle ? Sollicitée par son amie d’enfance, Sanna, la sœur de la victime, Rebecka Martinsson, avocate fiscaliste à Stockholm, va mener l’enquête. Menacée par les disciples de la communauté, la jeune femme se met rapidement en danger…
Avec cette première enquête de Rebecka Martinsson, la star du polar scandinave fait preuve d’une remarquable maîtrise du genre et d’un grand sens de l’intrigue policière.

PRIX DU PREMIER ROMAN POLICIER SUÉDOIS.

 

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Qui n’a jamais lu de Polar Suédois ?
Je dois avouer que je suis assez fan… Les ambiances bien sombres, peu d’actions, beaucoup de psychologie, des décors incroyables, la neige, le froid, un sentiment de solitude…

“Les nouveaux Prophètes” est le premier roman de Åsa, paru initialement sous le titre “horreur boréale” en 2006.

Dans la ville de Kiruna, le pasteur Viktor Strandgard, surnommé « le pèlerin du paradis » suite a une révélation divine après un accident grave, se consacre depuis à Dieu, dans une Église réunifiée, l’Église de la Force Originelle.

Un meurtre horrible est perpétré dans le Temple de Cristal. Viktor Strandgard est retrouvé, par sa sœur Sanna, le corps allongé au milieu de l’allée, éventré et sauvagement mutilé. Pour ne pas être accusée, Sanna contacte Rebecka Martinsson une avocate fiscale qu’elle connait. Plus jeune Rebecka vivait dans la ville de Kiruna aussi. Elle connait le lieu du décès, la victime, mais surtout elle connait le pourvoir de l’église qu’elle a fuie des années plus tôt.

J’ai toujours aimé les romans ou les films parlant d’histoires de religions et de sectes.
Avec ce roman j’ai été comblé !
C’est la religion qui rythme les vies de cette communauté, les dirige et surtout les brime…
Un voile plane au-dessus de tous les habitants qui doivent obéir à quatre prophètes, à la tête de la Force Originelle, qui tissent petit à petit une sorte de toile où tous les habitants s’engluent sans le savoir…

Au niveau des personnages, il y a un bon travail de recherche de la part de l’auteur, et ce, dès le début de l’intrigue.
Le récit met en avant deux personnalités contradictoires : Rebecka, qui a refusé de se soumettre. Elle a pris ses distances avec la communauté et son église, et est partie vivre à Stockholm dans un grand cabinet d’avocats et Sanna qui n’a jamais quitté sa communauté, qui est effacée, complètement soumise…

Un roman prenant et intéressant sur les dérives des Églises en Suède.
Ce roman est le premier opus, pour moi ce ne sera pas le dernier !

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Extrait :

« Comment te sens-tu ? lui demanda Maria.
– Je préfère ne pas me poser la question. »
Rebecka secoua la tête et tourna les yeux vers la fenêtre pour éviter de croiser le regard inquet de Maria. Elle se mordait l’intérieur des lèvres avec fureur. La pluie s’était arrêtée. « Tu sais, ma chérie, tu n’es pas toujours obligée d’être si forte, lui dit doucement Maria. Quelquefois, toi aussi tu as le droit de lâcher prise et de crier un bon coup. »
Rebecka croisa les doigts autour de son genou.
Lâcher prise, songea-t-elle. Et qu’est-ce qu’on fait si on s’aperçoit ensuite qu’on ne s’arrête plus de tomber ? Et qu’on ne peut plus s’arrêter de crier, non plus ? On ce retrouve à cinquante ans, bourrée de médicaments, enfermée dans un hôpital psychiatrique. Avec ce cri incessant dans la tête. »

 

 

Åsa Larsson compte des millions de lecteurs à travers le monde. Bien que née à Uppsala, elle grandit à Kiruna en Laponie suédoise. Elle fait des études de droit à l’Université d’Uppsala. Avant de devenir écrivain à plein temps, elle est une avocate fiscaliste, une profession qu’elle partage avec l’héroïne de ses romans policiers, Rebecka Martinsson. Son premier roman, Horreur boréale (Solstorm), publié en 2003, est traduit en plusieurs langues et est adapté au cinéma en 2007 par Leif Lindblom (sv). L’année suivante paraît son deuxième roman, Le Sang versé (Det spillts blod som), remporte le prix du meilleur roman policier suédois, tout comme pour le roman Till offer åt Molok en 2012. Sa série consacrée à Rebecka Martinsson est traduite dans 30 pays.

Elle a également écrit des scénarios pour le feuilleton télévisé suédois Vita lögner.

Polar, Polar historique

L’Orme aux loups

L’Orme aux loups
de Thierry Berlanda (Auteur)
Poche – 18 mai 2017
Éditions : Éditions De Borée

L’orme aux loups est un lieu-dit de vignes et de forêts, au pied de la colline de Sancerre. Quelques années après le terrible siège de la ville protestante par les troupes du catholique duc de Bourges, une série de meurtres particulièrement sauvages mettent la ville sous pression. Les soupçons se portent d’emblée sur Fondari, un montreur d’ours de passage, mais les rivalités entre les détenteurs de l’autorité politique et morale, laissent entrevoir bientôt d’autres hypothèses. Véritable course contre la montre, ce roman policier historique vous plongera dans un univers médiéval effrayant et drolatique.

 

2019_057_Thierry Berlanda - L'Orme aux loups

 

Bonjour à toutes et à tous…

J’ai rencontré Thierry, il y a quelques jours à Osny. J’ai découvert un personnage fort agréable, qui a les yeux qui pétillent lorsqu’il nous parle de ses romans…

L’orme aux loups est un polar historique (j’adore…), mais là où Thierry a fait très fort, c’est dans le style de son écriture. J’ai de suite été porté au XVIè siècle, dans son monde, dans son intrigue. Une véritable énigme autour de morts mystérieuses survenues dans le Sancerrois, dans une période de l’histoire où catholiques et protestants s’opposent.

Fondari, notre héros est montreur d’ours. En arrivant à Sancerre, son ours lui échappe. Les corps retrouvés sont dans un état pitoyable, méconnaissable. L’ours “fugueur” est très vite accusé !

Thierry Berlanda a du faire des recherches très poussées pour rendre son roman crédible par la forme et par le fond…
Je vous le conseille vraiment.
Thierry Berlanda, un auteur à découvrir, quel style !!!

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Extrait :
« Ces heures de bête à l’affût et d’hommes du guet tout à leur traque causèrent aux populations une inquiétude comme elles n’en avaient plus connu depuis le siège de la ville. D’un naturel enjoué, prompts d’ordinaire à la danse et aux chansons, hommes et femmes demeuraient le plus souvent chez eux, retenant leurs enfants dans les maisons et, la nuit, barricadaient leur porte à double tour. Craignaient-ils davantage une attaque du monstre ou une visite des satellites du bailli ? Les Sancerres réduisaient leur activité au nécessaire pour survivre. On négligea de tailler les ceps dans les vignes, on délaissa la coupe du bois dans les forêts, les lingères hésitèrent à descendre au lavoir, le commerce manqua de clients et les clients de commerces, les taverniers remarquèrent que personne n’avait plus soif et on se pressa moins aux offices, si bien que la peur, vissée au cœur de chacun et se renforçant du spectacle d’elle-même abandonnait les rues et les places aux seuls gens d’armes. »

 

 

Thierry Berlanda est écrivain et philosophe. Il a écrit de nombreux ouvrages et des thrillers aux éditions de la Bourdonnaye, NL et du Rocher. Dans ce roman inédit publié en poche, il nous offre un véritable joyau noir.