de Metin Arditi
Poche – 11 septembre 2014
Éditions : Points

Dans un cimetière abandonné, Nikodime creuse une cache pour y enfouir les richesses de l’Église russe. Rescapé des massacres de religieux commis par Staline en 1937, l’inflexible ermite, hanté par un obscur péché de jeunesse, a formé la confrérie des moines volants. Douze hommes qui éprouvent leur foi lors de périlleuses missions de sauvetage des plus beaux trésors de l’art sacré orthodoxe.
« Metin Arditi nous raconte avec talent l’histoire de cette troupe disparate de religieux errants et les tribulations des œuvres d’art qu’ils essayèrent de sauver au péril de leur vie. »
Le Figaro Magazine

1937. La Russie de Staline.
Nous sommes au temps des purges et de l’excommunication de l’Église. Le régime totalitaire soviétique est inflexible. Exécutions, assassinats de prêtres et de moines et pillages d’églises n’auront de cesse pendant plusieurs années…
Le récit que nous propose l’auteur est authentique. C’est l’histoire de Nikodime Kirilenko, un moine fanatique, un fou de Dieu, un ermite vivant au monastère de Saint-Eustache qui décida d’entrer en résistance contre le Pouvoir et l’Oppression, à l’aide d’une poignée de moines, des hommes de foi avec leurs failles et leurs faiblesses, “La Confrérie des moines volants”. Vivants cachés en pleine forêt, ils vont se donner une mission, celle de préserver les trésors de l’Église orthodoxe au péril de leur vie. Icônes, art sacré et autres objets précieux. Ils vont les “dérober”, et les cacher dans la forêt, avant que les militaires ne détruisent les lieux sacrés.
Nikodime a un passé trouble. Il est constamment en conflit avec lui-même, cherche systématiquement le pardon de Dieu et essaie en vain de résister aux charmes de la jeune et belle Irina…
Malgré tout, il reste quelqu’un d’entier qui va oser s’opposer au pouvoir de l’État.
Dans la seconde partie du récit, nous nous retrouvons en 2000, en compagnie des descendants de Nikodime… Transition un peu rapide pour moi, je m’attendais à retours vers le passé… et non… Dommage, j’aurais aimé en savoir un peu plus sur la vie de Nikodime Kirilenko et de ce qu’il est devenu.
J’ai découvert une partie de l’histoire soviétique assez méconnue dans une Russie pleine d’ambivalences !
Un très bon roman qui parle de transmission, de patrimoine, des exactions d’un communisme sauvage et d’Histoire avec une écriture rythmée, agréable, qui m’a émue à certains moments.
C’est mon second roman de Netin et j’ai retrouvé le plaisir de ma première lecture !
Un bel ouvrage pour les passionnés d’Histoire…
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Extraits :
« Entre 1918 et 1938, le régime soviétique a détruit, pillé, ou vendu à l’étranger tout ou presque de ce que l’Église russe comptait comme trésors.
Plus de mille monastères furent fermés. Beaucoup, tel celui de Saint-Eustache, situé au bord du lac Ladoga, se virent mis à sac, vidés de leurs occupants et transformés en goulags. Des Églises furent saccagées par dizaines de milliers. Et les milices du NKVD exécutèrent plus de deux cent mille prêtres, moines et moniales.»
« – Ils sont tous morts !
Nikolaï, l’un des novices du monastère, tremblait tant qu’il pouvait. Son frère Serghey le regardait tremblant lui aussi, l’air perdu.
– Qui est mort ?
La voix caverneuse de Nikodime acheva de pétrifier les deux garçons. Déjà qu’ils n’arrivaient pas à retrouver leur souffle… C’était la première fois qu’ils se rendaient chez lui, et bien sûr, ils s’étaient égarés. »
« Chaque jour après les matines, ils partaient à la recherche d’une forêt sans église ni monastère, un lieu où les miliciens auraient eu peu de raisons de s’aventurer. Ils s’installaient sous un mélèze à larges branches et, durant toute la journée, priaient ou disaient la liturgie. Tard dans la nuit, Nikodime se couchait dans son cercueil, les deux garçons s’étendaient à ses côtés, et ils attendaient tous trois que les heures s’écoulent, emportés dans le sommeil par petits bouts. »
« Mais le souvenir de la jeune fille ne le lâchait pas. Il essayait d’imaginer ses seins, lourds sur un torse maigre, ses jambes fines, le duvet de son sexe…
Il chercha à quitter son obsession en repensant au Christ gravissant le Calvaire, mais ce fut peine perdue, et une honte nouvelle l’envahit, immense, d’avoir voulu penser au Sauveur pour se sortir de sa fange.
Maintenant, il se voyait devant Irina, d’abord vêtu de sa robe de moine, puis nu, le sexe tendu. Elle le fixait du même regard calme qu’elle avait eu pour lui lorsqu’ils étaient face à face, et il se demanda comment elle allait l’accueillir dans son corps lorsqu’il la pénétrerait. »
Écrivain francophone d’origine turque, Metin Arditi a quitté la Turquie à l’âge de sept ans, et a obtenu la nationalité suisse en 1968. Après onze années passées dans un internat suisse à Lausanne, il étudie à l’École polytechnique fédérale de Lausanne, où il obtient un diplôme en physique et un diplôme de troisième cycle en génie atomique.
Il est l’auteur de nombreux essais et romans. Il s’est vu maintes fois récompensé, notamment pour son roman “Le Turquetto”, lauréat des prix Jean-Giono et Page des Libraires.
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