Émotion, Drame, Polar, Psychologie

Mrs Meredith Brown

de Eric Oliva
Poche – 3 septembre 2022
Éditions : Des Livres et du Rêve

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Certaines familles cachent des secrets. Parfois, certains ressurgissent. C’est le cas pour Franck. Un secret qui le ronge jusqu’à commettre l’irréparable. Une quête de vengeance, la découverte d’une vérité dérangeante, prenez garde à ne pas déterrer le mauvais secret.

 

• Couv_091_Oliva Éric - Mrs Meredith Brown

 

J’ai découvert Éric Oliva en novembre 2018, avec le très bon “Chronique d’une vie de flic”. Un roman qui m’avait touché et j’ai depuis plaisir à le “suivre” régulièrement…

“Mrs Meredith Brown” est un roman très addictif, lu en quelques heures, dont la thématique principale est la VENGEANCE.
Franck perturbé par son passé a besoin de se venger, a un besoin impératif de retrouver un sens à sa vie.
De Londres jusqu’à Nice, en passant par Lima au Pérou, trois frères sont dorénavant sur la “sellette”. Franck va se poser en juge et partie. Il a pris une décision et ira jusqu’au bout en éliminant tous ceux qu’il estimera coupable !

Cette quête acharnée, on la vit, on la ressent dans ses tripes et dans notre esprit en entendant les pensées de Franck qui résonnent, pleines de douleurs. Dès lors, on sait tout de suite qui sera le meurtrier, mais cela n’enlève rien à la richesse du récit.

Qui est Mrs Mérédith Brown ?
Pourquoi Franck décide-t-il de s’attaquer à toute une fratrie ?
Qu’ont-ils donc fait pour mériter la mort ?

L’enquête policière, même si elle existe bel et bien, ne se situe pas pour moi au premier plan du récit. C’est très psychologique…
De nombreux personnages interviennent, donnent des pistes, des informations qui misent bout à bout forment une sorte de tableau. À nous lecteurs d’y trouver un sens, une direction pour essayer de comprendre et pourquoi pas, accepter… Je dis bien accepter, car au fur et à mesure de ma lecture, je suis arrivé à trouver Franck attachant voire même plutôt sympathique.
Mais… si la vérité avait un tout autre sens ?

Impossible de ne pas m’attacher non plus à l’équipe de policiers qui aura bien du mal tout le long de cette enquête.
Pas de temps mort, de l’émotion et pas mal de suspense, Éric Oliva m’a mené dans son histoire, m’a pris dans sa toile, une fois commencée, impossible de m’arrêter… jusqu’au dénouement final, mais ne devrais-je pas plutôt dire… Choc final ?

Un bon roman qui mérite qu’on s’y attarde !

Merci Angie Lollia pour cette très belle surprise…

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Extraits :

« Dire que ces deux compères se connaissaient depuis des lustres s’avérait être un euphémisme. Après avoir trop peu usé les bancs de l’école du quartier qui les avait vu grandir, Charly Galway est Allan Mc Callum s’étaient appliqués à réaliser les quatre cents coups – période d’adolescence ô combien compliqué pour ces deux garnements qui avaient accumulé les sottises au cours de ces années perturbées entre l’enfance et l’âge adulte. »

« “C’est dans les petits flacons qu’on trouve les meilleurs parfums” lui seyait à ravir. Plutôt petite avec son mètre cinquante-six, de grands yeux curieux d’un magnifique vert émeraude, Nathalie arborait immuablement un large sourire laissant apparaître une jolie dentition toujours éclatante. Un corps aux courbes agréables, ajouté à des goûts vestimentaires raffinés sans excès, couronnait le tout. Sans qu’elle y prête attention, les hommes se retournaient régulièrement sur son passage. »

« Franck était enfin parvenu à s’endormir.
Après avoir guetté un moment les allées et venues des voitures de police, puis observé une demi-douzaine de journalistes s’évertuant sans succès à passer entre le cordon de sécurité, il s’était allongé sur le lit de sa chambre d’hôtel. Agacé de constater combien de harpies, peuplant le quartier se tordaient le cou à leur balcon pour essayer de capturer la moindre image morbide, il avait fermé les yeux, totalement épuisé. Il pouvait enfin se laisser aller à rêver, comme au bon vieux temps où il était heureux comme tous les jeunes hommes de son âge, innocent et insouciant. Ce temps révolu où il croquait la vie à pleines dents sans se préoccuper du lendemain. Ce temps où il ne savait rien et dans lequel il existait comme s’il était lui. »

« Plus d’angoisse, plus de crainte, plus d’écueil dans sa vie. La présence de cette femme, jeune, jolie, attirante à souhait, le calmait et, malgré tout, le perturbait au plus haut point. Régulièrement, une minuscule ampoule s’allumait dans sa tête, venant ternir l’instant magique en lui rappelant que sa tâche n’était pas finie et que ses démons endormis allaient devoir reprendre du service. Mais chaque fois, ce petit rayon de soleil qui le dévisageait si tendrement parvenait à l’éteindre d’un simple regard, d’une simple parole. »

 

 

Je suis né à Casablanca en juillet 1967.

Arrivé en France en 1972, ce n’est qu’en 79 qu’avec ma famille, nous rejoindrons le climat agréable de la Côte d’Azur.

Mes parents devenus restaurateurs à Nice, mon parcours scolaire s’arrêtait rapidement aux portes du lycée à l’âge de seize ans.

Ont suivi de petits boulots, tout d’abord dans la restauration, en commençant par une carrière de cuisinier-pizzaïolo, travaillant dans divers restaurants entre Nice et Saint-Laurent-du-Var.

Après cinq ans, j’abandonnais ce métier pour devenir tour à tour ambulancier, agent de sécurité, vendeur et enfin convoyeur de fonds.

À vingt-quatre ans, le concours de gardien de la paix en poche, j’intégrais par conviction l’École Nationale de Police de Marseille d’où je sortais classé en février 1992, avant de prendre mes nouvelles fonctions sur la région parisienne et plus précisément au Commissariat de Montreuil-sous-Bois.

Plusieurs postes successifs et près de dix ans de vie dans ce département chamarré du 93, avant de prendre la décision de rejoindre ma région d’origine. Un an plus tard, j’obtenais ma mutation à Marseille, au Commissariat central de l’Évêché.

La passion des fonds sous-marins se faisant pressente, je passais rapidement mes niveaux de plongée. Dans le même temps, Clive Cussler, un auteur américain spécialisé dans la fiction sous-marine, me donnait l’envie de lire, je dévorais toute sa bibliographie.

L’envie d’écrire arrivait par la suite et, à force de tentations, je commençais l’écriture de Peter, un roman d’aventures dans lequel je parvenais à mélanger mon métier et ma passion. Mais quelques déboires m’obligeaient à mettre ce manuscrit de côté, et ce n’est que plusieurs années plus tard que celui-ci verrait le jour.

En 2006, ayant fait la connaissance de celle qui allait devenir ma compagne, je sollicitais ma mutation sur Nice et au mois de septembre 2007, j’intégrais un groupe judiciaire à l’Antenne de la Police Judiciaire où j’exerce toujours actuellement.

Quatre ans plus tard, je décidais de reprendre intégralement l’écriture de Peter​. Le manuscrit était alors entièrement revu et corrigé. Après avoir fait, comme tout un chacun, les frais des maisons d’édition, j’optais pour l’autoédition en passant tout d’abord par Lulu.com puis chez BoD.

La fièvre de l’écriture se faisant ressentir et, surpris par les retours de mon premier roman, j’entamais dans la foulée un second manuscrit que mes lecteurs jugeaient très vite plus abouti. Un polar régional mettant à l’honneur la Côte-d’Azur et l’Antenne P.J. de Nice où j’exerce encore à ce jour. Le roman est paru sous le titre de Le Secret de Miss Meredith Brown fin 2012.

En Mai 2014, ce second roman était réédité chez Sudarènes Editions sous le titre de Mrs Meredith Brown.

Fin février 2015, Chroniques d’une vie de flic voyait le jour dans cette même maison d’édition. Sous la forme d’un roman, les lecteurs sont transportés de l’autre côté de la barrière, dans le quotidien du flic de terrain. Quinze histoires vraies qui font toucher du doigt ces instants qui marquent les esprits et bousculent les préjugés.

Enfin, au mois de juillet 2015, Peter est réédité chez Sudarènes sous son nouveau titre : Mafia en eaux troubles. Un opus qui reste un premier roman, mais un excellent livre de plage… (Des amateurs de plongée ?)

Depuis, les droits de Mrs Meredith Brown, Du soleil vers l’enfer et Chroniques d’une vie de flic ont été rachetés à Sudarènes et les romans sont disponibles aux formats numériques et papiers sur Amazon.

Drame

Le Mal-épris

de Bénédicte Soymier
Broché – 6 janvier 2021
Éditions : Calmann Levy

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« Ça lui ronge les tripes et le cerveau, plus fort que sa volonté – une hargne qui l’habite, une violence qui déferle tel un vent d’orage, puissante et incontrôlable. Il voudrait lâcher mais ne pense qu’à frapper. »

Paul est amer. Son travail est ennuyeux, il vit seul et envie la beauté des autres. Nourrie de ses blessures, sa rancune gonfle, se mue en rage. Contre le sort, contre l’amour, contre les femmes.
Par dépit, il jette son dévolu sur l’une de ses collègues. Angélique est vulnérable. Elle élève seule son petit garçon, tire le diable par la queue et traîne le souvenir d’une adolescence douloureuse.
Paul s’engouffre bientôt dans ses failles. Jusqu’au jour où tout bascule. Il explose.
Une radiographie percutante de la violence, à travers l’histoire d’un homme pris dans sa spirale et d’une femme qui tente d’y échapper.

 

 

Je m’appelle Paul.
Je sais, je ne suis pas beau… Certains diront même laid !
Et Dieu sait si j’en souffre tous les jours. J’aurais tellement aimé être un autre, un de ceux que les femmes regardent. Grand, fort, beau.
De beau, je n’ai que mes yeux. Seuls les hommes beaux ont de la chance en amour. Moi, je n’ai que mes yeux. Mes yeux et ma colère qui gronde, qui m’étouffe, et me transforme parfois.

J’aime mes sœurs, Émilie et Rachel, surtout Émilie. Enfant déjà, j’étais là pour les protéger…
Se sont-elles vraiment rendu compte de ce que j’ai vécu pour elles, ce que j’ai souffert pour elles ?
C’est moi qui systématiquement me prenais les coups à leur place, c’est moi qui me positionnais entre elles et mon père.
Mon père, parlons-en de cet homme, de ce lâche, cette brute !
Du plaisir qu’il prenait à me rouer de coups…

Depuis quelques jours, j’ai une nouvelle voisine, sur le même palier. Je sais qu’elle s’appelle Mylène. Tous les jours à travers mon judas, je l’observe, je la surveille, ses entrées, ses sorties. Je suis même arrivé à la prendre en photo, je note avec mon stylo Montblanc à l’encre noire, ses allers-retours sur un carnet, choisi dans une grande papeterie, que j’ai spécialement acheté pour elle. Elle est tellement belle, fine, élégante. Comment remarquerait-elle un pauvre type comme moi ? Elle hante mon esprit, je ne dors plus… Je la voie partout, je la veux !
Mais les femmes sont tellement cruelles…

Bienvenue dans ce roman étrange et dérangeant, bienvenue dans la tête de Paul.
J’avoue avoir été dépassé, et ne pas savoir où me placer par rapport au récit.
Bénédicte Soymier arrive, non pas à pardonner la violence de certains hommes (heureusement !), mais elle nous montre, d’une façon très précise et ciselée, un des processus qui pourrait mener à la violence conjugale. Elle explique les prémices avant la perte de contrôle, l’explosion… Le coup qui part et qui fera souffrir la victime, mais ma surprise vient du fait que la souffrance est aussi vécue, très différemment, par celui qui se rend coupable des actes de violence.

Les personnages du récit ?
Ce sont nos voisins, nos amis, les collègues de travail, les membres de la famille aussi, tous… Tout ceux qui ne sont que simplement humains.
Le Mal-épris, est un premier roman, d’une grande qualité et déjà, il bouscule certains codes de la littérature.
Malgré un ton résolument violent, psychologiquement, il reste délicat et sensible.
Le roman fait de nous les témoins passifs d’un couple “perdu”, alors qu’il vient à peine de se trouver…
C’est une histoire puissante, très rythmée, Bénédicte m’a impressionné, touché aussi, plus que ce à quoi je m’attendais en début du récit. Elle a su trouver un ton juste en fonction des regards qui diffèrent en fonction des personnes.
Qu’ont-elles ont en commun ? L’amour… Mais est-ce suffisant ?

“Le Mal-épris” est un roman impressionnant, tragique et hypnotique d’une vie banale, d’une vie de tous les jours.
Il m’a dérangé, fasciné et finalement séduit. Il m’a obligé à me poser de nombreuses questions et m’a ouvert l’esprit !
Je le recommande vivement !

Auteure à suivre…

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Extraits :

« J’ai écrit ta vie, Paul, comme je la connais, ton quotidien sur ces jours qui s’échappent, ce que tu affrontes, les regards et le reste, jusqu’à la bascule. J’ai raconté ce que j’ai vu et entendu, de toi ou d’un autre, un Paul, un mec, un homme, peu importe le nom, je t’ai écouté, côtoyant ta peine et la douleur des tiens, des silences, des paroles, parfois un flot qu’on ne peut interrompre. Ce sont des histoires qu’on me donne ; elles se ressemblent ou non, se répondent, se poursuivent, je les reçois et c’est la vie, Paul, tu sais, sans concession, du vrai, du trash, des pensées méprisables et l’inacceptable. »

« Sa voix le heurte. Il déraille.
Pas lui. Ce n’est pas lui.
Les souvenirs se fracassent sur ses mains, la concentration de ses muscles, le mal, ce mal qui le traverse. Comment peut-il ? Pas lui. Ses doigts s’ouvrent dans l’instant, brûlés, brûlants, vite se dérober, ses bras retombent. Il s’affaisse, vrillé en lui-même, il glisse au sol contre le mur. Forme molle, sombre et pliée. Sa tête s’incline, ses yeux se ferment. Il est en colère, il est chagrin. Il est épuisé. »

« C’est donc ça, la vie, une grande farce hypocrite dans laquelle il faut se fondre pour ne pas être méprisé. Il écoute, regarde, s’adapte. Il apprend, la nausée au bord des lèvres face à ce fourbe étalage, à cette course à l’apparence, à cet attrait de l’enveloppe alors qu’au fond il sait être le même. Il vomit ces faux amis, leurs tapes sur l’épaule, leurs grimaces artificielles, eux qui ne lui accordaient qu’un vague regard. Il les toise et s’affirme, conscient d’une duplicité qui lui coûte mais dont il ne peut revenir. »

« Angélique est belle les cheveux emmêlés, pâle et froissée assise sur son canapé. Elle serre les genoux et lisse son chemisier. Paul ramasse sa détresse, un regard en pleine face ; la tristesse qu’il remarque, elle est pour lui. Lui, l’arrogant et le vulgaire. La bête. Il sent la bile à son palais. Tout ça, c’est de la faute de Mylène. Non. Même pas. C’est de la sienne. Il se dégoûte. »

 

 

Infirmière, Bénédicte Soymier travaille dans le Doubs. Passionnée de littérature, elle partage ses nombreuses lectures sur son blog Au fil des livres. Le Mal-épris est son premier roman.