Émotion, Drame, Folie, Histoire vraie, Noir

Je suis encore vivante, alors je parle.**

de Paloma
Broché – 5 avril 2023
Éditions : Maïa

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À force d’avoir regardé le film de ma vie vers ce qui m’a assassinée, vers l’irréparable, je me suis brûlé les yeux. Ce retour dans le temps m’a rappelé la promesse que je me suis faite depuis le jour où j’ai emprunté la plume, celle d’arracher de mes propres mains cette espèce de poignard qui me lacère le cœur depuis toujours. Après mon enfance dévastée par une sœur déphasée, ici, dans cette suite de ma vie, je fixe douloureusement ma jeunesse détruite après avoir dit « oui » pour le pire à celui qui a lâchement mis en avant sa bipolarité, pour que je trépasse avec lui. De mes deux premières vies, je ne me souviens que d’un champ de ruines. Pour avoir mené leurs stratégies fourbes, dangereuses, diaboliques, sans même qu’ils n’expriment aucun regret, ceux-là ne méritent plus aucun de mes égards, jamais. L’écrit de mes souvenirs ne saura me faire oublier que l’on m’a arraché le droit au bonheur, et rien ne s’effacera jamais de ma mémoire, car ma rancune est lourde de haine. Alors, tant que je serai vivante, je répondrai présente, je lèverai mon poing avec rage pour briser, pulvériser et même faire écrouer tous les genres de prédateurs pour qu’enfin justice soit rendue à tous ceux qui pleurent comme j’ai pleuré. J’ai versé assez d’encre sur mes pages, j’ai versé assez de larmes dans le vide pour laisser mes lignes dans l’oubli, voilà pourquoi j’ai écrit mon histoire tatouée à jamais dans mon cœur, mon unique revanche sur la vie.

 

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Il était une fois une petite fille qui aurait aimé être heureuse et profiter de la vie, mais malheureusement, la vie, sa famille et surtout sa sœur en avaient décidé autrement.
La petite Paloma a grandi, elle est devenue adulte, mais le sort continue à s’acharner sur elle…

Après un premier tome, très dur où Paloma se dévoilait sur son passé, c’est sa vie d’adulte maintenant qu’elle nous confie dans ce second volet.
J’aurais voulu croire que la seconde partie de sa vie aurait été plus sereine, mais rien n’a fonctionné comme elle le souhaitait.
Un mariage raté d’abord, qui va lui gâcher le début de sa nouvelle vie. Un mari inexistant, violant et alcoolique, avant d’être atteint par l’hépatite C et pour finir, il va perdre la tête menant une vie d’enfer à la pauvre Paloma. Heureusement, ses deux filles lui amèneront l’amour dont elle a besoin… dans cette histoire vraiment sombre et dramatique.

L’écriture de Paloma est très personnelle. Un besoin de se débarrasser de son vécu, d’alléger son esprit peut-être. Colère et tristesse m’ont régulièrement accompagné durant ma lecture. Mais comment a-t-elle fait ? Comment a-t-elle supporté tout cela ? Même si elle est une femme forte… C’est bouleversant et tellement souvent cruel.

Je n’irai pas plus loin, je laisse à Paloma le droit de vous confier à votre tour, ce livre déchirant qui ne pourra laisser personne insensible.

Merci Paloma, tu mérites aujourd’hui amplement ta vie heureuse, auprès de ceux que tu aimes et de ceux qui t’aiment…

Encore merci, Blandine pour cette seconde parenthèse si personnelle et tellement émouvante.

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Extraits :

« L’encre que j’ai versée sur mes pages à présent usées, les larmes incessantes, qui ont glissé sur mon visage me rappellent que j’en ai oublié jusqu’à ma propre existence. J’ai pourtant exigé à ma mémoire de tout effacer, mais il y a bien longtemps maintenant que je ne crois plus à cette sorte d’amnésie forcée, pour oublier… »

« Quelques mois s’écoulèrent et alors que je le croisais en voiture, il me proposa d’emblée de venir avec lui pour assister dans l’heure, qui suivait à la destruction de notre maison, je refusais. Entre ma mère et lui qui venait de se séparer, les anecdotes destructrices journalières de la saga familiale, et toutes les entraves que je devais affronter au quotidien, voir le fruit de leur labeur, de toute une vie voler en éclats en quelques minutes était au-dessus de mes forces. Peut-être aurais-je dû assister à ce triste événement, cela m’aurait aidée, qui sait, en ne voyant que mes mauvais souvenirs exploser sous mes yeux, mes chagrins auraient un peu disparu avec la maison. »

« L’amertume et la haine ne me laisse plus le choix entre garder le silence dans lequel je me suis murée depuis toujours et la rage de parler enfin. Alors, dans un souffle de lassitude et, au travers des mots qui ne seront pourtant jamais assez puissants pour arracher les empreintes qui ont marqué ce corps et cette tête témoins de tant de douleurs, qui ont détruit gratuitement mes rêves, je me pose comme une pierre, et je balance ici, tout ce qui m’a brisée. »

« Plus de regards en arrière, transformer les larmes au sourire et détruire les mauvais souvenirs pour survivre serait la meilleure résolution pour savourer ce que l’on appelle le bonheur.
Serais-je capable à la fin de transformer le courage qui me manque pour faire exploser cette rage qui sommeille en moi depuis si longtemps pour trouver enfin la paix ? »

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Tombée dans le terrible chaos de ses deux premières vies de souffrances et de tragédies qui l’ont brisée, Paloma a pendant de très longues années éprouvé le besoin de les conjurer avec des mots pour l’aider à survivre et à trouver un soupçon de paix. Elle souhaite réunir toutes ses forces pour crier au monde entier de ne jamais quitter un enfant des yeux, lui aussi est un être vivant, il est précieux, il est la suite de nous-mêmes. Au travers des pages de ce premier tome qu’elle a ouvert il y a bien longtemps, elle s’est exprimée à cœur ouvert, puis l’a refermé pour toujours.

Je suis encore vivante, alors je parle*
https://leressentidejeanpaul.com/2023/01/20/je-suis-encore-vivante-alors-je-parle/

La première vie de l’auteure, relatée dans le tome 1, lui rappelle l’horreur du souvenir d’une enfance meurtrie, perdue. Elle ne l’a pas oubliée, mais elle l’a laissée partir pour toujours. Ce tome 2 est l’empreinte de sa vie d’après, foudroyée, pulvérisée, qui accuse son face-à-face avec un drame effroyable dépassant l’entendement et qui s’est sauvagement transformé en une tragédie sortie tout droit du paranormal. L’auteure s’est jetée au-devant de tous les dangers jusqu’au péril de sa vie pour un être innommable, un maniaco-dépressif. Oui, pour lui, sans réfléchir aux conséquences et sans reproche aucun, elle a payé le prix de toute sa vie… pour rien. Elle a offert sa main à cet être au cœur percé et dépourvu de tous sentiments. Il l’a trahie, a entaillé sa vie et a tenté de l’enfoncer avec lui dans les abîmes de ses délires, mais sa folie, qui quelquefois n’en était pas une, n’a pas eu raison d’elle. Elle s’est battue comme une rescapée qu’elle est aujourd’hui, mais lui non plus ne lui rendra pas ses jeunes années.

Émotion, Drame, Folie, Histoire vraie, Noir, Psychologie

Je suis encore vivante, alors je parle

de Paloma
Broché – 14 octobre 2022
Éditions : Maïa

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Lorsque je rembobine le film de ma vie, revivent en moi ces images qui ont muré mon existence dans un silence anormal. Ma mémoire n’a de cesse de hanter mon esprit, elle enchaîne souvenirs plombés de traques, de violences insoutenables, et me bouscule inévitablement dans l’enfer indélébile de ma jeunesse, comme pour me rappeler qu’il m’a brûlée à tout jamais. Ne serait-ce qu’un instant, pourrait-on imaginer qu’un individu censé être de son sang, nous fasse endurer le supplice, la terreur ? Adieu mon enfance adorée, éphémère, adieu toi, dont j’ai si souvent rêvé en secret, celle que je n’ai jamais eue. Lui pardonner ? Moi seule connais la réponse depuis toujours. Si certains ne s’expriment pas, si les morts qui ont eux aussi souffert ne parlent pas, moi, je suis encore vivante, alors je parle.

 

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La vie n’est pas un long fleuve tranquille, on le sait déjà. Mais pour certains elle s’apparente plus à un combat quotidien, ne serait-ce que pour subsister…

Paloma se dévoile. C’est son passé qu’elle extériorise et nous transmet sous la forme d’une autobiographie déchirante. Comment une grande sœur peut dénigrer de telle sorte un autre membre de sa fratrie ? Violences verbales, violences physiques, mais surtout violences psychologiques ! Comment faire pour se remettre d’une telle enfance ? Qui n’a pas envie de faire un câlin à une fillette de trois ans ? Comment peut-on obliger sa petite sœur à dormir par terre, à même le sol, sans couverture, dans le froid ?
La folie d’une sœur n’explique pas tout. Les mensonges, les duperies, la méchanceté…
J’ai retrouvé dans le livre de Paloma plus de violence que dans la plupart des romans noirs que j’ai pu lire. Mais malheureusement ce n’est pas un roman… C’est la vie d’une enfant.

Il a fallu que je m’arrête régulièrement tant, c’était difficile. Je me suis même demandé si j’allais terminer le récit ou pas. Je me suis revu enfant dans certains passages, les yeux ouverts la nuit, la peur au ventre du moindre bruit, du moindre craquement…

Comment effacer toutes ces douleurs vécues, tous ces souvenirs si pénibles ?
On ne peut pas.
On les évince du mieux possible, on essaie de faire avec, mais ils sont toujours là, insidieux dans un coin de l’esprit, attendant le plus mauvais moment pour ressurgir.
Non, la vie n’est pas un long fleuve tranquille… Paloma le sait, et elle a le courage de se libérer et de crier aujourd’hui à tous qu’elle est encore vivante !

Un livre bouleversant qui ne peut laisser personne indifférant.
Merci beaucoup Blandine pour cette découverte…

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Extraits :

« C’est avec une cruelle souffrance, que je veux retracer chaque instant de mon existence. Comment pourrais-je parler de ma plus tendre enfance, quand elle n’a été que souffrance et douleur ? Elle me laisse autant de cicatrices que de secondes dans ma vie tels des coups de poignard que l’on m’aurait plantés, écrasés, cassés dans mes entrailles. Meurtrie dans tout mon être, abîmée par le temps qui passe, je m’autorise enfin à exorciser chacun de mes souvenirs. Et comme pour me réclamer justice, mon esprit tente de m’encourager à détruire ce poison de ma mémoire, en faisant éclater ce qui a réellement existé. Chacune de ces lignes retraça, le cercle infernal qui fut le mien et fera revivre en moi tout ce qui m’a détruite. »

« Il est tard, il fait noir, il fait froid, c’est l’hiver, la maison dort, le silence est roi et moi, j’appréhende, je meurs. Je perçois les ronflements de toute la maisonnée pendant que j’anticipe la sauvagerie. J’ai la frousse, je tremble, j’ai à peine le droit de respirer, pourtant, je m’entends gémir. Les bruits sourds s’accentuent, les draps de toutes les silhouettes allongées se froissent et se défroissent, chacun bâille, chacun ignore ma détresse et je supplie en silence même si je sais que je n’ai plus le temps, ni de supplier, ni de mendier, un “au secours”. »

« C’était un personnage très paradoxal, car à défaut de me tuer de coups, elle me donnait des pages et des pages de livres qu’elle tirait au hasard dans la bibliothèque que je devais recopier intégralement, pendant des heures, jusqu’à ce que ma main s’épuise et sans faute. J’adorais écrire, lire, mais pour moi, recopier bêtement des bouquins, frôlait le ridicule. »

« Au fil de mes lignes, je m’essouffle et de ne pas voir la fin sur mon œuvre ne fait qu’accroître ma rancune. Chaque coup de crayon fait de moi une ressuscitée qui n’en finit pas de regretter les plus belles années de ma vie qui m’ont été volées. À chacune de mes rétrospectives, je construis volontairement mes écrits en les accompagnant de commentaires avec mes ressentis d’aujourd’hui, parce que mon cœur a besoin de se libérer au fur et à mesure que mes souvenirs reviennent. »

 

Tombée dans le terrible chaos de ses deux premières vies de souffrances et de tragédies qui l’ont brisée, Paloma a pendant de très longues années éprouvé le besoin de les conjurer avec des mots pour l’aider à survivre et à trouver un soupçon de paix. Elle souhaite réunir toutes ses forces pour crier au monde entier de ne jamais quitter un enfant des yeux, lui aussi est un être vivant, il est précieux, il est la suite de nous-mêmes. Au travers des pages de ce premier tome qu’elle a ouvert il y a bien longtemps, elle s’est exprimée à cœur ouvert, puis l’a refermé pour toujours.

Émotion, Drame, Folie, Noir, Thriller psychologique

La longue nuit de Bleka

de Elly Rosemad

 

“Je m’appelle Bleka. Je suis une jeune orpheline islandaise. Mon oncle Yrkill m’a recueillie depuis ma naissance, en 1762. Nous avons vécu à Hveravellir un certain nombre d’années, dans les Hautes Terres. Lorsqu’Yrkill partait « pour affaires », Góðvilda et son fils Frelsi, nos chers voisins, m’accueillaient dans leur foyer. Ils étaient comme ma famille. Et puis un sombre jour, Yrkill m’a arrachée à eux. Il m’a forcée à le suivre sans m’en donner la raison. Je sais simplement qu’Yrkill est un utilgumen, un banni. Il a perdu tous ses droits. Aujourd’hui je suis seule avec lui, tentant de survivre dans un abri de pierres au beau milieu du désert d’Ódáðarhaun, le désert des crimes. Ce lieu est soit disant notre meilleur moyen de survie. Mais en réalité, il me séquestre. Depuis longtemps déjà. Et s’il n’y avait que cela… Je fais partie de ceux qui n’ont plus peur de l’enfer car ils y sont déjà. Jour après jour les mots me manquent davantage. La douleur m’assaille.
Si ça continue je vais mourir.
Cette situation ne peut plus durer. Je dois fuir, mais comment ?”

 

 

Soyez les bienvenues dans le monde d’Elly Rosemad, ou peut-être dans “La” vision d’un nouveau monde qu’elle ne voudrait surtout pas voir se réaliser !
J’espère que vous êtes bien accrochés, car vous risquez d’être bien malmenés.

Bleka, à son grand désespoir, vit dans un abri de pierres au beau milieu du désert d’Ódáðarhaun, avec son oncle Yrkill qui l’a recueillie à sa naissance…
Yrkill est un homme “possédé”. Parfois, il se transforme et dans ces moments-là, il devient le mal, il devient le vice, il devient “le Barge”. Alors, dans ces moments-là, Bleka n’est plus que blessures, cris et souffrances…
Et, Yrkill en profitera, il pèsera de tout son poids sur la frêle jeune fille qui ne pourra retenir ses larmes. Comme il le fait régulièrement depuis des années, avec une violence inouïe, il déchire ses entrailles en se délectant de plaisir…

Voilà la vie de Bleka. Dès lors, elle n’a plus qu’une idée en tête… fuir.

Mais dehors aussi, le monde est perverti. Le jour, petit à petit a disparu, il a cédé sa place à l’obscurité qui recouvre la nature de noirceur et de ténèbres…
L’obscurité est le royaume de Bölvun, la mort est sa raison d’être… Il est dorénavant partout chez lui ! Gare à ceux qui auront le malheur de croiser sa route.

Bleka part à la recherche des siens qui pourraient encore être en vie. Elle doit briser la nuit, afin de faire fuir la mort. Sur son chemin, elle croise Sannur…
Sera-t-il de taille pour la protéger du chaos environnant ?

Psychologue de formation, Elly Rosemad construit ici un roman très personnel et presque “hermétique”. Ma curiosité m’a permis d’avancer, mais j’ai eu des sueurs froides en me demandant où voulait en venir l’auteure !
Et pour le coup, le switch final est excellent et m’a complètement surpris, Bravo !
C’est un roman qui se lit doucement, qui se déguste presque, qui s’apprécie à sa façon. J’avais peur de passer à côté d’éléments importants. Les noms des lieux, de personnages et parfois d’objets à consonance scandinave m’ont complètement immergé dans cette ambiance, glauque et froide qui m’a collé à l’esprit jusqu’au bout de mon récit.
C’est une sacrée expérience à vivre/lire !!!

Mais, “La longue nuit de Bleka” a une autre particularité…
Adolescent, un jour dans le métro, j’ai trouvé un livre sur un siège. Je l’ai pris et ouvert. Il y a avait une petite introduction. Le livre se présentait à nous comme un “livre voyageur”. La règle était simple. Une fois lu, il fallait rendre sa liberté à l’ouvrage. Y glisser éventuellement un petit mot et le laisser s’envoler. J’ai moi-même très régulièrement “libéré” ainsi des romans qui le méritaient vraiment…

“La longue nuit de Bleka” m’a fait penser à ces livres voyageurs, mais Elly a transcendé le concept !
Le récit existe.
Il ne demande qu’à vivre. Qu’à donner des émotions, à créer des Ressentis, l’idée est bien là… Le partage.
Il ne tient qu’à vous d’en faire la demande, directement auprès de l’auteure…

Challenge bien orchestré, ou pari complètement fou ? L’avenir nous le dira, mais l’idée est particulièrement séduisante ! Vous aurez la chance, comme moi d’être un acteur qui fera vivre l’histoire, par le biais de mon Ressenti…

J’ai passé un très bon moment de lecture. C’est un puzzle parfait où chaque pièce trouvait sa place au fur et à mesure où je tournais mes pages.
Chaque mot est ciselé, chaque idée rabotée, ma lecture du soir était devenue immersive.
J’ai dû laisser passer quelques jours avant de rédiger mon Ressenti. Le Noir, l’obscurité, les ténèbres étaient encore très/trop ? présent en moi.

Je remercie Elly pour sa confiance et pour m’avoir permis de vivre une lecture si intense, et si addictive au final.
Un très bon second roman, incroyable, qui est hors normes à de nombreux niveaux évidemment, mais quelle belle réussite littéraire… Le temps, je l’espère me donnera raison…

En attendant, vous savez ce qu’il vous reste à faire !

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Extraits :

« Juste un bruit. Un léger craquement. Comme si quelqu’un venait d’écraser un morceau de palagonite. Mes tripes se nouent. Je me relève difficilement. Je serre les dents. La douleur m’écrase. J’essaye de me retenir à la paroi pour ne pas tomber, mais mes poignets enflés me rappellent à l’ordre. Je me tiens les côtes. Autour de moi, c’est comme si l’air se chargeait d’une odeur épouvantable. Un frisson me parcourt. Je tremble et je presse Xowy contre moi. Une ombre grandit et se déplace dans ma direction. Plus elle avance et plus je me sens oppressée. Je sais reconnaître le poids des ténèbres lorsqu’il se rapproche. J’ai vécu avec depuis toujours. Il a le don de pousser mon cœur au bord de l’explosion. »

« Je relève la tête. L’ombre se découpe dans mon champ de vision. La silhouette est grande. Essoufflée. Elle se tourne vers moi. Sous le ciel zébré d’aurores, je vois son visage. C’est lui. Yrkill apparaît comme à son habitude, à l’identique d’un diable sortant de sa boîte. Il avance lentement. D’un pas sûr. D’une agilité prédatrice. Il me fixe de ses yeux injectés de sang. Son visage se fend d’un sourire plus malsain que jamais. Il se met à rire en ébouriffant ses cheveux noirs d’une saleté à écœurer n’importe qui. Malgré sa respiration saccadée, le barge parvient malgré tout à vociférer. Je suis tétanisée. À ma droite et à ma gauche, des pans rocheux font barrage. Je suis prise au piège. Ce qui devait me protéger va finalement permettre à Yrkill de me coincer. Puis de me tuer. »

« Je referme la porte. Grincement inquiétant. Dans l’obscurité la plus totale, j’essaie de me guider avec les structures en bois et je m’allonge sur la plus proche d’entre elles. Je déteste cet endroit. Définitivement. Une partie de mon être me somme de partir. Je perçois les bourrasques qui menacent au-dehors, comme pour me rappeler que j’ai de la chance d’avoir trouvé un toit. Alors je reste ainsi, étendue en chien de fusil. Mes angoisses laissent la place aux douleurs qui viennent et partent, dans un va-et-vient des plus pervers. Je n’ai pas d’autres choix que d’endurer cette souffrance qui me lancine, au point que ma respiration se coupe par intermittence. J’attends. Je ferme les yeux. Comme si un miracle pouvait survenir. »

 

Elly Rosemad est psychologue de formation.
Elle est l’auteure d’un premier roman, “Trauma zéro” (2018), un thriller d’anticipation.