Émotion, Drame, Histoire vraie

Je suis la maman du bourreau

de David Lelait-Helo
Broché – 13 janvier 2022
Éditeur : Héloïse d’Ormesson

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Du haut de ses quatre-vingt-dix ans, Gabrielle de Miremont semblait inatteignable.
Figée dans l’austérité de la vieille aristocratie catholique dont elle est l’incarnation. Sa devise : “Ne jamais rien montrer, taire ses émotions”. Jusqu’à ce matin-là, où un gendarme vient lui annoncer la mort de son fils. Son fils cadet, son enfant préféré, le père Pierre-Marie, sa plus grande fierté. Gabrielle ne vacille pas, mais une fois la porte refermée, le monde s’écroule. Cet effondrement, pourtant, prend racine quelques semaines plus tôt, à la suite d’un article de presse révélant une affaire de prêtres pédophiles dans sa paroisse. Révoltée par cette calomnie, Gabrielle entreprend des recherches. Des recherches qui signeront sa perte. Ou sa résurrection.

Je suis la maman du bourreau raconte avec une subtilité et une justesse époustouflantes le calvaire d’une mère murée dans son chagrin. Un portrait dérangeant, qui touche au cœur, et rend un hommage vibrant à ceux qui osent dénoncer l’innommable.

 

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Comment une mère pratiquante, chrétienne plus que convaincue, réagira-t-elle lorsqu’elle apprendra que son fils, celui qu’elle a adulé, prêtre respecté aux yeux de tous, a pendant des années, abusé et violé plusieurs dizaines de garçons qui lui étaient confiés, marqués à jamais dans leur chair et dans leur esprit ?
Ce roman nous conte, cette relation très forte mère-fils, où une mère a placé tous ses rêves et tout son amour envers son fils qu’elle a élevé dans le respect de Dieu et de la religion, oubliant ses filles et son époux…

Dans ce court roman, émouvant, très dense, tranchant et acéré, David Lelait-Helo fait écho au rapport rendu public, le 5 octobre 2021, par Jean-Marc Sauvé, président de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église. En effet, après deux ans et demi de travaux, ce rapport révèle l’ampleur des violences perpétrées envers les enfants depuis les années quarante, par certains hommes de Dieu.
Depuis, l’Église a enfin accepté d’ouvrir les yeux, et d’entendre les trop nombreuses victimes.

C’est un sujet qui m’a toujours intéressé et qui me touche tout particulièrement… Alors oui, je me suis attaché à Hadrien, survivant de cette horreur, et je n’ai pu m’empêcher d’être meurtri à l’énoncé du calvaire qu’il a subi à son jeune âge, ayant moi-même, dans une autre vie, échappé au pire durant mes années “catéchismes”, sauvé au moment où je me croyais perdu. Comment peut-on vivre après ça ? Comment peut-on renaître et continuer à aller de l’avant ?

L’auteur ne juge pas.
Il énonce des faits. Soit, il ne nous épargne rien, ni l’indicible, ni une certaine folie et encore moins les larmes…
Personnellement, je pense que c’est ce choix délibéré d’écriture directe et sans fioritures, qui déclenche les émotions, tout en restant un récit d’une sincère beauté, poignant et plus encore…
Une construction mêlant le récit d’un narrateur et les écrits d’une mère, un roman intense tout en finesse et en justesse.

Il est dès lors, très difficile pour moi, de dire que ce “sujet” est un nouveau coup de cœur. Mais il m’a tant remué, par sa force et par ses personnages poignants !
Alors, oui David, il y a des sujets qui ne doivent plus être tus, et sans vouloir automatiquement stigmatiser l’Église, car effectivement, ELLE n’est pas coupable. Ne sont coupables que les hommes, qui ayant un peu de “pouvoir” et par le fait, ayant de l’ascendance sur d’autres, quel que soit le milieu, développent leur coté “monstre”, qui existait sûrement déjà, malheureusement, dans un recoin de leur esprit malade.

À découvrir absolument !

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Extraits :

« Le miroir accroché à la porte coupa net le fil de ses pensées ; il s’approcha de son reflet, guida ses doigts le long des pleins et déliés de son visage, comme s’il le découvrait, à moins qu’il ne cherchât celui qu’il avait perdu. Sa jeunesse avait filé comme une voleuse, emportant tout l’or de ses cheveux et l’éclat du saphir de ses yeux. Mauvais diable, les ans s’étaient agrippés à ses joues, suspendus à son cou, à ses paupières, avaient tracé des sillons profonds et planté des fleurs de cimetière. Pour la première fois, il observait en détail ce lent naufrage, jusqu’à regretter cette beauté qui en fin de compte n’avait été utile à personne. Il s’attarda sur son buste. Ses épaules ne le flattaient plus, elles tombaient. Il songea que tout, un jour, finit par tomber, les cheveux, les dents, les épaules, les corps les plus valides, et aussi les empires et les rois, la puissance et les certitudes.
Il visualisait la chute. »

« Je pourrais compter les moutons, ou mes jours. J’en ai vécu un peu plus de trente-trois mille deux cents. Toutefois, combien laissent vraiment une trace ? Dans une existence, il y en a bien quelques-uns, des jours pivots articulant l’échafaudage complexe qu’est notre vie, des jours plaisant, des jours à marquer d’une pierre blanche, il y a aussi une poignée de jours funestes. Mais ils se déplient surtout des milliers de jours pâles et transparents dont rien ne sera retenu, des éphémères morts et enterrés à l’approche du lendemain. »

« La porte s’était refermée sur Hadrien. Je l’avais vu emprunter d’un pas lent le long chemin bordé de peupliers qui mène à la route principale. Puis il avait disparu : la nature était verte et pleine, elle n’avait fait qu’une bouchée de ce beau jeune homme qui lui-même n’avait fait qu’une bouchée de moi après que mon fils n’avait fait qu’une bouchée de lui. Nous nous étions dévorés les uns les autres. »

« La douleur des victimes est une plainte qui monte vers le ciel, qui pénètre jusqu’à l’âme et qui, durant trop longtemps, a été ignorée, silencieuse ou passée sous silence. »

« Je n’ai pas les câlins faciles, je les redoute autant que je les désire. Quelle tendresse suis-je en droit ou non de lui donner ? Je n’ai jamais pu voir mon fils nu ; sa nudité me renvoie à la mienne et me heurte. Et je ne sais pas davantage affronter ses moments de tristesse ou d’agressivité. Je tremble pour lui, j’ai mal pour lui. Et je crois aussi que physiquement, il me ressemble trop. Je me vois en lui ; ce jeu de miroirs me bouleverse et me terrifie. »

 

 

David Lelait-Helo est né à Orléans le 3 décembre 1971.
Après des études de littérature et civilisation hispaniques à Montpellier, il enseigne l’espagnol.

En janvier 1997, à 25 ans, il publie chez Payot son premier ouvrage, Evita, le destin mythique d’Eva Peron. Passionné d’art lyrique, il présente la même année une biographie de Maria Callas, Maria Callas, j’ai vécu d’art, j’ai vécu d’amour, traduite depuis en 7 langues. Il délaisse alors l’enseignement pour faire ses débuts de journaliste. Il se consacre en particulier aux destins de femmes pour le magazine Gala puis collabore à Cosmopolitan, Nous Deux ou encore à Femmes d’Aujourd’hui et à Télé Moustique en Belgique. Des lors, Il ne cessera plus d’interviewer et de côtoyer de nombreuses personnalités de la chanson, du cinéma et de la télévision. Dans le même temps, il tient des chroniques régulières dans la presse gay, Illico et Idol. En 1998, il sort d’ailleurs Gay Culture aux éditions Anne Carrière. En 2001, il devient responsable des pages people et culture du magazine Nous Deux et publie Les impostures de la célébrité aux éditions Anne Carrière, un livre polémique sur la place que les stars occupent dans notre société. En 2002, il renoue avec sa plus grande passion, le portrait de femme, en publiant chez Payot une biographie de Romy Schneider qui remporte un grand succès en librairie, Romy au fil de la vie. La même année, à l’occasion des 25 ans de la disparition de la mort de Maria Callas et de la sortie du film Callas Forever de Zeffirelli avec Fanny Ardant, David Lelait-Helo présente une version revue et augmentée de sa biographie de Maria Callas. En septembre 2003, il publie Sur un air de Piaf, une biographie d’Edith Piaf abondamment traduite à l’étranger, et en septembre 2004 un portrait de Dalida, Dalida d’une rive à l’autre. Les biographies de David Lelait-Helo sont rééditées en format poche aux éditions J’ai Lu et Petite bibliothèque Payot.

Le 5 avril 2006, il publie un roman autobiographique, Poussière d’homme, aux éditions Anne Carrière et en mai 2006, Vanessa Paradis pour Librio. Durant l’été 2006, il présente une trentaine d’émissions musicales quotidiennes intitulées Pink Platine sur la chaîne Pink tv. Le 22 août 2007, à l’occasion du trentième anniversaire de la disparition de Maria Callas, sort en Petite Bibliothèque Payot Maria Callas J’ai vécu d’art J’ai vécu d’amour. Le 3 octobre 2007, paraît Barbara, un portrait intime de la chanteuse disparue en novembre 1997. En septembre 2009, il publie aux Editions du Rocher dans la collection de Vladimir Fédorovski une histoire de la chanson française du Moyen-Âge à nos jours, Le Roman de la Chanson Française. En octobre 2010, paraît aux Editions Anne Carrière son 12ème livre, un roman, Sur l’épaule de la nuit

Adolescence, Émotion, Drame

Un long chemin depuis la rivière des crevettes

de Thierry Essengue
Broché – 23 août 2018
Éditeur : Éditions de l’Onde

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Pascal, un jeune métis, abandonné par sa mère à sept ans va vivre un incroyable destin. D’abord un long combat engagé dans cette vie façonnée par deux cultures, depuis une enfance bercée par les moeurs de l’Afrique jusqu’à une maturité forgée par une forte résilience. Avec authenticité, poésie et émotion, l’auteur nous conte une histoire faite de rencontres extraordinaires, de situations cocasses, épiques ou dramatiques. Un magnifique voyage, par ailleurs enrichi de références historiques, culturelles et géographiques sur le Cameroun qui donnent un accent insolite à ce roman, en redistribuant la loi romanesque du genre et lui donnant une singularité profonde.

 

2021_083_Essengue Thierry - Un long chemin depuis la rivière des crevettes

 

Après la lecture de son premier roman “Pour l’amour de mon petit bout”, que m’avait envoyé Thierry Essengue, il me tardait de lire celui-ci…

C’est une très belle surprise !

“Un long chemin depuis la rivière des crevettes”, c’est la vie de Pascal, jeune métis très tôt abandonné par sa mère qui part avec son frère et sa sœur, obligé de vivre avec un père “qui ne le voit pas” et qui est très dur avec lui.
Réveils à coup de seau d’eau dans le lit, obligations de se débrouiller dans son quotidien, pour aller à l’école (20 km par jour), pour manger aussi. Pascal doit régulièrement cirer les chaussures de son père s’il veut un gagner un peu d’argent, laver tous les samedis la voiture familiale… Pascal à une vie triste et solitaire. Il a très peu d’amis. Très vite il se forge un caractère pour ne pas se faire avoir et va ainsi décider de sa propre vie, en prenant tous les risques.

Il veut savoir pourquoi sa mère l’a abandonné. Pourquoi elle ne lui écrit jamais. Pourquoi il n’a jamais de nouvelles de son frère ni de sa sœur. Pourquoi son père ne l’aime pas…
Quel est donc ce secret qui tourne autour de lui et l’empêche de vivre une vie sereine ?

Malgré la dureté du sujet, c’est un magnifique voyage que j’ai fait au Cameroun, pays que je connaissais fort peu.
La vie des gens, leurs cultures, la religion, la nature aussi, omniprésente. Un voyage extraordinaire avec une famille attachante, de plus en plus nombreuse avec tout un tas de rebondissements !

J’ai aussi beaucoup aimé les références historiques et culturelles disséminées tout le long de la lecture, qui m’ont appris énormément de choses.

Petit “bémol” par contre sur la forme.
Le texte est très beau et j’avais l’impression régulièrement d’avoir changé de pays, mais il y a beaucoup de “coquilles”, fautes d’orthographes, doubles espaces, etc… C’est dommage.
Peut-être qu’un nouvel éditeur pourrait travailler sur ce sujet ?

Un incroyable destin qui m’a fait passer par tout un tas d’émotions. C’est très poétique aussi. Un livre qui mérite vraiment d’être lu par tous ceux qui aime la vie, un message d’amour qui mérite d’avoir une nouvelle vie…

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Extraits :

« Je peux commencer cette lettre par cher père, mais non, ce sera Monsieur, car pour moi tu n’as jamais été autre chose qu’un étranger dont je porte le nom. À l’âge de 7 ans, je me retrouve seul avec un homme que j’appelle « mon père ». Pendant 12 ans, tu ne m’as jamais montré des signes qui m’auraient permis de confirmer cette filiation dans mon esprit et dans mon cœur. »

« – Maman, maman, t’es où ? J’ai quelque chose à te dire !
Aucune réponse, nous cherchons dans toutes les pièces, personne. Il n’y a vraiment personne, ni mon frère, ni ma sœur, ni mon père.
– Écoute, mon petit Pascal, va jouer dans ta chambre, je vais te préparer à manger. Ils vont peut-être arriver entre-temps.
Après le repas, je ne vois personne, je ne comprends pas. C’est alors que mon père arrive et tantine Sophie nous dit au revoir. Après son départ, mon père me prend dans ses bras et me dit :
– Tu sais mon fils, ta mère est partie avec ton frère et ta sœur, sans toi.
Cette explication simple ne veux rien me dire de concret dans l’immédiat, d’autant plus que mon père ne me donne pas d’autres explications. »

« Je vais comprendre que dans la vie, il n’y a pas que des méchants. Il y a aussi des gentils. Cette idée va me permettre au fil du temps, de développer un optimisme à toute épreuve est un espoir dans toutes les difficultés. Je crois aussi, qu’il y’a de la part de Samuel, un peu de pitié, de compassion et d’empathie. Cet homme souffre de ne pas avoir eu du fils et voilà que je suis près de lui, je prends ce rôle de façon involontaire. J’aurais donné ma vie pour retrouver ma mère et Samuel me donne l’impression d’être prêt à tout, pour atténuer ma peine. »

 

 

Thierry ESSENGUE est passionné de poésie et d’écriture depuis son adolescence. À travers les mots, il traduit sa sensibilité, aime faire ressortir les valeurs et les richesses de belles rencontres.
Aussi, celles des relations humaines du quotidien et la pudique expression de la sensualité. C’est pourquoi l’écriture – et surtout les mots, comme l’amour, l’amitié – fait partie des plus belles expressions de la vie qui ont cette magie. Cela nous aide à nous évader ou à nous transporter.
Il vit à Vaires-sur-Marne, et est responsable technique dans la maintenance du patrimoine des investisseurs.

Émotion

Habiller le cœur

de Michèle Plomer
Broché – 26 septembre 2019
Éditeur : Éditions Marchand de feuilles

Vivrons-nous bientôt dans une société sans âge ?
Que faire avec les trente ans supplémentaires que la vie occidentale nous accorde ? Prendre sa retraite ?
Consommer ?
Profiter de la société de loisirs ?
Ou se rendre utile ?
Monique a vécu une jeunesse dorée entre son travail de sténographe et les clubs de jazz du Golden Square Mile. Mariée à un homme aux lunettes en corne noire, elle a eu une vie de famille comblée.
Mais à 70 ans elle décide de tout quitter pour accepter un emploi dans l’Arctique. Sans même laisser à sa fille inquiète le temps de digérer la nouvelle, Monique se retrouve dans un village nordique où les bonbons pleuvent du ciel, en compagnie d’Oscar, son petit terrier.
Habiller le cœur est un exercice d’admiration qui nous rappelle que les mères ont souvent la tâche ardue de réparer tous les torts du monde.

 

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Bonjour à toutes et à tous.

Jeudi 9 avril 2020, j’étais invité ainsi que ma femme à une soirée exceptionnelle « NUNAVIK, le grand nord du Québec », en partenariat avec Le Cercle Littéraire du Château de Maffliers, mais malheureusement confinement oblige, la soirée a été annulée. J’ai quand même décidé de lire le livre prévu.

Lorsque j’ai découvert la couverture du roman, j’ai littéralement flashé. Pour le visuel bien sûr, mais aussi pour le titre qui annonçait pour moi quelque chose de doux et de moelleux. Mais Monique est tout le contraire une femme forte, une femme qui en impose, qui pense que dans la vie, rien n’est fini tant que ce n’est pas fini…

« À l’âge de soixante-dix ans, ma mère porte encore en elle un espace de possibles et de mondes non imaginés. Elle n’a pas le dos courbé. Elle marche penchée vers l’autre, enceinte d’elle-même. »
C’est avec ces mots que Michèle Plomer commence son septième roman.

En partant vivre dans le Grand Nord à l’âge de 70 ans, Monique, la mère de Michèle Plomer, défonce, une fois de plus, des portes. Arrivée à Puvirnituq comme gestionnaire de la DPJ, elle s’adapte rapidement à la communauté inuite qui la reçoit. En les écoutant et en les respectant, elle se prend à rêver d’un parka couleur betterave confectionnée par une artisane du village.

Malheureusement, j’ai eu du mal à entrer dans l’histoire… Pourtant l’écriture est fluide et agréable. Et j’ai trouvé même plusieurs phrases sublimes, mais je me suis perdu dans ces immenses confins blancs à perte de vue. J’ai eu beau m’accrocher et reprendre plusieurs fois, le texte ne voulait pas de moi, et j’en suis fort triste…

Mais j’ai pu retenir qu’Habiller le cœur était un hommage aux femmes, et peu importe leur âge, une ode aux peuples autochtones, un hommage aux travailleurs de la protection de la jeunesse, un livre empreint de valeurs essentielles qui méritera pour moi une seconde relecture… Qui sait ?
Peut-être pour mes soixante-dix ans !

Ce ressenti n’engage que moi, et j’espère que vous trouverez les clés pour avancer avec plaisir, le long de l’épopée de Michèle Plomer.
En tout cas, c’est très vite que j’essayerai un autre de ses romans !

PS. Fans de jazz vous trouverez votre bonheur et une belle excuse pour réviser vos classiques !
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Extrait :
« Le bruit de la neige qui craque sous les semelles cloutées de Moe s’élève du sol comme si le pouls de la terre battait en phase avec ses pas. Labreene lui a prêté une lampe frontale pour éviter qu’elle se fasse frapper par un motoneigiste. Sitôt la ligne des maisons préfabriquées franchie, elle tourne le coin pour échapper au regard de sa collègue qui la suit depuis sa fenêtre. Elle s’immobilise et donne un coup de mitaine sur son front, éteignant la lumière.
Le calme l’enveloppe. Même Oscar a cessé de tirer sur la laisse et tend l’oreille à cette paix sonore. Des milliers d’étoiles leur font des clins d’œil. Moe repère l’Étoile Polaire et pense à Sally. “Regardez les étoiles, c’est contempler des milliers d’années”, lui a-t-elle dit, “c’est voir le passé des astres”. »

 

 

Michèle Plomer est une écrivaine et traductrice québécoise née en 1965 à Montréal. Son écriture fait écho à son amour des Cantons-de-l’Est, où elle habite, et de son séjour en Chine du Sud, où elle a enseigné l’anglais durant trois ans à l’Université de Shenzhen. Elle a fait partie d’un palmarès d’auteurs de romans québécois d’avant-garde. Elle a participé aux éditions 2014 et 2017 du festival littéraire Correspondances d’Eastman. Michèle Plomer a été finaliste au Prix des libraires de 2017. Elle est également coéditrice de la maison d’édition magogoise Chauve-souris.