Amour, Émotion, Philosophique

Terre de lumières***

de Joëlle Giraud-Buttez
Broché – 1 novembre 2025
Éditeur : Thot Éditions

Entre Paris et Levanto, Julia se cherche, se découvre, avance doucement dans les traces de ses ancêtres. Après avoir confié le grimoire familial à son impulsif ami parisien, elle reprend le chemin de l’Italie. L’ultime étape de sa quête l’y attend, la levée d’excommunication concernant sa grand-mère. Confrontée à la vraie nature de Fabien ainsi qu’à l’ampleur inattendue de sa mission, elle se verra une fois encore malmenée et ébranlée dans ses convictions, ses repères et ses acquis.
Parviendra-t-elle à libérer l’ensemble des femmes de sa lignée, prisonnières de l’injustice ? Arrivera-t-elle à les mener vers la lumière, à prendre la place qui est la sienne ?

Dans ce dernier volet de cette surprenante trilogie, Joëlle Giraud-Buttez emmène, tout en délicatesse, le lecteur aux confins de l’infini.

À travers Le Réveil des mémoires, L’Arche du passé et maintenant Terre de lumières, qui vient clore cette magnifique trilogie, Joëlle Giraud-Buttez m’a entraîné avec une virtuosité rare dans une saga envoûtante. J’y ai suivi, au fil des pages, une histoire familiale complexe qui traverse les siècles, dévoilant progressivement une réalité imperceptible, à la frontière du tangible et des croyances anciennes. Et dans cet entre-deux fascinant, j’ai vu Julia, l’héroïne, devoir affronter l’étrange héritage de sa lignée. Soutenue par Fabien, Camille, Flavio et son grand-père, elle avance envers et contre tout pour découvrir la vérité sur ses ancêtres, et notamment sur sa grand-mère injustement accusée de sorcellerie.

J’attendais cette suite depuis des années, sans même savoir si elle verrait le jour, mais je l’espérais de toutes mes forces… Et la magie a opéré.
Joëlle est, pour moi, une véritable magicienne. Elle puise son inspiration dans la simplicité des rencontres humaines et écrit des romans dont je redoute toujours la dernière page, tant j’aimerais que l’histoire continue encore et encore… À chaque chapitre, à chaque nouvelle page, elle crée un rebondissement, un souffle nouveau soutenu par les valeurs du cœur, l’amour, la filiation, la force des femmes.
Comment ne pas être bouleversé ?

Entre passé et présent, chaque tome m’a offert un voyage unique. Et dans ce troisième volet, le récit est tout simplement sublime.
L’écriture est d’une grande finesse. J’ai senti que chaque mot avait été soigneusement choisi, parfaitement placé. Joëlle m’a transporté dans un monde tantôt magique, tantôt historique, mais toujours traversé d’émotion.

La fin, quant à elle, est d’une beauté rare.
Une conclusion lumineuse, profondément émouvante. J’ai pleuré, pas de tristesse, mais d’un bonheur immense. Ce roman m’a touché au plus intime. C’est beau, tellement beau… et cela fait tellement de bien.

Un énorme coup de cœur pour le roman, bien sûr, mais aussi pour l’auteure, qui transmet avec franchise et douceur des messages de paix, de bienveillance et d’ouverture d’esprit dont beaucoup devraient s’inspirer.

Et dire que sans mon amie Yolande Legras, je serais passé à côté…

Terre de lumières est une histoire prenante, d’une beauté simple et profonde, qui mérite de toucher le cœur de nombreuses personnes.
À lire absolument !

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Extraits :

« Comment avait-elle pu se montrer à ce point aveugle, ne rien avoir vu venir, offrant ainsi, en toute légèreté, son chat aux affres de l’angoisse? Pauvre bête, assignée depuis la nuit des temps au rang de vigile énergétique! Éponge volontaire ou involontaire, elle hésitait encore entre les deux. Quoi qu’il en soit, un vrai baromètre sur pattes à la douloureuse fonction d’absorber tous les éléments résiduels malintentionnés flottant dans l’atmosphère. »

« Quoi qu’il en soit, il était de retour. Après un examen draconien, il regagna nonchalamment son rocking-chair. Le nez entre les pattes, les yeux mi-clos, il réintégra ce qui semblait un délice : la mémoire océanique de son ancienne vie fœtale. Le bonheur à l’état pur. Le jour et la nuit. Qu’avait-il vécu exactement, lui seul le savait. Le mystère resterait entier. Honnêtement, elle en resterait là. Quant à la sensibilité particulière des chats en présence de l’invisible, le fait, bien qu’inexplicable, était reconnu et validé dans l’univers du supra-sensible.
N’en déplaise aux détracteurs en tous genres. Après s’être renseignée sur le sujet, elle découvrit que certains animaux plus que d’autres percevaient, absorbaient, voyaient au-delà du ressenti humain. Un invisible qu’elle n’était pas encore en mesure d’appréhender dans son intégralité, encore trop novice en la matière. »

« Tout commença le jour où Julia lui fie part d’étranges malaises, d’intuitions spontanées, de rêves de plus en plus types, voire prémonitoires, Des pressentiments qui, pour l’avoir constaté, dépassaient le virtuel pour la matérialisation. Julia savait sans pouvoir se l’expliquer, Tant d’éléments déroutants, elle devait l’admettre. Troubles de la personnalité, suractivée émotionnelle féminine, d’où la distanciation relationnelle et la difficulté de la patiente à s’inscrire dans l’équilibre normé de la société, auraient diagnostiqué ses confrères. »

« L’ère technologique et scientifique des siècles derniers avait malheureusement modifié la relation de l’homme à son environnement. Certains allèrent jusqu’à reléguer toute pratique de soin en lien avec la nature au rang de charlatanisme. D’autres réussirent, en dépit de la pression exercée, à garder et à entretenir le lien avec celle qu’ils vénéraient et respectaient, Terre Mère. »

Joëlle Giraud-Buttez est une auteure discrète et spontanée qui affectionne la simplicité des rencontres humaines comme les voyages aux quatre coins du monde. Après des années de travail en milieu hospitalier, elle a désormais un regard plus holistique sur la santé et, au travers des soins énergétiques qu’elle dispense quotidiennement, elle considère chaque personne dans sa globalité. Au fil de ses romans, Joëlle Giraud-Buttez nous entraîne dans un univers hors des sentiers battus, un monde aux multiples facettes.

Le Réveil des mémoires
https://leressentidejeanpaul.com/2019/11/27/le-reveil-des-memoires/

L’arche du passé
https://leressentidejeanpaul.com/2019/12/04/larche-du-passe/

Amour, Émotion, Conte, Philosophique, Poésie

La boîte en fer rouillée

de Jean-Marc Dhainaut
Nouvelle gratuite – 2017

Un homme cabossé par la vie, une vieille chienne au seuil de son dernier souffle.
Une boîte en fer rouillée, exhumée d’un jardin…
Nicolas se retrouve dépositaire d’un secret trop grand pour lui, où certains messages, venus d’ailleurs, font renaître la promesse d’un Noël inattendu.

Avec La boîte en fer rouillée, Jean-Marc Dhainaut livre, une nouvelle fois, une nouvelle bouleversante, où le surnaturel se mêle à la mémoire, à la douleur et à l’amour inconditionnel.
Nicolas, est un homme meurtri par la vie, accompagné de sa vieille chienne Laya, il découvre dans son jardin une mystérieuse boîte contenant des lettres venues du passé. Ce qu’il croyait être au début une plaisanterie, se transforme en un voyage inattendu entre deux époques, deux destins, deux solitudes qui vont se répondre.

Jean-Marc a vraiment le don d’entrer directement dans mon cœur en quelques lignes. Il excelle à tisser une atmosphère à la fois intime et particulièrement poignante. Ici, la tendresse animale côtoie les fantômes de l’Histoire. L’émotion m’a serré la gorge, la dernière page m’a laissé à la fois meurtris et tellement apaisés… Une “petite” lecture que j’ai pris de plein fouet, dont vous ne sortirez pas indemne, mais comme moi, forcément grandi.

Une lecture gratuite, accessible sur le site de l’auteur :
https://www.jmdhainaut.com/la_boite_en_fer_rouillee.pdf

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Extraits :

« À quiconque trouvera cette lettre, je demande des nouvelles de mon fils, Salomon. Je suis sans nouvelles depuis que l’on nous a séparés. Avant de partir à mon tour, j’ai simplement le temps d’écrire ces quelques mots. Si vous la trouvez, si vous avez des nouvelles de lui, aussi incongrue vous semble cette boîte, écrivez-moi, et déposez-y votre lettre, et je saurai. »

« Laya, 14 ans qu’elle partageait sa vie. Elle était sa compagne de tous les instants, des bons et des mauvais. Toujours présente pour essuyer ses larmes, toujours là pour le réconforter, toujours là ces soirs où il craquait quand son ex-femme le poussait à bout. Souvent, il lui prenait la tête entre les mains en lui disant « Je voudrais que tu ne partes jamais, Laya, ne me laisse jamais ». Mais les jours de Laya étaient comptés, ils le savaient tous les deux. »

« Bonjour. J’ai trouvé votre lettre, mais je n’ai pas de nouvelles de votre fils, Salomon, et j’en suis désolé. J’espère que vous finirez par en avoir et je vous souhaite bonne chance. »

« Monsieur Nicolas. Merci de m’avoir répondu. Je vous supplie de m’aider à retrouver mon fils, ne m’abandonnez pas…
Hélène. »

……………………………

Jean-Marc Dhainaut est né dans le Nord de la France en 1973, au milieu des terrils et des chevalements. L’envie d’écrire ne lui est pas venue par hasard, mais par instinct. Fasciné depuis son enfance par le génie de Rod Serling et sa série La Quatrième Dimension, il chemine naturellement dans l’écriture d’histoires mystérieuses, surprenantes, surnaturelles et chargées d’émotions. Son imagination se perd dans les méandres du temps, de l’Histoire et des légendes. Il vit toujours dans le Nord, loin d’oublier les valeurs que sa famille lui a transmises.

Lauréat du Prix Plume Libre en 2018, il remporte le concours de nouvelles des Géants du Polar en 2019.

Brocélia
https://leressentidejeanpaul.com/2022/07/07/brocelia/

L’Œil du chaos
https://leressentidejeanpaul.com/2023/02/13/loeil-du-chaos/

La maison bleu horizon
https://leressentidejeanpaul.com/2023/04/13/la-maison-bleu-horizon/

Les prières de sang
https://leressentidejeanpaul.com/2023/08/22/les-prieres-de-sang/

Psylence
https://leressentidejeanpaul.com/2023/07/05/psylence/

Les Galeries hurlantes
https://leressentidejeanpaul.com/2023/12/02/les-galeries-hurlantes/

Mémoire de feu
https://leressentidejeanpaul.com/2024/07/03/memoire-de-feu/

ALAN LAMBIN et l’esprit qui pleurait
https://leressentidejeanpaul.com/2024/12/27/alan-lambin-et-lesprit-qui-pleurait/

Les couloirs démoniaques
https://leressentidejeanpaul.com/2025/01/09/les-couloirs-demoniaques/

ALAN LAMBIN et le fantôme au crayon
https://leressentidejeanpaul.com/2025/08/25/alan-lambin-et-le-fantome-au-crayon/

Comme une fleur sous un orage
https://leressentidejeanpaul.com/2025/08/27/comme-une-fleur-sous-un-orage/

ALAN
https://leressentidejeanpaul.com/2025/09/01/alan/

Dystopie, Philosophique

Gel

Aux confins des confinements
de Francis Denis
Broché – 12 janvier 2025
Éditions : La route de la soie – Éditions

Quand le quotidien se fige et que l’humanité vacille, il reste la force des mots pour capturer l’indicible. Dans ce recueil poignant et déroutant, Francis Denis explore les multiples facettes du confinement, miroir d’une époque troublée où le réel flirte avec l’absurde.
À travers des récits teintés d’ironie, de mélancolie et d’espoir, Francis Denis donne vie à une galerie de personnages, pris dans l’immobilité de leur monde intérieur et extérieur. Tour à tour poétique, satirique et profondément humain, Gel interroge nos fragilités, notre résilience et notre capacité à rêver malgré tout. Des dialogues intemporels aux images saisissantes, ce livre est une invitation à plonger dans l’univers singulier de Francis Denis, où l’ordinaire devient extraordinaire, et où chaque instant figé contient l’espoir d’un renouveau.

Francis Denis, artiste multidisciplinaire, signe ici une oeuvre à la fois littéraire et visuelle, ancrée dans la contemporanéité.

Après avoir été saisi par Jardin(s) – La Femme trouée et déstabilisé avec curiosité par BOB, je me demandais franchement dans quelle direction Francis Denis allait encore m’emmener. Et je dois dire que Gel – Aux confins des confinements m’a pris à revers. Rien à voir, ou presque, avec ses deux précédents romans. Et pourtant, j’y ai retrouvé ce que j’aime chez lui, une lucidité mordante, une écriture affûtée, et une manière bien à lui de saisir les failles de l’humain… Et oui, j’ai souri deux ou trois fois, devant l’intelligence tranquille de certains de ses propos.

Dans Gel, le froid n’est pas qu’un climat, c’est une atmosphère. Il s’infiltre dans les corps, dans les esprits, dans les silences. L’auteur propose une série de huis clos oppressants, comme autant de fragments d’un monde suspendu, abîmé. Chaque scène, chaque voix semble surgir d’un isolement différent, un vieillard qui se terre dans une armoire, un enfant qui écrit au Père Noël, une étrange parodie médiévale… Tout est étrange, presque irréel, surnaturel dirais-je, et pourtant tout sonne tellement juste.

Petit à petit, quelque chose bascule.
Et le confinement glisse vers une autre forme d’enfermement, plus radical, plus désespéré. Le gel devient total, et avec lui, un monde post-apocalyptique prend forme. Machines contre hommes, froid contre mémoire. J’ai été happé, désorienté parfois, mais fasciné.

Ce que j’ai aimé, c’est que ce roman ne se contente pas de rejouer la pandémie. Il la dépasse. Il m’a forcé à m’interroger sur mon rapport au réel, à la peur et à la solitude. Puis, met en lumière un besoin d’évasion et les efforts pour se réinventer, lorsque que tout semble figé.

Ma conclusion, Gel est et restera une œuvre étrange, fragmentaire, mais puissante. Elle m’a laissé un drôle de goût en bouche, comme un souffle givré dans le creux de la gorge. Et c’est précisément pour ça qu’elle m’a plu.
Qu’aurais-je fait à leur place ?
Que restera-t-il de nous ? De moi ?

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Extraits :

« – Ne prenez pas cet air d’inquisiteur chère damoiselle, nous sommes en confinement non pas pour oppresser le peuple mais bien pour nous protéger, pauvres humains que nous sommes tous, du fléau qui frappe à notre porte. »

« Alors la mère. I’ t’ont enfin relâchée !
T’aurais dû respecter les règles. Surtout à ton âge. C’est pas à quatre-vingt douze balais qu’on va se faire bronzer la couenne au bord de l’eau en pleine période de confinement !
J’t’avais dit d’prendre ça au sérieux. On n’est pas dans un roman photo ni entrain de jouer une saynète pour la Noël. Là, maintenant, c’est tout l’avenir de l’Humanité qui est en jeu et quand je dis l’Humanité, c’est l’Humanité avec un grand H !
Comment? Tu ne comprends pas ? Tu dis qu’à ton âge tu crains plus rien et que t’es immunisée ? Que t’en as vu d’autres pendant la dernière guerre et que c’qu’on vit maintenant c’est pas plus grave qu’un coup d’éponge sur un manche à balai ?
Mais tu sais pas qu’i’m’a fallu une autorisation spéciale pour venir te r’chercher aujourd’hui ! »

« 2020.
Nous glissons en douceur vers la fin novembre. C’est le temps du souvenir. Une époque de l’année où un certain vague à l’âme s’empare irrésistiblement de tout notre être et nous laisse pantois face à notre destinée commune.
Outre cette mélancolie de saison, nous voici conscients du nouveau péril qui nous menace. L’ignorance accroît notre angoisse. Nous sommes seuls. Des milliards d’individus seuls au monde. »

« Bien que nous ayons perdu la notion du temps, que le mot « saison » n’a plus de raison d’être, que nuit et jour se côtoient comme de sœurs jumelles, que « bientôt », « plus tard », « jamais » se ressemblent étrangement de plus en plus, nous gardons le rythme du sang qui bat dans nos veines, celui de notre respiration, celui de nos muscles qui peinent, de nos cils qui clignent pour nous protéger les yeux de cette glaçure assassine.
Nous gardons le rythme de l’espoir qui nous habite. »

Francis Denis est né en 1954. Auteur et artiste peintre autodidacte, il réside à Longuenesse, dans le Pas-de-Calais, près de Saint-Omer, en France. Il a été éducateur de 1973 à 2014. Il fut le co-fondateur de la revue poétique Lieux-d’Être avec le poète Régis LOUCHAËRT puis co-organisateur du festival d’art sacré contemporain « Les Regardeurs de Lumière » en la cathédrale de Saint-Omer de 2008 à 2013.

La Route de la Soie – Éditions est une maison indépendante dont le but est de faire émerger des passerelles d’humanités, des résistances poétiques.

Émotion, Philosophique, Poésie

Contes des petits mondes d’à coté

de Alain Cadéo
Broché – 13 juin 2025
Éditions : La Trace

Comme Luca Di Fulvio et Christian Bobin qui étaient ses amis, Alain CADEO est parti le 12 juin 2024. Ce recueil posthume paraitra le 12 juin 2025 : un an après sa disparition…

« Il était une fois » faites attention, ça vous paraît léger, fragile, insignifiant… C’est pourtant là que dort tout l’inconscient. Méfiez-vous donc de ces petites histoires C’est le meilleur enfoui déjà dans nos crânes d’enfants. Le terreau et les graines de nos songes seront le plus beau champ de toutes nos actions. Car si le réel n’est qu’un singe se courbant devant les modes et l’immédiat, la rêverie est un lion sans âge, régnant en maître sur l’espace et le temps. »

Quand j’ai appris qu’Alain Cadéo nous avait quittés en juin 2024, j’ai senti un grand vide, une grande tristesse aussi…
Comme si une lumière s’était doucement éteinte. On ne s’était jamais vu, mais nous avions échangé parfois et très vite, j’avais “entrevu” la belle personnalité qui te guidait. Grâce à Martine, ton épouse, qui a ouvert tes nombreux cahiers et billets, j’ai pu découvrir avec plaisir ce nouveau recueil, Contes des petits mondes d’à côté. Un bijou de délicatesse qui m’a redonné, le temps d’une lecture lente, mon regard d’enfant, curieux, éveillé et plein d’émerveillement. L’amoureux des mots que je suis, ayant décidé de ne surtout pas lire ce recueil d’un seul tenant, afin que les émotions, les questionnements se développent à leur rythme, a savouré chaque page, comme s’il marchait dans un paysage familier, mais pourtant qu’il redécouvrait au gré des ombres et des lumières.

Lire Alain, c’est retrouver un souffle oublié. Il me ramène à moi-même, à mes silences, à ce qui compte vraiment. Il écrivait comme on tend la main, avec élégance, avec cœur, plus qu’avec panache. Aujourd’hui ses mots semblent glisser sans bruit, mais ils heurtent là où ça fait sens. Chaque petit conte m’a touché. Profondément. Ils parlent de moi, de vous, les “petits”, ceux qui préfèrent l’écoute à la démonstration, l’humilité au clinquant, au soit-disant “pouvoir”. Alain nous montre que la vraie poésie se cache dans les détails, dans ces riens du quotidien qui, mis bout à bout, finissent par dessiner ce qui est essentiel, la simplicité, la liberté comme un art de vivre afin de se retrouver, loin d’un monde dont l’évolution qui explose s’oublie.

Alain écrivait que “la paix se gagne par paliers”.
Il a raison et je crois que ses textes sont justement ces paliers. Des marches qui nous sont offertes, vers une vérité douce, mais jamais imposée, vers un monde qui s’ouvre uniquement à ceux qui savent regarder, écouter… Je suis chanceux, j’en fait parti.

Merci Alain, pour tes idées, pour tes mots qui résonnent désormais plus que je ne les lis. Ils resteront là, près de moi, à disposition suivant mon bon vouloir, comme une belle musique qui me ravira à chaque nouvelle écoute.
Et aujourd’hui, merci à toi, Martine, de nous les avoir offerts et de les faire perdurer…

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Extraits :

« Les contes n’ont pas d’âge, à peine un paysage et quelques personnages, animaux ou humains. Ils sont un peu comme les nuages, fuyants et aériens, et de bien innocents deviennent terrifiants.
Ils passent, changent, bougent sous les vents, pourtant on s’en souvient. Ils ont peut-être pris racine là où ne reste rien de ce qu’on nous a appris à coups d’explications, preuves, méthodes, lois, bombes, fusils, peur, patrie ou trahisons, logique, réalité, placements, dividendes et mille autres raisons. »

« Chers et doux amis… Je ne sais par où commencer… Mais il faut bien que je vous raconte cette… histoire… enfin ce qui m’est arrivé. Sachez dans tous les cas que, comme face à tout ce qui est un peu extraordinaire, je n’y étais pas préparé. Pardonnez également mon écriture un peu décousue, ces points de suspension qui sont les signes de mon esprit troublé… c’est qu’il est difficile de mettre en mots une aventure aussi… grotesque (là je devrais barrer, ce n’est pas le mot…je m’interroge… fantastique peut-être, effrayante, surprenante, déstabilisante, hors de la réalité…). »

« Je me souviens de ce soir-là, j’avais sept ans, nous remontions la rue où nous habitions avec mon père et il serra ma main à cet instant un peu plus fort que de coutume. L’ombre de l’énorme cathédrale plus bas étouffait, avalait le couchant. Les marronniers en fleurs balançaient leurs feuillages bien au-dessus du mur d’une caserne je crois, dont la crête était hérissée de tessons de bouteilles. Et les les martinets s’en donnaient à cœur joie dans un ciel bleu safran qui est le ciel du grand vent que les pleines lunes ramènent dans leurs cycles de sang. »

« L’écriture est une malédiction. Celui qui s’en approche un tant soit peu, se risquant à ouvrir des bocaux oubliés pleins de mots, ne sait plus comment faire pour s’en débarrasser. Il est pris d’une sorte de danse de Saint-Guy, agitant ses dix doigts, le cerveau envahi par mille insectes noirs qui grouillent, rampent, volent, vermine des grands fonds. Je ne sais pas par où commencer cette histoire. Je suis moi-même tout empêtré et atteint par cette syllogomanie.
J’entasse les mots sans répit et tremble chaque jour de devenir comme ce malheureux ayant été littéralement enseveli sous des monceaux de lettres et d’écrits qu’il n’envoyait jamais à personne par peur d’être incompris. »

« Lorsque vous passerez, frères humains, ne soyez pas désespérés. La paix, l’éternité se gagnent par paliers. Mais les bons compagnons que vous rencontrerez vous aideront à patienter. Douceur, tendresse, absolue gratuité, tout le meilleur des Hommes est là pour vous réconforter dans l’horrible silence précédant la Clarté… »

Alain Cadéo est l’auteur de nombreux ouvrages (nouvelles, romans, textes, pièces de théâtre), dont « Stanislas » (1983), premier prix Marcel Pagnol 1983 ou encore Macadam Epitaphe (1986), Plume d’Or Antibes et Prix Gilbert Dupé.

Il est avant tout un passionné des autres, des humbles, ceux qui lisent les mots, les portent et les défendent… Ses textes sont toujours exigeants, en perpétuelle recherche de chemins différents, à l’image de l’homme, singulier, sincère et altruiste, mais aussi inclassable, comme sa littérature.

Après avoir été notamment publié par Mercure de France, il est depuis 2018 publié par les Éditions La Trace.
Il nous a quittés en juin 2024

Sa bibliographie complète est la suivante :

Émotion, Humour, Philosophique, Poésie

BOB

de Francis Denis
Broché – 25 janvier 2023
Éditions : La Route de la Soie Éditions

BOB c’est une fiction qui nous entraîne dans la féérie et la contemplation lucide sur notre monde. Métaphore de l’œuf mais aussi de notre époque… Faut-il que tout soit identique ou bien pouvons-nous garder nos singularités ou nos aspérités ?
Francis Denis nous entraîne dans ses malices littéraires et poétiques… Suivons le guide…

Après avoir lu Jardin(s) – La Femme trouée, j’avais vraiment envie de retourner dans le monde de Francis Denis. Et bien c’est fait !
Et dès les premières lignes, de nouveau j’entrais dans son univers à part, un mélange audacieux de fantaisie, de satire sociale et d’humanité profonde.
La première nouvelle, avec ce poulet philosophe en quête de sens, m’a fait éclater de rire autant qu’elle m’a fait réfléchir. Ce n’est pas tous les jours qu’on lit une fable moderne aussi bien tournée, qui parvient à mêler humour absurde et critique mordante du monde contemporain.

Les deux autres récits ne sont pas en reste. J’ai été touché par Louis ou la fuite en avant, qui parle à tous ceux qui rêvent de recommencer ailleurs, autrement. Et puis il y a De l’autre côté de la ligne, un texte à la fois poignant et espiègle, où des pensionnaires d’EHPAD décident de reprendre leur destin en main. Un vrai coup de cœur pour cette bande de “vieux résistants” !

Ce que j’ai aimé avant tout, c’est la voix singulière de l’auteur, sa capacité à traiter de sujets graves sans jamais se départir d’un certain éclat de rire. Avec BOB, Francis Denis signe un recueil jubilatoire et profond, à lire comme une bouffée d’air frais dans un monde devenu bien souvent beaucoup trop gris.

Ce modeste ouvrage, d’une grande finesse, révèle une fois de plus que Francis est un véritable artiste. Il joue avec les mots avec une aisance remarquable et nous en offre toute la saveur.

Ce “petit” livre, tout en légèreté et en grâce, murmure que Francis est un artiste des mots. Il les fait danser, il joue avec, les fait vibrer, chanter, et j’en suis l’heureux témoin…

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Extraits :

« À peine sorti de l’œuf, Bob, encore tout innocent mais ne doutant pas un instant du danger qui représentait le monde extérieur pour une créature aussi petite et fragile qu’il était, se mit à courir derrière les jupes de sa mère. Des grands pans de plumes qui balayaient la terre en soulevant de gros nuages de poussière et ça lui piquait aux yeux. C’était le prix à payer pour assurer sa propre sécurité. Il savait instinctivement que son salut se trouvait là, entre les énormes pattes de la créature qui lui avait donné vie et qui, déjà, ne lui prêtait plus la moindre attention. »

« À peine blotti contre le plumage de Georgette, rencontre inopinée, cadeau du ciel, maman retrouvée, Bob n’en demande pas plus et plonge dans les bras de Morphée, abandonnant sa douce rencontre à ses rêves érotiques et la laissant, pauvresse, le bec dans l’eau, comme l’on dit par ailleurs et sans vilain jeu de mots.
Le lendemain, libido insatisfaite pour l’une et mal de crâne et langue pâteuse pour l’autre, les adieux sont bien frileux. »

« Sans en connaître la raison, Bob souffrait déjà.
Il comprit à cet instant que réfléchir n’avait pas que du bon et il se mit à envier tous les autres animaux de la basse-cour et du monde entier. Tous ceux-là qui ne se posaient pas de questions et n’avaient même pas les choses à prendre comme elles venaient puisque c’était les choses qui les prenaient.
Mais il n’avait pas le choix. Aller de l’avant, toujours de l’avant, contre vent et marée, c’était sa destinée. »

« — Les nouvelles du monde sont bien tristes ! Ici, au moins, nous sommes à l’abri pour un certain temps.
Ernest semble dépité.
— J’espère, ajoute-t-il d’un ton grave, que nous, les animaux, ne connaitrons jamais la haine ni la soif de pouvoir. »

Francis Denis est né en 1954. Auteur et artiste peintre autodidacte, il réside à Longuenesse, dans le Pas-de-Calais, près de Saint-Omer, en France. Il a été éducateur de 1973 à 2014. Il fut le co-fondateur de la revue poétique Lieux-d’Être avec le poète Régis LOUCHAËRT puis co-organisateur du festival d’art sacré contemporain Les Regardeurs de Lumière en la cathédrale de Saint-Omer de 2008 à 2013.

La Route de la Soie – Éditions est une maison indépendante dont le but est de faire émerger des passerelles d’humanités, des résistances poétiques.

Humour, Philosophique

Le C.V. de Dieu

de Jean-Louis Fournier
Broché – 29 octobre 2008
Éditions : Stock

Le ciel était fini, la terre était finie, les animaux étaient finis, l’homme était fini. Dieu pensa qu’il était fini aussi, et sombra dans une profonde mélancolie. Il ne savait à quoi se mettre. Il fit un peu de poterie, pétrit une boule de terre, mais le cœur n’y était plus. Il n’avait plus confiance en lui, il avait perdu la foi. Dieu ne croyait plus en Dieu. Il lui fallait d’urgence de l’activité, de nouveaux projets, de gros chantiers. Il décida alors de chercher du travail, et, comme tout un chacun, il rédigea son curriculum vitae…

Un vrai moment de détente, drôle et surprenant. Je n’ai pas simplement lu ce livre avec un sourire en coin, je l’ai englouti en à peine une heure, d’une traite tant l’humour y est savoureux. Jean-Louis Fournier inverse la perspective classique : ici, c’est Dieu qui ressemble à un homme, avec tous ses doutes, ses maladresses, et surtout ses erreurs… qu’il reconnaît (grâce à son auteur) avec une ironie décapante. Dieu y vient postuler pour un nouveau job : après avoir “créé le monde”, il cherche un poste plus calme. L’idée est aussi absurde qu’intelligente !

Dès les premières pages, j’ai ri. Pas d’un rire gras, mais de celui qui naît quand l’intelligence se glisse entre les mots. En effet, le récit est truffé de jeux de mots, de clins d’œil malicieux, mais aussi de réflexions profondes sur l’humanité, sur la foi et le sens des choses. Dieu, lassé de ses fonctions divines, descend sur Terre et tente de passer un entretien d’embauche. Résultat, une parodie réjouissante du monde du travail et une satire grinçante, mais jamais méchante autour de la religion.

Certains passages marquent plus encore par leur portée philosophique, les guerres, les religions, la souffrance… notamment quand Dieu assume un “casier judiciaire” ou qu’il s’amuse de tout, avec une froideur parfois désobligeante. En quelques pages bien affûtées, Jean-louis est arrivé à me transmettre ce que certains philosophes peinent à exprimer en plusieurs volumes entiers.

Vu le plaisir que j’ai ressenti durant toute ma lecture, je n’ai pas pu m’empêcher de penser au plaisir que Jean-Louis Fournier avait dù avoir en l’écrivant. C’est impertinent, parfois provocant, mais toujours drôle, même (et surtout) pour les croyants s’ils ont de l’autodérision. Ce roman m’a parlé parce qu’il ose poser des questions avec humour, avec finesse, mais surtout, il donne un visage faillible à l’infaillible. Un Dieu qui doute, qui bredouille…
Un livre à lire, puis à relire, pour savourer encore les meilleures piques tout en poussant la réflexion. Car si Dieu m’envoyait vraiment son CV, l’embaucherai-je ? Très honnêtement, j’hésite encore…

Je recommande chaudement Le C.V. de Dieu de Jean-Louis Fournier.

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Extraits :

« – Ici, c’est moi à côté de la Terre. Je venais de la finir, elle n’était pas entièrement sèche, mon pied s’enfonce encore dedans.
– Vous avez mis combien de temps ?
– Une journée.
Le directeur est absolument sidéré.
– Sidérant ! dit-il.
– Sans habillage bien sûr, la forme nue.
– C’est vous qui avez eu l’idée d’une sphère ?
– J’avais d’abord commencé par un cube, mais j’ai pensé à ceux qui allaient être assis sur les pièces. J’ai arrondi les angles, c’est devenu une boule.
– Quel est le mode de fixation ?
– Vous permettez que je ne réponde pas ? Brevet exclusif.
– C’est éclairé de l’intérieur ?
– Non, par l’extérieur, grâce au Soleil. Vous avez là une photo plus grande, avec le Soleil et la Terre.
– Efficacité. Alors, le Soleil, c’est vous aussi, bravo, quelle idée lumineuse ! Mais dites donc, vous devez toucher des droits d’auteur énormes ? »

« À 21 h 45 : Un groupe d’individus en robes noires est venu à la pension « Les Mimosas » et a demandé à voir Dieu. Le patron leur a déclaré que Dieu dormait et qu’ils devraient repasser demain matin. Ils ont décidé de l’attendre.
À 22 h 50 : Réveillé par le bruit, Dieu est descendu dans le hall en pyjama. Il a été violemment pris à partie par les prêtres, qui l’ont insulté en latin, lui reprochant de s’habiller en civil.
À 23 h 04 : Dieu s’est mis en rogne et a giflé le meneur du groupe, lui enjoignant d’aller se faire foutre. Puis il est remonté se coucher en maudissant ces cons d’intégristes. »

« – Pourquoi avez-vous fait une population multicolore ? demande le directeur à Dieu.
– Vous avez déjà regardé des nouveaux-nés blancs ?
– J’en ai fait deux, dit fièrement le directeur.
– Y a pas de quoi se vanter, c’est pas très beau, on dirait des endives. Des bébés noirs, ou jaunes, ou rouges, c’est plus gai.
– Est-ce qu’avec des hommes de toutes les couleurs vous n’alliez pas au-devant de gros problèmes ?
– J’aime le risque, la difficulté.
– Toujours votre fameux ad astra per aspera ?
– Tu l’as dit, bouffi ! De toute façon, il est trop tard maintenant pour les repeindre tous de la même couleur, ils ne seront jamais d’accord. »

« – Je peux vous offrir quelque chose ? demande le directeur du personnel à Dieu.
– Je veux bien, oui.
– Un whisky ou un jus de fruit ?
– Un petit whisky, s’il vous plaît.
– C’est vous qui avez inventé l’alcool ?
– Oui.
– C’est une grande responsabilité !
– Je sais, mais j’ai des circonstances atténuantes.
– C’est-à-dire ?
– Je l’avais caché, dans les fruits, dans les légumes, dans les plantes, mais ils ont réussi à le trouver.
– Vous l’aviez quand même inventé, pourquoi ?
– Quand ça va mal, j’aime être un peu pompette. Ça m’a bien aidé quand j’ai eu mes ennuis avec mon fils, sinon je ne sais pas ce que j’aurais fait. J’étais capable de tout, j’aurais pu commettre l’irréparable. »

Jean-Louis Fournier est un écrivain, humoriste et réalisateur de télévision, né le 19 décembre 1938 à Calais.

Il réalise régulièrement l’émission télévisée Italiques de Marc Gilbert entre 1971 et 1974.

Il est le créateur, entre autres, de La Noiraude et d’Antivol, l’oiseau qui avait le vertige. Par ailleurs, il a été le complice de Pierre Desproges en réalisant les épisodes de La Minute nécessaire de monsieur Cyclopède, ainsi que les captations de ses spectacles au Théâtre Grévin (1984) et au Théâtre Fontaine (1986).

En 2008, Jean-Louis Fournier publie le roman Où on va, papa ? dans lequel il décrit sa relation avec ses deux fils handicapés. Le livre, qui reçoit le prix Femina, suscite un certain nombre de controverses et une réponse de la mère des deux garçons.

Depuis, il écrit un roman chaque année.
Poète et Paysan en 2010, Veuf en 2011. En 2013, il sort La servante du Seigneur dans laquelle il parle de sa fille. Celle-ci a exigé et obtenu un droit de réponse. À la fin du roman, elle signe 5 pages avec sa version des faits.
En 2020, il publie Merci qui ? Merci mon chien.

Jean-Louis Fournier a écrit et joué au Théâtre du Rond-Point deux pièces inspirées de ses écrits, Tout enfant abandonné sera détruit, donnée en novembre 2011 et Mon dernier cheveu noir, donnée en novembre 2012.

Je ne suis pas seul à être seul (2019)
https://leressentidejeanpaul.com/2025/02/08/je-ne-suis-pas-seul-a-etre-seul/

Émotion, Philosophique, Psychologie

Vingt-quatre heures de la vie d’une femme

de Stefan Zweig
Poche – 1 janvier 1992
Éditions : Le Livre de Poche

Scandale dans une pension de famille « comme il faut », sur la Côte d’Azur du début du siècle : Mme Henriette, la femme d’un des clients, s’est enfuie avec un jeune homme qui pourtant n’avait passé là qu’une journée… Seul le narrateur tente de comprendre cette « créature sans moralité », avec l’aide inattendue d’une vieille dame anglaise très distinguée, qui lui expliquera quels feux mal éteints cette aventure a ranimés chez elle. Ce récit d’une passion foudroyante, bref et aigu comme les affectionnait l’auteur d’Amok et du Joueur d’échecs, est une de ses plus incontestables réussites.

Dans ce court mais intense roman, Stefan Zweig nous plonge au cœur des tourments de l’âme humaine à travers le récit bouleversant d’une femme aristocrate dont la vie bascule en l’espace d’une seule journée. Lors d’un séjour dans une pension de la Côte d’Azur, la narratrice, une femme respectable et bien établie, se laisse submerger par une attirance irrépressible envers un jeune homme tourmenté, accro aux jeux de hasard. En une nuit, poussée par un élan irrépressible, elle remet en question tout ce qui définissait son monde, cédant à un désir aussi fulgurant qu’incontrôlable.

Zweig, avec son talent inégalé pour disséquer l’âme humaine, dissèque avec une précision remarquable la lutte entre raison et pulsion, entre conventions sociales et élans du cœur. Son écriture fluide et vibrante saisit avec une justesse troublante les émotions qui traversent cette femme, partagée entre l’effroi et l’abandon, entre la culpabilité et l’exaltation. L’analyse psychologique, portée par une narration élégante et incisive, rend chaque sentiment palpable, chaque hésitation poignante.

Ce récit, d’une grande intensité, m’a interpellé sur la fragilité des certitudes et la force des passions inavouées. En quelques pages seulement, Zweig parvient à capturer toute la complexité de l’âme humaine et nous entraîne dans une réflexion vertigineuse sur la passion et ses conséquences.

Un chef-d’œuvre concis et envoûtant, à lire absolument !

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Extraits :

« En effet, au train de midi, exactement de midi vingt je dois indiquer l’heure avec précision parce que c’est important, aussi bien pour cet épisode que pour le sujet de notre conversation si animée), un jeune Français était arrivé et avait loué une chambre donnant sur la mer: cela seul annonçait déjà une certaine aisance pécuniaire. Il se faisait agréablement remarquer, non seulement par son élégance discrète, mais surtout par sa beauté très grande et tout à fait sympathique: au milieu d’un visage étroit de jeune fille, une moustache blonde et soyeuse caressait ses lèvres, d’une chaude sensualité; au-dessus de son front très blanc bouclaient des cheveux bruns et ondulés; chaque regard de ses yeux doux était une caresse; tout dans sa personne était tendre, flatteur, aimable, sans cependant rien d’artificiel ni de maniéré. De loin, à vrai dire, il rappelait d’abord un peu ces figures de cire de couleur rose et à la pose recherchée qui, une élégante canne à la main, dans les vitrines des grands magasins de mode, incarnent l’idéal de la beauté masculine. »

« Pendant la nuit, il pouvait être onze heures, j’étais assis dans ma chambre en train de finir la lecture d’un livre, lorsque j’entendis tout à coup par la fenêtre ouverte, des cris et des appels inquiets dans le jardin, qui témoignaient d’une agitation certaine dans l’hôtel d’à côté. Plutôt par inquiétude que par curio-sité, je descendis aussitôt, et en cinquante pas je m’y rendis, pour trouver les clients et le personnel dans un état de grand trouble et d’émotion. Mme Henriette, dont le mari, avec sa ponctualité coutumière, jouait aux dominos avec son ami de Namur, n’était pas rentrée de la promenade qu’elle faisait tous les soirs sur le front de mer, et l’on craignait un accident.
Comme un taureau, cet homme corpulent, d’habitude si pesant, se précipitait continuellement vers le littoral, et quand sa voix altérée par l’émotion criait dans la nuit: « Henriette!
Henriette!», ce son avait quelque chose d’aussi terrifiant et de primitif que le cri d’une bête gigantesque, frappée à mort. Les serveurs et les boys se démenaient, montant et descendant les escaliers; on réveilla tous les clients et l’on téléphona à la gendarmerie. Mais au milieu de ce tumulte, le gros homme, son gilet déboutonné, titubait et marchait pesamment en sanglotant et en criant sans cesse… »

« Vous avez parfaitement raison ; la vérité à demi ne vaut rien, il la faut toujours entière. Je rassemblerai toutes mes forces pour ne rien dissimuler vis-à-vis de moi-même ou de vous. Venez après diner dans ma chambre (à soixante-sept ans, je n’ai à craindre aucune fausse interprétation), car dans le jardin ou dans le voisinage des gens, je ne puis parler.
Croyez-moi, il ne m’a pas été facile de me décider. »

Né à Vienne en 1881, fils d’un industriel, Stefan Zweig a pu étudier en toute liberté l’histoire, les belles-lettres et la philosophie. Grand humaniste, ami de Romain Rolland, d’Émile Verhaeren et de Sigmund Freud, il a exercé son talent dans tous les genres (traductions, poèmes, romans, pièces de théâtre) mais a surtout excellé dans l’art de la nouvelle (La Confusion des sentiments, Vingt-quatre heures de la vie d’une femme), l’essai et la biographie (Marie-Antoinette, Fouché, Magellan…).
Désespéré par la montée du nazisme, il fuit l’Autriche en 1934, se réfugie en Angleterre puis aux États-Unis.
En 1942, il se suicide avec sa femme à Petrópolis, au Brésil.

Amour, Émotion, Drame, Humour, Philosophique

Tout le bonheur du monde (tient dans ta poche)

de Frédéric Mars
Broché – 15 mars 2018
Éditions : French Pulp éditions


Alors qu’il s’apprête à effectuer le grand saut, Fred est sauvé in-extremis
par deux petites mamies aussi muettes qu’adorables.
Chez elles, il va découvrir une communauté de suicidaires drôles et désabusés,
ne cherchant tous qu’une seule chose : retrouver le goût de vivre.

Certains récupèrent les chats, d’autres les suicidés. Alors qu’il s’apprête à effectuer le grand saut, Fred est sauvé in-extremis par deux petites mamies aussi muettes qu’adorables. Chez elles, il va découvrir une communauté de suicidaires drôles et désabusés, ne cherchant tous qu’une seule chose : retrouver le goût de vivre.

En injectant tendresse et légèreté pour parler d’un sujet aussi grave, Tout le bonheur du monde (tient dans ta poche) réussit un tour de force, celui de nous faire redécouvrir les petites merveilles de l’existence à travers les yeux de quelqu’un qui réapprend à vivre. Euphorie assurée.

Cotoyer des sucidaires, le meilleur moyen d’aimer la vie !

Avec Tout le bonheur du monde (tient dans ta poche), Frédéric Mars nous embarque dans une quête lumineuse et profondément humaine. Son roman s’articule autour d’une idée simple mais essentielle : et si notre bonheur tenait dans un objet du quotidien, à portée de main, mais que nous ne savions pas voir ? C’est ce que va découvrir son personnage principal, un homme englué dans la routine et les tracas du quotidien, jusqu’à ce qu’un élément inattendu vienne bouleverser son regard sur la vie.

L’auteur joue habilement avec la finesse psychologique et l’émotion, tissant un récit où introspection et poésie du quotidien se mêlent avec une justesse rare. On suit le cheminement intérieur du protagoniste, ses doutes, ses émerveillements, et surtout, cette prise de conscience progressive qui nous invite nous-mêmes à réfléchir à notre propre rapport au bonheur. Le style de Frédéric Mars, à la fois fluide et percutant, m’a enveloppé dans une bulle de douceur, comme une pause dans le tumulte du monde qui m’entoure.

Ce roman est une ode aux petits riens qui font tout. Il nous rappelle que le bonheur n’est pas forcément là où on l’attend, mais souvent niché dans ces détails que l’on oublie d’observer : un sourire échangé, un souvenir retrouvé, un instant volé au temps.

Frédéric Mars réussit à transmettre une belle leçon de vie sans jamais sombrer dans le moralisme ou la mièvrerie. Il pousse à la réflexion avec délicatesse et nous incite à redécouvrir la magie des choses simples. C’est une lecture réconfortante, parfaite pour ceux qui ont besoin d’un souffle d’optimisme. Il m’a fait du bien, je l’ai trouvé profondément apaisant et très inspirant.

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Extraits :

« Ce matin-là, j’allais mourir, et pourtant il y a longtemps que je ne m’étais pas senti si bien. Grâce au vent sans doute. Et à ces embruns qui fouettaient mon visage. J’avais froid, mais j’aimais plutôt l’idée de quitter ce monde vivifié. Remis à neuf par les éléments. »

« Je sentais bien que plus je parlais, plus je comblais les silences pour deux, et plus ma belle résolution de la nuit précédente s’évaporait. L’effet de l’alcool aussi. On devrait toujours se suicider au moment où notre malheur semble à son comble. Une telle qualité de désespoir, ça ne revient pas si facilement. Ça ne se gâche pas.
– C’est pas sympa, ce que vous faites… Si vous ne m’aidez pas à sauter tout de suite, je vais devoir revenir demain. Et peut-être encore le jour d’après… Vous savez, si on veut se tuer, c’est pour éviter l’agonie. Pas pour que ça dure des plombes et des plombes. »

« Je ne parvenais pas à déterminer si c’était de l’humour noir, ou si elle était sérieuse.
– Pourquoi tu dis ça ?
– Tu sais combien il faut émincer d’oignons pour une tarte complète ?
– Non, combien ?
– Un kilo ! Dix oignons à éplucher. Au bas mot un quart d’heure à pleurer non-stop ! La tarte aux oignons, c’est le plat le plus triste au monde.
– Peut-être, mais moi c’est mon préféré ! s’est exclamée une voix dans mon dos. »

« Les gens qui n’ont jamais eu de pensées suicidaires imaginent toujours qu’on agit par trop-plein… La fameuse goutte de malheur qui ferait déborder le vase de notre endurance. Mais la vérité c’est qu’on ne se supprime pas par excès de malheur… On se tue par excès de rien. On crève d’absence.
– Une absence de quoi ? ai-je demandé d’un filet de voix étranglé, sans douter de sa réponse.
Le gouffre devant moi la connaissait, lui aussi. Il en avait déjà tant accueilli, qui cherchaient la paix en lui, qui avaient jeté leur vacuité dans un autre vide. Espérant tuer le rien par le néant.
– De tout ! On manque de tout ! D’amour, de tolérance, de fric, d’emploi, de santé, de patience, de sagesse, de compassion, de souffle, de tendresse… Je ne sais pas, moi, de tout ce que tu veux. De tifs sur la tête, de neurones encore valides… De sexe !
De tout ! »

Frédéric Mars, de son vrai nom Frédéric Ploton, est un auteur français de romans dans des genres très divers, et scénariste pour la télévision.

Ancien élève de Saint-Nicolas-Passy-Buzenval et du Lycée Pasteur de Neuilly-sur-Seine (classe préparatoire de lettres modernes, 1986-1988), il est titulaire d’une maîtrise en communication sociale et commerciale de l’École des hautes études en sciences de l’information et de la communication (CELSA) (1988-1991).

Après plusieurs années passées dans la presse magazine et diverses rédactions online, Frédéric Mars a quitté le journalisme et la photo pour ne se consacrer qu’à son travail d’auteur de livres.

Il vit entre Paris et Saint-Malo, en Bretagne, entre ses travaux de scénariste et son univers romanesque déjà ébauché avec « Son parfum » (2006), le récit d’un amour impossible rendu à la vie par la magie d’un parfum.

Outre ses romans, il a publié plus d’une quarantaine d’essais, documents et livres illustrés, sous diverses identités.

Il a également publié plusieurs romans érotiques sous divers pseudonymes :

  • Emma Mars, Hôtel – Chambre 1, 2 et 3, (2015),
  • Ania Oz, Femmes secrètes, (2012),
  • Mila Braam, Déshabille-moi, (2013).

Il est également auteur d’un essai humoristique, « Le cat code » (2017), écrit sous le nom de plume de Chat Malo.

Sous le pseudonyme de Mo Malø, il publie une série de polars se situant au Groenland : « Qaanaaq » (2018), « Diskø » (2019), « Nuuk » (2020), « Summit » (2022).

Ses thèmes de prédilection sont l’odorat, le sommeil, les rêves, la sexualité, les différentes facettes d’une même personnalité et les limites de notre conscience.

site officiel : http://www.fredericmars.com/index.html
page Facebook : http://www.fredericmars.com/
Twitter : https://twitter.com/fredericmars

Émotion, Philosophique, Poésie

Il y a quelque chose encore, devant

Je ne sais pas ce que c’est, mais nous devons y aller
de Alain Cadéo
Broché – 30 septembre 2024
Éditions : Les cahiers de l’Égaré

Je me demande bien où s’éparpilleront mes billets du matin lorsque depuis longtemps je ne serai plus là. Sans doute un rat câlin y aura fait son nid et un enfant ou deux en feront leur levain. Il y aura bien aussi quelques vieux centenaires mâchouillant leurs grumeaux qui, tout tremblants, bredouilleront trois phrases venues de leur mémoire en disant « ça, c’est y pas du Cadéo ? »

Alain Cadéo nous a laissés en juin 2024. Il fera définitivement partie des auteurs qui ont laissé une empreinte dans mon esprit et dans mon sang. Et grâce à ce qu’il aimait appeler “ses billets”, il demeurera proche de nous. Martine, son épouse, poursuivra leur édition aussi longtemps qu’elle le pourra…

J’ai eu la chance de découvrir la très belle plume d’Alain en février 2020 à travers son œuvre “Mayacumbra”.
Ensuite, il y eut “Confessions” (ou les spams d’une âme en peine), “Arsenic et Eczéma”, “L’Homme qui veille dans la pierre”, “M”, “Billets de contrebande” et “Le ciel au ventre”. Régulièrement, j’ai été touche et à chaque fois j’ai ressenti le plaisir de partager, de donner, de jouer avec les mots, de cet amoureux de l’écriture… Chacun de ses écrits est une œuvre qui mérite d’être lue et relue.

J’ai perçu “Il y a quelque chose encore, devant…” comme un cadeau précieux, un cadeau riche en poésie, en belles images et pleinénergie… Le rythme authentique de la vie.
Vingt-six billets qui m’ont offert une nouvelle opportunité de parcourir le monde à ses côtés, de déchiffrer ses lignes, d’explorer son univers, ses mots, sa famille aussi et ses amis. Quelques-uns de ses billets ont été rédigés alors qu’il était déjà malade, ils en sont d’autant plus brillants et captivants… en faisant un ouvrage qui incite à la réflexion au-delà des « simples » mots.

Merci Alain…
Merci d’avoir partagé avec nous ton univers chargé de poésie.

Je tiens aussi, bien entendu, à te remercier chaleureusement Martine, ainsi que les éditions “Les Cahiers de l’Égaré”

Extraits :

« Tant que j’aurai un brin de vie, je frapperai aux portes des secrets. C’est ma fonction bélier d’irréductible égaré. Si personne ne m’ouvre, j’enjamberai les douves, ferai cent fois le tour des hautes murailles de cette silencieuse forteresse, sans la moindre lueur et comme inhabitée. Faut-il être bête, têtu, halluciné, pour s’obstiner ainsi au pied d’un fantôme de pierres noyé dans les brouillards de la pensée. »

« Ma vie ne tient qu’au fil ténu des mots, timides ou fracassants, vibrants, fragiles, sincères et vivants. Ce sont les miens, les vôtres, écrits, parlés, sous-entendus, nourris à la douceur, à la colère aussi c’est bien, lorsqu’elle est nécessaire… et au baba au rhum des cœurs. »

« Les Mots ? Je leur dois tout. Ils ont forgé ma voie. Ils m’ont appris le Temps, l’espace et la patience. Ils m’ont appris à mettre un nom sur chaque situation. Aimant l’Humain de toutes mes forces convergentes, ils m’ont obligé à chercher et trouver ce que certains ne savaient dire mais qu’ils portaient au fond de leurs regards, étranges labyrinthes aux accès condamnés. »

« Éclairer, illuminer, ne pas être radin, chiche, avec toute espèce de clarté, c’est un don.
Assombrir, enténébrer, sépiatiser, noircir, je pense ici aux lavis et encres de Victor Hugo, est un autre don : celui d’envisager le terrible passage entre vie et trépas.
Dans tous les cas, ombre et lumière cohabitent et ne font qu’un pour tout humain tendant les mains, courbant la tête, envahi de questions. »

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Alain Cadéo est l’auteur de nombreux ouvrages (nouvelles, romans, textes, pièces de théâtre), dont « Stanislas » (1983), premier prix Marcel Pagnol 1983 ou encore Macadam Epitaphe (1986), Plume d’Or Antibes et Prix Gilbert Dupé.

Il est avant tout un passionné des autres, des humbles, ceux qui lisent les mots, les portent et les défendent… Ses textes sont toujours exigeants, en perpétuelle recherche de chemins différents, à l’image de l’homme, singulier, sincère et altruiste, mais aussi inclassable, comme sa littérature.

Après avoir été notamment publié par Mercure de France, il est depuis 2018 publié par les Éditions La Trace.

Il vit à Évenos, en Provence.

Sa bibliographie complète est la suivante :

Émotion, Drame, Philosophique, Roman

Peindre la pluie en couleurs

de Aurélie Tramier
Poche – 2 février 2022
Éditions : Le Livre de Poche

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Morgane est une directrice de crèche solitaire et revêche qui ne supporte plus les enfants. À trente-cinq ans, elle vit dans le rêve de racheter une pension pour chiens. Tout vole en éclats lorsque sa sœur meurt dans un accident de voiture, lui laissant ses deux enfants en héritage. L’arrivée d’Eliott, dix ans, et de Léa, six ans, bouscule son quotidien maniaque et fait ressurgir un passé douloureusement enfoui.

Les voix de Morgane et d’Eliott alternent dans ce roman pour nous tracer la reconstruction d’une femme blessée qui découvre la force de l’amour maternel.

“Un roman attachant et touchant.”
Isabelle Theillet, Page des libraires.

“C’est un très joli livre, plein d’émotion, de tendresse.”
Gérard Collard, Le Magazine de la santé, France 5.

 

• Couv_2024-099_Tramier Aurélie - Peindre la pluie en couleur

 

“Peindre la pluie en couleurs” commence comme un tunnel sombre. Puis apparaît une petite étincelle…
L’étincelle se diffuse devient de plus en plus puissante, elle se rapproche, doucement tout doucement. Elle se nomme Eliott, Léa, elle se nomme aussi Linh, Viviane, Snoopy, Laura, Tiago, Jean-Michel, Alice et sa mère Valérie, et elle se nomme aussi Lancelot…

L’étincelle brille de plus en plus, puis se transforme en lumière, et finalement, le tunnel disparaît. Morgane aperçoit l’horizon, là, juste devant, devant aux yeux. Le soleil finira-t-il par briller enfin pour elle ?
Détrompez-vous ce n’est pas un conte de fées, c’est une simple histoire, une histoire de tous les jours, un peu la mienne, la vôtre aussi peut-être…

Aurélie, avec des mots tendres et beaucoup d’émotion, nous raconte les épreuves vécues par Morgane durant toute sa vie. Il aura fallu le décès de celle qu’elle aimait le plus au monde, sa “petite” sœur qui lui confiera ses deux enfants, avant son dernier souffle, pour qu’enfin l’envie de se battre émerge au fin fond d’elle-même…
Commencera alors pour elle, une nouvelle vie, pour laquelle elle ne s’était pas préparée du tout !

Un magnifique roman qui donne envie de lutter, pour vivre…

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Extraits :

« Je tombe.
C’est sans fin.
Comme Alice quand elle saute dans le terrier du lapin.
Léa est en train de décrocher la lune. Je touche le fond de la piscine, je vais me noyer, c’est sûr.
— Viens, Eliott ! Pourquoi tu te balances pas ?
crie Léa.
Je suffoque. Je jette par terre la médaille dont le cordon m’étrangle. Une main se pose sur mon épaule.
Je sursaute. C’est Morgane, sans son sourire. »

« C’est ici que je dis au revoir à ma petite sœur, mon amie, ma confidente. Celle qui me poussait, m’aimait sans condition. La seule à qui j’aurais pu tout dire et qui pourtant ignorait tout. Celle que j’aimais, qui savait se taire et simplement écouter.
Ma petite mère. Je ne m’en remettrai jamais. »

« Émilie, mais pourquoi es-tu partie ?
En vrai, je m’en fous de ces livres, mais toi, pourquoi m’as-tu abandonnée ? Je n’avais que toi… Et pourquoi m’as-tu choisie moi, bon sang ? Tu me voyais meilleure que je ne le suis… Tu as toujours cru en moi. En vrai, je suis nulle, je ne suis qu’une pauvre fille solitaire, je ne sais rien faire avec les enfants, je n’ai jamais réussi.
Il y a tant de choses que je ne t’ai pas dites… Mais j’avais si peur que tu t’éloignes… Je ne pouvais pas risquer de te perdre, tu comprends ? Pardonne-moi…
Pardonne-moi de ne pas t’avoir parlé… Mais jamais, jamais je n’aurais pensé que tout s’arrêterait d’un coup.
Comment aurais-je pu ? Après tout ce que j’ai fait…
Contre un arbre… Je l’aurais scié de mes mains si l’avais su. Un arbre… Même pas beau… »

« J’écrase sur mes joues une ou deux larmes qui auraient pu la réveiller en tombant sur elle. D’autres glissent dans mon cou. Mon cœur bat au rythme du sien qui s’apaise.
Ma petite nièce.
Ma toute petite nièce.
Ma petite fille.
Ma toute petite fille.
Tu me réveilles toutes les nuits depuis trois semaines. Je suis à bout, je n’arrive plus à travailler convenablement, j’ai trop de choses à penser toute la journée. À la crèche, je suis de plus en plus impatiente, les filles le remarquent… »

« Sur le parvis, un rayon sèche mes larmes. Le ciel n’a pas encore fini de pleurer, mais un arc-en-ciel vient peindre la pluie en couleurs. Je reprends lentement le chemin de la crèche. Au fond de ma poche, je trouve tout un tas de petits cailloux collectés par Léa au square le week-end dernier et fourrés dans mon manteau plutôt que dans le sien. J’égrène machinalement les petites pierres une à une jusqu’à la bouche de métro, sans cesser de penser à cette flammèche rouge qui brûle mon chagrin dans le cœur d’une église. »

 

Née à Aix-en-Provence en 1982, Aurélie Tramier a poursuivi des études littéraires à Paris avant de se reconvertir dans le marketing. Mère de trois garçons, elle habite Munich où elle partage son temps entre l’écriture et son métier d consultante. Elle est l’autrice de :
Vous reprendrez bien un petit chou ? (KDP 2017),
Peindre la pluie en couleurs (Belle Étoile 2020, Livre de Poche 2022)
La Flamme et le papillon (Belle Étoile 2022, Livre de Poche 2024)
Bien-Aimée (Belle Étoile 2024).

Chacun de ses romans explore un thème profondément différent, tout en gardant une signature commune : l’émotion.

Bien-Aimée a obtenu le Prix de l’Académie d’Aix en juin 2022 et a été en finale du Prix Maison de la Presse 2022. Il est en sélection pour le Grand Prix Littéraire de Provence et le Prix Mare Nostrum.

La Flamme et le papillon a obtenu le Prix du Roman des Amis de l’Académie d’Aix en juin 2022 et est en sélection du prix Choix des Libraires 2024 (Livre de Poche).

Peindre la pluie en couleurs a été en sélection du prix Choix des Libraires 2022 (Livre de poche) et du grand prix Audiolib 2024.

Ils en parlent:

Virginie Grimaldi : “J’ai adoré, j’y pense depuis que je l’ai lu”.

Gérard Collard : “Un roman historique, une histoire d’amour magnifique, une très très grande écrivaine”.

Isabelle Theillet : “Un roman attachant et touchant.”