Drame, Histoire, Noir, Roman, Thriller psychologique

Le onzième châtiment

de Tristan Marco
Broché – 11 septembre 2019
Éditeur : Auto-édition

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“Qui oserait envisager qu’une poignée d’individus arrogants et cupides puissent jouer avec le destin des peuples comme on joue à la dinette ?”

Cassius Belly est vivant.
La nouvelle suscite à ce point l’inquiétude qu’elle réunit en urgence dans un motel miteux du Nevada, le chef d’une importante agence du Renseignement américain, une éminente chercheuse en immunologie et un haut fonctionnaire suisse.
Vingt ans qu’ils ne s’étaient pas revus. Vingt ans qu’ils le croyaient mort. Le doute qui se distille en eux comme un poison va les contraindre à revisiter un passé que tous s’étaient jurés de ne jamais déterrer.
Entre le Congo Belge de 1958 et le Paris des années 80, les pièces du puzzle s’assemblent, laissant entrevoir les contours d’une chimère.
Lorsque la vérité menace de sortir de l’ombre, lorsque les histoires d’amour sont à ce point contrariées, chacun doit faire face à ses démons, ses incohérences et ses faiblesses.

 

2024-105_Marco Tristan - Le onzième châtiment

 

La littérature à cela de magnifique… On ne sait jamais où elle nous emmènera !

Le onzième châtiment est un roman fort, dur et très actuel. La recherche d’influence, le pouvoir à tout prix, la position de l’Église et des États face au peuple, les mensonges et les dissimulations diverses.
Après Le sang de la licorne et L’étrange cohérence du sablier, je me doutais que ce troisième roman risquait de me plaire. Il est allé bien au-delà.

De nombreuses phrases m’ont marqué durant ma lecture, mais il en est une qui m’a saisie de par son évidence et qui résume assez bien là où veut nous mener l’auteur.
« Chercher à comprendre, c’est commencer à désobéir. »

Un roman très équilibré entre deux époques, le Congo Belge en 1958 et Paris, dans le quartier de Pigalle, en 1980. Tristan, dans son histoire très crédible et addictive, nous propose des personnages qui tiennent vraiment le roman. Ils sont tantôt complexes et profonds avec leurs côtés sombres, tantôt faillibles et blessés, mais toujours menés avec habileté, les différents indices de l’histoire eux se dévoilent petit à petit, faisant littéralement exploser le récit au moment où je m’y attendais le moins. Tout est parfaitement maîtrisé.

Il m’est impossible de développer plus, de peur de trop en dire sur l’intrigue globale et mondiale proposée par Tristan.
Ce que je peux encore ajouter, c’est que Tristan est un grand auteur. En plus de capter ses lecteurs avec des récits prenants, des sujets gravitent toujours entre les frontières ô combien complexes de la violence, de la maltraitance et de l’amour et la bienveillance… Il ose pénétrer dans les “malaises” de l’humanité, des hommes de pouvoir et de ses “décideurs”.

Merci Tristan pour ce beau roman !

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Extraits :

« Il entre dans le motel et se dirige vers le fond d’une salle tout en longueur aux grandes baies vitrées. Une femme blonde, la cinquantaine, est déjà installée à une table et l’attend devant un café fumant. Il s’avance jusqu’à elle et la gratifie d’un baisemain.
— Le temps n’exerce aucun effet sur vous, Merry. »

« Souvent, il m’est arrivé de m’interroger sur le sens de tout cela. Sur le sens de ce chaos qui a toujours sévi en moi. J’ai enduré maintes souffrances physiques, psychiques… infligé tant de blessures à mon âme.
C’est maintenant que je suis sur le plongeoir, prêt à faire le grand saut vers l’inconnu, que je ressens cette urgence de me poser un instant pour réfléchir à cette existence. À toi… à moi… à lui.
La vie est faite d’intervalles, ma toute belle.
Elle est un livre où s’intercalent des pages de petits bonheurs au milieu de chapitres de souffrances. »

« “Ils représentent l’avenir de l’humanité”, martèle sans cesse le docteur Kendal avec une obstination conférant au déni. Quel meilleur moyen de justifier les sévices répétés que l’on fait subir à des animaux que d’invoquer une grande cause. »

« Le silence n’est pas un luxe. Il s’avère parfois une absolue nécessité. Juste pour récupérer de ces coups de barre à mine qui viennent de briser Meredith à tout jamais… qui viennent de briser l’adulte… le médecin… la femme.
— Est-ce que je peux retourner jouer, à présent ?
interroge l’enfant.
Le temps suspend sa course. Le malaise d’un haut-le-cœur nauséeux s’empare de l’Américaine. Elle demeure immobile, ébranlée. Anéantie par ce récit morbide, insupportable. Bouleversée par cette aptitude à vivre, ou plutôt à survivre. L’absence totale d’émotions de Divine confine à l’irrationnel. »

 

Né le 27 mars 1971, Tristan Marco a exercé pendant plus de vingt années le métier de pilote d’hélicoptères, spécialisé dans le sauvetage en mer, comme en montagne. Il est à présent pilote Garde-côtes.

Son premier roman, L’étrange cohérence du sablier (2018), est témoin d’une urgence intérieure de faire partager ses ressentis et son univers, au travers d’un thriller métaphysique.
https://leressentidejeanpaul.com/2024/09/06/letrange-coherence-du-sablier/

Vient ensuite Le onzième châtiment (2019), un thriller politique et d’aventures qui fait voyager le lecteur entre le Congo Belge juste avant son indépendance, et le Paris des années 80.

Le sang de la licorne (2023)
https://leressentidejeanpaul.com/2024/04/18/le-sang-de-la-licorne/
Un polar noir dans lequel deux officiers de gendarmerie se débattent dans une enquête sordide et une course contre la montre pour appréhender un mystérieux tueur en série qui laisse systématiquement sur le lieu du crime des huiles sur toiles aux accents bibliques.

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Instagram :
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Fantastique

Le Royaume d’Esiah**

La Confrérie des morts
de Mélanie Gaujon
Broché – 1 décembre 2019
Éditions : France Loisirs

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Vingt-cinq années se sont écoulées depuis la bataille opposant le roi Lucifel à son frère. Le royaume d’Esiah vit désormais sous la tyrannie de Pyrrhos et seule lui résiste l’Edenrah, l’alliance des comtés attendant le retour de Lucifel. Dans le Royaume des Mortels, Almandin ignore tout de sa vie passée. Alors qu’une mystérieuse Confrérie menace l’équilibre entre les morts et les vivants, il va devoir faire un choix qui changera sa vie à jamais…

 

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Quel plaisir de retrouver tous les héros du “Royaume d’Esiah” !
Almandin, Mehiel, Adel, Milo, Anjali, Pyrrhos et bien d’autres encore…

Vingt-cinq années se sont écoulées, depuis ma lecture du mot “fin” du tome précédent…
Milo, a grandi, ce n’est plus un enfant. Il est devenu un homme, un guerrier aguerri entraîné par Adel.
Almandin, lui, a payé le prix fort pour sa renaissance en tant que mortel… Il est aveugle ! Il fait de nombreux rêves étranges. Petit à petit certaines formes et couleurs lui apparaissent, des silhouettes tantôt rouges, tantôt bleues. Quand, un jour, des hommes venant de “l’enfer” se présentent à lui, et lui révèlent son rôle dans un conflit qui suit son cours dans un autre univers, depuis plus de vingt ans… tout lui revient soudain à l’esprit. Tout ? Surtout l’image d’une femme qui l’obsède ! Mehiel, SA PROPRE FEMME…
De retour dans “son” Royaume, Almandin va-t-il redevenir le roi qu’il était ?
Pourra-t-il stopper une fois pour toutes son frère dans sa quête du pouvoir absolu ?

Mélanie Gaujon, a su encore une fois me surprendre.
Si avec le tome 1, j’étais tombé de plein pied dans cet univers incroyable, avec ce second volet, plus pointu, plus précis aussi, Mélanie dresse ses “nouveaux” pions avec une technique imparable… Rien n’est laissé au hasard, et j’imagine très difficilement les heures qu’il lui a fallu pour “construire” ces/ses différents mondes.

Quelle est donc cette étrange “Confrérie des Morts” ?
Que cherche-t-elle à mettre en place ? Et pourquoi ?
En tant qu’humain, Almandin retrouvera-t-il sa mémoire ?

Arrivé à ce nouveau point de ma lecture, je ne peux que vous recommander ce livre entre univers merveilleux, entre les vivants et les morts, et moi-même n’ai de choix que de lire le troisième et dernier volet de cette saga hors du temps et hors des sentiers battus !

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Extraits :

« Une dizaine de gardes avaient été réunis en bas des escaliers de l’ancien palais du Roi, à Garak. Leur chef, Séraphin, muni d’un ruban rouge noué autour de son bras, achevait son discours.
Des guirlandes métalliques décoraient le pourtour de la grande place dédiée au défunt Roi Lucifel. Déjà, des centaines de Siahnnas s’étaient accroupis devant la statue du Roi allongée au-dessus de son cercueil. Elle le reproduisait à l’identique, de son visage à ses membres, de ses traits fins aux plis de ses vêtements ; aucun détail n’avait été omis. »

« Almandin se réveilla en sueur au milieu de la nuit. Un nouveau cauchemar, comme il en faisait depuis des années, un de ceux dont il se serait bien passé. Il percevait des visages dans ses rêves. Il voyait des personnes. Elles semblaient si réelles. Pourtant, il n’avait jamais pu distinguer l’image d’un homme. Né non-voyant, tout était noir pour lui. Enfin, presque tout. »

« Le portail s’ouvrit en plein cœur de la cité mère, près de l’ancien quartier réservé aux Arcantes. Anjali fut tout de suite attirée par la splendide tour blanche émergeant de la terre au milieu d’un amas de roches noires. L’un des plus beaux joyaux du royaume, sculpté dans la pierre de Garak, s’offrait à ses yeux émerveillés. Sortant à peine du vortex, Mésilande passa furtivement près de son visage et remonta vers le clocher où volaient d’autres Phœnix. Les oiseaux regonflaient leur plumage de feu en caressant de leurs ailes la voûte enflammée. »

« Papa,
Si tu ouvres cette lettre, c’est que je ne suis plus de ce monde. Je sais que tu t’y es préparé. Je l’ai senti lorsque tu es parti sans rien dire après mon union. Sache que rien n’est de ta faute. Tu as tout fait pour me sauver. Ce n’était pas à toi de faire le sacrifice de ta vie. Je te demanderai simplement de prendre soin de Mehiel et de Milo. Ils vont être seuls. Quelqu’un doit les protéger. »

 

 

Mélanie Gaujon, née en 1982, a reçu le prix de l’imaginaire aux éditions Nouvelles Plumes en 2018 avec son livre Le Royaume d’Esiah. Adepte de la photographie, de l’art et du voyage, elle détient un master en histoire. Après quelques années passées en gendarmerie, elle a intégré l’institut régional d’administration de Nantes avant de prendre un poste de gestionnaire dans un établissement scolaire de Seine-et-Marne. À présent, elle travaille dans une agence comptable du Val-de-Marne. Un parcours diversifié, ponctué de nombreuses rencontres qui lui ont donné l’envie d’écrire et de relever des défis.

Le Royaume d’Esiah* La stèle du destin
https://leressentidejeanpaul.com/2022/05/18/le-royaume-desiah/

Drame

Le Mal-épris

de Bénédicte Soymier
Broché – 6 janvier 2021
Éditions : Calmann Levy

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« Ça lui ronge les tripes et le cerveau, plus fort que sa volonté – une hargne qui l’habite, une violence qui déferle tel un vent d’orage, puissante et incontrôlable. Il voudrait lâcher mais ne pense qu’à frapper. »

Paul est amer. Son travail est ennuyeux, il vit seul et envie la beauté des autres. Nourrie de ses blessures, sa rancune gonfle, se mue en rage. Contre le sort, contre l’amour, contre les femmes.
Par dépit, il jette son dévolu sur l’une de ses collègues. Angélique est vulnérable. Elle élève seule son petit garçon, tire le diable par la queue et traîne le souvenir d’une adolescence douloureuse.
Paul s’engouffre bientôt dans ses failles. Jusqu’au jour où tout bascule. Il explose.
Une radiographie percutante de la violence, à travers l’histoire d’un homme pris dans sa spirale et d’une femme qui tente d’y échapper.

 

 

Je m’appelle Paul.
Je sais, je ne suis pas beau… Certains diront même laid !
Et Dieu sait si j’en souffre tous les jours. J’aurais tellement aimé être un autre, un de ceux que les femmes regardent. Grand, fort, beau.
De beau, je n’ai que mes yeux. Seuls les hommes beaux ont de la chance en amour. Moi, je n’ai que mes yeux. Mes yeux et ma colère qui gronde, qui m’étouffe, et me transforme parfois.

J’aime mes sœurs, Émilie et Rachel, surtout Émilie. Enfant déjà, j’étais là pour les protéger…
Se sont-elles vraiment rendu compte de ce que j’ai vécu pour elles, ce que j’ai souffert pour elles ?
C’est moi qui systématiquement me prenais les coups à leur place, c’est moi qui me positionnais entre elles et mon père.
Mon père, parlons-en de cet homme, de ce lâche, cette brute !
Du plaisir qu’il prenait à me rouer de coups…

Depuis quelques jours, j’ai une nouvelle voisine, sur le même palier. Je sais qu’elle s’appelle Mylène. Tous les jours à travers mon judas, je l’observe, je la surveille, ses entrées, ses sorties. Je suis même arrivé à la prendre en photo, je note avec mon stylo Montblanc à l’encre noire, ses allers-retours sur un carnet, choisi dans une grande papeterie, que j’ai spécialement acheté pour elle. Elle est tellement belle, fine, élégante. Comment remarquerait-elle un pauvre type comme moi ? Elle hante mon esprit, je ne dors plus… Je la voie partout, je la veux !
Mais les femmes sont tellement cruelles…

Bienvenue dans ce roman étrange et dérangeant, bienvenue dans la tête de Paul.
J’avoue avoir été dépassé, et ne pas savoir où me placer par rapport au récit.
Bénédicte Soymier arrive, non pas à pardonner la violence de certains hommes (heureusement !), mais elle nous montre, d’une façon très précise et ciselée, un des processus qui pourrait mener à la violence conjugale. Elle explique les prémices avant la perte de contrôle, l’explosion… Le coup qui part et qui fera souffrir la victime, mais ma surprise vient du fait que la souffrance est aussi vécue, très différemment, par celui qui se rend coupable des actes de violence.

Les personnages du récit ?
Ce sont nos voisins, nos amis, les collègues de travail, les membres de la famille aussi, tous… Tout ceux qui ne sont que simplement humains.
Le Mal-épris, est un premier roman, d’une grande qualité et déjà, il bouscule certains codes de la littérature.
Malgré un ton résolument violent, psychologiquement, il reste délicat et sensible.
Le roman fait de nous les témoins passifs d’un couple “perdu”, alors qu’il vient à peine de se trouver…
C’est une histoire puissante, très rythmée, Bénédicte m’a impressionné, touché aussi, plus que ce à quoi je m’attendais en début du récit. Elle a su trouver un ton juste en fonction des regards qui diffèrent en fonction des personnes.
Qu’ont-elles ont en commun ? L’amour… Mais est-ce suffisant ?

“Le Mal-épris” est un roman impressionnant, tragique et hypnotique d’une vie banale, d’une vie de tous les jours.
Il m’a dérangé, fasciné et finalement séduit. Il m’a obligé à me poser de nombreuses questions et m’a ouvert l’esprit !
Je le recommande vivement !

Auteure à suivre…

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Extraits :

« J’ai écrit ta vie, Paul, comme je la connais, ton quotidien sur ces jours qui s’échappent, ce que tu affrontes, les regards et le reste, jusqu’à la bascule. J’ai raconté ce que j’ai vu et entendu, de toi ou d’un autre, un Paul, un mec, un homme, peu importe le nom, je t’ai écouté, côtoyant ta peine et la douleur des tiens, des silences, des paroles, parfois un flot qu’on ne peut interrompre. Ce sont des histoires qu’on me donne ; elles se ressemblent ou non, se répondent, se poursuivent, je les reçois et c’est la vie, Paul, tu sais, sans concession, du vrai, du trash, des pensées méprisables et l’inacceptable. »

« Sa voix le heurte. Il déraille.
Pas lui. Ce n’est pas lui.
Les souvenirs se fracassent sur ses mains, la concentration de ses muscles, le mal, ce mal qui le traverse. Comment peut-il ? Pas lui. Ses doigts s’ouvrent dans l’instant, brûlés, brûlants, vite se dérober, ses bras retombent. Il s’affaisse, vrillé en lui-même, il glisse au sol contre le mur. Forme molle, sombre et pliée. Sa tête s’incline, ses yeux se ferment. Il est en colère, il est chagrin. Il est épuisé. »

« C’est donc ça, la vie, une grande farce hypocrite dans laquelle il faut se fondre pour ne pas être méprisé. Il écoute, regarde, s’adapte. Il apprend, la nausée au bord des lèvres face à ce fourbe étalage, à cette course à l’apparence, à cet attrait de l’enveloppe alors qu’au fond il sait être le même. Il vomit ces faux amis, leurs tapes sur l’épaule, leurs grimaces artificielles, eux qui ne lui accordaient qu’un vague regard. Il les toise et s’affirme, conscient d’une duplicité qui lui coûte mais dont il ne peut revenir. »

« Angélique est belle les cheveux emmêlés, pâle et froissée assise sur son canapé. Elle serre les genoux et lisse son chemisier. Paul ramasse sa détresse, un regard en pleine face ; la tristesse qu’il remarque, elle est pour lui. Lui, l’arrogant et le vulgaire. La bête. Il sent la bile à son palais. Tout ça, c’est de la faute de Mylène. Non. Même pas. C’est de la sienne. Il se dégoûte. »

 

 

Infirmière, Bénédicte Soymier travaille dans le Doubs. Passionnée de littérature, elle partage ses nombreuses lectures sur son blog Au fil des livres. Le Mal-épris est son premier roman.