de Judith Rapet
Broché – 15 février 2024
Éditeur : Éditions de Borée

Michelle a 15 ans, en 1681, quand elle se voit forcée d’épouser un homme qui ne lui inspire que répugnance. Traitée comme une domestique par sa belle-famille et coupée des siens, il lui faudra trouver la ressource pour obtenir l’indépendance dont elle a toujours rêvé…
Un siècle plus tard, en pleine Révolution, alors que partout le peuple se révolte, Marie est sur le point de s’unir à un homme que son père a choisi pour elle. Apprenant que son destin est lié à celui de Michelle, qui aurait attiré une malédiction sur les femmes de sa lignée, Marie, éprise de liberté, ne peut se résoudre à l’obéissance.

Je termine à l’instant ce magnifique roman…
Un roman de femmes. Un roman écrit par une femme pour les toutes les femmes !
Les Valeureuses est un roman historique, qui raconte la vie de deux femmes à plus ou moins un siècle d’intervalle.
1681, Michelle est une jeune fille heureuse et espiègle, elle n’a que 15 ans quand on lui impose son mariage avec un homme qu’elle n’a jamais vu.
1789, lors de la Révolution Française, le père de Marie l’avertit qu’il a l’intention de la marier à son apprenti, François. Elle ne l’aime pas. Mais comment pourrait-elle refuser ?
Durant des siècles, la femme doit obéissance au père, au mari, aux lois de l’Église et aussi des convenances au fur et à mesure des époques. Les mariages ne servent que pour engendrer, ils sont arrangés pour la plupart en fonction d’éventuelles dotes, rarement ou jamais par amour.
Michelle et Marie, sont deux jeunes femmes courageuses et rebelles, qui décident de prendre en main leur destin, malgré l’opprobre de leur entourage. Elles osent affronter le regard des autres et affirmer leur volonté de faire évoluer la condition féminine.
Judith Rapet, avec ses mots simples et justes raconte deux histoires de tous les jours avec amour et beaucoup de passion. J’ai eu durant quelques heures l’impression de vivre dans un autre temps, avec des gens simples et heureux lorsque d’un seul coup Politique et Religion font face à leurs bonheurs. Comment ne pas adhérer à cette envie de liberté de nos deux héroïnes. Je suis un homme et j’ai ressenti la terreur, la déperdition de ces femmes oubliées durant tant de temps. Pourquoi les femmes ont elles du acquérir leurs “droits” dans la douleur ? Pourquoi encore aujourd’hui, il y a-t-il tant de différences avec le sexe dit “faible”, à tant de niveaux ?
Judith, m’a emmené quelques siècles en arrière en France durant la révolution, dans son un roman très intéressant avec des personnages forts et déterminés. Son récit très fluide et contemporain par la pensée, m’a complètement charmé par son érudition et sa richesse historique. Elle nous décrit la vie de tous les jours à la campagne aux XVIIe et XVIIIe siècles, la difficulté des paysans pour survivre, la mortalité infantile très élevée à cette période, qui était malheureusement la normalité.
Les Valeureuse, c’est l’histoire de deux femmes exceptionnelles, qui ont décidé de relever la tête et d’affronter un monde nouveau qui s’ouvre à elles.
Un grand merci à Virginie, des éditions De Borée, pour ce “Coup de cœur” Historique !
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Extraits :
« C’était la raison pour laquelle certaines filles étaient mises au ban de la société, subissant l’opprobre général si elles ne respectaient pas cet ordre établi. Nulle ne pouvait l’ignorer, le curé dans son prône rappelait souvent l’ordonnance d’Henri II soumettant chaque femme célibataire ou veuve à déclarer sa grossesse devant un homme de loi. J’avais bien compris la leçon qui faisait de nous, les filles, des objets devant obéissance à leur père et soumission à leur mari. »
« Pourquoi ne demandait-on pas l’égalité devant l’impôt et la suppression de tous les droits féodaux, les corvées, les servitudes et autres banalités, sur lesquels pesaient les fours, les pigeonniers, les moulins ou les pressoirs ? Et de la dîme qui représentait un treizième de nos récoltes ou revenus ? Pourquoi le droit de chasse nous était-il refusé, à nous, le tiers état ? »
« Dieu aime les pauvres, il est leur protecteur, il commande qu’on les nourrisse, défend qu’on les outrage, menace ceux qui les oppriment. Permettez-moi de ne pas être d’accord, si Dieu était aussi aimant, il ne nous aurait pas enlevé quatre de mes frères et sœurs. Il ne permettrait pas que l’on meure de faim et de froid, je ne trouve pas que cela soit juste ! »
« Depuis quelques semaines en effet, sur sa proposition que je n’avais pas manqué d’accepter, Joseph Brudieu m’apprenait à lire et à écrire. C’était la meilleure façon de se défendre des injustices, de s’élever et ne plus subir le joug des nantis. »
« Les danses sont une occasion de péché et doivent être évitées. Les deux sexes s’y trouvent ensemble et la liberté de la danse autorise des familiarités criminelles, on s’y regarde fixement, on se prend mutuellement les mains, ces malheureux commencements donnent lieu à d’autres libertés encore plus criminelles ; le poison entre par les yeux et par les oreilles avec des paroles impudiques ; on y entend des chansons dont le but est d’apprendre et de louer les ruses que l’amour impudique emploie pour suborner les cœurs, donnant une nouvelle hardiesse aux libertins. Le sage conseille de ne même pas regarder les personnes d’un sexe différent de peur de tomber dans le filet. »
« En ce qui concernait nos mariages, je me moquais éperdument qu’ils fussent bénis par l’un ou l’autre, tout m’était égal. Je commençais à comprendre que la religion n’était qu’une mauvaise farce visant à nous soumettre à ses lois, à faire de nous des sujets obéissants et à nous contraindre par la peur. La peur des enfers, le poids du “péché”, tout cela commençait à peser bien lourd et il était temps de s’en affranchir. Les fortunes considérables détenues par certains membres du clergé étaient une honte et une offense face à la pauvreté du peuple. Ils ne valaient pas mieux que la noblesse. »
Très investie dans la vie culturelle de sa région, Judith Rapet conjugue la passion de l’histoire, de l’écriture et de la musique. En parallèle à l’enseignement du piano, elle s’intéresse à l’histoire de sa famille qui l’a menée à écrire plusieurs livres toujours fondés sur des faits réels.










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